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Article de revue

Tamarrod (« rébellion ») : une autre lecture de l'action politique dans le processus révolutionnaire égyptien

Pages 155 à 169

Notes

  • [1]
    Cette coalition a été formée pendant les 18 jours de la révolution du 25 janvier 2011. Elle était composée de jeunes militants représentants différents courants politiques.
  • [2]
    Sarah Ben Néfissa, entretien, 10 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [3]
    Youssef El-Chazli et Chaymaa Hassabo, Socio-histoire d’un processus révolutionnaire. Analyse de la « configuration contestataire » égyptienne (2003-2011) in « Au cœur des révoltes arabes. Devenir révolutionnaires, Amin Allal et Thomas Pierret (dir.), Paris, Armand Colin-Iremam, 2013, 314 p.
  • [4]
    Hassan Chahine, entretien, 31 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [5]
    Sur le collectif Kifâya, consulter les travaux de Sarah Ben Néfissa « Ça suffit » ? Le « haut » et le « bas » du politique en Égypte Sarah Ben Néfissa, Politique africaine 2007/4 (N° 108). Egalement, les travaux de Frédéric Vairel, « Quand « Assez ! » ne suffit plus. Quelques remarques sur Kifâya et autres mobilisations égyptiennes », in Florian Kohstall (dir.), L’Égypte dans l’année 2005, CEDEJ, Le Caire, 2006.
  • [6]
    Saker El Nour, « les trajectoires historiques et les horizons à venir des politiques de développement agricole rural en Egypte ».[article non publié]. Chercheur en sociologie rurale à l’université américaine de Beyrouth, l’auteur place le début du processus révolutionnaire en 1997, avec le soulèvement des paysans. Il explique que cet événement n’a pas eu la même couverture médiatique que les mouvements de la ville, en l’occurrence le mouvement Kifâya, dans le centre-ville du Caire.
  • [7]
    Chaymaa Hassabo, Du rassemblement à l’effritement des jeunes pour le changement égyptiens. L’expérience de « Générations qui ont vécu et vivent toujours sous la loi d’urgence ». Revue internationales de politique comparée 2009/2-Vol.16, pages 241 à 261.
  • [8]
    Moheb Doss, entretien, 24 juillet 2013 (Caroline Barbary et Maria A. Doss).
  • [9]
    Karim El Masri, membre fondateur du comité central Tamarrod, entretien, 24 juillet 2014 (Caroline Barbary).
  • [10]
    Moheb Doss, entretien, 24 juillet 2013, op. cit.
  • [11]
    Hassan Chahine, entretien, 31 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [12]
    Al Ashqar est un activiste nassérien et panarabiste. En 2011, il deviendra le coordinateur officiel de Kifâya.
  • [13]
    Hassan Chahine, entretien, op. cit.
  • [14]
    Une des grandes universités en Egypte après celle du Caire.
  • [15]
    Moheb Doss, entretien, 24 Juillet 2013, op. cit.
  • [16]
    Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, les presses de Science Po, 2009, pp. 257-259.
  • [17]
    Saker El Nour, Egypte : la politique socio-économique des Frères musulmans alencontre.org [en ligne] http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-la-politique-socio -economique-des-freres-musulmans.html
  • [18]
    Hassan El Banna est un instituteur, fondateur des Frères musulmans en 1928, premier guide suprême des Frères, il fut assassiné en 1949. Sayed Qotb, quant à lui était un poète et essayiste islamique membre du bureau suprême de la guidance. Il a été exécuté sous Nasser.
  • [19]
  • [20]
    Moheb Doss, 8 août 2013, entretien, (Maria A. Doss).
  • [21]
    Moheb Doss, entrtien, op. cit.
  • [22]
    Hanem El Temsah, entretien, 27 Juillet 2013, ancien membre de la commission centrale de Tamarrod et journaliste à Sot El Umma, (Maria A. Doss).
  • [23]
    Abdel Halim Kandil était coordinateur de Kifâya, médecin et un opposant à tendance nationaliste arabe. Abo Al Ghar est médecin et militant à la tête du parti Egyptien Social-démocrate.
  • [24]
    Sameh Ashour est un avocat et militant égyptien, élu à la tête du syndicat des avocats à plusieurs reprises. Amr Moussa est un homme politique et diplomate égyptien. Après 10 ans comme ministre des affaires étrangères, il a été secrétaire général de la Ligue Arabe. Il fut parmi les 13 candidats à la présidence au premier tour. Said Al Badawi est un homme politique et homme d’affaires égyptien, à la tête du Parti libéral du Wafd. Mohamed Al Baradeï est un homme d’état et diplomate égyptien. Il reçoit en 2005 le prix Nobel de la paix conjointement avec l’Agence Internationale de l’énergie atomique dont il a été le secrétaire général. Il crée avec un nombre d’intellectuels égyptiens l’Association Nationale pour le changement en 2010, un nouveau mouvement politique qui s’oppose à Moubarak. il a été considéré par les jeunes militants comme figure incarnant le changement.
  • [25]
    Karim el Masri, entretien, op. cit.
  • [26]
    Cette Expression est empruntée à Bachir Benaziz, doctorant à Paris 1 et spécialisé dans « la presse privée et mouvements sociaux en Egypte », entretien, 15 octobre 2013 (Caroline Barbary).
  • [27]
    Karim El Masri, entretien, op. cit.
  • [28]
    Lors d’une visite à l’Association Nationale pour le Changement, nous avons pu constater que les bureaux étaient surchargés de papiers et regorgeaient de militants venus de plusieurs régions pour remettre les pétitions et les compter. Observation participante (Caroline Barbary).
  • [29]
    Jeanne Beaury, le mouvement Kifâya en Egypte : l’opposition militante dans un contexte politique en trompe l’œil, entre ouverture démocratique et consolidation du pouvoir autoritaire, Mémoire de l’IEP de Lyon, 2006.
  • [30]
    Mohammed Ahmad Adel, membre fondateur du comité central, entretien, 22 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [31]
    Moheb Doss, entretien, 24 juillet 2013 , (Caroline Barbary et Maria A. Doss).
  • [32]
  • [33]
  • [34]
    A l’occasion de la fête de la libération du Sinaï, le général Al Sissi a prononcé un discours au cours duquel il a félicité les jeunes et le peuple égyptien capables du changement. Les jeunes de Tamarrod ont interprété ce discours comme l’un des messages implicites de soutien délivrés par l’armée au cours de cette période.
  • [35]
    Hanem El Temsah, entretien, op. cit. et entretien avec Doaa Khalifa, op cit.
  • [36]
    Loin d’être homogène, nous entendons par la rue les diverses classes sociales et courants politiques qui se sont mobilisés à plusieurs reprises depuis le 25 Janvier, à l’appel de différentes forces politiques ou syndicales. Les revendications sectorielles et politiques sont emmêlées.
English version

1Si la révolution du 25 janvier 2011 a débuté par un appel à descendre dans la rue lancé par des groupes de jeunes, elle a également provoqué une dynamique politique au sein de la jeunesse égyptienne qui s’est poursuivie plus de deux ans après le départ de Moubarak. De la Coalition des jeunes de la Révolution [1], en passant par d’autres formations post-2011, jusqu’à Tamarrod, les groupes se construisent autour d’objectifs ponctuels et précis dans le contexte d’une transition marquée par l’instabilité, l’incertitude et les changements brutaux [2].

2 L’analyse du processus révolutionnaire [3] ne peut faire l’impasse sur l’étude de la campagne populaire Tamarrod, lancée par de jeunes acteurs (Mahmoud Badr, Mohammed Abdel Aziz, Hassan Chahine, Moheb Doss, Walid El Masri et Mohammed Haikal) qui sont ainsi devenus très visibles sur la sphère publique égyptienne. Tous d’appartenance nassérienne, ils se sont rencontrés et ont tissé des liens d’amitié au sein du mouvement Kifâya avant de se réunir en février 2013 pour chercher une solution au blocage politique dans lequel le pays était plongé quelques mois à peine après l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans. C’est dans ce contexte qu’ils appellent alors à un rassemblement le 30 juin, qui dépassera en nombre celui du 25 janvier 2011, en mobilisant de nouvelles couches sociales et souvent des personnes qui s’étaient abstenues de tout acte révolutionnaire depuis le 25 janvier.

3 L’objectif de l’article est d’analyser l’action de Tamarrod qui a provoqué une action collective d’une ampleur historique. Qui sont ses initiateurs ? Quelles sont leurs trajectoires militantes ? Quels sont les événements politiques qui les ont marqués ces derniers mois ? Quels rapports entretiennent-ils avec les autres formations politiques ? Comment ont-ils organisé leur action ?

D’où viennent les fondateurs de Tamarrod ?

Tamarrod naît des entrailles de Kifâya [4]

4 Lorsque l’on s’attaque à la question des origines des nouveaux mouvements sociaux de la jeunesse égyptienne, on se trouve confronté à un passage obligé par le collectif Kifâya[5]. Sûrement, parce qu’il a été le plus médiatisé [6]. Revenir sur ce mouvement constitue ainsi une étape majeure pour comprendre la logique de la construction des futurs mouvements de jeunes. C’est un mouvement charnière, qui a contribué à créer un modèle original de participation politique non partisane. Les futurs mouvements de jeunesse furent tous influencés par Kifâya, de par sa composition hétéroclite et son mode d’organisation en réseau. Ainsi, la « jeunesse de la révolution égyptienne du 25 janvier 2011 » a souvent connu sa première expérience militante avec Kifâya.

5 En ce qui concerne les six fondateurs de Tamarrod, ils ont été eux-mêmes socialisés au sein de Kifâya. Abdel Aziz en a été un jeune membre dès son lancement tandis que les cinq autres l’ont rejoint au moment de leur entrée à la faculté y faisant alors leur apprentissage politique auprès de leurs aînés. Cette influence est perceptible jusqu’au choix même du nom choc Tamarrod (« rébellion »), qui nous rappelle l’audace de Kifâya (« Ça suffit ! »).

6 Certes, à partir de 2007, Kifâya n’avait plus la même ampleur dans la rue égyptienne. Beaucoup de ses militants avaient été détenus tandis que ses manifestations avaient été dispersées par la violence des forces de l’ordre. Cependant, en cassant le mur de la peur qui existait entre la rue et l’autorité politique, ce mouvement avait suscité une dynamique contestataire dont se sont inspirées les formations politiques créées dans son sillage. Le mouvement des « Jeunes pour le changement [7] » s’est construit ainsi sous l’aile de Kifâya, mais en réalité il agit en son propre nom, indépendamment de la structure « mère », ses membres préférant lancer des initiatives loin des « vieux ». Contrairement aux autres militants de leur âge, les six jeunes fondateurs – rebelles – ont préféré rester fidèles à Kifâya, peut-être du fait de leur nassérisme très ancré qui les a moins portés, au moins pour un temps, au conflit générationnel.

L’éveil du nassérisme

7 La pensée de Nasser s’appuyait sur deux axes majeurs, le panarabisme et le socialisme. Malgré son autoritarisme qui s’incarnait dans son parti unique et sa guerre perpétuelle contre les Frères musulmans, les communistes et les intellectuels, Nasser est demeuré une icône sacralisée dans la mémoire collective du peuple égyptien. Les fondateurs de Tamarrod n’échappent pas à la nostalgie du zaïm (leader). Bien qu’ils n’aient pas assisté à l’époque nassérienne, ils se disent : « des Nassériens par croyance et non pas par expérience[8] ».

8 « Depuis 2005, nous sommes restés au sein de Kifâya, car la pensée nassérienne n’a jamais incité à la division[9] ». Et puis, « Appartenir à Kifâya, c’était surtout travailler sous ce “Big name”. « Les autres mouvements avaient de sales réputations. Kifâya est resté propre ![10] ». En fait, « Kifâya est le commencement, il est la racine. Les autres qui ont formé le mouvement du 6 avril ou les jeunes pour la justice et la liberté sortent de Kifâya ! » [11]. Ces témoignages sonnent comme des allégeances aux pères qui les ont formés, mais en vérité ce sont des allégeances au courant politique auquel ils appartiennent : le nassérisme.

9 Il faut dire qu’avec le net recul de l’idéologie nassérienne, notamment parmi l’opposition partisane, les jeunes nassériens ne pouvaient pas trouver leur place chez les socialistes révolutionnaires, les socialistes, les socio-démocrates, et encore moins chez les Frères musulmans.

10 Ainsi à partir de 2008, l’idéologie nassérienne a semblé prendre le dessus au sein du collectif Kifâya, surtout avec l’arrivée d’Al Ashqar [12] comme coordinateur officiel du mouvement. Il est loisible de faire l’hypothèse que les six jeunes fondateurs de Tamarrod sont restés dans ce mouvement parce qu’ils ne savaient pas où aller. La trajectoire militante de Chahine est à cet égard éclairante. Avant d’appartenir au Mouvement Kifâya, ce dernier est resté six mois chez les socialistes révolutionnaires. Cependant, leur pensée ne lui correspondant pas, il a décidé de devenir nassérien et de rejoindre le mouvement Kifâya[13]. Quant à Doss et El Masri, ils étaient tous les deux responsables du secrétariat de l’union de la pensée nassérienne au sein de l’université d’Ain Shams [14]. Cependant, à la suite d’un conflit avec le leader de l’union, Hamdine Sabahi, par ailleurs président du parti nassérien Karama, ces deux jeunes furent suspendus de leurs fonctions [15]. Ainsi Kifâya était sans doute, pour ces deux derniers, une voie plus informelle à la participation politique, loin des conflits partisans. Plus tard, le conflit de Doss et El Masri avec Sabahi sera l’une des raisons d’une mise à l’écart au sein de Tamarrod.

L’expression d’un « clivage » générationnel

11 Tout comme les Jeunes pour le changement ont fait scission avec Kifâya en 2005, les jeunes qui fonderont Tamarrod ont eu leur conflit générationnel, un peu plus tard. Plus précisément au début de l’année 2013. Au cours du mois de février, une initiative est alors lancée au sein de Kifâya au nom d’« une nouvelle génération qui mérite la direction »- (« gil gedid yastaheq al qyada »). Les jeunes souhaitent mettre l’un des leurs, Mahmoud Badr, à la tête du mouvement. En proposant sa candidature en tant que coordinateur général, l’objectif est de rajeunir Kifâya. Selon Moheb Doss « si l’on veut comparer notre génération qui est descendue dans la rue le 25 janvier 2011, à la génération des années soixante-dix, on verra que suite à leur soulèvement estudiantin ils ont présenté une liste de revendications au Président, alors que nous, nous avons fait chuter le Raïs ! Nous sommes une génération qui mériterait la direction ! ».

12 Après le lancement de cette initiative en interne, les membres organisent un événement pour s’opposer à une décision du Procureur de la république. Celle-ci ordonnait la détention de plusieurs militants politiques. Au cours du mois de février 2013, ils appellent ainsi à un sit-in devant le palais de justice, sous le slogan « on ne se cède pas aux menaces ! »- (« ehna ma bi-net-hadedsh ! ». Les jeunes de l’initiative « gil gedid yastaheq al qyada » chercheront par la suite à prolonger cette action. C’est dans ce cadre – celui de la volonté de prouver qu’ils méritent la direction du mouvement Kifâya – qu’ils lancent alors la campagne populaire Tamarrod, visant à retirer la confiance à Morsi.

Un contexte politique favorable à l’émergence de Tamarrod

Défaut de légitimité ?

13 Le 24 mai 2012, à l’issue d’un premier tour des élections présidentielles marqué par un fort clivage entre cinq principaux candidats, le citoyen égyptien se trouve forcé à faire un choix entre ce que les forces politiques et les médias appelleront « le choix entre la peste et le choléra ». Le second tour (16-17 juin 2012) oppose en effet Mohamed Morsi, membre du bureau de la Guidance des Frères musulmans et Président de sa branche politique, le parti récemment fondé « La liberté et la Justice » (droite religieuse), et le général Ahmed Chafiq, ancien militaire et dernier Premier ministre de Moubarak. En d’autres termes, ce sont les candidats les moins consensuels qui se présentent aux suffrages des électeurs. Le candidat des Frères musulmans bénéficie finalement au second tour à la fois de la base militante de la confrérie et du vote d’une partie des jeunes révolutionnaires, qui cherchent ainsi à éviter le candidat de l’ancien régime. Le 17 juin, Mohamed Morsi remporte finalement les élections avec 51,7 % des voix, contre 24,7 % lors du premier tour.

14 Après cette victoire étriquée, les échecs du Président se sont succédé. La littérature évoquant le processus de délégitimation distingue entre deux sortes de soutien : le soutien indirect ou diffus (selon la terminologie de David Easton) et le soutien direct ou spécifique. Ce dernier est lié aux réponses positives du régime en faveur des exigences et revendications émanant de la société. Il se caractérise donc par un lien causal entre réponse et soutien accordé. Le premier type de soutien, pour sa part, constitue le réservoir de confiance dont dispose le régime, en vertu de la socialisation des individus [16]. Cependant, la persistance de l’échec à répondre aux demandes du corps social a pour conséquence une érosion de cette réserve, voire sa totale disparition. C’est bien ce qui s’est passé dans le cas du début de la mandature Morsi.

15 En effet, dès le commencement de son mandat, le Président avait contribué à accroître les attentes de la population déjà très élevées du fait d’une longue période de transition politiquement instable, et d’élections censées apaiser les tensions sociopolitiques. Cependant, le bilan des cent premiers jours laisse alors un premier bilan amer alors que le président avait bâti sa campagne sur un programme dit des cent jours.. Sur les pas de Moubarak, le président issu des Frères a adopté une politique néolibérale favorable aux riches hommes d’affaires [17] tandis que les problèmes d’approvisionnement, notamment en électricité et en carburant n’ont pas cessé de s’aggraver. L’espoir suscité pendant la campagne électorale, autour du projet de Nahda (« renaissance ») qui promettait un développement à la turque, s’est ainsi évanoui avec la dégradation de la situation interne. De plus, après presque deux ans d’instabilité, Morsi n’avait pas mené à bien des réformes qu’il était supposé conduire au niveau de la sécurité et des services publics de base. Il convient d’ajouter à cela la détérioration de la situation sécuritaire et les tensions au Sinaï. Qui plus est, les médias en ont profité pour alimenter un narcissisme égyptien blessé dans son orgueil national.

16 Ainsi le régime de Morsi ne bénéficiait pas du soutien des médias privés, qui s’avère de nos jours une des clés de la réussite politique. Cela témoigne d’une piètre maîtrise des manœuvres médiatiques du camp de l’islam politique en général et dans celui des Frères en particulier. La clandestinité à laquelle la confrérie a été vouée dès sa création a sans doute laissé des traces en matière de gestion de l’image. D’un autre côté, l’usage de l’humour politique qui brocardait le président, notamment l’émission de l’humoriste Bassem Youssef, commencée dès le déclenchement de la révolution du 25 janvier, a pris plus d’ampleur et de vigueur. Cette émission diffusée chaque vendredi a gagné une large audience provoquant souvent des réactions si hostiles des médias islamistes qu’un procès a même été intenté à Bassem Youssef accusé d’avoir insulté le Président. Ajoutons à cela que les autres médias audiovisuels ont joué sur les contradictions des islamistes. L’appareil médiatique a ainsi contribué à un processus de décrédibilisation des Frères et du courant de l’islam politique.

17 La nature même du discours du président et celui de ses sympathisants n’a pas aidé non plus à le rendre populaire. Il s’est cantonné à une sorte de légitimation excessive des décisions du président tandis qu’il a tendu à diaboliser la figure de l’Autre. La différenciation négative entre le Nous et le Eux a été généralisée dans le discours officiel au nom de la religion, l’appartenance au Nous nécessitant de se conformer idéologiquement à l’interprétation de l’Islam par Hassan Al Banna et Sayed Qotb [18]. Il est sûr que l’usage régulier de cette rhétorique contre le « eux » des supposés blasphémateurs a engendré la colère d’une population qui se juge pieuse.

18 En dehors de l’univers virtuel qui offre un grand espace de liberté et de créativité que les militants n’ont pas manqué d’investir, les médias traditionnels ont été le théâtre de manœuvres de résistance, offrant ainsi une image de vrais militants. C’est ainsi que l’on a pu assister à des démissions d’animateurs et présentateurs de talk-shows politiques en direct, annonçant leur non-soumission aux ordres de leurs supérieurs. La démission en direct de Gamal Al Sha’er, présentateur de l’émission politique « Kalem Masr » (« Parle à l’Egypte ») sur la chaîne hertzienne 2, a été ainsi largement diffusée. Cet incident a alors été présenté comme une lutte de la télévision d’Etat contre le « fascisme » exercé par le ministre de l’Information, pour reprendre l’expression d’Al Sha’er. Le fait que cette pratique se soit étendue à la télévision d’Etat l’URTE (Union de la Radio et de la Télévision Egyptienne) révèle une réelle audace car elle a été longtemps connue pour sa subordination au pouvoir depuis sa création par Nasser. Cette lutte pour la liberté de parole s’est traduite également par la décision du syndicat des journalistes d’appeler au lancement d’une grève pour le 4 décembre 2012, onze quotidiens noircissant alors leurs Unes et trois chaînes satellitaires leurs écrans. Cette décision, selon ses initiateurs, exprimait ainsi un ralliement des journalistes à la majorité qui s’était soulevée contre la déclaration constitutionnelle et la promulgation de la nouvelle Constitution non consensuelle.

19 La légitimité du régime, dès le départ, souffrait ainsi de fragilité. Bâtie sur un choix électoral forcé, un récit de victimisation historique controversé et un imaginaire politique islamique irréel, le nouveau pouvoir n’a pas pu résister longtemps au mécontentement croissant de la population [19]. Si nous ajoutons à cela l’absence des révolutionnaires dans le gouvernement et même parmi les conseillers du président, il apparaît que le terrain politique était propice au passage à une nouvelle étape de la révolution.

Une opposition fragile ou les échecs d’une union populaire ?

20 Par ailleurs, s’ajoute à ce qui précède une incapacité de l’opposition à être en phase avec les revendications de la rue. Qui plus est, elle s’organisait en deux collectifs dont la légitimité était fondée sur le seul attachement à la laïcité et la présence de certaines personnalités.

21 Le premier de ces collectifs, « le courant populaire » (Al-Tayar alcha’abi »), fut créé en septembre 2012 à Abdine, devant l’un des palais présidentiel, par le nassérien Hamdine Sabahi, ancien candidat à la présidence. L’idée de ce collectif était de constituer un courant d’opposition autour de la figure de Sabahi, classé troisième au 1er tour des élections présidentielles [20], et d’une idéologie nassérienne, en regroupant toutes les composantes de ce courant [21]. Le bureau exécutif de ce mouvement regroupait essentiellement de jeunes figures de la révolution, ce qui a été l’une des raisons de son échec et de son manque de visibilité dans la sphère publique [22]. En outre, des divisions internes sont apparues entre les grandes figures (Sabahi, Abdel Halim Kandil, Abo Al Ghar etc.) [23] autour de la question du rôle de Sabahi comme leader du mouvement. Enfin, l’entrée de partis hétérogènes dans ce collectif l’a affaibli, car plus qu’un souci de cohérence, ceux-ci ne le rejoignaient que pour gagner en crédibilité auprès des jeunes. Il en est résulté une incapacité à mobiliser la rue y compris après qu’un membre du courant populaire, Mohammed El Guindi, fut assassiné par la police.

22 Le second mouvement d’opposition, le « Front du salut national » (Gabhet El Inkaz El Watani), fut créé par Sameh Ashour, Amr Moussa, Mohammed Al Baradeï et Saïd Al Badawi [24] pour contester la déclaration constitutionnelle du 21 novembre 2012 qui permettait à Mohamed Morsi de s’octroyer les pleins pouvoirs. Rappelons qu’à la suite de cette déclaration, Morsi avait destitué le Procureur de la République et en avait nommé un nouveau en violation de la loi qui octroyait ce pouvoir au Conseil supérieur de la magistrature. Les leaders de l’opposition partisane formèrent alors ce Front appelant le peuple à descendre dans les rues, notamment dans le quartier d’Itehadeya, aux abords du palais présidentiel. Cependant, ils se révélèrent incapables de maintenir la mobilisation. Les Egyptiens et les jeunes de la révolution qui répondaient à l’appel n’étaient pas toujours en nombre suffisant pour faire face aux assauts des partisans des Frères. Le journaliste d’Al Fagr(l’Aube), Al Husseini Abou Deif, fut même tué pendant ces évènements. Il était nassérien et l’un des membres du comité de coordination de Kifâya, considéré à ce titre comme « quelqu’un de chez nous [25] » par les révolutionnaires.

23 Le moment propice était sans doute venu pour que de nouveaux acteurs politiques s’emparent de l’espace public, en se rendant plus visibles. La perte de confiance des citoyens envers le président, l’insubordination des appareils de l’Etat, l’influence de médias privés solidairement orchestrés[26] contre Morsi et la mobilisation d’une opposition qui est progressivement parvenue à s’unir malgré sa faiblesse sont des éléments facilitateurs de l’entrée en scène des six fondateurs de Tamarrod.

La naissance de Tamarrod

24 Dans un café du centre-ville, les six protagonistes se sont rencontrés pour une réunion amicale et informelle. Tous membres du mouvement Kifâya, ils ont cherché à mener une action décisive contre le régime de Morsi, leur discussion prenant alors la forme d’un brain stroming entre Nassériens. L’idée principale est ainsi de collecter un million de signatures de citoyens égyptiens pour retirer la confiance au Président. Après quelques heures d’échanges, ils sont finalement convenus de collecter quinze millions de signatures. Ce chiffre n’est pas fortuit : Morsi ayant remporté le second tour avec un peu plus de 12 millions de voix, l’action des jeunes cherchait alors à délégitimer son régime en en collectant davantage, par le biais d’une pétition populaire qui sera baptisée « Tamarrod ».

Organisation de Tamarrod : rupture avec le modèle dominant de Kifâya

25 La structure interne de Tamarrod, diffère de celle d’un mouvement comme Kifâya. Elle se caractérise par une structure pyramidale au sommet de laquelle nous retrouvons les six fondateurs, auxquels est conféré un rôle de porte-parole, consistant surtout à apparaître dans les médias et à annoncer périodiquement le nombre de signatures recueillies. Ils deviennent ainsi les représentants du collectif. Ce monopole a pour but, selon les initiateurs, d’éviter les malentendus ou d’éventuelles contradictions. Les membres fondateurs constituent ainsi l’unique référence à laquelle les autres membres ont recours, surtout en ce qui concerne la présentation des actions aux médias et au public. Une commission centrale composée de 25 membres regroupe les responsables de différentes sous-commissions. Elle se réunit alors de manière irrégulière au siège de la campagne, qui est forcé à changer d’adresse à trois reprises.

26 Quant à la question du financement de la campagne, les fondateurs affirment qu’il est surtout moral. Tamarrod appartient au peuple et est donc porté par lui. « Au début de la campagne, chacun d’entre nous imprimait ce qu’il pouvait. Ensuite, les gens étaient séduits par l’idée de la pétition. Ils nous appelaient pour savoir où ils pouvaient en récupérer, alors on répondait : « Si l’idée te plaît, imprime, distribue et remets-les à tel endroit. Et puis il y avait des gens qui nous soutenaient en imprimant des milliers d’exemplaires[27] ». Notons que les autres forces politiques de l’opposition ont soutenu Tamarrod en ouvrant leurs sièges pour la récolte et le décompte des signatures [28] ou encore en finançant le transport des membres pour la diffusion de la campagne dans les différents gouvernorats de la république.

27 La structure de Tamarrod nous révèle ainsi une double rupture avec l’organisation-mère Kifâya. D’abord, elle échappe au modèle de la construction hétéroclite en vogue. En effet, les nouveaux groupes politiques formés à partir de 2005 se constituent à l’image de Kifâya, autrement dit, ils tendent à chercher des rassemblements d’acteurs venant de tous bords politiques. Or les fondateurs de Tamarrod excluent, ne serait-ce qu’inconsciemment, les représentants des autres tendances politiques. Rappelons que c’est entre Nassériens que les six copains se sont réunis début avril 2013.

28 La deuxième rupture tient à la forme d’action elle-même. Kifâya avait la réputation d’être un mouvement élitiste, loin du peuple [29]. A contrario, la mise en forme de la pétition, le fait de l’imprimer soi-même, de la faire signer par son entourage ou dans les rues, fait de chaque individu un acteur politique, ou, en d’autres termes, un « rebelle ». Cela explique qu’au sein des sous-commissions, la division des tâches n’était pas d’une grande rigueur, surtout avec l’étendue et l’ampleur qu’a prise la campagne au fil du temps.

Un mode d’action à plusieurs niveaux

29 « On n’a pas inventé la poudre ! Nous ne sommes pas les premiers à faire une pétition populaire ! Le premier c’était Saad Zaghloul » [30]. Cette action s’inscrit donc, d’une part, dans le cadre d’un savoir-faire accumulé à travers l’histoire politique de l’Égypte, et, d’autre part, dans celui de l’apprentissage de l’action collective des années précédant la révolution : « nous avons été des acteurs au sein de la Campagne nationale pour le Changement » [31]. En effet, en 2010, Al Baradeï lance « la Campagne Nationale pour le Changement », un manifeste dans lequel il expose un projet pour le changement du régime en sept points. Des jeunes de différents groupes se mobilisent alors et rejoignent cette campagne, pour faire signer le plus grand nombre de citoyens. La pétition lancée par Al Baradéï peut être perçue comme un premier essai. Malgré la réussite de cette première pétition à recueillir des centaines de milliers de signatures, elle n’a toutefois pas eu le succès de Tamarrod. D’une part, les médias ont alors manqué au rendez-vous, d’autre part ceux qui distribuaient la pétition du changement appartenaient surtout aux milieux activistes. La pétition Tamarrod a en revanche fait l’objet d’une appropriation de la part d’une grande partie de la population avec ses différentes couches.

30 On note également l’existence d’une compétence politique et d’un savoir-faire quant à la rédaction de celle-ci. La première version comprenait trois parties : la première, rédigée en dialecte égyptien, expliquait pourquoi on refusait le régime de Morsi, la seconde reprenait ces motivations en arabe littéraire, et enfin la troisième engageait les personnes à donner leurs signatures pour retirer la confiance à Morsi

31 Aussitôt, le projet formulé, Hassan Chahine et Mahmoud Badr contactent les médias. La campagne Tamarrod est lancée en toute indépendance par rapport au mouvement Kifâya.

32 Le premier appel à faire signer la pétition a été lancé sur les pages du réseau social Facebook. La page Facebook attire rapidement de nombreuses demandes de mises en relation. Encouragés par l’adhésion des internautes, les fondateurs décident de passer à la rue. Le 1er mai, à l’occasion de la fête du travail, un stand est dressé au milieu de la place Tahrir pour faire signer la pétition. Ils rencontrent alors un succès immédiat. Ce travail de terrain est aussi doublé d’un important « marketing politique » de la part des membres de la campagne, et surtout de ses six fondateurs. Leur présence dans une émission de talk-show provoque un flot de rencontres et d’invitations sur les plateaux. Les médias de masse jouent aussi un rôle incontournable dans la visibilité et le cadrage de la campagne.

33 Pour les tenants des médias, la notoriété médiatique constitue une arme à double tranchant, qui peut à long terme décrédibiliser ceux qui en font usage. Le choix des invités par exemple, dépend en grande partie de leur capacité à parler et à s’adapter à la caméra. Si cette double exigence nécessite une connaissance préalable acquise à travers d’autres émissions, elle a été satisfaite par l’appartenance professionnelle des membres dirigeants de la campagne. Le fait que beaucoup d’entre eux appartiennent au monde du journalisme a alors facilité une plus large diffusion et crédibilité au sein de la sphère médiatique. La campagne a ainsi multiplié les communiqués de presse et les déclarations sur l’évolution des signatures. Ainsi, les estimations sont passées d’une fourchette de 2 à 7 [32], de 15 à 22 [33] millions de signataires selon les déclarations. Le but était de créer un effet boule de neige encourageant davantage l’adhésion de la population. Qui plus est, cette tendance a été renforcée par les annonces permanentes de l’adhésion de personnalités publiques connues.

34 Si, par définition, le déclenchement d’une révolution est un moment exceptionnel et imprévu, qui marque à la fois une continuité et une rupture historique, les événements du 25 janvier 2011 sont à ranger dans cette catégorie de processus. A contrario, nous avons assisté en 2013 à une sorte de révolution programmée et planifiée. Il ne s’agissait pas simplement d’appels lancés tels des bouteilles à la mer. Les initiateurs ont suscité une sorte d’implication positive de la population par l’appropriation de la pétition, garant de la réussite. D’autre part, ils ont été en mesure de sentir le degré d’hostilité au régime aussi bien parmi les différentes couches populaires qu’au sein des institutions de l’Etat. Le discours prononcé par Al Sissi le 29 avril 2013 à l’occasion de la fête de la libération du Sinaï n’a d’ailleurs fait que confirmer leurs certitudes [34]. Tout comme la complicité médiatique déjà évoquée, ces indices leur ont permis de réaliser qu’ils bénéficiaient d’un soutien préalable assez important, qui s’est finalement traduit par une participation aux manifestations du 30 juin.

35 Une fois l’objectif de la campagne atteint, Morsi déchu par la déclaration du commandant de l’armée et ministre de la Défense Abdel Fatah Al Sissi, un clivage a refait surface au sein du collectif Tamarrod, concernant le rôle que devrait désormais prendre la campagne. Les débats internes passés sous silence jusqu’à la chute de Morsi, concernant notamment le degré d’implication des aînés, comme Sabahi notamment, dans le fonctionnement de la campagne, ainsi que la nature de la relation qu’il faut nouer ou pas avec les hommes d’affaires de l’ancien régime [35], ont surgi alors à la surface. Le collectif a ainsi connu une première rupture marquée par la dissidence de deux des fondateurs, Doss et El Masri notamment.

Conclusion

36 La force de la pétition a donc consisté en une implication personnelle des signataires, créant ainsi un engagement citoyen à portée de tous. Par-delà cet aspect, l’idée sous-jacente à l’initiative Tamarrod est que le citoyen égyptien a le droit de revoir son choix tel qu’exprimé dans les urnes ; le nombre visé par la campagne, qui devait dépasser le nombre de suffrages obtenus par Morsi exprimait ainsi symboliquement cette idée.

37 La mobilisation massive du 30 juin à l’issue de laquelle l’institution militaire est intervenue, s’inscrit bel et bien dans une continuité du processus révolutionnaire initié en Janvier 2011, auquel les élections n’ont pas réussi à mettre un terme. Ce processus est marqué par une tension continue entre les gestionnaires de la transition avec ses différentes phases (nous considérons que la période post élection en fait partie) et, d’un autre côté, la jeunesse révolutionnaire et la rue [36]. Cette tension prend plusieurs formes dont la manifestation, les sit-in et les grèves incessantes. Ces mobilisations sont en effet considérées par leurs initiateurs comme une quête permanente de la satisfaction des revendications initiales de la révolution et par conséquent un redressement du processus d’acquisition de ces droits fondamentaux. Ceci rend l’issue de chaque phase incertaine et susceptible à son tour de changement. ?


Date de mise en ligne : 27/03/2014

https://doi.org/10.3917/come.088.0155

Notes

  • [1]
    Cette coalition a été formée pendant les 18 jours de la révolution du 25 janvier 2011. Elle était composée de jeunes militants représentants différents courants politiques.
  • [2]
    Sarah Ben Néfissa, entretien, 10 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [3]
    Youssef El-Chazli et Chaymaa Hassabo, Socio-histoire d’un processus révolutionnaire. Analyse de la « configuration contestataire » égyptienne (2003-2011) in « Au cœur des révoltes arabes. Devenir révolutionnaires, Amin Allal et Thomas Pierret (dir.), Paris, Armand Colin-Iremam, 2013, 314 p.
  • [4]
    Hassan Chahine, entretien, 31 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [5]
    Sur le collectif Kifâya, consulter les travaux de Sarah Ben Néfissa « Ça suffit » ? Le « haut » et le « bas » du politique en Égypte Sarah Ben Néfissa, Politique africaine 2007/4 (N° 108). Egalement, les travaux de Frédéric Vairel, « Quand « Assez ! » ne suffit plus. Quelques remarques sur Kifâya et autres mobilisations égyptiennes », in Florian Kohstall (dir.), L’Égypte dans l’année 2005, CEDEJ, Le Caire, 2006.
  • [6]
    Saker El Nour, « les trajectoires historiques et les horizons à venir des politiques de développement agricole rural en Egypte ».[article non publié]. Chercheur en sociologie rurale à l’université américaine de Beyrouth, l’auteur place le début du processus révolutionnaire en 1997, avec le soulèvement des paysans. Il explique que cet événement n’a pas eu la même couverture médiatique que les mouvements de la ville, en l’occurrence le mouvement Kifâya, dans le centre-ville du Caire.
  • [7]
    Chaymaa Hassabo, Du rassemblement à l’effritement des jeunes pour le changement égyptiens. L’expérience de « Générations qui ont vécu et vivent toujours sous la loi d’urgence ». Revue internationales de politique comparée 2009/2-Vol.16, pages 241 à 261.
  • [8]
    Moheb Doss, entretien, 24 juillet 2013 (Caroline Barbary et Maria A. Doss).
  • [9]
    Karim El Masri, membre fondateur du comité central Tamarrod, entretien, 24 juillet 2014 (Caroline Barbary).
  • [10]
    Moheb Doss, entretien, 24 juillet 2013, op. cit.
  • [11]
    Hassan Chahine, entretien, 31 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [12]
    Al Ashqar est un activiste nassérien et panarabiste. En 2011, il deviendra le coordinateur officiel de Kifâya.
  • [13]
    Hassan Chahine, entretien, op. cit.
  • [14]
    Une des grandes universités en Egypte après celle du Caire.
  • [15]
    Moheb Doss, entretien, 24 Juillet 2013, op. cit.
  • [16]
    Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, les presses de Science Po, 2009, pp. 257-259.
  • [17]
    Saker El Nour, Egypte : la politique socio-économique des Frères musulmans alencontre.org [en ligne] http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-la-politique-socio -economique-des-freres-musulmans.html
  • [18]
    Hassan El Banna est un instituteur, fondateur des Frères musulmans en 1928, premier guide suprême des Frères, il fut assassiné en 1949. Sayed Qotb, quant à lui était un poète et essayiste islamique membre du bureau suprême de la guidance. Il a été exécuté sous Nasser.
  • [19]
  • [20]
    Moheb Doss, 8 août 2013, entretien, (Maria A. Doss).
  • [21]
    Moheb Doss, entrtien, op. cit.
  • [22]
    Hanem El Temsah, entretien, 27 Juillet 2013, ancien membre de la commission centrale de Tamarrod et journaliste à Sot El Umma, (Maria A. Doss).
  • [23]
    Abdel Halim Kandil était coordinateur de Kifâya, médecin et un opposant à tendance nationaliste arabe. Abo Al Ghar est médecin et militant à la tête du parti Egyptien Social-démocrate.
  • [24]
    Sameh Ashour est un avocat et militant égyptien, élu à la tête du syndicat des avocats à plusieurs reprises. Amr Moussa est un homme politique et diplomate égyptien. Après 10 ans comme ministre des affaires étrangères, il a été secrétaire général de la Ligue Arabe. Il fut parmi les 13 candidats à la présidence au premier tour. Said Al Badawi est un homme politique et homme d’affaires égyptien, à la tête du Parti libéral du Wafd. Mohamed Al Baradeï est un homme d’état et diplomate égyptien. Il reçoit en 2005 le prix Nobel de la paix conjointement avec l’Agence Internationale de l’énergie atomique dont il a été le secrétaire général. Il crée avec un nombre d’intellectuels égyptiens l’Association Nationale pour le changement en 2010, un nouveau mouvement politique qui s’oppose à Moubarak. il a été considéré par les jeunes militants comme figure incarnant le changement.
  • [25]
    Karim el Masri, entretien, op. cit.
  • [26]
    Cette Expression est empruntée à Bachir Benaziz, doctorant à Paris 1 et spécialisé dans « la presse privée et mouvements sociaux en Egypte », entretien, 15 octobre 2013 (Caroline Barbary).
  • [27]
    Karim El Masri, entretien, op. cit.
  • [28]
    Lors d’une visite à l’Association Nationale pour le Changement, nous avons pu constater que les bureaux étaient surchargés de papiers et regorgeaient de militants venus de plusieurs régions pour remettre les pétitions et les compter. Observation participante (Caroline Barbary).
  • [29]
    Jeanne Beaury, le mouvement Kifâya en Egypte : l’opposition militante dans un contexte politique en trompe l’œil, entre ouverture démocratique et consolidation du pouvoir autoritaire, Mémoire de l’IEP de Lyon, 2006.
  • [30]
    Mohammed Ahmad Adel, membre fondateur du comité central, entretien, 22 juillet 2013 (Caroline Barbary).
  • [31]
    Moheb Doss, entretien, 24 juillet 2013 , (Caroline Barbary et Maria A. Doss).
  • [32]
  • [33]
  • [34]
    A l’occasion de la fête de la libération du Sinaï, le général Al Sissi a prononcé un discours au cours duquel il a félicité les jeunes et le peuple égyptien capables du changement. Les jeunes de Tamarrod ont interprété ce discours comme l’un des messages implicites de soutien délivrés par l’armée au cours de cette période.
  • [35]
    Hanem El Temsah, entretien, op. cit. et entretien avec Doaa Khalifa, op cit.
  • [36]
    Loin d’être homogène, nous entendons par la rue les diverses classes sociales et courants politiques qui se sont mobilisés à plusieurs reprises depuis le 25 Janvier, à l’appel de différentes forces politiques ou syndicales. Les revendications sectorielles et politiques sont emmêlées.

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