Notes
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[1]
La correspondance provenant des papiers Balint, les lettres de Jones sont des originaux, celles de Balint sont les copies de celles adressées à Jones, faites par la secrétaire et non signées.
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[2]
Une des sœurs de Sándor Ferenczi, Maria Erdös, s’est installée en Australie vers cette époque.
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[3]
First Contributions to Psycho-Analysis, titre du premier volume sur trois d’un large choix d’articles de Ferenczi, publié dans les années 1920 aux États-Unis dans une traduction d’Ernest Jones, puis publiés en 1952 par Hogarth Press (n° 45 de The International Psycho-Analytical Library) puis à nouveau en 1980, par la maison d’édition américaine Brunner/Mazel. Basic Books a publié une autre édition américaine de l’ouvrage en 1950, sous le titre plus racoleur : Sex in Psychoanalysis, avec une préface de Clara Thompson.
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[4]
Local de la Société britannique de psychanalyse.
-
[5]
Deutéronome, ch. 34, verset 10. Deux traductions existent de cette phrase citée par Balint en anglais : « Il n’a pas paru en Israël de prophète semblable à Moïse, que l’Eternel connaissait face à face. » (Paris, Société biblique de France, 1921), ou bien : « Il ne s’est pas encore levé d’inspiré en Israël comme Moshé, que Adonaï connut faces à faces », trad. A. Chouraqui, Paris, Desclée de Brouwer, 2000. Nous remercions monsieur le rabbin Daniel Farhi pour ses précisions.
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[6]
Sylvia May Payne (1880-1976), médecin, psychanalyste, obtint son diplôme de médecine en 1906. Mariée à J.E. Payne, chirurgien. En service actif pendant la guerre de 1914-1918, responsable de l’hôpital de la Croix-Rouge. Après une première analyse avec James Glover en 1920, elle se rendit à Berlin pour poursuivre sa formation avec Hanns Sachs. En 1922, elle fut admise à la Société britannique de psychanalyse ; en 1924, elle en devint membre titulaire. En 1926, elle rejoignit la London Clinic of Psychoanalysis et en 1927, devint membre du Comité de formation. À partir de 1929, elle fut secrétaire de l’Institut de psychanalyse, puis secrétaire administrative de la Société britannique de psychanalyse. Elle géra les archives des controverses entre Melanie Klein et Anna Freud. En 1944, et entre 1954 et 1956, elle fut présidente de la Société britannique de psychanalyse. C’est elle qui fut à l’origine de la formation fondée sur deux cycles parallèles.
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[7]
Leonard Woolf (1880-1969), éditeur et écrivain, membre du Bloomsbury Group. Marié en 1912 à Virginia Woolf. Fondateur, en 1917, de la prestigieuse Hogarth Press, la maison d’édition qui publia les œuvres de Freud et de nombreux autres psychanalystes.
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[8]
Further Contributions to the Theory and Techniques of Psycho-Analysis, deuxième des trois volumes publiés par la Hogarth Press, d’abord en 1926, réimprimé en 1950, puis 1951 et 1952 (n° 11 de The International Psycho-Analytical Library).
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[9]
Clara Thompson (1893-1958), psychanalyste américaine. Elle rencontre Ferenczi en 1927 et passe les étés 1928 et 1929 à Budapest afin de suivre une analyse avec lui. Elle séjourne à Budapest de 1931 jusqu’à la mort de Ferenczi en mai 1933. En 1943, directrice du William Alanson White Institute. Auteur de cinquante articles et d’un ouvrage intitulé La psychanalyse, son évolution, ses développements, trad. André Green, Paris, Gallimard, 1956.
-
[10]
Dr Bunker. Nous n’avons pas pu élucider les données le concernant.
-
[11]
Psychoanalytic Quarterly, revue américaine de psychanalyse paraissant depuis 1932.
-
[12]
John Rickman (1891-1951), médecin, psychanalyste, pionnier de l’orga- nisation de la psychanalyse en Grande-Bretagne, aux côtés d’Ernest Jones. En 1920, il fit une analyse avec Freud, ensuite avec Ferenczi, puis avec Melanie Klein. Auteur, en 1928, d’un Index Psychanalyticus. Après les Grandes controverses, il se joignit au groupe des Indépendants. Il était plus particulièrement intéressé par la psychologie et la thérapie des petits groupes.
-
[13]
Revue fondée en 1910 par Freud. Ce fut le premier organe officiel de l’Association psychanalytique internationale. Rédacteurs en chef : Carl Gustav Jung et Wilhelm Stekel. La revue cessa d’exister en 1912, après le départ de Stekel de l’Association viennoise.
-
[14]
Jahrbuch für Psychoanalytische und Pathologische Forschungen. Revue fondée en 1909, ce fut la première revue officielle du mouvement psychanalytique, avec Jung comme rédacteur en chef. Le Jahrbuch cessa d’exister en 1913, après la brouille entre Freud et Jung.
-
[15]
Sándor Ferenczi, Journal clinique, traduit par le groupe de traduction du Coq-Héron, Paris, Payot, 1985.
-
[16]
Bausteine zur Psychoanalyse, Verlag Hans Huber, Bern, Stuttgart, 1964. Réédition sans modifications de l’édition originale de 1927 de l’Internationalen Psychoanalytischen Verlag, Leipzig, pour les tomes I et II, et de l’édition originale de 1938 pour les tomes III et IV.
-
[17]
Miksa Schächter (1858-1917), médecin hongrois, fondateur de la revue Gyógyászat (Thérapeutique) à laquelle Ferenczi collabora régulièrement. Schächter représentait pour Ferenczi une figure paternelle respectée.
-
[18]
Ignotus, pseudonyme de Hugo Veigelsberg (1859-1949), journaliste, essayiste, critique littéraire hongrois, il appartenait à la mouvance radicale de gauche. Il était le fondateur et le rédacteur en chef de la revue littéraire Nyugat (Occident). Ami de Ferenczi, il était un des membres fondateurs de l’Association psychanalytique hongroise. Traducteur en hongrois de plusieurs ouvrages de Freud, avec lequel il entretenait une correspondance. En 1919, il émigra d’abord à Vienne, puis aux États-Unis. Il retourna en Hongrie en 1948, un an avant sa mort.
-
[19]
La théorie générale des névroses.
-
[20]
Sans doute une erreur de lecture de la secrétaire pour « Ernest ».
-
[21]
Responsable des éditions américaines des œuvres de Ferenczi chez Badger, Basic Books, puis aux Harvard University Press.
-
[22]
Michael Balint, Amour primaire et technique psychanalytique (Primary Love and Psychoanalytic Technique).
-
[23]
Carl G. Jung, Métamorphoses et symboles de la libido, Paris, Buchet-Chastel, 1953.
-
[24]
Sàndor Ferenczi, « Critique de “Métamorphoses et symboles de la libido” de Jung », Psychanalyse II, Payot, Paris, 1970, p. 105-108.
-
[25]
Dans l’original : « Uncertain papers ». Il s’agit des quatre derniers articles de Ferenczi : « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort » (1929) ; « Principe de relaxation et néocatharsis » (1930) ; « Analyses d’enfants avec des adultes » (1931) ; et « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » (1933).
-
[26]
Il s’agit d’Enid Albu (1903-1994), épouse divorcée de M. Eichholz, que Balint a rencontrée à la clinique Tavistock. Elle deviendra psychanalyste et épousera Michael Balint en 1952.
-
[27]
En allemand dans le texte : au revoir.
-
[28]
Ferenczi, Psychanalyse iv , Paris, Payot, 1982, p. 76-81.
-
[29]
Ibid., p. 82-97.
-
[30]
Ibid., p. 98-112.
-
[31]
Ibid., p. 125-138.
-
[32]
Il s’agit sans doute de l’article de Ferenczi : « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort », Psychanalyse IV, op. cit., p. 76.
-
[33]
Thomas Bowdler (1754-1825) « purificateur » de Shakespeare. Il publie en 1818 un ouvrage intitulé The Family Shakespeare, expurgé de toutes les expressions indécentes et blessantes pour une âme pieuse. D’où l’expression anglaise de « bowdleriser » un texte.
-
[34]
Il s’agit donc d’Enid Albu, bientôt Enid Balint, et des lettres de la Correspondance Freud-Ferenczi, en la possession de Michael Balint, et dont Jones avait besoin pour écrire sa biographie de Freud.
-
[35]
Cette lettre non datée pourrait s’insérer à peu près à cet endroit, en tout cas, avant le mariage d’Enid Albu avec Michael Balint, car elle porte encore le nom de son mari divorcé, M. Eichholz.
-
[36]
Le mariage avec Enid Albu.
-
[37]
Mme Sándor Ferenczi, née Gizella Altschul, femme divorcée de Géza Pálos (1865-1948).
-
[38]
Elma Pálos, épouse divorcée de John Hervé Laurvik, fille aînée du premier mariage de Gizella (1887-1970).
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[39]
S. Lindner (1840-1912), pédiatre hongrois.
-
[40]
Nous savons désormais que l’expression « pauvre Konrad » maintes fois utilisée par Freud et Ferenczi provient du roman Imago de Karl Spitteler, dans lequel le héros nomme ainsi son appareil digestif.
-
[41]
Il s’agit probablement d’une allusion à une nouvelle acquisition pour la collection d’antiquités de Freud. En effet, il a pu faire une série d’achats grâce à Ferenczi qui l’a mis en rapport avec un paysan hongrois ayant trouvé des objets d’antiquité à proximité de Dunapentele, un ancien camp militaire romain (voir lettre 203 Fer dans la Correspondance Freud-Ferenczi, tome I).
-
[42]
Le pauvre Konrad.
-
[43]
Ça.
-
[44]
Sans doute erreur de la secrétaire pour « Elma ».
-
[45]
Le mot en question est Ananké : le destin.
-
[46]
En ce qui concerne les dates de sa présidence, Jones parle de 1913-1944, Balint de 1933-1944. Ici, il est probablement question de la présidence de l’Association britannique. Quant à celle de l’ipa, c’est Ferenczi qui a été élu, en 1918, président de l’Association internationale, mais compte tenu de l’isolement de la Hongrie après la Première Guerre mondiale, il a dû déléguer la fonction présidentielle à Jones en 1919. Puis, de président délégué, celui-ci s’est subrepticement transformé en président en titre.
-
[47]
Olga Székely-Kovács, épouse Dormandi (1900-1971), artiste peintre, fille cadette de Vilma Kovács et sœur d’Alice Balint.
-
[48]
Robert Berény (1887-1953), peintre hongrois, membre du « Groupe des huit », groupe d’artistes déterminés à introduire la peinture moderne en Hongrie. En raison de sa participation aux mouvements révolutionnaires, il fut contraint à émigrer en 1919. Il s’installa à Berlin, puis en 1926, retourna en Hongrie. Il était ami de Ferenczi.
-
[49]
En allemand dans le texte : professeur agrégé - s’inscrire à son cours.
-
[50]
Ferenczi, tout comme Freud ainsi que la quasi-totalité des analystes hongrois, était un partisan ardent de l’analyse par les non-médecins. Jones, pour sa part, soutenait les analystes américains qui souhaitaient réserver l’exercice de la psychanalyse aux seuls médecins, ce qu’ils ont d’ailleurs fait, jusqu’à une date relativement récente. Un procès retentissant les a obligés alors à s’adapter aux usages des autres associations psychanalytiques. Pour la question de l’analyse laïque, voir le Coq-
Héron, n° 150. -
[51]
La grande découverte : il s’agit du transfert.
-
[52]
Abraham Arden Brill (1874-1948), psychiatre et psychanalyste américain d’origine hongroise, fondateur, en 1911, de la Société psychanalytique de New York. Il était violemment opposé à Freud et à Ferenczi sur la question de l’analyse laïque.
-
[53]
Max Eitingon (1881-1943), psychiatre et psychanalyste juif d’origine polonaise. En 1909, il suit une analyse avec Freud. En 1919, il s’installe à Berlin, y finance la polyclinique qui permet aux plus démunis d’avoir accès à la psychanalyse, et assure la formation des analystes. Président de l’Association psychanalytique internationale de 1927 à 1932. À la mort de Ferenczi, c’est lui qui prononça son éloge funèbre. Fin 1933, il quitte Berlin pour s’installer à Jérusalem.
-
[54]
Voiture anglaise dont la fabrication a cessé peu après la Deuxième Guerre mondiale. La grosse Humber était certainement une voiture d’occasion assez ancienne, car après la guerre, cette usine de taille modeste ne fabriquait plus que de petits modèles.
-
[55]
Le chercheur d’âme, un roman psychanalytique, trad. Roger Lewinter, Paris, Gallimard, 1971.
-
[56]
Médecin hongrois devenu tristement célèbre depuis l’épidémie de sida.
-
[57]
Sándor Feldman, médecin et psychanalyste hongrois, accusé de conduite incorrecte et exclu de l’Association psychanalytique hongroise. Il rejoint alors l’Association des médecins indépendants, le groupe des stekeliens. En 1938, il émigre aux États-Unis.
-
[58]
Faute de frappe. Il s’agit de Jenö Hárnik, médecin, psychanalyste. Dans sa jeunesse, membre du Cercle Galilée, association des étudiants de gauche. Très actif pendant la république des Conseils. Il émigra en 1922 à Berlin où il devint analyste didacticien. D’après le témoignage de Charlotte Balkányi, psychanalyste hongroise émigrée en Angleterre, il est mort à l’hôpital psychiatrique à Budapest.
-
[59]
Melanie Klein a fait une première tranche d’analyse avec Ferenczi.
-
[60]
Sándor Radó (1890-1972), juriste et médecin, premier secrétaire et membre fondateur de l’Association psychanalytique hongroise. En 1922, il partit à Berlin, fit une analyse avec Abraham et devint membre du comité de formation à l’Institut. En 1924, rédacteur en chef de la Zeitschrift, et en 1927 de l’Imago. En 1931, il émigra à New York. Par la suite, peu à peu, il s’éloigna de Freud. Il créa un Institut de psychanalyse à l’université de Columbia. Il représentait la conception comportementaliste au sein de la psychanalyse.
-
[61]
En fait, Ferenczi a fait trois tranches d’analyse avec Freud, de plusieurs semaines chacune, avec des séances quotidiennes, voire biquotidiennes.
-
[62]
S. Ferenczi, Psychanalyse II, Paris, Payot, 1970, p. 51-65.
-
[63]
Op. cit. p. 268-277.
-
[64]
S. Ferenczi, Psychanalyse III, Paris, Payot, 1974, p. 134-135.
-
[65]
S. Ferenczi, Psychanalyse IV, op. cit., 1982, p. 125-138.
-
[66]
Manifestement, Michael Balint ne voulait pas confier le journal de Ferenczi à Jones, dont la malveillance évidente à l’égard de Ferenczi aurait trouvé prétexte à confirmer son diagnostic de maladie mentale. Car, en fait, le journal est entièrement écrit en allemand, et plus des trois quarts du texte sont dactylographiés.
-
[67]
Il s’agit sans doute de l’article posthume de Ferenczi, « Mathématique », Psychanalyse IV, p. 207-218, écrit vers 1920, où on peut lire : « Le mathématicien n’est pas nécessairement intelligent [idiots]. »
-
[68]
Buste de Freud, exécuté par le sculpteur Königsberger. Voir E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, tome III, Paris, puf, 1969, p. 259.
-
[69]
Lettres circulaires.
-
[70]
Le bombardement de Londres par les Allemands en 1940.
-
[71]
Selon le récit biblique, Salomon, voulant identifier la vraie mère d’un enfant revendiqué par deux femmes, menaça de le couper en deux. Mais cette menace ne fut pas exécutée, la vraie mère étant prête à céder l’enfant à l’autre femme plutôt que de le laisser tuer.
-
[72]
Paula Heimann (1899-1982), psychanalyste kleinienne. À la suite d’un conflit, en 1949, elle a rejoint le Groupe des Indépendants (Roudinesco et Plon, dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, 1997, p. 424-425).
-
[73]
Apparemment, manquent ici au moins deux lettres : la lettre critique de Balint et la lettre de Jones dans laquelle il fait état du choc qu’il en aurait éprouvé.
-
[74]
Le caractère pulsionnel propre et étranger.
-
[75]
Événements survenus lors de l’assemblée générale de 1924. Le comité secret venait de se dissoudre suite aux disputes entraînées par la publication par Ferenczi et Rank des Perspectives de la psychanalyse, et par Rank du Traumatisme de la naissance.
-
[76]
Perspectives de la psychanalyse, Payot, Paris, 1994.
-
[77]
Textuellement : buts de développement.
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[78]
Textuellement : voies de développement.
-
[79]
En allemand dans le texte : « Et maintenant, il s’occupe de théorie de la génitalité. »
-
[80]
Willy Hoffer (1897-1967), médecin et psychanalyste anglais d’origine autrichienne, proche d’Anna Freud. Rédacteur en chef de l’International Journal of Psychoanalysis en 1957. Ensuite, de 1957 à 1960, président de la Société britannique de psychanalyse.
-
[81]
International Journal of Psycho-Analysis.
-
[82]
Buts de développement.
-
[83]
Horace, « Art poétique », Epitres, trad. F. Villeneuve, Paris, Les Belles Lettres, 1995. Voici la traduction française de la phrase (avec ce qui la précède) : « Les peintres et les poètes eurent le juste pouvoir de tout oser, je le sais et c’est un privilège que je réclame et que j’accorde tour à tour. » En anglais : « This licence we poets claim and in our turn we grant the like. » La traduction donnée par Balint semble inexacte. Il prend une certaine licence avec le texte, la même dont se réclame Horace.
-
[84]
Max Eitingon (1881-1943), voir note précédente.
-
[85]
Il s’agit de la « Confusion de langue entre l’enfant et les adultes ».
-
[86]
Jones a manifestement mal retenu ce qu’il a pu lire dans la Correspondance Freud-Ferenczi. Ferenczi y refuse la présidence de l’Association internationale à un moment où ses recherches le portent à vouloir réviser un certain nombre de théories admises jusque-là. Il insiste cependant sur le fait qu’il n’a, à aucun moment, l’impression de s’éloigner pour autant de la psychanalyse.
-
[87]
En français dans le texte.
-
[88]
Sous-entendu : à propos d’Elma et de Gizella.
-
[89]
L’identité de ce témoin oculaire n’a jamais pu être éclaircie. Certains pensent qu’il n’a probablement jamais existé. D’autres, dont le Dr Lajos Lévy, le médecin de Ferenczi, soulèvent la possibilité qu’il pourrait s’agir de Gisela elle-même qui, dans sa dernière lettre à Freud, quelques jours avant la mort de Ferenczi, écrit que celui-ci n’est plus tout à fait lui-même. Si c’était là le témoignage oculaire en question, il s’agirait une fois de plus d’une différence d’interprétation des faits.
1 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite, mais dans une écriture qui ne semble pas être celle de Jones, suivie entre parenthèses des lettres N.T.).
2 Le 8 avril 1938
3 Cher Monsieur Balint,
4 Je vous remercie de votre lettre du 5 avril. Vous serez heureux d’apprendre que le Dr Rickman part d’ici le 13 avril, et après un arrêt de trois jours à Vienne, se rendra à Budapest pour enquêter sur la situation qui règne là-bas. Il pourra parfaitement se charger de la lettre pour Chicago.
5 Sincèrement vôtre,
6 Ernest Jones
7 [À la fin de la lettre, dans une écriture étrangère, probablement celle d’Alice Balint : Jones a écrit à Géza que nous devrions prendre des mesures concernant l’Australie. Vous devez aller avec Géza pour vous faire inscrire sur la liste pour l’Australie. Nous allons en discuter ce soir.]
8 * * *
9 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite, mais dans une écriture qui ne semble pas être celle de Jones, suivie entre parenthèses des lettres N.T.).
10 Le 23 avril 1938
11 Cher Monsieur Balint,
12 Je suis désolé, mais le Dr Rickmann n’avait pas autorité pour susciter les espoirs qu’il a éveillés semble-t-il. Je suis sûr que vous comprendrez que nous nous inquiétons en premier lieu de nos collègues de Vienne, qui sont dans une situation critique. J’ai obtenu la permission de notre ministère de l’Intérieur pour que le professeur Freud et un nombre limité de ses collaborateurs puissent s’installer en Angleterre, mais il n’est pas certain que je puisse faire plus. De toute façon, Londres, déjà saturée, serait hors de question. Mais j’ai une autre idée. Dans l’intérêt de la psychanalyse, les analystes didacticiens majeurs, comme vous et votre femme, seraient bien plus utiles en développant un nouveau centre plutôt que de se joindre à la foule [des praticiens] ; de plus, les perspectives pratiques sont bien meilleures dans nombre de ces endroits. J’ai écrit à un « plus ou moins » analyste à Sidney (Australie) pour m’informer des possibilités qui existent là-bas, et n’ayant pas reçu de lettre de Mme Ferenczi [2], je lui ai réécrit en lui indiquant vos noms. Je suis sûr que vous y serez bien reçus ; j’ai cru comprendre que ce projet a été conçu en accord avec le docteur Róheim. Nous espérons installer quelques analystes étrangers, de préférence des didacticiens, dans quelques centres provinciaux d’ici, notamment Liverpool, Manchester et Glasgow, mais je ne sais rien encore du programme à cet égard. La situation à Vienne est très difficile, et pas claire du tout. Des arrangements ont été pris pour qu’un certain nombre d’analystes aillent en Angleterre, à Paris et en Amérique, mais il y en a encore beaucoup d’autres dont il faut s’occuper.
13 Je vous ferai savoir ultérieurement comment se développe la situation, et vous pouvez être assuré que je ne vous oublierai pas.
14 Avec mes meilleures pensées, Sincèrement vôtre,
15 Ernest Jones
16 * * *
17 [Treize ans se passent sans qu’aucune lettre ait été échangée, ou du moins sans qu’aucune lettre ait subsisté. Nous savons que pendant ce temps Balint, a fréquenté les réunions à Londres dans la mesure où les circonstances le permettaient, et quelques échanges téléphoniques ont certainement eu lieu.]
18 Dr Michael Balint à Ernest Jones (copie dactylographiée comme toutes les lettres de Balint qui suivront).
19 37 Devonshire Place, London W.1.
20 le 20 mai 1951
21 Cher Dr Jones,
22 Je veux seulement vous rappeler ici votre promesse de me faire parvenir le nom et l’adresse du monsieur responsable de la réimpression récente des First Contributions [3] de Ferenczi.
23 C’était très plaisant de vous voir au sein de notre bande. Le vieux Gloucester Place [4] avait une tout autre allure et avait retrouvé quelque chose de son atmosphère d’autrefois du fait de votre présence. Je ne sais pas ce que vous éprouvez à ce propos, mais je prends la liberté de suggérer que vous veniez de temps en temps à nos réunions, si ce n’est pas trop fatigant pour vous.
24 Je me demande si vous êtes pleinement conscient de ce que vous représentez, indépendamment de vos contributions personnelles, en particulier pour la prochaine génération d’analystes. Certes, comme vous le savez bien, il y en a quelques-uns parmi nous qui ont connu Freud, et même quelques-uns qui ont été analysés par lui ; vous êtes cependant le seul qui ait appartenu à ce cercle très intime des premiers élèves, et si je peux citer la Bible : « Et depuis, aucun prophète ne surgit en Israël tel que Moïse, que le Seigneur a connu face à face [5]. » Vous êtes désormais le seul porteur de cette grande tradition et vous seul pouvez la transmettre à la nouvelle génération.
25 Ce que je propose concrètement, c’est que vous participiez aux réunions disons une fois par trimestre, si ce n’est pas trop vous demander. Pour vous aider à choisir la soirée la plus intéressante pour vous, je peux vous faire parvenir nos futurs programmes le plus tôt possible avant la réunion.
26 J’espère que vous comprendrez mes motivations et ne considérerez pas cette lettre comme une transgression irrespectueuse.
27 Sincèrement vôtre.
28 * * *
29 Michael Balint à Mme le Dr Payne (dactylographiée)
30 Responsable du comité d’édition
31 le 30 septembre 1951
33 Ceci est un rapport à l’intention du comité d’édition concernant les sujets discutés avec monsieur L. Woolf [7]. J’en adresse une copie au Dr Jones, pour information.
34 A) monsieur Woolf est plutôt satisfait des ventes des Further Contributions [8] de Ferenczi et aimerait publier d’autres écrits de lui s’ils peuvent être mis à sa disposition. D’une part, il y a :
35 (a) les First Contributions, traduits par Jones et publiés tout d’abord en Amérique. Les droits relatifs à cet ouvrage sont récemment devenus libres, et il a été republié en Amérique avec une nouvelle préface du Dr Clara Thompson [9]. Je pense pouvoir obtenir du nouvel éditeur une déclaration disant qu’il n’a aucun droit sur aucune autre forme de publication. Dans ce cas, monsieur Woolf souhaiterait le publier, si possible dans l’Int. Ps. A. Library.
36 (b) Thalassa, traduit par le Dr Bunker [10] et publié par le Quarterly [11]. monsieur Woolf en a demandé une copie et il est en train de l’étudier afin de décider de ce qu’il conviendrait d’en faire.
37 Il y a suffisamment de matériel de Ferenczi, publié seulement dans des revues, ou pas encore traduit en anglais, pour constituer un volume tout à fait imposant. Si le comité d’édition est d’accord, monsieur Woolf souhaiterait vivement le publier dans l’Int. Ps.A. Library. Étant l’exécuteur littéraire pour l’œuvre du Dr Ferenczi, toute l’affaire pourrait être réglée très rapidement. Voulez-vous soulever le problème au comité, et au cas d’un accord de principe, je soumettrais à son approbation un programme détaillé pour ce volume.
38 B) Compte tenu des dimensions du matériel – 200 000 mots – monsieur Woolf a suggéré que la collection de mes articles soit publiée en deux volumes. Voulez-vous demander au comité son accord à ce projet, et dans l’affirmative, lui communiquer la décision par écrit, pour qu’il puisse commencer la mise en chantier. J’avance avec la préparation du matériel et j’espère que tout sera prêt pour l’imprimeur vers Noël.
39 Sincèrement vôtre.
40 * * *
41 Lettre de S.M. Payne à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature et corrections manuscrites).
42 INSTITUTE OF PSYCHO-ANALYSIS
43 (Incorporated 26th September, 1924)
Bankers : | Reg. Office, |
The Westminster Bank, Harley Street, W.1. | 96 Gloucester Park, London,W.1. |
Sollicitors : | |
Messrs. Evill & Coleman, | Auditors : |
18-20, York Buildings, Adelphi, W.C.2. | Messrs. Finnie Ross Welch & Co. |
William H. Gillespie, m.d. m.r.c.p., D. psych (president) | |
Donald W. Winnicott, m.a., f.r.c.p. (training secretary) | |
Michael Balint, m.d., m.sc., l.r.c.p., l.r.c.s. (scientific secretary) | |
Margaret Little, m.r.c.s., l.r.c.p., -business secretary) | 96 Gloucester |
W. Clifford M. Scott, b.sc., m.d. (tor) d.p.m. (director of the london clinic of psychoanalysis) | London W.1 |
Willi Hoffer, m.d., ph.d., l.r.c.p., l.r.c.s., l.r.f.p.s. (editor of the international journal of psychoanalysis) | Telephone : welbeck 1552 |
Mrs hedwig hoffer | |
Roger E. Money-Kyrle, m.a. ph.d. | |
Mrs. Sylvia Payne, c.b.e., m.b., b.s. |
44 Le 12 octobre 1951
45 Cher Dr Balint,
46 Je vous remercie pour votre lettre du 30 septembre. Le comité d’édition a étudié votre proposition lors de sa dernière réunion.
47 En ce qui concerne les First Contributions de Ferenczi, nous sommes déjà en train de négocier avec la Hogarth Press et nous sommes très heureux d’apprendre que vous pouvez nous apporter votre aide dans cette affaire, car le Dr Jones voudrait que le titre Sex in Psycho-Analysis soit abandonné et qu’on revienne au titre original, The First Contributions. Vous serez certainement en mesure de nous aider à cet égard. Cela fait un an que nous essayons d’obtenir ce livre.
48 En ce qui concerne vos propres livres proposés à la publication, le Dr Jones vous écrira le moment venu pour les arrangements, et aussi à propos de la question de savoir si d’autres articles de Ferenczi pourraient être publiés.
49 Mademoiselle Dresher me fait savoir que certains dossiers du Dr Rickman [12] contenant de la correspondance relative à des publications pourraient se trouver parmi ceux qui vous ont été envoyés. Si c’est le cas, voulez-vous avoir l’amabilité de me les faire suivre sans délai car nous sommes justement en train de nous occuper de quelques éditions anciennes auxquelles il avait participé. [Ajouté à la main à la lettre dactylographiée] Il semble que le Dr Rickman ait récemment eu à examiner un dossier contenant les contrats originaux.
50 S.M. Payne
51 Présidente du comité d’édition
52 Dr M. Balint
53 37 Devonshire Place, W.1.
54 * * *
55 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite)
56 Sans date, en vacances au pays de Galles.
57 Cher Dr Balint,
58 Vous pouvez m’inscrire pour une présentation (pas un article) décrivant le premier Congrès international de psychanalyse, qui pourrait intéresser les gens. Je vous donnerai plus tard une idée du temps – probablement la moitié de la soirée –, mais il pourrait y avoir une joyeuse réception à la maison M., à l’inverse de la triste réception Rickmann (à laquelle je regrette de ne pouvoir assister). Cela pourrait être celle d’après ( ? date).
59 Je suis d’accord pour les deux livres Ferenczi, mais l’ancien doit avoir son titre original, pas le titre modifié « Sex en ?a »
60 J’ai examiné votre propre liste de publications et j’ai essayé d’en faire une sélection. Mais votre projet de deux volumes est meilleur.
61 Sincèrement vôtre,
62 Ernest Jones
63 * * *
64 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
65 The Plat
66 Elsted Nr Midhurst, SX.
67 Téléphone : Harting 261
68 Télégrammes : Elsted, Harting
69 Le 12 octobre (1951)
70 Cher Dr Balint,
71 Nous avons discuté de votre proposition hier au comité d’édition. Nous sommes tout à fait favorables à l’idée d’obtenir le premier livre de Ferenczi pour la collection de la Library, mais il est important qu’il garde le titre original choisi par lui. Mr Woolf maugrée, disant que bien des livres ont des titres similaires, mais de toute façon, celui de Ferenczi était le premier et a donc la priorité. Je partage votre piété à son égard, aussi je veux veiller à ce que tout ce que nous publions de lui ajoute à son prestige plutôt qu’à son discrédit. Comme vous le savez, au cours de sa dernière maladie, lorsqu’il a rompu avec Freud, il a écrit un certain nombre de choses qui ne ressemblaient guère à l’ancien Ferenczi. Nous proposons que vous sélectionniez les articles auxquels vous pensez et que vous me les soumettiez, si possible avec les originaux. Y en a-t-il qui n’ont pas été traduits du hongrois ?
72 En ce qui concerne vos propres écrits, le comité a décidé qu’il vaudrait mieux en publier un volume pour commencer, et à cet effet, il serait préférable que vous me fassiez parvenir une sélection des articles que vous considérez comme les meilleurs, plutôt que de me laisser faire la sélection. Il sera nécessaire, bien sûr, de faire une estimation approximative du nombre de mots.
73 Je constate qu’il n’y a aucun compte rendu concernant la fréquentation du premier congrès, ni même les contributions présentées, et ma mémoire se concentre naturellement sur les points saillants. J’ai écrit à deux ou trois personnes pour en savoir plus, de sorte que je ne peux pas encore préciser le temps dont j’aurai besoin. Cependant, comme ce sera la première séance dans le nouveau local, mise à part la triste séance en l’honneur de Rickman, je pense que le mieux serait de faire suivre mon allocution d’une réunion sociale agréable qui me permettrait de rencontrer les membres plus jeunes, etc. En ce qui concerne le titre, je pense que « Souvenirs du premier congrès international de psychanalyse » ferait l’affaire.
74 Sincèrement vôtre,
75 Ernest Jones
76 * * *
77 Michael Balint à Ernest Jones
78 Le 15 octobre 1951
79 Cher Dr Jones,
80 Je suis très heureux que vous ayez décidé de prendre toute la soirée pour vous-même. Je suis tout à fait certain que ce sera une soirée mémorable pour tous ceux qui seront présents.
81 Je ne suis pas surpris que vous n’ayez pas trouvé le compte rendu du Premier congrès de psychanalyse, car je ne l’ai découvert que par hasard. Il se trouve dans le Zentralblatt [13], volume I (1911) pages 125-129. Vous noterez que les deux congrès, le premier et le second, sont décrits dans les comptes rendus officiels (Zentralblatt et Jahrbuch [14]) comme « Société psychanalytique privée », ce qui, selon l’usage actuel, correspondrait à « rencontre » ou « conférence ». L’appellation officielle de « congrès » ne commence qu’avec la troisième rencontre, bien que le numérotage commence avec celle de Salzbourg. Freud lui-même – dans le Mouvement psychanalytique – appelle la première « rencontre » et la seconde « congrès privé ». Je présume que le changement a été motivé par la fondation de l’A.(ssociation) Ps.(ychanalytique) Int.(ernationale) à Nuremberg, en 1910. J’ai hâte d’en apprendre plus par votre intermédiaire. Connaissant votre grand respect pour les faits historiques, je me demande si vous voudriez changer le titre proposé pour votre présentation : « Souvenirs du premier Congrès international de psychanalyse. » Voulez-vous avoir l’amabilité de me faire connaître vos intentions ?
82 Je suis pleinement d’accord avec vous sur le fait que le premier livre de Ferenczi doit porter son titre original.
83 Un seul écrit de Ferenczi n’a pas été traduit, c’est son Journal de 1930/1933 [15]. Les sujets qui y sont abordés sont toujours très controversés, Ferenczi lui-même a changé d’avis en ce qui les concerne, je crois donc que nous devons attendre un certain temps avec leur publication.
84 Les écrits que je souhaite proposer à la publication ont tous été inclus dans les quatre volumes des Bausteine [16], ce qui veut dire qu’ils ont tous été vus par le professeur Freud avant publication. Pour une raison quelconque, ils n’ont pas encore été traduits en anglais, ou bien certains qui ont été traduits l’ont été trop tard pour être inclus dans les Further Contributions. Je prépare une liste de tous ceux-là et je vous les soumettrai le moment venu.
85 En ce qui concerne mes écrits, je comprends l’hésitation du comité et je suis prêt à les rencontrer à mi-chemin. Je suis certain que vous comprendrez que m’étant établi en Angleterre, il est important pour moi que le public anglais connaisse mon œuvre scientifique. Bon nombre de mes écrits n’ont paru qu’en hongrois ou en allemand, et sont inaccessibles aux lecteurs anglais. Comme il est impossible de les publier dans des périodiques, un livre paraît la seule solution. J’ai déjà éliminé tous les articles que je ne considère pas comme importants, de sorte que cela n’aurait pas de sens pour moi d’en éliminer d’autres.
86 Par ailleurs, je ne veux pas que l’Institut prenne un quelconque risque financier. Aussi puis-je proposer de publier les articles qui figurent sur la liste remise au comité (avec seulement des changements mineurs), en prenant un risque à 50/50 % ; ou même entièrement à mes risques ? J’ai bon espoir que cette proposition pourra dissiper les objections du comité. Entre-temps, je vais poursuivre le travail préparatoire et j’espère connaître la décision finale d’ici peu.
87 Sincèrement vôtre.
88 * * *
89 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
90 The Plat
91 Elsted Nr Midhurst, SX.
92 Téléphone : Harting 261
93 Télégrammes : Elsted, Harting
94 Le 23 octobre (1951)
95 Cher Dr Balint,
96 Je n’ai pas à changer de titre, puisque toujours, depuis, on l’a appelé Congrès.
97 Merci pour la référence du compte rendu officiel, que j’avais découvert moi-même.
98 Votre livre. Je pense qu’il vaudrait mieux que nous acceptions la décision du comité. Ils vont sans doute considérer la question d’un deuxième volume quand ils verront comment est reçu le premier. Je suis certain qu’il serait préférable pour vous de faire vous-même la sélection de vos articles.
99 Bien sincèrement vôtre,
100 Ernest Jones
101 * * *
102 Michael Balint à Ernest Jones
103 Le 10 novembre 1951
104 Cher Dr Jones,
105 Je vous envoie ci-joint la liste des articles de Ferenczi qui n’ont été inclus ni dans les Contributions, ni dans les Further Contributions. J’ai éliminé de la liste : (a) tous les articles qui n’ont qu’un intérêt local (hongrois), la nécrologie du Dr M. Schächter [17], ou l’article sur Ignotus [18], etc. ; (b) pratiquement toutes les notes de lecture à part celles qui concernent les ouvrages de Freud, bien que quelques-unes, par exemple celles concernant les livres de Groddeck, pourraient être tout à fait intéressantes ; (c) ses deux comptes rendus généraux dans les Berichte [19].
106 Je considère très attentivement votre proposition de ne publier qu’un seul volume de mes articles. Je constate que je peux facilement réduire le volume d’environ dix pour cent, ce qui en ferait un volume acceptable. Toute autre réduction pourrait rompre la continuité et rendrait toute publication ultérieure bizarre, presque dépourvue de sens.
107 Pour clarifier la situation, me permettrez-vous de souligner que je ne suis pas à la recherche d’un éditeur. Plusieurs maisons, tant aux États-Unis qu’ici, m’ont demandé ce manuscrit (par exemple Routledge and Kegan Paul, International Universities Press, etc.), mais je préférerais de beaucoup que mon livre fasse partie de la Library. Pour avoir cet honneur, je suis prêt à sacrifier quelques-uns de mes articles, dans une certaine limite. Connaissant les membres du comité d’édition, je suis à peu près certain que si vous acceptez ma proposition, ils ne soulèveront aucune objection.
108 J’ai hâte d’entendre votre future conférence.
109 Sincèrement vôtre.
110 * * *
111 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
112 The Plat
113 Elsted Nr Midhurst, SX.
114 Téléphone : Harting 261
115 Télégrammes : Elsted, Harting
116 Le 13 novembre (1951)
117 Cher Dr Balint,
118 Merci beaucoup pour la liste Ferenczi. Malheureusement, j’ai fait cadeau de mes Bausteine à l’Institut, il y a donc beaucoup d’articles que je ne peux pas relire. Je pourrai peut-être les emprunter la semaine prochaine. Je suis sûr que nous ne devrions pas faire une édition complète, mais nous limiter à une sélection. Je suis responsable, bien sûr, de la qualité de ce que nous publions dans la collection de la Library, et comme Ferenczi était l’un de mes meilleurs amis, je suis également sensible à sa réputation. La malheureuse détérioration mentale causée par sa maladie au cours de ses dernières années a fait qu’il a écrit alors des choses telles qu’il n’en aurait même pas rêvé dans ses meilleurs jours, et j’ai le sentiment très fort qu’il faut se souvenir de lui à partir de ce qu’il a fait de mieux, et non de pire.
119 Je ne comprends pas très bien ce que vous voulez dire par les dix pour cent de réduction concernant vos propres écrits. Il y a, bien sûr, des limites aux dimensions d’un livre dans la collection de la Library. Cette limite serait environ de quatre-vingt mille mots. Faites donc vos calculs sur cette base.
120 Sincèrement vôtre,
121 Ernest Jones
122 * * *
123 Michael Balint à Ernest Jones
124 Le 5 décembre 1951
125 Cher Dr Jones,
126 Je vous envoie ci-joint la nouvelle liste de mes articles prévus pour la publication. Comme vous le verrez, ils sont divisés en deux volumes A et B, et conformément à la proposition, j’aimerais commencer la publication par le volume A.
127 Selon une estimation grossière, ce volume contiendrait environ 96 000 mots, ce qui, selon monsieur Woolf, constitue un projet tout à fait envisageable.
128 Je vous serais très reconnaissant si vous pouviez donner votre accord dès que possible. Les manuscrits sont presque prêts et je voudrais les remettre à l’imprimeur avant Noël ; dans ce cas, selon monsieur Woolf, il y a une bonne chance que l’ouvrage soit publié au début de l’automne prochain.
129 Sincèrement vôtre,
131 The Plat,
132 Elsted,
133 Nr. Midhurst,
134 Sussex.
135 * * *
136 Michael Balint à Ernest Jones
137 Le 12 décembre 1951
138 Cher Dr Jones,
139 J’ai enfin reçu les conditions de monsieur Rosenthal [21]. Il est d’accord pour nous envoyer des feuillets ou, si nous voulions composer ici les Contributions de Ferenczi, comme droits, il demanderait 10 pour cent, qu’il serait disposé à partager par moitié avec la famille Ferenczi.
140 Comme je n’ai pu découvrir nulle part ce qu’étaient les termes exacts du contrat entre Beadger et Ferenczi, je ne sais pas s’il convient d’accepter ou de refuser son offre. Vous, peut-être, en tant que traducteur, vous vous souviendrez des termes du contrat. Je vous serais reconnaissant pour toute aide que vous pourriez m’apporter.
141 Mon manuscrit pour le volume A prévu est prêt pour l’impression. Je vous serais très reconnaissant de me faire parvenir un simple oui ou non.
142 Sincèrement vôtre,
143 * * *
144 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
145 The Plat
146 Elsted Nr Midhurst, SX.
147 Téléphone : Harting 261
148 Télégrammes : Elsted, Harting
149 Le 13 décembre (1951)
150 Cher Dr Balint,
151 Le titre de votre volume A semble intéressant [22]. Je ne connais pas bien tous les articles. Pensez-vous que Amour archaïque serait éclairant comme titre ? Votre prochaine étape serait de vous arranger avec le Dr Payne ou le Dr Scott pour établir le contrat nécessaire avec la Hogarth Press, avec mon accord. Une fois ceci fait, vous pourrez envoyer le tapuscrit sous presse.
152 Sincèrement vôtre,
153 Ernest Jones
154 * * *
155 Michael Balint à Ernest Jones (lettre dactylographiée).
156 Le 15 décembre 1951
157 Cher Dr Jones,
158 Je suis très heureux d’avoir obtenu votre accord, et je suis fier que mon livre paraisse dans l’Int. Ps A. Library.
159 Par ce même courrier, j’écris au Dr Payne et à monsieur Woolf pour les informer de votre accord préliminaire et leur demander d’établir le contrat et de vous le soumettre.
160 Avec mes meilleurs vœux pour Noël et le Nouvel An,
161 Sincèrement vôtre.
162 * * *
163 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
164 The Plat
165 Elsted Nr Midhurst, SX.
166 Téléphone : Harting 261
167 Télégrammes : Elsted, Harting
168 Le 16 décembre (1951)
169 Cher Dr Balint,
170 La Hongrie étant pratiquement coupée des États-Unis en 1916, Ferenczi n’a signé aucun contrat avec Badger, mais il m’avait donné la permission de le faire moi-même. Je ne peux pas me souvenir des termes d’un arrangement vieux de trente-cinq ans, mais je sais que je n’ai pas été payé pour la traduction et que Ferenczi a dû toucher les droits habituels. C’était encore légal car, en Amérique, la Hongrie n’était pas encore un pays ennemi. Je ne peux dire avec certitude si Badger avait les droits pour les États-Unis seulement, ou pour l’ensemble du monde anglophone, mais je crains que cette dernière éventualité soit la plus probable.
171 J’ai déjà répondu à votre autre question dans une lettre qui a probablement croisé la vôtre.
172 Sincèrement vôtre,
173 Ernest Jones
174 * * *
175 Michael Balint à Ernest Jones
176 Le 24 janvier 1952
177 Cher Dr Jones,
178 Je joins la copie d’une lettre reçue de monsieur Rosenthal, New York. Je propose que le nouveau volume de Ferenczi soit publié simultanément dans l’International Psychoanalytical Library et en Amérique, et je vous serais très reconnaissant de me faire connaître vos intentions, afin que je puisse m’adresser au comité d’édition dans cet esprit. Je ne suis toujours pas certain que nous devions envisager une sorte de « sélection d’articles », ou une publication aussi complète que possible, c’est-à-dire une sorte de recueil d’articles. En prenant votre décision à ce sujet, voulez-vous garder à l’esprit que tous les articles qui figurent sur la liste que je vous ai précédemment envoyée soit ont été publiés au cours de la vie de Ferenczi, soit ont été approuvés par le professeur Freud avant publication
179 Peut-être vous intéressera-t-il de savoir que j’ai déposé mon manuscrit à la Hogarth Press et que nous sommes sur le point de signer le contrat pour mon livre. Suivant votre suggestion, j’ai changé le titre pour Amour primaire et technique psychanalytique.
180 Sincèrement vôtre,
181 * * *
182 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
183 The Plat
184 Elsted Nr Midhurst, SX.
185 Téléphone : Harting 261
186 Télégrammes : Elsted, Harting
187 Le 4 avril (1952)
188 Cher Dr Balint,
189 Oui, je serais heureux d’avoir vos notes Ferenczi par envois échelonnés ; je suis en train de traiter de la période de 1900 à 1910.
190 Je crains de ne pas trouver les arguments de monsieur Woolf tout à fait convaincants. Après tout, les Contributions de Ferenczi ont la priorité, puisque c’était la publication d’origine. Mais je vois que nous devrons conclure un compromis, alors commençons à en chercher un. Nous étions d’accord tous les trois que le titre américain sensationnel était discutable. Je me demande si monsieur Woolf serait d’accord pour First Contributions, avec ou sans le mot psychanalyse. Dans le cas de Ferenczi, ce ne serait pas nécessaire.
191 Sincèrement vôtre,
192 Ernest Jones
193 * * *
194 Ernest Jones à Michael Balint (Manuscrit)
195 14 avril 1952
196 Cher Dr Balint,
197 Ma lettre vous trouvera à votre retour de vacances qui, je l’espère, ont été agréables. Je suis d’accord avec l’essentiel de votre sélection d’articles de Ferenczi et nous devrions pouvoir nous entendre sur celles qui font problème. Ce serait parfait si vous pouviez vous arranger pour arriver dimanche prochain vers quatorze heures. Vous traverserez Haslemere vers Midwest, là vous tournerez vers l’ouest jusqu’à Petersfield Road, que vous quitterez après deux ou trois miles pour Elsted.
198 Les résumés des lettres de Ferenczi ont grandement aiguisé mon appétit d’en savoir plus. Ce sont comme des morceaux alléchants posés devant un homme affamé. Pourquoi, par exemple, Freud regrettait-il que Jung voyage sur le même bateau ? Avait-il, en 1909 déjà, des doutes à son sujet ? (Ce qui me surprendrait.) Et Ferenczi a-t-il contribué à cela ? Il m’est difficile de dire ce que je veux sans savoir ce qu’il y a là. Quand Ferenczi a-t-il commencé les entretiens analytiques privés avec Freud ? Peut-être pourrais-je voir les lettres qui précèdent.
199 Sincèrement vôtre,
200 Ernest Jones
201 * * *
202 Ernest Jones à Michael Balint (carte de correspondance manuscrite).
203 The Plat
204 Elsted Nr Midhurst, SX.
205 Téléphone : Harting 261
206 Télégrammes : Elsted, Harting
207 Le 20 mai (1952)
208 Cher Dr Balint,
209 (1) Nous nous proposons d’inclure dans un recueil à paraître la note de lecture d’Abraham sur les Wandlungen [23], et je pense qu’il serait intéressant d’avoir aussi celle de Ferenczi pour comparaison [24].
210 (2) Avez-vous eu le temps de parcourir les quelques articles qui font encore problème ?
211 Salutations.
212 Ernest Jones
213 * * *
214 Michael Balint à Ernest Jones
215 Le 21 mai 1952
216 Cher Dr Jones,
217 (1) Merci de votre suggestion d’inclure dans le volume projeté la note critique de Ferenczi concernant l’article de Jung. Je vais étudier la question et vous faire savoir, le moment venu, ce que je pense de la proposition.
218 (2) En ce qui concerne le sort des quatre articles faisant problème [25], c’est une tâche difficile que d’en décider. Je les ai lus une fois, mais je n’arrive pas à prendre une décision suffisamment ferme.
219 (3) Entre-temps, j’ai trouvé un jeune homme qui est bien familiarisé avec la psychanalyse (bien que non-analyste), écrit de la poésie anglaise acceptable, et parle couramment allemand. Il est actuellement en train de traduire quelques articles de Ferenczi et j’aimerais vous en soumettre un échantillon pour critique.
220 Si vous êtes d’accord, j’espère vous les envoyer d’ici quelques semaines et j’espère aussi pouvoir à ce moment proposer une solution concernant les articles qui font problème.
221 La journée très plaisante passée dans votre charmante maison reste très vive dans mon souvenir.
222 Avec mes meilleures pensées à madame Jones et à vous-même,
223 Sincèrement vôtre,
224 Dr Ernest Jones
225 The Plat
226 Elsted
227 Nr Midhurst, Sussex
228 * * *
229 Ernest Jones à Michael Balint (Lettre manuscrite)
230 The Plat
231 Elsted Nr Midhurst, SX.
232 Téléphone : Harting 261
233 Télégrammes : Elsted, Harting
234 Le 21 mai 1952
235 Cher Dr Balint,
236 Il s’agit d’Arthur Rosenthal, c/o Basic Books, US 35, Bleecker St. N.Y.14. Il se trouve qu’il est actuellement en Angleterre. Il va probablement me rendre visite, et je vous mettrai alors en rapport avec lui.
237 J’ai apprécié au plus haut point vos très aimables remarques. Un Anglais aurait été trop timide pour s’exprimer aussi chaleureusement ! Je garderai vos suggestions bien à l’esprit. J’avais dans l’idée de présenter un petit article à un moment quelconque, mais j’ai le sentiment que ma tâche première est la biographie de Freud. J’ai terminé l’esquisse des deux premiers chapitres et je suis maintenant dans la période d’élaboration.
238 Sincèrement vôtre,
239 Ernest Jones
240 * * *
241 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
242 The Plat
243 Elsted Nr Midhurst, SX.
244 Téléphone : Harting 261
245 Télégrammes : Elsted, Harting
246 Le 10 juillet 1952
247 Cher Dr Balint,
248 Comme vous l’aurez appris, Anna Freud pense que je devrais lire la correspondance de Ferenczi. Toute la famille a généreusement mis à ma disposition l’ensemble des lettres en sa possession, même les plus privées, pour m’encourager à en faire le meilleur usage pour un travail achevé.
249 Hormis les dates, les voyages communs, etc., mon intérêt pour la correspondance de Ferenczi concerne l’influence qu’il a pu avoir sur Freud, tant sur le plan émotionnel qu’intellectuel.
250 Nous sommes au courant de leur collaboration sur la paranoïa, mais je soupçonne que cela concernait aussi la pulsion de mort, car il m’avait écrit à ce sujet en 1913. Et peut-être d’autres idées encore.
251 Je suis certain que vous n’envisagez pas de confier ce genre de choses à la poste. Si vous avez envie de renouveler votre visite ici dans votre magnifique voiture, nous serions très contents de vous voir, et nous pourrions terminer ce qui reste à faire en vue de la publication des articles de Ferenczi. Mais si cela vous convient mieux, je peux aussi venir en voiture prendre les lettres à Londres.
252 Je vois à la page 34 du rapport que je suis crédité d’un petit livre. J’en ai publié six ou sept durant les années en question. Un peu d’ambivalence, je suppose.
253 Sincèrement vôtre,
254 Ernest Jones
255 * * *
256 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
257 The Plat
258 Elsted Nr Midhurst, SX.
259 Téléphone : Harting 261
260 Télégrammes : Elsted, Harting
261 Le 15 juillet 1952
262 Cher Dr Balint,
263 Parfait. Nous attendons le plaisir de vous voir, avec l’intéressante dame [26], ce dimanche 27. De midi à quatorze heures, j’ai des patients, mais si vous venez un peu après trois heures, nous aurons quelques heures à passer ensemble, en plus du thé.
264 Il n’y a aucune raison pour que vous vous donniez le mal de relire encore une fois les lettres. Naturellement, nous devons respecter le souhait des dames de ne pas utiliser les passages qui les mentionnent. Mais cela, il n’en est pas question. Les relations de Ferenczi avec elles ne me concernent absolument pas (mis à part le fait que j’en ai connaissance, car il m’a souvent consulté). Je sauterai ces pages sans m’y intéresser, et je rechercherai ce dont j’ai besoin dans l’autre domaine.
265 Je sais tout ce qui concerne le Totem et Tabou, Sándor et moi nous avons lu les épreuves ensemble à Budapest.
266 Je n’ai pas de secrétaire à blâmer pour n’avoir pas envoyé les listes de publications. Je n’arrive pas à bout tout seul de ce genre de demandes.
268 Ernest Jones
269 * * *
270 Michael Balint à Ernest Jones
271 Dr Ernest Jones,
272 The Plat,
273 Elsted nr Midhurst
274 Le 18 septembre 1952
275 Cher Dr Jones,
276 J’ai reçu un autre texte de présentation de Woolf concernant les Contributions de Ferenczi, mais je n’en suis toujours pas satisfait. J’essaie de le mettre en meilleure forme et je vous ferai parvenir la version finale pour approbation.
277 La raison principale de cette lettre est de rendre compte des quatre articles dont nous n’avons pas pu décider si nous devons ou non les inclure dans le nouveau volume Ferenczi. Ces quatre articles sont : « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort » (1929) [28], Journal, vol. 10, p. 125 ; « Principe de relaxation et néocatharsis » (1930) [29], Journal, vol. 11, p. 426 ; « Analyses d’enfants avec des adultes » (1931) [30], Journal, vol. 12, p. 468 ; enfin, « Confusion de langue, (1933) [31], Journal, vol. 30, p. 225.
278 Je dois admettre qu’il n’a pas été facile de parvenir à un avis mûrement réfléchi en ce qui concerne ces articles ; tous quatre contiennent d’une part un matériel très stimulant et extrêmement important, d’autre part un tas de choses qui, selon vos propres mots « ne sont pas le meilleur de Ferenczi ». Assurément, il y a trois possibilités : les éliminer, les publier dans leur forme originale, ou en faire un montage.
279 Je pense que ce serait faire injure à la mémoire de Ferenczi et à son œuvre que d’éliminer ces quatre articles, les derniers qu’il ait écrits, et qui contiennent quelques-unes de ses idées les plus achevées. Depuis notre conversation, j’ai relu ces articles près de trois fois, et à chaque fois, j’en ai appris quelque chose, et j’ai été frappé encore et encore par leur impact extrêmement stimulant. Le fait que tous aient été publiés dans le Journal, trois à l’époque où il était sous la direction du professeur Freud et le quatrième pour commémorer le quinzième anniversaire de la mort de Ferenczi, ferait apparaître leur omission comme un acte gratuit et injustifié de notre part, comme si nous voulions en quelque sorte être plus freudiens que Freud lui-même.
280 D’un autre côté, les publier sans aucun commentaire pourrait induire le public en erreur, lui faisant croire que ce sont des enseignements pour ainsi dire classiques de la psychanalyse, ce qu’assurément ils ne sont pas. Ferenczi, au cours de ses derniers mois, m’a dit plusieurs fois qu’il devrait en réécrire certains.
281 J’en viens donc à ma troisième proposition : nous devrions soit souligner ce fait dans le livre, soit faire un montage des quatre articles ; je pense en particulier au passage que vous m’avez montré, où Ferenczi a manifestement mal compris ou mal cité votre article [32].
282 C’est donc la proposition que je vous soumets en tant que rédacteur en chef de la Library. Si vous êtes d’accord, puis-je avoir votre approbation et poursuivre le travail éditorial dans cet esprit ?
283 Avec mon meilleur souvenir à madame Jones et à vous-même, et grand merci à vous deux pour votre aimable hospitalité,
284 Sincèrement vôtre.
285 * * *
286 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
287 The Plat
288 Elsted Nr Midhurst, SX.
289 Téléphone : Harting 261
290 Télégrammes : Elsted, Harting
291 Le 21 septembre (1952)
292 Cher Dr Balint,
293 Votre lettre ne m’a toujours pas tout à fait convaincu. Il y avait assurément deux Ferenczi : ce que madame Klein appellerait le « bon » et le « mauvais ». Ce dernier avait certainement le droit, même quand c’était un homme malade, de publier toute idée qu’il souhaitait publier. Dans une biographie qui lui serait consacrée, il faudrait en tenir compte, mais je pensais que notre intention était de faire revivre sa réputation bien méritée en présentant la partie valable de son œuvre et pas chaque mot qu’il ait jamais écrit. Puis-je suggérer le compromis suivant : au lieu de faire un travail éditorial sur les articles problématiques et d’en retirer certaines parties, pourquoi ne pas inverser le processus et ne sélectionner que les bons passages ?
294 Je note que dans le dernier rapport de notre Institut (p. 3), l’erreur du Dr Usher figure toujours, disant que notre Société a été fondée en 1919 au lieu de 1913. En 1919, son nom a changé de London à British, tout comme la Société de Paris a changé pour « française », celle de Berlin pour « allemande », celle de Zurich pour « suisse » ; et cela par accord général.
295 Sincèrement vôtre,
296 Ernest Jones
297 * * *
298 Michael Balint à Ernest Jones
299 Dr Ernest Jones,
300 The Plat,
301 Elsted nr Midhurst
302 Le 24 septembre 1952
303 Cher Dr Jones,
304 (1) Voici une copie du texte de présentation, fruit des efforts conjugués de monsieur Woolf et de moi-même. Je pense que cela conviendra.
305 (2) Je suis désolé de l’erreur stupide dans le dernier rapport de l’Institut, mais ce n’était pas de ma faute. Je suis secrétaire de la Société et non de l’Institut, et le rapport a été rédigé par celui-ci et mademoiselle Dresher. J’ai fait suivre à tous deux votre admonestation, je vous promets d’améliorer leurs façons et de corriger cette erreur.
306 (3) Je vais essayer de voir si votre idée est réalisable, à savoir ne sélectionner que les bons passages des quatre articles de Ferenczi en question. J’espère que vous vous rendez compte que ce ne sera pas une tâche facile, mais je vous ferai connaître le résultat le moment venu.
307 Lors de ma dernière visite, nous avons discuté de la possibilité de votre venue à l’une de nos réunions de la Société. Si vous voulez bien y réfléchir, puis-je vous proposer la réunion où nous discuterons de la fonction de la clinique, la discussion étant ouverte par le Dr Scott sur les « Problèmes du traitement en fonction des indications de la clinique » ? La réunion se tiendra probablement début novembre.
308 Avec mon meilleur souvenir à madame Jones et à vous-même.
309 Sincèrement vôtre.
310 * * *
311 Michael Balint à Ernest Jones
312 Dr Ernest Jones,
313 The Plat,
314 Elsted nr Midhurst
315 Le 28 octobre 1952
316 Cher Dr Jones,
317 Le texte de présentation sera imprimé avec vos corrections, telles qu’elles figurent dans votre dernière lettre.
318 Cet automne j’ai fait deux conférences pour les étudiants de troisième année, sur Ferenczi et son œuvre. J’en ai profité pour relire encore une fois très attentivement les quatre articles dont le sort reste indécis, et j’ai gardé tout le temps à l’esprit votre suggestion de les soumettre à un travail éditorial.
319 Bien qu’il soit évident que, dans tel ou tel aspect de la question, Ferenczi se soit laissé emporter par son enthousiasme pour une idée nouvelle, je ne pense pas que cela justifierait que nous touchions à ses écrits. Le fait est que ces quatre articles contiennent toute une abondance d’idées nouvelles, révolutionnaires à leur époque, je l’admets, mais à présent acceptées et incorporées à notre technique quotidienne pour la plupart. De ce fait même, il est exclu de pouvoir les éliminer purement et simplement. D’un autre côté, je pense que ce ne serait pas un service à rendre à l’histoire de la science que de perpétrer sur Ferenczi ce que Bowdler [33] a tenté de faire à Shakespeare. Tout comme Shakespeare doit être étudié et apprécié pour ce qu’il a fait de meilleur et de pire, je pense que Ferenczi a droit à sa grandeur comme à ses erreurs.
320 J’en viens donc à la proposition d’inclure les quatre articles sous la forme dans laquelle ils ont été publiés par le Journal, et de restreindre ma fonction éditoriale à attirer dans ma préface l’attention aux critiques justifiées qui peuvent leur être opposées. J’espère que vous serez d’accord pour cette proposition.
321 Avec mon meilleur souvenir à madame Jones et à vous-même.
322 Sincèrement vôtre.
323 * * *
324 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
325 The Plat
326 Elsted Nr Midhurst, SX.
327 Téléphone : Harting 261
328 Télégrammes : Elsted, Harting
329 Le 30 octobre (1952)
330 Cher Dr Balint,
331 Vous êtes un gars obstiné, ou du moins opiniâtre. C’est non pas l’« enthousiasme » mais la folie de Ferenczi que je répugne à afficher. Et je suis sûr qu’il m’en serait reconnaissant.
332 Cela fait si longtemps maintenant qu’on a oublié ce qu’étaient ces quatre articles. Je viens de recevoir de Basic Books deux gros volumes de Ferenczi. Les avez-vous vus ?
333 Nous attendons impatiemment votre prochaine visite avec la fiancée et le reste des lettres (ou plutôt les copies) [34].
334 Je travaille dur.
335 Sincèrement vôtre,
336 Ernest Jones
337 * * *
338 Katherine Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
340 Cher Dr Balint,
341 Ci-joint, sous toute réserve, et à ne pas considérer comme un précédent, se trouve la liste des publications de mon mari depuis 1945. Tout ce que la secrétaire de la Clinique ou de la Soc.[iété] ont à faire, c’est ce que moi j’ai fait, à savoir reprendre les publications de mon mari, qui sont toutes à la bibliothèque. Nous avons eu du plaisir à rencontrer madame Eichholz et de vous voir, et nous pensons que vous êtes un homme qui a beaucoup de chance.
342 Bien sincèrement vôtre,
343 Katherine Jones
344 * * *
345 Michael Balint à Ernest Jones
346 Dr Ernest Jones,
347 The Plat,
348 Elsted nr Midhurst
349 Le 3 novembre 1952
350 Cher Dr Jones,
351 Merci beaucoup pour votre assentiment réticent, je promets de ne pas en faire mauvais usage.
352 Vous dites ne pas vous rappeler les quatre articles en question. Puis-je donc les énumérer. Il s’agit de « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort », Journal, vol. X (c’est celui dans lequel vous avez indiqué une incorrection de la citation que fait Ferenczi de votre article) ; « Principe de relaxation et néocatharsis », Journal, vol. XI ; « L’analyse d’enfant avec des adultes », Journal, vol. XII ; « Confusion de langue », Journal, vol. XXX.
353 J’avance avec la traduction, mais le travail progresse lentement.
354 En ce qui concerne la correspondance Freud-Ferenczi, je vais trier tout cela dès que je pourrai, puis je prendrai contact avec vous pour voir quelle date vous conviendrait pour nous rendre visite. Pouvez-vous me faire savoir entre-temps de quelles années vous avez besoin cette fois ?
355 En vous remerciant beaucoup.
356 Sincèrement vôtre.
357 * * *
358 Michael Balint à Ernest Jones
359 Dr Ernest Jones,
360 The Plat,
361 Elsted nr Midhurst
362 Le 2 décembre 1952
363 Cher Dr Jones,
364 Cette fois encore, c’était très agréable de vous accueillir et de réaliser, en écoutant votre présentation, que la psychanalyse n’a pas besoin d’être fastidieuse, et que ses préoccupations essentielles demeurent toujours la souffrance et la douleur des humains, et non pas seulement la science.
365 J’étais très ennuyé qu’une fois de plus, on ait appelé la conférence « Conférence de commémoration Ernest Jones ». Vous entendre était certainement fait pour convaincre que c’était tout sauf une commémoration.
366 Comme je l’ai dit à madame Jones, nombre d’entre nous aimeraient beaucoup vous demander de prendre en charge la prochaine conférence Ernest Jones (non commémorative) qui doit avoir lieu à un moment quelconque de l’automne prochain. Je veux soumettre cela au conseil à la prochaine réunion, et j’aimerais savoir si vous voudriez, en principe, prendre en considération une telle proposition qui, j’en suis certain, serait bien accueillie par tout le monde, dans et hors de la Société. Comme la prochaine réunion aura lieu le 8 décembre, j’espère obtenir votre accord avant cette date.
367 Par ailleurs, je veux confirmer que les lettres de Ferenczi seront préparées à votre intention vers le milieu de la semaine prochaine. Comme j’ai très peu de copies de cette correspondance, je vous serais très reconnaissant de me renvoyer les années précédentes si vous en avez fini avec elles, ou bien dès qu’il en sera ainsi. Nous réfléchissons à la possibilité de la publier.
368 Avec un grand merci à madame Jones et à vous-même pour votre aimable intérêt concernant les changements dans ma vie [36],
369 Bien sincèrement vôtre.
370 * * *
371 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
372 The Plat
373 Elsted Nr Midhurst, SX.
374 Téléphone : Harting 261
375 Télégrammes : Elsted, Harting
376 Le 5 décembre 1952
377 Cher Dr Balint,
378 Excellent. Je serai à Londres pour une heure ou deux mercredi prochain ; je passerai vers midi pour prendre le paquet. Si vous êtes occupé à ce moment, laissez-le simplement à votre secrétaire.
379 Je pourrai envisager une conférence de commémoration plus tard, quand je serai encore plus fantomatique, mais à présent, ma tâche primordiale est la Biographie et je décline toutes les distractions.
380 Avec mon meilleur souvenir.
381 Sincèrement vôtre,
382 Ernest Jones
383 P.S. Que pensez-vous de l’idée de s’adresser à une autorité, en histoire de la médecine (non pas de la science car ce sont tous des physiciens) ?
384 * * *
385 Michael Balint à Ernest Jones
386 Dr Ernest Jones,
387 The Plat,
388 Elsted nr Midhurst
389 Le 8 décembre 1952
390 Cher Dr Jones,
391 Je suis désolé mais j’ai un patient à voir à la Tavistock à midi, et je regrette beaucoup de ne pas avoir, pour cette raison, le plaisir de vous rencontrer.
392 Je ferai préparer pour vous la correspondance complète de janvier 1912 à décembre 1917. Je vous prie de me faire savoir quand vous aurez besoin de nouvelles tranches.
393 Comme vous le savez, cette période était riche en événements pour Ferenczi, et les lettres contiennent beaucoup de choses sur sa relation compliquée à trois. J’ai promis à Gizella [37] d’abord, puis à Elma [38], qu’à l’exception d’Anna Freud, personne ne verrait ces lettres avant que les parties extrêmement intimes en aient été retirées. Je sais que je romps ma promesse, et je le fais délibérément parce que je pense que votre biographie de Freud a la priorité. Il est très important que vous disposiez de tout le matériel existant pour la terminer. Puis-je vous demander, cependant, de n’inclure aucun détail de ces événements, à moins que vous ne l’estimiez absolument nécessaire, et surtout de ne rien citer des lettres en rapport avec ces événements ? Si vous vous sentiez obligé de le faire malgré ma demande, je vous prierai de me montrer les passages qui s’y rapportent, avant publication.
394 Comme je l’ai mentionné dans ma lettre précédente, ces copies me sont extrêmement précieuses ; puis-je vous demander si vous avez encore besoin des années précédentes, et dans l’affirmative, pour combien de temps ? En tout cas, j’aimerais les récupérer dès que vous en aurez terminé avec elles.
395 Je regrette beaucoup que vous ne puissiez accepter l’invitation de donner la prochaine conférence Ernest Jones (non commémorative), mais le fait de savoir que la prochaine conférence est prévue pour l’automne 1953 pourrait vous faire changer d’avis. Je suis absolument convaincu que tout le monde à la Société vous y accueillerait volontiers et aurait plaisir à entendre ce que vous avez à dire. L’échantillon que vous nous en avez donné jusqu’à présent, en particulier la dernière fois, a beaucoup aiguisé notre appétit.
396 Sincèrement vôtre.
397 * * *
398 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
399 31 janvier 1953
400 Gibraltar
401 Cher Dr Balint,
402 Votre lettre du 21 m’a trouvé ici. Je vous prie de remercier très chaleureusement le conseil de son invitation qui me fait grand honneur. Je dois expliquer la raison pour laquelle je pense ne pas pouvoir l’accepter. Mis à part le fait qu’il me paraît peu convenable de donner une conférence dans une série à laquelle mon nom est attaché – et après tout j’ai donné une conférence d’adieu à la Société à laquelle je n’ai rien à ajouter –, il existe deux bonnes raisons pour cela. L’une est que les conférences devaient discuter des rapports de la psychanalyse, se référant en particulier à mes propres écrits, avec certains domaines externes apparentés, domaines où je n’ai aucune compétence. Il est vrai que jusqu’à présent, aucun des conférenciers n’y est parvenu, mais je peux seulement supposer que c’est du fait d’une information insuffisante. Plus important cependant est le fait que je ne voudrais pas voir ma biographie de Freud finir sans être achevée ; alors je suis en train de refuser toutes les invitations qui pourraient détourner de cette tâche le peu d’énergie qu’il me reste.
403 Dans trois ans, si je survis jusque-là, j’aurai terminé cinquante ans de pratique analytique, et la biographie. Une occasion se présentera alors de revoir ma décision.
404 Avec mes remerciements.
405 Sincèrement vôtre,
406 Ernest Jones
407 * * *
408 Ernest Jones à Michael Balint (carte manuscrite).
409 13 mars 1953
410 Cher Dr Balint,
411 Pourriez-vous m’indiquer les initiales de Lindner [39] de Budapest qui a été le premier à mettre en évidence la nature érotique du suçotement ? Sinon, il sera confondu dans mon index avec un autre Lindner.
412 J’espère que vous avez plus de chance avec la grippe que nous.
413 À vous,
414 Ernest Jones
415 * * *
416 Michael Balint à Ernest Jones
417 17 mars 1953
418 Cher Dr Jones,
419 Cela vous intéressera et vous amusera sans doute d’apprendre qu’à la dernière réunion du conseil, j’ai donné lecture de la lettre dans laquelle vous refusez notre invitation à donner la prochaine conférence Ernest Jones. Le conseil a accédé à votre souhait avec regret, mais a décidé que votre lettre sera recopiée et gardée dans le Livre des souvenirs.
420 On m’a invité à contacter le professeur Charles Singer et de lui demander si cela l’intéresserait de donner la prochaine conférence.
421 L’initiale du Dr Lindner, célèbre pour le suçotement du pouce, est « S ». J’ignore pourquoi, mais dans aucune de mes notes ni dans mon memorandum il n’a été mentionné par son prénom entier.
422 Je suis désolé d’apprendre que votre famille n’a pas eu de chance avec la grippe. Elle nous a épargnés, mais nous avons malheureusement succombé à une autre maladie, celle du déménagement. Ayez la bonté de noter ma nouvelle adresse (7 Park Square West, Regent’s Park N.W.1).
423 Avec mon meilleur souvenir à vous et à Madame Jones.
424 Sincèrement vôtre,
425 M. Balint
426 Secrétaire scientifique
427 * * *
428 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
429 The Plat
430 Elsted Nr Midhurst, SX.
431 Téléphone : Harting 261
432 Télégrammes : Elsted, Harting
433 Le 5 août 1953
434 Cher Dr Balint,
435 Je ne sais pas si vous êtes en vacances, mais je voulais vous dire à quel point la correspondance F-F m’est précieuse. Elle contient beaucoup de révélations personnelles importantes de la part de Freud, et une masse d’autres données (vacances, etc.), outre des références à différents articles et livres en préparation. Je regrette de ne pas les [les lettres ] avoir vues avant le vol. I, dont certaines parties auraient alors été écrites différemment. J’ai maintenant lu 1908-1911 attentivement.
436 Deux questions : (1) Est-ce que « Konrad », dans Freud, 6 oct. 1910, est une mauvaise lecture de Blinddarm, ce que logiquement cela devrait être, ou quelque chose d’autre [40] ? Avez-vous pu deviner ce qu’était le Nationalgeschenk [41] qui lui a permis d’acheter des antiquités en Italie ?
437 Je vois que vous avez omis de me communiquer quatre des lettres de Freud et deux de Ferenczi en 1911. Il n’y a aucune raison de le faire, à moins qu’elles ne se réfèrent à vous personnellement, mais 1911 semble trop tôt pour cela. Alors pourquoi ?
438 Sincèrement vôtre,
439 Ernest Jones
440 * * *
441 Michael Balint à Ernest Jones
442 Dr Ernest Jones,
443 The Plat,
444 Elsted nr Midhurst
445 Le 10 août 1953
446 Cher Dr Jones,
447 Merci beaucoup pour votre appréciation de notre travail au congrès. C’est agréable d’être complimenté par un expert qui a organisé le premier de tous les congrès psychanalytiques.
448 Je suis très heureux que vous aussi trouviez de la valeur à la correspondance Freud-Ferenczi. Je suis tout à fait certain qu’une étude approfondie de celle-ci nous aidera considérablement à comprendre les personnalités tant de Freud que de Ferenczi, leurs limitations névrotiques respectives, et, en particulier, l’histoire de leur amitié tragique. Malheureusement, je pense que le temps n’est pas encore venu où tout cela pourrait être discuté dans une atmosphère objective et compréhensive, aussi puis-je vous demander encore une fois de traiter ce matériel avec prudence.
449 En ce qui concerne vos questions. (1) « Der arme Konrad [42] » est une des phrases favorites de Freud qui, comme vous le verrez, lui servait souvent à décrire son corps ou son « Es [43] », un serviteur qui n’est pas tout à fait aussi dévoué à son maître que celui-ci le voudrait. Je crois que l’origine en est un des contes populaires allemands, ou peut-être une comédie de Nestroy, ou quelque chose de ce genre dont je n’arrive pas maintenant à me souvenir, mais je suis sûr qu’Anna Freud sera capable de vous donner la source immédiatement, comme « der arme Konrad » était une expression familière dans la maison de Freud.
450 J’ai plus de doutes en ce qui concerne le Nationalgeschenk, mais autant que je me souvienne, cela doit être soit (a) une somme d’argent inattendue reçue par Freud, soit (b) (et plus probablement) une nouvelle idée qu’il était sur le point de publier. Je suis plus en faveur de la deuxième idée, mais je devrais relire toute la correspondance qui précède avant de trancher, ce dont malheureusement je n’ai pas le temps actuellement. Si, à cette époque, vos doutes persistaient encore, je serais très heureux de faire tout ce dont vous aurez besoin à l’automne, lors de mon retour.
451 L’origine du Nationalgeschenk est une expression grand-seigneuriale, presque majestueuse. C’est généralement le souverain régnant – dans le cas de Freud, François Joseph – qui autorise gracieusement le peuple à faire usage de quelque chose qui, jusque-là, était sa prérogative royale.
452 À propos des quelques lettres que je ne vous ai pas communiquées. Comme je vous l’ai déjà dit, j’ai dû promettre à Gizella comme à Irma [44] de ménager leurs sentiments. Je savais que c’était une tâche ingrate qui me causerait un tas d’ennuis, et je veux vous rassurer que rien d’important n’est contenu dans ces lettres.
453 C’était très agréable de voir madame Jones et vous-même lors de notre réception, et j’ai regretté que vous ayez disparu si rapidement de ma vue, car je voulais vous présenter à nouveau mon fils John et sa femme. Vous l’avez vu pour la dernière fois lorsqu’il avait 14 ans ; il est à présent interne à Brompton et votre admirateur plus que jamais. Il était très déçu de ne pas vous rencontrer.
454 Avec les meilleures pensées, à vous deux, de nous deux.
455 Sincèrement vôtre.
456 * * *
457 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
458 The Plat
459 Elsted Nr Midhurst, SX.
460 Téléphone : Harting 261
461 Télégrammes : Elsted, Harting
462 Le 13 août 1953
463 Cher Balint,
464 Merci pour votre lettre. Je peux bien sûr deviner ce qu’il y a dans les lettres supprimées et cela n’a pas d’importance tant que celles de Freud ne contiennent pas de remarques générales particulièrement pleines de sagesse, comme c’est le cas de beaucoup de ses lettres.
465 J’avais déjà deviné le sens de Konrad et du Nationalgeschenk. Le second signifie simplement un cadeau d’antiquités qu’il s’est offert à lui-même, dont il se sentait quelque peu coupable.
466 J’en dirai très peu sur Ferenczi, bien que je citerai quelques-unes de ses remarques concernant Jung. Mais dans les lettres de Freud, il y a beaucoup de ses commentaires sur la vie et sur lui-même, ce qui est très précieux (à part des données sur les vacances, etc.).
467 Le volume II va jusqu’en 1920, et je n’ai les lettres que jusqu’en 1917. Alors, à votre convenance, voulez-vous avoir la gentillesse de me préparer les suivantes. Ce serait encore mieux qu’elles y soient toutes, car il y a parfois des allusions à des lettres antérieures qui m’échapperaient si je ne lisais que les plus anciennes.
468 J’ai aussi regretté que nous ne puissions pas rester plus longtemps à votre soirée intéressante. Nous avions huit invitations pour ce soir-là et nous n’avons réussi à nous rendre qu’à quatre d’entre elles.
469 Avec mes meilleurs sentiments.
470 Sincèrement vôtre,
471 Ernest Jones
472 * * *
473 Michael Balint à Ernest Jones
474 Dr Ernest Jones,
475 The Plat,
476 Elsted,
477 Nr. Midhurst, Sussex
478 Le 22 septembre 1953
479 Cher Dr Jones,
480 Pardonnez, je vous prie, le retard pour répondre à votre lettre du 13 août, ce sont mes vacances qui sont intervenues. Je viens de rentrer et je reprends le fil. Votre demande de poursuivre avec la correspondance Freud-Ferenczi aura la priorité absolue, et dès que j’aurai rassemblé quelques années, je vous le ferai savoir.
481 À propos du mot grec dans la lettre de Freud du 1.2.12, je regrette, je ne peux guère vous aider pour l’instant car ma copie aussi est à peine lisible [45]. La raison est qu’elle a été collationnée par mademoiselle Freud et que sur la seconde copie les corrections n’étaient malheureusement faites qu’au papier carbone. Si c’est important pour vous, vous pourriez lui demander de rechercher sa propre copie. Si ce n’est pas possible, je devrai faire une plongée dans le coffre de ma banque où j’ai déposé les originaux. Comme c’est une tâche plutôt laborieuse, j’espère que l’autre solution sera réalisable.
482 Avec les meilleurs sentiments de nous deux à madame Jones et à vous-même.
483 Sincèrement vôtre.
484 * * *
485 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
486 The Plat
487 Elsted Nr Midhurst, SX.
488 Téléphone : Harting 261
489 Télégrammes : Elsted, Harting
490 Le 24 septembre 1953
491 Cher Dr Balint,
492 Merci de votre lettre du 22 septembre. Je viendrai à Londres le 14 octobre et je pourrai donc prendre chez vous toutes les lettres de Ferenczi que vous aurez pu réunir jusque-là.
493 Dans l’intéressant compte rendu sur l’Institut et la Société, préparé pour le congrès, je note que mon nom est indiqué à la première page comme ayant été président entre 1919-1944. Cela bien entendu aurait dû être 1913-1944.
494 Je me suis demandé si vous pouviez faire quoi que ce soit de la correspondance Ferenczi. Les longs rapports sur les symptômes hypocondriaques sont bien ennuyeux et pas très éclairants. Il serait certainement sans intérêt de les publier. D’un autre côté, il y a bon nombre de suggestions scientifiques et de discussions qui sont toutes intéressantes, mais je ne sais pas si elles suffiraient pour faire un volume. Certaines d’entre elles sont excellentes mais d’autres sont extravagantes.
495 Sincèrement vôtre,
496 Ernest Jones
497 * * *
498 Michael Balint à Ernest Jones
499 7 Park Square West
500 London, N.W.1.
501 Dr Ernest Jones
502 The Plat
503 Elsted
504 Nr Midhurst, Sussex.
505 Le 26 septembre 1953
506 Cher Dr Jones,
507 Puis-je dire que vous êtes un homme effrayant et terrible : vous voyez et remarquez tout ! Il est parfaitement vrai que sur la brochure des congrès, les dates de votre présidence auraient dû être 1933-1944 [46]. C’est une erreur constante qui revient tout le temps depuis que Rickman a décidé que la Société britannique de psychanalyse n’était pas le successeur direct de la Société psychanalytique de Londres d’autrefois. J’ai fait de mon mieux pour rectifier cette erreur récurrente, mais manifestement, être en fonction depuis trois années n’y suffit pas. Cette fois, l’erreur vient de Scott, car c’est lui qui était responsable de tout ce qui concerne l’Institut et la Clinique dans la brochure. Je n’avais qu’une responsabilité générale, mais cette partie était entièrement confiée à Scott, alors puis-je vous demander de diriger votre colère sur lui et non sur moi ? Je crois qu’il vaudrait la peine de lui expliquer la situation puisqu’il sera président pour les trois années à venir, et s’il ne connaît pas la véritable situation, il y aura de temps en temps des erreurs de ce genre.
508 Je suis déjà en train de travailler sur la sélection de la correspondance Freud-Ferenczi, et j’aurai sûrement quelques années prêtes d’ici le 14. Voulez-vous avoir la gentillesse de me signaler quelques jours à l’avance l’heure exacte de votre arrivée et le paquet vous attendra. Puis-je me servir de l’occasion pour vous demander un service ? Je viens d’acheter le premier volume de la biographie de Freud et cela me ferait grand plaisir que vous y inscriviez une dédicace pour moi. Si vous voulez bien, le livre sera placé sur le haut de la correspondance.
509 Je suis très satisfait de votre opinion sur la correspondance Freud-Ferenczi. C’était exactement la mienne et je me suis efforcé de convaincre Anna Freud de donner son accord pour une telle sélection.
510 Vous avez tout à fait raison. Les récits interminables des symptômes hypocondriaques de Ferenczi sont lassants et ennuyeux, et devraient être omis. Mais je pense qu’il en restera encore une grande partie, bien que parfois assez extravagante il est vrai – comme cela se doit peut-être dans une correspondance privée – qui reste très bonne et sans aucun doute extrêmement stimulante. Je serais très content si, à l’occasion, vous laissiez entendre à Mlle Freud la possibilité d’une telle procédure. Je crois qu’avec votre aide, elle pourrait être amenée à accepter une telle publication.
511 Avec mes meilleurs sentiments.
512 Sincèrement vôtre.
513 * * *
514 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
515 15 octobre 1953
516 Cher Dr Balint,
517 Grand merci pour ce matériel dont nous devons discuter un jour. Pour le reste, il n’y a aucune urgence.
518 Sincèrement vôtre,
519 Ernest Jones
520 * * *
521 Michael Balint à Ernest Jones
522 Dr Ernest Jones
523 The Plat
524 Elsted
525 Nr Midhurst, Sussex
526 19 octobre 1953
527 Cher Dr Jones,
528 Les deux adresses sont : Madame Olga Székely Kovács (mariée à monsieur L. Dormandi [47]) 20 avenue de Breteuil, Paris VII ; monsieur Robert Berény [48], Teleki Pál Utca 8, Budapest V. Quant au second, je n’ai rien entendu de lui, ni directement ni indirectement, depuis des mois. La dernière nouvelle qui me soit parvenue, c’est qu’il était très malade, avec une forte hypertension contre laquelle aucun traitement n’avait d’effet.
529 Je suis content que vous soyez parvenu à l’opinion que quelque chose devrait être fait avec le matériel contenu dans la correspondance Freud-Ferenczi. J’aimerais beaucoup avoir l’occasion d’en discuter avec vous. Malheureusement, cela ne pourrait se faire que lors d’une de vos visites à Londres, ou bien si vous êtes disposé à sacrifier une partie de l’un de vos week-ends.
530 J’avance avec la correspondance et je vous ferai savoir quand la prochaine liasse – probablement la dernière – sera prête.
531 Sincèrement vôtre.
532 * * *
533 Michael Balint à Ernest Jones
534 Dr Ernest Jones
535 The Plat
536 Elsted
537 Nr Midhurst, Sussex
538 16 novembre 1953
539 Cher Dr Jones,
540 Je suis presque prêt avec le reste de la correspondance Freud-Ferenczi. Relire ces années douloureuses et revivre le malentendu tragique qui a séparé ces deux personnes a été une tâche émouvante et troublante.
541 Ai-je raison de penser que vous allez venir au colloque (non commémoratif) Ernest Jones ? Si oui, je propose d’apporter les lettres à la réunion et de vous les remettre à cette occasion.
542 En lisant votre passionnant ouvrage, j’ai eu une brillante idée, qui pourrait éventuellement être réalisée et dont il serait intéressant de voir le résultat. Comme vous le savez, tout étudiant décidant de suivre un cours annoncé par un Privat-Dozent – sein kolleg belegen [49] – devait s’inscrire officiellement à l’université. Celle-ci, quant à elle, gardait une liste des noms des étudiants fréquentant chaque cours lors de chaque semestre. Si cela n’a pas déjà été fait, il serait très intéressant de découvrir le nombre d’étudiants que Freud a eus pendant sa carrière de chargé de cours à l’université, et éventuellement aussi qui ils étaient. Ne serait-ce que pour pouvoir mettre en pièces les nombreuses revendications infondées de ceux qui prétendent avoir été les étudiants de Freud. Peut-être l’un ou l’autre des amis viennois de Bernfeld à l’université pourrait-il entreprendre la recherche dans ces listes.
543 Avec mes meilleurs sentiments.
544 Sincèrement vôtre.
545 * * *
546 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
547 The Plat
548 Elsted Nr Midhurst, SX.
549 Téléphone : Harting 261
550 Télégrammes : Elsted, Harting
551 19 novembre 1953
552 Cher Dr Balint,
553 Oui, je serais très content d’avoir le reste de la correspondance lundi, et cela m’arrangerait bien car j’aurai une voiture.
554 Merci de votre proposition brillante. Je lancerai Eissler là-dessus.
555 Sincèrement vôtre,
556 Ernest Jones
557 * * *
558 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
559 The Plat
560 Elsted Nr Midhurst, SX.
561 Téléphone : Harting 261
562 Télégrammes : Elsted, Harting
563 Le 19 janvier 1954
564 Cher Dr Balint,
565 J’apprends par le Dr Scott que le livre de Ferenczi que vous préparez avance bien. Nous étions-nous mis d’accord quant à son contenu ? Je serais heureux que vous me disiez quelle perspective vous avez adoptée pour attaquer ce travail.
566 Je viens d’examiner la dernière époque de la correspondance Ferenczi. Ce fut une grande surprise pour moi de voir avec quelle force il s’était tourné contre moi dans sa phase paranoïde plus tardive. Ce qui est remarquable, c’est qu’il ne me l’a jamais manifesté personnellement, bien qu’il ait sans aucun doute quelque peu empoisonné l’esprit de Freud. Il soutenait des vues si extrêmes dans le but de contraindre les Américains à accepter l’analyse laïque que ceux-ci auraient immédiatement fait sécession s’il avait été nommé président, mais cette ambition contrariée l’a beaucoup blessé [50].
567 Sincèrement vôtre,
568 Ernest Jones
569 * * *
570 Michael Balint à Ernest Jones
571 Dr Ernest Jones,
572 The Plat,
573 Elsted nr Midhurst
574 Le 21 janvier 1954
575 Cher Dr Jones,
576 Les dernières années de Ferenczi ont été véritablement tragiques, mais je ne pense pas qu’on puisse parler de phase paranoïde. Il est vrai qu’il était profondément déçu et amer, en particulier à l’égard de Freud. La raison en était que Freud n’a pas pu percevoir l’importance de la découverte de Ferenczi (et de Rank), à savoir que tout ce qui se passe en analyse a aussi une signification en tant que phénomène transférentiel. Dans un sens, Freud ne pouvait pas évoluer au-delà de sa grande découverte telle qu’elle est décrite dans le cas Dora [51]. Ferenczi n’arrivait pas à réaliser qu’il s’agissait là d’une controverse scientifique et le ressentait comme une offense personnelle. Comme il était profondément attaché à Freud, il a essayé de résoudre l’ambivalence croissante qui en a résulté en cherchant des boucs émissaires, qui rendraient alors compte de l’hésitation de Freud à reconnaître l’importance de sa découverte, dont la justesse lui était confirmée chaque jour, par chaque séance d’analyse. Ce sont les Américains, en particulier Brill [52], et par leur intermédiaire vous-même, et dans une certaine mesure Eitingon [53], qui étiez les cibles les plus faciles. Il est très difficile de dire qui a empoisonné l’esprit de qui ; si c’était Freud, dont l’incapacité d’évaluer correctement l’intensité de la résistance américaine a enflammé l’enthousiasme de Ferenczi pour la « juste cause », ou si c’était Ferenczi, qui s’est servi d’une cause qu’il savait très chère au professeur.
577 Comme j’ai vu Ferenczi très souvent au cours de ses dernières années, même plusieurs fois par semaine, je peux témoigner, à partir d’une expérience de première main, qu’il n’y avait pas beaucoup de paranoïa en lui, bien que, comme tout un chacun, dans une situation de ce genre, il avait recours, dans une certaine mesure, à des mécanismes paranoïdes. Si je devais décrire son état d’esprit, je parlerais plutôt de dépression grave, dont les symptômes principaux étaient le sentiment que personne ne l’aimait, notamment pas son maître, et une peur dévorante d’avoir une fois de plus été emporté par son enthousiasme, et d’avoir perdu à tout jamais le respect et l’estime de ses collègues. Au cours des derniers mois de sa vie, il parlait beaucoup de son intention de réécrire ses derniers articles, mais jamais d’attaquer quelqu’un ou d’être attaqué – seulement d’être incompris, en partie à cause de ses propres erreurs.
578 Concernant votre seconde question à propos du livre de Ferenczi, vous vous souvenez peut-être que nous nous sommes mis d’accord, à cette fameuse occasion où j’ai fait une apparition dans la grosse Humber [54], que les deux seuls points restés en suspens étaient : (a) l’inclusion des deux articles critiques sur Jung et Rank, et (b) si oui ou non il fallait inclure dans le volume l’ensemble de ses quatre derniers articles (n° 9, 10, 11 et 13 du « sommaire »). Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que je les relirai encore une fois et que je déciderai.
579 Quand j’ai lu les critiques sur Jung et Rank, j’ai acquis la conviction que leur intérêt était désormais purement historique, et j’ai donc décidé de ne pas les inclure. D’un autre côté, les quatre derniers articles, bien que critiquables à bien des égards, contiennent tant d’idées originales, dont beaucoup sont toujours au centre de l’attention aujourd’hui, que j’ai décidé de les inclure tous les quatre.
580 À part cela, le seul changement que j’ai fait était d’inclure deux notes de lecture, l’une sur le pamphlet de Groddeck concernant la psychogenèse des maladies organiques, et l’autre sur le Seelensucher [55]. Je joins une copie de la table des matières telle qu’elle est à présent, pour votre information.
581 Enfin, je veux m’excuser pour avoir manqué votre soixante-quinzième anniversaire. Bien qu’ayant reçu la circulaire de la Société, j’étais convaincu que janvier était une erreur. Je me souvenais bien de la très agréable garden party dans votre maison durant l’été 1939, et j’ai décidé qu’elle avait eu lieu pour célébrer votre soixantième anniversaire, et que le « janvier » de la circulaire était une faute d’impression pour « juin ». Humblement, je plaide coupable et puis-je maintenant vous envoyer tardivement mes meilleurs vœux pour beaucoup d’autres de ces heureuses occasions ?
582 Je pars pour des vacances de ski et ne serai de retour qu’au début février.
583 Avec mes meilleures pensées.
584 Sincèrement vôtre.
585 * * *
586 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
587 The Plat
588 Elsted Nr Midhurst, SX.
589 Téléphone : Harting 261
590 Télégrammes : Elsted, Harting
591 22 janvier 1954
592 Cher Dr Balint,
593 Je vous remercie pour le matériel que vous avez fait suivre. Je vous prie de dire au docteur Scott que j’approuve la sélection, donc la publication peut aller de l’avant.
594 Je suis d’accord avec ce que vous avez dit à propos de Ferenczi, et moi-même je ne voulais rien dire de plus que l’expression que vous-même avez employée, « mécanismes paranoïdes ». Il est parfois extrêmement difficile de savoir lequel a influencé l’autre, mais il est certain qu’ils avaient une grande capacité à le faire. La croyance à la télépathie venait davantage de Ferenczi, alors que le sentiment d’importance de l’analyse laïque venait plus de Freud, Ferenczi en devenant ensuite le champion. Tout cela, toutefois, appartient au volume III.
595 Je vous souhaite bonne chance pour votre expédition de ski et je suis sûr que vous êtes suffisamment mis en garde contre les avalanches.
596 Je trouve toujours difficile de croire que les gens n’arrivent pas à se souvenir de mon anniversaire le jour du Nouvel An alors qu’enfant, j’avais pensé que le pays entier célébrait cet événement. En tout cas, le superbe cadeau et la masse de félicitations que j’ai reçus m’ont dédommagé pour mon 70e anniversaire dont aucun analyste ne s’était souvenu.
597 Sincèrement vôtre,
598 Ernest Jones
599 * * *
600 Michael Balint à Ernest Jones
601 Dr Ernest Jones,
602 The Plat,
603 Elsted,
604 Nr. Midhurst, Sussex.
605 Le 9 février 1954
606 Cher Dr Jones,
607 Un grand merci pour votre accord. J’en ai informé le docteur Scott et j’espère que la publication peut maintenant commencer.
608 Nous sommes rentrés de notre expédition de ski sans avoir rencontré aucune avalanche.
609 Je me sens encore comme un pécheur repentant pour ne pas connaître la date de votre anniversaire, d’autant plus qu’il tombe le jour de l’An. Ma seule excuse est votre garden party de 1939 qui m’a complètement embrouillé. Puis-je espérer que maintenant que j’ai humblement plaidé coupable, vous me pardonnerez mes péchés du passé ?
610 Sincèrement vôtre.
611 * * *
612 Michael Balint à Ernest Jones
613 Dr Ernest Jones,
614 The Plat,
615 Elsted,
616 Nr. Midhurst, Sussex
617 Le 24 février 1954
618 Cher Dr Jones,
619 Je suis désolé d’être tellement en retard, mais j’ai eu du mal à obtenir le renseignement. Le nom est Kaposi [56], né en 1837, mort en 1902. Il était hongrois de naissance et gendre du professeur Hebra, qui occupait la chaire de dermatologie avant lui.
620 Si vous avez besoin d’une quelconque aide de ce genre, je serai toujours heureux de vous l’offrir ?
621 Avec mes meilleurs sentiments.
622 Sincèrement vôtre.
623 * * *
624 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, avec signature manuscrite).
625 The Plat
626 Elsted Nr Midhurst, SX.
627 Téléphone : Harting 261
628 Télégrammes : Elsted, Harting
629 le 4 mai 1954
630 Cher Balint,
631 Comme vous pouvez l’imaginer, lorsqu’on écrit une biographie, il faut donner une certaine image des autres personnes qui étaient importantes pour la figure centrale. J’ai pensé donc que vous serez intéressé de lire ce que j’ai écrit sur Ferenczi, comme vous étiez son meilleur ami, et je suis certain que vous penserez que c’est une bonne idée d’ajouter une lettre typique de lui, d’Abraham et de moi-même.
632 J’ai bien sûr relu la correspondance à plusieurs reprises, et j’ai été de plus en plus déçu. Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit dans les remarques scientifiques faites par l’un ou l’autre qui n’ait été incorporé dans leurs écrits. Une légère exception est la discussion sur Lamarck, mais même celle-ci est incluse dans bien des passages de Freud. Après les quelques premières années, nous n’avons pas grand-chose à part les nouvelles concernant les publications, leurs rencontres, leurs familles ou des détails éditoriaux ; des choses de ce genre ne conviennent guère à la publication sous forme de livre. J’ai bien sûr trouvé les lettres utiles pour préciser certaines dates de voyages, etc., et pour quelques commentaires ajoutés. Puis j’ajoute au volume II une annexe intitulée « extraits variés de la correspondance » (à savoir celle de Freud), et je voudrais y incorporer une demi-douzaine de phrases ou de paragraphes de ses lettres à Ferenczi, comme je le fais des lettres adressées à d’autres personnes. Ainsi Ferenczi sera représenté de façon adéquate.
633 Avec mes meilleurs sentiments.
634 Sincèrement vôtre,
635 Ernest Jones
636 * * *
637 Michael Balint à Ernest Jones
638 Dr Ernest Jones
639 The Plat,
640 Elsted,
641 Nr. Midhurst, Sussex
642 Le 10 mai 1954
643 Cher Dr Jones,
644 Je suis très honoré que vous m’ayez accordé le privilège de lire un chapitre manuscrit de votre importante biographie.
645 Je suis plus ou moins d’accord avec votre opinion, exprimée dans le manuscrit, à savoir que la correspondance Freud-Ferenczi serait plus intéressante pour quelqu’un qui écrirait une biographie de Ferenczi, et aussi qu’il y a beaucoup moins de passages sur la psychanalyse qu’on ne s’y serait attendu. Je n’ai assurément aucune objection à ce que vous reproduisiez des extraits de lettres de Freud à Ferenczi dans le deuxième volume ; autant que je sache, les lettres appartiennent à celui à qui elles sont adressées, c’est-à-dire ses héritiers, mais le droit de les utiliser dans une publication appartient à l’auteur, c’est-à-dire aux héritiers de celui-ci.
646 À part l’honneur, j’ai eu grand plaisir à lire le chapitre que vous m’avez envoyé et que j’ai trouvé de la même qualité que le premier volume. Je trouve votre description de Ferenczi juste et objective, bien qu’un peu sévère et critique. Mais comme vous-même intégrez ce trait dans votre propre caractérologie, je ne peux qu’être d’accord.
647 Il y a cependant quelques erreurs, probablement des fautes de frappe seulement, mais je voudrais y attirer votre attention. Je les ai signalées d’une croix au crayon dans la marge, qui sera facile à effacer.
648 Page 6. Ferenczi est né le 7 juillet 1873 et non 1872.
649 Page 11. Non seulement Ferenczi mais tous ses frères ont changé leur nom de Fraenkel en Ferenczi à la même époque. C’était très à la mode à l’époque et peut-être l’histoire vous intéressera-t-elle. C’est sous Joseph II que dans tout l’empire des Habsbourg, les juifs ont été obligés d’adopter des noms de famille pour la première fois, et naturellement, la majorité d’entre eux devaient choisir des noms allemands. À la fin du xix e siècle, lors de la renaissance nationaliste, comme en réaction à la germanisation injustifiée durant la période absolutiste, un très grand nombre de juifs ont changé légalement leur nom allemand en un nom hongrois. La famille Ferenczi tout entière était unanime à cet égard malgré le fait que leur père avait un nom très favorablement connu étant donné qu’il possédait la librairie la plus importante de toute la Hongrie, mis à part celles de la capitale.
650 Page 11. Je suis d’accord avec vous sur le fait que Ferenczi avait beaucoup de charme pour les hommes, mais selon mon souvenir, il avait aussi beaucoup de charme pour les femmes. Il aimait bien flirter, était un bon causeur, un charmeur, et autant que je sache, pas du tout mal accueilli par les femmes.
651 Page 12. Le mot « waulity » m’est inconnu. Je crois que c’est une faute de frappe.
652 Page 13. Vous affirmez que Ferenczi est devenu dur, autoritaire et même dominateur, et que, pour cette raison, plusieurs analystes ont émigré de Hongrie vers d’autres pays. Je crois que cela est plutôt exagéré. Il est vrai qu’il était devenu plus dur en vieillissant, mais après tout, nous sommes d’accord qu’il était plutôt doux dans sa jeunesse alors ce durcissement à mon avis, au moins partiellement, correspondait à une sorte de maturation. Il est vrai qu’il dominait l’Association hongroise, cependant pas par des méthodes autoritaires, mais par le simple poids de ses accomplissements scientifiques et par sa véritable et réelle supériorité. À ma connaissance, quatre analystes seulement ont quitté l’Association avant la mort de Ferenczi. L’un d’eux était Feldmann [57] à qui, après consultation avec Freud, on avait demandé de donner sa démission parce qu’il a montré certains traits de caractère peu souhaitables dans ses rapports avec ses patients. Les trois autres sont Harnig [58], madame Klein [59] et Radó [60]. Ils sont tous partis à Berlin pour y suivre une analyse didactique et y sont restés, pour ne jamais retourner en Hongrie. Autant que je sache, la raison principale de madame Klein pour quitter la Hongrie était un très bon poste offert à son mari à Berlin, où elle l’a suivi, toutefois il peut y avoir aussi d’autres raisons dont je n’ai pas connaissance. Nous connaissons tous les deux Harnig et Radó, et je crois qu’il est juste de dire qu’il était sage de la part de Ferenczi de leur recommander de faire une analyse dans une société plus grande, dans un groupe moins étroitement lié que l’Association hongroise de l’époque. J’ai une certaine connaissance de la relation tendue entre Radó et Ferenczi, mais je crois que ce serait injuste de dire qu’elle était due principalement, voire partiellement, à Ferenczi.
653 Page 20. La durée de l’analyse didactique de Ferenczi par Freud était de trois semaines selon vous. Je n’ai pas, récemment, vérifié ma mémoire à l’aide de la correspondance, mais autant que je m’en souvienne, il y a eu plusieurs périodes ; les trois semaines que vous mentionnez n’en constituent qu’une, et ce n’est pas la plus longue. Mais je peux me tromper [61].
654 Encore une fois, grand merci pour ce privilège, je souhaite seulement voir le reste dès que possible.
655 Sincèrement vôtre.
656 * * *
657 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
658 Le 12 mai 1954
659 Cher Dr Balint,
660 Un grand merci pour votre lettre courtoise. Je relirai maintenant le chapitre à la lumière de vos suggestions auxquelles j’accorde la plus grande valeur.
661 J’espère finir d’écrire le vol.[ume] II cet été.
662 Sincèrement vôtre,
663 Ernest Jones
664 * * *
665 Ernest Jones à Michael Balint (carte de correspondance dactylographiée, signature manuscrite. La carte est réexpédiée de l’adresse de Balint vers l’adresse des Dormandi au 20 av. de Breteuil à Paris où les Balint passent quelques jours).
666 le 2 septembre 1954
667 Cher Dr Balint,
668 En tant qu’autorité concernant les écrits de Ferenczi, pourriez-vous me dire, je vous prie, s’il a écrit quoi que ce soit au sujet de la télépathie ?
669 Sincèrement vôtre,
670 Ernest Jones
671 * * *
672 Michael Balint à Ernest Jones
673 Dr Ernest Jones
674 The Plat,
675 Elsted,
676 Nr. Midhurst, Sussex
677 Le 20 septembre 1954
678 Cher Dr Jones,
679 Je regrette de répondre si tard à votre question, mais je rentre juste de vacances tardives.
680 Ferenczi n’a rien publié sur la télépathie de son vivant, même s’il y a pensé plus d’une fois. La raison en a été l’influence de Freud qui a réussi à convaincre Ferenczi de retarder la publication de ce matériel et l’interprétation analytique qu’il en proposait.
681 Il a été profondément intéressé par ce problème durant toute sa vie, surtout sous l’angle de ses réflexions thérapeutiques, à savoir que dans certaines conditions, une « réciprocité » peut exister entre deux personnes, avec pour effet des processus identiques dans leurs esprits.
682 Nous avons retrouvé certaines de ses idées dans ses notes, et elles ont fait l’objet d’une publication posthume dans le IVe volume des Bausteine ; elles seront bientôt publiées dans le nouveau volume Ferenczi de l’International Library. Si vous voulez lire ces parties, je pourrais vous les faire tenir sous forme d’épreuves.
683 Il y avait, dans une immense valise, beaucoup de notes sur toutes sortes de matériel clinique, y compris la télépathie, mais il a été presque impossible de les déchiffrer et de les mettre en ordre. Malheureusement, tout ce matériel a péri pendant le siège de Budapest.
684 À part cela, j’ai en ma possession le journal de Ferenczi écrit pendant les deux dernières années de sa vie, où il y a de nombreuses remarques et de petits articles sur les phénomènes parapsychologiques. Ceux-ci sont cependant tellement entremêlés à ses propres problèmes (auto-analyse, etc.) que je ne me suis pas senti autorisé à les rendre publics, du moins pour le moment.
685 J’espère que vous progressez avec les volumes suivants de la biographie de Freud que nous attendons avec beaucoup d’intérêt.
686 Avec les meilleures pensées à madame Jones et à vous-même.
687 Sincèrement vôtre.
688 * * *
689 Michael Balint à Ernest Jones
690 Dr Ernest Jones
691 The Plat,
692 Elsted,
693 Nr. Midhurst, Sussex
694 Le 12 octobre 1954
695 Cher Dr Jones,
696 Peut-être la rumeur vous est-elle parvenue que je serai président de la section médicale de l’Association britannique de psychanalyse l’année prochaine. Je considérerais comme un grand honneur si vous vouliez bien accepter de vous adresser à la section durant ma présidence.
697 J’imagine que votre première réaction sera un « non » poli, alors puis-je essayer de vous convaincre des raisons pour lesquelles vous devriez accepter mon invitation ?
698 Tout d’abord, vous pouvez, bien entendu, choisir la date de votre conférence pour la faire concorder avec vos autres engagements, étant donné que vous êtes le premier à qui j’ai fait cette demande. Peut-être vous rappelez-vous que les réunions ont lieu le quatrième mercredi de chaque mois excepté les deux mois d’été.
699 En deuxième lieu, je suis tout à fait sûr que la conférence elle-même ne vous donnera pas beaucoup de travail supplémentaire, comme bon nombre de chapitres de votre biographie de Freud seraient les bienvenus par la section. Loin de moi l’idée de me permettre de vous suggérer des thèmes, mais seulement d’en mentionner que quelques-uns ; l’histoire des idées de Freud sur la métapsychologie ou sur la psychologie du moi ; ou bien l’influence de Freud et de son cercle intime sur le développement de la psychanalyse ; ceux-ci et bien d’autres sont des thèmes sur lesquels vous pourriez nous en apprendre beaucoup, et personne d’autre ne pourrait le faire.
700 Finalement – et c’est le point principal –, je crois que vous avez, ou du moins que vous devriez avoir, l’obligation de transmettre à la jeune génération quelque chose de l’immense splendeur de l’époque de Freud. Je suis toujours désolé pour les jeunes qui ont manqué toute l’excitation de pouvoir être témoins du développement des idées de Freud. Je crains que vous soyez le seul dans ce pays, à part peut-être mademoiselle Freud, qui ait l’indispensable objectivité et la connaissance intime des événements pour donner une image authentique de ce que Freud représentait pour le développement du champ psychologique.
701 J’espère ardemment qu’il vous sera possible de dire « oui ».
702 Avec mes meilleures pensées à vous deux.
703 Sincèrement vôtre.
704 * * *
705 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, avec signature manuscrite).
706 The Plat
707 Elsted Nr Midhurst, SX.
708 Téléphone : Harting 261
709 Télégrammes : Elsted, Harting
710 Le 23 octobre 1954
711 Cher Dr Balint,
712 Je rentre juste d’un mois passé en Sicile et je trouve deux lettres de vous ainsi que dix mille autres. Tout d’abord laissez-moi vous féliciter de devenir président de la section médicale, section que j’ai fondée il y a près de quarante ans. Je réfléchirai à votre aimable suggestion de lire quelque chose pour la section, mais je dois, bien sûr, écrire d’abord les chapitres.
713 Je vous remercie des informations sur Ferenczi et la télépathie. Je voudrais bien voir les parties sur la télépathie qui paraîtront dans le nouveau volume de la Library. L’influence de Ferenczi sur Freud était très importante dans ce domaine, et je me propose d’écrire un chapitre spécial à ce sujet dans le vol.[ume] III. Je voudrais aussi jeter un regard sur le Journal que vous mentionnez, non pas pour une publication, mais pour avoir une idée plus claire sur ces années sombres de séparation d’avec Freud. Après 1910, Ferenczi a joué un rôle plus important dans la vie de Freud que n’importe qui d’autre.
714 Sincèrement vôtre,
715 Ernest Jones
716 * * *
717 Michael Balint à Ernest Jones
718 Dr Ernest Jones
719 The Plat,
720 Elsted,
721 Nr. Midhurst, Sussex
722 le 25 octobre 1954
723 Cher Dr Jones,
724 Je voudrais d’abord dire combien j’envie votre mois d’octobre en Sicile, un désir que j’ai depuis bon nombre d’années, mais qui paraît impossible à réaliser, du moins pour moi. Il est bon de savoir que ce n’est pas impossible pour d’autres.
725 Je répondrai à vos autres points dans quelques jours, quand j’aurai repéré tous les endroits concernés.
726 Cette fois, je vous écris pour dire que plus longtemps on vit, plus on en découvre sur le Dr Jones. Je savais que vous avez contribué à fonder l’Association psychanalytique américaine, celle de Londres, et plus tard l’Association britannique de psychanalyse, etc., mais j’ignorais qu’entre bien d’autres choses, vous avez aussi fondé la section médicale de l’Association britannique de psychanalyse. Comme je pense être une des personnes à l’esprit le plus tourné vers l’histoire dans ces îles, et que je ne savais rien de votre rôle dans l’histoire de la section médicale, puis-je proposer comme alternative à votre conférence les débuts de l’histoire de la section médicale ? Ce serait un sujet très actuel justement maintenant, compte tenu du fait que nous devons réviser notre constitution en accord avec la société apparentée. Comme vous le savez peut-être, au cours des dernières années, il y a eu un immense afflux dans la section de personnes non qualifiées en médecine, tels des psychologues, des travailleurs sociaux en psychiatrie et aussi quelques ecclésiastiques ; ils sont devenus quelque peu impatients, et certains d’entre eux essayent de changer la tradition médicale de la section en quelque chose qui correspondrait davantage à leur domaine propre. Les plus bruyants parmi eux sont les soi-disant psychologues cliniciens avec leurs tests, leurs statistiques, et leurs coefficients de corrélation.
727 Je pense que ce serait un rappel bienvenu pour eux, en fait pour nous tous, si vous pouviez envisager de nous parler des véritables objectifs originaux des fondateurs et de leurs personnalités.
728 Comme je l’ai dit, je reviendrai sur vos autres questions dans quelques jours.
729 En vous souhaitant la bienvenue en Angleterre à tous les deux.
730 Sincèrement vôtre.
731 * * *
732 Michael Balint à Ernest Jones
733 Dr Ernest Jones
734 The Plat,
735 Elsted,
736 Nr. Midhurst, Sussex
737 le 29 octobre 1954
738 Cher Dr Jones,
739 Je vous envoie ci-joint les épreuves. J’ai indiqué en haut de la première page les pages à examiner, et sur la page même, j’ai coché la note contenant une référence à la télépathie. Je n’étais pas très rigoureux dans ma sélection, mais j’ai pensé qu’il était préférable de pécher par excès plutôt que par omission de quelque chose que vous pourriez trouver important.
740 Je crois que vous trouverez dans ces notes les derniers stades de développement des idées de Ferenczi sur la télépathie et la clairvoyance. Certaines de ces idées ont été mentionnées dans plusieurs de ses articles antérieurs, mais seulement en passant, et dans la mesure où le sujet abordé l’exigeait. Je ne crois pas que vous trouverez des informations supplémentaires dans ces articles, mais au cas où vous voudriez les parcourir, les plus importants sont : « Le développement du sens de réalité et ses stades [62] », « Les pathonévroses [63] » (le tout figure dans Further Contributions), « Discussion sur les tics [64] », et finalement « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant [65] », dans le numéro du Journal consacré à Ferenczi.
741 Je regrette de vous décevoir en ce qui concerne le Journal de Ferenczi. Une partie importante en est écrite en hongrois, ou dans l’écriture manuscrite de Ferenczi, avec toutes les abréviations sténographiques qu’il avait l’habitude d’employer. Pour vous en donner une impression correcte et fiable, je devrais consacrer plusieurs mois de dur travail pour lui donner une forme lisible. Tel qu’il est, il serait incompréhensible et définitivement déroutant pour quiconque ne serait pas intimement familier avec la dernière période de Ferenczi [66].
742 J’ai bon espoir que votre emploi de temps vous permettra de venir parler à la section médicale. J’ai fait mention de cette éventualité à la réunion du comité mercredi dernier, et elle a été saluée avec grand enthousiasme ; on m’a demandé de bien vous faire comprendre à quel point nous tous voudrions vous entendre.
743 Sincèrement vôtre.
744 * * *
745 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
746 The Plat
747 Elsted Nr Midhurst, SX.
748 Téléphone : Harting 261
749 Télégrammes : Elsted, Harting
750 Le 1er novembre 1954
751 Cher Dr Balint,
752 Grand merci pour m’avoir permis de voir les articles joints. Nous serons très intéressés par les comptes rendus d’une si remarquable production. Puis-je suggérer deux modifications : (1) p. 1, note 7. Note en bas de page pour « mathématiciens [67] ». Il est évidemment question ici d’arithméticiens » (il n’y a pas de géomètres idiots) ; (2) p. 25. Effacer la dernière phrase qui fait trop penser à Stekel ; elle n’ajoutera certainement rien à la réputation de Ferenczi.
753 Je ne vous infligerai certainement pas le dérangement de retravailler le Journal. Vous ne dites pas si vous l’avez lu vous-même. Si c’est le cas, je serais heureux d’avoir quelques notes à partir des souvenirs que vous en avez.
754 Sincèrement vôtre,
755 Ernest Jones
756 * * *
757 Michael Balint à Ernest Jones
758 Dr Ernest Jones
759 The Plat,
760 Elsted,
761 Nr. Midhurst, Sussex
762 Le 2 novembre 1954
763 Cher Dr Jones,
764 Grand merci pour vos commentaires. Je crains que, malheureusement, ils arrivent un peu tard, parce que j’ai déjà renvoyé les épreuves à l’imprimeur. En tout cas, je les contacterai, et si possible, je ferai corriger le texte selon vos suggestions. J’aurais aimé avoir votre collaboration plus tôt ; elle aurait été très précieuse. Juste pour votre information, l’article sur les mathématiques a été lu par le professeur Penrose et par Mr J.O. Wisdom, et aucun d’eux, ni en fait moi-même, n’avons remarqué l’erreur.
765 J’ai lu le Journal de Ferenczi il y a de nombreuses années. C’est un document très intéressant et en même temps très triste, plein d’idées excellentes et d’erreurs grossières dues aux troubles émotionnels qui l’affectaient. Avant de répondre à votre requête, je devrai rafraîchir ma mémoire et vous demander vers quel moment vous aurez besoin de cette information. Si cela peut attendre jusqu’après le Nouvel An, les choses seraient plus faciles pour moi.
766 C’est très vilain de votre part de ne pas avoir répondu à ma demande et mes suggestions concernant la conférence à la section médicale. J’espère beaucoup que vous pourrez accepter l’invitation, et dans cet espoir, je ne vous ennuierai plus davantage en ce moment.
767 Meilleurs sentiments.
768 Sincèrement vôtre.
769 * * *
770 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
771 The Plat
772 Elsted Nr Midhurst, SX.
773 Téléphone : Harting 261
774 Télégrammes : Elsted, Harting
775 Le 2 janvier 1955
776 Cher Balint,
777 Je vous félicite pour votre mémoire et vous remercie de vos bons vœux.
778 J’aimerais pouvoir vous donner une idée de ma vie de travail. Bien que j’aie envoyé le manuscrit du vol II à l’imprimerie dans la première semaine d’août, il semble qu’il ne pourra pas paraître avant septembre prochain, ce qui décevra beaucoup de personnes. Pour diverses raisons trop fastidieuses à détailler, je dois relire huit exemplaires d’épreuves (Londres et New York), et j’ai à peine la place sur mon parquet pour ne fût-ce qu’une de plus. Tout cela m’a sérieusement retardé pour commencer le vol. III que j’espérais voir paraître l’année du centenaire. Ainsi, vous serez bien disposé à comprendre la détermination de fer avec laquelle je dois refuser les demandes sans fin à donner des conférences, écrire des préfaces, des notes de lecture, etc. Je refuse même d’assister à la cérémonie du 4 février quand ils dévoileront à la salle des fêtes de Vienne le buste que je leur ai offert [68].
779 Avec mes meilleurs vœux pour 1955.
780 Sincèrement vôtre,
781 Ernest Jones
782 * * *
783 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite, y compris l’en-tête).
784 Elsted
785 Midhurst
786 Le 27 janvier 1955
787 Cher Dr Balint
788 Je travaille actuellement sur le volume III, mais je suis retardé par le manque de documents importants, à savoir les Rundbriefe [69] qui ont circulé parmi les membres du « comité ».
789 Avez-vous en votre possession quelques-unes des copies que Ferenczi devait posséder ?
790 La plupart des miennes ont été perdues pendant le Blitz [70].
791 Sincèrement vôtre,
792 Ernest Jones
793 * * *
794 Michael Balint à Ernest Jones
795 Le 7 février 1955
796 Cher Dr Jones,
797 Je suis heureux d’entendre que vous avez atteint le stade du tome III.
798 Malheureusement, je ne peux pas vous aider beaucoup en ce qui concerne les Rundbriefe, car Ferenczi n’en a conservé qu’un petit nombre. Apparemment, il en est de même en ce qui concerne le professeur Freud, qui n’a inclus que celles auxquelles Ferenczi a fait quelques additions personnelles.
799 Toutes celles-ci ont été copiées avec la correspondance et sont intégrées parmi les lettres, selon leurs dates respectives.
800 Avec mon meilleur souvenir à vous deux.
801 Sincèrement vôtre,
802 Dr Ernest Jones
803 * * *
804 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
805 The Plat
806 Elsted Nr Midhurst, SX.
807 Téléphone : Harting 261
808 Télégrammes : Elsted, Harting
809 28 mars 1955
810 Cher Dr Balint,
811 Vous m’avez aimablement donné, il y a quelque temps, la référence du fameux article de Lindner sur le suçotement, comme ayant paru dans le Zeitschrift f. Kinderheilkunde, 1879 Vol. Je ne l’ai pas trouvé à cet endroit. Pourriez-vous avoir la gentillesse de vérifier toute mention à cet article, si vous en possédez ?
812 Bien sincèrement vôtre,
813 Ernest Jones
814 [À la fin de la lettre, dans l’écriture de Balint : Repr. J. psa. Ped. VIII, 34]
815 * * *
816 Michael Balint à Ernest Jones,
817 Le 30 mars 1955
818 Cher Dr Jones,
819 Je pense que la cause du problème est que vous avez cherché dans le Zeitschrift f. Kinderheilkunde. Je pense que la référence correcte est Jahrbuch f. K., bien qu’à une occasion, Ferenczi la cite comme Archiv f. K., mais cela me semble une erreur. En tout cas, j’ai demandé à la bibliothécaire de l’Institut, mademoiselle Lapervanche, de rechercher la publication originale et de prendre directement contact avec vous. J’espère que cela satisfera vos principes d’exactitude.
820 J’attends avec impatience de lire le deuxième volume et je vous souhaite bonne chance et progrès avec le troisième. N’hésitez pas à vous adresser à moi pour toute aide ou toute information dont vous pourriez avoir besoin, et que je serais en mesure de fournir.
821 Avec mes meilleures pensées à vous deux.
822 Sincèrement vôtre.
823 Dr Ernest Jones
824 The Plat,
825 Elsted,
826 Nr. Midhurst, Sussex
827 * * *
828 Marie de Lapervanche à Ernest Jones
829 INSTITUTE OF PSYCHO-ANALYSIS
830 63, New Cavendish Street
831 London W.1.
832 Téléphone : Langham 4952/3
833 Le 31 mars 1955
834 Cher Dr Jones,
835 Le Dr Balint m’a demandé de trouver pour vous un article par Lindner sur le suçotement du pouce ; le voici :
836 Das Saugen an den Fingern, Lippen, etc. bei den Kindern (Ludeln). Eine Studie von Dr L. Lindner in Budapest. P. 68 of Jahrbuch für Kinderheilkunde und Physische Erziehung, Band XIV, 1879 (Published Leipzig, B.G. Teubner.
837 Sincèrement vôtre,
838 Marie de Lapervanche
839 Copie au Dr Balint
840 * * *
841 Michael Balint à Ernest Jones
842 Le 4 mai 1955
843 Cher Dr Jones
844 Puis-je vous demander une réelle faveur ? Cela concerne le nouveau volume de Ferenczi. Comme pour les autres volumes, je me suis mis d’accord avec monsieur Rosenthal de Basic Books sur le fait qu’il aurait les droits américains pour ce volume également. Notre contrat suivait la formule habituelle, sans aucune stipulation particulière d’aucune des parties.
845 Comme la Hogarth Press a été plutôt lente à produire le volume, monsieur Rosenthal est devenu impatient. Pour nous pousser, moi et la Hogarth Press, à agir, il m’a envoyé une circulaire montrant qu’il faisait déjà de la publicité pour ce livre. C’est seulement par cette circulaire que j’ai appris que non seulement il a chargé le Dr Clara Thompson d’écrire la préface, mais qu’il a intégré cette information dans la publicité. J’ai protesté contre ce comportement de sa part, et une longue correspondance s’en est suivie. Je pense que les détails sont sans importance, mais au cas où vous voudriez les connaître, je joins ici toute la correspondance, en vous demandant de me la renvoyer quand vous en aurez terminé.
846 L’issue de notre correspondance a été une sorte d’ultimatum contenu dans la dernière lettre de monsieur Rosenthal : ou bien j’accepte que soit incluse l’introduction du Dr Thompson, ou bien il renonce à la publication. Je sais que j’ai des chances de pouvoir l’obliger à remplir son contrat, mais je n’aime pas cette idée, et mon avocat est d’accord avec moi.
847 Je joins aussi une copie de l’introduction du Dr Thompson, qui n’est ni bonne ni mauvaise. De toute façon, elle est trop émotionnelle à mon goût, resservant la vieille histoire à propos de la mésentente fatale entre Freud et Ferenczi, sous une forme sympathique, il est vrai. Mon dilemme est de décider lequel des deux maux est le moindre : avaler l’introduction du Dr Thompson ou interrompre la série et publier le troisième volume chez un autre éditeur en Amérique. Les deux me déplaisent également et j’ai besoin de quelqu’un pour me dire comment agir. C’est un fait, et non un compliment, que dans toute la Société, je pense que vous êtes le seul à être suffisamment impartial, distancié et objectif, pour saisir correctement la situation. Puis-je donc vous demander de vous intéresser à cette affaire autant que cela vous paraîtra nécessaire et de me faire connaître votre opinion ? Je vous serai très reconnaissant pour toute aide que vous pourrez m’apporter.
848 Avec tous mes remerciements.
849 Sincèrement vôtre,
850 Dr Ernest Jones.
851 The Plat,
852 Elsted,
853 Nr. Midhurst, Sussex
854 * * *
855 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
856 The Plat
857 Elsted Nr Midhurst, SX.
858 Téléphone : Harting 261
859 Télégrammes : Elsted, Harting
860 Le 5 mai (1955)
861 Cher Dr Balint,
862 Vous m’avez assurément infligé une tâche à la Salomon, aussi suivrai-je son exemple en partageant le bébé en deux [71]. D’une part, je pense que cela correspond bien à la tendance de Rosenthal de bousculer les gens, d’avancer sans avoir la courtoisie de prendre d’abord contact avec vous. Il lui arrive d’agir ainsi, et c’est bien loin des manières hongroises. Il s’en est excusé et il mérite aussi une bonne note pour la manière dont il s’est calmé après avoir reçu votre première lettre enflammée.
863 D’un autre côté, je pense qu’il a raison quand il soutient qu’il sait ce qui convient le mieux pour les ventes en Amérique et qu’il se réfère à la coutume fréquente d’avoir là-bas une introduction différente.
864 Je suis d’accord avec votre évaluation de l’introduction de Clara Thompson, bien que je pense, pour ma part, qu’à certains égards, elle induit le lecteur résolument en erreur. Mais c’est bien ce qu’on peut attendre de la part d’une fidèle enthousiaste, et elle semble tenir officiellement ce rôle en Amérique, puisqu’elle a écrit une préface (également sans que j’en aie connaissance) pour ma traduction du premier livre de Ferenczi.
865 Il se peut que, dans l’ensemble, vous n’aimiez pas ma décision finale, mais la voici. Je suggère que vous écriviez à Rosenthal, lui disant que vous m’avez soumis le problème pour arbitrage et, bien que vous ne soyez pas de mon avis, j’ai recommandé que l’introduction de Cl. Thompson soit retenue, à condition de changer un passage que j’ai indiqué sur votre copie. Ce serait très incorrect à l’égard de Freud que de dire que Ferenczi a lutté pour obtenir qu’il se montre tolérant à son égard, car, comme je le montrerai dans le tome III, Freud a toujours été parfaitement tolérant à l’égard de ses hérésies ultérieures bien que, naturellement, il n’ait pu les approuver.
866 Avec mes vœux les meilleurs.
867 Très sincèrement vôtre,
868 Ernest Jones
869 * * *
870 Michael Balint à Ernest Jones
871 Dr Ernest Jones.
872 The Plat,
873 Elsted,
874 Nr. Midhurst, Sussex
875 Le 3 janvier 1956
876 Cher Dr Jones,
877 Je suis navré d’apprendre la situation difficile dans laquelle vous vous trouvez, et plus encore de votre décision de ne pas venir parler à la section médicale. Je comprends vos raisons, par conséquent je n’insisterai plus auprès de vous. Cependant, espérant contre tout espoir, si au cours de l’année, vous sentez que vous pouvez changer d’avis, je serais très heureux d’organiser une réunion pour vous.
878 Sincèrement vôtre.
879 * * *
880 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
881 The Plat
882 Elsted Nr Midhurst, SX.
883 Téléphone : Harting 261
884 Télégrammes : Elsted, Harting
885 Le 2 janvier 1957
886 Cher Dr Balint,
887 Grand merci pour vos aimables félicitations. Vous avez eu la bonne date cette fois. Le seul autre analyste à s’en souvenir a été le Dr Heimann [72].
888 Avec mes meilleurs vœux à vous deux pour 1957.
889 Bien sincèrement vôtre,
890 Ernest Jones
891 * * *
892 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
893 The Plat
894 Elsted Nr Midhurst, SX.
895 Téléphone : Harting 261
896 Télégrammes : Elsted, Harting
897 Le 14 mars 1957
898 Cher Balint,
899 Merci beaucoup de m’avoir permis de voir la correspondance jointe. C’est triste que je n’aie pas pu m’en servir pour le chapitre spécial que j’ai consacré à Rank dans le vol.[ume] III. Ayez pitié du pauvre biographe.
900 J’ai écrit, il y a quelque temps, à mademoiselle Taft pour l’autoriser à citer à partir des Rundbriefe à condition de me dire quels passages elle allait utiliser – une demande parfaitement justifiée. Sinon, ce serait un saut dans l’inconnu.
901 Bien sincèrement vôtre,
902 Ernest Jones
903 * * *
904 Michael Balint à Ernest Jones
905 Le 10 mai 1957
906 Cher Dr Jones,
907 Je vous prie de m’excuser pour ma réponse tardive, mais vous avez adressé votre lettre à Park Crescent West et il a fallu un peu plus de temps à la poste pour la délivrer.
908 Grand merci à madame Jones et à vous-même pour votre aimable invitation. Nous voudrions venir le dimanche 26 mai si cela vous convient. Comme vous n’avez pas spécifié l’heure, serait-ce bien que nous arrivions peu après le déjeuner ?
909 Nous avons téléphoné à Tyme Ltd. Et ils ont promis de livrer votre pendule à mon adresse ; nous vous l’apporterons en en prenant le plus grand soin.
910 Il n’y a aucune urgence en ce qui concerne la correspondance Freud/Ferenczi, ni la correspondance Freud/Rank. D’ailleurs, la seule chose que je voudrais faire en ce qui concerne cette dernière, c’est de la lire, ce que je peux faire en quelques semaines, puis je vous la rendrai. Je serai, bien sûr, très heureux de lire les épreuves de votre chapitre sur Rank.
911 Quant à la correspondance Freud/Ferenczi, cela peut attendre jusqu’à ce que vous ayez fini de réviser l’ensemble de votre travail. Avant de la déposer aux archives Freud, je voudrais relire toute la correspondance, la mettre en ordre, puis la mettre sous scellés avec la condition qu’elle ne puisse être ouverte pendant un temps considérable. La seule chose dont j’ai besoin maintenant, c’est une indication approximative du moment où vous pourrez vous en passer.
912 Enfin, je suis désolé que ma remarque ait été un choc pour vous [73]. J’ai pensé que vous étiez conscient d’avoir posé un très haut niveau d’exigence pour vous et pour tous les autres, et les réalisations de chacun devaient alors être critiquées par rapport à ce niveau. Il est vrai que votre critique est correcte, mais je ne pense pas qu’il ait jamais été question de partialité ou de favoritisme et, d’une façon générale, vous avez la réputation d’être quelqu’un qui découvre à tous les coups le seul maillon faible, le seul fait insuffisamment authentifié dans une discussion. Vous devez admettre que la lettre que vous m’avez récemment adressée pourrait être citée comme exemple.
913 Sincèrement vôtre,
914 Dr Ernest Jones,
915 The Plat,
916 Elsted,
917 Nr. Midhurst, Sussex.
918 * * *
919 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
920 The Plat
921 Elsted Nr Midhurst, SX.
922 Téléphone : Harting 261
923 Télégrammes : Elsted, Harting
924 Le 12 mai 1957
925 Cher Balint,
926 Non, venez avant le déjeuner, pas après. Cela vous donnera aussi plus de temps pour voir les choses.
927 Sincèrement vôtre,
928 Ernest Jones
929 * * *
930 Michael Balint à Ernest Jones
931 Le 15 mai 1957
932 Cher Dr Jones,
933 Votre pendule est arrivée, sera traitée avec grand soin et livrée le dimanche 26, quand nous viendrons. Cela vous conviendra-t-il si nous arrivons juste avant une heure ?
934 Si madame Jones ou vous-même souhaitiez que nous vous apportions quelque chose de Londres, je vous en prie, n’hésitez pas à nous le faire savoir.
935 Sincèrement vôtre,
936 Dr Ernest Jones,
937 The Plat,
938 Elsted,
939 Nr. Midhurst, Sussex
940 * * *
941 Michael Balint à Ernest Jones
942 (lettre publiée en partie par la Société britannique de psychanalyse, dont la version intégrale nous a été fournie par Judith Mészáros).
943 Le 31 mai 1957
944 Cher Dr Jones,
945 Je vous renvoie ci-joint les épreuves que vous m’avez aimablement fait tenir. Puis-je vous assurer du plaisir que j’ai eu à les lire et vous dire à quel point j’admire votre capacité de donner à un matériel aussi riche une forme aussi concise.
946 Je n’ai pu y découvrir que deux petites inexactitudes. Pour vous permettre de trouver facilement les passages en question, je les ai marqués au crayon dans la marge.
947 L’un se trouve sur le placard 21. C’est non pas Hitschman mais Simmel qui a prononcé le « rapport condensé » sur le déroulement du congrès. À cette occasion déjà, il s’est plaint de l’énorme travail causé par le grand nombre de publications et il a proposé que les [titres des] livres soient condensés. Si je me souviens bien, il a offert deux alternatives à Rank, soit « Le mythe du trauma de la naissance », soit « Le mythe concernant la naissance du trauma », et il a laissé à l’auteur de décider laquelle s’accordait mieux avec ses idées. L’autre « titre condensé » qui me reste en mémoire concernait Reik et Reich, encouragés à publier conjointement un livre Der eigene und der fremde triebhafte Charakter [74].
948 Placard 25. Je pense que ce serait trompeur que d’appeler sociétés proprement dites les tout petits groupes de Dresde et de Leipzig. Ils n’ont jamais été constitués dans les formes, jamais reconnus par l’Internationale, et durant leurs activités de courte durée, c’étaient des groupes informels de la Société psychanalytique de Berlin. De plus, si ma mémoire est bonne, il n’y avait pas de groupe à Munich, mais un groupe s’est organisé autour de Landauer à Francfort-sur-le-Main. Il est possible, cependant, que cela se soit produit quelques années plus tard et non pas en 1921.
949 Le reste est beaucoup plus difficile. Cela concerne votre jugement de la période plus tardive de Ferenczi, disons à partir de 1922. Dans le placard 14, vous décrivez Ferenczi, ensemble avec Rank, comme perdant peu à peu leur intégrité psychique. Cette description est difficile à discuter, car elle est partiellement vraie. Malheureusement, affirmé ainsi, sans réserves, je pense que c’est incorrect et trompeur. Il est vrai que sous l’effet d’une forte tension, Ferenczi était enclin à laisser libre cours à ses émotions et il pouvait alors dire, ou même écrire, des choses qu’il regrettait par la suite. Je pense que nous pouvons ajouter qu’il n’a jamais hésité à revenir sur ce qu’il a dit ; mais jamais, à aucun moment, il n’a dévié de ce que nous appelons psychanalyse, ni de sa loyauté à Freud. Bien que, parfois, il se soit senti gravement blessé par ce qu’il appelait la partialité de Freud et qu’il était en sérieux désaccord avec son maître et ami, je peux me porter garant, par expérience personnelle, que même au sommet de leur désaccord, tant dans la période Rank qu’au cours des années 1930/1933, il n’y avait pas l’ombre d’un doute en lui, ni dans ses paroles, qu’il était, et qu’il avait l’intention de rester un psychanalyste et un adepte de Freud.
950 Certes, vous écrivez une biographie de Freud, ce qui veut dire que votre souci principal est, et doit manifestement être, de décrire l’évolution de Freud, mais je pense que votre description aurait gagné en valeur si vous aviez pu inclure quelques indices montrant le sens que pouvaient avoir les dissensions surgissant de temps à autre autour de Freud, non seulement pour la psychanalyse et pour Freud, mais pour les tenants de la dissension eux-mêmes.
951 Malheureusement, il est de coutume chez nous, analystes, de mettre toute dissension exclusivement sur le compte des difficultés inhérentes à nos relations avec l’inconscient, ou des réactions plus ou moins névrotiques des différents individus à l’impact qu’a sur eux le matériel inconscient, et tout aussi habituel chez les opposants à la psychanalyse de tout mettre sur le compte de la personnalité intolérante de Freud.
952 Il est vrai qu’à chaque fois qu’une crise a éclaté, Freud s’est invariablement montré ce qu’il était, un homme authentiquement grand, toujours accessible et tolérant aux idées nouvelles, toujours disposé à s’y arrêter, à repenser les choses, même quand cela impliquait de réexaminer ses concepts, même les plus fondamentaux, afin de trouver le moyen de comprendre ce qui pouvait être valable dans toute nouvelle idée. On ne s’est jamais demandé si quelque chose en Freud a contribué ou non à un accroissement critique de la tension durant la période précédant une crise. Qui plus est, aucun analyste ne s’est soucié de découvrir ce qui se passait dans l’esprit de ceux qui sont entrés en conflit avec Freud, et ce qui, dans leur relation à lui et à la psychanalyse, a conduit à l’exacerbation du conflit. Nous nous sommes contentés de les décrire comme les méchants de la pièce.
953 Peut-être les conflits qui ont surgi entre Rank et Freud d’une part, Ferenczi et Freud d’autre part, pourraient-ils fournir un champ prometteur pour tenter l’entreprise, en particulier du fait que nous disposons d’un matériel abondant dans leur correspondance, d’avant et après la crise, qui nous permettrait de suivre l’orage qui monte et son dénouement. Le cas de Rank convient peut-être moins bien à cet examen, mais je suis tout à fait certain que dans le cas de Ferenczi, on pourrait suivre l’évolution qui, sous l’impulsion des caractères des deux protagonistes, a conduit à ce conflit tragique. Comme j’étais dans un rapport assez intime avec Ferenczi à cette époque, j’ai quelques souvenirs et quelques idées sur ce que ce conflit représentait pour lui, et à quel point il en a souffert.
954 Ayant dit cela d’une façon générale, je veux maintenant en venir à certains paragraphes particuliers qui, je pense, devraient être reconsidérés.
955 Placard 14. Les deux passages ont déjà été mentionnés.
956 Placard 20. Dernier paragraphe. La description dans son ensemble est juste, mais je pense qu’il devrait être dit que Ferenczi avait l’habitude d’exprimer ses premières réactions, même par écrit, lesquelles cependant ne duraient généralement pas très longtemps, comme l’a prouvé – entre autres – le fait, mentionné dans le placard 21, qu’à l’assemblée générale à Salzbourg, c’est Ferenczi qui a proposé d’élire Abraham à la présidence. D’un autre côté, il est également vrai qu’il y avait une sérieuse rivalité entre les deux, chacun combattant avec des armes caractéristiques de leur personnalité. Ferenczi recourait à sa qualité d’aîné et au fait qu’il a contribué à notre science par des idées plus nombreuses et plus originales, tandis qu’Abraham s’appuyait sur sa solidité, son imperturbabilité, son jugement sain et un talent indiscutablement plus grand pour organiser et diriger une société [75].
957 Placard 22. Troisième paragraphe depuis le bas. Je pense que cela rendrait la situation plus claire si vous insériez dans la première phrase quelque chose comme : « En plus de sa discussion franche et approfondie avec Freud… » puis la suite.
958 Placard 23. Je pense que c’est ce qui montre le mieux ce que j’entendais par une description limitée en usage chez les analystes. Il n’y a pas de doute que Freud s’est de nouveau fait avoir par Rank, et ce fait est admis comme quelque chose de compréhensible. Cependant, Ferenczi n’est pas traité avec la même sympathie pour exactement la même faute. À mon avis, il est injuste de blâmer Ferenczi et de ne pas blâmer Freud pour la même erreur de jugement, en particulier parce que Ferenczi n’en savait pas autant sur Rank en 1922/1923 que Freud en décembre 1925.
959 L’ouvrage commun de Ferenczi et Rank, Entwicklungsziele [76], est un curieux mélange de clairvoyance, d’idées hardies et de réactions névrotiques. Nous ne devons pas oublier que c’était le premier livre jamais écrit qui allait au-delà des idées de Freud concernant le passage à l’acte et le transfert. Freud a décrit ces deux phénomènes exclusivement du point de vue de l’analyste, tandis que Ferenczi et Rank ont essayé de rendre compte de leur importance du point de vue du patient. C’était possible pour eux, car tous deux avaient avec Freud une sorte de relation de patient à analyste (Ferenczi a eu un bout d’analyse avec lui avant et au cours de la guerre de 1914-1918), et ils pouvaient ainsi décrire en pionniers ce qu’eux-mêmes ont vécu dans une situation de transfert. On peut comprendre qu’ils ne pouvaient manquer d’importer leur transfert ambivalent dans leur livre, ce qui apparaît peut-être le mieux dans l’ambiguïté du titre. Sur la page de titre cela s’appelle Entwicklungsziele [77], tandis que l’en-tête des pages dit Entwicklungs-wege [78], un merveilleux lapsus, s’il en fut.
960 Nous partons en vacances et rentrerons à Londres le 9 juillet. Si vous souhaitez prendre contact avec moi avant cette date, vous pouvez nous joindre vers le 13 juin à Saint-Moritz, poste restante.
961 Une fois de plus, je vous remercie beaucoup de m’avoir laissé voir ces chapitres si intéressants, et mes excuses renouvelées d’être arrivé un peu tard le dimanche.
962 Avec mon meilleur souvenir à madame Jones et à vous-même.
963 Sincèrement vôtre,
964 Dr Ernest Jones,
965 The Plat,
966 Elsted,
967 Nr. Midhurst, Sussex.
968 * * *
969 Ernest Jones à Michael Balint (lettre manuscrite).
970 The Plat
971 Elsted Nr Midhurst, SX.
972 Téléphone : Harting 261
973 Télégrammes : Elsted, Harting
974 Le [ ?] juin 1957
975 Cher Balint,
976 Je vous remercie beaucoup de vos commentaires si intéressants sur le ch.[apitre] II. Quel dommage que je ne les aie pas eus avant que le livre ne soit imprimé. Non pas parce que j’aurais pu traiter autrement de la psychologie subtile des dissidents, comme vous le suggérez. Je serai probablement critiqué pour en avoir trop écrit sur d’autres que Freud, bien que je me sois efforcé de me concentrer sur ses réactions à lui.
977 Je suis sûr que c’est Hitschmann et non Simmel qui a fait le discours d’après le dîner. Ne vous rappelez-vous pas ses commentaires acerbes sur la célébration du cinquantième anniversaire de Ferenczi : « Und jetzt treibt er Genitaltheorie [79] » ?
978 Peut-être recevrons-nous de vous une carte de votre chère Engadine qui, j’espère, vous donne beaucoup de plaisir.
979 Sincèrement vôtre,
980 Ernest Jones
981 * * *
982 Michael Balint à Ernest Jones
983 Le 28 novembre 1957
984 Cher Dr Jones,
985 Au cours des derniers mois, en fait depuis que j’ai lu votre tome III, j’ai plus d’une fois hésité à vous écrire. Votre description de la dernière phase de la vie de Ferenczi en est la raison, comme vous le savez certainement.
986 Je pense que ce que vous dites de lui dans le livre est, à bien des égards, loin de la vérité et propre à induire en erreur. C’est tout particulièrement le cas pour ce que vous dites de son état psychique durant sa dernière période. J’ai vu Ferenczi durant les derniers mois de sa vie en bien des occasions, une ou deux fois par semaine, et je ne l’ai jamais trouvé délirant, paranoïde ou homicidaire. Au contraire, bien qu’il était physiquement invalidé par son ataxie, il avait la plupart du temps l’esprit frais, et discutait souvent avec moi des divers détails de sa controverse avec Freud et de son projet de revoir certaines de ses idées publiées dans ses derniers articles – si jamais il était encore capable d’écrire. Je l’ai vu le dimanche avant sa mort et bien que très faible, son esprit était parfaitement clair.
987 Un bon nombre de personnes m’ont écrit de différentes parties du monde me demandant si vos assertions concernant Ferenczi étaient exactes et ce que j’en pensais.
988 Je ne sais vraiment pas comment faire en ce qui concerne ce désaccord entre nous. Manifestement, vous avez des raisons de croire ce que vous avez écrit, et il en est de même en ce qui me concerne, moi et mes souvenirs. Par ailleurs, si je garde le silence, le fait d’avoir, moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi, mis à votre disposition l’ensemble de la correspondance Freud-Ferenczi sera interprété comme un accord avec votre description. D’un autre côté, je détesterais d’entamer une sorte de polémique publique. Peut-être vous, avec votre très vaste expérience, pourrez-vous suggérer une façon qui nous permettrait à tous deux de déclarer publiquement que, tout en respectant mutuellement nos points de vue, nous sommes d’accord sur le fait qu’ils diffèrent. Toutefois, si vous préfériez ne vous associer à aucune déclaration de ce genre, je vous serais reconnaissant de me conseiller sur la forme sous laquelle ce que j’ai à dire pourrait être dit.
989 Inutile de dire que je suis extrêmement désolé de tout cela, mais j’espère que vous comprendrez qu’il m’est impossible de ne rien faire à ce propos.
990 Sincèrement vôtre,
991 Dr Ernest Jones,
992 The Plat,
993 Elsted,
994 Nr. Midhurst,
995 Sussex.
996 * * *
997 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, avec de nombreuses corrections manuscrites, ainsi que la signature et le post-scriptum).
998 The Plat
999 Elsted Nr Midhurst, SX.
1000 Téléphone : Harting 261
1001 Télégrammes : Elsted, Harting
1002 Le 29 novembre 1957
1003 Cher Balint,
1004 J’ai toujours su que le tome III serait le plus embarrassant et maintenant, juste quand je suis le moins en mesure d’y faire face, j’ai été attaqué de toutes parts pour mes diverses « présentations déformées ». Des personnes en Amérique m’ont également écrit à propos de ma prétendue « agression contre Ferenczi ».
1005 Vous et moi avons un problème bien difficile à résoudre, qui constituera un test de notre bonne volonté. Je considère, en fait, que nous avons raison tous les deux. Que vous n’ayez jamais observé aucun trait paranoïde chez Ferenczi est indubitablement vrai, mais ce n’est pas une preuve concluante, car rien n’est plus commun, même dans un cas de paranoïa avancée, qu’une personne entièrement lucide sur la plupart des sujets. Vous pouvez cependant avoir la certitude que j’avais des preuves pour ce que j’ai dit de ses derniers jours. Il y a aussi suffisamment de preuves, dans la correspondance et ailleurs, de légers traits paranoïdes, ayant pour source la jalousie et les soupçons à l’égard de son frère. Cela est apparu très nettement par exemple en rapport avec Abraham, comme en rapport avec plusieurs autres personnes. Je pense pour ma part que la vraie base de son trouble était son insatiable désir d’être aimé (qui a motivé ses théories ultérieures), et sa méfiance constante à l’égard des gens qui l’aimaient, mais manifestement ne l’aimaient pas assez pour son insatiabilité. Les nombreuses années qu’il a passées à discuter de la simple question de son mariage avec Gisela, qui lui était certainement dévouée, était en soi hautement pathologique.
1006 Ce serait extrêmement nuisible à sa mémoire si nous entamions un débat public sur les nombreux problèmes de sa psychopathologie, et il n’y a en fait rien qui me serait plus odieux. La question pratique est de savoir si vous vous sentez obligé de prendre une quelconque mesure publique, ou si vous allez laisser les choses s’éteindre. Si, après y avoir longuement réfléchi, vous sentez que vous ne pouvez pas y échapper, alors je pense que vous parviendrez à trouver un compromis que je pourrai accepter. Vous pourriez dire « que vous connaissiez très bien Ferenczi et que vous l’avez souvent vu au cours de ses derniers mois ; que vous avez été extrêmement surpris de ce que j’en ai dit. Vous-même n’avez jamais observé aucun symptôme de ce genre, mais vous savez qu’il est commun, même pour des cas avancés, de ne pas faire montre de leurs symptômes ouvertement et d’être tout à fait lucides par ailleurs, et que vous êtes sûr, compte tenu de tout ce que vous savez du Dr Jones, qu’il n’aurait pas fait de telles déclarations sans avoir de solides preuves à l’appui ». Réfléchissez bien à tout cela.
1007 Bien sincèrement vôtre,
1008 Ernest Jones
1009 P.S. Ma santé est toujours très chancelante. Je voudrais que ce soit l’été qui vienne au lieu de l’hiver.
1010 * * *
1011 Michael Balint à Ernest Jones
1012 Le 3 décembre 1957
1013 Cher Dr Jones,
1014 Merci beaucoup pour votre lettre compréhensive et coopérative.
1015 Je suis désolé d’apprendre que vous n’allez pas bien et je vous souhaite un prompt rétablissement, pour que vous puissiez à nouveau parler, dans les mêmes termes flamboyants, des plaisirs de l’âge mûr qu’il y a quelques mois.
1016 Après avoir reçu votre lettre, je me suis mis en rapport avec le Dr Hoffer [80] en lui proposant de publier une courte lettre dans le Journal [81]. Il a accepté, et il a dit qu’il pouvait la publier dans le prochain numéro du Journal si elle lui parvenait avant Noël. Comme je souhaite éviter même l’apparence d’une controverse publique, je propose de rédiger maintenant un brouillon de la lettre, et de vous l’envoyer d’ici quelques jours pour commentaires, ce qui vous donnera tout le temps d’y réfléchir.
1017 Avec mes meilleurs souvenirs à vous deux.
1018 Sincèrement vôtre.
1019 Dr Ernest Jones,
1020 The Plat,
1021 Elsted,
1022 Nr. Midhurst, Sussex.
1023 * * *
1024 Michael Balint à Ernest Jones
1025 Le 6 décembre 1957
1026 Cher Dr Jones,
1027 Je vous envoie ci-joint un brouillon de la lettre que j’envisage d’adresser au Dr Hoffer. J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’un brouillon, et je vous serais reconnaissant de vos commentaires, en particulier en ce qui concerne la formulation.
1028 Je suis pleinement conscient que nous avons un problème très épineux à résoudre, qui sera un test non seulement de notre bonne volonté mais aussi de notre relation amicale. Je souhaite ardemment que la version que je propose vous semble acceptable. Si nous deux pouvons nous mettre d’accord sur cette lettre, toute controverse publique, aussi déplaisante pour moi que pour vous, pourra être évitée.
1029 Encore une fois, mes vœux sincères pour votre prompt rétablissement et meilleurs souvenirs à vous et à madame Jones.
1030 Sincèrement vôtre.
1031 Dr Ernest Jones,
1032 The Plat,
1033 Elsted,
1034 Nr. Midhurst, Sussex.
1035 [Texte de la lettre proposée par M. Balint : ]
1036 « Monsieur,
1037 La publication du tome III de la grande biographie de Freud du Dr Jones a créé une situation embarrassante pour moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi.
1038 Dans ce volume, le Dr Jones exprime avec force son point de vue quant à l’état mental de Ferenczi, en particulier durant les dernières années de sa vie, et donne le diagnostic d’une sorte de paranoïa à développement lent, avec hallucinations et pulsions homicidaires. Fondé sur ce diagnostic, il interprète dans ce sens les publications scientifiques de Ferenczi, ainsi que sa participation au mouvement analytique.
1039 Sans doute, cette dernière période, qu’on peut considérer comme ayant débuté avec la Genitaltheorie (Thalassa) et le livre écrit conjointement avec Rank, les Entwicklungsziele [82], est très sujette à controverses. C’est au cours de ces années que Ferenczi a proposé un bon nombre d’idées nouvelles qui, à l’époque, ont été ressenties comme extravagantes, révolutionnaires, exagérées, insuffisamment fondées, et ainsi de suite. De plus, à plusieurs occasions, lui-même a dû retirer ou modifier l’une ou l’autre des idées qu’il venait de proposer, et le fait aussi était bien connu que Freud a adopté une attitude plutôt critique à l’égard de bon nombre d’entre elles – mais pas toutes, et de loin.
1040 Tout cela a créé une aura extrêmement défavorable, qui a rendu excessivement difficile toute réévaluation correcte de ce qui était bon et durable parmi les idées de Ferenczi.
1041 Maintenant, si le point de vue du Dr Jones concernant Ferenczi restait indiscuté par moi, qui ai mis à sa disposition pour la biographie l’ensemble de la correspondance Freud-Ferenczi, cela pourrait créer l’impression que moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi, un de ses élèves et un ami proche, je suis d’accord avec ce point de vue. Cela donnerait certainement le sentiment au public psychanalytique que les écrits de la dernière période ne méritent pas qu’on y prête vraiment attention. À mon avis, c’est exactement l’inverse qui est vrai. Les derniers écrits de Ferenczi non seulement anticipaient de quinze à vingt-cinq ans le développement de la technique et de la théorie psychanalytiques, mais contiennent encore bien des idées qui pourraient éclairer des problèmes du présent, et même du futur.
1042 C’est pour cette seule raison que je souhaite déclarer que j’ai vu Ferenczi souvent – une ou deux fois presque chaque semaine – durant sa dernière maladie, une anémie pernicieuse qui a provoqué une dégénérescence combinée de la moelle épinière, à progression rapide. Il est bientôt devenu ataxique, a dû passer ses derniers mois au lit, et dans les derniers jours, il devait être nourri ; la cause immédiate de sa mort a été une paralysie du centre respiratoire. Malgré son affaiblissement physique progressif, il a toujours gardé l’esprit clair, et à maintes occasions, il a discuté avec moi des détails de sa controverse avec Freud, de ses divers projets pour réécrire et enrichir son dernier article de congrès – si jamais il était encore capable un jour de tenir une plume. Je l’ai vu le dimanche précédant sa mort, bien que terriblement faible et ataxique, il avait l’esprit tout à fait clair.
1043 Certes, comme chacun de nous, Ferenczi présentait quelques traits névrotiques, parmi eux une susceptibilité et un besoin peu commun d’être aimé et apprécié – correctement décrits par le Dr Jones. À mon avis, la différence entre le Dr Jones et moi-même concerne moins les faits que leur interprétation. Comme chacun de nous a été – à un moment ou un autre – analysé par Ferenczi, il est possible que les interprétations tant du Dr Jones que de moi-même soient tendancieuses. Puis-je proposer, avec Horace, que hanc veniam petimusque damusque vicissim [83], c’est-à-dire, nous prenons acte de notre désaccord et confions à la génération à venir la tâche de démêler la vérité.
1044 Sincèrement vôtre.
1045 * * *
1046 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, nombreuses corrections et signature manuscrites).
1047 The Plat
1048 Elsted Nr Midhurst, SX.
1049 Téléphone : Harting 261
1050 Télégrammes : Elsted, Harting
1051 Le 7 décembre 1957
1052 Cher Balint,
1053 Je suis sûr que notre relation amicale ne sera pas perturbée par l’épreuve qui lui est infligée par ce que vous appelez « ce problème épineux ». Au pire des cas, nous pouvons nous mettre amicalement d’accord sur notre désaccord, mais je pense que nous pourrions nous rapprocher un peu plus l’un de l’autre que dans votre brouillon. C’est assurément facile de régler le problème de la valeur de ses derniers écrits [de Ferenczi], car, comme vous dites, ils restent sujets à controverse, et soulèvent une fois de plus la question de savoir ce qui est développement de l’analyse et ce qui est déviation. Maintenant, dans votre deuxième paragraphe, vous donnez la ferme impression (« Fondé sur ce diagnostic, il interprète », etc.) que c’est moi qui ai stigmatisé les écrits en question de déviation. Je trouve que c’est très injuste, car je n’ai pas fait beaucoup plus que de rappeler les opinions d’autres personnes. Il y avait là Eitingon [84], le président, puis le conseil dans son ensemble, qui ont refusé d’accepter le dernier article déviationniste de Ferenczi pour le congrès, tandis que, de mon côté, j’étais le seul à insister pour qu’il soit autorisé à le présenter [85]. Il y avait l’opinion ferme de Freud, et surtout celle de Ferenczi lui-même quand il a dit que ses opinions s’écartaient tellement de la psychanalyse qu’il ne serait pas honnête de sa part d’accepter la présidence de l’Internationale, à un moment où Freud, éternellement bienveillant, le pressait de l’accepter [86]. Je suis sûr que vous serez d’accord pour avoir à modifier cette partie du projet.
1054 Je suis certain aussi que vous voulez donner l’impression d’un jugement objectif et non d’un simple parti pris. Vous la renforceriez en admettant honnêtement que la clarté d’esprit, telle que vous l’avez observée, loin d’exclure la paranoïa, l’accompagne très souvent. Les gens diraient : oui, Balint est vraiment un homme honnête.
1055 Je voudrais, bien sûr, qu’il soit également dit, puisque c’est la vérité, que « probablement le Dr Jones a accès à des preuves provenant d’autres sources que celles qu’il a mentionnées ».
1056 Je ne suis pas si sûr que notre divergence porte sur l’interprétation des faits plutôt que sur la façon différente dont nous en tenons compte. Permettez-moi d’en donner un petit exemple. Lors de son séjour dans ma maison, Ferenczi m’a demandé un jour si j’avais rencontré Brill en Italie. Puisqu’il n’en était rien, j’ai, bien sûr, répondu que non. Ce serait bien étrange, et ne me ressemblerait absolument pas, que de mentir à mon meilleur ami, comme je pensais alors que Ferenczi était, dans une affaire aussi peu importante. Mais il lui a fallu écrire aussitôt à Freud qu’il était sûr que je mentais et que Brill et moi avons comploté ensemble en Italie pour monter une conspiration contre lui. Alors existe-t-il vraiment une divergence entre nous quant à l’interprétation d’un tel fait, dont maints exemples sont cités dans mon livre, ou est-ce plutôt que vous les ignorez, là où je suis obligé de les prendre au sérieux ?
1057 Je n’aime pas non plus votre dernier paragraphe qui cherche à réduire le problème épineux à des différences personnelles d’un transfert positif ou négatif à l’égard d’un ex-analyste. La vie n’est absolument pas aussi simple que cela.
1058 Bien sincèrement vôtre,
1059 Ernest Jones
1060 [Pièce jointe]
1061 Monsieur,
1062 La publication du troisième volume de la grande biographie de Freud du Dr Jones a créé une situation embarrassante pour moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi.
1063 Dans ce volume, le Dr Jones exprime avec force son point de vue quant à l’état mental de Ferenczi, en particulier durant les dernières années de sa vie, et donne le diagnostic d’une sorte de paranoïa à développement lent, avec hallucinations et pulsions homicidaires dans sa phase finale. Fondé sur ce diagnostic, il interprète dans ce sens les publications scientifiques de Ferenczi ainsi que sa participation au mouvement analytique.
1064 [Ici Jones barre « les publications scientifiques de Ferenczi » et note dans la marge : « En fait, je ne me suis jamais trop exprimé sur son travail et je ne souhaite pas être opposé à vous à ce sujet. »]
1065 Sans doute, cette dernière période [Jones ajoute : « de Ferenczi »], qu’on peut considérer comme ayant débuté avec la Genitaltheorie (Thalassa) et le livre écrit conjointement avec Rank, les Entwicklungsziele (buts de développement), est très sujette à controverses. C’est au cours de ces années que Ferenczi a proposé un bon nombre d’idées nouvelles qui, à l’époque, ont été ressenties comme extravagantes, révolutionnaires, exagérées, insuffisamment fondées, et ainsi de suite. De plus, en plusieurs occasions, lui-même a dû retirer ou modifier l’une ou l’autre des idées qu’il venait de proposer, et le fait aussi était bien connu que Freud a adopté une attitude plutôt critique à l’égard de bon nombre d’entre elles – mais pas toutes et de loin.
1066 Tout cela a créé une aura extrêmement défavorable, qui a rendu excessivement difficile toute réévaluation correcte de ce qui était bon et durable parmi les idées de Ferenczi.
1067 Maintenant, si le point de vue du Dr Jones concernant [Jones ajoute : « l’état mental de »] Ferenczi restait indiscuté par moi, qui ai mis à sa disposition pour la biographie l’ensemble de la correspondance Freud-Ferenczi, cela pourrait créer l’impression que moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi, un de ses élèves et un ami proche, je suis d’accord avec ce point de vue. Cela donnerait certainement le sentiment au public psychanalytique que les écrits de la dernière période – [Jones ajoute : « Quand, selon le Dr Jones, l’état de sa santé mentale était en train de décliner »] – ne méritent pas qu’on s’y intéresse vraiment. À mon avis, c’est exactement l’inverse qui est vrai. Les derniers écrits de Ferenczi non seulement anticipaient de quinze à vingt-cinq ans le développement de la technique et de la théorie psychanalytiques, mais contiennent encore bien des idées qui pourraient éclairer des problèmes du présent, et même du futur.
1068 C’est pour cette seule raison que je souhaite déclarer que j’ai vu Ferenczi souvent – une ou deux fois presque chaque semaine – durant sa dernière maladie, une anémie pernicieuse qui a provoqué une dégénérescence combinée à progression rapide de la moelle épinière. Il est bientôt devenu ataxique, a dû passer ses derniers mois au lit, et dans les derniers jours, il devait être nourri ; la cause immédiate de sa mort a été une paralysie du centre respiratoire. Malgré son affaiblissement physique progressif, il a toujours gardé l’esprit clair, et à maintes occasions, il a discuté avec moi des détails de sa controverse avec Freud, ses divers projets pour réécrire et enrichir son dernier article de congrès – si jamais il était encore capable un jour de tenir une plume. Je l’ai vu le dimanche précédant sa mort, bien que terriblement faible et ataxique, il avait l’esprit tout à fait clair.
1069 Certes, comme chacun de nous, Ferenczi présentait quelques traits névrotiques, parmi eux une susceptibilité et un besoin peu commun d’être aimé et apprécié – correctement décrits par le Dr Jones [Jones ajoute : « De plus, il est possible que le Dr Jones, pour arriver à ce diagnostic, ait eu accès à d’autres sources que celles qu’il a mentionnées ».] Cependant, à mon avis, la différence entre le Dr Jones et moi-même concerne moins les faits que leur interprétation. Comme chacun de nous a été – à un moment ou un autre – analysé par Ferenczi, il est possible que les interprétations tant du Dr Jones que de moi-même soient tendancieuses. [Jones ajoute : « Que nos divergences aient ou non d’autres sources, je voudrais »] proposer, avec Horace, que hanc veniam petimusque damusque vicissim, c’est-à-dire, nous prenons acte de notre désaccord et confions à la génération à venir la tâche de démêler la vérité.
1070 Fidèlement vôtre.
1071 [Puis Jones propose une version modifiée du dernier paragraphe de la lettre : ]
1072 Certes, comme chacun de nous, Ferenczi présentait quelques traits névrotiques, parmi eux une susceptibilité et un besoin peu commun d’être aimé et apprécié – correctement décrits par le Dr Jones. De plus, il est possible que le Dr Jones, pour arriver à ce diagnostic, ait eu accès à d’autres sources que celles qu’il a mentionnées. Cependant, à mon avis, la différence principale entre le Dr Jones et moi-même concerne moins les faits que leur interprétation. Ainsi, il est très possible que celles du Dr Jones comme les miennes soient subjectives. Que nos divergences aient ou non d’autres sources, je voudrais proposer que nous prenions acte de notre désaccord et confions à la génération à venir la tâche de démêler la vérité.
1073 * * *
1074 Michael Balint à Ernest Jones
1075 Le 12 décembre 1957
1076 Cher Dr Jones,
1077 Quels que soient nos efforts pour réduire notre controverse, je crains que nous devrons accepter le fait que, sur certains points, nous sommes en désaccord. Si ce n’était pas le cas, je n’aurais pas besoin d’envisager d’écrire cette lettre si embarrassante.
1078 Les deux points principaux de notre désaccord sont :
1079 1) La valeur des derniers écrits de Ferenczi. Bien que vous disiez dans votre lettre que vous n’avez jamais stigmatisé ces derniers écrits, cela n’est pas tout à fait vrai. Puis-je citer, comme exemple très convaincant, à la page 185 de votre tome III, deuxième paragraphe, la phrase qui débute à la sixième ligne. Après l’avoir relue, je ne pense pas que vous puissiez nier avoir donné votre avis, à savoir que le dernier article de congrès de Ferenczi devait être considéré comme un symptôme de sa « maladie ».
1080 2) Que Ferenczi a souffert d’une détérioration mentale vers la fin de sa vie, et que le diagnostic de cette détérioration est une paranoïa à développement lent.
1081 Je vois bien comment vous en êtes arrivé à cette conclusion, cependant je ne puis la partager, et c’est la raison pour laquelle je sens que je dois écrire cette lettre.
1082 Quant aux autres points que vous soulevez, je suis pleinement d’accord et j’ai modifié le texte de ma lettre en conséquence. Je serais très heureux si vous pouviez accepter que la description de notre désaccord soit publiée sous cette forme. Je joins de nouveau une copie.
1083 Comme je l’ai mentionné, j’ai reçu plusieurs lettres de partout dans le monde, me pressant de faire quelque chose ; la dernière vient d’Elma et de Magda, les belles-filles de Ferenczi, qui sont, comme vous le savez, les propriétaires légales de la correspondance Freud-Ferenczi, et me demandent soit d’obtenir de vous une rectification, soit de retirer l’autorisation d’utiliser cette correspondance. Je leur ai bien sûr conseillé de ne rien faire d’aussi inconsidéré, mais j’espère que cela vous permettra de voir, ma propre conviction tout à fait mise à part, que j’étais tout simplement obligé de faire quelque chose.
1084 Une fois de plus, j’ai le plus grand regret de cet état de choses, et j’espère que vous comprendrez ma situation.
1085 Avec mes meilleurs sentiments.
1086 Sincèrement vôtre.
1087 Dr Ernest Jones,
1088 The Plat,
1089 Elsted,
1090 Nr. Midhurst, Sussex
1091 Monsieur,
1092 La publication du Troisième volume de la grande biographie de Freud du Dr Jones a créé une situation embarrassante pour moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi.
1093 Dans ce volume, le Dr Jones exprime avec force son point de vue quant à l’état mental de Ferenczi, en particulier durant les dernières années de sa vie, et donne le diagnostic d’une sorte de paranoïa à développement lent, avec hallucinations et pulsions homicidaires dans sa phase finale. Fondé sur ce diagnostic, il interprète dans ce sens les publications scientifiques de Ferenczi ainsi que sa participation au mouvement analytique.
1094 Sans doute, cette dernière période [Jones ajoute : « de Ferenczi »], qu’on peut considérer comme ayant débuté avec la Genitaltheorie (Thalassa) et le livre écrit conjointement avec Rank, les Entwicklungsziele (buts de développement), est très sujette à controverses. C’est au cours de ces années que Ferenczi a proposé un bon nombre d’idées nouvelles qui à l’époque ont été ressenties comme extravagantes, révolutionnaires, exagérées, insuffisamment fondées, et ainsi de suite. De plus, en plusieurs occasions, lui-même a dû retirer ou modifier l’une ou l’autre des idées qu’il venait de proposer, et le fait aussi était bien connu que Freud a adopté une attitude plutôt critique à l’égard de bon nombre d’entre elles – mais pas toutes et de loin.
1095 Tout cela a créé une aura extrêmement défavorable, qui a rendu excessivement difficile toute réévaluation correcte de ce qui était bon et durable parmi les idées de Ferenczi.
1096 Maintenant, si le point de vue du Dr Jones concernant l’état mental de Ferenczi restait indiscuté par moi, qui ai mis à sa disposition pour la biographie l’ensemble de la correspondance Freud-Ferenczi, cela pourrait créer l’impression que moi, l’exécuteur littéraire de Ferenczi, un de ses élèves et un ami proche, je suis d’accord avec ce point de vue. Cela donnerait certainement le sentiment au public psychanalytique que les écrits de la dernière période – quand, selon le Dr Jones, sa santé mentale était en train de décliner - ne méritent pas qu’on y prête vraiment attention. À mon avis, c’est exactement l’inverse qui est vrai. Les derniers écrits de Ferenczi non seulement anticipaient de quinze à vingt-cinq ans le développement de la technique et de la théorie psychanalytiques, mais contiennent encore bien des idées qui pourraient éclairer des problèmes du présent et même du futur.
1097 C’est pour cette seule raison que je souhaite déclarer que j’ai vu Ferenczi souvent – une ou deux fois presque chaque semaine – durant sa dernière maladie, une anémie pernicieuse qui a provoqué une dégénérescence combinée de la moelle épinière, à progression rapide. Il est bientôt devenu ataxique, a dû passer ses derniers mois au lit, et dans les derniers jours il devait être nourri ; la cause immédiate de sa mort a été une paralysie du centre respiratoire. Malgré son affaiblissement physique progressif, il a toujours gardé l’esprit clair et à maintes occasions a discuté avec moi des détails de sa controverse avec Freud, ses divers projets pour ré-écrire et enrichir son dernier article de congrès – si jamais il était encore capable un jour de tenir une plume. Je l’ai vu le dimanche précédant sa mort, même alors – bien que terriblement faible et ataxique – il avait l’esprit tout à fait clair.
1098 Certes, comme chacun de nous, Ferenczi présentait quelques traits névrotiques, parmi eux une susceptibilité et un besoin peu commun d’être aimé et apprécié – correctement décrits par le Dr Jones. De plus, il est possible que le Dr Jones, pour arriver à ce diagnostic, ait eu accès à d’autres sources que celles qu’il a mentionnées. Cependant, à mon avis, la différence entre le Dr Jones et moi-même ne concerne pas tellement les faits mais leur interprétation. Comme chacun de nous a été – à un moment ou un autre – analysé par Ferenczi, il est possible que les interprétations tant du Dr Jones que de moi-même soient tendancieuses. Que nos divergences aient ou non d’autres sources, je voudrais proposer, avec Horace, que hanc veniam petimusque damusque vicissim, c’est-à-dire, nous prenons acte de notre désaccord et confions à la génération à venir la tâche de démêler la vérité.
1099 Fidèlement vôtre.
1100 * * *
1101 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature et deux corrections à la main).
1102 The Plat
1103 Elsted Nr Midhurst, SX.
1104 Téléphone : Harting 261
1105 Télégrammes : Elsted, Harting
1106 Le 16 décembre 1957
1107 Cher Balint,
1108 Puis-je dire mon admiration de la manière dont vous traitez votre situation si difficile ? Je pense que les choses devraient s’arranger. En ce qui me concerne, j’apprends une fois de plus que « pour faire une omelette, il faut casser des œufs [87] ». C’est très déplaisant de heurter les sentiments des gens quand vous n’avez pas la moindre intention de le faire. Peut-être pouvez-vous dire à Elma et à Magda que j’étais très attentif à éviter de traiter de la vie privée de Ferenczi, c’est-à-dire la manière dont elle a traité Gisela, sa relation intime avec sa fille, etc., mais que je m’en suis tenu strictement à sa relation avec Freud. Là, je ne pouvais rien écarter qui fût de quelque importance.
1109 Je pense que vous et moi pourrions nous rapprocher un peu plus et que cela vaut la peine d’essayer, bien qu’un certain désaccord subsistera, bien sûr. Je pourrais accepter votre brouillon révisé, à l’exception de deux passages. L’un est la référence à notre analyse avec Ferenczi. Cela implique non seulement qu’aucun de nous ne peut formuler de jugement indépendant, mais encore que ce que j’ai écrit est dicté par un post-transfert négatif, ce que je dois nier avec toute mon énergie et que, je pense, vous n’avez pas le droit d’insinuer.
1110 L’autre point, moins important, est la manière dont vous me faites porter toute la responsabilité du jugement concernant son travail plus tardif, etc. À cette époque, d’autres intérêts me préoccupaient et je ne me suis pas trop intéressé à ses écrits plus tardifs au-delà de l’opinion qu’en avaient le professeur Freud et tous les autres analystes. Freud lui-même ne doutait guère que son changement de point de vue ainsi que son éloignement inexplicable étaient dus à des altérations psychiques personnelles. Il est vrai que, moi aussi, j’en suis venu à accepter cette opinion, mais elle ne venait pas de moi, aussi le passage dans votre brouillon, et peut-être aussi celui que vous citez du tome III, devraient-ils être formulés avec plus de soin.
1111 Naturellement, ceux qui ne partagent pas l’opinion exprimée par Ferenczi lui-même, à savoir que son travail plus tardif représentait une déviation de la psychanalyse, n’auront à chercher aucune explication, ce qui me semble être dans l’ensemble votre propre position, à laquelle vous avez évidemment tout à fait droit. Dans ce cas, cependant, il est clair que nous partons de prémisses différentes, ce qui devrait être la base de vos objections à ce que j’ai écrit.
1112 J’ai confiance que la bonne volonté de la saison qui approche nous aidera tous deux à parvenir à une compréhension meilleure et tout à fait amicale.
1113 Cordialement vôtre,
1114 Ernest Jones
1115 * * *
1116 Michael Balint à Ernest Jones
1117 Le 19 décembre 1957
1118 Cher Dr Jones,
1119 Vous avez raison de dire que, quoi que nous fassions, il restera un certain désaccord entre nous, de sorte qu’après mûre réflexion, j’en suis venu à la conclusion que j’accepte votre demande de retirer la référence au fait que Ferenczi a été notre analyste à tous deux, mais par ailleurs de ne rien changer à ma lettre. Ci-joint une copie de la version que j’ai envoyée au Dr Hoffer.
1120 Puis-je saisir cette occasion pour vous remercier de votre coopération compréhensive, et exprimer l’espoir que cette hache de guerre extrêmement déplaisante et embarrassante entre nous deux sera enterrée pour de bon.
1121 Encore un point qui est très important pour moi : vous vous souvenez peut-être que, quand je vous ai remis l’ensemble de la correspondance, j’ai stipulé que tant qu’Elma et Magda étaient en vie, rien ne devait être dévoilé à personne de ce qui concernait la vie privée de Ferenczi, en particulier sa relation à Gisela et à Elma. Comme vous savez, Magda et Elma n’ont même pas connaissance de l’échange de lettres entre Freud et Ferenczi [88], et je souhaite faire tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher qu’elles n’en viennent à connaître ce fait, qui leur causerait un embarras et une souffrance considérables.
1122 Avec mes meilleurs vœux pour Noël à vous deux.
1123 Sincèrement vôtre.
1124 Dr Ernest Jones
1125 The Plat,
1126 Elsted,
1127 Nr. Midhurst, Sussex.
1128 * * *
1129 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature et correction manuscrites).
1130 The Plat
1131 Elsted Nr Midhurst, SX.
1132 Téléphone : Harting 261
1133 Télégrammes : Elsted, Harting
1134 Le 22 décembre 1957
1135 Cher Balint,
1136 Oui, c’est bon d’en avoir terminé. Hoffer m’enverra probablement une copie de votre projet et je me sens porté actuellement, à moins que vous ayez de fortes objections, à lui envoyer la réponse ci-jointe. Je pense que je le dois à moi-même.
1137 Votre conscience peut être tranquille en ce qui concerne Gisela et Elma. Je n’ai rien appris de nouveau par les lettres que vous m’avez aimablement prêtées ; vous avez gardé les seules qui étaient compromettantes et je ne les ai jamais vues. Ce que je sais vient directement de Ferenczi (*), mais naturellement, je n’ai pas le plus léger motif de jamais mentionner ce genre de choses à qui que ce soit.
1138 Avec mes meilleurs vœux pour un Noël paisible pour nous deux.
1139 Bien sincèrement vôtre,
1140 Ernest Jones
1141 (*) Il a souvent demandé mon avis en ce qui les concerne.
1142 [Copie de la lettre de Jones :]
1143 Le Dr Balint, qui est dans une situation bien pénible, a toute ma sympathie. Naturellement, il ne me viendrait pas à l’esprit de douter de sa mémoire ou de l’exactitude de ses observations. Cependant, il a omis de mentionner que celles-ci sont compatibles avec un diagnostic plus grave, puisqu’il est caractéristique des patients paranoïdes de tromper les amis et la famille en faisant montre d’une lucidité parfaite sur la plupart des sujets.
1144 Je ne m’attends pas non plus à ce que le Dr Balint suspecte ma propre bona fides. Ce que j’ai écrit concernant les derniers jours de Ferenczi était basé sur les preuves dignes de confiance d’un témoin oculaire [89].
1145 La valeur variable des derniers écrits de Ferenczi reste, comme le note le Dr Balint, soumise à controverse. J’ai simplement enregistré mon accord avec l’opinion fermement soutenue de Freud, Eitingon et tous ceux que je connaissais en 1933, à savoir qu’ils ont été, dans une certaine mesure, influencés par des facteurs personnels subjectifs.
1146 (E.J.)
1147 * * *
1148 Michael Balint à Ernest Jones
1149 Le 30 décembre 1957
1150 Cher Dr Jones,
1151 Comme nous avons survécu à la controverse, puis-je vous souhaiter un heureux anniversaire, une joyeuse nouvelle année, et beaucoup d’autres à venir.
1152 Je n’ai, bien sûr, aucune objection contre l’envoi de votre riposte au Dr Hoffer. En fait, je la trouve excellente et admirable. La seule chose que je voudrais dire, c’est que vous devriez réfléchir s’il vaut la peine d’imprimer le second paragraphe de votre lettre. Voici pourquoi : plusieurs personnes, parmi elles Clara Thompson, Alice Lowell, Izette de Forest et d’autres, m’ont déjà écrit en critiquant vigoureusement votre description. Si vous dites maintenant que votre description se fonde sur les preuves d’un témoin oculaire, je crains que tous produiront leur témoignage, mettant peut-être même en doute la fiabilité de votre témoin. Cela conduirait exactement à la controverse publique que j’ai cherché à éviter. Par ailleurs, si vous omettez le second paragraphe, votre lettre se lit tout aussi bien que sans celui-ci et, de plus, ne contiendra rien qui soit sujet à controverse.
1153 À propos, juste pour satisfaire ma curiosité, j’aimerais beaucoup savoir qui était votre témoin oculaire. Je pensais connaître pratiquement tous ceux qui étaient en contact avec Ferenczi durant ses dernières semaines et je ne peux pas imaginer qui, parmi eux, a pu prendre contact avec vous et décrire l’état de Ferenczi ; mais, bien sûr, si vous êtes tenu par une quelconque considération ou discrétion, je renoncerai à ma demande.
1154 Avec les meilleurs souvenirs à vous deux.
1155 Sincèrement vôtre.
1156 Dr Ernest Jones,
1157 The Plat,
1158 Elsted,
1159 Nr. Midhurst, Sussex.
1160 * * *
1161 Ernest Jones à Michael Balint (lettre dactylographiée, signature manuscrite).
1162 The Plat
1163 Elsted Nr Midhurst, SX.
1164 Téléphone : Harting 261
1165 Télégrammes : Elsted, Harting
1166 Le 1er janvier 1958
1167 Cher Balint,
1168 Merci beaucoup pour vos bons vœux, que je vous retourne bien chaleureusement. Il est agréable de penser que nous sommes venus à bout en gentlemen de ce petit ennui.
1169 Je pense que vous avez raison de supposer que les femmes américaines vont poursuivre leurs attaques dans tous les cas. Si c’est ainsi, ayant dit ce que j’avais à dire, je continuerai à ne pas y répondre.
1170 Bien sincèrement vôtre,
1171 Ernest Jones
1172 Ernest Jones meurt le 11 février 1958.
1173 * * *
1174 Michael Balint à Katherine Jones
1175 Le 13 février 1958
1176 Chère Madame Jones,
1177 Dans les occasions comme celle-ci, on peut seulement ressentir à quel point tout ce qu’on peut dire est inadéquat en comparaison avec l’impact de l’événement réel. Il est absolument vrai qu’une époque s’achève avec la mort de votre mari, et que sa perte a rendu le monde plus pauvre. Sa personnalité, son statut, sa place étaient tous uniques, pas seulement dans le monde psychanalytique, mais aussi pour tous ceux qui avaient le privilège de le connaître personnellement.
1178 Même à l’apogée d’un désaccord qui a dû trouver une solution, comme celui que nous avons eu avant Noël, on ne pouvait s’empêcher d’être impressionné, au cours de la discussion avec lui, par sa largeur de vue, sa sagacité et sa capacité infaillible à exprimer les choses de la bonne façon.
1179 Je sais que tout cela n’est pas grand-chose comparé à ce qu’il était, mais je voulais vous faire savoir que nous tous prenons part à votre perte.
1180 Avec les meilleures pensées de nous deux.
1181 Sincèrement vôtre.
1182 Madame Ernest Jones
1183 The Plat,
1184 Elsted,
1185 Nr. Midhurst, Sussex
Notes
-
[1]
La correspondance provenant des papiers Balint, les lettres de Jones sont des originaux, celles de Balint sont les copies de celles adressées à Jones, faites par la secrétaire et non signées.
-
[2]
Une des sœurs de Sándor Ferenczi, Maria Erdös, s’est installée en Australie vers cette époque.
-
[3]
First Contributions to Psycho-Analysis, titre du premier volume sur trois d’un large choix d’articles de Ferenczi, publié dans les années 1920 aux États-Unis dans une traduction d’Ernest Jones, puis publiés en 1952 par Hogarth Press (n° 45 de The International Psycho-Analytical Library) puis à nouveau en 1980, par la maison d’édition américaine Brunner/Mazel. Basic Books a publié une autre édition américaine de l’ouvrage en 1950, sous le titre plus racoleur : Sex in Psychoanalysis, avec une préface de Clara Thompson.
-
[4]
Local de la Société britannique de psychanalyse.
-
[5]
Deutéronome, ch. 34, verset 10. Deux traductions existent de cette phrase citée par Balint en anglais : « Il n’a pas paru en Israël de prophète semblable à Moïse, que l’Eternel connaissait face à face. » (Paris, Société biblique de France, 1921), ou bien : « Il ne s’est pas encore levé d’inspiré en Israël comme Moshé, que Adonaï connut faces à faces », trad. A. Chouraqui, Paris, Desclée de Brouwer, 2000. Nous remercions monsieur le rabbin Daniel Farhi pour ses précisions.
-
[6]
Sylvia May Payne (1880-1976), médecin, psychanalyste, obtint son diplôme de médecine en 1906. Mariée à J.E. Payne, chirurgien. En service actif pendant la guerre de 1914-1918, responsable de l’hôpital de la Croix-Rouge. Après une première analyse avec James Glover en 1920, elle se rendit à Berlin pour poursuivre sa formation avec Hanns Sachs. En 1922, elle fut admise à la Société britannique de psychanalyse ; en 1924, elle en devint membre titulaire. En 1926, elle rejoignit la London Clinic of Psychoanalysis et en 1927, devint membre du Comité de formation. À partir de 1929, elle fut secrétaire de l’Institut de psychanalyse, puis secrétaire administrative de la Société britannique de psychanalyse. Elle géra les archives des controverses entre Melanie Klein et Anna Freud. En 1944, et entre 1954 et 1956, elle fut présidente de la Société britannique de psychanalyse. C’est elle qui fut à l’origine de la formation fondée sur deux cycles parallèles.
-
[7]
Leonard Woolf (1880-1969), éditeur et écrivain, membre du Bloomsbury Group. Marié en 1912 à Virginia Woolf. Fondateur, en 1917, de la prestigieuse Hogarth Press, la maison d’édition qui publia les œuvres de Freud et de nombreux autres psychanalystes.
-
[8]
Further Contributions to the Theory and Techniques of Psycho-Analysis, deuxième des trois volumes publiés par la Hogarth Press, d’abord en 1926, réimprimé en 1950, puis 1951 et 1952 (n° 11 de The International Psycho-Analytical Library).
-
[9]
Clara Thompson (1893-1958), psychanalyste américaine. Elle rencontre Ferenczi en 1927 et passe les étés 1928 et 1929 à Budapest afin de suivre une analyse avec lui. Elle séjourne à Budapest de 1931 jusqu’à la mort de Ferenczi en mai 1933. En 1943, directrice du William Alanson White Institute. Auteur de cinquante articles et d’un ouvrage intitulé La psychanalyse, son évolution, ses développements, trad. André Green, Paris, Gallimard, 1956.
-
[10]
Dr Bunker. Nous n’avons pas pu élucider les données le concernant.
-
[11]
Psychoanalytic Quarterly, revue américaine de psychanalyse paraissant depuis 1932.
-
[12]
John Rickman (1891-1951), médecin, psychanalyste, pionnier de l’orga- nisation de la psychanalyse en Grande-Bretagne, aux côtés d’Ernest Jones. En 1920, il fit une analyse avec Freud, ensuite avec Ferenczi, puis avec Melanie Klein. Auteur, en 1928, d’un Index Psychanalyticus. Après les Grandes controverses, il se joignit au groupe des Indépendants. Il était plus particulièrement intéressé par la psychologie et la thérapie des petits groupes.
-
[13]
Revue fondée en 1910 par Freud. Ce fut le premier organe officiel de l’Association psychanalytique internationale. Rédacteurs en chef : Carl Gustav Jung et Wilhelm Stekel. La revue cessa d’exister en 1912, après le départ de Stekel de l’Association viennoise.
-
[14]
Jahrbuch für Psychoanalytische und Pathologische Forschungen. Revue fondée en 1909, ce fut la première revue officielle du mouvement psychanalytique, avec Jung comme rédacteur en chef. Le Jahrbuch cessa d’exister en 1913, après la brouille entre Freud et Jung.
-
[15]
Sándor Ferenczi, Journal clinique, traduit par le groupe de traduction du Coq-Héron, Paris, Payot, 1985.
-
[16]
Bausteine zur Psychoanalyse, Verlag Hans Huber, Bern, Stuttgart, 1964. Réédition sans modifications de l’édition originale de 1927 de l’Internationalen Psychoanalytischen Verlag, Leipzig, pour les tomes I et II, et de l’édition originale de 1938 pour les tomes III et IV.
-
[17]
Miksa Schächter (1858-1917), médecin hongrois, fondateur de la revue Gyógyászat (Thérapeutique) à laquelle Ferenczi collabora régulièrement. Schächter représentait pour Ferenczi une figure paternelle respectée.
-
[18]
Ignotus, pseudonyme de Hugo Veigelsberg (1859-1949), journaliste, essayiste, critique littéraire hongrois, il appartenait à la mouvance radicale de gauche. Il était le fondateur et le rédacteur en chef de la revue littéraire Nyugat (Occident). Ami de Ferenczi, il était un des membres fondateurs de l’Association psychanalytique hongroise. Traducteur en hongrois de plusieurs ouvrages de Freud, avec lequel il entretenait une correspondance. En 1919, il émigra d’abord à Vienne, puis aux États-Unis. Il retourna en Hongrie en 1948, un an avant sa mort.
-
[19]
La théorie générale des névroses.
-
[20]
Sans doute une erreur de lecture de la secrétaire pour « Ernest ».
-
[21]
Responsable des éditions américaines des œuvres de Ferenczi chez Badger, Basic Books, puis aux Harvard University Press.
-
[22]
Michael Balint, Amour primaire et technique psychanalytique (Primary Love and Psychoanalytic Technique).
-
[23]
Carl G. Jung, Métamorphoses et symboles de la libido, Paris, Buchet-Chastel, 1953.
-
[24]
Sàndor Ferenczi, « Critique de “Métamorphoses et symboles de la libido” de Jung », Psychanalyse II, Payot, Paris, 1970, p. 105-108.
-
[25]
Dans l’original : « Uncertain papers ». Il s’agit des quatre derniers articles de Ferenczi : « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort » (1929) ; « Principe de relaxation et néocatharsis » (1930) ; « Analyses d’enfants avec des adultes » (1931) ; et « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » (1933).
-
[26]
Il s’agit d’Enid Albu (1903-1994), épouse divorcée de M. Eichholz, que Balint a rencontrée à la clinique Tavistock. Elle deviendra psychanalyste et épousera Michael Balint en 1952.
-
[27]
En allemand dans le texte : au revoir.
-
[28]
Ferenczi, Psychanalyse iv , Paris, Payot, 1982, p. 76-81.
-
[29]
Ibid., p. 82-97.
-
[30]
Ibid., p. 98-112.
-
[31]
Ibid., p. 125-138.
-
[32]
Il s’agit sans doute de l’article de Ferenczi : « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort », Psychanalyse IV, op. cit., p. 76.
-
[33]
Thomas Bowdler (1754-1825) « purificateur » de Shakespeare. Il publie en 1818 un ouvrage intitulé The Family Shakespeare, expurgé de toutes les expressions indécentes et blessantes pour une âme pieuse. D’où l’expression anglaise de « bowdleriser » un texte.
-
[34]
Il s’agit donc d’Enid Albu, bientôt Enid Balint, et des lettres de la Correspondance Freud-Ferenczi, en la possession de Michael Balint, et dont Jones avait besoin pour écrire sa biographie de Freud.
-
[35]
Cette lettre non datée pourrait s’insérer à peu près à cet endroit, en tout cas, avant le mariage d’Enid Albu avec Michael Balint, car elle porte encore le nom de son mari divorcé, M. Eichholz.
-
[36]
Le mariage avec Enid Albu.
-
[37]
Mme Sándor Ferenczi, née Gizella Altschul, femme divorcée de Géza Pálos (1865-1948).
-
[38]
Elma Pálos, épouse divorcée de John Hervé Laurvik, fille aînée du premier mariage de Gizella (1887-1970).
-
[39]
S. Lindner (1840-1912), pédiatre hongrois.
-
[40]
Nous savons désormais que l’expression « pauvre Konrad » maintes fois utilisée par Freud et Ferenczi provient du roman Imago de Karl Spitteler, dans lequel le héros nomme ainsi son appareil digestif.
-
[41]
Il s’agit probablement d’une allusion à une nouvelle acquisition pour la collection d’antiquités de Freud. En effet, il a pu faire une série d’achats grâce à Ferenczi qui l’a mis en rapport avec un paysan hongrois ayant trouvé des objets d’antiquité à proximité de Dunapentele, un ancien camp militaire romain (voir lettre 203 Fer dans la Correspondance Freud-Ferenczi, tome I).
-
[42]
Le pauvre Konrad.
-
[43]
Ça.
-
[44]
Sans doute erreur de la secrétaire pour « Elma ».
-
[45]
Le mot en question est Ananké : le destin.
-
[46]
En ce qui concerne les dates de sa présidence, Jones parle de 1913-1944, Balint de 1933-1944. Ici, il est probablement question de la présidence de l’Association britannique. Quant à celle de l’ipa, c’est Ferenczi qui a été élu, en 1918, président de l’Association internationale, mais compte tenu de l’isolement de la Hongrie après la Première Guerre mondiale, il a dû déléguer la fonction présidentielle à Jones en 1919. Puis, de président délégué, celui-ci s’est subrepticement transformé en président en titre.
-
[47]
Olga Székely-Kovács, épouse Dormandi (1900-1971), artiste peintre, fille cadette de Vilma Kovács et sœur d’Alice Balint.
-
[48]
Robert Berény (1887-1953), peintre hongrois, membre du « Groupe des huit », groupe d’artistes déterminés à introduire la peinture moderne en Hongrie. En raison de sa participation aux mouvements révolutionnaires, il fut contraint à émigrer en 1919. Il s’installa à Berlin, puis en 1926, retourna en Hongrie. Il était ami de Ferenczi.
-
[49]
En allemand dans le texte : professeur agrégé - s’inscrire à son cours.
-
[50]
Ferenczi, tout comme Freud ainsi que la quasi-totalité des analystes hongrois, était un partisan ardent de l’analyse par les non-médecins. Jones, pour sa part, soutenait les analystes américains qui souhaitaient réserver l’exercice de la psychanalyse aux seuls médecins, ce qu’ils ont d’ailleurs fait, jusqu’à une date relativement récente. Un procès retentissant les a obligés alors à s’adapter aux usages des autres associations psychanalytiques. Pour la question de l’analyse laïque, voir le Coq-
Héron, n° 150. -
[51]
La grande découverte : il s’agit du transfert.
-
[52]
Abraham Arden Brill (1874-1948), psychiatre et psychanalyste américain d’origine hongroise, fondateur, en 1911, de la Société psychanalytique de New York. Il était violemment opposé à Freud et à Ferenczi sur la question de l’analyse laïque.
-
[53]
Max Eitingon (1881-1943), psychiatre et psychanalyste juif d’origine polonaise. En 1909, il suit une analyse avec Freud. En 1919, il s’installe à Berlin, y finance la polyclinique qui permet aux plus démunis d’avoir accès à la psychanalyse, et assure la formation des analystes. Président de l’Association psychanalytique internationale de 1927 à 1932. À la mort de Ferenczi, c’est lui qui prononça son éloge funèbre. Fin 1933, il quitte Berlin pour s’installer à Jérusalem.
-
[54]
Voiture anglaise dont la fabrication a cessé peu après la Deuxième Guerre mondiale. La grosse Humber était certainement une voiture d’occasion assez ancienne, car après la guerre, cette usine de taille modeste ne fabriquait plus que de petits modèles.
-
[55]
Le chercheur d’âme, un roman psychanalytique, trad. Roger Lewinter, Paris, Gallimard, 1971.
-
[56]
Médecin hongrois devenu tristement célèbre depuis l’épidémie de sida.
-
[57]
Sándor Feldman, médecin et psychanalyste hongrois, accusé de conduite incorrecte et exclu de l’Association psychanalytique hongroise. Il rejoint alors l’Association des médecins indépendants, le groupe des stekeliens. En 1938, il émigre aux États-Unis.
-
[58]
Faute de frappe. Il s’agit de Jenö Hárnik, médecin, psychanalyste. Dans sa jeunesse, membre du Cercle Galilée, association des étudiants de gauche. Très actif pendant la république des Conseils. Il émigra en 1922 à Berlin où il devint analyste didacticien. D’après le témoignage de Charlotte Balkányi, psychanalyste hongroise émigrée en Angleterre, il est mort à l’hôpital psychiatrique à Budapest.
-
[59]
Melanie Klein a fait une première tranche d’analyse avec Ferenczi.
-
[60]
Sándor Radó (1890-1972), juriste et médecin, premier secrétaire et membre fondateur de l’Association psychanalytique hongroise. En 1922, il partit à Berlin, fit une analyse avec Abraham et devint membre du comité de formation à l’Institut. En 1924, rédacteur en chef de la Zeitschrift, et en 1927 de l’Imago. En 1931, il émigra à New York. Par la suite, peu à peu, il s’éloigna de Freud. Il créa un Institut de psychanalyse à l’université de Columbia. Il représentait la conception comportementaliste au sein de la psychanalyse.
-
[61]
En fait, Ferenczi a fait trois tranches d’analyse avec Freud, de plusieurs semaines chacune, avec des séances quotidiennes, voire biquotidiennes.
-
[62]
S. Ferenczi, Psychanalyse II, Paris, Payot, 1970, p. 51-65.
-
[63]
Op. cit. p. 268-277.
-
[64]
S. Ferenczi, Psychanalyse III, Paris, Payot, 1974, p. 134-135.
-
[65]
S. Ferenczi, Psychanalyse IV, op. cit., 1982, p. 125-138.
-
[66]
Manifestement, Michael Balint ne voulait pas confier le journal de Ferenczi à Jones, dont la malveillance évidente à l’égard de Ferenczi aurait trouvé prétexte à confirmer son diagnostic de maladie mentale. Car, en fait, le journal est entièrement écrit en allemand, et plus des trois quarts du texte sont dactylographiés.
-
[67]
Il s’agit sans doute de l’article posthume de Ferenczi, « Mathématique », Psychanalyse IV, p. 207-218, écrit vers 1920, où on peut lire : « Le mathématicien n’est pas nécessairement intelligent [idiots]. »
-
[68]
Buste de Freud, exécuté par le sculpteur Königsberger. Voir E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, tome III, Paris, puf, 1969, p. 259.
-
[69]
Lettres circulaires.
-
[70]
Le bombardement de Londres par les Allemands en 1940.
-
[71]
Selon le récit biblique, Salomon, voulant identifier la vraie mère d’un enfant revendiqué par deux femmes, menaça de le couper en deux. Mais cette menace ne fut pas exécutée, la vraie mère étant prête à céder l’enfant à l’autre femme plutôt que de le laisser tuer.
-
[72]
Paula Heimann (1899-1982), psychanalyste kleinienne. À la suite d’un conflit, en 1949, elle a rejoint le Groupe des Indépendants (Roudinesco et Plon, dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, 1997, p. 424-425).
-
[73]
Apparemment, manquent ici au moins deux lettres : la lettre critique de Balint et la lettre de Jones dans laquelle il fait état du choc qu’il en aurait éprouvé.
-
[74]
Le caractère pulsionnel propre et étranger.
-
[75]
Événements survenus lors de l’assemblée générale de 1924. Le comité secret venait de se dissoudre suite aux disputes entraînées par la publication par Ferenczi et Rank des Perspectives de la psychanalyse, et par Rank du Traumatisme de la naissance.
-
[76]
Perspectives de la psychanalyse, Payot, Paris, 1994.
-
[77]
Textuellement : buts de développement.
-
[78]
Textuellement : voies de développement.
-
[79]
En allemand dans le texte : « Et maintenant, il s’occupe de théorie de la génitalité. »
-
[80]
Willy Hoffer (1897-1967), médecin et psychanalyste anglais d’origine autrichienne, proche d’Anna Freud. Rédacteur en chef de l’International Journal of Psychoanalysis en 1957. Ensuite, de 1957 à 1960, président de la Société britannique de psychanalyse.
-
[81]
International Journal of Psycho-Analysis.
-
[82]
Buts de développement.
-
[83]
Horace, « Art poétique », Epitres, trad. F. Villeneuve, Paris, Les Belles Lettres, 1995. Voici la traduction française de la phrase (avec ce qui la précède) : « Les peintres et les poètes eurent le juste pouvoir de tout oser, je le sais et c’est un privilège que je réclame et que j’accorde tour à tour. » En anglais : « This licence we poets claim and in our turn we grant the like. » La traduction donnée par Balint semble inexacte. Il prend une certaine licence avec le texte, la même dont se réclame Horace.
-
[84]
Max Eitingon (1881-1943), voir note précédente.
-
[85]
Il s’agit de la « Confusion de langue entre l’enfant et les adultes ».
-
[86]
Jones a manifestement mal retenu ce qu’il a pu lire dans la Correspondance Freud-Ferenczi. Ferenczi y refuse la présidence de l’Association internationale à un moment où ses recherches le portent à vouloir réviser un certain nombre de théories admises jusque-là. Il insiste cependant sur le fait qu’il n’a, à aucun moment, l’impression de s’éloigner pour autant de la psychanalyse.
-
[87]
En français dans le texte.
-
[88]
Sous-entendu : à propos d’Elma et de Gizella.
-
[89]
L’identité de ce témoin oculaire n’a jamais pu être éclaircie. Certains pensent qu’il n’a probablement jamais existé. D’autres, dont le Dr Lajos Lévy, le médecin de Ferenczi, soulèvent la possibilité qu’il pourrait s’agir de Gisela elle-même qui, dans sa dernière lettre à Freud, quelques jours avant la mort de Ferenczi, écrit que celui-ci n’est plus tout à fait lui-même. Si c’était là le témoignage oculaire en question, il s’agirait une fois de plus d’une différence d’interprétation des faits.