Notes
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[1]
Florence Aubenas, “La condition des femmes”, brochure éditée par l’association Africa de La Courneuve, octobre 2001
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[2]
Souad Khodja in A comme Algériennes, Enal 1991.
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Au moment de la remise de cet article, nous apprenons avec soulagement que le Premier ministre ontarien a interdit l’instauration des tribunaux islamiques d’arbitrage.
“Parler des femmes (…) s’est révélé une difficulté bien plus ardue à surmonter. Une affaire d’Etat, de famille, de quartier. Soudain, personne n’avait plus rien à dire. Ou préférait s’abstenir, à cause d’un frère, d’un père, de voisins. Les femmes ? Silence [1].”
Voile et dépendance
Comment parler du voile après l’adoption de la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école ? Après le déluge d’opinions diverses, plurielles, antagoniques ? Pour ou contre le voile, pour ou contre la loi. Les termes ostensible, ostentatoire, signe, symbole ont fait florès. Mais quel sens a le voile, en général, et à l’école, en particulier ?
2 Le voile serait obéissance à Dieu. Il empêcherait les femmes de séduire les hommes. Il serait l’expression d’une ferveur et d’une décence vis-à-vis de Dieu qui questionne le statut du corps féminin.
Deux versets sur plus de 6400
3 Mais, d’où vient le voile ? Une obligation religieuse ? A y voir de plus près, la place qu’occupe la tenue vestimentaire de la femme dans le Coran est dérisoire : deux versets sur plus de 6400. Selon les spécialistes, ces deux versets n’ont pas un caractère contraignant et ne sont pas clairement énoncés, ce qui a donné lieu à des interprétations diverses.
4 L’interprétation naît dans la tête des hommes et se matérialise sur le corps des femmes. Ce sont les interprétations les plus rigoristes qui tiennent le haut du pavé, qui imposent, ici, le port du voile, de gants et de bas opaques et, là, de couvrir les cheveux et le visage. Hidjab, niqab, djilbab, khimar, burqa : le voile se décline en autant d’interprétations humaines possibles de la chari’a et de l’islam. Ces textes n’apportant pas toutes les réponses, les juristes depuis le début de l’islam se sont essayé à l’effort d’interprétation qui n’est pas d’essence divine. Humain, il est soumis aux pressions, aux préjugés et aux préoccupations du moment.
5 Mais comment une invitation à la décence, commune à toutes les religions d’ailleurs et adressée aussi bien aux hommes qu’aux femmes, devient-elle un outil d’oppression ou un signe ostensible ?
6 Le voile dit islamique est apparu de ce côté-ci de la Méditerranée, non pas dans les premières générations d’immigrées mais parmi de jeunes Françaises, après 1979. Même s’il est minoritaire à l’école, inversement proportionnel au déchaînement de passions qu’il a suscitées, le voile accompagne ou précède un flot d’interdits comme de pratiquer un sport ou de serrer la main d’un homme. Comment ne pas penser aux attaques et aux menaces contre l’athlète algérienne Hassiba Boulmerka, toute championne olympique qu’elle fut, pour avoir osé montrer ses jambes ?
La réalité du voile “voilée”
7 Le déchaînement obscur de passions a “voilé” la réalité du voile. Car s’il avait été appréhendé du strict point de vue de l’égalité des sexes, il n’aurait pas permis que, d’outil d’oppression des femmes qu’il est, sans doute aucun, il n’en devienne un fourre-tout où se mêlent questions identitaires, réels problèmes de discrimination et atteintes à l’égalité des chances dont souffrent les jeunes français, filles et garçons, issus de l’immigration. Les discriminations sont concrètes, le racisme existe, ils les rencontrent. Mais, il y a une propension à recoder un peu vite le voile et cette mise sous scellés des femmes et de leurs droits, en l’expression d’une lutte contre les inégalités et les discriminations. On en oublie que tolérer le voile serait combattre une inégalité par une autre inégalité, moins criante puisqu’elle se drape de respect pour la culture et la religion de l’autre. Une sorte de bonne conscience achetée par la négation du corps des femmes. La lutte contre les discriminations ne devrait-elle pas se faire d’abord avec l’égalité des femmes, pas sur leur dos ? Sans ajouter à la non-mixité sociale criante la non-mixité des sexes mutilante.
8 Il est vrai qu’il est difficile de s’opposer au voile lorsqu’il est brandi comme “une adaptation moderne du voile traditionnel” et qu’“il marque une nouvelle inscription de la femme dans l’ordre social”. Une sorte d’émancipation.
9 Effectivement, entre enfermement et voile, le choix est vite fait. Mais y a-t-il réellement un choix ? Le prix à payer est lourd : on lâche la proie - qu’est le machisme ambiant et conquérant qui impose ce sauf-conduit aux femmes - pour l’ombre qu’est cette pseudo-libération. De quelle émancipation s’agit-il ? De quelle tutelle ces femmes s’émancipent-elles ? Des hommes qui continuent à décider pour elles et à les traiter comme un objet ? Des hommes qui n’ont pas encore fini d’imposer leur machisme dans l’espace privé qu’ils le transposent déjà dans l’espace public dont ils contingentent l’accès ?
10 Comment en sommes-nous arrivés à saluer cette mise au pas et ces restrictions, ces insupportables atteintes aux libertés, comme une avancée ? Cet invraisemblable tour de passe-passe transforme le déni de l’égalité, en emblème de la liberté. Sous prétexte de combattre leur exclusion, on favorise leur exclusion de leur propre vie, de leurs corps.
Pour que respect soit dû
11 Le voile, sauf-conduit, explique vraiment ce pourquoi il est fait, une monnaie d’échange pour que respect soit dû à la femme dans cet espace qui n’est pas le sien et qu’elle transgresse. L’apartheid n’est pas une vision de l’esprit. En 1991, Souad Khodja écrivait : “Toute incursion d’un homme en milieu féminin doit s’accompagner d’une série de manifestations (traîner ostensiblement les pieds, se racler la gorge), pour appeler les femmes à abandonner les positions indisciplinées que prennent les corps sans surveillance. Toute incursion de la femme en milieu masculin doit s’accompagner d’une humiliation du corps, de son pliement, d’un masque de ses attributs sexuels : tête couverte d’un foulard, yeux baissés, épaules recourbées, muscle du corps relâchés [2]”.
12 Avant d’être l’expression d’une révolte ou d’une résistance à saluer devant la marchandisation effrénée et machiste des corps des femmes par la publicité, le voile est en premier lieu la capitulation devant le chantage de ceux qui interdisent aux femmes de sortir sans.
13 Il est à se demander pourquoi le retour de l’ordre moral dénoncé à juste titre lorsqu’il porte atteinte aux droits des femmes de disposer de leurs corps - et la manifestation pour les trente ans de la loi sur l’IVG n’était pas malvenue - serait encouragé et toléré au nom du “droit à la différence” qui conduit inéluctablement à “la différence de droits”.
14 C’est cette logique d’un droit spécifique et différent que va vraisemblablement adopter la province canadienne de l’Ontario. Le gouvernement y examine sérieusement l’éventuelle légalisation de tribunaux d’arbitrage en matière familiale et commerciale basés sur la loi islamique.
15 Il s’apprête à rendre public un rapport sur la légitimité d’une loi datant de 1991 permettant la mise sur pied de tribunaux d’arbitrage basés sur des principes religieux et appelés à trancher les litiges familiaux. De tels tribunaux existent déjà dans la communauté juive. Les tribunaux rabiniques, les beth din, ces “maisons de la loi” peuvent dissoudre des mariages religieux et agir comme médiateurs dans des conflits sur la garde de l’enfant ou le partage des biens, par exemple. Les décisions n’ont pas force de loi mais peuvent être ensuite entérinées par la Cour supérieure s’il n’y a pas de contestation. La démarche fait déjà tâche d’huile, c’est au tour du Québec, sous la poussée d’associations islamiques, de lui emboîter la réflexion.
16 Il est tout de même surprenant qu’un pays comme le Canada puisse être sourd et aveugle aux convulsions qui secouent d’autres cultures, aux luttes des femmes et des hommes pour séculariser les droits dans la famille. Il s’apprête à appliquer une loi spécifique inégalitaire, une régression qu’il refuserait pour la majorité des Canadiens mais qu’il inflige à des ressortissants musulmans sans que les bonnes consciences ne crient à la discrimination [3].
Secouer les clichés et les idées reçues
17 Au moment où en Algérie, au Maroc et dans d’autres pays musulmans, des femmes et des hommes militent pour des lois civiles, égalitaires, sans référence aucune à la religion, la province de l’Ontario, sans mesurer les conséquences qu’une telle mesure puisse avoir sur le monde musulman, pense instaurer des tribunaux islamiques au nom du relativisme culturel. Lorsque les unes avancent vers l’universalité des droits, les autres se replient et se crispent sur une identité désuète et anachronique. Le combat des femmes dans les pays musulmans, non seulement au Maghreb mais au Pakistan, au Bengladesh, en Indonésie est justement occulté. Il serait plus que temps d’ailleurs que l’on torde le cou à cette fâcheuse tendance à identifier les musulmanes au voile alors que leur réalité est multiple, plurielle. De plus, les musulmans ne sont pas la seule communauté à avoir mené la bataille de l’égalité des sexes et pourquoi ne la mèneraient-ils pas ? Il serait utile de secouer les banalités, les idées reçues, les clichés concernant ces sociétés qui souffriraient toutes d’un seul mal et dont la réalité serait recouverte par un seul nom générique : islam. L’Occident est souvent coupé d’une réalité complexe de plus d’un milliard de personnes tristement raccourcie par le voile, l’extrémisme et l’oppression “singulière” des femmes. Or, non seulement tous les intégrismes sont hostiles aux droits des femmes mais des résistances multiples se font jour dans les pays musulmans pour ébranler la mise sous tutelle des femmes, pour briser la dépendance.
Trois pays, trois codes
18 Il y a des actions, des stratégies plurielles pour faire reculer les inégalités. La réalité dans les sociétés musulmanes n’est pas homogène, uniforme. Au Maghreb seulement, sur un socle culturel et religieux commun, trois codes de statut personnel se télescopent, confirmant la multiplicité des interprétations religieuses et leur irrecevabilité, du moins lorsqu’elles entendent régir l’espace public, lieu de la citoyenneté.
19 Les droits des femmes, leur citoyenneté ont pris une autre dimension en ce troisième millénaire, ils sont devenus universels ou appelés à le devenir. Le socle est fait des droits universels de la personne ne souffrant ni particularisme, ni exception qui ne servent qu’à justifier abus et violations.
20 Déjà proclamée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de1948, l’égalité des sexes est réaffirmée par la Convention internationale de 1979 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui devient un précieux outil car des lois discriminatoires demeurent partout.
21 Ni la démocratie, ni la laïcité ne sont systématiquement égalitaires, nous l’avons compris, mais elles donnent les moyens de revendiquer l’égalité en replaçant la religion dans l’ordre du privé, voire de l’intime. La laïcité ne saurait être la panacée même si elle permet de tenir la religion loin de la sphère publique dans le respect s’entend de toutes les religions. A cet effet, il serait juste de faire droit aux pratiques minoritaires, d’ouvrir des mosquées, de tenir compte des interdits alimentaires dans les cantines scolaires pour que la conformité à la République ne soit pas une mutilation. Pour que le droit du sol ne signifie plus le strict droit d’être sur ce sol. L’intégration, si tant est que ce mot soit applicable lorsqu’il s’agit de jeunes filles françaises, se résumerait à garder la tête nue alors qu’il s’agit de la garder haute. Il s’agit de faire en sorte que ces jeunes filles ne soient plus atteintes par la propagande intégriste car les conditions seront réunies pour l’épanouissement de la personne quelles que soient ses origines.
22 Les filles voilées ne sont pas une menace pour la République, elles sont l’expression de son échec. Cette loi était nécessaire du point de vue de l’égalité mais en faire ostensiblement une question religieuse pour aborder un débat plus général sur la place des religions dans un pays laïque, plus qu’étonnant, était discutable. La donne était faussée et les exégèses ont fusé de partout. Le voile interdit ou autorisé empêche de voir ce qu’il recouvre et ce que la République ne veut pas voir.
23 S’inquiétant à juste titre de l’exclusion induite par la loi sur les signes religieux à l’école, les partisans du voile à l’école semblent ignorer les autres discriminations dont souffrent ces jeunes filles. Ils admettent que pour s’opposer, se révolter contre le déni de leurs droits, ces jeunes filles n’aient trouvé comme moyen d’expression que le déni de leur corps. Ce n’est pas une visibilité de la révolte ou de la contestation puisque le voile est l’expression de la soumission.
La culture n’est pas fixée pour l’éternité
24 Plus que de soutien au voile, les jeunes filles issues de l’immigration ont besoin de lois égalitaires dans le travail, dans la famille, dans la société et dans la représentation publique. Comme toutes les femmes de la planète.
25 L’ardeur des défenseurs du voile est parfois suspecte surtout lorsqu’elle se drape de respect de la liberté de l’autre, l’étrangère, que l’on veut maintenir dans ce statut avec une identité à part.
26 Accepter le voile, c’est également affirmer que la culture qui l’impose est fixée pour l’éternité sans que rien ni personne puisse y changer quoi que ce soit. Il n’existe pas de culture fixée pour l’éternité. Il est curieux de noter que des hommes de religion tels que Soheib Bencheikh, mufti de Marseille, ceux qui prônent un islam plus conforme à son temps sont rejetés comme inauthentiques, et par les tenants d’un islam pur et dur, et par ceux qui pensent que l’islam restera en l’état, qu’il n’évoluera pas.
27 Permettre le voile c’est admettre qu’il y a deux zones. C’est la tentation d’acheter la paix dans les établissements scolaires avec le corps de celles qui refusent de se plier au diktat. Permettre le voile c’est renoncer à ses responsabilités. C’est laisser celles qui refusent la soumission se débrouiller toutes seules car elles auront pris la responsabilité de subir, de se faire insulter.
28 Permettre le voile à l’école c’est se résigner à avoir deux France, deux lois, deux mondes. Laisser le voile proliférer c’est refuser de voir ce qu’il cache de politique d’immigration ratées, d’échec pour la République. Or, il faut s’éloigner de la religion pour s’attaquer aux problèmes sociaux dont souffre l’immigration. Se demander pourquoi ce besoin de s’approprier une identité faite de fetwas, inconnues des mères, et d’interdits plus grands que ceux connus jusqu’ici ?
29 Permettre le voile c’est se donner bonne conscience lorsque l’impuissance et l’inertie gagnent face à l’échec scolaire, la délinquance, les discriminations. Le foulard, le voile ne dérangent que celles et ceux attachés à une véritable égalité entre les sexes et entre les citoyens de ce pays, car la révolte dont la visibilité est confinée aux corps des femmes est circonscrite. Les filles voilées représentent effectivement un danger pour celles qui ne le portent pas qu’elles stigmatisent par comparaison. Faire du voile une norme en l’acceptant à l’école, c’est ouvrir la voie au conflit avec d’autres normes telles que la mixité et le sport.
Au nom du combat pour l’égalité, une inégalité : le voile
30 Au nom de la liberté, on devrait tolérer le voile. Il s’agit de la liberté des hommes qui décident pour les femmes. De ceux qui manifestent et appellent à s’opposer à la loi. Ils parlent à la place des femmes. Ce ne sont pas toujours ceux de la famille proche qui imposent ce diktat, c’est le bouche à oreille, le charisme d’intellectuels transformés en télé-prêcheurs. Leurs stratégies sont multiples pour inciter au port du voile et leurs slogans simplistes et alléchants .
31 Un bourrage de crâne qui fait fléchir les plus sceptiques, qui instille le doute et agit insidieusement par l’exemple. Au nom du combat pour l’égalité on commence par appliquer une inégalité : le voile. Le respect du choix des unes va-t-il jusqu’à dénier aux autres la possibilité de dire non, de refuser le voile. Non, ce n’est pas une insulte de dire que celles qui le portent ne sont pas libres. Elles ont intériorisé l’idée de leur infériorité. On leur a fait croire qu’elles sont les gardiennes de la tradition, des valeurs ancestrales : c’est-à-dire de la perpétuation de la domination masculine. Gardiennes de leur propre domination. L’inégalité est également intériorisée c’est à la femme seule que revient l’obligation de décence. Le voile est une déclaration de dépendance.
32 C’est lorsque le discours féministe s’emballe pour voler au secours de ceux qui nient aux femmes leurs droits que la confusion est à son comble. Faut-il ajouter au contexte social actuel, où s’installe un antiféminisme ravageur, les divisions navrantes induites par le débat sur le voile ? A moins de vouloir faire le jeu des machistes et des tenants du patriarcat. Les islamistes sont dans leur rôle lorsqu’ils revendiquent une place à part pour eux et pour les femmes. Les femmes sont dans le leur de vouloir éliminer toute discrimination quelle qu’en soit l’origine.
33 Ne faut-il pas s’interroger sur la levée de boucliers qui accueille le mouvement Ni putes, ni soumises ? Cette hostilité est-elle simplement due aux “dérives” politiques des animatrices ou bien est-ce trop difficile de combattre le racisme ordinaire qui stigmatise les mâles arabes et musulmans qui seraient plus enclins au machisme, à la violence, que les autres. Une sorte de déterminisme qui annihilerait tout. Oui, les propos du mouvement sont mis à profit et apportent de pleines brassées au bûcher monté par les racismes de tous bords. Mais pour ne pas attiser les préjugés, qui existaient bien avant la création du mouvement, et que le 11 septembre a si bien chauffé, faut-il hypocritement fermer les yeux sur le fait que des jeunes filles ne sont plus libres de leurs mouvements, de leur tenue vestimentaire, de leur corps. Après tout, il est peut-être plus simple d’accuser ce mouvement d’en rajouter. Faut-il se taire pour ne pas amplifier les clichés ? Comment se peut-il que celles qui dénoncent les crimes, les atteintes à l’intégrité morale et physique des femmes soient condamnées pour que ceux qui commettent ces crimes ne soient pas stigmatisés ? Qui est à condamner ? Elles devraient taire l’innommable et ajouter aux crimes, dont les musulmans sont loin de détenir l’exclusivité, l’abominable silence.
34 Le racisme se combat par la parole et les actes. Il est curieux de voir comme la parole de cette organisation dérange surtout les hommes et des femmes qui voudraient tordre le cou aux clichés et mettre fin à la stigmatisation. Oui, il y a des discriminations qu’il faut combattre avec détermination sans laisser un pouce de terrain à une quelconque autre once d’inégalité et encore moins envers les femmes. Les jeunes filles dans les quartiers ou les cités cherchent les moyens de se libérer sans trahir leurs origines. Elles doivent tout inventer. Combler ce hiatus entre ce qu’elles veulent être et ce qui leur est proposé ou imposé. La hardiesse des parcours est là pour témoigner qu’il existe une autre issue pour les femmes et élargir le choix douteux entre string et voile. Entre deux diktat.
Plus de voile, c’est moins de liberté
35 Stigmatiser le corps des femmes ou des communautés ? Le choix n’a pas lieu d’être. Dire, c’est donner corps à ces corps qu’on veut cacher. Il serait peut-être temps de questionner cette société qui reçoit la dénonciation de la violence comme une énième preuve de l’oppression singulière des femmes chez les musulmans.
36 Alors, plus le voile prolifèrera sous prétexte de liberté moins il y aura de liberté pour toutes celles qui le refusent, qui rejettent les dogmes pour ouvrir la voie à une lecture nouvelle des textes religieux ou tout simplement pour réclamer des lois civiles égalitaires, loin de la religion. ?
Notes
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Florence Aubenas, “La condition des femmes”, brochure éditée par l’association Africa de La Courneuve, octobre 2001
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Souad Khodja in A comme Algériennes, Enal 1991.
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Au moment de la remise de cet article, nous apprenons avec soulagement que le Premier ministre ontarien a interdit l’instauration des tribunaux islamiques d’arbitrage.