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Article de revue

La « paix verte » au Proche-Orient est-elle cultivée dans les fermes de Cheba'a ?

Pages 105 à 112

Notes

  • [1]
    Issam Kamal Khalifé, « La Force du droit face au Droit de la force », Revue d’études Palestiniennes, numéro 103, 2007, pp. 52-53.
  • [2]
    Sic.
  • [3]
    Capitaine de Bernonville, Frontière Libano-Syrienne, Région de Banias, 1939, Archives Diplomatiques de Nantes, Carton 449, Fonds « Beyrouth », Cabinet Politique, 1er Versement.
  • [4]
    À l’instar de presque toute la frontière libano-syrienne.
  • [5]
    « Lettre datée du 19 mai 2000, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Liban auprès de l’Organisation des Nations Unies », Organisations des Nations Unies, Documents en ligne, A/54/870/Add.1 – S/2000/443, 19 mai 2000, p. 7.
  • [6]
    Sean Foley, « It Would Surely be the Second : Lebanon, Israel and the Arab-Israeli War of 1967 », Middle East Review of International Affairs, vol. 9, No. 2, Juin 2005, http://meria.idc.ac.il/journal/2005/issue2/Sean%20Foley%20pdf.pdf.
  • [7]
    « Secretary’s Staff Conference », Kissinger Transcripts, Digital National Security Archives, 23 avril 1974, Secret, Minutes, https://acces-distant.sciences-po.fr/ http/nsarchive.chadwyck.com/nsa/documents/KT/01114/all.pdf, p. 4.
  • [8]
    Théoriquement. En pratique, le Hezbollah appelle à la libération des « 7 villages », à résoudre le contentieux du village israélo-libanais de Ghajar, ainsi qu’à régler la douloureuse question des réfugiés palestiniens et à la libération de Jérusalem.
  • [9]
    Marc Henry, « Washington pour une paix verte sur le plateau du Golan », Le Figaro, 13 juillet 2009.
  • [10]
    ROEM : Renseignement d’Origine Électro-Magnétique.

1 Le 13 juillet 2009, Fred Hoff, diplomate américain, a développé l’idée assez originale d’une approche « écologique » de la paix au Proche-Orient. Les États-Unis, qui s’intéressent de très près aux négociations entre Israël et la Syrie, ont proposé comme première approche une gestion commune de l’eau et des parcs naturels. Or, depuis 1967, aucun contact entre les deux belligérants n’a abouti et de nombreux aspects de la question israélo-syrienne restent particulièrement sensibles – c’est le cas des fermes de Cheba’a, qui se trouvent situées sur des ressources hydriques majeures et, partant, au cœur d’un imbroglio politique.

2 Il est peu probable qu’au XVIIIe siècle sous domination ottomane, les quelques fermiers qui vivaient à Cheba’a aient pu penser que leurs fermes deviendraient un tel enjeu géographique de l’histoire du Proche-Orient et, peut-être, l’un des points de normalisation des rapports entre Israël, la Syrie et le Liban.

3 Les fermes (ou hameaux) de Cheba’a constituent un petit territoire – estimé à 27 km– situé à l’extrême nord-est du plateau du Golan. Pour le trouver, il suffit de chercher sur les cartes contemporaines le point cartographique indiquant la station de ski israélienne du mont Hermon. À cet endroit, le relief est montagneux et culmine à 2814 m ; l’on y croise donc quelques remontées mécaniques frappées de l’étoile de David.

4 Depuis le 21 mai 2000 – quelques jours après le retrait israélien du Liban-Sud –, le Hezbollah a refondé sa légitimité de « Parti de la Résistance » sur la récupération de ce territoire, considéré comme libanais à la fois par le Liban, par le Hezbollah et par la Syrie, celle-ci utilisant les hameaux comme un moyen de pression indirect sur Israël en vue de récupérer le plateau du Golan.

5 Quant à l’État hébreu, il refuse catégoriquement de restituer les fermes car, en se trouvant dans le bassin versant du Jourdain, elles constituent pour lui un atout stratégique non négligeable, eu égard au modèle aquavore de l’économie israélienne. En juillet 2006, la guerre entre le Hezbollah et Israël qui faisait suite à six longues années d’échanges violents (tirs de roquettes du Hezbollah, auxquels répondaient des incursions aériennes israéliennes en territoire libanais) n’a pas modifié le statu quo.

Quelle est l’origine du « problème Cheba’a » ?

6 Le problème émane avant tout d’une erreur géographique de l’histoire, où l’on retrouve de nombreux protagonistes, tout au long du XXe siècle : la France, le Liban, la Syrie, la Palestine puis Israël, l’OLP de Yasser Arafat, le Hezbollah et d’autres encore. En 1920, la France et la Grande-Bretagne se partagent les ruines de l’Empire ottoman et créent des frontières matérielles ; ici, le Liban ; là, la Syrie ou la Palestine. Entre 1920 et 1923, les deux puissances mandataires tracent alors l’une et l’autre les lignes imaginaires qui séparent leur sphère d’influence afin de s’assurer les intérêts stratégiques majeurs, par exemple l’eau du fleuve Litani pour la France. Cependant, durant cette période, la France regarde vers le sud mais ignore l’est : ainsi, la frontière « franco-britannique » entre le Liban et la Palestine est tracée avec précision tandis que celle qui sépare le Liban de la Syrie ne fait l’objet que de peu d’attention. Elle est à peine démarquée ; d’autant plus que la Syrie accuse le choc avec la création d’un État libanais qu’elle ne reconnaît pas, si ce n’est comme l’une de ses provinces historiques.

7 Les 14 fermes de Cheba’a doivent être distinguées du village de Cheba’a qui se situe, lui, au Liban, c’est-à-dire au nord-est de la ligne de crête du mont Hermon, où a été tracée de manière artisanale la frontière. Or, et là est le problème, les fermes se situent au sud de cette ligne de crête, c’est-à-dire de l’autre côté de la frontière, en Syrie. Durant l’Empire ottoman, découpé administrativement mais pas physiquement, les fermiers franchissaient la ligne de crête et, à l’automne, rejoignaient les fermes pour y cultiver les terres et faire paître les troupeaux, le tout pendant quatre mois. Pour les villageois ottomans, la séparation avec les villages situés à l’est était matérialisée par une rivière, le Wadi el-’Assal, et non par la ligne de crête, qui n’était pour eux qu’un obstacle rapidement franchi pour rejoindre leurs fermes. D’ailleurs, pour l’Administration de la « Sublime Porte », les fermes faisaient partie intégrante du village de Cheba’a et dépendaient du caza de Hasbaya [1]. La France – qui administre la Syrie et le Liban – sépare les deux nouveaux pays en s’inspirant d’une carte de 1862, dessinée par le Corps Expéditionnaire de Syrie, après le débarquement de 1860. Cette carte, établie d’après les reconnaissances de la brigade topographique qui accompagne le corps expéditionnaire, est une carte de reconnaissance et non une carte régulière fondée sur une triangulation générale. Par conséquent, elle est très approximative et très imprécise. De plus, bien qu’attachée à l’arrêté, la carte du corps expéditionnaire n’est présente qu’à titre indicatif et n’a pas valeur juridique. Sur cette carte, le village de « Chébah » [2] se situe bien en territoire libanais mais les fermes, elles, se trouvent en Syrie. La première erreur, majeure, se situe donc à ce niveau.

8 Dès 1923, les fermes de Cheba’a deviennent donc syriennes sur les cartes militaires bien qu’aucun Syrien n’y vive. Mais pour permettre aux paysans libanais de continuer leur activité, les villageois de chaque côté de la frontière acceptent dès lors que le Wadi el-’Assal, démarqué par rapport à la ligne de crête (frontière de jure), soit la frontière de facto. Cet accord non officiel n’empêche pas des litiges (parfois violents) entre 1920 et 1948.

9 Des commissions mixtes sont alors mises en place pour résoudre les divergences mais souvent sans succès. De fait, la Syrie et le Liban ne semblent pas décidés à s’intéresser à la question et se renvoient perpétuellement la balle tandis que des diplomates français soulignent, sans être entendus, l’importance du problème. En 1935, le chef des Services Spéciaux en poste dans le Liban-Sud, le capitaine de Bernonville, prophétise : « Si une tension devait se produire entre la Syrie et le Liban, cette anomalie pourrait amener quelques difficultés »[3].

1948 : le commencement de la fin pour les villageois

10 En fait, le problème commence réellement en 1948 avec le premier conflit israélo-arabe et la première victoire d’Israël. La Syrie, bien décidée à mettre toutes les chances de son côté, s’intéresse désormais fortement aux fermes de Cheba’a – point élevé et donc stratégique – et exerce un contrôle progressif sur ce territoire, certes officiellement syrien, mais où vivent et travaillent des Libanais, qui considèrent cette terre comme étant la leur. D’ailleurs, les fermiers libanais payaient leurs impôts au caza de Marjayoun ce qui prouve que, pour les autorités libanaises, les fermes leur appartenaient.

11 Les Syriens eux-mêmes étaient bien conscients que, de facto, les fermes de Cheba’a étaient libanaises. En fait, la Syrie en a « découvert » l’existence vers 1946, lorsqu’elle eut besoin de s’approprier l’endroit comme outil stratégique, dans le contexte de tension avec Israël, et non comme territoire agricole. Des équipes syriennes procèdent alors à des relevés topographiques dans les hameaux, déplacent « accidentellement » (sic) les bornes-frontières qui étaient alors imprécises et souvent mal positionnées [4]. Dans une lettre en date du 9 août 1946, le gouvernement libanais écrit à l’administration syrienne, se plaignant du fait que son voisin « (ait) intégré plusieurs fermes du village libanais de Cheba’a dans son champ d’intervention » [5]. Toujours en 1946, la commission mixte chargée de tracer les frontières entre la Syrie et la Liban produit une carte – tracée à la main – et recommande de placer les fermes en territoire libanais. Néanmoins, cette recommandation n’empêche pas la Syrie de grignoter l’espace libanais et d’installer en 1950 un poste militaire avancé, tuant au passage des gendarmes libanais.

12 L’armée syrienne prend alors position dans les fermes de Cheba’a, officiellement pour mettre un terme à la contrebande organisée par les fermiers (sunnites) avec... les Palestiniens (dont des insurgés), avec lesquels les Libanais avaient de bonnes relations commerciales avant 1936, date de l’insurrection arabe en Palestine. De nombreux Libanais commercent également avec les juifs de Palestine, et la communauté libanaise de Haïfa compte plusieurs milliers d’habitants du Pays du Cèdre.

La multiplication des acteurs et des problèmes : entre guerre des « 6 jours » et retrait israélien

13 Après avoir émergé à partir de 1948, « l’affaire » Cheba’a s’aggrave surtout à partir de 1967 : Israël, persuadé que le Liban sera le « second »[6] à signer une paix avec l’État hébreu (dès qu’un grand voisin égyptien ou syrien aura pris l’initiative), se garde bien d’envahir le Pays des Cèdres et pénètre en territoire syrien (notamment dans le Golan) avec des cartes militaires syriennes, libanaises et, bien entendu, israéliennes. Or, si Tsahal ne franchit pas la frontière libanaise « officielle », il envahit néanmoins... les fermes de Cheba’a, alors officiellement syriennes. Les Israéliens sont alors persuadés de ne pas être entrés en territoire libanais puisqu’ils s’y trouvent, dans les hameaux... des militaires syriens.

14 Cette situation donne lieu à des imbroglios diplomatiques depuis : en 1974, lors de la préparation du vote de la Résolution 347, la représentation du Liban aux Nations Unies prévient les États-Unis que l’armée israélienne occupe une partie de son territoire... à côté du mont Hermon. Le Liban réclame alors un texte appelant au retrait des forces israéliennes de son territoire. Or, en 1967 et en 1973, les Israéliens ont veillé scrupuleusement à ne pas entrer en territoire libanais. Encore une fois, les Israéliens se sont fiés aux cartes d’état-major libanaises et syriennes et ont envahi les hameaux de Cheba’a qu’ils considèrent comme syriens. L’ambassadeur israélien est consulté et affirme que son pays n’a envoyé aucun soldat sur place – ce qui provoque l’agacement de Henry Kissinger qui se demande « ce qu’ils (les Libanais) ont fait. Ils ont déplacé les bornes-frontières ? »[7].

15 Parallèlement, comme pour compliquer la donne, des commandos palestiniens – qui seront plus tard chassés de Jordanie – s’invitent, à partir de 1965, dans la région du Mont Hermon (la rumeur voudrait que Yasser Arafat lui-même dormît dans l’une des fermes de Cheba’a) et créent le Fatah Land, État dans l’État qui mènera indirectement à la guerre civile de 1975-1990.

16 Dans ce contexte, les Israéliens, imitant leur voisin syrien, transforment alors les fermes en glacis protecteur à partir de 1978 (opération « Litani » et invasion du Liban). Progressivement, l’État hébreu grignote alors les hameaux et les « israélise » en installant des panneaux en hébreu et en militarisant la zone. En 1981, la Knesset vote la nationalisation du Golan et l’armée israélienne distribue des cartes d’identité (qui seront refusées par la majorité des fermiers, à l’exception de 300 Druzes)... remplaçant ainsi les cartes syriennes, distribuées en 1950. En moins de trois décennies, certains Libanais ont donc changé trois fois de nationalité !

17 En mai 2000, les Israéliens quittent le territoire libanais, mettant fin à 18 ans d’occupation. Mais ils gardent les fermes de Cheba’a sous leur contrôle. Quelques jours après le retrait des troupes israéliennes, le Hezbollah – soutenu par la Syrie – justifie le maintien de ses armes par la présence de Tsahal dans les fermes de Cheba’a, que le mouvement chi’ite entend libérer. Le Hezbollah s’empare alors de « l’enjeu » Cheba’a et appelle au départ des Israéliens tandis que l’ONU s’évertue, pendant huit longues années, à trouver un terrain d’entente entre les parties, sans succès car les fermes de Cheba’a, où vivaient des fermiers libanais, sont devenues fictivement syriennes par une erreur française, puis concrètement syriennes par une volonté... syrienne ; et, enfin, israéliennes en 1981.

18 Entre 1948 et 1956, la Syrie a imposé une présence militaire dans les fermes et cherche à les « syrianiser ». Or, à partir de mai 2000, les enjeux ne sont plus les mêmes et si la Syrie avait déclaré alors que les fermes lui appartenaient, alors le retrait israélien des hameaux aurait dépendu des résolutions 242 et 338 (retrait des territoires occupés en 1967) et non plus de la résolution 425 (retrait du Liban-Sud). Dans « l’affaire » Cheba’a, le Liban ne pourrait donc plus intervenir en tant qu’acteur, et donc la revendication du Hezbollah quant à la libération de Cheba’a ne tiendrait plus. Symboliquement, le mouvement chi’ite ne pourrait plus justifier de conserver son armement [8]. Au Liban, ce serait l’ensemble de l’outil syrien de pression sur Israël qui s’effondrerait alors.

19 Actuellement, pour la Syrie, les fermes de Cheba’a ont donc tout intérêt à être « libanaises » et à justifier les revendications du Hezbollah au sujet de ce point stratégique. Sans ce territoire, c’est tout un pan fondateur de la légitimité militaire contemporaine du Hezbollah qui est à remettre en cause – et c’est d’ailleurs pour cela que le « problème » Cheba’a émerge surtout en mai 2000.

En 2009, quelle issue au conflit ?

20 Actuellement, la situation est à peu près la suivante : le Hezbollah refuse de rendre ses armes tant que les fermes ne redeviennent pas libanaises. C’est également la position du Liban, soutenu par la Syrie qui appelle Israël à restituer le plateau du Golan... où se trouvent les fermes. Or, la Syrie dit pouvoir prouver la « libanité » des fermes mais refuse de communiquer les documents à l’ONU qui, elle, appelle la Syrie et le Liban à déterminer leurs frontières une bonne fois pour toutes.

21 Or, comme le signale Walid al-Mouallem, ministre syrien des Affaires étrangères : « la Syrie ne peut pas officialiser les frontières de Cheba’a, parce qu’elles sont sous occupation. Devons-nous envoyer des personnes en parachutespour les tracer ? ».

22 Ainsi, la Syrie utilise les fermes de Cheba’a, par l’intermédiaire du « Parti de Dieu », comme moyen d’action et de pression sur la frontière israélo-libanaise pour récupérer le Golan, dont les hameaux constituent le prolongement à l’extrême nord-est.

23 Le Hezbollah et la Syrie utilisent donc l’erreur historique des fermes de Cheba’a comme point nodal de résolution du conflit : si Israël restitue le Golan à Damas, alors la Syrie et le Liban pourront tracer leurs frontières, étape suivant l’ouverture de représentations diplomatiques (février 2009). On revient alors à l’une des idées centrales du conflit israélo-arabe : le plateau du Golan, dont la récupération par la Syrie serait en quelque sorte une caution ad vitam aeternam au régime syrien, et un élément de sa survie. Si les négociations israélo-syriennes – sous l’égide de la Turquie – se concrétisent, alors on pourrait imaginer une restitution du Golan à la Syrie sous certaines conditions : par exemple, pour répondre aux besoins des colons israéliens, pourquoi ne pas « louer » le Golan sur plusieurs décennies ? Sous souveraineté de Damas, en réponse à la paix entre Israël et la Syrie, le développement économique du Golan permettrait aux dizaines de milliers de juifs de conserver leurs terres – et de vivre, on l’espère, en bonne intelligence avec leurs voisins syriens. C’est la suggestion de Fred Hoff en ce moment à Damas : l’idée serait de proposer aux Syriens d’accéder aux parcs naturels et autres réserves nationales israéliennes, afin que les deux pays travaillent de concert pour préserver l’environnement et l’eau. Ce « minimum de confiance indispensable pour avancer »[9] s’accompagnerait également d’une démilitarisation du Golan et, à terme, du retrait israélien.

24 Quant aux fermes de Cheba’a, elles pourraient être placées temporairement sous administration des Nations Unies, avant d’être restituées au Liban – si toutefois la Syrie accepte de procéder à la délimitation des frontières avec son voisin libanais. On peut considérer que, la paix signée et le Golan restitué à la Syrie, les hameaux de Cheba’a ne seraient alors plus qu’une simple ligne sur un traité - pour le régime alaouite. De plus, Damas bénéficierait automatiquement d’un large soutien financier américain tandis que l’attention devrait se porter sur le Liban, afin d’éviter que la paix ne lui soit préjudiciable. Dans ce cas, Israël réclamerait des garanties, et avant tout le démantèlement du Hezbollah, qui perdrait son principal soutien logistique, l’intégration des « armes » du parti chi’ite devant alors se faire en douceur, à grands renforts de larges subventions américaines à destination de l’État libanais, au sein duquel l’appareil politique du Hezbollah est désormais pleinement intégré.

25 Lorsqu’on se tourne vers l’Est, il n’est cependant pas écrit que l’Iran laisserait son principal intermédiaire avec le Hezbollah lui couper les vivres ; et, par-là, l’un des instruments majeurs de sa politique étrangère aux portes d’Israël.

26 Il va sans dire qu’Israël doit reconsidérer l’intérêt qu’il porte aux fermes de Cheba’a : point haut (2.814 mètres), les fermes accueillent une station militaire de « pré-alerte », qui couvre le Golan, Tibériade, Tel-Aviv et même Damas. À l’époque du ROEM [10] (renseignement par satellite), un soldat équipé de jumelles est-il toujours nécessaire, même à une telle altitude ? Cela n’a pas empêché la guerre de juillet 2006 – où c’est l’État hébreu qui a pris l’initiative mais qui, surtout, n’a pas été capable d’empêcher l’enlèvement de ses soldats.

27 Quant aux réserves hydriques du mont Hermon, elles sont évaluées à un million de met représentent un atout stratégique pour Israël. Trois affluents du Jourdain, le Banyas, le Dan et le Wazzani prennent leur source dans la région. Ces eaux contribuent à alimenter le lac de Tibériade en le refroidissant et en le dessalant.

28 Dès lors, il est évident qu’un accord de paix régional comporterait des clauses voisines de celui qui a éyé signé avec la Jordanie, à savoir sans doute un partage des eaux, dont le Liban dispose en abondance. En 1994, lors des accords de Wadi Araba, le partage des eaux a été très sérieusement préparé : Israël s’était engagé alors à fournir 50 millions de m3 d’eau par an à la Jordanie et à partager la rivière Yarmouk à hauteur de 75%, restitués à la Jordanie. L’idée serait de faire la même chose entre le Liban (qui dispose d’eau en abondance), la Syrie et Israël (qui en manque cruellement). Et si l’écologie était le chemin de la paix ? ?

Notes

  • [1]
    Issam Kamal Khalifé, « La Force du droit face au Droit de la force », Revue d’études Palestiniennes, numéro 103, 2007, pp. 52-53.
  • [2]
    Sic.
  • [3]
    Capitaine de Bernonville, Frontière Libano-Syrienne, Région de Banias, 1939, Archives Diplomatiques de Nantes, Carton 449, Fonds « Beyrouth », Cabinet Politique, 1er Versement.
  • [4]
    À l’instar de presque toute la frontière libano-syrienne.
  • [5]
    « Lettre datée du 19 mai 2000, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Liban auprès de l’Organisation des Nations Unies », Organisations des Nations Unies, Documents en ligne, A/54/870/Add.1 – S/2000/443, 19 mai 2000, p. 7.
  • [6]
    Sean Foley, « It Would Surely be the Second : Lebanon, Israel and the Arab-Israeli War of 1967 », Middle East Review of International Affairs, vol. 9, No. 2, Juin 2005, http://meria.idc.ac.il/journal/2005/issue2/Sean%20Foley%20pdf.pdf.
  • [7]
    « Secretary’s Staff Conference », Kissinger Transcripts, Digital National Security Archives, 23 avril 1974, Secret, Minutes, https://acces-distant.sciences-po.fr/ http/nsarchive.chadwyck.com/nsa/documents/KT/01114/all.pdf, p. 4.
  • [8]
    Théoriquement. En pratique, le Hezbollah appelle à la libération des « 7 villages », à résoudre le contentieux du village israélo-libanais de Ghajar, ainsi qu’à régler la douloureuse question des réfugiés palestiniens et à la libération de Jérusalem.
  • [9]
    Marc Henry, « Washington pour une paix verte sur le plateau du Golan », Le Figaro, 13 juillet 2009.
  • [10]
    ROEM : Renseignement d’Origine Électro-Magnétique.
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