Couverture de COHE_206

Article de revue

Logique du soin en psychothérapie institutionnelle

Pages 98 à 106

Notes

  • [1]
    Nous intervenons à la clinique de La Borde depuis huit ans en tant que monitrice bénévole, plusieurs mois par an.
  • [2]
    Depuis 2005, l’appellation n’est plus « hôpital de jour » mais « Alternatives à l’hospitalisation de jour ».
  • [3]
    H. Simon, Une thérapeutique plus active à l’hôpital psychiatrique, Berlin et Leipzig, Ed. Walter de Gruyter, 1929 (trad. fr. Hôpital psychiatrique de Saint-Alban, inédite).
  • [4]
    P. Balvet, L. Bonnafé, A. Chaurand, G. Daumézon, F. Tosquelles… La liste n’est pas exhaustive.
  • [5]
    Le concept d’« asepsie » a été inventé par Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), médecin obstétricien austro-hongrois.
  • [6]
    Par extension de la conception classique des résistances dans la cure, il s’agira ici des mécanismes de défenses (clivages, dénis, fuites, etc.) suscités par le contact avec la psychose.
  • [7]
    Ce syntagme désigne ce qui de l’existence intervient dans la posture professionnelle du soignant et dans son implication.
  • [8]
    La « rencontre » est un concept phénoménologique utilisé par Jean Oury, désignant le caractère évènementiel de la survenue d’autrui, dans J. Oury, « Rencontre et inférences abductives », dans La rencontre, éd. par Thierry Goguel d’Allondans et Liliane Goldsztaub, Strasbourg, Arcanes, 2000, p. 43-52.
  • [9]
    Ce syntagme associe au transfert le processus de dissociation selon une proposition de J. Oury (pour exprimer la dissociation du transfert schizophrénique) ainsi que l’aspect multiréférentiel mis en avant par F. Tosquelles (pour désigner les multiples points de référence du transfert psychotique).
  • [10]
    J. Oury, « L’homme et sa folie » (1977), dans Onze heures du soir à La Borde, Paris, Galilée, 1980, p. 213.
  • [11]
    F. Tosquelles, « Introduction au problème du transfert en psychothérapie institutionnelle », Revue de psychothérapie institutionnelle, n° 1, 1965, p. 9-19.
  • [12]
    Nous reprenons ici le terme employé par François Tosquelles, ibid., p. 13.
  • [13]
    Auto et hétéro-agressifs.
  • [14]
    Le Comité hospitalier est une association loi 1901, composée de façon paritaire de malades, de représentants de l’établissement ainsi que de personnalités extérieures aux soins.
  • [15]
    F. Tosquelles, Éducation et psychothérapie institutionnelle, Mantes, Hiatus, 1984, p. 34.
  • [16]
    La forme en oxymore de ce syntagme se justifie par la tension toujours présente entre « proche » et « lointain » : assumer le proche dans le lointain et vice versa.
  • [17]
    F. Tosquelles, « Introduction au problème du transfert en psychothérapie Institutionnelle », Revue de psychothérapie institutionnelle, Lecques, Champ Social, n° 1, 1965, p. 18.
  • [18]
    J. Oury, « Pathique et fonction d’accueil en psychothérapie institutionnelle », dans Le contact, éd. par Jacques Schotte, Bruxelles, de Boeck, 1990, p. 118.
  • [19]
    Nous entendons par « complexe de castration » le processus d’effacement et de retrait psychique minimum nécessaire à l’accueil du sujet psychotique.
  • [20]
    La teneur « révolutionnaire » de l’énoncé manifeste certainement l’état d’esprit qui régnait alors parmi les inspirateurs de ce texte.
  • [21]
    « Histoires de La Borde », Recherches, n° 21, mars-avril 1976.
  • [22]
    J. Oury, « Formation et institutions psychiatriques », dans M. Sapir (sous la direction de), Formation et institutions soignantes, Grenoble, La Pensée sauvage, 1992, nouv. édition, J. Oury, Itinéraires de formation, Paris, Hermann, 2008, p. 26.
  • [23]
    Philippe Bichon, psychiatre à La Borde.
  • [24]
    P. Bichon, « À propos des réunions institutionnelles », Institutions, avril 2007, n° 39, p. 43.
  • [25]
    J. Oury, « Structure et vie quotidienne. Corrélation entre constellations et fonction-1 », dans P. Delion (sous la direction de), Psychose, vie quotidienne et psychothérapie institutionnelle, Toulouse, érès, 2006, p. 21.
  • [26]
    Nous renvoyons à la réflexion plus large de Ginette Michaud sur le travail nécessaire de l’analyste dans son ouvrage Essais sur la schizophrénie et le traitement des psychoses, Toulouse, érès, 2004, p. 122-123. Ginette Michaud est psychiatre-psychanalyste. Elle est l’auteur de La Borde, un pari nécessaire, De la notion d’institution à la psychothérapie institutionnelle (Paris, Gauthiers-Villars, Interférences, 1977). Elle a par ailleurs cofondé Euro-Psy, association créée dans les années 1980 par des enseignants de l’ufr de sciences humaines cliniques de Paris VII (J. Manenti, J. Dor, A. Vanier) ainsi que Jacques de Jouffroy, afin d’œuvrer à une réflexion à la fois clinique, psychanalytique et institutionnelle dans un ensemble d’enseignements regroupés sous le titre de « Psychanalyse, psychose et institutions ».
  • [27]
    Que Jean Oury résume sous la formule : « Qu’est-ce que je fous là ? » formule qui illustre un des axiomes de la psychothérapie institutionnelle. Pour exemple, J. Oury, Le Collectif, Paris, éd. du Scarabée, 1986, p. 84.
  • [28]
    Ibid.
  • [29]
    J. Blandin, R. Gentis, « La formation du personnel infirmier des hôpitaux psychiatriques », Rapport introductif aux débats d’une réunion d’étude de la XIIIe Assemblée fédérale des Sociétés de Croix-Marine, Orléans, oct. 1964, p. 163.
  • [30]
    Ibid.
  • [31]
    Ibid., p. 163.
  • [32]
    J. Oury, « Contribution au problème de la formation professionnelle en psychiatrie », Rapport au IVe Congrès international de psychothérapie, Barcelone, septembre 1958, p. 52.
  • [33]
    J. Blandin, R. Gentis, op. cit., p. 152-153.
  • [34]
    Les « feuillets roses » étaient utilisés dans les années 1950 afin de transcrire chaque soir ce qui constituait le quotidien de la journée des personnes hospitalisées. Ils figurent toujours dans les dossiers.
  • [35]
    J. Ayme, « La participation des infirmiers à la psychothérapie », Rapport présenté au Groupe de Sèvres, 26 avril 1959, L’information psychiatrique, n° 8, octobre 1959, p. 475-485, p. 483. (J. Ayme [1924-2011], psychiatre, psychanalyste, acteur important de la psychothérapie institutionnelle.) Nous évoquerons pour notre part une suspension (épochè) de cette hiérarchie.
  • [36]
    J. Oury, « Peut-on parler de concept de réunion ? » (1966), dans Psychiatrie et psychothérapie institutionnelle, Lecques, Ed. du Champ social, 2001, p. 155.
  • [37]
    Ibid., p. 159.
  • [38]
    Par « situations » nous entendons les manifestations transférentielles. Celles-ci peuvent impliquer aussi bien l’humain que le non-humain.
  • [39]
    J. Oury, « Structure et vie quotidienne. Corrélation entre constellations et fonction-1 », op. cit., p. 25.
  • [40]
    Le « point de rassemblement » concerne la constitution de l’individu en tant que sujet et être de désir.

1Notre réflexion s’appuie sur le travail auprès de patients psychotiques hospitalisés à la clinique de La Borde [1]. Il s’agit d’un établissement psychiatrique privé (agréé et conventionné par la Sécurité sociale) situé dans le Loir-et-Cher. Elle héberge 107 patients hospitalisés, psychotiques et névrosés graves, avec une majorité de schizophrènes. La clinique reçoit également 160 personnes en hôpital de jour [2]. Le personnel (environ 80 personnes) se compose de psychiatres (six), de psychologues, d’infirmiers, de psychanalystes, d’aides-soignants, de personnel technique (jardinier, peintre, menuisier, cuisiniers, etc.), d’ergothérapeutes, et personnel administratif. La place accordée au personnel dans l’institution (et sa diversité) joue ainsi un rôle très important dans le dispositif de soin.

2La conception du soin à La Borde trouve ses fondements dans le mouvement de la psychothérapie institutionnelle et s’origine dans un mouvement plus ancien de désaliénation et de critique de la dimension concentrationnaire des établissements psychiatriques. Cette critique s’origine de la réflexion du psychiatre allemand Hermann Simon (1867-1947) qui affirme qu’il faut « soigner l’hôpital pour soigner le malade [3] ». Selon lui, l’établissement, comme un individu, peut être malade, et dans ce cas pathogène pour ses occupants. C’est-à-dire que l’établissement peut engendrer certains symptômes réactionnels chez les pensionnaires et le personnel.

3À cette première réflexion s’adjoint celle suscitée par l’expérience des totalitarismes et de la Seconde Guerre mondiale, qui va entraîner une critique de la conception du soin en ce qu’elle est susceptible de révéler une désubjectivation et une déshumanisation de même nature que celles à l’œuvre dans le dispositif concentrationnaire (dispositif dans lequel se retrouvent pris les aliénés dans les asiles).

4La question que se poseront les premiers psychiatres institutionnalistes [4] concernera les conditions d’hospitalisation du malade : quelles sont les précautions minimales nécessaires pour ne pas redoubler la pathologie du malade par des symptômes provoqués par l’environnement ? L’un des pionniers du mouvement, le psychiatre catalan François Tosquelles, va s’inspirer d’un concept issu du champ chirurgical, celui d’« asepsie [5] », qui consiste en une « suspension » des préjugés à l’égard du malade et, plus généralement, lors de toute rencontre. Cette « suspension » permet de dialectiser la posture soignant/soigné et autorise en outre une réflexion sur le cadre institutionnel, en analysant de façon permanente et « naïve » les « résistances [6] » émanant du personnel et de l’hôpital.

5Sont ainsi posées les bases de la psychothérapie institutionnelle : l’hôpital est considéré comme un instrument de soins, incluant une analyse permanente de l’institution et du personnel selon une visée thérapeutique. Par ailleurs, l’hôpital est entendu comme un organisme vivant intégré à la société, donc échangeant avec elle, les malades étant impliqués dans la vie sociale par des responsabilités les réintégrant à un réel circuit d’échanges dans et hors les murs. Il s’agit alors d’instaurer des liens sociaux au sein d’un espace où le « psychotique » puisse se construire comme sujet. Le collectif (membres du personnel et personnes hospitalisées) fonctionne alors comme une microsociété où ces liens permettent au sujet d’occuper une place comme sujet responsable. Dans cette nouvelle organisation du soin, les soignants sont sollicités au niveau de leur compétence existentielle [7], afin de pouvoir établir avec chaque patient des liens d’un nouveau genre qui tiennent compte de la singularité de chacun. Il s’agit, dès lors, d’être dans une disposition psychique personnelle et collective qui permet la rencontre [8] avec le sujet et ce, dans un processus permanent d’accueil.

Le processus permanent d’accueil

6L’accueil représente l’un des concepts fondamentaux caractérisant le dispositif de soin selon la psychothérapie institutionnelle et constituant un présupposé éthique. L’accueil consiste en une posture quotidienne de la part des pensionnaires et du personnel soignant : c’est un processus permanent. Il est en cela une « fonction soignante » que partagent et incarnent ceux qui prennent soin de l’autre. Par ailleurs, cette fonction d’accueil « partagée » par les différentes personnes au sein de la clinique permet ainsi à chacun de passer outre les statuts et d’occuper une place, de jouer un rôle thérapeutique.

7Une fois posés les principes et conceptions de l’accueil du sujet, il est nécessaire d’envisager les modalités de cet accueil en réponse aux préjugés touchant à la maladie mentale. Celle-ci étant considérée comme une possibilité inhérente à chaque être humain, la dialectique normal/pathologique est travaillée et chaque sujet est considéré comme être de désir.

Accueil et transfert

8Dans le mouvement de psychothérapie institutionnelle, les psychiatres institutionnalistes postulent un transfert chez le sujet psychotique d’une nature différente de celle du transfert névrosé, relevant du délire, de la dissociation. C’est ce que Jean Oury a appelé « le transfert dissocié multiréférentiel [9] », en cela qu’il se diffracte en plusieurs points de projection et/ou d’identification projective sur des humains, des non-humains, des lieux, des choses : ce qui se présente dans l’échange n’est pas toujours humain. Jean Oury parle ainsi des transferts multiples sur un médecin, un âne, le chien du coin, les infirmiers ou d’autres malades, et précise que : « C’est dans cette sorte de dispersion, c’est à ce niveau-là qu’on doit pouvoir obtenir quelque chose qui est de l’ordre […] d’une problématique d’une recollection du corps [10]. »

9Ces inscriptions augmentent ainsi en fonction de l’hétérogénéité du milieu et des différents points d’accroche qui seront offerts au sujet. Pour pouvoir avoir accès à ces bribes de transfert, il est nécessaire de se référer à de nombreux « outils », tant conceptuels qu’organisationnels, afin de pouvoir travailler le transfert en institution. Tosquelles, dans un article de 1965 [11], fixait déjà les coordonnées essentielles à la prise en charge du transfert psychotique en institution. Nous nous permettons d’en rappeler les aspects les plus utiles à notre propos. L’approche analytique nous met en garde contre le simplisme de l’idée qu’il suffirait d’accueillir les sujets psychotiques en une sorte de « gardiennage [12] ». En effet, le transfert, touchant au collectif, impose qu’on le reconnaisse dans toutes ses manifestations (psychotiques ou non), qu’on facilite sa mobilité et ses investissements, que l’on soit attentif à son évolution afin de limiter les risques inhérents au « transfert massif » et les passages à l’acte [13]. La constitution du sujet psychotique s’effectue ainsi dans un « travail » personnalisant, dans un rapport à l’autre et à lui-même en tant que sujet responsable, au travers d’institutions et grâce à une liberté de choix laissée au pensionnaire. Au travers de cette tâche, c’est l’humain mû par un désir qui apparaît sous la pathologie. La posture du soignant permet ainsi d’être au plus proche des manifestations du sujet, dans ce qui constitue pour lui « sa » vie quotidienne : des insignifiances à prendre en compte car constitutives de la « personne » du psychotique. Ces bribes de transfert peuvent ainsi être « collectées » grâce à différentes institutions, tel le Club thérapeutique de malades qui permet que se dialectise et se reformalise quelque chose d’un lien social. Celui-ci est travaillé par le biais des échanges que favorise le Club.

10Cependant, qu’en est-il de la nature des échanges avec des sujets psychotiques et quelles modalités thérapeutiques proposer afin de lutter contre l’aliénation psychopathologique ?

Le Club thérapeutique comme opérateur logique du soin

11C’est ici qu’intervient le Club thérapeutique, institution permettant un système d’échanges dans une visée désaliénante. Toute personne entrant à La Borde fait partie, de droit, du Club. Celui-ci, organe central de la vie de la clinique, reçoit une subvention du Comité hospitalier [14] qui sert d’interface entre l’établissement et le Club des malades. Cette subvention est issue des services effectués par les pensionnaires à la clinique : ménage, standard, taxi collectif… Le Club constitue ainsi un contre-pouvoir à l’intérieur de l’établissement : il possède un comptoir des ventes et gère de façon autonome son budget. Le Club recueille les propositions de chacun et veille à y répondre. Il a ainsi pour fonction d’articuler les institutions mises en place en fonction des pathologies et le soin psychothérapique, en raison du lien dialectique qu’ils entretiennent [15]. Les investissements sujet-objet et sujet-sujet se font réellement à partir de ce moment-là, c’est le principe socio-thérapeutique de la thérapeutique institutionnelle. De fait, le Club est, en partie, l’expression de l’ensemble de l’hôpital car les activités qui y sont proposées influent sur la vie des différentes structures (secteurs, activités, groupes…). C’est aussi la source de conflits interhumains, d’activités spontanées, l’origine de rapports sociaux entre les malades et le personnel. Le sujet engage ainsi sa thérapie, la conduit, recrée le lien social tant malmené dans la psychose, reprend contact avec la réalité.

Accompagnement de la psychose et impact psychique

12Cet accueil du sujet psychotique nécessite néanmoins un travail sur la posture du soignant car celui-ci, en prise avec une psychopathologie concrète dans le déploiement de la vie quotidienne, est soumis à toutes sortes de projections ou autres manifestations qui affectent son fonctionnement psychique. Ainsi, l’accompagnement de sujets psychotiques engage la subjectivité des membres du personnel. Cet accompagnement n’est pas comparable à celui de sujets névrosés en cela que la proximité avec la psychose influe sur le psychisme de manière suffisamment puissante pour qu’un travail de cette « communication » soit l’objet incontournable d’un travail psychique personnel et/ou institutionnel. Il est donc nécessaire d’analyser les manifestations dues à une proximité avec la psychose afin de pouvoir les élaborer.

13Cette « proximité distante [16] », posture à laquelle l’institution œuvre, permet de créer un espace psychique où peuvent s’exprimer toutes sortes de manifestations psychiques, psychotiques ou non. Les manifestations transférentielles doivent être reprises et « travaillées » dans le collectif, comme le soulignait Tosquelles, pour qui l’implication de tous les membres du personnel (moniteurs, médecins) ainsi que des autres pensionnaires est la condition de possibilité de la psychothérapie institutionnelle [17]. La question qui se pose alors à l’institution concerne ces effets du transfert et la manière de les travailler. L’accueil du transfert représente donc un moment indépassable dans tout travail thérapeutique avec les sujets psychotiques. C’est ici qu’interviennent les espaces d’élaboration constitués par l’analyse institutionnelle articulée à la formation des soignants.

L’analyse institutionnelle comme vecteur d’élaboration

14L’analyse institutionnelle, par l’intermédiaire des différentes institutions de la clinique (Club, réunions, ateliers), devient ainsi l’outil d’analyse des phénomènes transférentiels et du contre-transfert institutionnel. En effet, la proximité de la psychose crée des phénomènes de captations qui mobilisent toutes sortes de pulsions de part et d’autre. Pulsions concomitantes d’une position où le soignant, en dehors de toute référence au collectif de soins, se croit dépositaire du mieux-être du malade. Ce serait ne pas tenir compte de la spécificité de la psychose qui mystifie à des yeux trop crédules la demande en réel désir. Le rôle du soignant est alors de faire en sorte que ces pulsions, celles du sujet aussi bien que les siennes, ne conduisent pas au passage à l’acte. La demande doit alors se travailler sur le mode du désir afin que le soignant puisse sortir de la captation psychotique, et le malade, de l’emprise de l’éros. Ce travail peut s’effectuer par le biais du Club qui permet au pensionnaire et au soignant de défusionner une position duelle, de réintégrer une loi des échanges. Cette médiation par l’institution Club permet alors au soignant d’accueillir la demande du sujet sans cependant y répondre, si ce n’est que la réponse qui y correspond est de l’ordre d’un « Je ne prendrai pas la place que vous voulez (m’assigner) ».

15La proximité du transfert dissocié provoque également des phénomènes de groupe qui concernent cette fois-ci les membres du personnel. Ces phénomènes tendent à générer des sous-groupes sous formes de clans, ou bien encore des amitiés quasi fusionnelles préjudiciables au fonctionnement institutionnel. L’impact de la psychose sur les membres du personnel provoque des phénomènes de ségrégation volontaire, de cloisonnement « entre soi », phénomènes qui dénient le fonctionnement collectif et/ou l’historialité de l’institution, cependant que ces phénomènes de repli « autistique » sont préjudiciables à un minimum d’ambiance conviviale.

Le travail de la posture soignante

16La prise en charge du transfert psychotique exige ainsi un travail sur la posture des membres du personnel afin d’être la moins nocive possible. Ce nécessaire travail d’accompagnement est corrélatif de l’émergence d’un désir chez le sujet psychotique. Jean Oury insiste ainsi sur l’importance de « tenir compte d’autrui » et précise : « Que veut dire “tenir compte” de quelqu’un, sinon tenir compte de lui en tant qu’Autrui, en tant que sujet qui a quelque chose à voir avec un désir, un désir inconscient, un désir qui souvent “est en panne [18]”. »

17Cette posture nécessite quelque familiarité avec le complexe de castration [19] : ne pas savoir à la place de, ne pas faire en place de, demander de l’aide au sujet psychotique afin qu’il puisse aider de la même façon le « soignant » à se construire dans une vie quotidienne partagée. Le fait d’attendre quelque chose de l’autre instaure déjà une temporalité un peu biaisée dans la relation, puisque cette attente empêche de laisser venir quoi que ce soit : les possibles sont alors bloqués. Ce travail, a contrario, permet ainsi au sujet psychotique « d’aller vers » autrui dans un échange, qui n’est pas d’ordre purement statutaire.

18Dans cette perspective, la formation du personnel et l’analyse de son implication au sein du dispositif de soin prennent toute leur importance. En effet, dans le mouvement de la psychothérapie institutionnelle, la formation des soignants a d’emblée été comparée à un processus continu d’expression et d’analyse de l’implication et du transfert. Dès l’origine, la question du désir et de ses investissements au sein de l’institution a constitué un point de réflexion pour les promoteurs du mouvement. Pour preuve, les statuts de « La constitution de l’An I » (élaborée en avril 1953 à la veille de l’ouverture de la clinique de La Borde [20]) envisagent la question des investissements des membres du collectif de soin, notamment, par la constitution d’autres « lieux d’investissements » que ceux proposés par la société traditionnelle comme ceux des statuts, des salaires, des responsabilités, de la gestion de la clinique, des différentes tâches [21]. Ainsi, par le jeu des institutions et de l’organisation des soins, il est possible de « libérer » un espace psychique qui éclaire le rapport qu’entretient le sujet « soignant » à son désir, espace qui va constituer la « liberté intérieure » nécessaire afin « d’accueillir l’autre dans son désarroi [22] ». Ainsi, l’organisation des soins à La Borde s’appuie sur la souplesse d’implication des personnels dans les différentes tâches qui sont requises. La polyvalence, l’hétérogénéité, la responsabilisation des personnels et la gestion collective sont autant de principes de base de la psychothérapie institutionnelle, comme le rappelle Philippe Bichon [23], afin de lutter contre l’aliénation sociale qui viendrait écraser toute prise individuelle ou collective d’initiatives [24].

19La même fluidité s’observe au niveau institutionnel puisque les différentes institutions sont amenées à évoluer en fonction du contexte et que, de plus, leur rôle et leur fonction s’étendent au-delà de leur statut. Ainsi les ateliers sont-ils avant tout, au-delà de leur désignation, prétexte à une circulation de désir, d’affects et de parole. Jean Oury évoque, autour de la vie quotidienne, l’exercice pratique qui consiste à s’interroger sur les raisons qui poussent à travailler dans ce type d’établissement [25]. Cet exercice implique un espace de parole libre, selon un horizon éthique qui s’accorde étroitement avec une des caractéristiques de la psychose : l’absence de sens.

20Ainsi, cette posture particulière qui met en jeu le désir des soignants les amène à se confronter à leur propre désir questionné par le sujet psychotique, lui-même en prise directe avec l’inconscient de l’autre. Cette extrême sensibilité du sujet psychotique au désir de l’autre s’accompagne d’une grande vulnérabilité. La psychiatre et psychanalyste Ginette Michaud justifie à ce sujet une éthique du soin qui passe par l’abandon de toute position de maîtrise que mettra en cause le sujet psychotique, comme celle que représente la croyance du soignant en l’efficacité d’une formation théorique pour aider l’autre [26]. L’importance et la nécessité d’un positionnement éthique, dont le travail des résistances et la suspension des préjugés, fait partie du soin et se construit par un questionnement qui peut se traduire par la question : « Qu’en est-il de mon désir d’être là [27] ? »

Désir du soignant et formation

21La formation des personnels intervenant auprès des sujets psychotiques a donc été, dès l’origine du mouvement, un enjeu d’importance, ne pouvant s’envisager sans considérer l’importance du cadre et de l’analyse institutionnelle. Des mécanismes de défense interviennent dans l’accueil du sujet psychotique, d’où l’intérêt porté à la formation du personnel. Cependant, de façon concrète, comment faire participer le personnel à l’élaboration de leur pratique ? Nous avons vu que l’accueil du « psychotique » prenait en compte l’accueil du transfert dissocié. Nous avons vu également en quoi cet accueil de la psychose pouvait avoir des répercussions sur les soignants. Comment dès lors concevoir l’engagement du personnel dans cet accompagnement de la psychose ?

22Selon Jean Oury, le processus de formation met en jeu trois grandes dimensions : concrète, conceptuelle, clinique.

23Tout d’abord, la formation s’appuie concrètement sur ce que révèle la psychopathologie. Les malades nous enseignent une façon d’appréhender le monde et nous devons donner du sens à ce qu’ils nous communiquent. Ainsi, la pratique dans un service permet de lier l’acquisition des notions de psychologie à des exercices pratiques qui mettent en jeu ces mêmes notions. Elles deviennent donc opératoires.

24Ensuite, la formation met en jeu des outils conceptuels opératoires qu’il s’agit de s’approprier. Jean Oury parle de l’importance de ces outils pour discerner ce qui se manifeste, affiner sa perception du quotidien, et enfin, reconnaître l’autre dans sa singularité. Parmi ces outils conceptuels à articuler avec le champ pratique, il cite l’acting out, la pulsion, la forclusion, etc.

25Enfin, les conditions de la formation vont devoir prendre en compte les résistances qui se manifestent dans l’institution : l’inertie institutionnelle, la paranoïa, la hiérarchie, l’uniformisation. Toute dimension que le processus d’analyse institutionnelle permet d’analyser. La question du travail des préjugés intervient également à ce niveau.

26Selon Jean Oury, la formation doit s’envisager comme une transformation de la personne. Les expériences difficiles de la vie quotidienne, comme l’angoisse, sont des accès privilégiés à ce processus de transformation. De fait, la psychose et le sujet psychotique nous mettent en question au niveau de notre existence. Cependant, ce processus prend du temps : Jean Oury parle d’une sorte de « convivialité technique [28] » nécessaire afin de pouvoir ressentir l’autre, sa temporalité, l’espace qui lui est nécessaire, l’attention à ce qui apparaît. La formation ne doit pas consister en l’acquisition de techniques ou de savoirs, mais bien, comme nous venons de le voir avec Jean Oury, en une « véritable transformation intérieure [29] » qui passe par un « travail » du désir. Ce « travail » conduit à considérer l’asepsie comme nécessaire à la dimension thérapeutique, ce qui se traduit pour Blandin et Gentis par un « contrôle », pour le soignant, de ses réactions et une analyse des distorsions provoquées par les défenses des soignants. En effet, cette formation vise à une compréhension concrète de l’expression des malades en respectant leur singularité, leur complexité et leur fluctuation afin, comme le précepte que prescrit Hippocrate, de « ne pas nuire [30] ».

27Deux exigences sont alors posées : l’analyse permanente du transfert du personnel soignant à l’égard du malade et la mise en place d’un collectif critique à cette fin [31]. Ainsi sont prescrites par Blandin et Gentis des séances d’analyse collective ou individuelle portant sur les relations des infirmiers aux malades ou au médecin, ainsi que sur les relations conflictuelles pendant le service. La critique de l’apparente et indiscutée évidence des statuts (« médecin, infirmier, malade » ou « soignant, soigné ») représente aussi pour Jean Oury le préalable à toute démarche de soin car elle met en cause certains préjugés, comme celui pour un patient « d’être soigné » ; c’est oublier qu’il peut aussi être « soignant [32] ». Les moyens mis en place dans les années 1950 concernent l’étude de la dynamique de groupes [33], les études de dossiers, les monographies ou « feuillets roses [34] », encore disponibles aujourd’hui, bien que cette pratique ait disparu.

28Enfin, le dernier temps significatif du développement de la professionnalité soignante est constitué par les réunions. Celles-ci constituent selon Jean Ayme, et d’après les infirmiers, de réelles institutions de formation.

Les réunions : espaces d’élaboration comme dispositif de formation et de soin

29En effet, c’est par les réunions que les membres du personnel comprennent ce qui se passe auprès des patients. Ils y apprennent également à maîtriser leurs affects et à se départir de l’agressivité à l’égard des malades dans la mesure où ils s’en départissent à l’égard du médecin, grâce à la dynamique des réunions. Dans ces réunions, chacun doit pouvoir s’exprimer sans entrave et apporter le point de vue dû à sa fonction et à sa tâche. Selon Jean Ayme, la hiérarchie doit y être abolie [35]. Cette dynamique permet de faire évoluer les attitudes et les affects des membres du personnel sans que cela constitue toutefois l’objectif principal de la réunion (ce ne sont pas des réunions de psychothérapie de groupe).

30L’on voit que la dimension intime du processus de formation s’articule aux différents dispositifs institutionnels mis en place dans l’établissement.

31Une notion importante dans le processus d’institutionnalisation consiste en celle du « lieu » d’échange. En effet, les conditions de « production » de la parole dans des lieux ayant une structure différente font que la parole n’est pas de même nature en fonction des lieux : assemblée de toute la clinique le vendredi après-midi, échanges économiques lors de la discussion d’un budget à la réunion hebdomadaire du Club, groupe de parole, réunions de dossiers, de constellation, etc.

32L’analyse institutionnelle permet ainsi, par le biais des réunions, de travailler à l’analyse et à la reconnaissance de la dimension faillible du soignant dans son approche du transfert psychotique. Ce processus fait partie du travail du désir du soignant en ceci qu’il permet d’agir au niveau de l’angoisse, de l’incertitude, d’un questionnement, des affects, mais également au niveau des défenses mises en place comme le déni, la dénégation, la rationalisation, les vécus de persécution et d’attaque narcissique ou bien les identifications mortifères. Ce qui relève d’un imaginaire débridé trouve également, par ce moyen, une butée.

33Les réunions représentent les lieux propices au déploiement de cette parole libre si elles sont structurées comme zone vide, à l’image de la « vacuole » dans une cellule, selon Jean Oury [36]. Les réunions peuvent également être considérées comme des carrefours ou des interfaces entre le collectif et le singulier [37]. Cette fonction de passage ou de circulation rend possible l’analyse des phénomènes pathoplastiques, de la dimension transférentielle, des phénomènes d’identifications projectives, et permet ainsi à une fonction soignante d’être élaborée aussi bien au niveau du personnel que des sujets hospitalisés.

34Les réunions occupent ainsi une fonction soignante pour le personnel. En effet, l’élaboration collective du transfert dissocié concerne avant tout le travail à effectuer sur la posture soignante. Cette complémentarité de soin se révèle également lorsque l’équipe se voit confrontée à une impossibilité à agir avec tel ou tel pensionnaire. En effet, une des difficultés à accueillir le transfert réside, pour une part, dans le fait de la dissociation. Du fait de celle-ci, le sujet ne peut transférer sur un seul analyste. Ainsi, il apparaît sous différentes facettes selon les situations qu’il rencontre [38]. Il est donc important, afin de pouvoir analyser la relation transférentielle, de tenir compte du contexte et des multiples investissements transférentiels que le sujet opère. Ce que permettent les réunions dites de « constellation » (terme introduit par François Tosquelles en référence aux constellations d’étoiles) en constituant l’outil institutionnel adapté au transfert dissocié multiréférentiel.

35Ces réunions, qui rassemblent tous ceux qui « comptent » pour un pensionnaire quel que soit leur statut dans la clinique (femme de ménage, compagnons de chambre, médecins, etc.) [39], permettent ainsi de collecter la plupart des investissements transférentiels du pensionnaire et de faire le point sur les identifications, sur le transfert de chacun face à ce pensionnaire, ainsi que sur la pluralité de tous ces transferts. Il ne s’agit pas ici d’opérer une synthèse objective à un niveau conscient, mais d’essayer, à partir des investissements partiels du sujet (sorte de fragments d’une réalité psychique projetée), d’effectuer un travail psychique d’élaboration au niveau de l’équipe et ce, afin d’opérer un « rassemblement [40] » psychique du sujet. Ces réunions ont ainsi une fonction de vigilance vis-à-vis du malade : il s’agit de rester constamment critique envers les structures hiérarchiques dans lesquelles le sujet risque de s’aliéner. L’interrogation portera ainsi sur les membres du personnel ou les pensionnaires qui comptent pour lui (aussi bien celles qui ont un transfert positif que celles qui ont un transfert négatif) ; les institutions que le sujet emprunte ou non ; sur la suffisante (ou non) liberté d’expression au sein de l’institution ; sur les modalités d’échanges empruntées par le sujet.

36Ces réunions, en raison de la « recollection » des investissements transférentiels du sujet, permettent à chaque participant de travailler de façon concrète et collective son contre-transfert. Il s’agit réellement d’un processus analytique à l’œuvre dans l’institution auquel participe de manière concrète le collectif soignant. Les soignants sont ainsi plus particulièrement désignés comme porteurs d’une transformation du regard et de la posture soignante en raison de leur proximité avec les pensionnaires et de la fonction qu’ils occupent dans le dispositif de soin.


Mots-clés éditeurs : club, accueil, soin, transfert dissocié, fonction soignante, analyse institutionnelle, la Borde

Date de mise en ligne : 09/11/2011

https://doi.org/10.3917/cohe.206.0098

Notes

  • [1]
    Nous intervenons à la clinique de La Borde depuis huit ans en tant que monitrice bénévole, plusieurs mois par an.
  • [2]
    Depuis 2005, l’appellation n’est plus « hôpital de jour » mais « Alternatives à l’hospitalisation de jour ».
  • [3]
    H. Simon, Une thérapeutique plus active à l’hôpital psychiatrique, Berlin et Leipzig, Ed. Walter de Gruyter, 1929 (trad. fr. Hôpital psychiatrique de Saint-Alban, inédite).
  • [4]
    P. Balvet, L. Bonnafé, A. Chaurand, G. Daumézon, F. Tosquelles… La liste n’est pas exhaustive.
  • [5]
    Le concept d’« asepsie » a été inventé par Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), médecin obstétricien austro-hongrois.
  • [6]
    Par extension de la conception classique des résistances dans la cure, il s’agira ici des mécanismes de défenses (clivages, dénis, fuites, etc.) suscités par le contact avec la psychose.
  • [7]
    Ce syntagme désigne ce qui de l’existence intervient dans la posture professionnelle du soignant et dans son implication.
  • [8]
    La « rencontre » est un concept phénoménologique utilisé par Jean Oury, désignant le caractère évènementiel de la survenue d’autrui, dans J. Oury, « Rencontre et inférences abductives », dans La rencontre, éd. par Thierry Goguel d’Allondans et Liliane Goldsztaub, Strasbourg, Arcanes, 2000, p. 43-52.
  • [9]
    Ce syntagme associe au transfert le processus de dissociation selon une proposition de J. Oury (pour exprimer la dissociation du transfert schizophrénique) ainsi que l’aspect multiréférentiel mis en avant par F. Tosquelles (pour désigner les multiples points de référence du transfert psychotique).
  • [10]
    J. Oury, « L’homme et sa folie » (1977), dans Onze heures du soir à La Borde, Paris, Galilée, 1980, p. 213.
  • [11]
    F. Tosquelles, « Introduction au problème du transfert en psychothérapie institutionnelle », Revue de psychothérapie institutionnelle, n° 1, 1965, p. 9-19.
  • [12]
    Nous reprenons ici le terme employé par François Tosquelles, ibid., p. 13.
  • [13]
    Auto et hétéro-agressifs.
  • [14]
    Le Comité hospitalier est une association loi 1901, composée de façon paritaire de malades, de représentants de l’établissement ainsi que de personnalités extérieures aux soins.
  • [15]
    F. Tosquelles, Éducation et psychothérapie institutionnelle, Mantes, Hiatus, 1984, p. 34.
  • [16]
    La forme en oxymore de ce syntagme se justifie par la tension toujours présente entre « proche » et « lointain » : assumer le proche dans le lointain et vice versa.
  • [17]
    F. Tosquelles, « Introduction au problème du transfert en psychothérapie Institutionnelle », Revue de psychothérapie institutionnelle, Lecques, Champ Social, n° 1, 1965, p. 18.
  • [18]
    J. Oury, « Pathique et fonction d’accueil en psychothérapie institutionnelle », dans Le contact, éd. par Jacques Schotte, Bruxelles, de Boeck, 1990, p. 118.
  • [19]
    Nous entendons par « complexe de castration » le processus d’effacement et de retrait psychique minimum nécessaire à l’accueil du sujet psychotique.
  • [20]
    La teneur « révolutionnaire » de l’énoncé manifeste certainement l’état d’esprit qui régnait alors parmi les inspirateurs de ce texte.
  • [21]
    « Histoires de La Borde », Recherches, n° 21, mars-avril 1976.
  • [22]
    J. Oury, « Formation et institutions psychiatriques », dans M. Sapir (sous la direction de), Formation et institutions soignantes, Grenoble, La Pensée sauvage, 1992, nouv. édition, J. Oury, Itinéraires de formation, Paris, Hermann, 2008, p. 26.
  • [23]
    Philippe Bichon, psychiatre à La Borde.
  • [24]
    P. Bichon, « À propos des réunions institutionnelles », Institutions, avril 2007, n° 39, p. 43.
  • [25]
    J. Oury, « Structure et vie quotidienne. Corrélation entre constellations et fonction-1 », dans P. Delion (sous la direction de), Psychose, vie quotidienne et psychothérapie institutionnelle, Toulouse, érès, 2006, p. 21.
  • [26]
    Nous renvoyons à la réflexion plus large de Ginette Michaud sur le travail nécessaire de l’analyste dans son ouvrage Essais sur la schizophrénie et le traitement des psychoses, Toulouse, érès, 2004, p. 122-123. Ginette Michaud est psychiatre-psychanalyste. Elle est l’auteur de La Borde, un pari nécessaire, De la notion d’institution à la psychothérapie institutionnelle (Paris, Gauthiers-Villars, Interférences, 1977). Elle a par ailleurs cofondé Euro-Psy, association créée dans les années 1980 par des enseignants de l’ufr de sciences humaines cliniques de Paris VII (J. Manenti, J. Dor, A. Vanier) ainsi que Jacques de Jouffroy, afin d’œuvrer à une réflexion à la fois clinique, psychanalytique et institutionnelle dans un ensemble d’enseignements regroupés sous le titre de « Psychanalyse, psychose et institutions ».
  • [27]
    Que Jean Oury résume sous la formule : « Qu’est-ce que je fous là ? » formule qui illustre un des axiomes de la psychothérapie institutionnelle. Pour exemple, J. Oury, Le Collectif, Paris, éd. du Scarabée, 1986, p. 84.
  • [28]
    Ibid.
  • [29]
    J. Blandin, R. Gentis, « La formation du personnel infirmier des hôpitaux psychiatriques », Rapport introductif aux débats d’une réunion d’étude de la XIIIe Assemblée fédérale des Sociétés de Croix-Marine, Orléans, oct. 1964, p. 163.
  • [30]
    Ibid.
  • [31]
    Ibid., p. 163.
  • [32]
    J. Oury, « Contribution au problème de la formation professionnelle en psychiatrie », Rapport au IVe Congrès international de psychothérapie, Barcelone, septembre 1958, p. 52.
  • [33]
    J. Blandin, R. Gentis, op. cit., p. 152-153.
  • [34]
    Les « feuillets roses » étaient utilisés dans les années 1950 afin de transcrire chaque soir ce qui constituait le quotidien de la journée des personnes hospitalisées. Ils figurent toujours dans les dossiers.
  • [35]
    J. Ayme, « La participation des infirmiers à la psychothérapie », Rapport présenté au Groupe de Sèvres, 26 avril 1959, L’information psychiatrique, n° 8, octobre 1959, p. 475-485, p. 483. (J. Ayme [1924-2011], psychiatre, psychanalyste, acteur important de la psychothérapie institutionnelle.) Nous évoquerons pour notre part une suspension (épochè) de cette hiérarchie.
  • [36]
    J. Oury, « Peut-on parler de concept de réunion ? » (1966), dans Psychiatrie et psychothérapie institutionnelle, Lecques, Ed. du Champ social, 2001, p. 155.
  • [37]
    Ibid., p. 159.
  • [38]
    Par « situations » nous entendons les manifestations transférentielles. Celles-ci peuvent impliquer aussi bien l’humain que le non-humain.
  • [39]
    J. Oury, « Structure et vie quotidienne. Corrélation entre constellations et fonction-1 », op. cit., p. 25.
  • [40]
    Le « point de rassemblement » concerne la constitution de l’individu en tant que sujet et être de désir.

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