Notes
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[1]
Université de Sherbrooke - Faculté d’éducation - Département de psychoéducation 150, place Charles-Le Moyne - bureau 200 - Longueuil (Québec) J4K 0A8 Téléphone : (450) 463-1835 poste 61748 - Télécopieur : (450) 463-1839
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[2]
Par agression sexuelle dans l’enfance, on entend l’agression sexuelle envers des mineurs, soit les enfants âgés de moins de 18 ans.
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Le terme « survivant » d’agression sexuelle utilisé dans ce texte est une traduction du terme « survivor » couramment utilisé dans la littérature anglo-saxonne. Les mots « victime » et « survivant-e » figurent dans ce texte, mais l’auteure reconnaît leurs limites. Ces termes désignent dans le cadre de ce texte une personne adulte qui a été victime d’une agression sexuelle dans l’enfance (avant 18 ans) et ne renvoient pas à une conception idéologique précise.
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[4]
Renvoie à tous services d’aide reçus par un professionnel du domaine psychosocial ou de la santé. Ces services peuvent inclure ceux reçus dans un contexte d’autorité (par ex. : services de protection de l’enfance) ou sur une base volontaire (par ex. : psychothérapie individuelle, suivi médical en santé mentale).
1Parmi un ensemble de facteurs individuels, familiaux et environnementaux qui augmentent la vulnérabilité d’un enfant à être agressé sexuellement, un passé d’agression sexuelle dans l’enfance de la mère a été établi comme un des facteurs augmentant le plus ce risque chez un enfant (Avery, Hutchinson, &Whitaker, 2002 ; Finkelhor, Moore, Hamby, &Straus, 1997 ; McCloskey &Bailey, 2000 ; McCloskey, 2013 ; Testa, Hoffman, &Livingston, 2011 ; Zuravin, McMillen, DePanfilis, &Risley-Curtiss, 1996). Néanmoins, la continuité de la victimisation sexuelle à travers les générations n’a pas fait l’objet d’un grand nombre d’écrits scientifiques et l’on comprend peu comment l’agression sexuelle de la mère intervient comme facteur de risque dans la victimisation sexuelle de son enfant. Dans ce contexte, cet article propose un modèle explicatif du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle qui est basé sur la théorie du trauma. Ce modèle et son hypothèse centrale reposent sur les connaissances scientifiques actuelles concernant les conséquences à long terme de l’agression sexuelle dans l’enfance et les facteurs de risque de la victimisation sexuelle dans l’enfance.
1 – Le cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance
2L’examen de la littérature scientifique portant sur la continuité des mauvais traitements à travers les générations montre qu’il existe différentes définitions ou formes de cycle intergénérationnel des mauvais traitements dans l’enfance (Dixon, Hamilton-Giachritsis, &Browne, 2005 ; Egeland, Bosquet, &Chung, 2002 ; Zuravin et al., 1996). L’agression sexuelle dans l’enfance se distingue d’autres formes de mauvais traitements par le fait qu’elle peut être commise par une personne à l’extérieur de la famille. Il s’avère donc essentiel de considérer la victimisation sexuelle de façon distincte lorsqu’il est question de cycle intergénérationnel, puisqu’il s’agit d’un phénomène singulier dont la compréhension est altérée s’il est traité avec toute autre forme de mauvais traitement. Par cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance [2], nous entendons ici qu’il y a eu agression sexuelle à la fois dans l’enfance du parent et de son enfant, et que ce parent n’en est pas l’agresseur. Puisque les données actuelles ont uniquement pu montrer que le passé d’agression sexuelle de la mère intervenait comme facteur de risque de la victimisation sexuelle d’un enfant, cet article portera exclusivement sur les mères.
3Sur la base d’échantillons majoritairement cliniques de différentes études recensées, entre 34 % et 74 % des mères d’enfants agressés sexuellement affirmaient avoir également été victimes d’agression sexuelle au cours de l’enfance (Baril, Tourigny, Hébert, & Cyr, 2008 ; Cyr, McDuff, & Wright, 1999 ; Faller, 1989 ; Hiebert-Murphy, 1998 ; Lewin & Bergin, 2001 ; McCloskey & Bailey, 2000 ; Oates, Tebbutt, Swanston, Lynch, & O’Toole, 1998). Des auteurs ont par ailleurs suggéré une prévalence moyenne d’agression sexuelle dans l’enfance de 50 % auprès des mères d’enfants agressés sexuellement (Baril et al., 2008). Or, au sein de la population générale, la prévalence de la victimisation sexuelle dans l’enfance des femmes est estimée à 20-25 % (Pereda, Guilera, Forns, & Gómez-Benito, 2009). Deux études ont comparé la prévalence de la victimisation sexuelle dans l’enfance auprès de mères d’enfants agressés sexuellement et auprès de mères dont les enfants n’en avaient pas été victimes. Celles dont les enfants n’avaient pas dévoilé d’agression sexuelle étaient significativement moins nombreuses à rapporter avoir été victimes d’agression sexuelle dans l’enfance (16 % et 7 %), en comparaison aux mères dont l’enfant avait été agressé sexuellement (respectivement 45 % et 61 %) (Kim, Noll, Putnam, & Trickett, 2007 ; Kim, Trickett, & Putnam, 2010 ; Lewin & Bergin, 2001).
4Plusieurs hypothèses cliniques ont été soulevées depuis une cinquantaine d’années pour comprendre la continuité de la victimisation sexuelle à travers les générations, mais aucune n’a fait l’objet de validation empirique. La plupart de ces hypothèses mettaient la mère au cœur de l’explication de la reproduction de relations incestueuses entre les générations (Kaufman, Peck, & Tagiuri, 1954 ; Raphling, Carpenter, & Davis, 1967 ; Zuelzer & Reposa, 1983). Les hypothèses cliniques avancées portaient entre autres sur la répétition de patrons relationnels permettant la tolérance d’une relation incestueuse père-fille, référaient au choix d’un conjoint à l’image de l’agresseur de la mère ou encore proposaient que les difficultés relationnelles des mères survivantes [3] d’agression sexuelle faisaient en sorte qu’elles « sacrifiaient » leur fille afin de préserver une relation avec leur conjoint. À partir des années 1980, voyant que ces interprétations ne permettaient pas d’expliquer à la fois les agressions sexuelles intrafamiliales et celles commises à l’extérieur de la famille, en plus d’échouer à comprendre la continuité intergénérationnelle auprès de jeunes victimes masculines, plusieurs auteurs refusent alors les explications de la mère complice et rejettent l’attribution de la responsabilité à toute mère pour une agression sexuelle qu’elle n’a pas commise. Malgré ce renversement, la question du rôle de la mère dans l’agression sexuelle de son enfant demeure un sujet actuel et passablement controversé (Breckenridge, 2006). Pour notre part, en nous intéressant à la continuité intergénérationnelle de la victimisation sexuelle dans l’enfance, nous ne souhaitons pas sous-entendre qu’une mère puisse jouer un rôle dans la victimisation sexuelle de son enfant. La victimisation sexuelle dans l’enfance d’une mère est ici perçue comme un facteur de risque de l’agression sexuelle chez l’enfant. Les résultats de recherche qui ont identifié cette victimisation chez la mère comme un facteur de risque dans l’étiologie de l’agression sexuelle dans l’enfance doivent plutôt être interprétés comme le résultat de conséquences à long terme et intergénérationnelles qui ont pu entrainer une augmentation du risque de victimisation de l’enfant. En raison des implications cliniques en jeu, il s’avère pour nous crucial de comprendre précisément de quelle façon ce facteur intervient dans les cas de continuité intergénérationnelle.
5Quelques études ont tout de même permis d’identifier des facteurs de risque de continuité intergénérationnelle de la victimisation sexuelle dans l’enfance. Ainsi, les mères impliquées dans un cycle intergénérationnel seraient plus susceptibles de rapporter un vécu d’abus physique et d’abus psychologique dans l’enfance, elles rapporteraient davantage de séparations d’avec leur propre mère dans l’enfance, ainsi que plus d’instabilité dans l’enfance en termes de nombre de déménagements, et ce, en comparaison aux mères survivantes d’agression sexuelle dont l’enfant n’a pas été victime dans l’enfance (Trickett, Noll, & Putnam, 2011). D’autres facteurs concernent une plus grande présence ou sévérité de difficultés psychologiques à l’âge adulte, tels des symptômes associés à l’état de stress posttraumatique (ÉSPT), des symptômes dépressifs et l’abus de substances (Baril, 2007 ; Leifer, Kilbane, & Kalick, 2004 ; McCloskey & Bailey, 2000 ; Trickett et al., 2011 ; Zuravin et al., 1996). Les mères survivantes d’agression sexuelle et impliquées dans un cycle seraient aussi plus susceptibles d’avoir vécu à l’âge adulte un plus grand nombre d’autres victimisations (physique, psychologique et sexuelle) et d’une plus grande sévérité (Leifer et al., 2004). Les difficultés relationnelles des mères semblent aussi être associées au cycle intergénérationnel, avec davantage de patrons d’attachement non sécurisant à l’âge adulte, une relation avec le conjoint de plus courte durée et de qualité moindre, ainsi que davantage de violence conjugale (Leifer et al., 2004). Certaines difficultés concernant le rôle maternel semblent aussi être plus présentes auprès des mères impliquées dans un cycle intergénérationnel avec un plus faible encadrement offert et moins de satisfaction avec leur fille (Trickett et al., 2011). Finalement, une étude a montré auprès d’un échantillon de mères survivantes d’agression sexuelle qu’une plus faible supervision maternelle et une plus grande approbation de la mère concernant la sexualité, telles que perçues par leur adolescente, prédisaient la victimisation sexuelle de leur fille (Testa et al., 2011). Ces résultats sur les facteurs associés au cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle provenant de quelques études permettent l’amorce d’une compréhension du phénomène, mais leur faible nombre et les limites méthodologiques qu’elles présentent traduisent l’état embryonnaire de la recherche sur le sujet.
2 – Proposition d’un modèle explicatif
6À notre connaissance, il n’existe pas actuellement de modèles théoriques qui ont tenté d’expliquer la continuité de la victimisation sexuelle d’une génération à une autre. S’appuyant sur les connaissances scientifiques actuelles, nous suggérons ici un modèle explicatif qui pourrait contribuer à la compréhension du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance. Ainsi, au regard des facteurs identifiés par les études comme étant associés au cycle intergénérationnel, on constate que ce qui semble caractériser davantage les mères impliquées dans un cycle intergénérationnel se révèle être à la fois des séquelles à long terme de l’agression sexuelle dans l’enfance, mais également des facteurs de risque maternels et familiaux qui sont considérés dans l’étiologie de l’agression sexuelle chez l’enfant. Ce constat est la base de notre modèle, dont les différentes composantes prennent assises dans la théorie du trauma.
7Le modèle explicatif ici proposé a été développé en s’inspirant de la théorie contemporaine du trauma qui propose une conception plus globale et développementale du trauma en intégrant le concept de traumatisme complexe (Herman, 1981 ; Herman, 1992 ; van der Kolk, 2005 ; van der Kolk, 1996). Actuellement, selon l’American Psychiatric Association (APA, 2013), un évènement traumatique réfère à une situation dans laquelle un individu a été exposé (directement ou indirectement) à un ou des évènements durant lesquels : 1) des individus ont pu mourir ou être gravement blessés ; 2) ont été menacés de mort ou de graves blessures ; 3) ou encore ont été menacés ou victimes d’une agression de nature sexuelle, et ce, incluant le fait d’en être victime ou témoin chez autrui. Les manifestations d’un ÉSPT incluent : 1) les réviviscences de l’évènement (souvenirs ou cauchemars répétitifs et intrusifs, impression d’agir comme si l’évènement allait se reproduire, etc.) ; 2) l’évitement (effort pour éviter de penser ou de parler de l’évènement, problème de mémoire, perte d’intérêts, isolement, etc.) ; 3) les cognitions et l’humeur négatives (attribution persistante et erronée du blâme, isolement social, diminution marquée des intérêts dans les activités, incapacité à se remémorer certains éléments de l’évènement) ; et 4) l’activation neurovégétative (troubles du sommeil, irritabilité, difficultés de concentration, réactions de sursaut exagérées, hypervigilance).
8Ainsi, les mauvais traitements dans l’enfance, dont l’agression sexuelle, constituent une forme de trauma et entraineraient des symptômes de stress posttraumatique chez une proportion considérable d’enfants (Berthiaume, Bériault, & Turgeon, 2006) et d’adultes (Van Ameringen, Mancini, Patterson, & Boyle, 2008). Toutefois, contrairement à un évènement traumatique ponctuel, tel qu’un accident de voiture ou une catastrophe naturelle, un évènement traumatique relationnel, prolongé, répété et survenant dans une période développementale, comme c’est le cas dans plusieurs situations d’agression sexuelle à l’enfance, est plutôt considéré comme un trauma complexe (Roberge, 2011). Selon cette conception contemporaine qui intègre les progrès récents des neurosciences, le trauma complexe est le résultat d’une réaction posttraumatique complexe chez la victime et est à la source de nombreuses manifestations pathologiques que le diagnostic d’ÉSPT classique ne décrit pas, malgré les modifications apportées récemment dans le DSM-5 (APA, 2013). En plus des symptômes de réviviscence, d’évitement, de pensée et d’humeur négative, et d’activation neurovégétative qui sont présents dans l’ÉSPT classique, un traumatisme interpersonnel sévère survenu à l’enfance, comme l’agression sexuelle, entrainerait plutôt des conséquences complexes et développementales à l’enfance et à l’âge adulte, qui se manifesteraient par l’altération de différents domaines de fonctionnement chez la victime (Cloitre et al., 2009). Les symptômes sont ainsi plus complexes, diffus et chroniques et des changements sur le plan de la personnalité et des relations sont présents (Roberge, 2011). Le trauma complexe devient donc une façon de conceptualiser la diversité des séquelles documentées de l’agression sexuelle vécue dans l’enfance. Cette conception diagnostique conçoit que l’altération des domaines de fonctionnement se manifeste par un ensemble de difficultés dans les différentes sphères de la vie de la victime et qu’elles peuvent évoluer de façon chronique, ce qui a l’avantage d’intégrer plusieurs des résultats de recherche sur les difficultés à l’âge adulte des survivants d’agression sexuelle.
9Dans une perspective écologique des psychotraumatismes, Harvey (1996) ajoute que l’intensité de la réponse comportementale d’un individu confronté à un évènement traumatique résulte d’une interaction complexe entre des facteurs individuels et des contingences environnementales. L’intensité du stress posttraumatique déclenché lors de la première victimisation sexuelle constituerait le facteur le plus important dans la variation des séquelles à long terme, cette intensité pouvant être influencée par les caractéristiques de cette agression (gravité, fréquence, âge, lien avec l’agresseur, etc.). De plus, il est clair que toutes les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance ne présentent pas la même nature de difficultés et que l’intensité de ces séquelles varie d’une victime à l’autre selon différents facteurs. Ces facteurs sont généralement regroupés en trois catégories : 1) les caractéristiques liées aux agressions sexuelles et leur dévoilement ; 2) les caractéristiques personnelles de la victime, incluant les stratégies d’adaptation et les cognitions qu’elles adoptent ; et 3) les ressources de soutien provenant de l’environnement familial et social à l’enfance (Barker-Collo & Read, 2003). Il appert également que les autres formes de mauvais traitements vécus dans l’enfance de la victime, en cooccurrence avec l’agression sexuelle, favorisent le développement de séquelles plus nombreuses et d’intensité supérieure (Bouchard, Tourigny, Joly, Hébert, & Cyr, 2008 ; Higgins & McCabe, 2001).
10Tel qu’illustré à la Figure 1, nous suggérons que les conséquences issues d’un trauma complexe que peuvent présenter des mères ayant été agressées sexuellement dans l’enfance, ainsi que leur évolution dans le temps, sont susceptibles d’influencer leur rôle parental et d’avoir des répercussions sur le développement et le bien-être de leur enfant, ainsi que sur l’environnement dans lequel il évolue. Dans certains cas, ces conséquences personnelles et parentales peuvent devenir des facteurs augmentant la vulnérabilité de l’enfant à être victime d’agression sexuelle, notamment en influençant la supervision parentale offerte et en contribuant au développement de caractéristiques personnelles chez l’enfant qui seraient recherchées par les agresseurs sexuels.
Modèle explicatif du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance
Modèle explicatif du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance
11Dans la prochaine section, une recension des écrits concernant ces différentes composantes permettra de dresser l’état actuel des connaissances sur les conséquences à long terme de l’agression sexuelle dans l’enfance. Cette recension permettra de bien situer la trajectoire développementale et intergénérationnelle des femmes survivantes d’agression sexuelle afin de soutenir l’hypothèse centrale du modèle proposé.
2.1 – Les conséquences à long terme de l’agression sexuelle dans l’enfance
12Les études portant sur les conséquences à l’âge adulte des agressions sexuelles dans l’enfance sont nombreuses et révèlent une diversité de conséquences possibles chez les victimes, et ce, dans plusieurs sphères de fonctionnement. L’ensemble de ces recherches permet de conclure que l’agression sexuelle durant l’enfance est un facteur de risque important dans l’apparition de difficultés d’adaptation psychologique et sociale à l’âge adulte pour les hommes et les femmes, mais plus particulièrement pour les femmes (Webster, 2001). Les principales conséquences à long terme peuvent être regroupées selon trois catégories, soit : 1) les séquelles neurobiologiques ; 2) les problèmes psychologiques, incluant les psychopathologies ; et 3) les difficultés relationnelles et conjugales. De plus, ces séquelles, qui peuvent être présentes depuis l’enfance ou l’adolescence, sont susceptibles d’évoluer vers d’autres formes à l’âge adulte, pouvant toucher les sphères périnatale et parentale chez les femmes qui deviennent mères (DiLillo & Damashek, 2003 ; Leeners, Richter-Appelt, Imthurn, & Rath, 2006).
2.1.1 – Les séquelles neurobiologiques
13Récemment, différentes études se sont penchées sur les séquelles neurobiologiques d’un traumatisme dans l’enfance, tel que l’agression sexuelle. Ces recherches ont montré que le traumatisme psychologique pouvait avoir, à l’instar d’un traumatisme physique, des effets délétères sur le fonctionnement cérébral, particulièrement si ce traumatisme survenait dans l’enfance (Weber & Reynolds, 2004). Ainsi, face à une situation stressante ou dangereuse, la réponse de l’organisme implique une sécrétion d’hormones qui mettra en action à la fois le système limbique, l’hypothalamus, l’hypophyse et les glandes surrénales (axe hypothalamo-hypophysio-surrénalien ou HPA). Une cascade d’évènements successifs conduira ainsi à une élévation des glucocorticoïdes, dont le cortisol. Lorsque le niveau de cortisol chez l’individu est élevé de manière chronique, qu’il est très bas, ou encore mal régulé, il en résulte des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale (Tarullo & Gunnar, 2006).
14Alors que le système HPA est immature à la naissance, les expériences vécues au cours des premières années de vie vont moduler l’activité de base de ce système. Les évènements de vie négatifs en bas âge comme l’agression sexuelle, et plus particulièrement si l’enfant ne reçoit pas de soutien ou de réponse sensible de la part d’une figure d’attachement, sont susceptibles d’engendrer une élévation du niveau de base de cortisol chez l’enfant (Tarullo & Gunnar, 2006). Les traumatismes psychologiques pendant l’enfance provoquent ainsi un ensemble de réponses neurobiologiques au stress qui organise le fonctionnement cérébral selon des patrons spécifiques qui peuvent se maintenir tout au cours de la vie (Rick & Douglas, 2007 ; Tarullo & Gunnar, 2006). D’ailleurs, en ce qui concerne spécifiquement des victimes d’agression sexuelle dans l’enfance, différentes études ont permis d’associer cette forme de victimisation avec un dérèglement de l’axe HPA à l’enfance et à l’âge adulte (Trickett et al., 2011). Les résultats d’une étude longitudinale indiquent même que l’agression sexuelle dans l’enfance de jeunes filles prédisait le dysfonctionnement de certains systèmes de réponse au stress (axe HPA) sept ans plus tard, et qu’en retour, ce dysfonctionnement prédisait des niveaux élevés de symptômes dépressifs et de comportements antisociaux au début de l’âge adulte (Shenk, Noll, Putnam, & Trickett, 2010). Ces séquelles neurobiologiques et vulnérabilités engendrées par le traumatisme psychologique peuvent influencer les réponses adaptatives au stress et favoriser le développement de problèmes de santé mentale, tels l’ÉSPT, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, le trouble de personnalité limite, des troubles dissociatifs de l’identité et l’abus de substances (Rick & Douglas, 2007 ; Tarullo & Gunnar, 2006). Ainsi, résultant du traumatisme lié à l’agression sexuelle, les effets neurobiologiques s’avèrent des séquelles de l’agression sexuelle, mais apparaissent influer sur le risque de développer d’autres difficultés psychologiques et de santé mentale chez la victime, appuyant la théorie du trauma complexe.
15Toutefois, plusieurs facteurs, tels que la génétique ; le sexe et l’âge au moment des traumatismes ; la présence de problèmes de santé mentale antérieurs au traumatisme ; la présence d’autres adversités au cours de la vie ; et la présence de soutien affectent la sensibilité du système HPA. Ces facteurs vont affecter différemment la capacité d’adaptation aux évènements de vie ultérieurs et sur le développement d’autres difficultés qui peuvent s’ensuivre (Rick & Douglas, 2007 ; Tarullo & Gunnar, 2006).
2.1.2 – Les difficultés psychologiques et les psychopathologies
16De manière cohérente avec les récentes découvertes concernant les effets neurobiologiques d’un traumatisme psychologique, il s’avère que les survivantes d’agression sexuelle rapporteraient à l’adolescence ou à l’âge adulte davantage de détresse psychologique et de problèmes psychiatriques comparativement aux femmes ne rapportant pas en avoir été victimes. Ces difficultés incluent des symptômes de l’ÉSPT, des troubles de l’humeur (dépression, dysthymie, trouble bipolaire), de l’anxiété, des troubles psychotiques, la consommation abusive d’alcool et de drogues, des troubles de personnalité, ainsi que des comportements suicidaires et automutilatoires (Bouchard et al., 2008 ; Chen et al., 2010 ; Cutajar et al., 2010 ; Dube et al., 2005 ; Hillberg, Hamilton-Giachritsis, & Dixon, 2011 ; Langeland & Hartgers, 1998 ; Lundberg-Love, 2006 ; Maniglio, 2010 ; Maniglio, 2011 ; Maniglio, 2013 ; E. C. Nelson et al., 2002 ; Neumann, Houskamp, Pollock, & Briere, 1996 ; Pérez-Fuentes et al., 2013 ; Sartor et al., 2013 ; Trickett et al., 2011 ; Zlotnick et al., 2006).
17La littérature scientifique montre que les problèmes de santé mentale associés à l’agression sexuelle dans l’enfance seraient présents dès le début de l’âge adulte, soit à un âge où une victime est susceptible de connaitre la maternité et la parentalité. Ainsi, une étude longitudinale effectuée auprès de 1 000 jeunes adultes a montré le lien entre un passé d’agression sexuelle avant l’âge de 16 ans et différentes psychopathologies diagnostiquées entre l’âge de 18 et 25 ans (Fergusson, Boden, & Horwood, 2008). Les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance présentaient au début de l’âge adulte davantage de troubles dépressifs, de troubles d’anxiété, de troubles des conduites, de dépendance à des substances ainsi que d’idéations et de tentatives suicidaires, même en contrôlant pour l’effet de l’abus physique vécu dans l’enfance, le QI, le genre et un ensemble de difficultés parentales et familiales dans l’enfance.
18Dans plusieurs de ces études, le lien entre l’agression sexuelle dans l’enfance et les problèmes de santé mentale à l’âge adulte était maintenu même en contrôlant pour les autres adversités au cours de la vie chez ces personnes. Une étude récente réalisée auprès d’un échantillon de 34000 adultes américains a d’ailleurs montré que les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance étaient trois fois plus susceptibles d’avoir eu au cours de leur vie un problème de santé mentale (Pérez-Fuentes et al., 2013). Dans cette étude, l’agression sexuelle dans l’enfance prédisait à l’âge adulte à la fois la présence d’une dépression majeure, d’un trouble bipolaire, d’un trouble panique, d’un ÉSPT, d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et d’un trouble des conduites, et ce, même en contrôlant pour les caractéristiques sociodémographiques des participants, d’autres mauvais traitements et adversités vécus dans l’enfance et la coprésence d’autres problèmes de santé mentale.
19Dans le même sens, plusieurs études s’étant intéressées aux facteurs pouvant influencer l’adaptation à long terme des victimes d’agression sexuelle dans l’enfance ont montré que même en considérant un ensemble de facteurs individuels, familiaux et sociaux, le fait d’avoir été victime d’agression sexuelle dans l’enfance demeure associé à un plus grand risque de problèmes d’adaptation et de psychopathologies à l’âge adulte (Fergusson et al., 2008 ; Najman, Nguyen, & Boyle, 2007). Toutefois, on ignore à l’heure actuelle si le fait pour ces victimes d’avoir reçu des services [4] influence leur adaptation à l’âge adulte. Comme les séquelles présentées par les mères victimes d’agression sexuelle dans l’enfance et leurs répercussions sont à la base de notre explication de la continuité intergénérationnelle, le dévoilement et les services reçus par les victimes sont des variables qui doivent être considérées. Le soutien reçu par l’entourage, la précocité des services et l’efficacité des interventions apparaissent également des variables qui pourraient jouer un rôle central dans la trajectoire développementale et intergénérationnelle de ces mères.
2.1.3 – Les difficultés relationnelles et conjugales
20Plusieurs études soutiennent également que les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance présenteraient plus de problèmes au plan relationnel à l’âge adulte. Concernant les relations interpersonnelles, quelques études révèlent que les adultes ayant été agressés sexuellement dans l’enfance rapportent moins de confiance envers les autres, plus de conflits avec leur famille et leurs amis, et davantage de sentiments de stigmatisation et d’isolement que des adultes qui n’en ont pas été victimes (Neumann et al., 1996 ; Ruscio, 2001 ; Zlotnick et al., 2006). En ce qui concerne leur vie conjugale, les survivants d’agression sexuelle rapporteraient une plus faible satisfaction dans leur couple, plus de discorde et de conflits, un nombre plus élevé de partenaires sexuels, et plus de séparations et de divorces que les adultes des groupes de comparaison (DiLillo & Damashek, 2003 ; DiLillo, Giuffre, & Tremblay, 2001 ; Liang, Williams, & Siegel, 2006 ; Van Roode, Dickson, Herbison, & Paul, 2009 ; Zlotnick et al., 2006). Les femmes victimes d’agression sexuelle dans l’enfance seraient aussi plus à risque de vivre de la violence physique et sexuelle de la part de leur conjoint (DiLillo & Damashek, 2003 ; Friesen, Woodward, Horwood, & Fergusson, 2010 ; Ogloff, Cutajar, Mann, & Mullen, 2012 ; Schuetze & Eiden, 2005 ; Trickett et al., 2011 ; Zlotnick et al., 2006). Une étude longitudinale effectuée auprès de 900 Néo-Zélandais a montré que le fait d’avoir vécu une agression sexuelle avant l’âge de 16 ans, particulièrement des agressions sévères, était associé à différentes difficultés relationnelles à l’âge de 30 ans, incluant une moins grande stabilité auprès des partenaires amoureux, moins de satisfaction conjugale et une prévalence plus élevée de violence conjugale subie (Friesen et al., 2010). Ces associations sont demeurées significatives même en considérant différentes variables de l’enfance et de la famille.
21Liang et ses collaborateurs (2006) expliquent ce lien entre un passé de victimisation sexuelle dans l’enfance et cette diversité de problèmes interpersonnels à l’âge adulte par trois hypothèses, soit que : 1) la victimisation sexuelle rendrait plus difficile chez certaines victimes l’établissement de relations saines, étant donné leur manque de confiance en elles et envers les hommes ; 2) que le style d’attachement insécurisant dont les victimes d’agression sexuelle sont plus susceptibles de présenter pourrait exacerber leurs difficultés d’intimité émotionnelle et sexuelle ; et 3) qu’une généralisation du trauma par l’évitement de relations intimes pouvait aussi expliquer les difficultés relationnelles des victimes. Ces explications rejoignent les résultats d’études montrant que les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance sont plus susceptibles de présenter des patrons d’attachement insécurisant, et ce, dès l’adolescence (McCloskey, 2013). Par ailleurs, une autre étude a aussi montré que la détresse psychologique présentée par de jeunes femmes victimes de mauvais traitements dans l’enfance jouait un rôle médiateur entre la victimisation dans l’enfance et les problèmes relationnels à l’âge adulte, tels que les problèmes d’intimité, un plus grand dysfonctionnement sexuel et davantage de recours à la violence physique, suggérant que les victimes présentant plus de détresse psychologique à l’âge adulte sont plus susceptibles de rapporter des difficultés dans leurs relations conjugales (DiLillo, Lewis, & Di Loreto-Colgan, 2007).
22Il a aussi été montré que les femmes survivantes d’agression sexuelle étaient plus à risque d’être en couple avec un partenaire présentant certaines caractéristiques. Ces femmes seraient plus susceptibles de décrire leur partenaire comme dépendant, peu confiant, immature, dominant ou présentant un problème d’alcool (DiLillo et al., 2001 ; Dube et al., 2005). Dans le même sens, les conjointes d’agresseurs sexuels intrafamiliaux ont été décrites dans quelques études comme plus à risque d’avoir vécu de la victimisation sexuelle dans l’enfance et au cours de leur vie, mais aussi d’autres formes de victimisation (Trepper, Niedner, Mika, & Barrett, 1996 ; Trickett & Schellenbach, 1998 ; Zimmerman-Hicks, 2006), laissant croire que les femmes survivantes d’agression sexuelle sont plus susceptibles d’être en couple avec des agresseurs. Par exemple, une étude effectuée auprès de conjointes d’agresseurs sexuels en attente de traitement relève que ces femmes rapportaient avoir été agressées sexuellement dans 52 % des cas (Zimmerman-Hicks, 2006). Faller (1989) a plus spécifiquement montré que près de la moitié des épouses de pères incestueux rapportaient un passé d’agression sexuelle, alors que ce taux de victimisation sexuelle grimpait à près de 70 % chez les femmes dont leur conjoint avait agressé leur enfant (beau-père). De plus, les conjointes d’agresseurs sexuels seraient plus susceptibles de présenter un ensemble de difficultés qui se révèlent être aussi des séquelles à long terme de l’agression sexuelle dans l’enfance, dont la détresse psychologique, des relations conflictuelles avec leur conjoint et davantage d’insatisfaction conjugale (Trepper et al., 1996 ; Trickett & Schellenbach, 1998 ; Zimmerman-Hicks, 2006).
23Ces données permettent de soulever l’hypothèse que les femmes victimes d’agression sexuelle dans l’enfance sont plus à risque, et particulièrement celles présentant plus de difficultés, d’être en couple avec un homme présentant des difficultés sur le plan de la personnalité et concernant l’abus de substances, ou avec un homme étant à risque d’agresser sexuellement. Même si ces données tendent vers une hypothèse qui pourrait être centrale pour expliquer la continuité intergénérationnelle de la victimisation sexuelle dans le modèle proposé, le peu de recherches scientifiques concernant le choix du conjoint chez les survivantes d’agression sexuelle et la faible qualité méthodologique de ces études obligent à la prudence. De plus, considérant que les agressions sexuelles commises par une figure paternelle représenteraient moins du quart de toutes les situations dans les données officielles (Ministère de la sécurité publique du Québec, 2011 ; Ogrodnik, 2010), le choix d’un conjoint au potentiel d’agresseur constitue une hypothèse qui permettrait d’expliquer une partie seulement des cas intergénérationnels. En dépit du potentiel d’agression du conjoint de la mère, les difficultés qu’il est plus susceptible de présenter (problèmes de personnalité, consommation, etc.) pourraient toutefois influencer le climat familial et ultimement le développement de l’enfant.
2.2 – La parentalité des survivantes d’agression sexuelle
24Puisque les différentes conséquences que sont plus susceptibles de présenter les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance peuvent se maintenir jusqu’à l’âge adulte et influencer le fonctionnement relationnel, il est plausible que ces difficultés puissent évoluer vers d’autres formes lorsque ces victimes deviennent mères. Toutefois, même si un certain nombre d’études a porté sur la parentalité des survivantes d’agression sexuelle, elles n’arrivent pas à des conclusions unanimes sur le rôle précis que joue la victimisation sexuelle dans l’enfance chez les mères, et plus particulièrement concernant l’exercice de leur rôle parental. Certaines de ces études ont d’ailleurs fait l’objet de critiques concernant le portrait blâmant qu’elles dressent des mères victimes (Voir Brenckenridge, 2006). Malgré les limites que certaines de ces études présentent, dont le fait de ne pas toujours considérer les autres expériences de vie et difficultés qui peuvent intervenir pour expliquer les difficultés parentales de ces mères, la prochaine section présente un aperçu des difficultés périnatales et parentales qui caractériseraient davantage les mères ayant une histoire d’agression sexuelle dans l’enfance.
2.2.1 – La maternité précoce
25Expliquée par certains auteurs par les comportements sexuels à risque plus fréquents et le début plus précoce de l’activité sexuelle chez les victimes d’agression sexuelle, la maternité à l’adolescence a maintes fois été mise en lien avec des expériences traumatiques à l’enfance et à l’adolescence, et plus spécifiquement l’agression sexuelle (DiLillo et al., 2001 ; Friesen et al., 2010 ; Miller, Sage, & Winward, 2005 ; Noll, Trickett, Harris, & Putnam, 2009 ; Trickett et al., 2011). Même si ce lien tend à être moins important lorsque l’on tient compte de l’effet des variables socioéconomiques, il appert que les victimes d’agression sexuelle dans l’enfance ont plus d’enfants et en ont à un âge plus jeune que les femmes qui n’en ont pas été victimes (DiLillo et al., 2001). Ces mères adolescentes présentent plus de facteurs de vulnérabilité pouvant avoir des effets sur le développement de leur enfant. Elles sont plus susceptibles d’avoir une faible estime personnelle, de présenter plus de dépression et de stress, d’être isolées, de recevoir peu de soutien social, d’être moins éduquées et de vivre dans des conditions socioéconomiques précaires, comparativement à leurs pairs du même âge n’ayant pas eu d’enfant (Miller et al., 2005 ; Noll et al., 2009 ; Serbin & Karp, 2004).
2.2.2 – Les conséquences périnatales
26De plus en plus de recherches soutiennent que la maternité, peu importe l’âge auquel elle survient, est une étape délicate chez les femmes victimes d’agression sexuelle dans l’enfance et qu’elle peut être à la source du déclenchement ou d’une réactivation d’une détresse psychologique (Kendall-Tackett, 1998 ; Leeners et al., 2006 ; Lev-Wiesel & Daphna-Tekoa, 2007). Les survivantes d’agression sexuelle sont aussi plus à risque de vivre un ensemble de difficultés psychologiques et physiques non seulement durant leur grossesse, mais aussi au moment de l’accouchement et durant la période postnatale. Ainsi, une histoire d’agression sexuelle dans l’enfance chez une femme augmente les probabilités de présenter des sentiments négatifs par rapport à la grossesse (Van Roode et al., 2009) ; de manifester du stress, de l’anxiété, des symptômes dépressifs, des idéations suicidaires et des symptômes d’ÉSPT, et plus particulièrement des pensées intrusives et des « flashbacks », comparativement aux femmes qui n’en ont pas vécue (Kendall-Tackett, 1998 ; Leeners et al., 2006), mais aussi comparativement aux mères qui ont vécu d’autres types de traumatismes, interpersonnels ou non (Lev-Wiesel & Daphna-Tekoa, 2007). Certaines études suggèrent également un lien entre un passé d’agression sexuelle et une gestation plus courte et un accouchement prématuré (Leeners et al., 2006 ; Noll et al., 2009 ; Trickett et al., 2011). Ce lien s’expliquerait par l’augmentation chez la mère de la sécrétion de cortisol qui accompagne un ÉSPT, ce qui favoriserait un accouchement prématuré.
27Chez les mères survivantes d’agression sexuelle, la période suivant l’accouchement apparait également un moment où davantage de difficultés peuvent être présentes. L’augmentation des risques pour ces femmes de présenter une dépression postpartum a été démontrée dans différentes études (Buist, 1998 ; Leeners et al., 2006). De plus, ces femmes ayant un passé d’agression sexuelle et qui rapportent un épisode de dépression postpartum montrent des symptômes dépressifs plus sévères et de plus longue durée, et davantage d’anxiété (Leeners et al., 2006) que les femmes n’ayant pas été agressées sexuellement dans l’enfance.
2.2.3 – Les difficultés dans l’exercice du rôle parental
28Il est reconnu que la parentalité s’avère un processus complexe et multidimensionnel sur lequel le statut socioéconomique, la vie conjugale et les évènements de vie stressants peuvent avoir une influence considérable (Schuetze & Eiden, 2005). Les modèles théoriques développés pour comprendre la parentalité supposent que l’histoire développementale et le milieu familial d’origine ont une part d’influence sur les caractéristiques et le fonctionnement du parent (Belsky, 1984 ; Ogbu, 1981), suggérant qu’une histoire d’agression sexuelle dans l’enfance puisse influencer la parentalité des victimes.
29Le lien entre un passé d’agression sexuelle et les pratiques parentales a largement été étudié, principalement par la comparaison de mères agressées sexuellement dans l’enfance à des mères qui ne l’avaient pas été (T. Cohen, 1995 ; Cole, Woolger, Power, & Smith, 1992 ; Hanley, 1997 ; Lyons-Ruth & Block, 1996). Ces études ont montré que les mères agressées sexuellement dans l’enfance rapportaient moins de confiance et de sentiment de contrôle dans leur rôle parental, qu’elles avaient moins de contrôle émotionnel dans les situations parentales et qu’elles obtenaient des scores plus faibles à différentes mesures de leurs capacités parentales, dont le soutien offert à l’enfant, l’adéquation de leurs attentes, la relation avec l’enfant, les habiletés de communication et l’encadrement et les limites qu’elles offraient.
30Plus récemment, une nouvelle génération d’études a pris en compte d’autres variables pour examiner le lien entre l’agression sexuelle dans l’enfance et les pratiques parentales. Certaines études ont ainsi montré que différentes dimensions parentales chez des mères survivantes d’agression sexuelle étaient affectées même en considérant les autres adversités et mauvais traitements vécus dans l’enfance, dont l’abus physique, la négligence, l’alcoolisme dans la famille d’origine et un faible statut socioéconomique. Les mères de ces études, qui avaient été agressées sexuellement dans l’enfance, montraient une vision plus négative d’elles-mêmes comme parent (Banyard, 1997 ; Schuetze & Eiden, 2005), rapportaient une moins grande confiance dans leur relation avec leur enfant (Roberts, O’Connor, Dunn, & Golding, 2004), disaient recourir plus fréquemment à des punitions physiques pour résoudre les conflits avec leur enfant (Banyard, 1997 ; DiLillo, Tremblay, & Peterson, 2000 ; Kim et al., 2010 ; Schuetze & Eiden, 2005), étaient plus susceptibles de montrer des comportements envahissants et intrusifs auprès de leur bébé (Moehler & Biringen, 2007) et rapportaient davantage un style parental permissif (Ruscio, 2001). Toutefois, les résultats d’autres études n’ont montré aucun lien entre le passé d’agression sexuelle dans l’enfance des mères et davantage de difficultés dans leur rôle parental (Collin-Vézina, Cyr, Pauzé, & McDuff, 2005) ou ont révélé que ce lien ne s’est pas maintenu une fois que les autres mauvais traitements subis dans l’enfance de la mère, en cooccurrence avec l’agression sexuelle, avaient été considérés dans les analyses (Barrett, 2009 ; Zuravin & Fontanella, 1999).
31Finalement, même si plusieurs recherches ont mis en lumière certaines difficultés parentales auprès de mères survivantes d’agression sexuelle, d’autres études ont permis d’identifier des facteurs jouant un rôle médiateur ou modérateur entre l’agression sexuelle dans l’enfance et certaines compétences parentales. Notamment, la dépression (Banyard, 1997 ; Fontanella, 1999 ; Mapp, 2006 ; Pazdera, McWey, Mullis, & Carbonell, 2013 ; Roberts et al., 2004 ; Schuetze & Eiden, 2005 ; Zuravin & Fontanella, 1999), l’anxiété (Roberts et al., 2004), le fait de vivre de la violence conjugale (Schuetze & Eiden, 2005), la colère (DiLillo et al., 2000), un faible sentiment de compétence parentale (Pazdera et al., 2013), la faible qualité de la relation avec le conjoint (Alexander, Teti, & Anderson, 2000) et le soutien social (Ruscio, 2001) ont été identifiés comme des facteurs jouant un rôle médiateur ou modérateur entre l’agression sexuelle et certaines pratiques parentales. Ces résultats montrent que si les mères victimes d’agression sexuelle dans l’enfance sont plus susceptibles de rapporter des difficultés parentales, ce sont possiblement d’autres difficultés liées à leur passé d’agression sexuelle toujours présentes à l’âge adulte qui expliqueraient, du moins en partie, les difficultés concernant certains aspects de leurs compétences parentales.
32De plus, quelques rares études se sont intéressées plus spécifiquement à l’éducation et à la communication des mères survivantes d’agression sexuelle concernant la sexualité. Une d’entre elles a montré que les adolescentes pour qui la mère avait été agressée sexuellement étaient plus susceptibles de considérer que cette dernière approuvait les activités sexuelles et qu’elle était moins au courant de leurs activités sexuelles, comparativement aux adolescentes pour qui la mère n’avait pas été agressée sexuellement (Testa et al., 2011). D’autres auteurs ont quant à eux montré que les mères victimes d’agression sexuelle dans l’enfance étaient plus à même de présenter des attitudes libérales concernant la sexualité (Meston, Heiman, & Trapnell, 1999), qui en retour ont été associées à davantage de comportements sexuels chez les enfants et les adolescents (Jaccard & Dittus, 2000). En lien avec ces constats, Cavanaugh et Classen (2009) ont émis l’hypothèse que les mères ayant été victimes d’agression sexuelle dans l’enfance étaient plus susceptibles de présenter des déficits dans la communication concernant la sexualité avec leur enfant et dans la supervision des activités sexuelles, ce qui pourrait entrainer un plus grand risque de victimisation chez leur enfant.
33Même si le lien unique entre agression sexuelle dans l’enfance et difficultés parentales peut être réduit lorsque sont considérées d’autres formes d’adversité, il appert que les mères survivantes d’agression sexuelle sont plus susceptibles de rencontrer davantage de défis liés à l’exercice de leur rôle parental que les mères n’en ayant pas été victimes, notamment en ce qui a trait à la relation avec leur enfant, à leurs pratiques éducatives, à l’éducation sexuelle, et à la communication concernant la sexualité.
2.3 – Les effets sur les enfants
34Considérant les difficultés que risquent de manifester les femmes victimes d’agression sexuelle dans l’enfance, on peut émettre l’hypothèse que les enfants de mères survivantes d’agression sexuelle sont plus à risque de présenter des difficultés d’adaptation. Il appert que les difficultés qui sont davantage vécues par ces mères risquent de persister et de s’accumuler au fil du temps, exposant leurs enfants à divers facteurs de risque (ex. : problèmes de santé mentale des parents, instabilité familiale, évènements de vie stressants, difficultés parentales, etc.) qui sont susceptibles de les affecter tout au cours de leur développement (Collishaw, Dunn, O’Connor, & Golding, 2007). Repetti et ses collègues (2002) ont proposé un modèle présentant l’évolution à court et long termes des enfants provenant de familles à risque. Selon ce modèle, un environnement familial caractérisé par des conflits, de la colère, des relations peu chaleureuses et par la négligence des besoins de l’enfant mettrait non seulement à risque les enfants d’effets indésirables immédiats, mais jetterait aussi les bases à des difficultés d’adaptation et des problèmes de santé physique et mentale à long terme. De surcroît, les auteurs avancent que ce type d’environnement familial pourrait exacerber une vulnérabilité génétique souvent héritée par les enfants issus de familles à risque. Par un examen de la littérature scientifique, ces derniers ont notamment démontré que les enfants de familles à risque sont plus à même de présenter des déficits dans la régulation et l’expression de leurs émotions et sur le plan de leur compétence sociale et sont aussi plus susceptibles de rapporter des comportements à risque, tels qu’une promiscuité sexuelle.
35Plus spécifiquement concernant l’agression sexuelle dans l’enfance des parents, de plus en plus d’études s’intéressent aux effets intergénérationnels de cette forme de victimisation chez les femmes. Une étude longitudinale a mis en lien la victimisation sexuelle dans l’enfance de mères avec le fonctionnement de leurs enfants. Les résultats ont montré qu’en plus des difficultés qui étaient davantage présentées par les mères victimes d’agression sexuelle, leurs enfants rapportaient un niveau d’adaptation moindre que ceux des mères du groupe de comparaison. Cette plus faible adaptation se manifestait par davantage d’hyperactivité, de problèmes de conduites, de problèmes avec les pairs et de problèmes émotifs, et ce, en contrôlant l’effet des autres mauvais traitements vécus par ces mères (Roberts et al., 2004).
36Même si peu d’études se sont penchées spécifiquement sur les impacts de la victimisation sexuelle des mères sur leurs enfants, d’autres ont toutefois examiné les effets sur le développement des enfants de certaines difficultés parentales identifiées comme plus susceptibles d’être présentes auprès de parents victimes d’agression sexuelle dans l’enfance. Le tableau 1 recense les effets sur les enfants de ces difficultés parentales.
Effets sur les enfants de difficultés parentales associées à une histoire d’agression sexuelle dans l’enfance
Effets sur les enfants de difficultés parentales associées à une histoire d’agression sexuelle dans l’enfance
37En somme, les données actuellement disponibles laissent croire que les difficultés que sont plus à même de présenter les mères survivantes d’agression sexuelle peuvent avoir des impacts sur leur rôle parental et suggèrent un risque plus grand de développement de difficultés émotionnelles, physiques, sociales, comportementales et affectives chez leur enfant. Même si les auteurs de ces études s’entendent pour reconnaitre que les effets de la victimisation sexuelle de la mère sur leurs enfants sont le résultat d’interactions complexes entre des facteurs de risque, de protection et des facteurs médiateurs (Noll et al., 2009), ces enfants semblent plus susceptibles de présenter des caractéristiques personnelles, mais aussi familiales, identifiées comme pouvant mettre un enfant davantage à risque d’agression sexuelle. Car comme nous le verrons dans la section suivante, les facteurs de risque de l’agression sexuelle chez l’enfant qui ont été documentés s’apparentent à la fois aux conséquences à long terme que les mères survivantes d’agression sexuelle risquent de présenter et aux difficultés de leurs enfants qui pourraient en découler.
2.4 – Les facteurs de risque de l’agression sexuelle chez un enfant
38L’étiologie de l’agression sexuelle des enfants est un domaine de recherche limité qui, à ce jour, a surtout permis de documenter ce qui caractérisait davantage les jeunes victimes et leur famille. En effet, peu d’études ont été réalisées dans ce domaine et celles-ci sont majoritairement descriptives ou corrélationnelles, rendant difficile de prétendre que les facteurs identifiés soient des conditions présentes avant l’agression sexuelle. Néanmoins, une nouvelle génération d’études populationnelles et longitudinales voit le jour et leurs résultats permettent de prétendre que les facteurs personnels, familiaux et parentaux que l’on retrouve davantage chez les enfants victimes d’agression sexuelle sont des caractéristiques ou des environnements qui augmentent la vulnérabilité d’un enfant face à un agresseur sexuel.
39Même si l’on ignore de quelle façon ils interviennent précisément dans l’augmentation du risque d’agression sexuelle de l’enfant, plusieurs facteurs liés au fonctionnement des parents et de la famille ont été reconnus comme des facteurs de risque de la victimisation sexuelle des enfants. Nous émettons l’hypothèse que ces facteurs parentaux et familiaux ne sont pas directement associés à l’agression sexuelle de l’enfant. Nous croyons plutôt que leur présence augmente les risques d’agression sexuelle de l’enfant en diminuant la capacité des parents à superviser efficacement (ex. : périodes de consommation qui affectent la supervision offerte) et en rendant l’enfant plus vulnérable psychologiquement (ex. : effets sur l’enfant de problèmes de santé mentale de la mère).
2.4.1 – Les difficultés personnelles et parentales des parents
40Les variables liées à une faible santé psychologique de la mère ressortent comme étant davantage associées aux enfants victimes d’agression sexuelle, incluant la présence d’anxiété (Martin et al., 2011) et de différents problèmes de santé mentale chez la mère (Fleming, Mullen, & Bammer, 1997). Les évènements de vie stressants et adversités vécus par la mère ainsi que la consommation de drogue ou d’alcool des parents s’avèrent également associés à un plus grand risque de victimisation sexuelle de l’enfant (Fergusson, Lyndskey, & Horwood, 1996 ; Fleming et al., 1997). Plus spécifiquement concernant la mère, un faible niveau d’éducation a été plusieurs fois identifié comme un facteur de risque de l’agression sexuelle pour un enfant (Butler, 2013 ; MacMillan, Tanaka, Duku, Vaillancourt, & Boyle, 2013 ; Martin et al., 2011). En ce qui a trait à la maternité, le fait pour les mères d’avoir eu leur premier enfant à un âge précoce (20 ans et moins), le fait que la grossesse de l’enfant était non planifiée ou désirée, une faible chaleur maternelle envers l’enfant et une fréquence moins élevée d’attitude positive envers leur bébé augmentent les risques d’agression sexuelle de leur enfant (Butler, 2013 ; MacMillan et al., 2013 ; Martin et al., 2011).
2.4.2 – La structure et le fonctionnement familial
41La structure et le fonctionnement familial apparaissent jouer un rôle dans l’étiologie de l’agression sexuelle dans l’enfance. Sur le plan de la structure familiale, le fait de vivre avec seulement un parent ; que la mère soit séparée, divorcée, veuve ou dans une seconde union ; l’absence des deux parents biologiques ; et la présence d’un beau-père s’avèrent des conditions associées aux familles d’enfants victimes d’agression sexuelle (Black, Heyman, & Smith Slep, 2001 ; Butler, 2013 ; Fleming et al., 1997). Concernant les relations conjugales, les parents rapportant de l’insatisfaction et des conflits seraient davantage représentés chez les parents d’enfants agressés sexuellement (Black et al., 2001 ; Fergusson et al., 1996). Aussi, le fait pour une mère d’être victime de violence physique par son conjoint serait associé à un risque plus élevé que son enfant soit victime d’une agression sexuelle intrafamiliale (Black et al., 2001). Toujours concernant les facteurs familiaux, les familles rapportant laisser leur enfant seul à la maison sans supervision, une faible satisfaction du sentiment de compétence parentale chez la mère, de pauvres relations parent-enfant, un faible attachement parental et une perception moindre de la qualité du soutien émotif dont les mères disposent sont des facteurs plus présents auprès des parents d’enfants agressés sexuellement ou qui prédisaient l’agression sexuelle des enfants (Black et al., 2001 ; Fergusson et al., 1996).
2.4.3 – Les caractéristiques de l’enfant
42Les quelques études menées sur les facteurs de risque de l’agression sexuelle chez l’enfant identifient certaines caractéristiques relatives à l’enfant. Ainsi, les problèmes de comportement, particulièrement chez les garçons ; un quotient intellectuel moins élevé et des difficultés scolaires ; l’isolement social ; ne pas avoir quelqu’un à qui se confier ; le fait d’avoir été victime d’abus physique au sein de la famille ou d’avoir déjà été victime d’agression sexuelle dans le passé ; et un très grand besoin d’attention (comme le fait d’avoir un handicap physique ou intellectuel) ont été identifiés comme des facteurs de risque individuels d’être victime d’agression sexuelle dans l’enfance (Black et al., 2001 ; Fleming et al., 1997). Une récente étude longitudinale ayant suivi 1 087 jeunes filles jusqu’au début de l’âge adulte a montré que celles ayant été identifiées dans leur enfance comme ayant des besoins scolaires particuliers, des difficultés importantes d’apprentissage et ayant présenté des problèmes de comportement intériorisé et extériorisé étaient plus à risque d’avoir été agressées sexuellement (Butler, 2013).
43Alors qu’un certain nombre d’études a identifié que l’isolement social de l’enfant et l’absence de réseau social pouvaient être des facteurs de risque de l’agression sexuelle dans l’enfance, les études qualitatives menées auprès d’agresseurs sexuels d’enfants ont montré que ces derniers rapportaient une préférence pour des victimes dites « vulnérables ». Cette vulnérabilité serait présente chez l’enfant notamment lorsque ce dernier est peu confiant, qu’il est passif et soumis, qu’il a peu d’amis, qu’il vit de l’intimidation ou du rejet, qu’il a des problèmes de comportement, qu’il présente des besoins émotionnels plus grands ou encore lorsqu’il provient d’une famille monoparentale ou dysfonctionnelle (Budin & Johnson, 1989 ; Colton, Roberts, & Vanstone, 2010 ; Elliott, Browne, & Kilcoyne, 1995). Les premières enquêtes sur l’agression sexuelle envers des enfants approchés sur Internet (cyberprédation) semblent également confirmer que les agresseurs ciblent des enfants, qui en plus de manifester un intérêt pour les discussions par clavardage concernant la sexualité, sont considérés par les agresseurs comme vulnérables, soumis et semblant être peu supervisés ou encadrés par leurs parents (Malesky, 2007). Ces résultats montrent de quelle manière les caractéristiques de l’enfant et de ses parents peuvent le rendre plus vulnérable à une agression sexuelle.
44En résumé, les enfants évoluant dans un milieu familial empreint de violence et d’instabilité et dans lequel les parents présentent de grandes difficultés psychologiques et parentales apparaissent plus susceptibles d’être victimes d’agression sexuelle. On peut émettre l’hypothèse qu’en plus d’être des obstacles à une supervision et une protection optimale, ces difficultés dans la famille sont susceptibles d’interférer avec le développement de l’enfant, favorisant chez lui le développement de problèmes d’adaptation. Ainsi, les problèmes de comportement intériorisés et extériorisés, les déficits intellectuels, les problèmes scolaires, l’isolement social, le fait d’avoir été victime d’abus physique et d’agression sexuelle sont des facteurs qui augmenteraient les risques d’agression sexuelle d’un enfant, notamment parce que certaines de ces caractéristiques seraient recherchées par les agresseurs sexuels d’enfants.
3 – Une trajectoire complexe
45Le modèle qui est ici proposé se veut une tentative d’explication de la continuité intergénérationnelle de la victimisation sexuelle dans l’enfance, lorsqu’elle survient. Même si la contribution des données recensées demeure majeure, elles ne constituent qu’une amorce de compréhension, car le phénomène semble s’expliquer par un ensemble de facteurs dont les relations et interactions entre eux apparaissent hautement complexes. Ce champ de recherche est de plus compliqué par les cooccurrences de mauvais traitements survenant dans l’enfance des parents et l’ensemble des facteurs de risque et adversités de l’enfance associés à ces sévices (Noll et al., 2009). Ainsi, le modèle conçoit que le passé d’agression sexuelle d’une mère est un facteur de risque de l’agression sexuelle d’un enfant, et ce, par le biais de multiples trajectoires possibles impliquant des facteurs précédents, connexes et qui suivent l’agression sexuelle de la mère. L’histoire de victimisation sexuelle de la mère ne conduit pas à l’agression sexuelle de son enfant, mais semble amener un risque plus important que deux conditions préalables à l’agression sexuelle soient présentes, c’est-à-dire le développement de certaines difficultés d’adaptation chez leur enfant et un environnement à risque avec une faible supervision parentale. Ces conditions seraient toutes deux recherchées par les agresseurs sexuels d’enfants.
46De plus, il importe de préciser que si les séquelles des mères survivantes d’agression sexuelle dans l’enfance exposent leur enfant à davantage de facteurs de risque de l’agression sexuelle, seule la présence d’un agresseur à un moment dans la vie de l’enfant pourra faire en sorte que ce dernier en soit victime. Seule la personne qui commet l’agression sexuelle peut en porter la responsabilité. Dans le même sens, si une mère agressée sexuellement dans l’enfance présente plusieurs difficultés d’intensité élevée, augmentant la vulnérabilité de son enfant d’être victime d’agression sexuelle, ce dernier pourrait ne jamais en être victime.
47Enfin, le passé d’agression sexuelle d’une mère pourrait aussi augmenter les risques d’agression sexuelle de son enfant en favorisant la présence d’un agresseur dans la vie de son enfant, du moins possiblement par la présence d’un conjoint agresseur. Il se peut aussi que la présence d’un agresseur dans l’environnement de l’enfant soit expliquée par le maintien des contacts de la mère avec la personne qui l’a agressée sexuellement dans l’enfance. En d’autres mots, l’agresseur de la mère pourrait aussi être celui de son enfant. Toutefois, aucune donnée sur le sujet n’apparait disponible pour alimenter cette trajectoire dans le modèle. Dans ce contexte, ce modèle demeure partiel en ne pouvant expliquer qu’une partie du phénomène.
4 – Les implications cliniques
48L’exercice qui a été ici réalisé constitue une première démarche pour mieux comprendre le cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance. À ce stade-ci, le modèle proposé ne permet ni d’identifier clairement les facteurs qui contribuent spécifiquement à la continuité de la victimisation entre deux générations, ni de faire ressortir différentes typologies de trajectoires intergénérationnelles. Toutefois, le modèle proposé permet d’avancer que les mères survivantes d’agression sexuelle qui présentent des difficultés connues comme étant associées à un passé d’agression sexuelle sont plus susceptibles d’avoir un enfant qui en sera aussi victime. Cette conclusion a principalement des implications dans la prévention des agressions sexuelles chez les enfants, mais également dans l’intervention auprès de mères impliquées dans un cycle intergénérationnel de victimisation sexuelle (tableau 2). Le modèle explicatif proposé sert donc de cadre de référence pour guider non seulement le thérapeute quant aux cibles d’évaluation et de traitement à prioriser, mais également pour orienter les décideurs dans les politiques et programmes à mettre en place en matière d’agression sexuelle envers les enfants.
Recommandations cliniques découlant du modèle explicatif du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle à l’enfance
Recommandations cliniques découlant du modèle explicatif du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle à l’enfance
4.1 – Prévention de l’agression sexuelle envers les enfants
4.1.1 – Prise en charge précoce des jeunes victimes d’agression sexuelle
49En plus des stratégies de prévention universelle de l’agression sexuelle dans l’enfance actuellement recommandées auprès des populations générales d’enfants (voir par exemple Bergeron & Hébert, 2011), les données ici recensées montrent que dans une perspective intergénérationnelle, la prévention de l’agression sexuelle à l’enfance doit aussi considérer la prise en charge précoce des jeunes victimes d’agression sexuelle. En effet, comme le passé de victimisation sexuelle d’une mère s’avère associé à un plus grand risque d’agression sexuelle chez son enfant, principalement en raison des séquelles qui en découlent, la prévention de l’agression sexuelle des enfants doit aussi viser à réduire précocement les conséquences présentées par les jeunes victimes d’agression sexuelle. Des interventions thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue auprès des jeunes victimes d’agression sexuelle devraient ainsi être offertes. À cet effet, le traitement d’approche cognitive-comportementale axée sur le trauma (TF-CBT) est celui dont l’efficacité a été clairement établie et qui est considéré comme une pratique exemplaire dans le traitement des enfants victimes d’agression sexuelle (Saunders, Berliner, & Hanson, 2003).
4.1.2 – Dépistage et intervention auprès des survivantes d’agression sexuelle
50Toujours dans une perspective de prévention de l’agression sexuelle envers les enfants, la mise en place de stratégies de dépistage pour identifier les femmes victimes d’agression sexuelle dans l’enfance, avant ou dès l’arrivée d’un premier enfant s’avère nécessaire. Les cours prénataux offerts à tous les nouveaux parents devraient être considérés comme un lieu propice à la mise en place de ces stratégies de dépistage. Les femmes victimes d’agression sexuelle étant plus susceptibles de présenter des difficultés périnatales, dont une réactivation traumatique à l’arrivée d’un enfant, l’identification des futures mères ayant un passé d’agression sexuelle et leur sensibilisation aux effets d’un tel passé sur la maternité et le rôle parental devraient être envisagées. De plus, considérant la diversité des difficultés que sont plus susceptibles de présenter les survivantes d’agression sexuelle, évaluer systématiquement la présence d’un passé d’agression sexuelle dans l’enfance auprès des clientèles desservies par des services cliniques apparait pertinent (ex. : services de psychothérapie individuelle ou de couple, ressources en santé mentale, services aux personnes souffrant de dépendance et d’abus de substances, services de protection de l’enfance, etc.).
51Le dépistage des survivantes d’agression sexuelle permettrait au besoin d’offrir à ces femmes des traitements en lien avec leur passé de victimisation. Ces interventions favoriseraient la réduction des séquelles de l’agression sexuelle dans l’enfance et ultimement, la prévention de difficultés familiales et parentales. À cet effet, les cliniciens disposent de modalités de traitement variées s’adressant aux adultes survivants d’agression sexuelle et pour lesquelles l’efficacité a été démontrée pour diminuer les symptômes de stress post-traumatique, les symptômes intériorisés (ex. : dépression) et extériorisée (ex. : comportements antisociaux) et améliorer le fonctionnement social et le concept de soi (Pour une méta-analyse, voir Taylor & Harvey, 2010)
52Enfin, les programmes de prévention des mauvais traitements implantés auprès des familles à risque devraient aussi viser à dépister les mères ayant un passé d’agression sexuelle dans l’enfance afin d’en tenir compte dans leur intervention. Dans leur recension des programmes de prévention des mauvais traitements, Nelson et ses collaborateurs (2001) soulignent qu’en dépit du fait que l’agression sexuelle de la mère soit un facteur de risque de présenter des difficultés qui pourraient rendre leur enfant plus à risque d’en être aussi victime, aucun des programmes recensés n’apparait aborder le passé de victimisation des parents pour prévenir les mauvais traitements et promouvoir le bien-être des enfants. Ces programmes devraient avoir entre autres pour objectif de contrer les effets d’une agression sexuelle sur la parentalité.
4.2 – Intervention auprès des mères impliquées dans un cycle intergénérationnel
53Chez les mères survivantes d’agression sexuelle pour qui leur enfant a aussi été agressé sexuellement, les difficultés qu’elles sont plus à même de présenter devraient être abordées dans les interventions destinées aux enfants victimes d’agression sexuelle. La détresse psychologique manifestée suite au dévoilement de l’enfant apparait d’ailleurs plus importante chez les mères rapportant une histoire d’agression sexuelle dans leur propre enfance, suggérant des besoins cliniques spécifiques pour ces mères (Cyr et al., 1999 ; Hiebert-Murphy, 1998). De plus, comme le soulèvent Hébert, Bernier et Simoneau (2011), lorsque l’on considère la proportion importante de victimes d’agression sexuelle n’ayant jamais dévoilé les abus qu’elles ont subis (London, Bruck, Ceci, & Shuman, 2005), le fait pour une survivante d’agression sexuelle d’être confrontée au dévoilement de son enfant peut devenir un élément déclencheur à une première divulgation chez le parent. Cette prise en charge devrait donc être précédée d’un dépistage de ces mères dans les services et d’une évaluation des difficultés éprouvées afin de leur offrir une intervention adaptée à leurs besoins.
54Or, en dépit de l’ampleur de l’agression sexuelle chez les mères d’enfants victimes d’agression sexuelle et de l’importance du soutien et de l’accompagnement du parent non agresseur dans l’adaptation de l’enfant victime d’agression sexuelle, le seul programme d’intervention destiné aux enfants agressés sexuellement et leurs parents qui a été reconnu efficace et qui est soutenu empiriquement (i.e. Trauma-Focused Cognitive Behavior Therapy – TF-CBT ; Cohen, Mannarino, &Deblinger, 2006) ne prévoit pas d’intervention spécifique concernant un possible passé d’agression sexuelle chez le parent non agresseur (Saunders et al., 2003). Afin de mieux répondre aux besoins des mères impliquées dans un cycle intergénérationnel, des interventions spécifiques à cette clientèle doivent être mises en place. Le programme Intergenerational Trauma Treatment Model (ITTM) apparaît le seul à avoir pour objectif l’amélioration de la capacité du parent à répondre aux besoins de son enfant ayant été victime d’un traumatisme, tel l’agression sexuelle, et ce tout en considérant les effets de ses propres expériences traumatiques vécues dans l’enfance (Lawson & Quinn, 2013). Ainsi, en plus des interventions ciblant l’enfant, l’ITTM inclut des interventions basées sur une approche cognitive-comportementale destinées aux parents ayant vécu une expérience traumatique et visent notamment la diminution des symptômes de stress post-traumatique, l’apprentissage d’habiletés de régulation des émotions et des comportements, l’amélioration des relations d’attachement et l’augmentation des habiletés du parent à répondre de manière empathique aux besoins de son enfant (Scott & Copping, 2008). Les données actuellement disponibles pour déterminer l’efficacité de ce programme sont limitées mais une première étude laisse entrevoir des résultats prometteurs (Copping, Warling, & Benner, 2001).
5 – Conclusion
55La recherche sur le phénomène du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle apparait très peu développée, alors que le phénomène semble prévalent et bien connu des cliniciens. Malgré cette rareté d’études, les données empiriques actuelles permettent d’affirmer que les mères ayant vécu une agression sexuelle dans leur enfance présentent des séquelles à l’âge adulte en lien avec leur passé de victimisation et que certaines de ces séquelles pourraient être associées à une augmentation du risque pour leur enfant d’être également victime d’agression sexuelle. Toutefois, il importe de souligner que ces données révèlent surtout les besoins de ces mères ayant un passé d’agression sexuelle, notamment dans leur vie personnelle, conjugale et parentale, et qu’elles ne doivent pas être utilisées pour stigmatiser ces mères.
56La proposition d’un modèle explicatif du cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle semble être une tentative novatrice d’intégration de différents mécanismes proposés pour expliquer l’étiologie du phénomène et permet ainsi le développement d’interventions susceptibles de diminuer l’occurrence de l’agression sexuelle chez les enfants. Bien que ce modèle proposé ne soit qu’une compréhension partielle du phénomène, il doit être bonifié par différentes études empiriques sur le sujet. Ainsi, il faut éclaircir ce qui contribue à la continuité du cycle de victimisation sexuelle entre les générations, mais surtout, identifier les facteurs qui pourraient contribuer à y mettre fin.
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Mots-clés éditeurs : facteurs de risque, cycle intergénérationnel, modèle explicatif, agression sexuelle dans l'enfance, conséquences à long terme
Date de mise en ligne : 20/01/2015
https://doi.org/10.3917/cnmi.151.0028Notes
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[1]
Université de Sherbrooke - Faculté d’éducation - Département de psychoéducation 150, place Charles-Le Moyne - bureau 200 - Longueuil (Québec) J4K 0A8 Téléphone : (450) 463-1835 poste 61748 - Télécopieur : (450) 463-1839
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[2]
Par agression sexuelle dans l’enfance, on entend l’agression sexuelle envers des mineurs, soit les enfants âgés de moins de 18 ans.
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[3]
Le terme « survivant » d’agression sexuelle utilisé dans ce texte est une traduction du terme « survivor » couramment utilisé dans la littérature anglo-saxonne. Les mots « victime » et « survivant-e » figurent dans ce texte, mais l’auteure reconnaît leurs limites. Ces termes désignent dans le cadre de ce texte une personne adulte qui a été victime d’une agression sexuelle dans l’enfance (avant 18 ans) et ne renvoient pas à une conception idéologique précise.
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[4]
Renvoie à tous services d’aide reçus par un professionnel du domaine psychosocial ou de la santé. Ces services peuvent inclure ceux reçus dans un contexte d’autorité (par ex. : services de protection de l’enfance) ou sur une base volontaire (par ex. : psychothérapie individuelle, suivi médical en santé mentale).