1 Turing inventa les grands ordinateurs qui, lors de la Seconde Guerre mondiale, contribuèrent à la défaite du Reich hitlérien. Persécuté pour son homosexualité, il croqua une pomme empoisonnée. Cette pomme est aujourd’hui croquée sur le dos de millions d’ordinateurs. Les symboles ont la peau dure : ils durent des millénaires, depuis que le fruit du savoir fut croqué au jardin d’Éden. Ce fut l’heure de notre exil empoisonné, et la date de naissance de notre humanité – toujours déjà hypermoderne. Le savoir est un pharmakon (Derrida, 2003), poison et remède. C’est cette drogue dont l’overdose pourrait suicider notre poésie intime : ses données refoulent notre inconscient édénique, lui qui fut et demeure le premier des poètes : il répète et fait rimer notre vie actuelle et nos amours avec notre enfance. L’abri de la subjectivité ? C’est le rêve. Regardez un nouveau-né ! Dès le premier jour il est langé dans les déterminismes familiaux et culturels. Et dès la première nuit, il rêve du contraire : il pousse de petits cris, il rit, il pleure tandis qu’il rejoue sa journée à l’envers, et cette fois-ci à son profit, en devenant son héros.
2 Comment s’opère ce retournement libérateur, sinon en refoulant les déterminismes d’Éden ? Il fallait se lancer d’urgence dans la course au savoir, qui recouvre à chaque instant notre musique, ce témoin de notre subjectivité d’origine. Cette musique précède le savoir, qui, sans elle, nous noierait. Au début du christianisme, saint Paul recommanda de « parler en langues [1] » dans des chants glossolales incompréhensibles, au jour de Pentecôte. Le prophète Muhammad exigea des convertis qu’ils apprennent l’arabe, car le Coran ne se traduit pas. Sans la musique de la prophétie, sa lettre reste morte : écoutez le chant d’un muezzin ! Il te faut cette musique, car si tu oublies comment faire sonner ta poésie, tu deviens le zombie d’un savoir vide, ou plutôt d’un savoir qui t’avalerait et te recracherait comme un trognon de pomme. Mais, même réduit à l’état de toxicomane, ne restes-tu pas toujours prêts à rebondir du fond de tes rêves ? C’est du plus profond sommeil qu’ils surgissent : ils disent que ce n’est pas fini, que tout recommence. Tu n’oublieras jamais Éden. Tu sais qu’Éden est pour demain. La Torah t’a raconté des histoires à dormir debout. Éden ne fut pas au début : il se profile à la fin. Le savoir – ton propre enfant – ne t’avalera pas. Mon Éden onirique n’est pas un refuge, c’est ma vraie vie, le topos le plus escarpé de ma subjectivité : il m’oriente dans ma vie éveillée, alors même que je l’oublie, et que je crois agir en toute raison. Le plus irrationnel l’est tellement qu’il ne se voit même plus, mais il ordonne le rationnel dont les connaissances procèdent.
3 Pour avancer sur cette route de la rationalité, nous avons laissé derrière nous notre paradis intime. Mordre dans la pomme, c’est se mettre à parler. C’est pareil de dire « Au commencement était le verbe » ou bien « Au commencement était l’acte ». Pas plus tôt posé, l’acte de parole cherche à justifier celui qui parle en nommant les choses aussi bien que Dieu le fit. Quel hubris ! L’impudent Adam mérita d’être puni, lui et sa descendance ! En exil d’Éden, nous avons ainsi laissé de côté la poésie de nos rêves et nous partîmes à la conquête du monde : nous avons pris la place de Dieu, qui le créa en le nommant, nous qui le nommons à notre tour, nous les déicides enivrés !
4 La Torah, le Nouveau Testament, le Coran, furent les premières machines virtuelles, avec moins de prétentions que le gang Big Data : Google, Apple, Amazon, Facebook, qui a étendu son empire à grande vitesse. Il a mis à notre portée une connaissance universelle qui peut nous empoisonner autant que nous libérer. Sir Google tient la banque de données ; Mister Apple estampille les modestes ordinateurs ; Lord Facebook a en main la clé des réseaux sociaux ; quant à Miss Amazon, elle porte bien son nom de chasseresse ! Certes, Big Data n’est pas un sujet qui décide. Il n’a pas de volonté propre. S’il tombe aux mains d’une puissance politique ou commerciale, obéit-il à ces maîtres ? Mais il leur obéit déjà ! Et puis, il faut prendre cette servitude en diagonale, car Big Data peut aussi bien asservir que libérer. Il donne tout en cherchant à posséder. Et quand bien même prendrait-il, il reste un pharma-kon. Depuis que je suis né, un monde virtuel guida mes pas. Vivre la tête en l’air est une nécessité de la vie terrestre. Cela fut toujours ainsi. Personne ne se tient droit ni ne se met à marcher si sa tête n’est pas tirée vers le ciel. La marche n’a rien de naturel. C’est une chute en avant où chaque pas rattrape le présent. Seul le rêve nous mit debout, prêt à nous envoler. J’ai été de l’avant en rêvant d’avant : c’est la double face du pharmakon, que Big Data – ce gangster du virtuel – met à mon service, en espérant bien m’avaler. Mais je peux aussi m’en servir pour m’agrandir.
5 Big Data a-t-il forgé une nouvelle subjectivité (Lebrun, 2009) ? En tout cas, aucune psychopathologie spécifique ne la traduit. La supposition d’un hyperhédonisme effréné de notre société ne résiste pas à l’examen, même superficiel, de l’existence quotidienne d’une exceptionnelle dureté. Il est vrai que les romans, le cinéma, et même la littérature spécialisée, décrivent des héros avides de jouir sans limites, ici et maintenant. Mais cet imaginaire médiatisé sur les écrans de la société du spectacle correspond-il à la vie telle qu’elle se passe ? Ce sont des images qui cherchent à infiltrer, à supplanter la vie rêvée, à l’annihiler. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre se déroule une lutte acharnée entre les managers d’une société du spectacle et les rêves solitaires de chacun, qui ne reprennent leurs droits qu’à la nuit. Big Data lutte pour supplanter les rêves et cherche à étendre une hégémonie totale. Voilà l’« opium du peuple » hypermoderne, dont Marx n’aurait pu imaginer qu’il reprendrait avec autant de puissance le rôle opiacé des religions. C’est le nouveau catéchisme des enfants, et il en métamorphose beaucoup en zombies aux yeux vides, dont on se demande s’ils auraient largué les amarres du quotidien.
6 Il existe une sorte de lutte des classes entre Big Data et les rêves solitaires qu’il cherche à réduire, à encager derrière les écrans où ils gesticulent. Les managers inventent de nouveaux héros, qui ont l’allure d’une sorte d’avant-garde, enfin libérée des soucis de ce monde. À l’âge adulte, le boulimique de télévision ressemble assez à un autiste, ou bien à un migrant en perpétuel voyage, tandis qu’il zappe jusque tard dans la nuit. Les managers qui poussent les pions d’une uberisation généralisée font grand cas de ces sortes de héros, qui ressemblent tellement aux perdants que nous sommes, mais qui, bien que solitaires, finissent par gagner la partie à notre place. Métamorphoser des perdants en héros, les managers aiment ça ; c’est la nouvelle religion qui, comme le Christ le promit, fera « des derniers les premiers [2] », à condition de mourir d’abord derrière la vitre d’un écran par exemple. Pour gagner la partie sur le terrain hégémonique du rêve, ils sont même prêts à adopter les migrants, les délinquants ou s’il le faut les autistes : ils font partie d‘un paysage mental libéral qui préfère héroïser leurs malheurs, plutôt que ce qui unit les rêveurs aux autres rêveurs. Pour étendre leur empire, les managers s’appuient sur une sorte d’aspiration à en finir, à se retrancher d’un monde cauchemardesque. Ils promettent la fin du monde pour aujourd’hui : « Envole-toi dans nos écrans ! Tu seras mieux ! ».
7 Le rêve d’être retranché du monde n’est pas vraiment nouveau. Les religions et les philosophies l’ont déjà promis. Il y a longtemps en Grèce, Diogène s’enferma dans un tonneau. Pendant des siècles de chrétienté, les moines disaient adieu au monde, avec comme machine virtuelle les Évangiles. Ils faisaient vœu de silence, de s’abstenir de vivre. À Kiev, j’ai vu des tombeaux creusés à cinquante mètres sous terre, où de jeunes moines s’installaient vivants à l’âge de 20 ans. Au Japon, les Hikikomori font une retraite identique dans leurs chambres d’enfants. À Paris, bien des adolescents font de même devant leurs écrans. Il ne faut pas s’y tromper, c’est un geste toujours déjà hypermoderne, qui doubla la vie depuis le début du temps. Ce retranchement virtuel modifie-t-il la subjectivité ? Non, car en réalité, dès que l’on se trouve en face-à-face avec n’importe laquelle de ces figures contemporaines, quel nouveau symptôme viendrait en témoigner ? Dès que quelqu’un rencontre quelqu’un, dès que la glace est rompue, et dès que s’ouvre un dialogue, l’increvable Œdipe affiche sa jeunesse et montre ses muscles. La machine psychique est la même, elle correspond toujours à la névrose, à la psychose, ou à la perversion, et l’on attend toujours de voir apparaître une pathologie qui serait propre à la postmodernité.
8 Ce concept de postmodernité a été souvent critiqué. Car il a joué longtemps un rôle d’avant-garde de l’idéologie libérale, qui aimerait tant que les grands récits et la lutte des classes ne soient plus que des scories du passé. C’est ce qu’écrivit Francis Fukuyama, lorsqu’il publia La fin de l’histoire et le dernier homme (2009). Voulez-vous rencontrer le dernier homme ? Rien n’est plus facile ! Regardez quelqu’un les yeux rivés sur sa télévision ou son ordinateur. En plein désespoir, il cherche à se noyer dans l’écran, lui le dernier homme. Quand il relève la tête, il revient de si loin, avec ses yeux clignotants, que c’est comme s’il était le premier homme, lui qui était le dernier. Tout pourrait recommencer à partir de ce premier homme au cerveau lessivé. Faites cette expérience, la prochaine fois que vous regarderez la télévision avec quelques personnes, ou même en sortant du cinéma : une fois le flot des images interrompu, les spectateurs émergent en silence. Ils clignent des yeux comme des hiboux, ou des astronautes de retour d’une autre planète. Ils sont parfois de mauvaise humeur en foulant cette terre où l’amour les déçoit. Ils ressemblent à des drogués brusquement sevrés. Une majorité incroyable de gens est addict à cette drogue dure, qu’ils préfèrent aux aléas du désir terrestre. En comparaison, ce désir aux pieds plats clopine et semble fade. Il laisse tout juste clignoter quelques éclairs, en ces points de fissures où un peu de poésie jaillit. Ça sort comme un éclat de rire à la jointure de deux phrases. Qu’est-ce que ce rire, qui témoigne d’un désir qui veut, mais ne veut pas ? C’est la grande peur muette devant l’amour vu de face, à petite distance, et pourtant toujours trop loin. C’est la terreur du rapport sexuel, qui résoudrait le complexe d’Œdipe : lorsqu’ils font l’amour, un homme et une femme ne sont plus des enfants. Ils échappent à leurs parents. Le « rapport sexuel » dissipe un instant les malheurs d’Œdipe et laisse derrière lui et papa, et maman. Il libère une subjectivité orpheline en prise avec les autres actes créatifs, que ce soit l’invention quelconque, le poème, une belle peinture, un chant magnifique. Ça sort de la matrice d’une subjectivité qui vient de se libérer. L’amour le premier est une invention magique. La « sublimation » n’est pas une déviation ou le tenant lieu d’une sexualité refoulée, car le sexuel est sa base de lancement.
9 Devant cette liberté enchantée, mais solitaire, le nouvel Adam se prend à craindre le Dieu jaloux qui, depuis le début des temps, a jeté l’anathème sur le rapport sexuel. Son papa hypostasié en Père Éternel le tient à l’œil ! Se mettre devant l’écran, c’est oublier ce regard. C’est regarder ce qu’il se passe, épier la scène de l’affrontement comme un voyeur. Car le virtuel n’en finit pas de montrer la scène de guerre, l’heure du crime, la scène du coït, l’affrontement sportif où il y a un gagnant et un perdant. C’est prendre la place d’un père qui regarde, en somme. Mais quel drôle de père ! Ce zombie prométhéen a du mal à redescendre du ciel de son écran pour mettre les pieds sur terre.
10 Fukuyama ne s’aperçut pas que Big Data était le nouvel opium du peuple, le démiurge de l’homme qui n’a plus rien à espérer, sinon se noyer dans un flot d’images. Fukuyama annonça seulement avec force que pour les lendemains qui chantent, il fallait repasser. Pourtant faire silence, ou décréter que l’histoire s’achève en finit-il avec elle ? Jean-François Lyotard (1979) a apporté un souffle philosophique à cette idéologie. Il a donné une valeur de vérité à une subjectivité qui, en effet, venait de changer d’époque : il fallait bien le constater avant même de savoir en quoi. Ces constats furent aveugles aux luttes qui continuaient de se dérouler sous les fenêtres des idéologues. Ils furent sourds aux bruits des guerres renaissantes, simplement parce que les médias stipendiés firent silence.
11 La promesse qu’un homme nouveau qui pourrait supplanter le dernier n’est pas pour rien dans le charme de Big Data : il promet une Apocalypse subjective sur écran ultraplat. Le virtuel fascine, lui qui actualise une mort subjective. Ce serait si bien de se rattraper en un clic et de disparaître ! C’est bizarre, mais cette mort d’emprunt tapie au fond de l’écran efface celui qui s’y évanouit et promet en même temps un univers où tout est possible, dionysiaque (Sergent, 2016). Les horreurs du monde sont transfigurées et glorifiées en un univers où le désir s’est enfin dépassé, laissant celui qu’il habite dans un état de mort apparente. Cette sorte de vie sucée par la mort laisse loin derrière elle les amours, les amitiés, la famille, la société, dans une sorte d’orgie de vide, celui d’un opium plus que parfait : toujours déjà passé, limbique. Cette fin du monde est un rêve hypermoderne, qui n’innove que par sa radicalité : il surclasse la promesse d’une apocalypse climatique ou d’une menace thermonucléaire, ou l’imminence d’une crise bancaire. Sur quoi repose une telle fascination, sinon sur le désir secret d’en finir ? La vie véritable est toujours en retard sur ce qu’elle veut et elle se soulage ainsi d’elle ne sait de quoi et elle prend le risque d’en mourir pour, peut-être, renaître nettoyée.
12 Ce jeu est une sorte de drogue interne : il produit de la dopamine dans l’excitation de se rejoindre. Se droguer cherche souvent à dépasser un retard sur soi pour se rejoindre. Le jeu avec le virtuel est tenté par ce flirt en prenant le risque d’une disparition, alors qu’une renaissance était recherchée. Il fallait tenter de rejoindre le point de fuite, qui est en avant de nous et toujours recule, comme la perspective sur l’horizon. Mais est-ce bien prudent en embrassant sur la bouche ce monstre objectivant, déguisé aujourd’hui en Big Data ? Big Data est toujours prêt à nous saouler encore mieux que nos rêves. Un petit verre pour la route ? Cela ne te fera pas de mal : « Allez ! Remplis mon verre ! Sers-m’en encore une rasade, Big Data. Et trinquons ensemble avant de nous séparer ! Merci pour ta gnôle ! Mais je te connais, vampire : ta geôle est prête à se refermer sur moi… Big Dracula ! »
13 D’où tomba cette subjectivité contemporaine ? Au fond, seul son somnambulisme la différencie de ses sœurs du passé. Lorsque la vie psychique commence, le sujet rêve, il décolle de son corps et il vit dans le virtuel. Sans ce virtuel, il meurt : il faut qu’il se raconte des histoires. Lorsque ces histoires se collectivisent, elles fondent des croyances qui affirment toutes la suprématie de la vie spirituelle. Si l’on voulait localiser le sujet de l’histoire, il se trouverait à mi-chemin de l’autre de l’amour, auquel il parle. Depuis toujours, les religions surtout – et bien des philosophies aussi – ont situé le « sujet » hors de son corps, au-dessus de lui ou hors de lui sur Terre. Car les matérialistes n’en disconvinrent pas, eux pour qui la subjectivité résulte et résiste à l’ensemble de ses déterminations historiques : s’il en allait autrement, l’histoire aurait fait du surplace. Le rêve d’une vie meilleure ou plutôt d’une autre vie fait partie du virtuel avant de s’actualiser. Le surplace ne fut jamais le genre de l’histoire, sauf pendant quelques millénaires chez les pharaons et dans l’Empire du Milieu.
14 Nous avons toujours eu – nous aurons toujours – soif de quelque alcool pour nous dépasser et nous rejoindre. Ainsi en va-t-il lorsque nos propres fulgurances nous font rire de bonheur. Notre meilleur alcool, c’est celui de nos rêves lorsqu’ils nous illuminent. Mais alors ce sujet serait-il suspendu dans le vide ? Mais pas du tout ! Cet acrobate virtuel se balance dans le mi-temps de la parole, qui est matérialisable en sa phonologie. Elle laisse ses empreintes sur le cerveau, mais, pour s’actualiser, elle réclame la présence terrestre d’un interlocuteur quelque part. C’est un matérialisme vérifiable (Pommier, 2010). Les enfants auxquels personne ne parle meurent. Leurs neurones périclitent. Les expériences d’isolement volontaire le démontrent aussi : rester sans parler à personne rend fou. Il faut avoir des œillères – comme certains imposteurs qui se réclament des neurosciences – pour croire que les gènes programmeraient tout seuls l’existence du sujet : les calculettes intracellulaires des gènes formatent jusqu’à un certain point l’organisme, mais ce ne sont que des instruments qui n’anticipent sur aucun comportement, pas même celui des animaux, qui ont chacun leur caractère. Les thèses naturalistes (génétiques ou neurodéveloppementales) ne sont qu’un nouvel eugénisme (Pichot, 2009) pire que le racisme, qui ne retient que la couleur de la peau et la forme du nez.
15 Ce sujet « hors de lui » est tiraillé entre son amour – son obéissance à la culture dans laquelle il est né – et sa rébellion contre cet amour. Cela prend du temps avant que ça avance, parfois des millénaires, durant lesquels la guerre prévaut. Finalement, la rébellion est toujours la plus forte et elle matérialise l’hégémonie de la sorte de virtualité de la vie inventée. La psychanalyse a montré, elle aussi, que le sujet campe hors de lui, et surtout pas dans son cerveau. Les résultats des neurosciences sont aujourd’hui détournés par des imposteurs qui voudraient faire croire que nous naissons de nos cerveaux, de nos gènes plutôt que de nos rêves partagés : c’est le moment où une fausse science s’avance main dans la main avec Big Data. Elle cherche à couper les ponts avec les rêves d’enfance, avec les rêves communs. Les neuropresti-digateurs hurlent : « Mais non, tu es tout seul ! Cesse donc de tendre la main à quelqu’un ! Tu n’y peux rien, accepte les diktats de ton cerveau où tout est déjà programmé d’avant même ta naissance, du fond de ta race, qui est la seule coupable de ce qui t’arrive ! Entre les ordinateurs de Big Data et ceux de ton cerveau, ton destin est déjà écrit ! Nous savons le lire et trouver pour toi la meilleure niche ! »
16 Le « sujet » n’est donc pas dans le cerveau : il est suspendu « dehors » dans le « milieu » de la parole : elle lui échappe dans le milieu de ce qu’il dit. Lorsque nous parlons, nous ignorons comment nous allons terminer nos phrases. En parlant à quelqu’un, nous apprenons ce que nous pensons. Ce milieu de la parole est assez étrange – accroché à sa matérialité phonologique. C’est le moment où celui qui parle bafouille, lâche un lapsus ou même n’arrive pas à finir sa phrase. C’est si facilement vérifiable dans la petite histoire de chacun, où c’est comme ça que nous grandissons, à proprement parler, hors du terrier de la pensée solipsiste. Nous grandissons dans les hachures de ce qui bafouille. Et dans la grande Histoire, n’est-ce pas pareil, lorsque tout d’un coup ça bafouille, qu’une petite étincelle quelque part embrase toute la plaine comme l’écrivit Mao, quand les rêves solitaires, brusquement brûlent ensemble. Il faut bien qu’ils aient eu depuis toujours quelque chose en commun. Pour se propager si vite, ils devaient s’être rassemblés en haut du ciel des rêves, pour d’un coup pleuvoir comme un orage.
17 Big Data ne connaît que ce qui est déjà là. Le sujet contemporain porte toujours en lui sa division entre son désir rêveur et ce qui le détermine : c’est le stock de données de Big Data qui peut le retenir en arrière : il dit, voilà ce qui est jusqu’à maintenant. Tu n’as qu’à t’y conformer : No future [3]. Il n’y a plus qu’à obéir aux données stockées par ses soins ! Bien plus fort ! Il se propose de remplacer la pensée : son intelligence artificielle ne dépend que de ce qui est déjà passé, ou est tout juste présent. Big Data ne rêve pas. Les jeux qu’il propose aux enfants les formatent à l’avance aux interminables guerres. Est-il si étonnant qu’un grand nombre de jeux vidéo mettent en scène la guerre et son affrontement enivrant ? Ils shootent à l’avance ceux qui vont partir au combat, celui où l’homme exalté croit se dépasser en affrontant la mort. Combien de pilotes de nos avions de chasse dans le ciel du Moyen-Orient décollent à peine de leurs consoles avant de décoller sur leurs avions ? Combien de jeunes djihadistes partent en guerre comme si c’était la suite de leurs vidéos ? Avant d’agir, ils volaient déjà plus haut que les malheurs qu’ils provoquent désormais en vrai. Les acteurs étaient déjà sous hypnose et quand ils partirent à la guerre, les combats prolongèrent ce qu’ils avaient vécu sans le vivre sur écran. Dans ce monde hypnotique, aucun crime n’aura eu lieu, ou alors sans plus de réalité qu’une vidéo.
18 Big Data n’écrira jamais un seul poème. Il donnera peut-être les détails anatomiques précis de ce qu’il se passe quand un corps en prend un autre dans ses bras. Il fournira sur-le-champ la plus proche adresse où il est possible de se rencontrer et de copuler, grâce à un site de rencontre ou à un autre. Mais Big Data ne tombera jamais amoureux. Il proposera même la recette pour éviter ce dégât collatéral.
19 Big Data a la plupart des vertus des religions anciennes qui furent l’opium d’un peuple endolori. Mais à mieux y regarder, Big Data n’est pas à leur hauteur Les religions promettaient une survie. Big Data trouve plus économique de se contenter d’une sous-vie.
20 Il faudrait maintenant comprendre ce qui fait la puissance extraordinaire de l’image vue, qui peut surclasser les images que nous fabriquons pendant nos rêves, et qui dirigent notre vie éveillée à notre insu. Une sorte d’hallucination interne commande notre désir. Une fois éveillé, nous voyons à travers les choses ce que nous avons rêvé. C’est la source de notre déraison quotidienne, le Wunch hallucinatoire comme Freud l’a si bien montré dans son texte sur la « Gradiva » (1992). L’image capitalise à elle seule la puissance des autres pulsions du corps. La voix est la maîtresse des mots sans doute, mais elle se tait si elle ne voit pas le visage auquel elle s’adresse. Les pulsions du corps – à elles seules – tournent en rond ; la nourriture, la propreté, le regard, la voix… vivent au rythme des sensations qui résonnent selon leur propre infini, instantanément universel : la voix court à la vitesse du son (360 m/s). Le regard se déplace aussi vite que la lumière (300 000 km/s). C’est l’infini actuel qui fait rimer en un instant l’univers des sensations. Ainsi naît le sujet du rêve, rétracté sur son ombilic opaque, maître de cette « substance étendue », qui commande aussitôt le lent cheminement de la « substance pensante » (Descartes, 1937). Entre la vie pulsionnelle – de nos sensations – et la poussive avancée de nos pensées, nous vivons au jour le jour la sorte d’adossement d’un infini qui regarde en avant de lui : c’est le véritable auteur du sujet. La vision est ce démiurge de la conscience qui est pourtant lui-même inconscient, puisqu’elle précède la pensée ! Cette subjectivité est en avant du corps et elle se propulse elle-même « hors Tout » : « hors corps », « hors monde », et même « hors langage ». Le sujet de l’énonciation habite cette demeure, suspendu à la vision : ce n’est pas celui de l’énoncé.
21 Le cri émis par la bouche revient par l’oreille. C’est un retour en boucle effrayant, qui fait qu’un enfant continue de crier parce qu’il a crié. Heureusement, la pulsion « orale » a une échappatoire grâce à la nourriture, qui passe elle aussi par la bouche. Lorsqu’il tète, le nourrisson incorpore son propre cri et il ravale sa terreur. Mais la bouche ainsi mise en boucle ne s’arrête pas là : il faut rejeter toujours plus loin cette angoisse, qui voudrait fuir une phobie spontanée de l’inceste. La pulsion orale passe ainsi le relais à la pulsion anale. Sur son pot, l’enfant domine la situation, royal. Hélas ! Son règne ne dure pas longtemps et bien vite, le caca pue : il sent la faute d’expulser le lait de maman. Le rejet de la pulsion anale est coupable : oui, c’est caca ! Alors ? Vite à table ! Pour se faire pardonner ce dégât : et le tournis reprend sa ronde. L’échec pulsionnel a ainsi relancé son propre circuit. Aussitôt, il faut manger selon une circularité pulsionnelle aveugle – qui d’ailleurs court-circuite la subjectivité (il est bien difficile de s’empêcher de manger, mais il faut dire que c’est une tentation constante de l’ascète comme du moderne végétarien). Ça tourne en rond de la pulsion orale (musicale) à la pulsion orale (cannibale) et puis à la suite de cette musique lactée, il faut pousser dehors l’excrément libérateur. Ça ne marche pas trop non plus, car cette pulsion anale laisse derrière elle un vide mélancolique, et il faut à nouveau incorporer, dévorer à bouchée double – et la voix, et sa parèdre comestible.
22 Non, ça ne marche pas ! Que faire alors, sinon attraper un autre corps, pour lui faire subir le même sort ? C’est ce qui s’appelle l’amour – du moins lorsqu’il naît. La pulsion tournerait en rond sans fin, n’eût été l’emprise d’un semblable qui fascine – même en sa seule virtualité. C’est l’écran d’emprunt de « l’amour pour toujours », qui délivre ce mourir d’amour auquel les pulsions aspirent. Elles en ont assez de traîner derrière elles ce corps vivant sa vie obscure, et elles sont prêtes à en finir. Les pulsions s’enragent dans la prison du corps, elles qui ne demandent qu’à mourir. Elles n’arrivent pas à se satisfaire sur ce corps persévérant dans sa stupide existence. Que faire pour s’en débarrasser ? Il faut se saisir d’un autre corps, bien sûr ! Ainsi naît la « pulsion d’emprise » : c’est le baptême de l’amour qui cherche à agripper le Nebenmensch pour soulager son cannibalisme natif : « Je t’aime, je te mange. » Cette soif d’amour implacable ne connaît qu’un seul maître : le semblable que l’on voit. La pulsion scopique est l’alibi terminal du circuit infini des pulsions. « Alibi » veut dire : « je suis ailleurs, là où je vois celle que j’aime ». Quel soulagement de me débarrasser de moi en aimant ! « Je est un autre », écrivit Rimbaud [4], et ceux que « je » vois, que j’aime et que j’approche, « je » les embrasse. Du bout des lèvres « je » leur colle en pleine figure ma pulsion orale. Grâce à eux que j’ai vus, je vis ma vie d’éternel amant. Et c’est ainsi que la vision devient l’échappatoire, le point de fuite du circuit des pulsions, la porte de sortie de l’infini actuel, une fascination sans fin : c’est elle qui va donner sa puissance au virtuel.
23 Ce virtuel qui double l’amour donne ses lettres de noblesse à Big Data : il offre une connaissance universelle en puissance qui est appropriée par un regard actuel. Si puissante qu’en lui l’amour pourrait se perdre, va se perdre, est perdu – pour qui resterait pris dans son écran. Sa passion l’aura perdu, comme les autres passions qui désossent un passionné jusqu’à la moelle. C’est le plus grand amour de la pomme tendue par Ève, ce pharmakon dont celui qui l’a mordu peut mourir. Mais n’est-ce pas pour renaître enfin ? Après tout, le « refoulement originaire » ne signifie-t-il pas que le corps jouissant doit s’oublier pour naître à sa vie de rêve, celle du désir ? Le désir est premier et la jouissance est ce fardeau qui, depuis le début, pourrait nous noyer (depuis maintenant).
24 La pulsion d’emprise donne au regard une importance extraordinaire, comme si elle allait consoler l’amour. La personne aperçue déplace et rompt la circularité des autres pulsions. Elle campe au centre de la fascination. C’est voir apparaître le port là-bas sur l’horizon. La visibilité de l’amour donne une grande puissance à l’image, qui devient le point de perspective du virtuel. L’image fascine à la mesure de l’emprise amoureuse, qui vire au tourment constant. L’amour et l’image qui le fascine sont des jumeaux. Il faut se voir, même un instant. Il faut avoir dans son portefeuille une petite photo, entre-temps.
25 C’est ici que s’ouvre le piège du virtuel et des écrans. L’image et l’amour naquirent enlacés, de sorte que si l’amour se refuse, le piège de l’image se referme sur celui qui la regarde. Un enfant reste d’autant plus puissamment capté par l’écran que ses parents l’ont installé devant pour ne pas avoir à s’en occuper. Que va penser l’enfant ? Peut-être que ses parents ne l’aiment pas. Il arrive que cela soit le cas. La télévision remplace la baby-sitter ou même l’éducatrice. Il ne lui manque que des yeux, un visage et une voix rien qu’à elle. Mais que l’enfant soit aimé ou non, l’amour reste toujours en manque de lui-même. L’amour s’autotraverse. Quand il s’élance, il est trop grand, éclaireur perpétuel de ce qui s’aime, toujours au-delà de ce qui peut se saisir, il est plus loin que ce qui se prend par la main. C’est l’expérience commune : bien des amants hésitent avant de dire « je t’aime ». Comme si prononcer ces mots allait tuer l’amour. L’amour déclaré s’autotraverse-t-il ? Préfère-t-il habiter une infinie potentialité ? Ce défaut d’un amour qui s’autotraverse ouvre le gouffre de la captation par l’image, surtout si elle met en scène le héros qui s’en moque, et si elle montre le scénario du guerrier solitaire. Surtout si elle raconte l’histoire d’une sorte de double héroïque de l’enfant, alors que lui-même reste prostré dans le sofa ; surtout si elle montre les exploits d’un amant à un adolescent effrayé par l’autre sexe ; surtout si elle met la scène érotique sous les yeux d’un homme ou d’une femme qui y ont renoncé. Plus l’amour prend ses distances à l’égard de lui-même, plus il sera « de loin », et plus le virtuel lui montre une scène qui l’anesthésie. Celui qui disparaît dans l’écran ignore qu’il est perdu d’amour. « Mourir d’écran » est moins douloureux que « mourir d’amour ». Ce point de fuite de soi dans l’image est l’apex du sujet. C’est une sorte d’envers lumineux du point noir, poème de Gérard de Nerval – poisson du grand Océan.
27 Quand le soleil de l’amour s’est éteint, il laisse derrière lui cette sorte de point noir. Comme Nerval, qui un jour se pendit, le sujet meurt à la vie lorsque la sensation, la Sache an sich kantienne (2006) nous aspire et nous fait disparaître dans son but, et que le désir meurt par contumace dans les histoires en vidéos. Ce point hallucinatoire porte un nom dans la théorie de Lacan. C’est le fameux objet a (Lacan, 1994), qui est devenu depuis le fourre-tout de l’obscurantisme.
28 Une fois délimitée la place de la vision et de l’amour, on aperçoit les limites de Big Data. Big Data n’est pas un sujet. Il n’a pas de volonté propre. S’il tombe aux mains d’une puissance politique ou commerciale, obéit-il à ces maîtres ? C’est trop vite dit, car Big Data peut aussi bien asservir que libérer. Il donne en cherchant à prendre. Et quand bien même prendrait-il, il reste un pharmakon. Mais ce n’est pas tout ! Celui qui redescend sur terre a changé, car sous l’hypnose des écrans, les liens de la famille, de l’amour, de l’Église, du Parti, se sont dissous au moins un instant, et le sujet qui en émerge n’est plus le même.
29 Les grands voyageurs, ou les navigateurs qui rentrent au pays ont du mal à marcher sur la terre ferme, mais le rêveur n’oublie pas ce que Big Data lui apprit : c’est un sujet rajeuni, plutôt que nouveau.
30 C’est la dernière mode de l’Adam rajeuni sortant interminablement d’Éden. Ce qu’il voit en débarquant de Big Data ne lui convient pas, et en ce sens guerrier le concept « post-moderne » reste des plus actuels. Les grands récits prennent un nouveau départ et ils resurgissent de leurs nappes phréatiques, mais en plus grand. Devant les images, nous étions des crapauds, mais si nous leur échappons, nous voilà métamorphosés en princes. Nous, les Iconodoules, sortons de l’image avec la force des Iconoclastes. Double face, l’image : eidolon... nous capte peut-être, mais c‘est pour renaître enfin débordante d‘idées... Eidolon. Nous émergeons de l‘hypnose dans cette hyperclarté : n‘est-ce pas celle qui qualifie l‘hypermodernité ? Elle annonce un siècle des Lumières rajeuni, armé des connaissances volées à Big Data – comme l’éclair le fut à Zeus par Prométhée : c‘est le nouvel arbre du péché. En croquant son fruit, nous pouvons nous dépasser, armés de ce virtuel, dont nous fûmes les esclaves. Un sujet toujours plus hyperclair – überKlar – n’a rien perdu de ce qui l’empêtra dans la psychose, la névrose, ou la perversion. Ce n’est pas larguer ses amarres, mais en faire quelque chose. « Seul ce qui est improductif est pathologique », écrivit Stefan Zweig (2013).
31 Une subjectivité nouvelle se dégage d‘anciens carcans, qui se traversent devant l‘écran. C‘est une remise à neuf, hypermoderne comme en Éden. En réalité, toute drogue promet une mort en attente de Résurrection. Elle plonge au plus profond du rêve, source de toute action : elle en émerge avec une puissance poïétique, maîtresse anonyme de l’acte. Le sujet qui émerge du plus profond de son rêve aspire à tailler le monde à ses mesures : il « tend la main » comme l’écrivit Celan, car un poème veut rimer avec celui qui l’entend.
32 Notre virtuel le plus intime en appelle au partage. Il manque toujours une rime à un poème, celle de son lecteur. D’ailleurs, nous ne pouvons entendre notre propre poésie – c’est-à-dire d’abord les répétitions de notre inconscient – qu’en en parlant à quelqu’un. Sinon nous restons sourds à nous-mêmes. Verlaine (1938) écrivit qu’il faut préférer l’impair : seule la poésie ébréchée, ouverte au lecteur, en est une.
33 Le virtuel si puissant des rêves précède le présent et pousse à le transformer. Dans cette guerre du désir contre ce qui hait, nous jouons notre partie, en nous servant des données d‘un savoir approximatif, celui auquel Big Data donne une enflure prométhéenne : il ressemble au génie qu‘Ali-Baba fit surgir d‘une bouteille, ou que Faust (2014) rencontra en Méphistophélès. Pour prix de ses services, Méphisto demanda son âme à Faust. Et Big Data la demande, lui aussi. Il rapte les âmes, lorsque celui qui voulait le commander devient son esclave. L’infinité de ses données suce sa poésie, il métabolise un rêve qui est celui d’autre chose. Mais de quoi ? En tout cas de ce qui hait. C’est déjà ça.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : rêve, Big Data, nouveaux symptômes, Jeux virtuels, amour, postmodernité
Date de mise en ligne : 13/03/2019.
https://doi.org/10.3917/cm.099.0055