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Article de revue

L'Algérie dans le « Printemps arabe » entre espoirs, initiatives et blocages

Pages 105 à 118

Notes

  • [1]
    Mustapha BENFODIL, « Harga, émeutes de jeunes, immolations, grèves, manifestations empêchées… Un contexte difficile », El Watan, 16 avril 2011.
  • [2]
    Cette influence s’est poursuivie sous la présidence de Chadli Bendjedid puis durant les années 1990 avec la formation d’un « cabinet noir » ; Abdelkader YEFSAH, « Le pouvoir et l’armée en Algérie de 1962 à 1992 », Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, n° 65, 1992, pp. 77-95.
  • [3]
    Le Temps d’Algérie, 8 février 2011 ; El Watan, 1er mars 2011.
  • [4]
    Le salaire minimum ne dépasse pas 130 euros par mois et 70 % de la population a un revenu inférieur à 200 euros ; Pascal Priestley, « La rente pétrolière, bénédiction et scandale », TV5, 11 février 201.
  • [5]
    Voir Isabelle WERENFELS, Managing instability in Algeria. Elites and political change since 1995, Londres, Routledge, 2007.
  • [6]
    Entretiens de Rachid Grim dans El Watan, 19 octobre 2010 et de Rachid Tlemçani dans Dernières Nouvelles d’Algérie, 6 janvier 2011.
  • [7]
    Il s’agit des émeutes d’Octobre 1988 à Alger faisant suite à d’intenses pénuries et à une crise politique au sein du parti unique et du pouvoir ; l’armée avait tiré sur la foule et entrainé la mort de 600 personnes, suivie de 4000 arrestations et de la pratique systématique de la torture.
  • [8]
    TSA, 30 mars 2011.
  • [9]
    Kamel DAOUD, « Révolutions, bouteflikismes, milliards gratuits et État par courrier : Les Algériens entre désir de changement et peur du chaos », Le Quotidien d’Oran, 2 avril 2011.
  • [10]
    L’existence du RCD a été officialisée lors de l’ouverture consécutive aux émeutes d’Octobre 1988 mais les circonstances de sa création révèlent sa proximité avec les services de sécurité algériens : reçu par Larbi Belkheir, secrétaire général de la Présidence, Saïd Saadi se voit octroyer la possibilité d’avoir son propre parti s’il réussit à maintenir le calme en Kabylie. L’objectif du pouvoir est double car il s’agit également d’affaiblir le FFS et ainsi de diviser politiquement la Kabylie. En outre, contrairement au FFS, le RCD n’a pas condamné le coup d’État de janvier 1992 et a soutenu la politique dite d’« éradication » ; Saïd SAADI, entretien avec Mohamed HABILI, Le RCD à cœur ouvert, Alger, Éditions Parenthèses, 1990 ; Sid Ahmed SEMIANE, Octobre, ils parlent, Alger, Le Matin, 1998.
  • [11]
    Amel B., « Bouteflika pourrait partir », Le Monde Diplomatique – La Valise Diplomatique, 4 mars 2011.
  • [12]
    « Baltagia » est un terme d’origine turque signifiant « ceux qui terrorisent les gens » ou « ceux qui portent un couteau » ; il désigne, depuis les évènements égyptiens, les personnes recrutées par le pouvoir pour troubler les manifestations. Certains jeunes des quartiers où se sont déroulées les différentes marches ont été « mobilisés » – payés – pour insulter et agresser, sous prétexte de soutien au président Bouteflika, les manifestants ; par exemple, Le Soir, 20 février 2011 ; El Watan, 5 mars 2011 ; et la chronique de Mustapha Hammouche, Liberté, 14 février 2011 ; sur la définition, Le Temps d’Algérie, 5 février 2011.
  • [13]
    Le Soir d’Algérie, 8 mars 2011.
  • [14]
    El Watan, 31 mars 2011 ; TSA, 15 avril 2011.
  • [15]
    Luis MARTINEZ, Violence de la rente pétrolière. Algérie, Libye, Irak, Paris, Presses de Sciences-Po, 2010.
  • [16]
    L’Expansion, n° 762, avril 2011.
  • [17]
    Ce sont près de 20 milliards de dollars qui ont été débloqués en un mois pour favoriser l’emploi des jeunes ; El Watan, 4 février 2011 ; Dernières Nouvelles d’Algérie, 22 février 2011 ; L’Expression, 3 mars 2011.
  • [18]
    Les tabla désignent les petites tables avec lesquelles se vendent dans les rues cigarettes et chewing-gum.
  • [19]
    Plusieurs réformes économiques, depuis 2009, tentent de mieux encadrer le commerce extérieur, l’accès au marché algérien des firmes étrangères et le paiement des importations ; mais, face au contexte actuel et aux réticences des milieux d’affaires internationaux, une partie de ces mesures a été assouplie ou suspendue, voir Confluences Méditerranée, n° 71.
  • [20]
    Voir, Antonio GRAMSCI, Dans le texte, Paris, Éditions sociales, 1975 ; Textes, Paris, Éditions sociales, 1983.
  • [21]
    Ghania MOUFFOK, « L’Algérie cherche son mouvement », TV5, 11 février 2011.
  • [22]
    Entretien d’Amel Boubekeur, El Watan, 15 février 2011.
  • [23]
    Ali CHIBANI, « Algérie, répression et opportunismes », Le Monde Diplomatique – La Valise diplomatique, 8 avril 2011.
  • [24]
    Ainsi, plusieurs milliers de prisonniers condamnés pour terrorisme au début des années 1990, qui déclarent avoir renoncé à la violence, devraient être libérés d’après Hachemi Sahnouni, membre fondateur de l’ex-FIS ; la question demeure néanmoins de savoir si un parti réunissant certains anciens leaders du FIS ou de l’Armée Islamique du Salut (sa branche armée créée en 1994, AIS) serait autorisé dans le cadre de la nouvelle loi sur les partis politiques ; Le Soir d’Algérie, 18 mai 2011.
  • [25]
    Zine CHERFAOUI, « Général Touati : les raisons d’un rappel », El Watan, 17 mai 2011.
  • [26]
    Ancien secrétaire général du FLN.
  • [27]
    Fondateur du FFS.
  • [28]
    Pour les initiatives, voir « Unanimité pour un changement pacifique du régime », El Watan, 31 mars 2011.
  • [29]
    Ancien Premier ministre, Benbitour a lancé une Alliance Nationale pour le Changement à tendance conservatrice et libérale ; il y préconise un changement des hommes, une conférence nationale pour le changement et la mise en place d’un comité restreint de 6 personnalités indépendantes pour gérer la transition.
  • [30]
    Samar SMATI, « Alliances, approches et divergences », Arabies, n° 288, avril 2011.
  • [31]
    Mehdi TAJE, « Scénarios au Maghreb dans le cadre des révolutions démocratiques », Revue Défense Nationale, Tribune n° 61, 14-20 mars 2011.
  • [32]
    Entretien d’Amel Boubekeur, APS, 11 mai 2011.
  • [33]
    Kamel DAOUD, art.cit.
  • [34]
    Mohamed Chafik MESBAH, « L’Algérie en attente de son destin », Revue Défense Nationale, Tribune n° 67, 28 mars-3 avril 2011.

1 Avec les révoltes arabes sont déjà tombées la Tunisie de Ben Ali et l’Égypte de Moubarak, peut-être bientôt la Libye de Kadhafi ou le Yémen de Saleh. Et que dire de l’Algérie avec sa trentaine de tentatives d’immolation depuis 2011 et les six décès de ces « grands brûlés de la vie » [1] ?

2 Entre le 3 et le 7 janvier 2011, l’Algérie connaissait des émeutes d’ampleur nationale, dont l’élément déclencheur fut la hausse brutale et importante des prix de l’huile et du sucre. Les discours médiatiques ont réduit ce mouvement à sa cause apparente, tandis que les paroles des protagonistes se concentraient sur des revendications autant sociales que politiques. Ce mouvement de révoltes a débuté à Oran et dans la wilaya (département) de Tipaza avant de se propager à l’ensemble du territoire, jusqu’à Laghouat dans le sud. Ce mouvement national s’est étalé sur cinq jours et a causé la mort de 5 personnes : il est à l’origine de l’intensification des revendications socio-économiques sectorielles et de l’émergence de mouvements politiques réclamant un changement politique profond.

3 Alors que le président Ben Ali avait quitté le pouvoir en Tunisie, la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD) a été créée à l’initiative d’associations, de personnalités comme Ali Yahia Abdennour et de partis politiques algériens. La création de la CNCD a été annoncée le 21 janvier, conjointement par la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) dirigée par Mostefa Bouchachi, par plusieurs syndicats autonomes (SNAPAP, SATEF, CNES, CLA), plusieurs associations dont le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) et SOS Disparus, le parti Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) et d’autres petits partis politiques (PLJ, MDS). Plus tard, le RAJ, proche du Front des Forces Socialistes (FFS) qui, lui, n’a pas souhaité s’associer à la démarche de la CNCD, se retirera. Les premières revendications concernaient la levée de l’état d’urgence, prononcée officiellement à la fin février, et la liberté de rassemblement et d’expression, notamment l’accès de l’opposition aux médias publics. Les premières marches, les 12 et 19 février, rassembleront entre 2000 et 5000 personnes malgré un dispositif policier de plusieurs dizaines de milliers d’agents. La présence à ces marches d’Ali Yahia Abdennour, militant historique des droits de l’homme en Algérie, constitue un symbole fort et ses 90 ans ne lui éviteront pas d’être malmené par la police. Tous ces évènements forment la matrice du mouvement algérien pour le changement et la démocratie qui se poursuit encore.

4 Depuis le printemps 2011, plusieurs rumeurs courent sur de possibles réformes politiques importantes sans qu’aucune d’entre elles ne soit confirmée ou précisée par les différentes institutions politiques algériennes. L’opposition entre un « changement du système » réclamé par les militants algériens, et un « changement dans le système » tel qu’il semble se préparer, démontre la difficulté à lire une situation où la communication officielle a cédé la place à des ballons sondes complaisamment relayés par la presse dite indépendante, et destinés autant à occuper l’espace public qu’à défendre les intérêts et positions de différentes factions du pouvoir. Or, la perspective d’un « changement dans le système » ne fait que repousser l’inévitable, qui est une refonte du système politique tel qu’il existe depuis 1962, et risque de rendre obsolètes les initiatives d’un changement strictement pacifique telles que la CNCD le propose. En passant en revue les développements politiques récents en Algérie, cet article présentera les similitudes entre le cas algérien et ceux de ses voisins, tout en exposant les limites propres à cette situation particulière tandis qu’il évoquera en dernier lieu les perspectives d’évolutions de la scène politique algérienne.

Un pouvoir qui nie l’existence d’une crise politique

5 Bien qu’elle ne soit pas formellement entrée dans le « Printemps arabe », l’Algérie partage plusieurs points communs avec ces pays. Il y a d’abord la présence au pouvoir depuis 12 ans d’Abdelaziz Bouteflika, un État traditionnellement dominé par les militaires [2] et un état d’urgence imposé pendant près de 20 ans. Ensuite, le taux de chômage est évalué par l’Organisation Internationale du Travail à 23,6 % chez les jeunes, et les moins de 30 ans représentent 72 % du total des demandeurs d’emplois et plus de la moitié de la population [3] ; la société s’est appauvrie sous le double effet de l’inflation et de la stagnation des salaires [4]. Enfin, il existe un désamour général du peuple vis-à-vis des institutions et des responsables, aussi bien locaux que nationaux. Les sources traditionnelles de la légitimité en Algérie se sont peu à peu effondrées, érodant d’autant la cohésion nationale ; la reproduction des élites politiques, fondée sur l’appartenance à une famille révolutionnaire, à une notabilité locale ou religieuse et à la haute administration ou à l’ancien parti unique [5], fait aujourd’hui face à des facteurs extérieurs menaçant sa pérennité : les révoltes et les révolutions arabes ont démontré l’obsolescence des régimes autoritaires desquels l’Algérie s’était rapprochée en supprimant, en 2008, la limitation constitutionnelle du nombre de mandats présidentiels pour qu’Abdelaziz Bouteflika entame son troisième. En fin de course, le système politique algérien est déjà en proie aux stratégies de succession d’un président que l’on dit affaibli : la situation actuelle s’inscrit donc dans la continuité des évènements et tensions des années précédentes [6].

6 Cette crise de légitimité s’est également nourrie du développement exponentiel de la corruption, petite ou grande, depuis une dizaine d’années. Les imposants programmes publics d’infrastructures brillent plus par leur réalisation poussive et les scandales de corruption qui leur sont associés que par leur succès : en 2009, à peine la moitié du million de logements promis dans le plan quinquennal précédent était livrée, tandis que les conditions d’attribution des logements sociaux publics restaient particulièrement opaques. Cette situation a abouti à une rupture ontologique entre le peuple et les institutions, donnant lieu à l’affaissement de la nation algérienne. Le terme de « hogra », qui désigne le mépris des élites et l’humiliation corrélative des classes subalternes, s’est désormais associé à celui de « harga », c’est-à-dire l’émigration irrégulière. Certains Algériens estiment d’ailleurs être clandestins dans leur propre pays où l’espace public et politique est quadrillé, fermé et contrôlé par le pouvoir.

7 Dans ce contexte, la position des officiels algériens a été de nier l’existence d’une crise politique, ramenant la contestation à des enjeux socio-économiques. Face aux médias étrangers, le ministre de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères ont tenté de justifier pour des raisons sécuritaires l’interdiction des marches dans la capitale et ont expliqué que l’Algérie a connu sa révolution démocratique en 1988 avec l’abandon du régime à parti unique et la création d’innombrables partis politiques et organes de presse [7]. A la fin du mois de mars, le Premier ministre est intervenu à la télévision ; son message restait dans la ligne officielle : « Chez nous, le changement est intervenu en 1989. Il y a plus de 30 partis politiques, une centaine de titres de presse, nous n’avons pas d’opposants politiques en prison, ni d’exilés politiques. Le développement économique profite à toutes les régions du pays, même Bord Badji Mokhtar est devenue une petite ville »[8]. Les contestations tunisiennes et égyptiennes qui, dès les premières concessions de leurs dirigeants, ont redoublé d’intensité, laissent penser qu’une ligne stricte de déni permettrait de réaffirmer la solidité de l’État par la méthode Coué ; pourtant, le Maroc s’achemine vers l’établissement d’une monarchie constitutionnelle, même si l’attentat de Marrakech laisse peser l’incertitude sur le rythme et l’ampleur des réformes annoncées. Le pouvoir semble croire que les divisions internes à l’Algérie et ses stratégies de contournement de la crise lui offrent la possibilité d’organiser et de contrôler lui-même l’évolution politique selon la maxime : « Il faut que tout change pour que rien ne change ».

Les spécificités du cas algérien : manœuvres, rente et divisions

8 Plusieurs éléments viennent agir comme des freins à la mobilisation et à la concrétisation des revendications. En premier lieu, la structure du pouvoir algérien n’est pas identique à celle de ses voisins : en Tunisie, la police et le ministère de l’Intérieur assuraient la surveillance et la répression de l’opposition, sans que l’armée n’ait un rôle fondamental dans la stabilité du régime ; en Égypte, la Sécurité d’État assurait le rôle de police politique et l’armée était garante de la légitimité et de la pérennité du pouvoir. En Algérie, l’éparpillement des centres de décision entre la Présidence, les services de sécurité et l’armée provoque un « flou de la cible » [9] vers laquelle diriger les revendications ou dont le départ est réclamé.

9 Par ailleurs, la crainte de sombrer à nouveau dans la violence joue certainement un rôle dans la faiblesse de la mobilisation. Rappelons que la guerre civile commencée en 1991 a fait près de 200 000 morts, entraîné 20 000 disparitions et déplacé un million et demi de personnes. Et le « Printemps noir » de 2001 en Kabylie a couté la vie à 132 personnes.

10 Les services de sécurité algériens ont aussi encadré le champ politique depuis de nombreuses années, alors que les forces de police rassemblent près de 200 000 individus dont la loyauté est assurée par une augmentation de salaire rétroactive jusqu’à 2008 : elles constituent aujourd’hui la principale force de répression voire de contrôle du pays. Aucun nouveau parti politique n’a été agréé durant la dernière décennie. Les formations existantes sont souvent considérées comme des partis d’opposition fantoches, quand les anciens partis d’opposition ne sont pas perçus comme ayant été tout simplement « récupérés » par le pouvoir. Les nombreux petits « partis satellites » – qui gravitent autour du pouvoir – ne possèdent, eux, ni assise ou relais au sein des citoyens, ni véritable programme. Alors que l’abstention bat continuellement ses propres records, le second bénéficiaire des voix des électeurs lors de la dernière présidentielle, le Parti des travailleurs (PT), ne recueille que 4,22 % des suffrages. Et quoi qu’il en soit, la fraude et le gonflement artificiel des statistiques électorales n’encouragent pas les électeurs à se déplacer.

11 Au sein de la CNCD, le rôle et les choix du RCD de Saïd Saadi ont empêché une adhésion large à cette initiative : le RCD est trop intimement lié au pouvoir en place pour obtenir la confiance du peuple [10] ; il a tenté de caporaliser la CNCD et sa stratégie médiatique, dirigée vers l’étranger, suscite beaucoup de méfiance de la part des autres membres. De plus, Saïd Saadi a été absent de plusieurs marches auxquelles son parti appelait… Ainsi, la CNCD s’est divisée après la seconde marche du 19 février 2011 entre les « politiques », principalement le RCD et les petits partis, et la « société civile », menée par la LADDH et les syndicats autonomes. Les tentatives de marches à Alger du 26 février et du 5 mars, ont révélé le poids dérisoire de l’aile « politique » de la CNCD puisqu’elles ont à peine réuni quelques centaines de personnes, et les suivantes quelques dizaines. En outre, « la CNCD est infiltrée et certains de ses membres ont été achetés » [11] et les baltagia du régime ont contribué à disperser les manifestants devant des policiers impassibles [12]. Les faiblesses internes à la CNCD sont encore accentuées par l’hermétisme du champ médiatique officiel et ses campagnes de désinformation.

12 En second lieu, la rente pétrolière offre au pouvoir la possibilité de littéralement acheter la paix sociale dans un contexte de revendications tous azimuts. Le 7 mars, il y eut plus de 20 grèves et mouvements de protestation de rue [13] ; au total, ce sont 70 mouvements sociaux différents et 150 actions menées qui ont été recensés tout au long de ce mois [14] ; et le siège de la Présidence a parfois été assiégé par 4 ou 5 sit-in différents le même jour. Tous les secteurs sont concernés : personnels paramédicaux, médecins résidents, contractuels de l’armée, greffiers, journalistes du secteur public, étudiants, salariés des hydrocarbures, enseignants contractuels, victimes du terrorisme, chômeurs, souscripteurs de l’agence d’aide au logement en attente, gardes communaux… Enjeu de lutte au sein du pouvoir, la rente des hydrocarbures est source de violence contre les économies locales qu’elle atrophie et les sociétés qu’elle semble anesthésier ; pour l’État, la rente offre à la fois les moyens d’assurer son autoritarisme et mine de l’intérieur sa gouvernance en favorisant, dans le contexte de la libéralisation économique, les comportements de types mafieux [15]. Contrairement à l’Égypte et à la Tunisie, l’Algérie n’est pas dépendante du tourisme et des investissements étrangers. Selon Ghazi Hidouci, ancien ministre de l’Économie et réformateur, « la rente profite essentiellement à environ 200 000 personnes (pour 34,5 millions d’habitants) liées, de près ou de loin, à l’appareil d’État. Un scénario qui rappelle les inégalités aveuglantes du Brésil ou de l’Afrique du Sud »[16].

13 Cette économie de rente encourage les revendications sectorielles et d’ordre strictement socio-économique, ce qui limite l’émergence d’un mouvement unifié avec des exigences politiques. Les mesures prises lors des Conseils des Ministres des 3 et 22 février 2011 confirment cette stratégie du pouvoir [17]. L’acceptation systématique des projets soumis à l’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes (ANSEJ) ou la suspension des redressements fiscaux des entreprises sont d’autres exemples de cette redistribution – partielle – de la rente. Près de la moitié des travailleurs appartient au secteur informel n’offrant ni protection sociale à ses acteurs, ni recettes fiscales à l’État, et entretenant plus les réseaux établis de contrebande que les tabla[18] n’offrent de revenus décents : depuis janvier, la police ne lutte plus contre les petits commerçants informels de rue, ni contre leurs commanditaires menacés par les réformes du commerce extérieur [19], causant la division par le mécontentement des commerçants du secteur formel. De même, afin de limiter les risques d’émeutes localisées, les opérations de destructions de l’habitat précaire sont suspendues.

14 En dernier lieu, il existe plusieurs lignes de fractures socioculturelles en Algérie : entre élites francophones et arabophones, entre populations arabes et berbères (principalement kabyles), entre classes supérieures politico-économiques, classes moyennes sinistrées, groupes intellectuels isolés et jeunesse marginalisée. Il y a également des divisions géographiques : entre le nord côtier, les populations des hauts plateaux et le sud, ou encore entre ville moderne, marges urbaines et ruralité en péril. En outre, le régionalisme a été encouragé ces dernières années faisant ressortir des oppositions aussi schématiques qu’artificielles, servant le divide et impera du pouvoir : de nombreux projets de développement ont été orientés vers l’ouest (Oran, Tlemcen) d’où est originaire le président et de nombreux ministres, tandis que peu ont profité aux régions kabyles qui s’étaient soulevées en 2001, les confréries religieuses traditionnelles ont été appuyées par l’État et mobilisées pour les élections ou les déplacements officiels, l’opposition entre ibadites et sunnites a été mise en avant dans les violences de Berriane (près de Ghardaïa) sur fond de montée en puissance du FFS dans les instances locales… La focalisation sur les revendications culturelles lors du « Printemps noir » a permis d’éclipser ses aspects politiques et aujourd’hui, Saïd Saadi est insulté au nom de son amazighité et présenté comme ne pesant pas au-delà de Tizi Ouzou.

Perspectives gramsciennes de changement en Algérie [20]

15 Malgré ces limites, la gendarmerie a comptabilisé environ 10 000 sit-in, mouvements sociaux ou émeutes dès l’année 2010 [21] ; les dispositifs policiers disproportionnés lors des premières marches de la CNCD attestent de la nécessité de contrôler la rue. Deux stratégies caractérisent les mouvements de contestation en Algérie. La première est celle de la CNCD-société civile qui opte pour une « guerre de position » reposant sur la sensibilisation, l’information et la mobilisation de la base à travers le pays par l’organisation de rencontres locales. De même, le FFS veut d’abord ressouder le lien social pour faire émerger un bloc historique cohérent. Face aux multiples revendications et à la « dichotomie » entre manifestations organisées par le haut et mouvements spontanés par le bas [22], il s’agit de dépasser les consciences corporatistes tout en intégrant les intérêts des classes subalternes aux plateformes de revendications globales : les mots d’ordre politiques pourraient s’articuler aux problématiques sociales multiples et des figures nouvelles et indépendantes de la société civile doivent pouvoir être rendues visibles afin de fédérer des groupes sociaux disparates et parfois mutuellement étrangers pour atteindre le stade de « l’hégémonie culturelle ». Pour cela, la CNCD-société civile pourrait s’appuyer sur le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) et la Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE), deux nouvelles structures indépendantes, articulant des revendications spécifiques à une critique construite des politiques publiques. Sur les réseaux sociaux, le Mouvement des Jeunes Indépendants pour le Changement (MJIC) a réussi à fédérer différents groupes existants, mais internet a une place moindre en Algérie que chez ses voisins car l’avoir à domicile reste un luxe. La seconde stratégie est celle d’une « guerre de mouvement » encadrée par les partis de l’opposition officielle. La CNCD-partis politiques a opté pour un rapport de force direct avec le pouvoir en organisant des marches chaque samedi, mais il convient d’en tirer un constat d’échec : d’une part, la mobilisation n’a cessé de décroître et d’autre part, cela a sûrement affaibli l’ensemble du mouvement démocratique dans la mesure où il a ainsi été banalisé.

16 Aucune de ces stratégies n’arrive pour l’instant à générer une véritable « hégémonie culturelle » lui permettant de créer une alliance « transclassiste » capable de subvertir la structure historique actuelle caractérisée par la solidarité de fait entre sociétés politique et civile affairistes et forces de répression. L’Algérie semble donc s’engager dans la voie d’un changement par le haut contrôlé par les forces en place [23]. Le discours du président Bouteflika, diffusé le 15 avril, confirme la réforme de la constitution après la création d’une commission constitutionnelle chargée de consulter les partis politiques, la société civile et des personnalités de façon à recueillir différentes propositions de réformes : non-dit, son principal défi sera de réinstaurer une limitation du nombre de mandats présidentiels. Les autres réformes concerneraient la loi sur les partis politiques, la loi électorale, la loi sur l’information, par la dépénalisation du délit de presse, et le code départemental pour accroître la marge de manœuvre des élus locaux vis-à-vis des walis (préfets). Le flou de ces déclarations laisse penser qu’aucun accord de fond n’existe au sein du pouvoir qui repose, dès lors, sur un équilibre précaire que Gramsci nomme « révolution passive ». Saturée de contradiction, cette situation est marquée par un cycle de révolution-restauration traduisant un compromis instable entre deux camps opposés.

17 La présidence de la commission constitutionnelle a été confiée à Abdelkader Bensalah, président de la chambre haute : produit du système, Bensalah a suscité les critiques et la méfiance de l’opposition. Le FFS, le RCD et la CNCD-partis politiques ont d’ores et déjà annoncé leur refus de participer à ces consultations. Parallèlement, les adversaires du président Bouteflika l’accusent de chercher à s’appuyer sur les islamistes de l’ex-Front Islamique du Salut (FIS) pour obtenir un soutien à ses réformes et à garantir une succession qui ne menacerait pas sa famille et ses proches, soupçonnés de corruption [24]. En conséquence, Bensalah s’est vu adjoindre les services du général-major Mohamed Touati, retraité de ses fonctions militaires mais toujours conseiller à la présidence. Cette nomination surprise tient probablement d’une double logique : d’une part, l’expérience politique de Touati doit renforcer la légitimité et l’efficacité d’un Bensalah très contesté et d’autre part, elle permettrait aux autres centres du pouvoir de mieux contrôler l’élaboration des réformes [25]. Pour autant, les consultations devant débuter le 21 mai 2011 ne risquent de concerner que les partis de l’Alliance présidentielle et de n’intéresser ni l’opposition, ni les Algériens.

18 La déception suscitée par le discours présidentiel, lu d’une voix fatiguée, venait d’abord de l’absence de calendrier et du manque de précisions sur le contenu des réformes. L’autre élément est le refus par l’opposition et la société civile de réformes menées par des institutions qu’elles jugent illégitimes : l’option de l’élection d’une assemblée constituante est explicitement défendue par le PT, le FFS et le porte-parole de la CNDDC, mais celle-ci ne fait pas l’unanimité au sein de l’opposition et est rejetée par les partis au pouvoir. L’initiative d’Abdelhamid Mehri [26], au travers d’une lettre ouverte qui avait reçu le soutien d’Hocine Aït-Ahmed [27], se distingue aujourd’hui de la stratégie présidentielle dans la mesure où Mehri privilégie un dialogue national inclusif fondé sur la critique des institutions existantes, et un large débat pour organiser un changement pacifique [28]. L’accent du discours présidentiel était mis sur la réforme des textes, et non celle des pratiques ou du changement des hommes, et exprime la limite d’un processus engagé par le haut et n’assumant ni les revendications de la base de la société, ni les initiatives de Mehri ou d’Ahmed Benbitour [29]. En aucun cas annonciateur d’un changement du système, ce discours a semble-t-il été dicté par la crainte de perdre le contrôle de la rue où la mobilisation était montée d’un cran : le 12 avril, la CNAE réussissait à marcher dans Alger jusqu’à la Présidence, en brisant les cordons de sécurité grâce à une mobilisation sans précédent comprise entre 2 000 et 5 000 personnes ; il s’agit là d’une première dans la capitale depuis 2001. Les échéances électorales du printemps 2012 semblent être la limite que s’est fixée le pouvoir pour d’une part, procéder à ces réformes et d’autre part, espérer que le contexte régional et le champ politique interne s’apaisent.

19 Deux autres facteurs sont à prendre en compte. D’abord, le champ politique officiel commence à se fragmenter. L’Alliance présidentielle au pouvoir depuis 1999, se fissure : le FLN est divisé en vue de la constitution des listes électorales pour les législatives de 2012 ; le Rassemblement National Démocratique (RND) du Premier ministre peut se retrouver tributaire des ambitions de ce dernier pour les présidentielles prévues en 2014 ; le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) connait une dissidence sous la forme d’un nouveau Mouvement pour la Prédication et le Changement (MPC). Cela ne manquerait pas d’affaiblir la présidence qui veut contrôler le changement par le haut à son profit : ce qui, pourtant, la priverait du possible appui des partisans du changement pacifique. L’attribution d’un éventuel poste de vice-président à l’américaine, qui serait confié au successeur coopté de Bouteflika, ne manquerait pas non plus d’attiser la rivalité RND/FLN. Le changement du gouvernement réclamé par le FLN n’a pas reçu l’accord de certains centres du pouvoir ; et ces dissensions expliqueraient en partie l’immobilisme puis la lenteur politique depuis les émeutes de janvier 2011 [30]. Avant tout destiné à gagner du temps, ce processus de réformes par le haut doit permettre aux éléments du pouvoir de s’accorder sur la mise en place de l’après-Bouteflika. Ce dernier se prévalant d’un bilan sécuritaire positif et de la mise en œuvre de la « réconciliation nationale », le spectre terroriste a refait surface le soir même de son discours dans une embuscade spectaculaire contre un convoi militaire et les attaques se sont multipliées depuis la mi-avril, ne manquant pas de le déstabiliser politiquement.

20 Ensuite, l’attitude des puissances occidentales quant aux modalités du changement n’est pas à négliger. La situation algérienne est elle-même un enjeu important pour la suite des évènements dans l’ensemble maghrébin : entourée de démocraties, quel serait son rôle dans l’intégration régionale ? [31] De plus, Alger est une pièce maîtresse du dispositif antiterroriste américain dans la région : abritant un état-major conjoint au Sahel à Tamanrasset et un centre de renseignements conjoint à Alger, l’Algérie joue un rôle clef dans le Trans-Saharan Counter-Terrorism Partnership. Dans le contexte d’une Libye déstabilisée, sa place est d’autant plus importante que les groupes terroristes au Sahel ont succédé aux groupes armés algériens des années 1990. Washington a émis des critiques mesurées sur la question des droits humains et politiques en ne cessant pas d’encourager Alger à mener des réformes de fond ; et Paris comme Bruxelles disent attendre la réalisation des réformes promises. L’appui discret à un changement processuel est le plus probable à cause du rôle stratégique de l’Algérie dans la fourniture des hydrocarbures à l’Union européenne et dans la lutte antiterroriste : si l’Algérie sombrait comme la Libye dans l’incertitude et la violence, les intérêts occidentaux seraient menacés. Ce qui apparaît aujourd’hui comme un enlisement du conflit libyen va également dans ce sens.

Conclusion

21 La dernière hypothèse à envisager est celle d’une « guerre de mouvement » spontanée et autonome dont le déclenchement, bien qu’imprévisible par nature, reposerait sur une crise des prix des denrées de base, le refus de l’arbitraire ou de la violence institutionnelle tout en débordant l’ensemble des structures politiques existantes. Cela renouvellerait les élites politiques en les faisant émerger directement de la base de la société civile, leur conférant ainsi une légitimité inédite : par leur démarche pacifique et organisée, les étudiants de la CNAE ont d’ailleurs montré la conscience aiguë de leur rôle historique, tout en se méfiant des risques de récupération politique de leur mobilisation et en refusant de politiser leur mouvement. Pragmatisme, dialogue, refus de la violence et indépendance vis-à-vis des idéologies et formations politiques traditionnelles forment la base sur laquelle misent les nouvelles forces de l’opposition [32] ; pourtant, la situation sociopolitique ressemble par biens des égards à celle ayant précédé les émeutes d’Octobre 1988 : croissance des conflits sociaux, divisions au sommet, émeutes localisées, risques de pénuries ou de flambée des prix. Désormais, l’Algérie fait face à un mouvement historique certainement irréversible en son sein comme dans la région, et la réponse du pouvoir aux attentes sourdes de la population déterminera le cours que prendront les évènements. Si le risque de la violence est agité comme un chiffon rouge par certains, l’apparente dépolitisation de la société ne signifie pas qu’elle restera éternellement silencieuse. Bien avant le déclenchement des révoltes arabes, la stabilité du pays n’était déjà qu’un mirage bien mince ; or, si les perspectives d’un changement démocratique ne sauraient se prévoir à l’avance, le contexte intérieur et extérieur annonce la fin d’un modèle d’exercice du pouvoir en Algérie comme ailleurs.

22 Bien qu’il possède encore le poids de la coercition, l’État, affaibli par les scandales, les divisions et l’« exercice du pouvoir par courrier interposé » [33], pourrait ne pas résister indéfiniment à des révoltes nationales qui se doteraient de mots d’ordre politiques clairs : l’image qu’il souhaite donner sur la scène internationale serait ébranlée et l’attitude des forces armées reste incertaine. La possibilité d’une attitude neutre de l’armée, dont l’élite s’est largement renouvelée et rajeunie depuis 10 ans, n’est pas à exclure comme dans les modèles tunisiens et égyptiens [34]. Dans ces deux cas, la problématique était celle de la succession d’un pouvoir à bout de souffle : en Tunisie, le clan Trabelsi cherchait à s’imposer sur la scène officielle ; au Caire, Moubarak préparait une transmission héréditaire du pouvoir. En Algérie, Saïd Bouteflika, le frère du président, tente de s’introduire sur la scène politique depuis 2009 et un Rassemblement pour la Concorde Nationale (RCN) se constitue sur les bases des relais utilisés par la présidence lors des campagnes électorales. Si les services de sécurité y sont irrémédiablement opposés, la position de l’armée quant à cette éventualité n’apparait pas encore clairement. Mais le départ du seul Bouteflika signifierait-il la fin du régime algérien ?

23 Dans l’ombre de la crise libyenne, la répression s’organise contre les militants chômeurs et étudiants, les cadres de la radio publique ayant refusé de communiquer la liste des grévistes, les gardes communaux attaqués par des baltagia, les médecins en grève tabassés par la police jusque dans l’hôpital Mustapha Bacha au centre d’Alger… Après la marche du 12 avril dans laquelle les slogans politiques ont vite remplacé les revendications sectorielles, d’importants déploiements policiers empêchaient les tentatives ultérieures de marches pacifiques dans la capitale. Quant au CNDDC, il a tenté de fédérer les syndicats et associations autonomes autour de revendications sociales et politiques lors d’une marche unitaire le 1er mai 2011 : ne réunissant qu’une centaine de personnes, les mouvements indépendants de la société civile y étaient cependant représentés et ont pu s’exprimer publiquement. Les marges culturelles (kabyles), géographiques (travailleurs d’Hassi R’Mel, citoyens de Ouargla, Ghardaïa, Sétif ou Oran), sociales (jeunesse marginalisée) et politiques (organisations autonomes) algériennes restent néanmoins irrévocablement portées vers la revendication d’un changement profond. Tandis que les peuples tunisiens et égyptiens font preuve de vigilance pour ne pas voir leur révolution confisquée, le peuple algérien semble être en voie de trouver un moyen de s’unir, d’agir pacifiquement et de reconstruire une nation ébranlée par les rivalités de clientèles, la corruption et 20 ans de violence politique. L’analyse en temps réel n’est pas chose aisée face aux espoirs suscités par les peuples tunisiens et égyptiens comme par les multiples initiatives pacifiques prises en Algérie ; se prévaloir du wishful thinking nécessite donc d’identifier les blocages institutionnels et structurels de façon à mieux les dépasser. ?


Date de mise en ligne : 20/06/2011

https://doi.org/10.3917/come.077.0105

Notes

  • [1]
    Mustapha BENFODIL, « Harga, émeutes de jeunes, immolations, grèves, manifestations empêchées… Un contexte difficile », El Watan, 16 avril 2011.
  • [2]
    Cette influence s’est poursuivie sous la présidence de Chadli Bendjedid puis durant les années 1990 avec la formation d’un « cabinet noir » ; Abdelkader YEFSAH, « Le pouvoir et l’armée en Algérie de 1962 à 1992 », Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, n° 65, 1992, pp. 77-95.
  • [3]
    Le Temps d’Algérie, 8 février 2011 ; El Watan, 1er mars 2011.
  • [4]
    Le salaire minimum ne dépasse pas 130 euros par mois et 70 % de la population a un revenu inférieur à 200 euros ; Pascal Priestley, « La rente pétrolière, bénédiction et scandale », TV5, 11 février 201.
  • [5]
    Voir Isabelle WERENFELS, Managing instability in Algeria. Elites and political change since 1995, Londres, Routledge, 2007.
  • [6]
    Entretiens de Rachid Grim dans El Watan, 19 octobre 2010 et de Rachid Tlemçani dans Dernières Nouvelles d’Algérie, 6 janvier 2011.
  • [7]
    Il s’agit des émeutes d’Octobre 1988 à Alger faisant suite à d’intenses pénuries et à une crise politique au sein du parti unique et du pouvoir ; l’armée avait tiré sur la foule et entrainé la mort de 600 personnes, suivie de 4000 arrestations et de la pratique systématique de la torture.
  • [8]
    TSA, 30 mars 2011.
  • [9]
    Kamel DAOUD, « Révolutions, bouteflikismes, milliards gratuits et État par courrier : Les Algériens entre désir de changement et peur du chaos », Le Quotidien d’Oran, 2 avril 2011.
  • [10]
    L’existence du RCD a été officialisée lors de l’ouverture consécutive aux émeutes d’Octobre 1988 mais les circonstances de sa création révèlent sa proximité avec les services de sécurité algériens : reçu par Larbi Belkheir, secrétaire général de la Présidence, Saïd Saadi se voit octroyer la possibilité d’avoir son propre parti s’il réussit à maintenir le calme en Kabylie. L’objectif du pouvoir est double car il s’agit également d’affaiblir le FFS et ainsi de diviser politiquement la Kabylie. En outre, contrairement au FFS, le RCD n’a pas condamné le coup d’État de janvier 1992 et a soutenu la politique dite d’« éradication » ; Saïd SAADI, entretien avec Mohamed HABILI, Le RCD à cœur ouvert, Alger, Éditions Parenthèses, 1990 ; Sid Ahmed SEMIANE, Octobre, ils parlent, Alger, Le Matin, 1998.
  • [11]
    Amel B., « Bouteflika pourrait partir », Le Monde Diplomatique – La Valise Diplomatique, 4 mars 2011.
  • [12]
    « Baltagia » est un terme d’origine turque signifiant « ceux qui terrorisent les gens » ou « ceux qui portent un couteau » ; il désigne, depuis les évènements égyptiens, les personnes recrutées par le pouvoir pour troubler les manifestations. Certains jeunes des quartiers où se sont déroulées les différentes marches ont été « mobilisés » – payés – pour insulter et agresser, sous prétexte de soutien au président Bouteflika, les manifestants ; par exemple, Le Soir, 20 février 2011 ; El Watan, 5 mars 2011 ; et la chronique de Mustapha Hammouche, Liberté, 14 février 2011 ; sur la définition, Le Temps d’Algérie, 5 février 2011.
  • [13]
    Le Soir d’Algérie, 8 mars 2011.
  • [14]
    El Watan, 31 mars 2011 ; TSA, 15 avril 2011.
  • [15]
    Luis MARTINEZ, Violence de la rente pétrolière. Algérie, Libye, Irak, Paris, Presses de Sciences-Po, 2010.
  • [16]
    L’Expansion, n° 762, avril 2011.
  • [17]
    Ce sont près de 20 milliards de dollars qui ont été débloqués en un mois pour favoriser l’emploi des jeunes ; El Watan, 4 février 2011 ; Dernières Nouvelles d’Algérie, 22 février 2011 ; L’Expression, 3 mars 2011.
  • [18]
    Les tabla désignent les petites tables avec lesquelles se vendent dans les rues cigarettes et chewing-gum.
  • [19]
    Plusieurs réformes économiques, depuis 2009, tentent de mieux encadrer le commerce extérieur, l’accès au marché algérien des firmes étrangères et le paiement des importations ; mais, face au contexte actuel et aux réticences des milieux d’affaires internationaux, une partie de ces mesures a été assouplie ou suspendue, voir Confluences Méditerranée, n° 71.
  • [20]
    Voir, Antonio GRAMSCI, Dans le texte, Paris, Éditions sociales, 1975 ; Textes, Paris, Éditions sociales, 1983.
  • [21]
    Ghania MOUFFOK, « L’Algérie cherche son mouvement », TV5, 11 février 2011.
  • [22]
    Entretien d’Amel Boubekeur, El Watan, 15 février 2011.
  • [23]
    Ali CHIBANI, « Algérie, répression et opportunismes », Le Monde Diplomatique – La Valise diplomatique, 8 avril 2011.
  • [24]
    Ainsi, plusieurs milliers de prisonniers condamnés pour terrorisme au début des années 1990, qui déclarent avoir renoncé à la violence, devraient être libérés d’après Hachemi Sahnouni, membre fondateur de l’ex-FIS ; la question demeure néanmoins de savoir si un parti réunissant certains anciens leaders du FIS ou de l’Armée Islamique du Salut (sa branche armée créée en 1994, AIS) serait autorisé dans le cadre de la nouvelle loi sur les partis politiques ; Le Soir d’Algérie, 18 mai 2011.
  • [25]
    Zine CHERFAOUI, « Général Touati : les raisons d’un rappel », El Watan, 17 mai 2011.
  • [26]
    Ancien secrétaire général du FLN.
  • [27]
    Fondateur du FFS.
  • [28]
    Pour les initiatives, voir « Unanimité pour un changement pacifique du régime », El Watan, 31 mars 2011.
  • [29]
    Ancien Premier ministre, Benbitour a lancé une Alliance Nationale pour le Changement à tendance conservatrice et libérale ; il y préconise un changement des hommes, une conférence nationale pour le changement et la mise en place d’un comité restreint de 6 personnalités indépendantes pour gérer la transition.
  • [30]
    Samar SMATI, « Alliances, approches et divergences », Arabies, n° 288, avril 2011.
  • [31]
    Mehdi TAJE, « Scénarios au Maghreb dans le cadre des révolutions démocratiques », Revue Défense Nationale, Tribune n° 61, 14-20 mars 2011.
  • [32]
    Entretien d’Amel Boubekeur, APS, 11 mai 2011.
  • [33]
    Kamel DAOUD, art.cit.
  • [34]
    Mohamed Chafik MESBAH, « L’Algérie en attente de son destin », Revue Défense Nationale, Tribune n° 67, 28 mars-3 avril 2011.

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