Couverture de COHE_201

Article de revue

« Une révolution dans “l'âme de l'homme” »

Pages 24 à 33

Notes

  • [*]
    Traduit de l’anglais par Judith Dupont.
  • [1]
    S. Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique » (1918), dans Œuvres complètes, vol. XV, 1916-1920, Paris, puf, 1996, p. 107.
  • [2]
    Ibid., p. 107-108.
  • [3]
    S. Freud, « Appendice » à Ma vie et la psychanalyse, Œuvres complètes, tome XVII, puf, 1992, p. 119-122.
  • [4]
    S. Freud, Lettre du 11 octobre 1918 à S. Ferenczi, dans Correspondance Freud-Ferenczi, tome 2, Paris, Calmann-Lévy, 1992, p. 330-331.
  • [5]
    S. Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique » (1918), op. cit.
  • [6]
    S. Freud, « Conseils au médecin dans le traitement psychanalytique. I – Sur l’engagement du traitement », dans Œuvres complètes, vol. XII, Paris, puf, 2005, p. 161-184.
  • [7]
    H. Deutsch, Confrontations with Myself : an Epilogue, New York, W.W. Norton and Co., 1973, p. 84.
  • [8]
    Voir N. G. Hale, Freud and the Americans. The Beginnings of Psychoanalysis in the United States, 1876-1917, Oxford/New York, Oxford University Press, 1971.
  • [9]
    W. Reich, « The living productive power, “Work-Power” of Karl Marx », dans People in Trouble (1936), trad. angl. par P. Schmitz, New York, Farrar, Strauss and Giroux, 1976, p. 75.
  • [10]
    W. J. French, G. Smith, The Commonwealth Fund Activities in Austria 1923-1929, New York, The Commonwealth Fund Division of Publications, 1929, p. 121.
  • [11]
    Voir H. Gruber, Red Vienna, Experiment in Working Class Culture, 1919-1934, Oxford University Press, 1991.
  • [12]
    E. Pappenheim, « Politique et psychanalyse à Vienne avant 1938 », article présenté en 1984 au groupe de travail de l’American Psychoanalytic Association.
  • [13]
    Pour la recherche approfondie concernant l’application excessive des privilèges de la « haute culture » aux classes inférieures, voir H. Gruber, op. cit.
  • [14]
    B. Swerdloff, « Entretien avec Sándor Radó », dans Histoire du mouvement psychanalytique, New York, Columbia University Libraries, 1965, coll. « Histoire orale ».
  • [15]
    N.W. Lyon, lettre datée du 5 août 1929 et adressée au « Secrétaire de l’Institut psychanalytique de Berlin, Allemagne », Archives de la Policlinique de Berlin, Coblence, Allemagne.
  • [16]
    Pour l’esprit civique progressiste de la Société de Berlin, voir L.M. Hermanns, « Karl Abraham und die anfänge der Berliner Psychoanalytischen Vereinigung » ; R. De Clerck, « Der Traum von einer bess’ren Welt : Psychoanalyse und kulture in der mitte der zwanziger jahre », Luzifer?Amor 13, 1994, p. 30-40, p. 41-70.
  • [17]
    B. Noveck, « Hugo Bettauer and the political culture of the First Republic », Contemporary Austrian Studies, vol. 3, 1995, 138-170, p. 145.
  • [18]
    K. Brecht, V. Friedrich, L. M. Hermanns, I. J. Kaminer, D.H. Juelich (sous la direction de), Hier geht das Leben auf eine sehr merkwürdige Weise weiter…, Hamburg, Kellner Verlag, 1990, p. 111 ; trad. fr. A. de Mijolla (sous la direction de), Ici la vie continue d’une manière fort surprenante…, contribution à l’Histoire de la psychanalyse en Allemagne, éd. aihp, 1987.
  • [19]
    O. Fenichel à E. Jacobson, A. Reich, B. Lantos, E. Gyömröi, G. Gerö, et F. Déri, Rundbrief #1, mars 1934, Box 1, Folder 1, Austen Riggs Library.
  • [20]
    E. Simmel, S. Ferenczi, K. Abraham, E. Jones, Psycho?Analysis and the War Neuroses, Introduction S. Freud, Londres, International Psycho?Analytical Press, 1921 (éd. originale, 1918, Kriegs?Neurosen und Psychisches Trauma, Munich, Otto Nemnich).
  • [21]
    H. Schur, entretien inédit par l’auteur, 8 novembre 1995.

Le ve Congrès international de psychanalyse et le mouvement social

1En 1918, juste deux mois avant l’armistice, Sigmund Freud convia les psychanalystes réunis à Budapest pour leur 5e Congrès international à ouvrir des « établissements ou des instituts de consultations auxquels seraient affectés des médecins formés à la psychanalyse. […] Ces traitements seraient non payants [1] ». Freud soutenait que « le pauvre a tout aussi bien droit à l’aide animique qu’à celle que de nos jours il a déjà, l’aide chirurgicale qui lui sauve la vie ». Recourant à la rhétorique de la Démocratie sociale autrichienne émergente, il a reconnu qu’il « faudrait encore longtemps avant que l’État ressente ces obligations comme urgentes. […] il est probable que c’est la bienfaisance privée qui fera démarrer de tels instituts [2] ».

2À la base de ces déclarations, comme derrière tous les projets psychanalytiques de Freud, il y a une divergence intéressante entre théorie et pratique. Tandis que sa théorie visait à l’an-historicité, une science de facto, la pratique clinique de Freud se conformait à la nouvelle tendance politique progressiste de l’entre-deux-guerres. Le caractère de la social-démocratie et de ses institutions d’aide sociale imprégnait à un tel point le discours psychanalytique qu’en février 1920, les analystes ont traduit cette idéologie en actes en ouvrant des cliniques gratuites pour adultes, enfants et familles en demande d’un traitement ambulatoire de santé mentale. Dans ces années de modernité naissante, les manifestations de conscience sociale de Freud ont inspiré la création d’au moins douze cliniques coopératives de santé mentale, de Zagreb à Londres. Même en 1935 Freud écrivait encore que « ces groupes locaux entretiennent par leurs propres moyens des instituts d’enseignement dans lesquels l’instruction en psychanalyse est donnée selon un plan unitaire, et des consultations dans lesquelles les analystes expérimentés, ainsi que les élèves, donnent aux nécessiteux un traitement gratuit [3] ». Au cours des décennies précédentes la pratique psychanalytique s’était développée par cas individuels sur les divans, et la théorie planait, invisible au-dessus des rencontres cliniques. Entre 1918 et 1938 la psychanalyse n’était ni impossible pour les personnes appartenant aux classes populaires, ni rigidement structurée, ni à durée excessive. Cet article se propose d’explorer la relation indéniable qui existe entre la psychanalyse et l’environnement politique et social de la Vienne du début du xxe siècle.

3Freud, âgé de 62 ans, tout à fait las de la guerre et de la conception révolue d’État absolutiste, écrivait à Sándor Ferenczi que « la sourde tension avec laquelle tous attendent la décomposition imminente de l’État autrichien est peut-être un facteur défavorable ». Mais il poursuivait : « Je ne peux réprimer la satisfaction que me procure cette issue [4]. » Avant même que la Première Guerre mondiale ne prenne fin, la conférence de Freud au 5e Congrès international de la psychanalyse était déjà centrée sur l’avenir plutôt que sur la guerre ou sur le conflit individuel. Le discours appelait à un renouvellement social sur une grande échelle, une triple exigence de civisme social, de responsabilité gouvernementale et d’égalité sociale. Freud disait vouloir conduire son auditoire dans une voie inexplorée, consistant à « envisager une situation qui à beaucoup paraîtra fantastique, mais qui mériterait […] qu’on s’y préparât en pensée ». Il prônait le rôle central du gouvernement, la nécessité de réduire l’inégalité par un accès universel aux services, l’influence de l’environnement sur le comportement individuel et il exprimait son insatisfaction avec le statu quo. Cette démarche de Freud ne visait rien moins que la relation complexe entre les individus et les forces sociales et économiques surpuissantes.

4En 1918 encore, la psychanalyse était en danger de se retrouver isolée. Cette même poussée fervente d’indépendance qui a incité le mouvement psychanalytique à rester relativement marginal par rapport aux communautés médicales et académiques de Vienne, pratiquée par un groupe éclectique de penseurs libéraux, menaçait maintenant sa permanence. Sa survie économique dépendait d’un nouveau type de gouvernement où l’État assumerait la responsabilité de la santé mentale de ses citoyens. Ayant maintes fois pris position contre la stigmatisation de la névrose, Freud estimait qu’il revenait à l’État de placer les soins de santé mentale à égalité avec les soins de santé physique. Redéfinir la névrose en la faisant passer d’un trouble personnel à un problème social plus vaste faisait porter la responsabilité des soins de santé mentale à la communauté entière.

5Freud soutenait l’idée que le pouvoir d’édicter des lois, détenu par la monarchie traditionnelle, devait désormais être redistribué démocratiquement à tous les citoyens. Tout comme ses amis et contemporains, le politicien socialiste autrichien Otto Bauer et le social-démocrate Victor Adler, Freud estimait que le progrès social pouvait être réalisé par un partenariat organisé entre l’État et ses citoyens. Ceux-ci avaient droit à la santé et au bien-être, et la société devait prendre en charge les personnes nécessiteuses dans le cadre d’un environnement urbain résolument sensible aux besoins de développement des enfants et des familles de travailleurs. Sur le plan pratique il demandait qu’un gouvernement intervienne activement dans la vie des citoyens en prenant en charge le désespoir manifestement croissant des femmes surmenées, des hommes sans emploi, et des enfants privés de parents. Les bénéfices d’ordre politique et social résultant des nouvelles alliances des psychanalystes conféreraient une légitimité à une forme de thérapie mentale souvent pratiquée par des non-médecins ou par des médecins qui rechignaient à rejoindre l’establishment. Freud déplorait qu’à ce moment crucial de l’histoire, le manque de conscience sociale des psychanalystes les rende pratiquement impuissants. « Pour les larges couches populaires qui souffrent énormément des névroses, nous ne pouvons pour l’instant rien faire [5]. »

6Qui pourrait mieux inverser ce cours des choses que, justement, l’auditoire présent ? Le discours de Freud du 28 septembre, motivé par sa colère contre le système politique plus que par l’abattement dû à la guerre, a eu un effet étonnant sur ses auditeurs. L’idée des cliniques gratuites de santé mentale avait peut-être surgi avant le congrès de Budapest, mais le nombre de projets d’organisation lancé ici par les participants, et plus particulièrement par Max Eitingon, Ernst Simmel, Edouard Hitschmann et Sándor Ferenczi, était extraordinaire. Eitingon et Simmel allaient ouvrir la Policlinique de Berlin en 1920, Hitschmann allait mettre en route une clinique gratuite à Vienne en 1922, et Simmel allait créer la clinique gratuite Schloss Tegel pour malades hospitalisés. Ferenczi a ouvert la clinique gratuite à Budapest un peu plus tard, en 1931. Bien qu’Ernest Jones n’ait pas pu se rendre à Budapest pour assister au congrès de 1918 à cause des restrictions imposées par la guerre, il a néanmoins ouvert la clinique psychanalytique de Londres en 1926.

7Certes, Freud aurait pu simplement réitérer les principes de 1913 qui définissaient sa position d’avant-guerre concernant les honoraires payés par les patients [6]. Avant le premier conflit mondial, les psychanalystes semblaient montrer assez peu d’intérêt pour l’action politique. Mais tout a changé en 1918, dans une large mesure parce qu’ils ont vu comment le positivisme victorien, avec ses connotations douteuses de vérité et de praticabilité, n’avait pas pu empêcher la guerre, sans doute la flambée ultime de la pulsion d’agressivité. Les nouvelles démocraties demandaient aux psychanalystes en activité, tout comme à d’autres professionnels, une plus grande responsabilité publique. Freud plaidait pour une vision alternative et non traditionnelle (à cette époque déjà) des obligations sociales de la psychanalyse. Le discours de Budapest sur « la conscience sociale » reflétait la prise de conscience de Freud lui-même de la réalité d’un nouveau contrat social, d’un nouveau paradigme culturel et politique qui a attiré presque tous les réformateurs, depuis Adolf Loos en architecture jusqu’à Clemens Pirquet en médecine et Paul Lazarsfeld en sciences sociales. Finalement, l’héritage de la psychanalyse repose sur l’histoire de son impact social. De 1920 à 1933, la période sans doute la plus féconde de l’histoire de la psychanalyse, les membres de l’Association Psychanalytique Internationale ont formellement rejeté les traditions monarchistes de l’Europe ; et ce non seulement en raison de leur croyance dans la dynamique de l’inconscient individuel, mais aussi de la conjonction de leurs créativités en vue d’un bien plus large : ils s’associèrent aux autorités municipales, établirent des programmes de cours pour les écoles, plaidèrent pour des réformes de santé et de santé mentale, firent des projets de cliniques (dont certains ont abouti) pour les citoyens indigents de Vienne, Berlin, Londres, Budapest, Zagreb, Moscou, Francfort, Trieste et Paris.

La psychanalyse à la portée de tous

8Ce nouveau paradigme a ouvert la psychanalyse aux étudiants, artistes, travailleurs, manœuvres, ouvriers d’usine, employés de bureau, chômeurs, fermiers, employés de maison et instituteurs. Un cinquième au moins du travail des analystes s’adressait à des habitants indigents des villes. L’idée de Freud a eu une telle influence sur des stagiaires et des étudiants en médecine qu’ils ont cherché à financer leur formation en acceptant de soigner des patients gratuitement. Des médecins et des intellectuels établis soignaient gratuitement de jeunes enfants et leurs mères, des adolescents délinquants, et des gens dont les maladies psychosomatiques allaient de l’asthme jusqu’à l’épilepsie, et qui, autrement, n’auraient pas eu les moyens d’entreprendre un traitement. La nature relativement décontractée de cet échange, combinée à la largeur d’esprit de la culture politique de l’entre-deux-guerres, a instauré un ton qui permettait à des gens d’univers sociaux résolument opposés de se rencontrer dans la salle d’attente d’un psychanalyste. Même parmi des analystes qui en apparence évitaient de s’occuper de politique, la pratique dans les cliniques gratuites reflétait implicitement un intérêt civique pour le bien-être des humains. Helene Deutsch, un membre actif du cercle proche de Freud, a pris en charge l’Institut de formation de la Société viennoise après avoir passé les années 1923 et 1924 à Berlin ; elle s’est exprimée pour sa génération. « La volonté révolutionnaire », écrivit-elle dans son histoire de la deuxième génération de psychanalystes, était « un esprit de réforme […] qui ne peut pas être simplement défini par son application sociale ; c’est un attribut des individus qui sont attirés par tout ce qui est nouvellement formé, nouvellement acquis, nouvellement accompli [7] ».

9Avec leurs centres de traitement de santé mentale au service de la communauté, les psychanalystes ont pu participer à la transformation de la société civile, et ces nouveaux centres de traitement ambulatoire ont responsabilisé le peuple et la citoyenneté. Max Eitingon, grand partisan de Freud et homme doué d’un talent extraordinaire pour l’administration, a ouvert la première clinique en 1920, la Policlinique de Berlin. Parmi les innovations de la Policlinique, il y avait des instructions générales concernant la durée du traitement, l’analyse fractionnée (limitée dans le temps) et, bien sûr, la gratuité. C’est là qu’on a entrepris pour la première fois de discuter formellement de l’analyse d’enfants et que s’est instituée la formation psychanalytique. À Vienne, le dilemme de savoir comment ouvrir une clinique psychanalytique sans offenser inutilement l’establishment psychiatrique conservateur allait dépendre de l’habileté diplomatique de Eduard Hitschmann, l’ami de Freud, et fondateur de la deuxième clinique, la clinique ambulatoire de Vienne, en 1922. En 1926, les psychanalystes britanniques ont ouvert une clinique à Londres, sous l’égide d’Ernest Jones, le chef de file de la psychanalyse britannique et, plus tard, le premier biographe important de Freud. Également en 1926, Ernst Simmel, cofondateur avec Eitingon de la Policlinique de Berlin, a ouvert un centre d’hospitalisation au Schloss Tegel juste en bordure de la ville. En 1931, l’analyste pionnier Sándor Ferenczi a fondé une clinique gratuite à Budapest. À cette époque, à Vienne, Wilhelm Reich, dont la fusion opérée entre psychanalyse et politique de gauche soulève autant de controverses aujourd’hui que dans les années 1920, a créé le Sex-Pol, un réseau de cliniques de santé et de santé mentale gratuites à tendance radicale.

Les psychanalystes progressistes

10Erik Erikson, Erich Fromm, Karen Horney, Bruno Bettelheim, Alfred Adler, Melanie Klein, Anna Freud, Franz Alexander, Annie Reich, Wilhelm Reich, Edith Jacobson, Otto Fenichel, Helene Deutsch, Alice Balint, Frieda Fromm-Reichmann, ainsi que Hermann Nunberg, Rudolf Loewenstein, Martin Grotjahn, furent quelques-uns des analystes travaillant dans les cliniques gratuites, et qui, plus tard, se dispersèrent dans le monde occidental ; certains ont continué à porter le flambeau du progressisme, alors que d’autres l’ont enterré. Aujourd’hui ils sont connus pour leur révisionnisme théorique et les diverses façons dont ils ont suivi, transformé et abandonné la théorie freudienne classique. Mais dans les années 1920 et au début des années 1930, ces mêmes analystes se voyaient comme des agents d’un changement social, pour lesquels la psychanalyse était un défi aux codes politiques conventionnels, une mission sociale plutôt qu’une discipline médicale.

11Erich Fromm, membre résident de l’Institut marxiste de recherche sociale à Francfort à la fin des années 1920, et Ernst Simmel, directeur de l’Union des médecins socialistes de Berlin, étaient tous deux analystes à la Policlinique, mêlant intimement leur pratique aux valeurs politiques de l’époque de Weimar. La liberté intellectuelle qui régnait à Berlin a offert assez d’autonomie à Melanie Klein pour mener des analyses approfondies d’enfants. Karen Horney, connue surtout pour être la psychanalyste qui a introduit le relativisme culturel dans la théorie freudienne, était un membre fondateur de la Policlinique et la première femme à y enseigner. À Budapest, Sándor Ferenczi appartenait à un cercle d’intellectuels hongrois modernes, de poètes et d’écrivains, qui comprenait le philosophe de gauche Georg Lukács ainsi que le compositeur Béla Bartók. Pour des intellectuels viennois comme Bruno Bettelheim, Otto Fenichel et Siegfried Bernfeld, plongés dans l’activisme des mouvements de jeunesse de gauche, la psychanalyse représentait une libération des hommes, une responsabilisation sociale et la délivrance des conventions bourgeoises. Erik H. Erikson, lauréat du prix Pulitzer, qui a établi, peut-être avec plus de fermeté que tous les autres, le concept central de l’influence de l’environnement social sur le développement humain, a été formé comme psychanalyste aux débuts de la Vienne moderne, à la clinique ambulatoire.

12Sándor Ferenczi, mort en 1933, était convaincu que les psychanalystes qui négligeaient les « conditions réelles des différentes classes de la société », abandonnaient ceux-là mêmes pour lesquels la vie quotidienne est particulièrement pénible.

13À bien des égards, pour la Vienne d’après-guerre, la théorie et la thérapie psychanalytiques étaient moins sujettes à controverse qu’aujourd’hui. Mais presque depuis ses débuts, et certainement depuis son arrivée en Amérique du Nord, la psychanalyse a subi la pression de clichés anticliniques venant des deux côtés du spectre politique [8]. Certains critiques soutiennent que l’investigation psychologique individuelle exclut la prise de position politique et que l’étude psychanalytique considère l’individu de façon distanciée de la culture. D’autres se sont fait une véritable carrière de l’invalidation de la psychanalyse, la décrétant non scientifique et purement idéologique. Les psychanalystes eux-mêmes ont soutenu que l’objectivité clinique exige de fait une distance avec la politique, la politique sociale et la pensée sociale. Comme l’a fait remarquer Wilhelm Reich, un des théoriciens les plus mordants dans ce domaine, « au sein de la psychanalyse le conflit concernant sa fonction sociale était considérable bien avant que quiconque parmi les personnes impliquées l’ait remarqué [9] ». Mais Ferenczi et Freud avaient reconnu ce conflit et, vers 1910, ils ont mis en œuvre une vaste stratégie rectificative.

La situation politique après la Première Guerre mondiale

14Parmi les changements sociaux dramatiques introduits par la Première Guerre mondiale, on peut noter que des attitudes politiques auparavant méprisées devinrent soudainement dominantes, tandis que les premières républiques autrichienne et allemande eurent un rude chemin à parcourir pour devenir des États constitutionnels. Des changements fondamentaux de perspective géographique et politique ont été mis en évidence par l’avènement de la « Vienne rouge » et du « Berlin de Weimar » qui constituaient des modèles modernes de reconstruction urbaine. Dans les deux villes, la nouvelle politique gouvernementale de planification sociale agressive a lié le redressement économique d’après-guerre à une démarche de travaux publics où l’on voyait de vastes projets originaux côtoyer une évolution culturelle et esthétique de grande envergure. Freud a dit qu’un jour « l’État en viendra à considérer ces tâches comme urgentes », et de fait, les nouveaux gouvernements ont mis en chantier des services de santé et des services sociaux sur une échelle beaucoup plus vaste que ce qui a jamais été réalisé en matière de santé publique. Ils ont encouragé les professions nouvellement développées d’architecture utilitaire, de politique de santé publique et de travail social professionnel, en soulignant l’importance d’une culture de haut niveau pour la cause sociale. Des récits de première main relatifs à la vie dans la Vienne rouge, évoquant ses vastes logements publics communautaires, ses programmes d’assurance sociale pour les familles, l’art et la musique, parlent tous d’engagement public et de fierté citoyenne. Cependant, les interprétations de ces récits sont extrêmement contradictoires, s’appuient sur des motivations idéologiques ; à l’analyste conservateur ils parlent d’intrusion de l’État et de régulation ; au marxiste, d’opportunisme social-démocrate et de futilité d’un changement social progressif ; et aux progressistes, de justice et de discrimination positive.

15En 1919, les femmes autrichiennes ont obtenu l’instauration du suffrage universel, incitant la politique gouvernementale à s’occuper de la santé, du logement et de la famille, à passer de la charité individuelle paternaliste à un programme social : les privilèges de la citoyenneté. Des ressources publiques étaient investies dans le financement de cliniques médicales et dentaires, de programmes d’aide aux familles, d’aide à l’enfance et à la jeunesse, de centres de consultation maternelle. Ce déploiement de programmes a été mis en œuvre par Julius Tandler, brillant anatomiste et professeur d’université, qui a transformé les services sociaux de Vienne en un système professionnel d’assistance aux familles et aux enfants. Même les visiteurs américains en étaient impressionnés. « Une chose est claire, déclara une délégation du Commonwealth Fund, il serait totalement erroné de considérer l’Autriche comme un pays où le système de santé et le travail social seraient à un niveau rudimentaire [10]. » Les représentants du Fund ont rencontré Otto Bauer, le dirigeant raffiné des nouveaux marxistes autrichiens et secrétaire aux Affaires étrangères en 1918-1919. Rédacteur du journal socialiste Arbeiter Zeitung, Bauer parlait du mouvement social de son temps comme d’une « révolution dans l’âme de l’homme [11] ». Selon les sociaux-démocrates de Vienne, la culture urbaine doit inclure toute l’existence du travailleur, depuis la vie privée personnelle et familiale jusqu’à la conduite des affaires publiques et le lieu de travail. Parmi les psychanalystes, le neurologue Martin Pappenheim, de tendance de gauche, ami d’Edouard Hitschmann et hôte fréquent chez les Freud, soutenait que le changement social « devait pénétrer au sein de la structuration des relations familiales, la position sociale des femmes et des enfants [et] la réforme sexuelle [12] ». Tout comme la psychanalyse, l’art coexistait avec la réalité économique, la culture avec la politique, la citoyenneté avec la nouvelle structure participative de l’État [13].

La policlinique de Berlin…

16En tant que lieu abritant la Policlinique – le programme phare de santé publique des psychanalystes –, Berlin devint le cœur de la société psychanalytique de la ville, tout comme la clinique ambulatoire l’était pour les Viennois. L’analyste et professeur hongrois Sándor Radó salua la « merveilleuse société » de Berlin, et Karl Abraham faillit obtenir un poste de professeur de psychanalyse à l’université [14]. Des stagiaires internationaux en travail social, psychiatrie, guidance infantile et psychologie, affluèrent à la Policlinique, pas seulement de France et du Royaume-Uni, mais aussi d’Egypte, de Cuba et des États-Unis. « Envoyez-moi, je vous prie, toutes les informations disponibles concernant votre Institut, écrivit le psychologue Norman Lyon de l’hôpital d’État de Worcester en août 1929, j’espère un jour enseigner la psychologie et diriger une clinique conjointement avec l’enseignement [15]. » Depuis l’aménagement intérieur moderne dessiné par Ernst, le fils architecte de Freud, jusqu’à ses projets éducatifs, les efforts de la clinique pour satisfaire aux obligations sociales de la psychanalyse correspondaient aux perspectives sociales, politiques et culturelles du Berlin de Weimar. Dans leur pratique clinique, les psychanalystes du régime de Weimar discutaient de modes d’abord thérapeutiques non classiques ; et sur le plan social ils plaidaient pour une réforme pénale, la libération sexuelle, l’égalité des sexes, et la décriminalisation de l’homosexualité [16]. L’efficacité de Karl Abraham en tant que président de l’Association a aidé à rationaliser la formule pro bono de Freud. Comme d’autres médecins viennois des années 1920 et du début des années 1930, Sigmund Freud rédigeait à l’occasion un Erlagschein, ou bon pour un patient actuel ou en prévision, qui pouvait s’en servir plus tard comme d’une sorte de monnaie pour payer un autre médecin. Les Erlagscheine étaient souvent joliment imprimés sur un papier orange pâle, avec des caractères classiques, et sans aucune numérotation particulière ; c’était une combinaison particulièrement souple entre un coupon de dépôt bancaire et un chèque personnel. Les praticiens privés pouvaient choisir de valider un Erlagschein comme un bon remboursable (en liquide ou en temps) pour les séances de traitement qu’ils donneraient en général personnellement. Sigmund Freud validait régulièrement des Erlagscheine de deux à quatre cents shillings à la clinique ambulatoire.

… et celle de Vienne

17La demande du public pour un traitement psychanalytique était considérable, et semblait dépasser toute possibilité de solution par rapport aux insuffisances chroniques de temps et d’espace. Vers le milieu des années 1920, un des hebdomadaires d’information de Vienne, le Bettauer’s Wochenschrift, tenait une sorte de rubrique d’assistance. « Solitaire : vous avez 29 ans, vous êtes intelligent, cultivé, vous avez un bon poste, et vous êtes en quête d’une compagne pour partager vos chagrins et vos joies… C’est indiscutablement un cas qui demande un traitement psychanalytique. Consultez la clinique psychanalytique ambulatoire, Vienne, 9e arrondissement, 18 Pelikangasse. Heures d’ouverture de 8 à 19 heures [17]. » Le Wochenschrift traitait de toute une série de sujets sociaux, dont un bon nombre était adressé au Sex-Pol par Wilhelm Reich : droits des homosexuels et droit à l’avortement, discrimination des femmes, absence de domicile fixe, et distinction entre sexualité normale et pornographie. Finalement les cliniques ambulatoires de santé mentale, autrefois réservées aux gens fortunés et relativement aisés, étaient désormais ouvertes à toutes les couches de la société. Et des administrations gouvernementales entières soutenaient la psychanalyse comme forme de psychothérapie pour venir en aide aux soldats souffrant de traumatismes de guerre au retour du front depuis au moins 1916. Avec son accent intransigeant sur la sexualité humaine, la psychanalyse n’était qu’un des nombreux traitements disponibles de la psychologie moderne, mais néanmoins le plus complexe et le plus controversé. Donc que ce soit dans la Pelikangasse à Vienne ou dans la Potsdamer- strasse à Berlin, les cliniques offraient aux patients psychiatriques de leur ville une alternative plus empathique que les soins institutionnels, acceptant ceux que les établissements médicaux et psychiatriques cherchaient à écarter. C’était l’obligation sociale de la psychanalyse.

Le rapport entre les mouvements psychanalytique et politique

18Le rapport existant entre les mouvements psychanalytique et politique a souvent paru mystérieux et une question épineuse pour ses interprètes, sans parti pris idéologique. Il y a peu d’écrits cherchant à réduire les courants de méfiance souterraine entre les groupes psychanalytiques de Londres, Berlin, Vienne et New York. Mais on ne peut ignorer la tentative des nazis de coopter la psychanalyse. À mesure qu’ils devenaient plus forts en Allemagne vers le milieu des années 1930, les fascistes entreprirent d’attaquer les psychanalystes à Berlin. Le 8 avril 1933, le quotidien Gross-Berliner Ärzteblatt publia le décret du régime hitlérien appelant toutes les organisations médicales à « changer » (c’est-à-dire aryaniser) leur comité directeur sous l’égide du Conseil médical allemand. Ce fut un tournant décisif pour l’Association de Berlin. Le Deutsche Institut für Psychologische Forschung (Institut allemand de recherche psychologique) récemment purgé sur le plan racial, connu sous le nom de « Institut Göring » en l’honneur de son fondateur, Matthias Heinrich Göring et de son fameux cousin, le Reichsmarschall Hermann Göring, mettait en application la nazification de la psychanalyse. « Maintenant que les livres de Freud ont été brûlés, le mot de “psychanalyse” doit disparaître », écrivait Göring [18]. En 1938, les nazis avaient si bien réduit la psychanalyse qu’on pouvait parcourir les centres universitaires de Berlin, Vienne ou Leipzig sans rencontrer un seul analyste, sans parler d’un juif. Otto Fenichel et son groupe de collègues exilés étaient embourbés dans leur argumentation politique. Cela aussi fait partie de l’histoire de la psychanalyse et de la politique.

19Chose étonnante, Otto Fenichel a encouragé ses ex-collègues à garder une attitude théorique critique même après l’aryanisation de la Policlinique. Dans les Rundbriefe, une série extraordinaire de lettres circulaires adressées aux analystes militants, Fenichel a clairement formulé l’opposition entre ceux qui soutenaient l’humaniste Freud et une nouvelle sorte de cliniciens qui adoptaient la psychologie du moi. Au cours des dix années suivantes, Fenichel en est venu à considérer la nouvelle théorie d’adaptation de Heinz Hartmann, le tenant de la psychologie du moi, au mieux comme néo-freudienne, et au pire comme conformiste et fâcheusement préfreudienne. Le groupe de Fenichel n’a cessé de soutenir, avec les collègues de l’Association des médecins socialistes d’Ernst Simmel, que l’importance de la psychanalyse résidait justement dans sa dimension sociale, voire marxiste. « Nous sommes tous convaincus, écrivit Fenichel depuis Oslo en mars 1934, de reconnaître dans la psychanalyse de Freud le germe de la psychanalyse dialectique-matérialiste du futur, ce pourquoi nous avons désespérément besoin de protéger et répandre ce savoir [19]. » Aujourd’hui, les cent dix-neuf lettres circulaires impressionnantes d’Otto Fenichel subsistent comme une documentation éloquente sur le lien historique entre la psychanalyse et la politique progressiste, tout aussi classiques dans leur forme épistolaire que le texte psychanalytique de référence de Fenichel, La théorie psychanalytique des névroses. Aujourd’hui, elles sont de fragiles feuilles de vieux papier pour machine à écrire, attachées par des trombones rouillés. Mais elles racontent un aspect de l’histoire du mouvement psychanalytique de 1934 à 1945, l’histoire de ses participants actifs et leurs luttes idéologiques extensives en Europe et en Amérique.

20L’idéologie sociale démocratique de la psychanalyse, souvent étouffée par les régimes autoritaires du milieu du siècle, n’émerge qu’aujourd’hui. Heureusement, les preuves historiques archivées ou orales, si fragmentées qu’elles soient, confirment que le mouvement psychanalytique des débuts était construit autour d’un noyau politique progressiste, étroitement lié au contexte culturel d’Europe centrale entre 1918 et 1933, et que les cliniques ambulatoires gratuites étaient une mise en pratique de cette idéologie. Ce récit ne s’éclaire que si l’on situe la psychanalyse dans son rapport avec les mouvements sociaux alternativement réformistes ou conformistes de modernisme, de socialisme, de démocratie et de fascisme du xxe siècle. Reconstruire d’autres chroniques tout aussi pertinentes à partir de souvenirs personnels et des quelques documents et fragments d’archives subsistants largement dispersés constitue un véritable défi.

21Toutefois, les affiliations politiques effectives de membres éminents du mouvement psychanalytique ont été enregistrées. Parmi les marxistes déclarés il y avait Erich Fromm, Otto Fenichel, Karl Landauer, Barbara Lantos, Georg Gerö, Frances Déri, Kathe Friedländer, Steff Bornstein ainsi que Wilhelm et Annie Reich. Bruno Bettelheim, Grete Bibring, Helene Deutsch, Ernst Simmel, Willi Hoffer, Eduard Kronengold (Kronold), Siegfried Bernfeld et Heinrich Meng se disaient socialistes. Parmi les communistes connus, se trouvent Anny Angel-Katan, Edith Jacobson, Edith Gyömröi, Edith Buxbaum, Marie Langer, Ludwig Jekels et Wilhelm Reich. Eduard Hitschmann, Paul Federn, Karen Horney, Josef Friedjung et Sigmund Freud étaient des social-démocrates. Depuis lors, certains analystes comme Erik Erikson et Karen Horney ont vu leur stature renforcée, tandis que Helene Deutsch et Erich Fromm, par exemple, ont disparu du paysage culturel actuel, et d’autres, comme Wilhelm Reich et Sándor Ferenczi, ont réapparu avec une force remarquable. Comme les lettres circulaires qui resurgissent maintenant, les cliniques ont presque disparu des mémoires, un destin qui fait contraste avec celui des standards de formation psychanalytique minutieusement élaborés et des modèles de pratique privée prévalant aujourd’hui dans les instituts psychanalytiques et les cabinets privés, partout dans le monde.

22Avec leur culture fracassée par le terrorisme, obligés de reconstruire leur vie professionnelle dans une langue étrangère, et assaillis par le nationalisme d’après-guerre, la plupart des psychanalystes d’Europe centrale se sont exilés. Certaines des nations qui les ont accueillis étaient réceptives, tandis que d’autres, en particulier les États-Unis, témoignèrent d’une hostilité remarquable. Il n’est donc pas surprenant que les expressions politiques des psychanalystes de gauche soient passées dans la clandestinité. Mais certains continuaient à penser que la bonne volonté générée par la psychanalyse finirait par triompher, s’ils tempéraient les récits de leur passé radical. Ernest Jones était conservateur depuis toujours ; ses déclarations de 1926 en faveur de la conscience sociale ont cependant engagé la clinique de la Société britannique sur une voie telle qu’elle continue même aujourd’hui à offrir des psychanalyses gratuites aux résidents de Londres. Le centre Jean-Favreau continue à prospérer sous l’égide de la Société psychanalytique de Paris, fondée en 1920 et dirigée pendant de nombreuses années par Marie Bonaparte ; ses psychanalystes offrent des consultations et des traitements gratuits aux résidents de la ville de Paris.

23Vers la fin de la Première Guerre mondiale, Ernst Simmel, collègue de Fenichel qui avait servi comme médecin militaire et directeur d’un hôpital pour soldats souffrant de névroses de guerre, évoquait la nécessité urgente de participer à « l’économie humaine […] à cause du gaspillage de vies humaines durant les années de guerre et pour la préservation de toutes les nations [20] ». Il croyait que la collectivité était le moteur de la survie ; pour lui, comme pour Freud, les cliniques gratuites incarnaient la collectivité au sein de la psychanalyse. Simmel n’était qu’un des collègues de Freud à émerger de la Première Guerre mondiale avec la conviction que la psychanalyse représentait la promesse d’un monde meilleur. Helen Schur, une étudiante en médecine à l’université de Vienne dans les années 1920 et, plus tard, la femme du médecin personnel de Freud, Max Schur, l’a bien résumé. « Je pense qu’ils ont vu que ce serait la libération des gens. C’était les libérer vraiment de la névrose, les rendre plus capables de travailler, vous savez, comme le disait Freud, capables d’aimer et de travailler [21]. »

24L’histoire de cette libération, c’est l’histoire de la politique et de la psychanalyse.

Notes

  • [*]
    Traduit de l’anglais par Judith Dupont.
  • [1]
    S. Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique » (1918), dans Œuvres complètes, vol. XV, 1916-1920, Paris, puf, 1996, p. 107.
  • [2]
    Ibid., p. 107-108.
  • [3]
    S. Freud, « Appendice » à Ma vie et la psychanalyse, Œuvres complètes, tome XVII, puf, 1992, p. 119-122.
  • [4]
    S. Freud, Lettre du 11 octobre 1918 à S. Ferenczi, dans Correspondance Freud-Ferenczi, tome 2, Paris, Calmann-Lévy, 1992, p. 330-331.
  • [5]
    S. Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique » (1918), op. cit.
  • [6]
    S. Freud, « Conseils au médecin dans le traitement psychanalytique. I – Sur l’engagement du traitement », dans Œuvres complètes, vol. XII, Paris, puf, 2005, p. 161-184.
  • [7]
    H. Deutsch, Confrontations with Myself : an Epilogue, New York, W.W. Norton and Co., 1973, p. 84.
  • [8]
    Voir N. G. Hale, Freud and the Americans. The Beginnings of Psychoanalysis in the United States, 1876-1917, Oxford/New York, Oxford University Press, 1971.
  • [9]
    W. Reich, « The living productive power, “Work-Power” of Karl Marx », dans People in Trouble (1936), trad. angl. par P. Schmitz, New York, Farrar, Strauss and Giroux, 1976, p. 75.
  • [10]
    W. J. French, G. Smith, The Commonwealth Fund Activities in Austria 1923-1929, New York, The Commonwealth Fund Division of Publications, 1929, p. 121.
  • [11]
    Voir H. Gruber, Red Vienna, Experiment in Working Class Culture, 1919-1934, Oxford University Press, 1991.
  • [12]
    E. Pappenheim, « Politique et psychanalyse à Vienne avant 1938 », article présenté en 1984 au groupe de travail de l’American Psychoanalytic Association.
  • [13]
    Pour la recherche approfondie concernant l’application excessive des privilèges de la « haute culture » aux classes inférieures, voir H. Gruber, op. cit.
  • [14]
    B. Swerdloff, « Entretien avec Sándor Radó », dans Histoire du mouvement psychanalytique, New York, Columbia University Libraries, 1965, coll. « Histoire orale ».
  • [15]
    N.W. Lyon, lettre datée du 5 août 1929 et adressée au « Secrétaire de l’Institut psychanalytique de Berlin, Allemagne », Archives de la Policlinique de Berlin, Coblence, Allemagne.
  • [16]
    Pour l’esprit civique progressiste de la Société de Berlin, voir L.M. Hermanns, « Karl Abraham und die anfänge der Berliner Psychoanalytischen Vereinigung » ; R. De Clerck, « Der Traum von einer bess’ren Welt : Psychoanalyse und kulture in der mitte der zwanziger jahre », Luzifer?Amor 13, 1994, p. 30-40, p. 41-70.
  • [17]
    B. Noveck, « Hugo Bettauer and the political culture of the First Republic », Contemporary Austrian Studies, vol. 3, 1995, 138-170, p. 145.
  • [18]
    K. Brecht, V. Friedrich, L. M. Hermanns, I. J. Kaminer, D.H. Juelich (sous la direction de), Hier geht das Leben auf eine sehr merkwürdige Weise weiter…, Hamburg, Kellner Verlag, 1990, p. 111 ; trad. fr. A. de Mijolla (sous la direction de), Ici la vie continue d’une manière fort surprenante…, contribution à l’Histoire de la psychanalyse en Allemagne, éd. aihp, 1987.
  • [19]
    O. Fenichel à E. Jacobson, A. Reich, B. Lantos, E. Gyömröi, G. Gerö, et F. Déri, Rundbrief #1, mars 1934, Box 1, Folder 1, Austen Riggs Library.
  • [20]
    E. Simmel, S. Ferenczi, K. Abraham, E. Jones, Psycho?Analysis and the War Neuroses, Introduction S. Freud, Londres, International Psycho?Analytical Press, 1921 (éd. originale, 1918, Kriegs?Neurosen und Psychisches Trauma, Munich, Otto Nemnich).
  • [21]
    H. Schur, entretien inédit par l’auteur, 8 novembre 1995.
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