Notes
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Chiffres de l’agence des Nations unies chargée des réfugiés (HCR). Ces chiffres ne prennent en compte que les réfugiés syriens enregistrés au sein de l’agence ou en attente d’enregistrement.
1 Alors que la Syrie entre dans sa quatrième année de violence, le Liban est malgré lui pris dans une spirale que la paralysie politique ne permet pas de freiner. La première conséquence de la crise syrienne est humanitaire. Le Liban, pays dont la population s’élève à 4 millions d’habitants, accueille plus de 1,5 million de réfugiés, dont environ 1,2 million sont enregistrés auprès du HCR [1], en sachant que 1,5 million de Libanais sont plongés dans une situation de pauvreté et de vulnérabilité. Qui plus est, le Liban est un pays aux infrastructures défaillantes, sa société civile demeure profondément divisée et il souffre d’un vide du pouvoir politique et d’une classe politique majoritairement corrompue.
2 C’est dans ce contexte difficile que le Liban compte la plus grande concentration de réfugiés dans l’histoire récente du monde : si l’on considère les 300 000 réfugiés palestiniens vivant dans le pays, plus de 40 % de sa population est en effet réfugiée. Malgré l’urgence de la situation, l’absence de solidarité des pays du Nord se fait cruellement sentir. Ce manque de responsabilité de la part de ladite communauté internationale doit être dénoncé. Le « deux poids deux mesures » dans la prise en charge des plus vulnérables dans le monde n’est plus tolérable. Par ailleurs, dans un contexte de crise humanitaire sans précèdent, alors qu’aucune solution politique ne semble être proche, il est important de s’interroger sur l’intégrité de la réponse humanitaire au Liban. Les constats sur le terrain sont consternants, les dysfonctionnements sont patents dans la gestion de la crise, mais également au sein même des organisations internationales qui s’imposent dans le paysage national. Cette situation catastrophique doit être interrogée et analysée afin que l’action humanitaire redevienne citoyenne et engagée, basée sur des partenariats justes entre organisations du Nord et du Sud, afin que la dignité de tous soit garantie.
Un dysfonctionnement flagrant dans la gestion de la crise humanitaire
3 Le Liban a été un « théâtre des opérations » pour les acteurs de l’humanitaire et du développement pendant la guerre civile, l’occupation israélienne du sud de 1978 à 2000 et l’invasion israélienne de 2006. Ainsi, nous avons pu être les témoins de l’évolution de l’aide humanitaire et de ses formes à travers les différentes crises qui ont meurtri le pays.
4 Lors de la guerre civile, qui a duré plus de 15 ans, et de l’invasion israélienne, nous avons connu la solidarité et l’humanisme, au quotidien, avec des volontaires internationaux qui venaient au Liban vivre notre réalité tragique. Ces volontaires étaient motivés par la solidarité et l’engagement et n’avaient généralement pas d’intérêt financier.
5 Après la guerre civile, au début des années 1990, avec la chute de l’URSS, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, un tournant dans le profil des humanitaires qui sont venus au Liban. L’avènement de « donneurs de leçons », bardés de diplômes, a été un choc pour nous. Notre expertise était réduite à néant et on ne nous parlait plus que de « cadres logiques », d’« indicateurs de performance » et autres « outils de suivi et d’évaluation » qui, quelle que soit leur utilité, occultaient de plus en plus la réalité du terrain. Plusieurs de ces organisations non-gouvernementales internationales sont ainsi devenues une extension de pouvoirs étrangers, nous enseignant notre travail et clamant avec arrogance savoir mieux que nous quels sont les besoins sur le terrain et de quelle façon y répondre.
6 La majorité des partenariats existant entre les ONG nationales et internationales ne sont pas basés sur le respect et sur un partage égal des pouvoirs. Les agences internationales voient souvent la collaboration avec des entités nationales comme une contrainte. Lorsque les ONG internationales font le choix d’écarter les acteurs locaux ou de ne pas développer des partenariats respectueux, elles peuvent devenir des vecteurs d’incompréhension, d’absence de confiance, détruisant éventuellement dans leur sillage les relations de longue date établies entre ONG et communautés locales. Nombreux sont ceux qui considèrent les interventions internationales en matière d’humanitaire et de développement comme une nouvelle forme de néo-colonialisme.
Nouveau colonialisme et aberration financière
7 Dans le contexte actuel, en l’occurrence, la gestion de la crise humanitaire des réfugiés syriens au Liban, cette méthodologie n’est pas viable. Dans leur refus de considérer avec attention le contexte dans lequel elles opèrent, les organisations internationales marginalisent des acteurs locaux de grande importance. Les acteurs nationaux sont exclus du plan de réponse à la crise humanitaire dont ces structures internationales ont la charge. Ceux-ci dépendent désormais financièrement de structures institutionnelles émanant largement des pays développés membres de cet ensemble flou désigné sous le nom de « communauté internationale ». En exportant leurs modèles de développement dans les zones où elles interviennent, les ONG internationales remplacent l’humanitaire solidaire par un humanitaire (néo) colonialiste.
8 Dans un monde soumis au diktat de l’argent, les valeurs humaines sont balayées par un flot de cupidité qui met à mal la dignité humaine. Le « deux poids deux mesures » dans la prise en charge des dossiers humanitaires est dramatique ! Alors que 10 millions de Syriens ont fuis leur pays en guerre, que plus de 200 000 ont été tués en toute impunité ; alors que la colonisation dans les territoires palestiniens occupés continue à violer le droit international et que tout un peuple subit des agressions meurtrières à répétition sans soulever la moindre objection des « grandes puissances », ces dernières usent du prétexte humanitaire pour n’agir que dans les zones où leurs intérêts sont en danger. Ainsi, la « riposte » militaire de la communauté internationale en Irak contre les « djihadistes » ou « terroristes » ne s’est-elle pas fait attendre. Nous faisons face aujourd’hui à une manipulation de la cause humanitaire à des fins militaires, économiques et politiques. Certains pays, puissants certes, se font les chantres des droits de l’homme à l’étranger tandis qu’eux-mêmes bafouent ces droits en toute impunité. Les récentes révélations concernant les pratiques de torture par la CIA ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres. Les valeurs humaines ne sont plus le prétexte d’interventions, ces dernières sont conduites par un nouveau paradigme mondial : le fédéralisme de l’argent. Il est impératif de revenir à une solidarité internationale sincère.
9 Une autre urgence s’impose : la révision des budgets des agences internationales. Des sommes astronomiques sont consacrées à la coordination et aux frais administratifs, à la visibilité et à la sécurité, tandis que les populations marginalisées ne reçoivent souvent qu’une partie infime de l’aide. Le ballet des réunions et des conférences de coordination remplace l’action sur le terrain et les fonds sont dilapidés par le tourisme humanitaire au lieu de sauver des vies.
10 C’est dans ce contexte que plusieurs ONG internationales interviennent au Liban. Peu d’entre elles se soucient du partenariat avec les ONG locales. Elles tendent plutôt à prendre leur place. Recrutement de nos employés locaux, initiatives locales récupérées et transformées en actions qui ne répondent souvent pas aux besoins du terrain, sont malheureusement notre réalité quotidienne.
11 Pour autant, les ONG, notamment celles du Sud, ont reconstitué un rapport de force avec les Etats, elles peuvent et doivent faire pression sur les décideurs, afin que les financements et les soutiens internationaux répondent aux réels besoins sur le terrain.
Le rôle des ONG locales : un catalyseur pour le changement
12 Bien que le système des Nations Unies insiste sur l’importance de travailler avec des partenaires locaux, les agences de l’ONU adoptent, la plupart du temps, une attitude paternaliste. Au Liban, le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) a constitué son propre réseau d’ONG au lieu de dialoguer avec les structures existantes. Il ne cherche pas à renforcer leurs capacités mais à diviser les ONG nationales pour s’assurer qu’aucune d’entre elles ne sera assez forte pour constituer un contrepoids aux politiques des Nations Unies.
13 Pourtant les ONG locales et autres acteurs locaux, en l’occurrence les municipalités, sont des sources d’action efficace et de véritables leviers de changement. Fortes de leur expérience de terrain elles possèdent une expertise importante et unique du contexte dans lequel elles opèrent depuis des années. Etablies depuis longtemps, ces structures et ONG locales ont également gagné une légitimité certaine auprès des populations locales. Deux paramètres dont les ONG internationales ne peuvent se targuer, et dont elles devraient considérer beaucoup plus l’importance dans l’optique d’apporter une réponse adéquate et efficace aux besoins des plus vulnérables, sur le terrain.
14 Nous reconnaissons l’importance de l’action de ces ONG internationales mais nous dénonçons la gestion qu’elles font de l’action humanitaire. En effet, étant d’importantes machines financières, ces structures internationales pourraient et devraient, non pas imposer leurs ressources de façon brutale et pour un temps limité, mais apporter aux acteurs locaux leurs connaissances techniques, faire part de leur expertise de gestion de crise à travers l’échange d’outils qui pourraient servir à tous. Il convient de rappeler que les structures internationales, par définition, ne sont pas amenées à rester dans les pays dans lesquels elles opèrent, à la différence des acteurs locaux. Ces derniers doivent être perçus comme des acteurs incontournables, à travers lesquels le changement peut être impulsé. Le renforcement des capacités des structures locales est ici d’une grande importance dans un contexte de crise qui perdure. Elles devraient être directement soutenues afin d’améliorer leur fonctionnement, leur gouvernance et leur transparence, dans le but d’en faire des partenaires à part entière. Il ne s’agit pas de s’adapter en fonction d’un audit, de faire des changements de surface, mais plutôt de mener une réflexion conjointe sur la configuration idéale des partenariats.
15 Ce qui peut paraître une évidence ne l’est pas pour tous. La volonté d’impliquer l’ensemble des acteurs locaux et internationaux dans un partenariat sincère, égalitaire et juste est une utopie à l’heure du « charity business ». En effet, en temps de paix, la coordination et les partenariats sont faibles voire inexistants. Le travail avec les ONG nationales se met en place dans les moments de crises, où les donateurs exigent que les réponses d’urgence soient coordonnées. Les partenariats sont donc guidés par les conditions d’octroi des fonds. De plus, ces partenariats sont généralement créés sur la base de projets, sont limités dans le temps et n’ont qu’un faible potentiel de durabilité.
Un modèle humanitaire pionnier : le cas de l’Association Amel International
16 L’association Amel International est une organisation non-gouvernementale, civile et non-confessionnelle créée au Liban en 1979 pendant la guerre civile et l’occupation israélienne du Sud Liban. A travers ses 24 centres, ses 6 cliniques mobiles et les 700 personnes qui s’impliquent et travaillent pour la vision en laquelle nous croyons, Amel met en place des activités liées à la santé, à l’éducation, à la protection de l’enfance, à la formation professionnelle, à la santé mentale, au développement rural, aux droits de l’homme, à l’aide en direction des femmes. Ses programmes ciblent les populations marginalisées dans toutes les zones du Liban, sans discrimination basée sur la nationalité, les opinions politiques ou l’appartenance religieuse. L’action d’Amel vise à renforcer la culture des droits parmi les citoyens, les réfugiés, les migrants, et à promouvoir l’accès à ces droits et leur participation à la vie publique.
17 Amel s’illustre dans une région où les divisions confessionnelles, politiques, sociales et économiques sont légion. Ainsi, notre travail, au jour le jour, suppose de nombreux et nouveaux défis. Malgré ces difficultés, nous refusons de verser dans l’inaction et le pessimisme et faisons nôtres les mots de Nelson Mandela : « L’action sans la vision signifie perte de temps, la vision sans l’action n’est que rêve, mais la vision avec l’action peut changer le monde ». Au fil des années, nous avons été motivés par « la pensée positive et l’optimisme permanent » et notre travail est guidé par les 3Ps : « Des Principes, qui définissent une Position, que nous mettons en Pratique ». Ainsi, Amel a adopté des principes simples et cohérents reliés à son action, prouvant que la société civile libanaise est tout à fait capable de construire son propre futur. En ce sens, Amel a été un exemple pour les ONG arabes et libanaises.
18 Premièrement, Amel est capable d’assurer plus de 53 % de ses financements à travers la participation des bénéficiaires, les revenus des frais de location de ses propriétés et son diner de gala biannuel. Cette autonomie et cette indépendance se reflètent dans l’organisation interne d’Amel et dans le choix de nos programmes. Ainsi, nous pouvons créer des relations de confiance avec plusieurs partenaires tout en mettant en place des projets ambitieux, innovants et compréhensifs.
19 Deuxièmement, nous mettons toute notre énergie et nos espoirs dans la jeune génération, particulièrement les femmes. Venant de grandes villes arabes où de zones rurales reculées, ces femmes sont imprégnées de valeurs de tolérance, de respect des droits de l’homme ainsi que de volonté d’entreprendre.
20 Finalement, convaincus qu’il ne peut pas y avoir de démocratie sans développement, nous agissons en trois phases :
- dans un premier temps, l’aide humanitaire et la réponse aux besoins primaires des populations vulnérables, qui se caractérise, à l’heure actuelle, par la réponse d’urgence à la crise syrienne et les 600 000 services qu’Amel a fournis dans ce cadre ;
- dans un second temps, les projets de développement sur le long terme, mis en œuvre afin de renforcer les capacités des populations vulnérables et de revitaliser la croissance économique au Liban ;
- dans un troisième temps, le plaidoyer pour les droits de l’homme et les campagnes de sensibilisation qui sont mis en œuvre à travers la Maison Amel des droits de l’homme et le programme des travailleurs domestiques migrants.
22 En ce sens, Amel espère agir en tant que catalyseur au sein de la société civile libanaise et, à l’international, dans le secteur humanitaire. Le rôle d’Amel au sein du Collectif des ONG libanaises, et le fait qu’Amel soit membre de l’ECOSOC, de HAP, du HCT, d’ICVA, de DPI, et de multiples réseaux internationaux témoigne de cet engagement.
23 Amel se distingue ainsi et particulièrement par son analyse du secteur de l’humanitaire et du développement.
24 Ensuite, Amel a décidé de travailler à contre-courant et agit en tant que pionnier sur différents sujets. Parmi ceux-ci, la réalité selon laquelle les donateurs internationaux ont leur propre agenda, et appliquent des doubles standards en finançant des interventions, sans être motivés par la solidarité, mais simplement en fonction d’un budget ou d’une ligne politique donnée. Ils obéissent aussi, et généralement, à des circonstances momentanées, voire une logique sensationnaliste (par exemple, les réfugiés syriens, la lutte contre le terrorisme, un soutien humanitaire à Gaza – mais un soutien politique à Israël).
25 Armé de plus de 30 ans d’expérience au Liban, Amel s’est internationalisé en décembre 2010 à travers l’ouverture d’un bureau à Genève. La finalité de notre internationalisation est de réunir les hémisphères Nord et Sud à travers des objectifs humanistes afin de travailler pour l’intérêt des populations, de s’engager pour les causes justes des peuples, en premier lieu la cause palestinienne, tout en gardant un certain recul avec les agendas politiques visant à diviser. Grâce à cette dimension internationale, Amel a pu nouer de nombreux partenariats avec d’autres ONG basées dans plusieurs pays, parmi lesquelles figurent Médecins du Monde et Medico International. Renforcé par la confiance donnée par les communautés locales, Amel a acquis la reconnaissance des institutions internationales.
26 A travers ces partenariats, Amel a prouvé qu’il était possible pour les ONG locales d’établir des partenariats avec des organisations internationales et de travailler pour renforcer leurs structures internes et de travailler de façon éthique en respectant les standards et règles internationaux. En ce sens, plusieurs partenariats avec des ONG internationales sont pour Amel des modèles d’une relation d’engagement basée sur la confiance et l’échange d’expertise au service des plus démunis ainsi que les causes justes des peuples au premier rang desquels figure la cause palestinienne.
27 Il est essentiel de ne pas marginaliser les initiatives de la société qui visent à résoudre des problèmes sociaux. Cela signifie que le secteur non-gouvernemental ne devrait pas être considéré comme le « troisième secteur » de la société, mais comme le premier. Cela permettrait d’assurer que des « plans de développement » décidés par les gouvernements, les économistes, les organisations financières et économiques, soient amendées pour devenir des projets inclusifs impliquant tous les membres de la société.
28 Un autre humanitaire, basé sur la vision de « partenaire et non tuteur » est donc possible mais il faut faire confiance aux ONG locales et les aider à se libérer de la tutelle des ONG internationales, à travailler avec elles et non pour elles.
29 Toute action humanitaire qui ne s’inscrit pas dans un engagement avec les victimes n’est pas une action humanitaire. Toute action humanitaire qui ne soutient pas les causes justes des peuples, leur droit à l’indépendance, à l’auto-détermination et à la justice sociale, n’est pas une action humanitaire. Toute action humanitaire qui prend uniquement comme outil la médiatisation et non pas les couches défavorisées n’est pas une action humanitaire.
Conclusion
30 Alors qu’il s’agit ici de faire un état des lieux critique de l’intervention humanitaire et des relations entre les différents acteurs de cette action sur le terrain, il nous parait nécessaire de proposer des pistes de réflexion et d’action en vue d’un humanitaire citoyen et engagé. A notre sens, il s’agit :
- de centrer les interventions de terrain sur l’efficacité et non sur la visibilité et, par le fait même, de s’assurer que les fonds attribués sont destinés aux bénéficiaires et non pas aux frais administratifs ;
- d’exiger la durabilité des programmes qui ne doivent plus uniquement obéir à la logique « par projet » des bailleurs ;
- d’adopter de règles de coopération et d’éthique entre ONG nationales et internationales touchant l’harmonisation des échelles de salaire, le recrutement des employés locaux et le dialogue avec les communautés locales ;
- de renforcer la coopération entre ONG nationales et internationales pour créer de vrais partenariats ainsi qu’une répartition juste des richesses dans le monde et soutenir les plus démunis et les causes justes des peuples incluant la Palestine ;
- de développer la solidarité internationale et œuvrer ensemble (sociétés civiles du Nord et du Sud) dans un partenariat d’égal à égal constituant un groupe de pression pour corriger les politiques des gouvernements, des multinationales, pour un monde plus juste et plus humain ;
- d’influencer les politiques publiques et ainsi faire pression pour un changement social – la société civile est à l’avant-garde de la transformation de ces dynamiques en instruments de pression pour influencer les politiques et s’assurer que les lois répondent aux besoins de tous sans discrimination basée sur l’appartenance religieuse, politique, idéologique ou géographique ; cela requiert toutefois une vision compréhensive du développement ainsi qu’une charte entre ONG et composantes de la société civile Nord-Sud où les rôles sont répartis équitablement ;
- de soutenir les projets de renforcement des capacités des ONG nationales notamment en termes de circulation d’information, d’informatique et autres compétences techniques ;
- de reconsidérer nos pratiques de l’humanitaire afin que le professionnalisme ne cède pas le pas à l’engagement citoyen en faveur des individus souffrant de situations de crise à travers le monde : en effet, il y a quotidiennement un conflit entre l’engagement et le professionnalisme allant jusqu’à la technicité, la « charity business », les « BONGOS », le colonialisme humanitaire et l’« aid industry » ;
- d’œuvrer pour un retour à l’État social qui s’occupe des plus vulnérables et qui contrôle le secteur privé qui est uniquement guidé par le profit. Dans un monde globalisé, « le village global », le citoyen international ressort : nous devons donc, en tant qu’ONG, mais aussi en tant que citoyens, faire pression pour un État régulateur, l’État social et non pas l’État des financiers et des banquiers.
32 Un monde plus juste et plus humain, une répartition juste des richesses, la fin de la marchandisation de valeurs autrefois honorables, la fin du militaro-économico-humanitaire. L’humanitaire est une éthique d’action qu’il convient de retrouver impérativement au nom d’une solidarité internationale humaniste, voilà donc nos aspirations, sur le plan universel, qui contribueront à transformer l’humanitaire. ?
Notes
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Chiffres de l’agence des Nations unies chargée des réfugiés (HCR). Ces chiffres ne prennent en compte que les réfugiés syriens enregistrés au sein de l’agence ou en attente d’enregistrement.