1- Confluences Méditerranée : Quel bilan tirez-vous de votre dernier congrès, qui n’était, incontestablement, pas le congrès de l’unification du fis puisque certains dirigeants historiques s’en sont retirés à la dernière minute ou se sont opposés à sa tenue et l’ont boycotté ?
2Mourad Dhina : Nous étions conscients dès le début que réaliser un congrès du fis relèverait du défi ; c’était un impératif surtout interne pour le parti. Depuis le coup d’Etat de 1992 et jusqu’à la tenue du congrès, le fis renvoyait à des termes généraux, assez vagues. Une personne extérieure, et je dirais même appartenant au fis, avait du mal à situer les buts du parti, à saisir son programme et son projet, ainsi que ses positions sur des dossiers importants comme la démocratie, la femme. En outre, un vide organisationnel important pesait sur notre parti. Dès lors, tenir un congrès était à la fois une exigence et un défi.
3Aussi nous étions conscients des limites inhérentes à cette initiative. Je pense cependant, sans être euphorique, que le fait que le congrès ait pu se tenir a été un premier succès. L’adoption de résolutions claires, de statuts, de règlements internes, de plates-formes politiques sont les signes de ce succès. La rédaction de ces textes a pris du temps. Et des dizaines de personnes ont travaillé longtemps pour les produire. Le résultat final constitue à mon sens un pas très important sur la scène politique algérienne. Très peu de partis algériens ont, en effet, su produire un tel travail. L’aspect qui peut être négatif, ce serait effectivement le retrait de certaines personnalités du fis pour des considérations politiciennes. Sans entrer dans les détails, et tout en évitant la langue de bois, je pense que le fis à l’instar de n’importe quel parti connaît des tiraillements et des courants d’idées. Toutefois, la controverse a été quand même tranchée par la prise de position assez claire des dirigeants du fis en faveur de ce congrès. C’est le cas notamment de Abassi Madani. La tenue de ce congrès n’est certes pas une fin en soi, bien au contraire ce n’est qu’un début. Les petits problèmes – et ce n’est pas pour les minimiser – entre personnes ne pourront en réalité être résolus que dans un cadre normal permettant au parti de reprendre son activité dans la légalité.
4- Ainsi donc le retrait d’un dirigeant comme Rabeh Kébir ne s’explique-t-il pas par la présence de divergences politiques fondamentales avec l’équipe qui a organisé le congrès ?
5Non, avec R. Kébir il y a une divergence politique. Ce dernier s’est d’emblée positionné contre le congrès et contre la volonté des dirigeants historiques du fis. Il s’est enfermé dans le cadre des accords signés entre l’Armée islamique du salut (ais) et l’armée algérienne. Or ces accords ont été rejetés par la quasi-totalité des dirigeants du fis. Kébir et ses proches s’éloignent de plus en plus du parti. Et même l’armée algérienne qui était censée leur donner une certaine crédibilité les a en fait laissé tomber par la suite.
6Par contre, avec d’autres militants du fis, le problème est plutôt d’ordre générationnel et renvoie à des visions différentes de certaines questions comme la question kabyle. Mais je pense que nous restons quand même dans le cadre unifié du fis traversé comme toute organisation politique par un débat d’idées qui se poursuivra pendant un certain moment.
7- Vous avez évoqué l’accord conclu entre l’ais et l’armée algérienne. Pouvez-vous nous expliquer votre position ainsi que celle du fis sur cette question ?
8La position du fis a été sujette à controverse parce que le parti était difficilement identifiable. Il y avait une chose et son contraire. Personnellement, dès l’amorce de la trêve, je m’étais clairement exprimé contre. Ma position m’avait valu d’être classé parmi les radicaux, les durs du fis, les va-t-en-guerre. Pourtant à l’époque j’avais expliqué qu’il ne s’agissait pas d’être par principe contre toute solution négociée. Tout indiquait à l’époque que l’intention des services secrets était de mater la lutte armée et de prononcer la dissolution de l’ais. L’objectif était de mettre à l’écart l’aile politique et les dirigeants du fis dans la mesure où l’accord avait été négocié sans les politiques du fis, et le but était de consommer la dissolution du fis. Les dirigeants du fis ne voyaient pas d’un bon œil l’ais en raison de ses contacts avec un clan de l’armée, celui-là même qui avait organisé le coup d’Etat de janvier 1992 et la répression dans le pays.
9Je pense que le temps nous a donné raison. Très peu de gens croient aujourd’hui en cet accord. L’ais ou ce qui en reste est traversé par de grands tiraillements. Ses porte-voix sont en porte-à-faux et ne savent pas très bien quoi faire. En témoigne leur revirement lors des élections présidentielles de 1999 quand ils ont, une semaine avant le scrutin, appelé à voter Bouteflika après avoir appelé à voter pour Taleb Ibrahimi. Ce manque de stratégie et cette approche très complaisante pourraient s’expliquer par de la naïveté politique, mais peut-être par une autre raison que le fis doit crucialement élucider.
10Quoi qu’il en soit, sur un plan politique, il y a deux faits essentiels : d’abord le fis n’a jamais proclamé ni reconnu avoir un bras armé. Ensuite, hormis quelques initiatives individuelles, la trêve telle que négociée et signée par l’ais n’a jamais été cautionnée par le fis. Hachani a même payé de sa vie son opposition à l’accord. Au lendemain de son assassinat, on a voulu manipuler la vérité en expliquant que Hachani avait été tué par des extrémistes en raison de son soutien à la trêve. Mais cette version a eu la vie courte. Personnellement pour avoir été en contact permanent avec lui, je sais qu’il était farouchement opposé à la démarche de l’ais. Ce n’était d’ailleurs un secret pour personne. Aujourd’hui, l’ais est discréditée auprès de la population qui ne comprend pas sa politique. Les membres de l’ais qui ont pris les armes et le maquis pour défendre une cause se sont par la suite arrêtés pour des raisons qui demeurent obscures. A ce jour, personne n’ose dire de quoi il s’agit. Pour nous la trêve a été un coup de bluff. Il s’agit d’une constante dans ce régime militaire. On a en quelque sorte tenté d’enterrer une bonne fois pour toutes le fis, mais la manœuvre n’a pas marché et plusieurs militants du fis et surtout Hachani ont énormément pesé sur sa mise en échec.
11- Certains dirigeants du fis, notamment Rabah Kébir qui était le porte-parole de votre parti à l’étranger, se revendiquaient de l’ais.
12Dans les années 94, le fis était une machine énorme, mais gérée d’une façon totalement ridicule ; il n’y avait ni institutions, ni règlement intérieur ni même une vraie direction. Je ne veux pas faire de Kébir la brebis galeuse du fis. Mais je pense qu’il existe toute une série de circonstances qui l’ont poussé à prendre cette position. L’extrême faiblesse institutionnelle du fis lui a permis d’agir comme il l’entendait, voire selon certains d’abuser d’une part de la légitimité dont il bénéficiait à sa sortie d’Algérie. A l’époque il avait effectivement pour mission de représenter le fis. Néanmoins, il a été par la suite clairement désavoué.
13- Que représente réellement ce congrès d’un point de vue militant ?
14Il représente beaucoup, surtout après l’appui clair et sans ambiguïté de Abassi Madani. Mais disons que pour la base, il y a eu des textes, des documents qui ont été adoptés. Le fis issu de ce congrès est un fis fidèle à ses origines, à ses leaders, intransigeant sur ses principes, mais aussi un fis ouvert, qui a fait un effort de restructuration, d’explication de son message. Le soutien des chouyoukh à notre congrès montre qu’une vaste majorité des gens à l’intérieur du pays sont avec ce congrès.
15- Si on regarde un peu en arrière en revenant sur la période d’avant le coup d’Etat de janvier 1992, le fis représentait une force politique importante qui disputait le pouvoir. Onze ans plus tard, guerre civile, chaos social et économique sont les traits caractéristiques de la décennie écoulée en Algérie. Le fis n’assume-t-il pas une part de responsabilité dans cette évolution ? Quel bilan a été tiré, lors de votre dernier congrès ? Et cela a-t-il des conséquences directes sur votre élaboration stratégique ?
16Faire des bilans est toujours un exercice périlleux. Toutefois il importe de préciser certains aspects. Le fis a été une formation politique originale et particulière sur la scène politique algérienne. Le fis n’était ni le pags ni le fln et encore moins le hms. D’abord, le fis s’appuyait sur le charisme de ses deux dirigeants historiques. Ali Belhaj et Abassi Madani avaient une présence envahissante au sein du fis. Un sermon à Alger de Belhadj ne passait pas inaperçu. De par ses références idéologiques, le fis a fait une synthèse nationaliste, bien sûr islamique. Le fis a été dès son origine proche du petit peuple en assumant pleinement ses revendications et en se plaçant du côté des opprimés.
17Le fis, contrairement à un mouvement comme celui des Oulamas, n’a été ni élitiste ni conservateur. Cette démarcation lui a permis de ratisser très large et d’intégrer aussi bien des intellectuels de haut niveau que des travailleurs, des femmes engagées. Je pense que si l’on devait faire un bilan des années 90, il est clair que le parti assume une responsabilité dans les événements d’Algérie. Toutefois, cette responsabilité doit être évoquée non pas dans un sens négatif, mais pour mettre en avant l’objectif du fis en faveur d’un changement réel dans la nature du régime algérien. Le fis a toujours agi et agit toujours non pas pour un changement cosmétique ou clientéliste du régime mais pour un changement radical qui donne le vrai pouvoir au peuple algérien. Et c’est ce point essentiel qui explique la démence des dictateurs à son égard. Personnellement sur ce plan, je suis un petit peu fataliste. Si on regarde l’histoire de l’humanité, on observe que tous les changements, dans tous les pays, se sont malheureusement accompagnés de violences. Même dans les grandes démocraties, que ce soit aux Etats-Unis, en France, en Angleterre, en Suisse ou ailleurs, le changement s’est toujours fait, malheureusement, dans la douleur et la violence.
18- Certains observateurs mettent en avant également les erreurs politiques du fis et sa sous-estimation des rapports de forces en ce qui concerne par exemple le déclenchement de la grève générale de mai 1991 ?
19Des erreurs, il y en a eu… Bien sûr il y a eu des erreurs d’appréciation, de la naïveté. J’en veux pour exemple la naïveté de Abassi Madani qui sort satisfait de son accord verbal avec le gouvernement le 29 juin 1991, pour se faire arrêter le lendemain, le 30 juin. Je ne veux pas être prétentieux, mais nous ferons tout pour éviter ce genre d’erreurs. Plus jamais nous ne mènerons des négociations secrètes avec ce régime. Il y a eu des erreurs tactiques, voire peut-être stratégiques. Certaines pourraient être revues. Pour juin 1991, personnellement je ne pense pas qu’il s’agissait d’une erreur. La grève générale était une autre étape du soulèvement d’octobre 1988. Elle a montré que la société civile pouvait s’opposer au régime en place. C’était malheureusement un avertissement indiquant que la confrontation pouvait aller plus loin.
20C’est vrai qu’en regardant les choses en face, la violence qui s’en est suivie et la guerre qui s’est installée en Algérie ne peuvent être rassurantes pour n’importe quelle personne normalement constituée. Mais pouvait-on espérer un changement de régime par la voie douce ? Personnellement je ne crois pas aux révolutions feutrées. Quoi qu’il en soit, le grand défi interne pour nous aujourd’hui est de concilier nos références idéologiques avec les exigences du siècle où nous vivons. Nous prenons conscience que désormais il faut passer à une autre étape…
21- Vous vous intégrez donc dans la perspective de moderniser l’islam ?
22Je suis très terre-à-terre ; je pense qu’il s’agit d’un impératif pour notre mouvement. Je suis fier et aussi optimiste pour l’Algérie, par rapport aux autres pays arabes et musulmans. Certes nous avons payé de notre sang. Certes notre pays a connu des horreurs qui nous font trembler. Mais contrairement à d’autres pays, je pense que l’Algérie a connu des évolutions qui seront difficilement remises en cause. Tout comme l’Algérien n’accepte plus la dictature de la casquette, il n’acceptera pas la dictature du turban et nous nous en félicitons.
23Aussi, sur un plan politique, je ne vous cacherai pas que nous avons aussi dans le fis des visions que je qualifie de « flniste ». Il s’agit de cette tendance à imposer la mainmise du parti sur le pays tout entier et à ne pas faire de distinction entre la chose privée et la chose publique. Certains dirigeants du fis – qui l’ont quitté depuis – pensaient avoir le droit d’aller demander au maire de Msila le meilleur lot de terrains dans la ville.
24En tant que parti qui est arrivé aux portes du pouvoir, nous avons en quelque sorte perçu la réalité et l’immensité de la tâche. Cette prise de conscience pousse tout militant à se poser des questions franches sur sa capacité à honorer ses engagements, et surtout à concilier ses principes défendus haut et fort avec la réalité concrète. Il existe mille et un problèmes que l’on se devait de résoudre. Nous sommes, à titre d’exemple, contre l’usure bancaire (l’intérêt). Mais comment gérer cette question sur le plan pratique ? Aujourd’hui, nous œuvrons pour lancer ce type de débats.
25D’un autre côté, l’Algérie a conservé des acquis, comparativement à d’autres pays arabes ou musulmans. La presse, malgré la manipulation, conserve des marges certaines de liberté. Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître certains aspects positifs en Algérie. Je me sens mieux d’être algérien dans ce contexte-là, plutôt qu’égyptien, tunisien ou saoudien.
26- Comment le fis issu de ce congrès envisage-t-il la question de l’Etat islamique ?
27Je pense que nous n’avons pas de problème avec la vision de l’Etat républicain, qui donne au citoyen à la fois le droit de choisir ses gouvernants et aussi de les démettre. Le choix d’un projet de société par les citoyens est un droit inaliénable. Il faut donc garantir la liberté du choix dans les domaines associatif, médiatique, etc… Là où il pourrait y avoir conflit, et où nous le revendiquons aussi honnêtement, c’est notre référence à des notions idéologiques comme la charia.
28Nous considérons qu’en tant que musulmans nous vivons un vide aussi bien intellectuel que juridique. La charia n’a pas été pratiquée dans notre pays. Elle demeure, en tout état de cause, théorique. Sa mise en application dans notre environnement nécessiterait des études sociologiques permettant de faire une jonction adéquate entre les notions doctrinales théoriques et les aspects pratiques en matière de législation dans la société. En ce sens notre objectif est de faire adopter des lois par la voie d’un appareil législatif élu, un personnel formé, soutenu par des règlements et des lois votées par le peuple. Le plus urgent pour le fis aujourd’hui est de mettre en avant des principes de base, à savoir que le peuple doit être souverain, qu’il doit y avoir l’alternance, une pluralité politique, etc.
29- Que pensez-vous de la victoire du Parti de la justice et du développement en Turquie (akp) ?
30Nous nous réjouissons de cette victoire. Ce sont des cadres jeunes, compétents, attachés aux valeurs de leur pays, de leur culture, qui ont gagné la confiance de leur peuple. M. Ardogan est très connu en Turquie. Il a été le meilleur maire qu’a connu la Turquie. A Istanbul, il a résolu des problèmes réputés insolubles. Il a rompu ainsi avec la gestion corrompue de son prédécesseur qui se targuait d’appartenir à la gauche révolutionnaire, moderniste, etc. Le parti turc gère bien le pays, en tenant compte des spécificités de la Turquie. Il s’agit d’un exemple qui pourrait être suivi dans d’autres pays musulmans.
31- Quelle est votre analyse du gspc ?
32C’est toujours difficile de parler des groupes armés. Au début de leur apparition en 1992, on savait plus ou moins qui était qui. Ils étaient à l’époque pour la plupart issus des rangs du fis. Les choses ont évolué depuis au point d’avoir des gens tristement célèbres comme Zitouni, qui venait de nulle part, et qui a bénéficié d’une aura incompréhensible et symbolisé les horreurs qu’a connues l’Algérie. Quant au gspc, il s’agit d’un groupe qui cherche à se montrer comme une organisation radicalement opposée au pouvoir. Ce constat s’impose compte tenu des attaques ciblées du gspc contre les militaires et de ses prises de position en faveur de la population de Kabylie. Ainsi de ce point de vue nous n’avons pas de raison de douter de ce groupe. Néanmoins, dans un pays comme l’Algérie, connu pour le poids des manipulations, nous avons quelques réserves au sujet de ce groupe. Le gspc comprend des militaires dans ses rangs. Dans un pays comme l’Algérie, ce fait suscite toujours des interrogations. Les médias ont essayé de suggérer que le gspc avait des liens avec Al-Qaïda. Je ne donne pas de crédit à une telle hypothèse d’autant plus que le gspc a rendu public un communiqué, juste après les attentats du 11 septembre, où il les condamnait clairement. Nous ne connaissons pas la majeure partie des combattants du gspc mais nous avons quelques informations sur l’un de ses dirigeants.
33- Il s’agit d’un ancien militant du fis ?
34Oui mais il était assez jeune ; il a été membre du fis à ses débuts. Ce n’est donc pas une personne inconnue pour le fis. D’ailleurs certains membres de sa famille étaient membres du fis et trois ou quatre de ses frères ont été tués dans le maquis. Toutefois, certaines sphères de son organisation suscitent des interrogations pour le fis. Certes, nous n’avons aucune preuve de leur infiltration, mais nous sommes très prudents. Par ailleurs nous disons aujourd’hui clairement que le fis, en tant que parti politique, ne mène pas d’action armée. Cependant et comme le congrès l’a clairement proclamé, nous pensons qu’une solution à la crise algérienne doit inclure les groupes armés opposés au pouvoir.
35- Ainsi donc le fis issu de ce congrès met un point final à la lutte armée ?
36Le fis n’a jamais participé à la lutte armée. C’est pourquoi nous voulons remettre les choses au point aujourd’hui. L’épisode ais n’a pas été une décision du fis émanant de ses instances les plus représentatives ni de ses deux leaders, ni même d’Hachani.
37- Pourtant lors de sa dernière conférence de presse avec Abassi Madani, la veille de leur arrestation, Ali Belhadj appelait clairement à la résistance armée…
38Je partage son point de vue. Nous disons que devant l’action d’un pouvoir tyrannique, il est du droit du peuple de résister en portant des armes. Il s’agit là d’une position que nous revendiquons haut et fort. Je pense que toute démocratie, toute Constitution, tout pays, reconnaît ce droit à son peuple. Au lendemain du coup d’Etat de janvier 1992, les gens qui ont subi la répression dans leur corps étaient dans leur droit de prendre les armes. C’était, bien entendu, ce que cherchait le pouvoir. Mais le fis en tant que structure n’avait pas à s’immiscer et ne s’est, en fait, pas prononcé sur cette question. Le martyr Mohamed Saïd a d’ailleurs eu l’honnêteté intellectuelle de dire, quand il a rejoint le maquis, qu’il l’a fait hors du cadre du fis. Il avait clairement affirmé qu’il avait rejoint le gia, qu’il supposait non infiltré à l’époque, parce qu’il ne croyait plus en une solution politique à la crise intérieure.
39- Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2004, quelle démarche allez-vous adopter ?
40Nous sommes en train d’apprécier la situation. Face à ces élections nous avons plusieurs possibilités ; certaines pourraient surprendre. Mais rien n’est encore décidé à ce sujet. Néanmoins, plusieurs principes guident notre positionnement. Tout d’abord, en tant que parti nous ne donnerons notre appui à une personne ou à un parti que dans la perspective où existe un engagement formel à ce que le fis soit réhabilité au lendemain de l’échéance électorale. Car nous n’avons pas à soutenir des personnes qui ne nous soutiennent pas.
41- Est-ce que vous envisagez de présenter un candidat ?
42Cette solution est en discussion. En tout état de cause, nous pensons marquer notre présence, d’une façon ou d’une autre, lors de ces élections.
43- Ali Belhadj devrait être théoriquement libéré en juillet prochain. Si le pouvoir décide de prolonger sa détention pour une raison ou une autre comment le fis réagira-t-il ? Allez-vous vous contenter d’un communiqué de dénonciation ?
44Tout le but de notre réflexion et de notre action est de dépasser ce stade de réaction aux événements que vous venez de mentionner. Nous préparons une autre étape d’action. La libération des deux leaders en juillet prochain est pour nous indiscutable. Nous comptons utiliser tous les moyens légitimes pour faire en sorte que leur libération soit appliquée, et qu’ils soient libérés en bénéficiant de tous leurs droits.