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Article de revue

La rente et le confessionnalisme au Liban

Pages 89 à 103

Notes

  • [1]
    Les chiffres sont tires du Rapport Économique Arabe Unifié, Septembre 2006 (annexes).
  • [2]
    Thomas Richter, Christian Steiner, Sectoral Transformation in Ne-patrimonial Rentier States : Tourism Development and State Policy in Egypt, (Leibniz, German Institute for Global Area Studies, Institute of Middle East Studies), N° 61, Novembre 2007, p. 9.
  • [3]
    Ibid.
  • [4]
    Ibid.
  • [5]
    Gibran Khalil Gibran, Le Jardin du Prophète, en arabe Hadiqat al Nabiye, Les Œuvres Complètes, éditées par Jamil Jabre, (Beyrouth, Dar al Jil, 2002), p. 432
  • [6]
    Rapport Économique Arabe Unifié, 2006.
  • [7]
    Arab Fund for Economic and Social Development, Arab Human Development Report 2003 : Building a Knowledge Society, (New York, United Nations, 2004)
  • [8]
    Ibid, p. 56.
  • [9]
    Kamal Dib, Les Seigneurs de la Guerre et les Marchands du Temple : Les Hommes du Pouvoir et de l’Argent au Liban, en arabe, (Beyrouth, Dar al Nahar, 2007). La version originale avait été écrite en anglais : Warlords and Merchants : The Lebanese Business and Political Establishment, (Ithaca, Ithaca Press, 2004).
  • [10]
    Usama Makdissi, The Culture of Sectarianism, (Berkeley, California University Press, 2000), p. 7.
  • [11]
    Daoud Khairallah, “In Search of Legitimacy and Democracy in the Arab World”, Contribution à la Convention des Diplômés Arabes des Universités Américaines, Washington DC, 1er Novembre, 1997).
  • [12]
    Voire l’excellent article par Karim Émile Bitar dans l’Orient Le Jour du 28 Juin 2005.
  • [13]
    Georges Corm, Le Monde, 14/9/2004. La mise en garde de Corm, qui s’est avérée correcte en fin de compte, avait provoqué un tollé dans les rangs de l’ancienne ‘opposition’, aujourd’hui au pouvoir.
  • [14]
    Daoud Khairallah, Analyse soumise à la 15e conférence annuelle du Congrès Nationaliste Arabe tenu à Alger en février 2005.
  • [15]
    Pierre Blanc, Développement régional, cohésion nationale, Confluences Méditerranée, hiver 2005-2006, n° 56, pp.115-129.
  • [16]
    Georges Corm, Conclusion du Liban Contemporain, 2e édition à paraître, automne 2005. Voir également l’article paru dans Le Monde du 14/9/2004 cité plus haut.
  • [17]
    Georges Corm, Géopolitique du Conflit Libanais, (Paris, Éditions La Découverte, 1986), Chapitre 12.
  • [18]
    Georges Corm, Une Introduction au Liban et aux Libanais, en arabe, (Beyrouth, Dar El Jadid, 1996), p. 130.
  • [19]
    Voir l’interview de Fawaz Traboulsi à la LBC 2000.
  • [20]
    Farid El Khazen, The Breakdown of the Lebanese State, (Cambridge, Harvard University Press, 2000). L’auteur, aujourd’hui est député au Parlement, propose la décentralisation de l’État pour accommoder la ‘décentralisation confessionnelle’ déjà en place.
  • [21]
    Makdissi, op.cit.
  • [22]
    L’Organisation Arabe Contre la Corruption est en cours de préparation d’une étude sur l’absence de supervision de ces caisses ! Elle sera disponible au printemps 2009.
  • [23]
    Nader Sarraj, Le Discours du Pot de Vin : une Étude Linguistique et Sociale, en arabe, (Beyrouth, Riad El Rayess Books, 2008).

1 Cet article est inspiré de l’étude principale soumise à un colloque organisé par l’Organisation Arabe Contre la Corruption, tenu le 24 octobre 2008 à Beyrouth. L’audience, constituée d’économistes arabes de renom, d’anciens ministres et de politologues chevronnés, a discuté avec passion la question de l’échec des réformes arabes dans les domaines politique et économique. L’étude originale brossait un tableau de la relation entre les rentes économique et financière, le fondement du système politique mis en place et la corruption dans tous les pays du monde arabe. Le présent article est centré sur la situation libanaise.

2 La thèse principale de l’étude postule que les réformes politiques et économiques entreprises, dans le monde arabe en général et au Liban en particulier, sont vouées à l’échec - échec se manifestant par un développement politique, économique et social particulièrement faible, ou même inexistant. Il est vrai que les facteurs externes aux pays en question expliquent une grande partie de l’échec des réformes, mais il n’en demeure pas moins que, même avec l’absence ou la neutralisation des éléments externes, il existe des éléments structurels et même systémiques qui empêchent les développements politique, économique, social, voire même culturel des pays arabes en général et du Liban en particulier.

3 Le problème fondamental au Liban se situe au niveau du système économique mis en place en parallèle du système politique existant depuis les troubles confessionnels du 19e siècle. C’est de ce système qu’a hérité le Liban l’indépendance en 1943. Il semble émaner de la pensée de Michel Chiha, un politologue libanais du temps de l’indépendance à qui on attribue le système d’une économie de services, vocation dite naturelle du Liban, face à un monde arabe venant juste d’accéder à l’indépendance et dont les structures économiques étaient au mieux embryonnaires. Le Liban servait ainsi d’intermédiaire entre ce Levant arabe et l’Occident pourvoyeur de biens dont ce monde arabe avait besoin.

4 En fait, ce système collait parfaitement avec le fondement du Pacte National qui régissait les rapports politiques entre les diverses communautés constituant le Liban. D’un côté, la constitution émanant de l’esprit de ce pacte avait défini un Liban « au visage arabe », faisant ainsi une concession aux communautés musulmanes pour obtenir leur adhésion à la vie politique libanaise et à leur acceptation de l’entité libanaise (kayane) issue des accords de Sykes-Picot, cette entité étant elle-même une contrepartie à la concession des communautés chrétiennes qui renonçaient à un rattachement à l’Occident, en l’occurrence à la France. Cette double concession, source de malentendus et de suspicions réciproques, constitue la toile de fond du jeu politique communautaire qui persiste jusqu’à aujourd’hui et qui, assurément, entrave le développement.

5 En premier lieu, l’économie de la rente qui s’est mise peu à peu en place est une géne évidente pour les développements économique et social.

Structure de l’Économie Libanaise et Sources de la Rente

6 La structure de l’économie libanaise est axée sur le secteur des services. En effet, le PIB en 2005 [1] était estimé à hauteur de $22 milliards et la contribution des secteurs productifs ne dépassait pas les $6 milliards, soit 27 % à peine du PIB. Par contre, le secteur des services qui regroupe le secteur financier (banques et assurances), le tourisme, le commerce extérieur et le transport était évalué à hauteur de $8,3 milliards ou 38 % du PIB. Quant aux autres services (les services gouvernementaux, le logement notamment), ils se situaient à hauteur de $7,7 milliards, soit 35 %.

7 Ces chiffres révèlent l’extrême prépondérance du secteur des services qui est essentiellement producteur d’une rente financière fortement concentrée entre les mains d’un très faible partie de la population.

8 Le secteur des services est basé sur l’intermédiation entre le producteur original du service et l’utilisateur final, engendrant de ce fait bien souvent une rente. L’intermédiaire exerce ainsi une « souveraineté » qui lui permet de contrôler les circuits de distribution et érige un rempart entre l’origine et la destination finale du service.

9 Il faut bien noter que les services produits par les agents économiques libanais ne sont souvent qu’un recyclage évolué des surplus financiers accumulés dans les pays pétroliers. Ainsi, il n’est pas abusif de souligner que le secteur des services du Liban recycle la rente générée dans les pays pétroliers puis, à son tour, engendre sa propre rente.

10 En fait, plusieurs sources de rente existent au Liban. Mentionnons tout d’abord l’apport des transferts des libanais expatriés tant dans la péninsule arabe que dans le reste du monde. Cet apport se situe aux alentours de $5 milliards en 2005, soit près de 25 % du PIB. C’est une source de revenus pour les Libanais résidents, sans aucun effort de leur part. Il faut noter qu’au Liban aussi bien que dans l’ensemble du monde arabe, la culture de la distribution est prédominante alors que celle de la production de la richesse est moins considérée. Force est d’admettre que le système de solidarité sociale ou takafoul a été bien antérieur à celui de la sécurité sociale... Ainsi, les Libanais où qu’ils soient dans le monde, sont responsables des membres directs et indirects de leur famille. Aussi la pratique des transferts assure-t-elle un revenu aux membres les moins fortunés et ainsi leur survie. Bien sûr, le revers de la médaille de cela réside dans l’incitation à une certaine passivité et tend à diminuer l’intérêt de certains emplois peu rémunérés.

11 Une autre source de la rente est le trafic d’influence. Découlant du système de solidarité sociale, les membres influents de la société libanaise sont obligés, pour asseoir leur base sociale et politique, de fournir des avantages matériels à leurs familles et amis. Cette pratique quasi-millénaire permet de substituer le chef politique, en l’occurrence le chef communautaire, à l’État. Le système communautaire mis en place au Liban est ainsi bien souvent plus fort que les institutions de l’État. Là encore, les avantages octroyés par ces chefs politiques permettent aux bénéficiaires d’assurer une rente à leurs récipiendaires car leurs revenus ne sont pas liés à leurs efforts. Souvent ces « avantages » se traduisent par des concessions économiques qui sont aussi des structures de monopole très pointues et qui engendrent des bénéfices énormes, plus proches de la rente et du bénéfice monopolistique que d’un revenu légitime lié à un effort réel. La lutte pour l’obtention de ces avantages est féroce et fait l’objet d’un trafic qu’il est difficile, sinon impossible, d’endiguer dans les circonstances actuelles.

12 De leur côté, les revenus touristiques sont également générateurs de rente malgré les investissements effectués et les efforts fournis. En effet, les divers sites touristiques du Liban étant assez uniques au monde, une certaine rente de situation existe comme elle existe en d’autres endroits (notamment en Égypte [2]). Ajoutons à cela les activités de tourisme de « récréation » prisées par les Arabes visitant le Liban selon les saisons. L’arrivée des touristes arabes aussi bien que celle des expatriés libanais, qui viennent passer les vacances d’été et religieuses du Fitr et de l’Adha (fêtes célébrant respectivement la fin du jeûne du mois de Ramadan et celle du pèlerinage annuel à La Mecque), créent ainsi une forte activité économique qui s’accompagne d’une augmentation des prix, des loyers, de l’immobilier au point d’engendrer une rente saisonnière.

13 Une source bien développée de rente au Liban est celle qui émane des spéculations immobilières et financières. Il n’existe pas de statistiques bien précises à ce propos en dehors de l’entendement général qui ne nie ni l’existence de la spéculation ni son importance. Quoi qu’il en soit, la spéculation immobilière est un sport quasi-national qui permet à une caste de s’enrichir aux dépens de beaucoup de libanais manquant de ressources et qui sont obligés de vendre le patrimoine familial.

14 A propos de la spéculation foncière au Liban, il faut rappeler le tollé qu’avait suscité l’établissement d’une loi permettant à l’ancien Premier ministre de constituer une société immobilière (Solidère) ayant le monopole de la reconstruction du centre-ville de Beyrouth entièrement détruit par la guerre civile (1975-1990). Rappelons que cette loi empêche ainsi les anciens propriétaires et autres ayants droit de reprendre leurs biens. Les bénéficiaires de cette loi ont été les actionnaires de Solidère, à savoir le Premier ministre Rafic Hariri aujourd’hui disparu, ses amis locaux, régionaux, et d’autres.

15 Le centre-ville a été ainsi reconstruit dans l’optique d’attirer les riches Arabes pour l’achat d’appartements ultra-luxueux. De leur côté, les anciens propriétaires, les Beyrouthins de souche, n’ont eu d’autre choix que d’aller se reloger ailleurs, souvent dans les faubourgs de la capitale, l’immobilier au centre ville étant devenu bien trop cher. La spéculation foncière a ainsi toujours été le moteur de ces transactions qui ne répondaient nullement à un véritable objectif économique, sinon celui d’enrichir de petits groupes rattachés au giron de l’ancien Premier ministre.

16 Un dernier type de rente dérive de l’endettement de l’État qui atteint des niveaux astronomiques. L’ancien ministre des Finances, Georges Corm, a démontré comment la dette accumulée depuis la fin de la guerre civile a servi à détourner l’épargne nationale au profit des bons du Trésor. L’émission de ces bons, à très court terme et à des taux d’intérêt particulièrement élevés, a littéralement drainé l’épargne libanaise et empêché l’investissement dans les secteurs productifs. Le secteur bancaire est particulièrement complaisant à l’égard de cette politique car il ne voit nullement la nécessité d’encourir les tracas des investissements réels, avec les risques et aléas qu’ils comportent. Par contre, il est assuré de revenus de rente particulièrement élevés et sans risque de change du fait de la politique de maintien d’une parité de la livre libanaise quasi fixe avec le dollar.

17 Ainsi, beaucoup de spéculateurs s’endettent dans des monnaies à des taux d’intérêt très bas (durant les années 90 les taux sur le yen et le franc suisse étaient particulièrement bas), convertissent leurs prêts en livres libanaises, achètent les bons du Trésor auxquels sont affixés des coupons très élevés [3] (les taux ont atteint près de 40 % en 1995) et encaissent des revenus, ou plutôt des rentes assurées ! De ce fait la dette publique dont le capital original ne dépassait pas les $5 milliards a explosé avec le service de la dette pour atteindre plus de $45 milliards en 2008 soit prés de 120 % du PIB [4] !

Effets de la culture de la rente au Liban

18 Une des caractéristiques d’une économie basée sur la rente est la faiblesse de la production des biens et services directs dont la société a besoin. Ceci n’est pas nouveau. Traditionnellement, le Liban a pris l’habitude d’importer la quasi-totalité de ses besoins affichant avec une grande désinvolture, voire une certaine insolence, sa dépendance à l’égard de l’extérieur. Mais cette attitude s’est installée avec le temps et pourrait lui correspondre la célèbre imprécation du grand écrivain et poète libanais Gibran Khalil Gibran qui s’écriait, il y a près d’un siècle : « Malheur à la nation où il existe une multitude de sectes mais où la religion est absente, malheur à la nation qui se vêt et qui ne tisse pas ses habits et qui mange et boit ce qu’elle ne presse pas »[5].

19 La faiblesse de production se traduit par un déficit permanent, structurel, et quasi irréversible de la balance commerciale. Celle-ci accusait en 2005 un déficit d’un montant de $7,5 milliards, soit 34 % du PIB [6]. Bien sûr, ce déficit est financé par un afflux de capitaux constitués par les transferts des expatriés, les investissements étrangers et les prêts, mais en termes d’emplois ce n’est pas sans incidences.

20 En outre, étant donné le choix d’encourager l’économie de rentes, l’État libanais ne perçoit en taxes directes et indirectes que près de $5 milliards, soit 22,3 % de son PIB. Entre l’endettement public et la faiblesse de la fiscalité, il ne reste donc pas grand-chose à l’État pour investir dans les infrastructures, promouvoir un secteur productif et développer de façon plus équilibrée son territoire et ses secteurs.

21 Ainsi, l’économie de rente et surtout la culture qu’elle engendre promeuvent l’économie de spéculation, d’intermédiation à caractère monopolistique et spéculatif, mais aussi une extrême vulnérabilité à l’égard de l’extérieur qui se traduit par une grande dépendance et un endettement important.

22 Les conséquences politiques et sociales de la culture de la rente au Liban sont particulièrement désastreuses. Citons à ce propos les effets néfastes sur le niveau des écoles et universités libanaises. L’enseignement public est particulièrement négligé dans le budget de l’État au bénéfice de l’enseignement privé. De par le passé (avant la guerre civile de 1975-1990), le Liban pouvait se vanter d’avoir un système d’enseignement particulièrement pointu tant dans les sciences sociales que dans les sciences pures.

23 Depuis l’avènement de la Seconde république, issue des accords de Taef, le système d’éducation se détériore au profit d’un système compatible avec les exigences d’une économie de services d’intermédiation inspirée de celui qui prévaut dans la péninsule arabe. La prolifération de boutiques d’enseignement supérieur affublées du titre d’universités sans une véritable supervision et un contrôle du curriculum et de la qualité du corps enseignant, de la part de l’État, vise à produire des cadres des administrations des entreprises tant au Liban que dans les pays du Golfe.

24 Le Liban est ainsi devenu un exportateur de cadres spécialisés en gestion des entreprises et dans l’informatique, soit plutôt des emplois dans les économies de rente. Excluant l’innovation productive et la recherche, ce modèle favorise la production de cadres d’affaires qui sont le plus souvent déficients dans le champ du savoir et de la culture générale. Actuellement, le Liban semble ainsi promouvoir « l’ignorance universitaire » qui empêche le développement de l’esprit critique. Malheureusement, cette « ignorance universitaire » va de pair avec le maintien de taux élevés de l’analphabétisme au Liban dans les régions rurales et parmi les femmes. Le Troisième Rapport Arabe sur le Développement Humain publié par le PNUD est éloquent en la matière [7].

25 La culture de la rente tue donc l’innovation et surtout la recherche scientifique. Si au 19ème siècle la terre était la source de la richesse, tandis que le capital industriel était celle du 20e siècle, il apparaît que le 21e siècle fera de la connaissance et du savoir le coeur de la richesse. Et au sein de cette économie fondée sur la connaissance (EFC), la recherche scientifique sera une priorité. Or, les universités libanaises, privées et publiques, mais aussi celles du monde arabe [8], n’ont qu’un budget négligeable pour ne pas dire inexistant consacré à la recherche scientifique. De plus, les centres de recherche scientifique sont quasi inexistants.

26 En outre, la culture de la rente occulte la valorisation de l’effort et la corrélation entre l’effort et le résultat. La « manne divine » qui dispense ses bienfaits rend sans objet la production de la fortune par l’effort. De même que le corps a besoin de l’effort pour son entretien et son bien-être, c’est grâce à l’effort partagé que la société s’épanouit. Mais avec cette occultation disparaît la culture de la responsabilité et de l’interrogation.

27 Ainsi, au premier rang des rentiers, certains chefs politiques qui distribuent la rente n’acceptent pas de rendre des comptes à qui que ce soit. De leur côté, les bénéficiaires de cette distribution de la rente ne trouvent pas la force morale pour demander des comptes à leurs chefs qui les mènent bien souvent dans des aventures désastreuses dont ils se remettent difficilement.

28 De même, une faiblesse fondamentale frappe aussi les élites intellectuelles libanaises qui sont pourtant censées fournir le compas moral et intellectuel de la société. Cette faiblesse se manifeste par une des trois maladies qui peuvent être conjointes dans certains cas. La première maladie est l’exagération de l’importance de son statut : l’intellectuel remplace alors le poète (sha‘er) ou le chantre d’antan. La seconde est que l’intellectuel libanais s’estime dispensé de fournir l’effort nécessaire pour faire aboutir sa pensée. Le fait de penser lui permet de s’exonérer de la responsabilité de mesurer la pertinence de son idée et il n’existe plus de lien entre l’idée et l’effort qui devrait lui être associé pour obtenir le résultat. De ce fait, la production intellectuelle, quand elle existe, ne dépasse guère le vœu pieu et devient ainsi sans conséquence. La troisième pathologie est l’opportunisme de l’intellectuel, bien disposé à devenir l’apologiste d’un système corrompu.

29 D’autre part, la culture de la rente efface les limites entre l’intérêt public et l’intérêt privé. La plupart des responsables politiques libanais (et arabes également) n’ont d’ailleurs aucune notion du conflit d’intérêt. Bon nombre de responsables gouvernementaux maintiennent leurs activités dans le secteur privé et ne se gênent pas d’user de l’influence attachée à leurs fonctions officielles pour consolider leurs affaires privées. Au sein même de la population, il semble que ce système reçoive un accord tacite dès lors qu’elle profite de ses « résultats ».

30 La culture de la rente promeut ainsi une élite minoritaire qui détient les rênes du pays. La distribution de la rente se fait ainsi selon un critère de clientélisme qui est la caractéristique de la structure politique libanaise, ce que nous passons en revue dans la section suivante.

Les pesanteurs du sectarisme politique sur la démocratie et le développement

31 L’économie de rente s’appuie sur une structure politique séculaire établie bien avant l’indépendance du Liban et qui entrave son développement. Dans un ouvrage magistral intitulé « Les seigneurs de la guerre et les marchands du temple », l’écrivain libanais Kamal Dib [9] décrit l’alliance infernale entre les seigneurs confessionnels de la guerre et la caste économique dirigeante.

32 De fait, cette alliance obère la constitution d’un véritable Etat au Liban. L’approche sectaire comme fondement identitaire d’un système politique trouve en fait ses lettres de noblesse dans les capitulations établies par Soliman II et François au XVIe siècle. Un chercheur libanais, Usama Makdissi, estime que la communautarisation était perçue par ses promoteurs comme une approche moderniste et une combinaison heureuse de l’hégémonie européenne et du réformisme ottoman [10]. Mais force est d’admettre avec, Daoud Khairallah, professeur de droit international à l’université de Georgetown à Washington DC, que le sectarisme a pour résultat de bloquer l’évolution de la démocratie et du développement [11], en promouvant des chefs communautaires peu soucieux du développement intégral du pays.

33 Le Liban est bel et bien un Etat de factions qui en fragilisent l’existence. Le factionnalisme (en arabe fi’awiyya) a plusieurs formes telles que le communautarisme (ta’ifiyya), le confessionnalisme (madhabiyya), le tribalisme (kabaliyya), le clanisme (‘asha’iriyya), le régionalisme (manatikiyya) et le corporatisme (comme dans la caste des militaires), qui peuvent se manifester séparément, partiellement ou conjointement. De fait, le système politique au Liban est conçu selon les divers paramètres du factionnalisme. Et ce factionnalisme est bien l’antithèse de la démocratie : force est d’admettre en effet que tout gouvernement basé sur le factionnalisme ne peut qu’engendrer la déstabilisation, la violence et le mal-développement. L’histoire du Liban en est une illustration.

34 En outre, ce factionnalisme divise la société du fait que les protagonistes perçoivent le partage du pouvoir comme un jeu à somme nulle, les gains des uns étant perçus comme les pertes des autres. De fait, ce jeu de somme nulle élimine toute possibilité d’un discours ou projet nationaliste. Par discours ou projet nationaliste, il faut entendre ici tout discours qui porte sur un agenda englobant et touchant tous les Libanais, au-delà des querelles de clocher, des régionalismes, des intérêts de clan ou des sectarismes rétrogrades.

35 D’autre part, il y a bien une relation organique entre le factionnalisme et la corruption - corruption des lois, corruption de l’administration, corruption du pouvoir, et corruption matérielle de la population et de ses représentants. Cette relation organique entre factionnalisme et corruption constitue en fait un cercle vicieux où le premier terme de cette relation renforce l’autre et vice-versa.

36 Particulièrement évident dans le cas du Liban, que ce soit dans son histoire récente ou bien dans son histoire ancienne, le factionnalisme facilite, sinon encourage, l’intervention des puissances étrangères, qu’elles soient internationales ou régionales, dans les affaires nationales. Ainsi les chefs des factions n’hésitent pas à demander la protection étrangère pour affirmer ou confirmer le contrôle sur leurs propres factions et celles des autres si possible. Ainsi la présence syrienne a maintenu au pouvoir pendant 15 ans une alliance entre seigneurs de la guerre et féodaux communautaires, avec la complaisance éhontée des médias libanais totalement inféodés à cette sainte alliance.

37 Après la mort de Rafic Hariri, cette alliance a retrouvé, comme par hasard, des sentiments velléitaires d’indépendance et de liberté, en s’appuyant sur d’autres acteurs internationaux ! Certes, les veillées à la place des Martyrs et les manifestations du mois de mars 2005, tant à la place Riad El Solh qu’à la place des Martyrs, ont alimenté les espoirs d’un mouvement populaire authentique qui aurait pu changer le paysage politique. Pendant une période plutôt brève, bon nombre de soi-disant « experts » des médias occidentaux et de Libanais bien naïfs ont cru au changement. Toutefois, la bande habituelle des suspects, c’est-à-dire les oligarques [12], les seigneurs de la guerre, les féodaux et quasi-féodaux ainsi que les chefs sectaires a bien réussi à kidnapper ce mouvement populaire. De plus, les interventions malencontreuses des diplomaties américaine, française, et même celles des Nations-Unies ont rendu impossible tout débat rationnel sur la loi électorale vilipendée par toutes les parties libanaises. Avant cela, la résolution 1559 a été un facteur de déstabilisation [13] nonobstant sa contradiction flagrante avec les principes mêmes de la Charte des Nations Unies [14]. Enfin, l’accord de Doha du mois de mai 2008 a consacré le discours identitaire en proposant même une loi électorale confessionnelle qui reflète de fait l’osmose entre les ingérences étrangères et la culture confessionnelle de l’élite politique libanaise. Mais ceci n’est bien sûr pas sans dangers.

38 En fin de compte, le factionnalisme est un système clairement défaillant qui ne peut guère produire une société unie autour de ses objectifs existentiels.

39 Un examen attentif de certains points cités ci-dessus appelle les remarques suivantes. Tout d’abord il faut formuler l’hypothèse plausible que la démocratie est une forme de gouvernement souhaitée par tous les Libanais, du moins par leur vaste majorité, et cela malgré les imperfections réelles et/ou imaginaires de ce système de gouvernement, qui semble être le seul à permettre la réalisation des objectifs des Libanais. Toutefois, c’est la formulation même de ces objectifs qui pose le problème car le système politique libanais confessionnel n’a pas permis d’aller vers un consensus sur les buts à atteindre. Plus spécifiquement et fondamentalement, il n’existe pas d’accord sur ce qu’est le Liban et le rôle de l’État. On le voit bien, le pays en tant qu’entité politique et sociale souffre bien d’une profonde division créée par un système hérité d’une période coloniale qui promouvait ses propres intérêts et qui continue de promouvoir ceux de certaines puissances régionales (Israël, Syrie, Arabie saoudite, Iran) ainsi que ceux des grandes puissances. Le Liban en fait n’est désormais qu’une confédération de communautés religieuses et de tribus. Ainsi, l’État est structurellement faible et les diverses tentatives de structuration et de modernisation des institutions ont été mises en échec par la coalition des chefs communautaires et tribaux. Il faut citer à ce propos l’action du Pacte Tripartite qui regroupait les chefs politiques de la communauté maronite, alliés à la coalition du Centre qui, lui, regroupait l’ensemble des familles politiques opposées à l’institutionnalisation des structures de l’État telle que souhaitée et promue par l’ancien chef de l’État Fouad Chéhab.

40 Cet État faible qui a prévalu depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui (c’est-à-dire y compris la période de la guerre civile et la Seconde république issue des accords de Taef) a permis à une économie de laisser-faire d’accroître les disparités sociales et régionales parmi la population libanaise [15]. Et tout symptôme de changement n’a été en fin de compte qu’un simulacre de progrès reflétant le souci de survie plus que celui de changement véritable. De ce fait, le Liban est devenu depuis l’indépendance un « état tampon » [16] qui s’imbrique dans le jeu des rivalités régionales et internationales.

41 En fait, l’establishment politique libanais aime à croire qu’il dispose d’un système démocratique. Il est vrai que les signes extérieurs de la démocratie existent, à savoir l’existence de partis politiques (même si ceux-ci ne disposent que d’une audience communautaire et sectaire à l’exception du Parti Communiste libanais ou du Parti National Social Syrien), d’élections plus ou moins libres et plus ou moins entachées de corruption, d’une séparation des pouvoirs beaucoup plus théorique que réelle, d’une Assemblée nationale qui discute des lois même si en fin de compte elle entérine les desiderata du pouvoir, d’une presse relativement libre (peut-être parce qu’elle suscite des réserves chez les pays « frères »), d’une économie en principe de marché mais qui en fin de compte est dominée par des groupes économiques et financiers particulièrement puissants, d’un système de taxation plutôt amène vis-à-vis des nantis, et finalement d’un gouvernement censé être responsable vis-à-vis du Parlement et du peuple.

42 Mais cette démocratie est en fait bien peu de choses en regard du discours confessionnel qui est si prégnant et particulièrement destructeur. Instrumentalisant la religion pour justifier l’injustifiable, il exacerbe délibérément les peurs, les angoisses, et même les fantasmes pour consolider une mentalité de siège et d’assiégé. Ainsi, la communauté est en danger si les chefs de ladite communauté n’obtiennent pas « leur part du gâteau ». Leur intérêt personnel est assimilé à celui de la communauté. L’exacerbation de la peur de l’Autre déstabilise les efforts d’entente. Un climat de suspicion domine alors le comportement des factions.

43 En outre, le système confessionnel au Liban, censé promouvoir une démocratie entre les communautés, ne reconnaît pas l’égalité entre les Libanais. Cette reconnaissance est restreinte aux communautés auxquelles les Libanais doivent impérativement appartenir. Ainsi, aucun statut n’est accordé au Libanais en dehors de sa communauté. Ce système inique bénéficie de l’appui des structures tribales et patriarcales qui dominent la société libanaise dans son ensemble. Partant, les mobilités horizontale et verticale en sont affectées. Une résultante de ce système contraignant est la limite dans la liberté d’expression, qui est de fait restreinte aux périmètres des communautés. Ceux qui parlent au nom de celles-ci sont des coalitions de chefs féodaux ou semi-féodaux, de chefs religieux ou semi-religieux selon les lignes de démarcation tribales et patriarcales. Aucune voix discordante n’est admise. Plusieurs épisodes sanglants intra-communautaires attestent de la brutalité du système.

44 La conséquence est que le partage du pouvoir est perçu comme un jeu à somme nulle. Les gains des uns sont ressentis comme les pertes des autres. Georges Corm a bien souligné dans une œuvre majeure sur le Liban que la culture de discorde a intrinsèquement pour but d’empêcher toute forme de coopération et de respect entre les communautés, ainsi que tout espoir de paix, de liberté si déterminant en termes de développement [17].

45 Comme on l’a vu, cette perception du partage du pouvoir a pour corollaire la propension des chefs communautaires à recourir à la protection de puissances étrangères qu’elles soient régionales ou internationales. Cet appui recherché est censé consolider la mainmise de ces chefs sur leurs propres communautés et au besoin de l’étendre aux autres. Il y a bel et bien un syndrome consulaire particulièrement affligeant chez ces chefs, qui cherchent très souvent l’occasion de se faire photographier ou de rechercher la compagnie des représentants des puissances étrangères afin de projeter leur propre image de puissance. Il en découle que ces représentants se voient brusquement propulsés en proconsuls et interviennent le plus souvent de manière maladroite, sinon désastreuse, dans les affaires libanaises. Chaque chef confessionnel se comporte en chef d’Etat perpétuant un état de dépendance et de faiblesse vis-à-vis de l’étranger. Le comble se trouve dans la rationalisation de cette faiblesse érigée en « doctrine » où le Liban tirerait sa force à partir de sa faiblesse, d’où la nécessité d’« importer » la sécurité et de vivre dans l’illusion des garanties extérieures. Cette « philosophie » continue aujourd’hui !

46 Le confessionnalisme, forme aiguë du factionnalisme, est donc, à plus d’un titre, antinomique avec la démocratie. Il est même totalitaire dans son essence, empêche le développement d’une communauté de citoyens et étouffe toute velléité d’indépendance. De plus, il s’appuie sur une culture de la peur et du soupçon. Pire encore, il est foncièrement raciste car il promeut une image péjorative de l’Autre. Il est fondé sur l’illusion fallacieuse que la communauté est l’ultime protectrice de ses membres, ce qui est une contradiction en soi du fait que les droits individuels sont subordonnés à ceux de la communauté. De plus, l’histoire a démontré d’une manière irréfutable que le confessionnalisme a engendré, et continuera de le faire, la violence parmi les citoyens. Enfin, la subordination des droits individuels à ceux de la communauté affaiblit les libertés individuelles et limite la responsabilisation et la demande des comptes. Ces libertés individuelles sont prises en otage par les chefs confessionnels [18]. De ce fait, il est possible de conclure que la constitution actuelle issue des accords de Taef est foncièrement antidémocratique car le partage des pouvoirs est en son essence discriminatoire à l’égard des Libanais. L’affiliation communautaire prévaut et est supérieure aux qualifications intrinsèques des aspirants à la vie politique.

47 Tout ces écueils sont édulcorés par une sorte de couverture morale et intellectuelle que les élites donnent au confessionnalisme en célèbrant sa « durabilité » [19], ou « l’inévitabilité » [20], ou son « authenticité puisée dans ses racines historiques » [21]. Les intérêts créés sont ainsi perpétués par une architecture mentale et intellectuelle et occultent les aspirations démocratiques des Libanais en tant qu’individus. Ainsi les lois promulguées continuent à préserver le système, la loi électorale étant la meilleure illustration.

48 Il résulte de ce qui précède que le système confessionnel est une corruption en soi du système de gouvernance politique. La culture confessionnelle ne permet pas l’établissement d’un Etat fort, c’est-à-dire un Etat où les institutions sont établies à la suite d’un contrat social légitimant l’Etat et ne reconnaissant d’autre autorité que celle des institutions de l’Etat. L’objet de l’interaction politique au Liban est tout simplement le partage du pouvoir et non l’établissement de l’Etat. Ainsi, les fonctions administratives et politiques sont distribuées en fonction des intérêts des seigneurs de la guerre et de leurs alliés, les financiers. Quant au pouvoir décisionnel, il se trouve bien souvent entravé, rendant par exemple difficile la mise en oeuvre des politiques publiques porteuses de développement économique et social.

49 Un autre aspect de la corruption du système libanais est le montant exorbitant de la dette qui a à voir avec le fait que les deniers publics sont perçus comme un butin à capturer entre communautés. Un exemple du partage du « butin » de l’Etat est la répartition communautaire des caisses de développement. Les principales communautés se voient octroyer des caisses de financement sans recours ou supervision véritable [22]. Les « ayants droit » politiques en profitent pour s’enrichir. Il en est de même pour les tractations relatives aux ‘privatisations’ de certains secteurs de l’économie (électricité, télécommunications). Quant à la distribution des carburants et du fuel alimentant les secteurs de l’énergie, elle est l’apanage de groupes et de réseaux qui exploitent sans vergogne le délabrement de l’administration libanaise, de la neutralisation du système judiciaire, et qui bénéficient de protections occultes. Tout cela aboutit à la célébration d’une culture de la corruption qui est perçue comme une valeur de haut niveau. Le « corrompu » est célébré comme quelqu’un d’habile (shater). Un ouvrage récent particulièrement savoureux fait l’inventaire du vocabulaire codé de la corruption [23] illustrant ainsi la « popularité » de l’acte !

50 Ainsi, l’économie de rente, le système confessionnel au Liban et la corruption sont les éléments d’une triade qui bloque le développement au Liban, qui neutralise le rôle de l’État et perpétue une situation de tension qui ne profite qu’à l’alliance entre les seigneurs de la guerre, les marchands du temple et les forces externes qui utilisent le Liban comme laboratoire ou champ de bataille des intérêts de ces forces. Il existe toutefois au Liban un mouvement qui œuvre pour le changement. Il reste à savoir s’il pourra y parvenir. ?


Date de mise en ligne : 01/01/2011

https://doi.org/10.3917/come.070.0089

Notes

  • [1]
    Les chiffres sont tires du Rapport Économique Arabe Unifié, Septembre 2006 (annexes).
  • [2]
    Thomas Richter, Christian Steiner, Sectoral Transformation in Ne-patrimonial Rentier States : Tourism Development and State Policy in Egypt, (Leibniz, German Institute for Global Area Studies, Institute of Middle East Studies), N° 61, Novembre 2007, p. 9.
  • [3]
    Ibid.
  • [4]
    Ibid.
  • [5]
    Gibran Khalil Gibran, Le Jardin du Prophète, en arabe Hadiqat al Nabiye, Les Œuvres Complètes, éditées par Jamil Jabre, (Beyrouth, Dar al Jil, 2002), p. 432
  • [6]
    Rapport Économique Arabe Unifié, 2006.
  • [7]
    Arab Fund for Economic and Social Development, Arab Human Development Report 2003 : Building a Knowledge Society, (New York, United Nations, 2004)
  • [8]
    Ibid, p. 56.
  • [9]
    Kamal Dib, Les Seigneurs de la Guerre et les Marchands du Temple : Les Hommes du Pouvoir et de l’Argent au Liban, en arabe, (Beyrouth, Dar al Nahar, 2007). La version originale avait été écrite en anglais : Warlords and Merchants : The Lebanese Business and Political Establishment, (Ithaca, Ithaca Press, 2004).
  • [10]
    Usama Makdissi, The Culture of Sectarianism, (Berkeley, California University Press, 2000), p. 7.
  • [11]
    Daoud Khairallah, “In Search of Legitimacy and Democracy in the Arab World”, Contribution à la Convention des Diplômés Arabes des Universités Américaines, Washington DC, 1er Novembre, 1997).
  • [12]
    Voire l’excellent article par Karim Émile Bitar dans l’Orient Le Jour du 28 Juin 2005.
  • [13]
    Georges Corm, Le Monde, 14/9/2004. La mise en garde de Corm, qui s’est avérée correcte en fin de compte, avait provoqué un tollé dans les rangs de l’ancienne ‘opposition’, aujourd’hui au pouvoir.
  • [14]
    Daoud Khairallah, Analyse soumise à la 15e conférence annuelle du Congrès Nationaliste Arabe tenu à Alger en février 2005.
  • [15]
    Pierre Blanc, Développement régional, cohésion nationale, Confluences Méditerranée, hiver 2005-2006, n° 56, pp.115-129.
  • [16]
    Georges Corm, Conclusion du Liban Contemporain, 2e édition à paraître, automne 2005. Voir également l’article paru dans Le Monde du 14/9/2004 cité plus haut.
  • [17]
    Georges Corm, Géopolitique du Conflit Libanais, (Paris, Éditions La Découverte, 1986), Chapitre 12.
  • [18]
    Georges Corm, Une Introduction au Liban et aux Libanais, en arabe, (Beyrouth, Dar El Jadid, 1996), p. 130.
  • [19]
    Voir l’interview de Fawaz Traboulsi à la LBC 2000.
  • [20]
    Farid El Khazen, The Breakdown of the Lebanese State, (Cambridge, Harvard University Press, 2000). L’auteur, aujourd’hui est député au Parlement, propose la décentralisation de l’État pour accommoder la ‘décentralisation confessionnelle’ déjà en place.
  • [21]
    Makdissi, op.cit.
  • [22]
    L’Organisation Arabe Contre la Corruption est en cours de préparation d’une étude sur l’absence de supervision de ces caisses ! Elle sera disponible au printemps 2009.
  • [23]
    Nader Sarraj, Le Discours du Pot de Vin : une Étude Linguistique et Sociale, en arabe, (Beyrouth, Riad El Rayess Books, 2008).

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