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Article de revue

Les investissements saoudiens dans la Corne de l'Afrique : l'exemple de Mohamed Al Amoudi, homme d'affaires saoudien en Ethiopie

Pages 61 à 74

Notes

  • [1]
    Il effectue un travail de recherche à l’EHESS sur le parcours et les investissements de l’homme d’affaires saoudien Mohammed al-Amoudi en Éthiopie. Les conclusions tirées dans cet article s’appuient notamment sur un séjour de terrain effectué en 2014. L’auteur tient à remercier tout particulièrement Eloi Ficquet, Günter Shröder et Sabine Kneib pour leur aide précieuse, ainsi que la mention « Études politiques » de l’EHESS pour son soutien financier. Contact : romain.calvary@ehess.fr
  • [2]
    Contexte très différent des années 1970 et 1980 où l’Arabie saoudite souhaitait faire de la mer Rouge un « lac arabe » à grands coups de soutien à des mouvements rebelles afin de contrer l’influence socialiste.
  • [3]
    Si elles traduisent une tendance générale et peuvent également avoir des effets de réalité, ces estimations ne doivent pas être prises à la lettre, au regard des nombreux biais méthodologiques qui les caractérisent.
  • [4]
    On pense aux investissements de Dubai World dans le port de Djibouti, aux projets d’investissements saoudiens dans le port de Berbera, ou encore au projet du Bin Laden Group de construire un pont entre les deux rives du Golfe d’Aden.
  • [5]
    L’absence de fiscalité dans ces Etats rentiers explique en grande partie cette incapacité à produire des statistiques.
  • [6]
    Qui sont essentiellement des investisseurs privés.
  • [7]
    Dans cette partie nous nous appuyons principalement sur des entretiens au sein de la communauté hadrami d’Ethiopie, ainsi que sur des entretiens avec des hommes d’affaires saoudiens et chercheurs spécialisés sur ce pays.
  • [8]
    Durant la première moitié du 20e siècle, les Hadramis qui ont immigré en Éthiopie n’étaient pas officiellement des citoyens yéménites. Ils étaient sujets britanniques, sujets du sultanat Qu’aiti ou du sultanat Kathitri (qui sont passés sous la protection britannique en 1937). Il est difficile de déterminer le statut du père de Mohammed Al Amoudi, qui aurait émigré en Éthiopie, à la fin des années 1920. De même il est difficile de savoir si Mohammed Al Amoudi a eu la nationalité éthiopienne comme certains de ses frères. Nous savons cependant avec certitude que, du temps de ses premiers investissements en Éthiopie dans les années 1990, il n’avait pas la nationalité éthiopienne.
  • [9]
    Sur ce sujet, on peut se conférer aux travaux de Samson Bezabeh.
  • [10]
    On connaît le nom de grandes familles d’origine hadramie dont la présence est ancienne en Arabie saoudite et qui ont prospéré dans les affaires avec l’explosion de la rente pétrolière comme les Ben Mahfouz, les Ba Hamdan...
  • [11]
    On peut citer l’exemple de Mohammed Ben Laden, dont la migration date de l’après guerre et qui a bâti un empire dans la construction.
  • [12]
    ABV Rock Group, avec laquelle Mohammed Al Amoudi entretenait des relations commerciales importantes depuis les années 1970.
  • [13]
    Steffen Hertog, The Sociology of the Gulf Rentier Societies of Intermediaries, Comparative Studies in Society and History, 2010.
  • [14]
    Le prince Sultan est très connu pour son côté affairiste.
  • [15]
    « Men of business control range of interests with northern focus », African Energy, n° 131, 25 janvier 2008.
  • [16]
    Giacomo Luciani, « From private sector to national bourgeoisie : saudi arabian business ». In Paul Aarts and Gerd Nonneman (dirs), Saudi Arabia in the Balance, London, New York University Press, 2005.
  • [17]
    Ce qui est particulièrement important au début des années 1990, à un moment où les relations commerciales sont avant tout interpersonnelles et l’accès à l’information très difficile.
  • [18]
    Comme il est souvent nommé en Ethiopie.
  • [19]
    Marqué par l’effondrement récent du bloc soviétique.
  • [20]
    Il est important de noter qu’on parle ici du secteur privé formel.
  • [21]
    Country Partnership Strategy for the Federal Democratic Republic of Ethiopia, World Bank, International Monetary Fund, Report No. 71884- ET. 2012.
  • [22]
    Selon une estimation personnelle, les investissements directs de l’homme d’affaires en Éthiopie depuis 1990 avoisineraient 1 milliard de dollars.
  • [23]
    Que ce soit à l’étranger ou dans le pays. L’homme d’affaires a racheté en 2008 la principale université privée du pays.
  • [24]
    Entretien avec un ancien dirigeant éthiopien de premier plan, Addis Abeba, 12 juin 2014.
  • [25]
    Dont certaines ne sont d’ailleurs pas publiques ou disponibles pour les compagnies.
  • [26]
    Cette licence est obligatoire pour mener une activité économique, elle doit être renouvelée annuellement.
  • [27]
    La terre n’ayant pas été privatisée.
  • [28]
    Cette période a vu les Etats occidentaux, sous l’impulsion des Etats-Unis, se lancer dans une guerre tous azimuts contre les réseaux financiers saoudiens afin de débusquer les financiers d’Al Quaida. Dans la précipitation et sans aucun discernement, beaucoup d’hommes d’affaires ont été accusés d’avoir financé le terrorisme.
  • [29]
    Où la diaspora éthiopienne est très importante et très active.
  • [30]
    Voir la contribution de Pierre Blanc dans ce même numéro.
  • [31]
    « Ethiopia : riches to lean on », Addis Fortune, 3 mars 2013.
  • [32]
    C’est d’ailleurs la grande priorité pour les Ethiopiens dans leur relation avec l’Arabie saoudite. Entretien avec un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Addis Abeba, 7 juin 2014.
  • [33]
    Entretien avec un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Addis Abeba, 7 juin 2014.
  • [34]
    A ce sujet cf. Eckart Woertz, Oil for food, Oxford Press, 2013.
  • [35]
    Federal governement of Ethiopia 2009, cité par Eckart Woertz. Ce document ne fait pas mention d’un possible réajustement du contrat en fonction de l’inflation.
  • [36]
    La diffusion du wahabisme prend d’autres canaux. Dans le cas éthiopien on peut se référer au livre d’Eggai Erlich, Saudi Arabia and Ethiopia : Islam, Christianity and Politics entwined. Boulder, Rienner Colo, and London, Lynne, 2007.
English version

1 Depuis le début des années 1990, les pays de la péninsule arabique se tournent à nouveau vers l’Afrique, un continent redevenu une terre pleine de promesses. En Afrique de l’Est, dans un contexte renouvelé [2], on observe une hausse des investissements directs étrangers (IDE) [3] en provenance du Golfe et une tendance à leur diversification. L’opinion selon laquelle ces dynamiques économiques pourraient s’amplifier dans les années à venir semble être assez largement partagée dans les milieux d’affaires du Golfe. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les investissements (ou projets d’investissements) de compagnies de la péninsule, dans les infrastructures de transport, notamment portuaires, en Afrique de l’Est [4].

2 Cependant, analyser ces nouveaux flux, en particulier à un niveau macro-économique n’est pas chose aisée, faute de données. Cette difficulté est imputable au manque de fiabilité des statistiques économiques des pays du Golfe, en particulier en ce qui concerne les chiffres des investissements [5]. D’autre part, il est quasi impossible d’obtenir des données de la part des investisseurs, qui sont souvent des groupes familiaux non cotés et ne publient donc pas de rapports financiers ou d’informations sur leurs investissements. Enfin, cette carence est également le fait des pays récepteurs de ces capitaux, dont les gouvernements sont souvent peu enclins à divulguer ce type de renseignements.

3 Par ailleurs, les investissements en provenance de la péninsule arabique sont entourés de fantasmes et de passions qui altèrent un peu plus encore la compréhension de ces dynamiques économiques. L’amalgame est, par exemple, souvent fait entre les stratégies (réelles ou supposées) des pouvoirs centraux du Golfe et les activités économiques d’investisseurs (parfois binationaux) ou de compagnies installées en Afrique, qui suivent leur propre feuille de route sans garantie ou commande donnée par leur gouvernement.

4 Pour pallier ces difficultés et pour ouvrir des pistes de réflexions sur ces questions, il paraît pertinent de se pencher plus particulièrement vers les investisseurs du Golfe [6] qui portent ces évolutions économiques. Cette approche a le mérite de remettre de la complexité dans l’analyse de ces flux qui ne sont pas linéaires (comme les statistiques le laissent à penser), mais plutôt le fruit d’une conjonction de facteurs disparates (rationalité particulière, trajectoires personnelles, contextes économiques, politiques...). Cette perspective nous permet également d’observer « par le bas » la façon dont les stratégies indépendantes des investisseurs peuvent cohabiter avec les stratégies des autres acteurs de ces relations économiques (Etats du Golfe, Etats africains, sociétés...).

5 Certains de ces investisseurs sont particulièrement visibles ; c’est notamment le cas du saoudien Mohammed Al Amoudi. Son conglomérat est de loin le principal acteur privé de l’économie éthiopienne. Il y est présent dans presque tous les secteurs, de l’hôtellerie aux mines d’or (dont il contrôle l’essentiel de la production nationale), en passant par l’immobilier ou l’industrie (secteur dans lequel il est le premier investisseur privé). Depuis 2008, le développement du groupe se poursuit dans le domaine agricole, puisque certaines de ses entreprises se sont vu attribuer la concession de terres agricoles, au titre de contrats de location à long terme. Dans son cas, la grande visibilité de ses investissements et certaines obligations auxquels les investisseurs en Ethiopie sont soumis facilitent la collection des données. C’est l’exemple des investissements de cet homme d’affaires que nous développerons, afin de mieux appréhender la nature de ces nouveaux flux économiques et la façon dont ils peuvent être perçus dans les pays qui les reçoivent. Par ailleurs, dans le contexte de « mythification » des investissements saoudiens, il nous faudra questionner de façon dépassionnée les différentes pratiques de l’homme d’affaires et tenter d’interroger, à travers son exemple, la façon dont la politique de puissance saoudienne peut à parfois s’appuyer sur les réseaux économiques et financiers à l’étranger.

Une analyse nécessaire de sa trajectoire personnelle

6 L’analyse de la trajectoire personnelle de l’homme d’affaires [7] est nécessaire à plusieurs titres. Elle permet, dans un premier temps, de mieux comprendre les déterminants économiques de ses investissements et, ce faisant, de nous prémunir de tout sensationnalisme. Ensuite, dans la mesure où cette trajectoire témoigne des relations anciennes et complexes entre la péninsule arabique et la Corne de l’Afrique, cela permet de mieux appréhender les motivations personnelles d’Al Amoudi d’investir largement en Ethiopie dans un contexte particulièrement difficile.

7 Mohammed Al Amoudi est né en 1945 en Ethiopie, dans le nord Wollo (province du nord-est de l’Ethiopie qui se caractérise par une forte mixité islamo-chrétienne), d’une mère éthiopienne et d’un père commerçant d’origine hadrami [8]. L’Hadramaout est une région du sud de l’actuel Yémen qui occupe historiquement une position de carrefour commercial et connaît une importante tradition d’émigration. Une importante diaspora hadrami était notamment présente dans la Corne de l’Afrique, où ces derniers constituaient une catégorie de marchands et d’entrepreneurs [9]. À la fin des années 1940, le père de Mohammed Al Amoudi aurait émigré sans sa famille à Djeddah en Arabie saoudite, où profitant des réseaux transnationaux hadramîs, il se serait associé aux affaires d’un parent. Un grand nombre d’Hadramis étaient en effet installés depuis longtemps en Arabie saoudite où ils s’adonnaient généralement au commerce [10]. Avec le développement du Royaume, leur présence s’est renforcée et leurs activités économiques se sont diversifiées, s’élargissant principalement au secteur de la construction [11]. Mohammed Al Amoudi rejoint à son tour Djeddah en 1965. Il profite également du clan familial pour se lancer dans le commerce, à un moment où la classe des entrepreneurs locaux est encore peu développée. De l’espace est ainsi laissé aux étrangers pour connaître des succès dans les affaires et obtenir la nationalité saoudienne (que l’homme d’affaires obtient peu de temps après son arrivée). Durant ses premières années en Arabie saoudite, ses activités commerciales dans le secteur de la construction, bien que modestes, semblent lui avoir permis de nouer des relations dans les milieux d’affaires (notamment avec des compagnies étrangères présentes en Arabie saoudite), mais également avec des membres de la classe dirigeante. En 1988, ses activités prennent une toute autre dimension, alors qu’une compagnie qu’il a créée en joint venture avec la filiale saoudienne d’une entreprise suédoise de construction [12], se voit attribuer un contrat public de plusieurs milliards de dollars de la part du ministère de la Défense, pour la réalisation d’un programme stratégique de stockage pétrolier. Le programme, dirigé par le ministre de la Défense de l’époque, le prince Sultan Ben Abdulaziz, impliquait la construction de plusieurs cuves de stockage pétrolier à travers le pays, afin de sécuriser des stocks pétroliers en cas d’attaque militaire contre l’Arabie saoudite. À partir du boom pétrolier et jusqu’à la fin des années 1980, les dépenses de l’Etat ont été spectaculaires et les projets publics de ce genre se sont multipliés. Or, du fait du manque de transparence caractéristique des pays du Golfe et de l’incapacité de l’Etat à gérer et à contrôler ses dépenses, les contrats publics ont souvent été attribués à des hommes d’affaires « politiquement » sélectionnés, permettant à ces derniers et à leurs partenaires locaux ou étrangers de dégager des profits importants. Ce genre de pratiques a permis des ascensions sociales fulgurantes, y compris pour des acteurs auparavant marginaux [13]. Dans le cas spécifique d’Al Amoudi, la perception selon laquelle il aurait bénéficié de ce contrat du fait de sa proximité avec le prince Sultan [14] est répandue en Arabie saoudite. Il est souvent considéré que l’homme d’affaires aurait occupé, pendant une partie de sa carrière, la position de man of business pour le compte du prince, gérant une partie de ses affaires ou se chargeant de faire l’intermédiaire avec des compagnies étrangères [15].

8 Si, jusqu’à la fin des années 1980, la seule véritable condition pour s’enrichir était la proximité avec le pouvoir, le secteur privé a dû trouver par la suite de nouveaux débouchés et se tourner vers des clients privés, en raison de la baisse importante des dépenses publiques, consécutive de la chute des prix du pétrole [16]. Une sorte de processus de sélection naturelle s’est ainsi opéré parmi ceux qui ont initialement profité des largesses du gouvernement et la capacité des businessmen à gérer et à faire croître leurs affaires est devenue nécessaire à la pérennité de leurs activités. Dès lors, si certains entrepreneurs ont su tirer parti de cette opportunité initiale offerte par le processus de circulation de la rente pétrolière, bon nombre d’entre eux se sont assis sur leur fortune ou ont fait de mauvaises affaires et ils ont aujourd’hui disparu de la scène économique.

9 Dans ce contexte économique, Mohammed Al Amoudi a su diversifier ses affaires, avec des investissements intéressants, en particulier à l’étranger. Il se fait ainsi remarquer dès le début des années 1990, en rachetant plusieurs entreprises de construction et d’ingénierie de la compagnie suédoise, dont il était partenaire en Arabie saoudite. Mais surtout, alors que l’économie suédoise connaît d’importantes difficultés, il rachète l’entreprise pétrolière nationale OK Petroleum, devenant ainsi le premier investisseur étranger en Suède et un acteur de l’économie pétrolière, présent sur l’ensemble de la filière (champ d’exploration dans la Mer du Nord et en Afrique de l’Ouest, raffinage, distribution...). Par ailleurs, dès les premiers temps de l’ouverture éthiopienne, il investit dans son pays d’origine. Pour ce faire, il s’appuie largement sur des partenaires éthiopiens, pour la plupart des proches, qui disposent d’importants réseaux sur place [17]. Ces investissements répondent, en grande partie, à un calcul économique et à une volonté de diversification et certains d’entre eux se sont avérés particulièrement rentables sur le long terme. Mais ses activités en Ethiopie répondent aussi à des motivations plus personnelles. Mohammed Al Amoudi, qui n’a de cesse de répéter l’amour qu’il porte à son pays maternel, explique souvent qu’il a voulu participer au développement éthiopien à un moment où il avait la possibilité de le faire. Certains de ses investissements semblent d’ailleurs s’inscrire dans une certaine vision du développement éthiopien.

10 Si la position du cheikh [18] Al Amoudi et l’importance de ses investissements en Ethiopie sont assez singulières au sein du secteur privé saoudien, elles ne sont pas sans rappeler le parcours d’autres hommes d’affaires qui ont également des positions visibles dans des pays étrangers. Or, ces derniers se distinguent également par les relations personnelles anciennes (voire par leur caractère binational) qu’ils entretiennent avec le pays dans lesquels ils investissent massivement : on peut penser à Salah Idriss au Soudan ou à Rafik Hariri au Liban. Dans des pays où les investissements sont risqués, cela facilite grandement leur installation et le développement de leurs activités. De plus, alors que les hommes d’affaires saoudiens sont en général assez frileux à l’idée d’investir largement à l’étranger, les bonnes relations que Mohammed Al Amoudi entretient avec le pouvoir politique éthiopien, comme nous allons le voir, lui ont permis d’envisager ses investissements dans un climat sécurisant.

Genèse d’une position singulière dans l’économie éthiopienne

11 Mohammed Al Amoudi a effectué ses premiers investissements en Ethiopie au tout début des années 1990, dans les premiers temps de l’ouverture du pays, faisant suite au renversement du régime communiste du Derg. Marquée par vingt années de politiques socialistes, l’Ethiopie est alors tout à fait isolée au sein de l’économie internationale. Le secteur privé y est quasi inexistant et les structures classiques d’une économie de marché sont à construire. L’Ethiopian People Revolutionary Front (EPRDF), le nouveau parti au pouvoir, bien qu’idéologiquement structuré par le marxisme se trouve contraint de conduire des politiques économiques libérales, du fait de sa dépendance vis-à-vis de l’aide et du nouveau contexte international [19]. Mais les réformes sont en grande partie des réformes de façade puisque dans les faits, le gouvernement conserve une position hégémonique dans le champ économique. Le régime n’hésite pas à s’en servir pour orienter les activités économiques selon ses intérêts, et en particulier dans le sens des plans de développement qu’il met en œuvre. Pour beaucoup, l’hégémonie de la puissance publique dans l’économie et la relation autoritaire que le pouvoir entretient avec le secteur privé expliquent en grande partie l’anémie de ce dernier [20], qui ne générait en 2012 que 2,7 % du PIB et qui employait seulement 5,8 % de la population active [21]. De ce fait, le développement exceptionnel du conglomérat d’entreprises Midroc Ethiopia, qui a été créé en 1996 afin de superviser les investissements de Mohammed Al Amoudi et de donner un cadre au nombre croissant d’entreprises sous son contrôle, semble surprenant au premier abord.

12 Dans le contexte des années 1990 et du début des années 2000, alors que les investissements étrangers et le secteur privé sont faibles, la première raison que l’on peut invoquer pour expliquer cette croissance fulgurante est l’importance des capacités financières de l’homme d’affaires et son engagement à investir largement dans le pays [22]. Les capitaux mis à la disposition du groupe Midroc lui ont en effet permis de penser une stratégie d’investissements ambitieuse sur le long terme, sans viser de rentabilité à moyen terme. Par ailleurs, dans les années 1990, il était particulièrement difficile pour une entreprise d’assurer ses approvisionnements, de sous-traiter certaines activités ou d’avoir accès à une main d’œuvre formée. Or, Midroc a eu les moyens de créer des entreprises, d’investir dans certaines activités pour répondre aux besoins d’autres compagnies du groupe, ou encore de former du personnel [23].

13 Par ailleurs, le développement du conglomérat a bénéficié du consentement déterminant du parti au pouvoir. Certains des investissements de l’homme d’affaires, qui s’inscrivent dans les plans de développement du régime et qui ont parfois présenté un intérêt stratégique pour ce dernier, ont certainement joué dans ce sens. Mais le cheikh Al Amoudi entretient en outre une relation avec le pouvoir politique qui dépasse largement sa seule qualité d’investisseur. En effet, l’homme d’affaires a très tôt noué des relations personnelles avec des membres importants de la classe politique et il a largement fait profiter le régime de son capital économique et de sa position internationale. Exemple parmi d’autres, il a rémunéré pendant plusieurs années les lobbyistes œuvrant pour le compte du gouvernement éthiopien à Washington. Autre exemple significatif, en pleine guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée, il aurait accordé un prêt important au régime qui faisait face à d’importants besoins financiers [24]. Enfin, il n’a de cesse de souligner son soutien à la ligne économique et politique de l’EPRDF, allant jusqu’à soutenir financièrement le parti. Cette proximité a certainement aidé le développement de ses activités économiques, d’autant plus que le parti dispose d’un véritable pouvoir discrétionnaire sur le secteur privé. En effet, nombre de rapports publiés par les institutions financières internationales ont insisté sur la complexité et la multiplicité des lois [25] et des règles qui régissent l’économie et la fiscalité éthiopiennes, permettant ainsi au pouvoir politique de les appliquer au cas par cas et à sa guise, pour punir une compagnie ou au contraire en privilégier une autre. Par ailleurs, l’Etat a la capacité de délivrer ou non une licence aux entreprises [26] et contrôle l’accès à la terre [27], aux crédits et aux devises étrangères. Là encore, le manque de transparence dans les procédures d’octroi permet aux tenants du pouvoir d’accorder des traitements préférentiels à certaines compagnies privées. Or, la perception selon laquelle le groupe Midroc bénéficierait d’avantages de la part des autorités est largement répandue dans les milieux d’affaires éthiopiens, et le conglomérat d’entreprises du Saoudo-Ethiopien est parfois accusé de concurrence déloyale, comme en témoignent les nombreux rapports sur le « climat des affaires ».

14 Midroc Ethiopia est ainsi devenue la première compagnie privée en Ethiopie, et le groupe continue de croître. Sa place dans l’économie est très importante, même si elle tend à diminuer relativement depuis le milieu des années 2000, alors que le pays s’ouvre de plus en plus à de nouveaux investisseurs étrangers, notamment chinois, turcs ou indiens. Du fait de la position tout à fait singulière qu’occupe Mohammed Al Amoudi dans l’économie éthiopienne et de ses relations avec la classe dirigeante, la question se pose inévitablement de savoir si cela a pu, à certains moments, bénéficier à la stratégie politique, diplomatique ou économique du pouvoir central saoudien ou à d’autres acteurs du Royaume.

Une position d’intermédiaire dans les relations saoudo-éthiopiennes

15 On l’a vu, les investissements de l’homme d’affaires en Ethiopie répondent avant tout d’une démarche personnelle et l’observation de ses actions nous invite à ne surtout pas politiser ses activités économiques en Ethiopie. Néanmoins, à certains moments, il s’est servi de sa position dans les deux pays pour promouvoir les relations entre la péninsule Arabique et l’Ethiopie. Par ailleurs, certains de ses investissements, qui s’inscrivaient dans la stratégie éthiopienne, ont également servi les intérêts stratégiques du pouvoir central saoudien.

16 La perception occidentale des hommes d’affaires saoudiens et de leurs activités a largement été structurée par le contexte de l’après 11 septembre 2001 [28]. De ce fait, les médias occidentaux tendent à voir derrière les investissements saoudiens de nombreuses implications politiques. Or, l’observation des actions, des pratiques de Mohammed Al Amoudi en Ethiopie et de sa manière de communiquer témoigne au contraire des nombreuses précautions que prend l’homme d’affaires pour ne compromettre ni sa réputation, ni sa relation avec le pouvoir éthiopien. Le premier investisseur du pays est très discret sur les questions religieuses et prend soin de ne pas confessionnaliser son importante générosité. Il subventionne ainsi largement certaines églises éthiopiennes aux Etats-Unis [29]. Par ailleurs, Mohammed Al Amoudi a plusieurs fois marqué ses distances avec les positions politiques de l’Etat saoudien. Il soutient publiquement et financièrement la construction du Great Renaissance Dam, un important barrage hydroélectrique sur le Nil. La construction du barrage, qui a été érigée en symbole du développement, est l’une des priorités du gouvernement éthiopien et devrait permettre au pays de devenir exportateur d’électricité. Mais le barrage est dénoncé et contesté par les autorités soudanaises et surtout égyptiennes, dans le contexte tendu du partage des eaux du Nil [30]. La position officielle saoudienne dans cette affaire est assez clairement en faveur de leurs partenaires arabes. La déclaration, bien que personnelle, de l’ancien ministre de la Défense saoudien, le prince Khalid Ben Sultan au Caire en avril 2013, qui affirmait que le barrage était une menace pour la sécurité nationale de l’Egypte et du Soudan, l’illustre tout à fait.

17 Néanmoins, si tout est fait pour préserver ses bonnes relations avec le pouvoir éthiopien, Al Amoudi n’hésite pas à jouer de sa position dans l’intérêt des deux partis pour faciliter les relations diplomatiques et politiques. L’illustration de ce rôle a été donnée lors de la dernière visite du ministre des Finances saoudien en Ethiopie, qui s’est effectuée en compagnie de l’homme d’affaires [31]. Mais c’est surtout en tant qu’intermédiaire dans les relations économiques et dans la promotion des investissements dans son pays natal que le cheikh joue un rôle important. L’accueil d’investisseurs étrangers est devenu une des grandes priorités du gouvernement éthiopien, qui cherche notamment à attirer les capitaux du Golfe [32]. Or, Al Amoudi ne ménage pas ses efforts pour promouvoir l’investissement dans son pays natal au sein des milieux d’affaires saoudiens et des cercles dirigeants. Il a ainsi organisé et financé plusieurs forums de promotion des investissements en Ethiopie et en Afrique de l’Est, réunissant des compagnies saoudiennes et des dirigeants politiques saoudiens et africains. Or, ce lobbying semble porter ces fruits, plusieurs compagnies saoudiennes ayant manifesté leur intérêt pour l’Ethiopie. Mais surtout, le pouvoir politique saoudien, qui a bien compris ses possibles intérêts dans l’intensification des relations économiques avec la nouvelle puissance de la Corne de l’Afrique, souhaite encadrer et sécuriser les futurs investissements. Les deux pays se sont ainsi accordés sur un programme de négociation et devraient signer dans les prochaines années plusieurs accords économiques sectoriels [33].

18 Enfin, l’exemple récent des agro-investissements en Ethiopie nous donne une double illustration, à la fois de la façon dont certains investissements de Mohammed Al Amoudi peuvent servir les intérêts stratégiques de l’Etat central saoudien et du rôle qu’il peut jouer dans la montée des IDE. On le sait, la crise alimentaire mondiale de 2008 a tiré la sonnette d’alarme dans les pays du Golfe. Alors que ces derniers dépendent presque exclusivement des importations de matières premières agricoles, la décision de pays comme l’Argentine la Russie, l’Inde ou le Vietnam de restreindre ou de couper temporairement leurs exportations de produits agricoles a constitué une menace pour leur sécurité alimentaire. Les Etats de la péninsule arabique ont alors annoncé toute une série de mesures, afin de garantir leurs approvisionnements, parmi lesquelles la promotion d’agro-investissements à l’étranger dans le but d’externaliser la production agricole. En Arabie saoudite, l’initiative de ces investissements a été laissée au secteur privé et le roi a lancé un programme visant à les coordonner et à les soutenir [34]. Mohammed Al Amoudi a été un des premiers à saisir cette opportunité et sa compagnie Saudi Star a lancé un projet de construction d’une ferme rizicole dans la région de Gambella (au sud ouest du pays). Pour ce faire, il a obtenu un contrat de location de 10 000 ha de terre sur 50 ans, pour un paiement annuel de 17 000 dollars [35]. Son projet a été soutenu par le gouvernement éthiopien, qui souhaite accroître ses exportations agricoles, afin de rétablir l’important déficit de la balance commerciale du pays. Mais son initiative a surtout été saluée en Arabie Saoudite, où il a été mis à l’honneur par le roi Abdallah, à qui il a livré en mains propres, lors d’une cérémonie en grande pompe, la première caisse de riz saoudien produit à l’étranger. Par ailleurs, un lobbying intense a été fait pour que l’Ethiopie devienne un point de départ des agro-investissements saoudiens. Cependant, Saudi Star restait la seule compagnie saoudienne à avoir développé ses activités en 2014. Une centaine d’investisseurs saoudiens ont annoncé des projets en Ethiopie, qui ne se sont pas encore concrétisés. Alors qu’ils ne bénéficient pas des mêmes appuis que Mohammed Al Amoudi en Ethiopie, ces derniers ont fait face à d’importantes difficultés dues au manque d’infrastructures et à des rapports parfois conflictuels avec l’administration et les populations éthiopiennes. D’autre part, le développement de ces projets a un coût très important. Or, les subventions de l’Etat saoudien se font attendre et tendent à se diriger, pour des raisons politiques, principalement vers des projets d’agro-investissements au Soudan ou au Pakistan. De ce fait, un grand nombre de ces projets semblent avoir été abandonnés. Cela nous invite donc à nuancer le rôle que peut jouer Al Amoudi dans la promotion des investissements saoudiens en Ethiopie. Son intense lobbying a certainement entraîné un regain d’intérêt pour l’Ethiopie, dans les cercles d’affaires saoudiens. Mais les effets sur le terrain restent encore limités et les relations fortes que l’Arabie saoudite entretient avec des pays comme le Pakistan ou le Soudan en font des destinations plus privilégiées pour les investisseurs (agro-investisseurs).

Conclusion

19 L’exemple d’Al Amoudi nous montre que, contrairement aux fantasmes qui les entourent, les investissements saoudiens sont bien souvent le fruit d’une démarche personnelle et témoignent d’une rationalité économique. Le cheikh Al Amoudi est avant tout un homme d’affaires qui a su saisir une opportunité, à un moment où il bénéficiait d’importantes ressources financières et où il cherchait à diversifier ses affaires. On l’a vu, le développement de son groupe a largement bénéficié du soutien du pouvoir politique éthiopien, avec lequel il entretient des relations privilégiées. Al Amoudi fait tout pour préserver ses rapports avec la classe dirigeante éthiopienne, garantie importante de la pérennité de ses affaires dans le pays. De ce fait, les considérations selon lesquelles l’homme d’affaires pourrait influencer la politique éthiopienne au profit de l’Arabie saoudite ou favoriser la diffusion du wahhabisme [36] sont hors de tout propos. Néanmoins, dans l’intérêt des stratégies respectives des deux Etats et du renforcement de sa propre position auprès des pouvoirs politiques saoudien et éthiopien, l’investisseur a pu jouer un rôle d’intermédiaire dans les relations diplomatiques, tout en prenant ses distances avec les positions saoudiennes sur les questions sensibles. Mais surtout, l’homme d’affaires se sert de ses relations, de ses réseaux pour promouvoir l’intensification des relations économiques entre les deux pays. Son action de lobbying auprès des cercles dirigeants saoudiens semble d’ailleurs avoir fait écho à certaines considérations stratégiques, comme le montre l’exemple des agro-investissements. Le parcours éthiopien de Mohammed Al Amoudi illustre également le fait que le succès des investissements en Ethiopie est conditionné au consentement du pouvoir politique et aux réseaux dont l’investisseur dispose sur place. Du fait de relations anciennes entre la Corne de l’Afrique et la péninsule arabique, quelques investisseurs du Golfe ont pu jusqu’ici s’appuyer sur des relations personnelles avec l’Ethiopie. Cependant, le renforcement de ces flux économiques repose maintenant sur la capacité et la volonté des Etats du Golfe et de l’Etat saoudien de renforcer leurs relations diplomatiques avec l’Ethiopie, afin d’offrir un cadre et des garanties à leurs investisseurs. Or, si le pouvoir central saoudien s’intéresse de plus en plus à l’Ethiopie, l’intensification des relations économiques avec d’autres pays de la région comme le Soudan, avec lequel Riyad entretient des rapports politiques privilégiés, semble avoir encore la priorité. ?


Date de mise en ligne : 01/10/2014

https://doi.org/10.3917/come.090.0061

Notes

  • [1]
    Il effectue un travail de recherche à l’EHESS sur le parcours et les investissements de l’homme d’affaires saoudien Mohammed al-Amoudi en Éthiopie. Les conclusions tirées dans cet article s’appuient notamment sur un séjour de terrain effectué en 2014. L’auteur tient à remercier tout particulièrement Eloi Ficquet, Günter Shröder et Sabine Kneib pour leur aide précieuse, ainsi que la mention « Études politiques » de l’EHESS pour son soutien financier. Contact : romain.calvary@ehess.fr
  • [2]
    Contexte très différent des années 1970 et 1980 où l’Arabie saoudite souhaitait faire de la mer Rouge un « lac arabe » à grands coups de soutien à des mouvements rebelles afin de contrer l’influence socialiste.
  • [3]
    Si elles traduisent une tendance générale et peuvent également avoir des effets de réalité, ces estimations ne doivent pas être prises à la lettre, au regard des nombreux biais méthodologiques qui les caractérisent.
  • [4]
    On pense aux investissements de Dubai World dans le port de Djibouti, aux projets d’investissements saoudiens dans le port de Berbera, ou encore au projet du Bin Laden Group de construire un pont entre les deux rives du Golfe d’Aden.
  • [5]
    L’absence de fiscalité dans ces Etats rentiers explique en grande partie cette incapacité à produire des statistiques.
  • [6]
    Qui sont essentiellement des investisseurs privés.
  • [7]
    Dans cette partie nous nous appuyons principalement sur des entretiens au sein de la communauté hadrami d’Ethiopie, ainsi que sur des entretiens avec des hommes d’affaires saoudiens et chercheurs spécialisés sur ce pays.
  • [8]
    Durant la première moitié du 20e siècle, les Hadramis qui ont immigré en Éthiopie n’étaient pas officiellement des citoyens yéménites. Ils étaient sujets britanniques, sujets du sultanat Qu’aiti ou du sultanat Kathitri (qui sont passés sous la protection britannique en 1937). Il est difficile de déterminer le statut du père de Mohammed Al Amoudi, qui aurait émigré en Éthiopie, à la fin des années 1920. De même il est difficile de savoir si Mohammed Al Amoudi a eu la nationalité éthiopienne comme certains de ses frères. Nous savons cependant avec certitude que, du temps de ses premiers investissements en Éthiopie dans les années 1990, il n’avait pas la nationalité éthiopienne.
  • [9]
    Sur ce sujet, on peut se conférer aux travaux de Samson Bezabeh.
  • [10]
    On connaît le nom de grandes familles d’origine hadramie dont la présence est ancienne en Arabie saoudite et qui ont prospéré dans les affaires avec l’explosion de la rente pétrolière comme les Ben Mahfouz, les Ba Hamdan...
  • [11]
    On peut citer l’exemple de Mohammed Ben Laden, dont la migration date de l’après guerre et qui a bâti un empire dans la construction.
  • [12]
    ABV Rock Group, avec laquelle Mohammed Al Amoudi entretenait des relations commerciales importantes depuis les années 1970.
  • [13]
    Steffen Hertog, The Sociology of the Gulf Rentier Societies of Intermediaries, Comparative Studies in Society and History, 2010.
  • [14]
    Le prince Sultan est très connu pour son côté affairiste.
  • [15]
    « Men of business control range of interests with northern focus », African Energy, n° 131, 25 janvier 2008.
  • [16]
    Giacomo Luciani, « From private sector to national bourgeoisie : saudi arabian business ». In Paul Aarts and Gerd Nonneman (dirs), Saudi Arabia in the Balance, London, New York University Press, 2005.
  • [17]
    Ce qui est particulièrement important au début des années 1990, à un moment où les relations commerciales sont avant tout interpersonnelles et l’accès à l’information très difficile.
  • [18]
    Comme il est souvent nommé en Ethiopie.
  • [19]
    Marqué par l’effondrement récent du bloc soviétique.
  • [20]
    Il est important de noter qu’on parle ici du secteur privé formel.
  • [21]
    Country Partnership Strategy for the Federal Democratic Republic of Ethiopia, World Bank, International Monetary Fund, Report No. 71884- ET. 2012.
  • [22]
    Selon une estimation personnelle, les investissements directs de l’homme d’affaires en Éthiopie depuis 1990 avoisineraient 1 milliard de dollars.
  • [23]
    Que ce soit à l’étranger ou dans le pays. L’homme d’affaires a racheté en 2008 la principale université privée du pays.
  • [24]
    Entretien avec un ancien dirigeant éthiopien de premier plan, Addis Abeba, 12 juin 2014.
  • [25]
    Dont certaines ne sont d’ailleurs pas publiques ou disponibles pour les compagnies.
  • [26]
    Cette licence est obligatoire pour mener une activité économique, elle doit être renouvelée annuellement.
  • [27]
    La terre n’ayant pas été privatisée.
  • [28]
    Cette période a vu les Etats occidentaux, sous l’impulsion des Etats-Unis, se lancer dans une guerre tous azimuts contre les réseaux financiers saoudiens afin de débusquer les financiers d’Al Quaida. Dans la précipitation et sans aucun discernement, beaucoup d’hommes d’affaires ont été accusés d’avoir financé le terrorisme.
  • [29]
    Où la diaspora éthiopienne est très importante et très active.
  • [30]
    Voir la contribution de Pierre Blanc dans ce même numéro.
  • [31]
    « Ethiopia : riches to lean on », Addis Fortune, 3 mars 2013.
  • [32]
    C’est d’ailleurs la grande priorité pour les Ethiopiens dans leur relation avec l’Arabie saoudite. Entretien avec un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Addis Abeba, 7 juin 2014.
  • [33]
    Entretien avec un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Addis Abeba, 7 juin 2014.
  • [34]
    A ce sujet cf. Eckart Woertz, Oil for food, Oxford Press, 2013.
  • [35]
    Federal governement of Ethiopia 2009, cité par Eckart Woertz. Ce document ne fait pas mention d’un possible réajustement du contrat en fonction de l’inflation.
  • [36]
    La diffusion du wahabisme prend d’autres canaux. Dans le cas éthiopien on peut se référer au livre d’Eggai Erlich, Saudi Arabia and Ethiopia : Islam, Christianity and Politics entwined. Boulder, Rienner Colo, and London, Lynne, 2007.

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