Notes
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[1]
Une première version de ce texte est parue en anglais dans un volume en hommage à Paul Roazen?: T. Dufresne (sous la direction de), Freud Under Analysis, Northvale, N. J., Londres, Jason Aronson, 1997, p.?147-153.
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[2]
O. Flournoy, «?Métapsychologie?», dans 100 Years of Psychoanalysis, édition spéciale des Cahiers psychiatriques genevois, Londres, Karnac Books, p.?267-270?; trad. fr. Le Coq-Héron, «?Cent ans de psychanalyse?», n°?134, 1994.
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[3]
Paris, Gallimard, coll. «?Tel?», n°?313, 2001.
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[4]
E. Falzeder, «?The threads of psychoanalytic filiations or psychoanalysis taking effect?», Cahiers psychiatriques genevois, édition spéciale, Londres, Karnac Books, pp.169-198.
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[5]
C. Bonomi, «?Pourquoi avons-nous ignoré Freud le pédiatre???», Le Coq-Héron, «?Cent ans de psychanalyse?», n°?134, 1994.
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[6]
H. Heine, cité dans S.?Freud, S. Ferenczi, Correspondance (1908-1914), Tome I, éd. établie par E.?Brabant, E. Falzeder, P.?Giampieri-Deutsch, sous la dir. de A. Haynal, transcrit par I. Meyer-Palmedo, Paris, Calmann-Lévy, 1992.
1Paul Roazen était un des historiens les plus féconds de la psychanalyse. Il nous a laissé un grand nombre d’ouvrages et d’articles, et d’innombrables entretiens avec des psychanalystes qui font partie de nos grands anciens, ou qui les ont connus. Dans cet article, nous chercherons à comprendre ce qui a pu porter ce professeur de sciences sociales à partager avec la communauté psychanalytique cette extraordinaire curiosité pour la vie des pionniers de la psychanalyse.
2Dans sa belle intervention au congrès «?Cent ans de psychanalyse?», tenu à Genève en septembre 1993? [2], Olivier Flournoy s’étonnait de l’inépuisable curiosité des psychanalystes pour la vie privée de leurs grands ancêtres. Il y note, fort justement, que la psychanalyse est la seule science où l’on rencontre une telle avidité de tout savoir sur les pionniers de la profession, et il conseillait à ses collègues d’abandonner ces investigations indiscrètes pour tourner leur intérêt vers des sujets qui lui paraissaient plus dignes de leur attention.
3Tout d’abord frappée par la pertinence de cette observation j’en suis néanmoins venue à me demander s’il n’y avait pas quand même quelques bonnes raisons pour que les analystes, dans leur grande majorité, s’attachent aussi passionnément à l’exploration des aspects les plus personnels de la vie des fondateurs de leur science.
4De fait, la psychanalyse nous a appris combien ces détails intimes sont porteurs de signification chez chacun d’entre nous. Dans aucune autre science on ne travaille autant avec sa personnalité propre, ses particularités, son vécu, ses sentiments, ses rêves, ses fantasmes, ses désirs, bref, avec tous les éléments de sa propre subjectivité, qu’en psychanalyse. Il est donc légitime de penser que la psychanalyse, telle que nous l’ont léguée nos anciens, avec ses théories et ses techniques, prend sa source au plus profond de la vie privée de ces pionniers, dans les recoins les plus secrets de leur monde intérieur. On comprend mieux alors l’intensité de la motivation qui incite leurs héritiers à vouloir pénétrer ces couches profondes où ont pris naissance le savoir et la pratique auxquels eux-mêmes ont voué leur existence. Et une des voies principales qui s’offrent à eux pour ce faire, à côté de l’étude attentive de leurs œuvres, c’est la connaissance de la vie privée de ces fondateurs. La spécificité même de leur métier les y incite. Ceci dit, on peut se demander si cette curiosité particulière n’était pas déjà présente chez eux auparavant, si elle n’a pas contribué à déterminer leur choix professionnel. On retombe ainsi sur une question souvent abordée?: à quelles motivations profondes correspond le choix du métier de psychanalyste?? Elles sont variées, sans doute, mais ne peut-on pas aussi supposer l’existence de quelques facteurs communs à tous??
5Tout d’abord, il y a la curiosité, pour peu qu’aucune inhibition ne vienne poser son interdit, le désir de comprendre le monde qui nous entoure, qu’on retrouve sans doute chez tous ceux dont la profession implique l’investigation de quelque domaine que ce soit. Cette curiosité de nature scientifique est assurément sous-tendue par une curiosité de nature plus primitive?: la curiosité de l’enfant pour le monde qu’il vient de rencontrer et notamment la vie intime des adultes qui l’entourent, en premier lieu les parents. Cette curiosité-là se retrouve chez tout être humain?; une part plus ou moins importante en subsiste tout au long de la vie. L’origine sans doute du succès d’ouvrages tels que Anatole France en pantoufles, Marcel Proust raconté par sa bonne, le Journal de Samuel Pepys, ainsi que de toutes les biographies, autobiographies, correspondances et journaux intimes qui foisonnent dans la littérature. On pourrait même inclure dans cette liste l’intérêt que suscitent indiscutablement les journaux à scandale et les rubriques de faits divers. Notons que ces publications traitent de préférence de l’histoire intime des célébrités de ce monde, familles régnantes, gouvernants, comédiens, artistes, voire grands criminels. Tous personnages particulièrement aptes pour représenter des substituts de parents et autres «?grandes personnes?» de notre enfance. Parmi tous leurs secrets, ceux qui semblent passionner le plus le public concernent les détails de leur vie sexuelle.
6C’est un fait d’observation que la plupart des humains, parvenus à l’âge adulte, conservent au fond d’eux-mêmes une image fantasmatique idéalisée de ce qui serait un «?véritable?» adulte tel qu’ils se l’imaginaient dans l’enfance. Peu d’entre eux ont l’impression d’avoir atteint une telle maturité authentique, que ce soit sur le plan professionnel ou celui de la vie privée. Ils ne cesseront de chercher à découvrir comment il faudrait être pour pouvoir se sentir vraiment et indiscutablement adulte. C’est parmi ces «?grands?», qui excitent tant leur curiosité, qu’ils cherchent des modèles auxquels s’identifier. Certains se contentent d’imiter leur coiffure, leurs vêtements, leurs attitudes?; d’autres cherchent à reproduire leurs qualités plus profondes.
7Bien sûr, les psychanalystes et candidats psychanalystes n’échappent pas à un modèle aussi universel. Il se peut même que chez eux cette motivation soit particulièrement impérative. Leur curiosité, d’ailleurs souvent imprégnée d’une certaine dose d’inquiétude, est autant tournée vers leur propre monde intérieur que vers celui de leurs modèles prestigieux.
8Une fois engagé dans le cursus psychanalytique, tout concourt à exacerber encore cette curiosité, présente depuis l’enfance comme nous l’avons vu. Tout élève – dans tous les domaines – cherche à s’approprier le savoir, réel ou supposé, de ses «?maîtres?». En psychanalyse, la formation commence d’une façon tout à fait particulière, par une analyse personnelle où il n’est guère question d’acquisition d’un savoir. Il est même déconseillé de chercher à l’acquérir prématurément. Le candidat part à la rencontre de lui-même. On pourrait penser qu’il apprend ainsi à gagner son indépendance et à ne pas chercher de modèles en dehors de lui-même. Il faut bien constater qu’il n’en est rien, du moins pendant un bon moment. Le candidat se trouve confronté à un personnage appelé à jouer dans son théâtre intérieur les rôles les plus variés, lui faisant acquérir ainsi une importance considérable. Tous ses faits et gestes, toutes ses expressions, ses manifestations publiques ou privées sont interprétées, mises en rapport plus ou moins direct par le candidat avec lui-même. Tout est propre à susciter en lui une réaction émotionnelle plus ou moins intense. Ce phénomène – le transfert – peut atteindre une puissance considérable?: dans une lettre écrite à Freud après sa brève analyse avec celui-ci, Ferenczi parle de «?la fournaise du transfert?».
9Puis les candidats, après leur analyse personnelle, commencent à travailler avec leurs premiers cas, dont ils discutent avec un ou plusieurs superviseurs, qui viendront à leur tour occuper une place plus ou moins prestigieuse, plus ou moins ambivalente dans l’univers intérieur de leurs supervisés. Ajoutons qu’à la fin de leur formation les jeunes analystes se retrouvent le plus souvent dans le même groupe que leurs formateurs, ce qui ne favorise pas la résolution du transfert, toujours difficile, à jamais incomplète. Ni d’ailleurs la résolution du contre-transfert des formateurs. C’est ce qui explique sans doute l’intense circulation des commérages, petites intrigues et autres tensions que l’on rencontre dans les milieux psychanalytiques comme dans toute autre société humaine, qu’il s’agisse de psychanalystes, de pêcheurs à la ligne ou de clubs sportifs… Que certains y participent et que d’autres s’en tiennent à l’écart dépend sans doute du degré de refoulement de leur curiosité primitive.
10Quelque chose du même ordre transférentiel se retrouve à l’égard de ces grands anciens qui, par leurs œuvres, ont marqué la pensée psychanalytique et la vie de toute la communauté des analystes. Il y en a qui adoptent leurs thèses en bloc?: chacun a pu constater la passion avec laquelle certains s’attachent à l’école de tel ou tel maître, du présent ou du passé, disséquant avec un respect craintif leurs moindres paroles, reprenant fidèlement leurs formulations et leurs façons de faire. Cette identification et ce transfert massifs ne favorisent pas beaucoup l’évolution des qualités professionnelles. Mais il arrive que, peu à peu, la passion s’atténue, que le candidat se sente de plus en plus en mesure d’évaluer ce que lui-même, avec son propre caractère, sa propre sensibilité, peut faire de l’enseignement de ce maître, et que le profond respect pour l’œuvre du grand ancêtre se transforme en utilisation judicieuse de celle-ci.
11Mentionnons également l’éventualité d’un transfert négatif dont certains maîtres sont victimes, du moins pendant un certain temps. La curiosité à leur égard est alors bloquée par une condamnation venant d’un côté prestigieux. Ferenczi et Rank ont subi ce sort?: pendant longtemps ils étaient confinés dans une boîte bien fermée par des jugements définitifs?: fous, déviants, sans intérêt. Les rares éléments biographiques qui circulaient à leur propos étaient souvent faux, confus, déformés. Il était entendu que lire leurs œuvres n’avait aucun intérêt. Mais il y a toujours des curieux indisciplinés qui vont précisément fouiner là où on leur dit qu’il n’y a rien à voir?; ainsi les œuvres écartées pour une raison ou une autre, quand elles ont de la valeur, finissent toujours par émerger.
12Cette curiosité «?infantile?» porte aussi sur les «?filiations?» analytiques?: qui a été l’analyste de celui qui a analysé l’analyste de notre propre analyste?? Des études passionnantes ont été consacrées à ce sujet. Mentionnons à cet égard l’ouvrage remarquable de Wladimir Granoff, Filiations. L’avenir du complexe d’Œdipe? [3], trop riche en substance pour pouvoir être résumé ici, ou «?L’arbre généalogique?» établi par Ernst Falzeder? [4] qui cherche à mettre en évidence les multiples transmissions croisées dont cette généalogie peut rendre compte.
13Le transfert sur nos grands ancêtres ne se nourrit pas seulement de l’empreinte dont leurs œuvres ont marqué la pensée psychanalytique. Il puise également dans leurs écrits plus personnels, plus ou moins intimes?: journaux, correspondances, carnets de notes, éventuellement œuvres littéraires. Les notes brèves que Freud jetait sur papier quotidiennement ont été publiées, et les poèmes d’amour de Ferenczi à Gizella Pálos le seront sans doute un jour. Puis viennent les récits et souvenirs de leurs descendants et autres membres de leur famille, leurs élèves, leurs médecins, leurs amis, leurs serviteurs. À partir de tous ces textes, d’innombrables articles et ouvrages s’efforcent d’analyser la vie, les origines, les influences, les faits, gestes et paroles de ces pères et mères de la psychanalyse. Certains en tirent des travaux fort intéressants, par exemple Carlo Bonomi quand il cherche à comprendre, en partant de propos de Freud et de quelques points de sa biographie, pourquoi celui-ci a voulu occulter son expérience de pédiatre, qui a pourtant occupé dix années de sa vie? [5]. D’autres en resteront à une forme de curiosité plus infantile en cherchant à découvrir jusqu’où Freud a poussé son intimité avec sa belle-sœur Minna Bernays, ou Ferenczi avec Elma, la fille de Gizella, sa future épouse.
14Il semble donc effectivement que cette sorte de curiosité est profondément ancrée dans la psyché humaine, et qu’elle est, comme nous l’avons pensé, particulièrement intense chez ceux qui s’orientent vers la psychanalyse.
15On pourrait se demander à quoi bon céder à ce penchant infantile, et vouloir remonter aux sources intimes profondes des anciens, reconstituer les racines de leur démarche?? Pourquoi ne pas réfréner cette curiosité et se contenter de leurs productions sous la forme élaborée par laquelle ils ont voulu nous les transmettre?? Chacun pourra ensuite utiliser ces productions à sa manière, les étudier, les critiquer, les enrichir de ses propres trouvailles. Un tel objectif suffirait à remplir une vie. Y aurait-il d’autres motifs que la curiosité infantile pour pousser les investigations jusqu’à la limite de l’indiscrétion, voire au-delà?? Pourquoi vouloir à toute force s’introduire dans la cuisine intérieure où se mitonnent les inventions??
16La question se pose cependant?: peut-on considérer une œuvre, une production, comme étant entièrement détachée de son auteur?? Certes, il est souvent impossible de faire autrement?: nous ne saurons jamais qui a peint les fresques de Lascaux ou qui a sculpté la merveilleuse tête de la reine Nefertiti qu’on peut admirer à Berlin. Mais quel triomphe lorsqu’on parvient de temps en temps à identifier un de ces créateurs anonymes?! Et dès que nous l’avons découvert, nous cherchons à analyser, à interpréter, à tirer des conclusions. La sensibilité psychanalytique a sa place dans ces recherches, même s’il ne s’agit pas là de psychanalyse. Tout comme les études de Freud sur Léonard de Vinci ou Michel-Ange ne sont pas de la psychanalyse, mais un ensemble d’hypothèses stimulant la réflexion.
17Notre «?curiosité transférentielle?» contient ainsi toute la variété des sentiments qu’implique un transfert?: amour, intérêt sincère, respect, reconnaissance, mais aussi haine, jalousie, rivalité. Les sentiments positifs poussent à chercher à découvrir à partir de quels mouvements intérieurs ces premiers analystes ont construit leurs inventions?; ce qui a amené Freud à entreprendre son autoanalyse et à dévoiler les secrets de ses propres rêves?; comment Ferenczi a pu remonter jusqu’à ses propres traumas infantiles et comprendre leur mécanisme et leurs effets?; etc. Leur courage appelle notre respect et notre admiration. Les sentiments plus négatifs nourrissent les recherches visant à repérer les domaines plus secrets, éventuellement gênants, leurs faiblesses, leurs insuffisances, leurs erreurs et échecs. Le critique implacable y trouve de quoi remonter dans l’estime qu’il a de lui-même?; ces faiblesses qu’il a constatées chez le grand ancien, il ne les aurait pas eues, ses erreurs, il ne les aurait pas commises, puisqu’il est capable de les repérer. Certains vont même jusqu’à l’agression violente, voire la tentative de meurtre posthume de ces ancêtres par trop prestigieux à leurs yeux. Ils cherchent à les détruire moralement et scientifiquement, montrer les origines mesquines de leurs trouvailles, copiées sur d’autres, ou qui n’auraient été faites que pour essayer de résoudre de petits problèmes très personnels. L’histoire d’une telle tentative d’assassinat contre Ferenczi et Rank est bien connue. Il y en a eu d’autres depuis, notamment contre Freud.
18La jalousie à l’égard de ces grands inventeurs ne va pas nécessairement aussi loin. D’aucuns se contentent de regretter que les anciens aient déjà défriché le terrain, découvert l’essentiel, ne laissant à leurs descendants que la possibilité de gérer, de commenter le savoir dont ils ont hérité, ou de continuer dans la mesure de leurs possibilités sur des voies déjà ouvertes. Chez d’autres on rencontre le désir de constater que ces anciens prestigieux étaient des humains comme eux-mêmes, qu’ils n’étaient donc pas inégalables, écrasants, mais des modèles stimulants pour leurs descendants. Ceux-là cherchent à ancrer dans l’humain, le semblable, le partageable, l’œuvre qui, sinon, risquerait d’être magnifiée et figée en une sorte de dogme intangible, de parole sacrée, qui inhiberait la pensée plutôt qu’elle ne la féconderait. D’autant que la tentation est grande de se protéger derrière quelques certitudes jamais remises en cause. Comme toute forteresse, celles-ci nous enferment en même temps qu’elles nous protègent. La curiosité infantile se trouve parfois contrariée par la soumission infantile.
19Quels que soient les aspects positifs de ces recherches initiées par la curiosité – qu’on l’appelle infantile ou scientifique –, s’introduire dans l’intimité d’autrui constitue bel et bien une violation de sa vie privée, une effraction de secrets qui n’étaient pas destinés à être révélés. Une telle démarche, fût-elle profitable à l’accroissement de nos connaissances, soulève des interrogations. Comment décider si ouvrir les tombeaux égyptiens, extraire les momies de leurs bandelettes, ou disséquer un cadavre congelé depuis des millénaires est un sacrilège, un manque de respect, ou une démarche scientifique légitime?? Combien d’années faut-il pour que la vie privée devienne de l’Histoire?? Pour que l’intimité d’une personne devienne objet de recherche?? Au bout de combien de temps peut-on s’autoriser à soumettre leurs objets, leurs écrits, voire leur corps aux extraordinaires moyens d’investigation chimiques, électroniques, informatiques, optiques, psychologiques dont on dispose actuellement?? La limite entre science, irrespect et indiscrétion est bien difficile à déterminer.
20Les avis sont largement divergents. Dans les Mémoires de Heinrich Heine on peut lire ces lignes qu’Ernst Falzeder a souhaité placer en exergue du tome I de la Correspondance Freud-Ferenczi dont il est un des commentateurs?:
«?C’est un acte interdit et immoral que de publier ne serait-ce qu’une ligne d’un auteur qu’il n’aurait pas lui-même destinée au grand public?; ceci vaut tout particulièrement pour des lettres adr`1essées à des personnes privées. Celui qui les fait imprimer ou publier se rend coupable d’une félonie qui mérite le mépris? [6].?»
22Paul Roazen, puisque c’est à lui et à son travail d’historien que ce texte veut rendre hommage, partage avec les psychanalystes cette curiosité primitive exacerbée, puisqu’il est devenu historien de la psychanalyse. Il se trouvera un jour un chercheur qui entreprendra d’analyser sa biographie pour découvrir dans ses écrits, ses confidences, ses faits et gestes, les raisons profondes de cette orientation de ses intérêts.
23Ses écrits n’ont pas manqué de susciter passions et controverses. Car s’il était un historien consciencieux et fiable qui n’avançait que des faits avérés et dûment contrôlés, le regard qu’il portait sur ces faits ne pouvait être que subjectif. Tout aussi subjectif que le regard de ses lecteurs sur ses écrits.
Mots-clés éditeurs : vie privée, histoire de la psychanalyse, curiosité infantile
Date de mise en ligne : 27/12/2011
https://doi.org/10.3917/cohe.207.0096Notes
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[1]
Une première version de ce texte est parue en anglais dans un volume en hommage à Paul Roazen?: T. Dufresne (sous la direction de), Freud Under Analysis, Northvale, N. J., Londres, Jason Aronson, 1997, p.?147-153.
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[2]
O. Flournoy, «?Métapsychologie?», dans 100 Years of Psychoanalysis, édition spéciale des Cahiers psychiatriques genevois, Londres, Karnac Books, p.?267-270?; trad. fr. Le Coq-Héron, «?Cent ans de psychanalyse?», n°?134, 1994.
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[3]
Paris, Gallimard, coll. «?Tel?», n°?313, 2001.
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[4]
E. Falzeder, «?The threads of psychoanalytic filiations or psychoanalysis taking effect?», Cahiers psychiatriques genevois, édition spéciale, Londres, Karnac Books, pp.169-198.
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[5]
C. Bonomi, «?Pourquoi avons-nous ignoré Freud le pédiatre???», Le Coq-Héron, «?Cent ans de psychanalyse?», n°?134, 1994.
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[6]
H. Heine, cité dans S.?Freud, S. Ferenczi, Correspondance (1908-1914), Tome I, éd. établie par E.?Brabant, E. Falzeder, P.?Giampieri-Deutsch, sous la dir. de A. Haynal, transcrit par I. Meyer-Palmedo, Paris, Calmann-Lévy, 1992.