Notes
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[1]
J. Lacan, Autres Écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 331 et 453. Encore plus parlante est la dédicace de Lacan à Kojève dans le du numéro 1 de la revue La Psychanalyse datant du 13 juillet 1956 : « Pour Kojève qui fut mon maître (vraiment le seul) » et que l’on trouve dans la bibliothèque personnelle de Kojève que sa veuve a donné à la BnF. (http://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/anx_dec/a.d_comme_Dons_archives.html# SHDC__Attribute_BlocArticle6BnF).
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[2]
De manière étonnante, on ne trouve pas Kojève dans l’index de noms propres des Écrits, alors qu’il est cité en note de bas de page.
-
[3]
Notons que Kojève donnait aussi des conférences les vendredis à 17h30.
-
[4]
J’ai demandé à Jean-Claude Milner de m’éclaircir sur le titre allemand, car le mot Wissen n’est pas clair : il m’a donc suggéré le titre du texte de Hegel Glauben und Wissen (Foi et savoir), qui date de 1802, donc avant la parution de la Phénoménologie de l’esprit (1807).
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[5]
R. Queneau, Journal 1914-1965, Paris, Gallimard, 1996, p. 852.
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[6]
M. Galletti, Georges Bataille, L’apprenti sorcier, Paris, éd. de La Différence, 1999, p. 124.
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[7]
Il s’agit d’un brouillon de lettre adressée à Leiris où, en bas de page, on lit la phrase citée (BnF, Fonds Georges Bataille, Correspondance, NAF 15853, feuille n° 92). Ajoutons que la lettre définitive dont j’ai cité le brouillon, a été publiée dans Georges Bataille, Choix de lettres (1917-1962), Paris, Gallimard, 1997 où M. Surya laisse entendre que René Étiemble aurait aussi participé aux réunions chez Lacan, il cite ce propos d’Étiemble : « J’eus parfois besoin de tout mon courage – moi qui écrivait L’Enfant de chœur – pour résister aux scènes et décors que prodiguait Bataille », p. 104, note 3. Cette dernière donnée a son importance.
-
[8]
Je dois cette conjecture à Jean-Claude Milner.
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[9]
En effet, Lacan commencera son séminaire sur L’Homme aux Loups, le cas clinique écrit par Freud, en 1951, à son domicile de la rue de Lille.
-
[10]
É. Roudinesco, Jacques Lacan, Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Paris, Fayard, 1993, p. 147-148.
-
[11]
Annuaire de l’École Pratiques des Hautes Études, année académique 1936-1937, p. 88.
-
[12]
Il en va de même pour les autres intervenants.
-
[13]
H. Wallon, Les origines du caractère chez l’enfant, Paris, Puf, 1949.
-
[14]
J. Lacan, Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 97.
-
[15]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard, 1947, 1re édition, 2e éd. augmentée en 1962, coll. « Tel ».
-
[16]
Dans son Journal, Queneau écrit : « Au fait, Bataille a mes notes du cours de Kojève » (30/09/1939), Journaux, 1914-1965, Paris, Gallimard, 1996, p. 386. On peut imaginer que Queneau n’était pas spécialement prêteur, si l’on pense qu’il gardait ses journaux depuis l’âge de 11 ans, mais ce passage de son Journal prouve le contraire. En tout cas, il aurait pu communiquer aux autres, lors des réunions chez Lacan, ses notes de l’année 1933.
-
[17]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 43.
-
[18]
En vérité, le premier lacanien fut Hegel, comme on peut le lire au début de la Phénoménologie : « Il en est ici comme dans le cas de l’enfant ; après une longue et silencieuse nutrition, la première respiration, dans un saut qualitatif, interrompt brusquement la continuité de la croissance seulement quantitativement, et c’est alors que l’enfant est né », La Phénoménologie de l’esprit, trad. J. Hypolitte, Paris, Aubier, p. 12.
-
[19]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 88.
-
[20]
J. Lacan, « Motifs du Crime Paranoïaque », Minotaure, n° 3/4, 1933-1934.
-
[21]
Hegel traite de la folie, mais ne mentionne pas à son propos, que nous sachions, la notion de crime, La Phénoménologie de l’esprit, « La Loi du cœur et le Délire de la présomption », op. cit., p. 309-314.
-
[22]
J. Lacan, « Propos sur la causalité psychique », dans Écrits, op. cit., p. 171.
-
[23]
Ibid.
-
[24]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 87-88.
-
[25]
J. Lacan, « Propos sur la causalité psychique », op. cit., p. 172, note 2.
Alexandre Kojève
1 On connaît l’importance qu’a eue la rencontre entre Jacques Lacan et Alexandre Kojève dans la formation et l’œuvre du premier, au point qu’il ait pu le considérer comme son seul maître [1]. Lacan, comme bien d’autres intellectuels, parmi lesquels Georges Bataille, Raymond Queneau, Michel Leiris, Henry Corbin, Maurice Merleau-Ponty, Raymond Aron, Éric Weil ont suivi régulièrement les cours de Kojève sur Hegel quand celui-ci a remplacé Alexandre Koyré à l’École Pratique des Hautes Études, dans la section de sciences religieuses. Kojève avait quitté la Russie en 1917 et était allé s’installer à Berlin en 1920 pour étudier la philosophie. Son installation ultérieure à Paris en 1926 où, de 1933 à 1939 il tint son séminaire sur Hegel, le fit connaître du milieu intellectuel parisien.
2 C’est en consultant les Fonds Kojève à la section de manuscrits de la Bibliothèque nationale de France que j’ai trouvé cinq lettres inédites de Lacan à Kojève, qui datent de l’année 1935. Il s’agit de cinq feuilles manuscrites avec l’en-tête du cabinet du docteur Lacan, qui consultait alors dans le 16e arrondissement de Paris. L’état des feuilles est très bon, même si l’écriture est parfois difficile à déchiffrer, le tout se trouve dans la correspondance de Kojève (chemise L). Cette découverte a une importance certaine car elle confirme l’existence d’un « premier Lacan » qui ne doit rien encore à ce qu’on a pu nommer le structuralisme et qui est essentiellement marqué par la philosophie hégélienne, c’est-à-dire par son introduction en France par Kojève. Et même si nous savons de manière approximative le rôle qu’ont pu jouer Kojève et ses cours sur Hegel dans la formation de Lacan, nous connaissons relativement mal la nature de leurs échanges.
3 À cela s’ajoute le fait qu’il n’y a que peu d’occurrences du nom Kojève dans l’œuvre établie de Lacan [2].
4 Dans les années trente, Lacan s’installe comme psychiatre dans le 16e arrondissement de Paris (149, rue de la Pompe), suit une psychanalyse didactique avec Lowenstein et fait le nécessaire pour devenir membre de la Société Psychanalytique de Paris. Parallèlement, et après avoir soutenu sa thèse en 1932 sur le fameux « Cas Aimée », il se forme à la théorie, notamment à la philosophie. Il fréquente également le groupe de surréalistes qui publie la revue Minotaure.
5 Alexandre Kojève, quant à lui, tient un séminaire intitulé « La phénoménologie religieuse de Hegel ». Il s’agit d’une lecture et initiation à la Phénoménologie de l’esprit donnée à l’EPHE, qui avait lieu les lundis à 17h30 [3]. Pendant trois ans (1934-1937), Lacan figure en tant qu’« auditeur assidu » dans les annuaires de l’EPHE : la première année de cours à laquelle il assiste, commence à la rentrée scolaire de 1934. Mais on ne peut pas exclure que Lacan y ait assisté depuis bien avant, comme cela a été suggéré à plusieurs reprises, c’est-à-dire à partir de 1933.
6 La première des lettres adressées à Kojève date du 21 mars 1935, autant dire que la deuxième année du séminaire (1934-1935) est bien entamée et arrive presque à sa fin. Cette première missive est une invitation personnelle pour un dîner chez Lacan. Il s’agit certainement d’une première fois, ce qui prouve que les deux jeunes hommes se fréquentaient mais sans pour autant avoir des liens d’amitié. Pourtant, ce dîner ne se limite pas à une simple rencontre mondaine, c’est aussi une rencontre de travail, puisque Lacan demande à Kojève de l’éclairer sur un sujet précis : « Je vous suis très reconnaissant de vouloir bien me dispenser votre temps et vos lumières sur un sujet qui me touche au plus haut point. » Nous ne saurons rien sur le sujet en question, mais l’on peut présumer qu’il touche à la Phénoménologie de l’esprit et à la place qu’elle réserve à la folie, nous verrons pourquoi.
Les « réunions habituelles » ou le germe du futur séminaire ?
7 L’autre élément qui ressort de ce court échange écrit et qui est sans doute l’aspect le plus intéressant de cette trouvaille, consiste en ce que nous apprenons que Lacan, dès 1935, et sans doute bien avant, organisait des réunions à son domicile, avec différents participants, comme le prouve la deuxième des lettres datant du 31 mars 1935 : « Je me permets de vous rappeler que notre réunion habituelle aura lieu chez moi ce lundi 1er avril à 9 heures du soir. Vous serez le bienvenu parmi nous à l’heure où vous pourrez venir. » Il va sans dire qu’il s’agit des « réunions habituelles » auxquelles Kojève n’assistait pas régulièrement, sans quoi Lacan n’aurait pas besoin de le lui rappeler.
8 La régularité des réunions au domicile de Lacan est évidente dans une autre lettre, celle du 20 novembre, où, en plus de l’information de la constance des réunions, on découvre aussi les probables tensions internes entre les participants, comme nous le verrons plus loin : « C’est bientôt que j’espère reprendre nos réunions de l’année dernière, si ceux qu’elles groupaient trouvent encore de l’intérêt de s’y affronter. » Les réunions chez Lacan commençaient donc en novembre ou décembre de l’année en question, elles avaient lieu souvent les lundis et avaient très probablement une fréquence bimensuelle, comme le suggère la lettre du 17 mai dans laquelle on découvre également que la présence de Kojève devient nécessaire (il s’agit au moins de la deuxième fois que Kojève est convié à participer aux réunions, la première aurait eu lieu après la lettre du 31 mars) : « Cher Monsieur, puisque vous n’êtes pas libre ce prochain jeudi, j’ai réfléchi que je pourrais retarder d’une quinzaine la reprise de ce jour pour nos réunions périodiques. La prochaine aura lieu ce lundi 20 mai et je serais très heureux si vous pouviez l’honorer de votre présence. » Lacan change la date en fonction des disponibilités du philosophe qui doit apporter son savoir, ainsi que les documents qu’il serait le seul à posséder. La suite de la lettre citée à l’instant : « Vous me ferez grand plaisir si vous pensez à m’apporter le texte par vous cité Glauben und Wissen [4] » l’indique clairement.
9 Ce qui doit nous intéresser dans ces relations est l’éventuelle mise en rapport entre le groupe animé par Lacan et le séminaire de Kojève, c’est-à-dire entre Lacan et Kojève. Par exemple, même si celui qui détenait le savoir philosophique était Kojève, parfois les échanges n’étaient pas dans un seul sens, Lacan participait aux séances de Kojève sur Hegel et il y contribuait activement, comme on peut le lire dans ces autres lignes manuscrites. Aussi, on constate que le ton change et qu’une proximité s’établit entre les deux hommes : « Cher ami, merci de m’avoir prévenu de la reprise de votre cours, dont j’étais justement ce temps-ci en train de m’inquiéter. Je serai certainement présent vendredi prochain et les autres (…) au retard près, si souvent impossible à éviter, qui me fait me glisser au bord de la table en plein milieu de votre conférence et dont je m’excuse auprès de vous. Je participerai, dans la mesure de ce que je peux y apporter d’original, aux discussions de travail que vous souhaitez et qui me semblent en effet pouvoir être fécondes » (lettre du 20 novembre 1935).
10 La même lettre fait état de l’écriture du texte de Lacan, « Les Complexes Familiaux » : « Je suis entièrement absorbé pour l’instant par un article dont je vous parlais avant les vacances – sur la famille. » Peut-on confirmer ainsi que le texte publié dans l’Encyclopédie Française est imprégné par un certain hégélianisme kojévien, hégélianisme qui prendra sans doute fin avec la rencontre de Claude Lévi-Strauss après la guerre ? Le Russe, qui traitait du « savoir absolu », était entouré d’une aura de savoir aux yeux de Lacan, aura qui devait sans doute beaucoup au charisme de Kojève et à l’originalité de sa méthode de lecture, comme l’atteste ce propos de Queneau, quelques années plus tard, se référant aux séminaires que Lacan avait commencé au début des années cinquante : « Il [Lacan] fait des commentaires, selon la méthode Kojève, des textes de Freud [5]. » Mais avant de traiter de l’hégélianisme lacanien, disons un mot sur le groupe qui se réunissait chez Lacan.
11 Qui étaient les participants aux « réunions habituelles » et depuis quand se réunissaient-ils ? Ces réunions gardaient-elles quelque rapport que ce soit avec le séminaire de Kojève et, plus précisément, étaient-ce les mêmes personnes qui fréquentaient le cours de Kojève et les réunions chez Lacan ?
12 Il aurait été très difficile de reconstruire les faits et d’avoir quelque idée que ce soit sur les personnes concernées par les réunions chez Lacan si nous n’avions pas à notre disposition un brouillon de lettre de Georges Bataille. En effet, à la Bibliothèque nationale de France, j’ai pu consulter la correspondance de Bataille dans laquelle on trouve un brouillon de lettre, destiné à Michel Leiris, datant probablement de la fin de l’année 1934, selon M. Galletti [6] qui en fait état dans une correspondance publiée de Bataille. Dans ce brouillon de lettre, Bataille écrit : « En ce qui concerne les réunions chez Lacan, je te serais reconnaissant de prévenir Queneau que j’ai l’intention de m’en aller immédiatement s’il y vient [7]. » Cette information indiquerait : d’une part, que les réunions chez Lacan dataient très probablement au moins de l’année 1934 (ce que l’on peut bien imaginer puisque la première des lettres de Lacan à Kojève date du mois de mars 1935) ; d’autre part, que nous connaissons au moins quatre des participants aux réunions chez Lacan : l’amphitryon, Queneau, Bataille, Leiris et, sans doute aussi, René Étiemble ; ensuite, qu’existaient des tensions entre certains participants, comme le suggère aussi la phrase de Lacan que j’ai citée dans une des lettres à Kojève (« c’est bientôt que j’espère reprendre nos réunions de l’année dernière, si ceux qu’elles groupaient trouvent encore de l’intérêt de s’y affronter. ») et, pour finir, qu’ils s’agissaient d’au moins quatre personnes qui assistaient également au cours de Kojève sur Hegel, à cet ajout près que le même Kojève était invité à venir au groupe de Lacan y dispenser ses lumières. S’agit-il d’une sorte de « séminaire bis », parallèle à celui de Kojève proposé par Lacan ? Rien ne nous autorise à valider une telle hypothèse pour la pure et simple raison que ces personnes se connaissaient déjà avant la date du début du séminaire de Kojève. En y regardant de près, l’on constate que ces quatre personnes impliquées dans la lettre de Bataille de l’année 1934 étaient liées depuis quelque temps par le biais du groupe surréaliste qui publiait dans la revue Minotaure. Si à cela on ajoute comme valable l’information selon laquelle Étiemble participait aux réunions chez Lacan alors qu’il ne faisait pas partie du groupe de Kojève, alors on peut affirmer que le groupe qui se réunissait chez Lacan était assez indépendant du cours du philosophe.
13 Que le groupe d’étude ou séminaire chez Lacan existait de manière indépendante au cours de Kojève est également attesté par la deuxième des lettres trouvées où Lacan invite Kojève à se joindre à la prochaine séance : « Je me permets de vous rappeler que notre réunion habituelle aura lieu chez moi ce lundi 1er avril à 9 heures du soir. Vous serez le bienvenu parmi nous à l’heure où vous pourrez venir » (lettre du 31 mars). Autrement dit, Kojève peut y participer, mais la réunion aura lieu de toute manière. En même temps, le « Je me permets de vous rappeler » indique que Kojève est bien au courant de l’existence des réunions chez Lacan et ce, probablement, bien avant la date de la lettre citée. La question demeure sans réponse concernant la date du début de ces rencontres chez Lacan, surtout en rapport avec le cours de Kojève. Raymond Queneau est-il l’intermédiaire entre les deux groupes ? En tout cas rien n’est attesté dans ses journaux de ces années-là.
14 Tâchons maintenant de répondre à la question de savoir s’il s’agit d’une des premières formes qu’aurait pris ce qui allait devenir, quinze ans plus tard, son séminaire. Nous ne pouvons pas exclure cette hypothèse [8]. Le fait que les rencontres se faisaient chez Lacan et que celui-ci était soucieux de faire avancer les questions abordées par le groupe, comme en témoignent les demandes répétées à Kojève, nous pousse à élaborer une telle hypothèse. Que Lacan ait été l’hôte du groupe peut sembler anecdotique en soi, surtout si l’on lit à contre-jour les lettres de Bataille à Leiris où l’enjeu de la publication d’une revue prend de la place en même temps qu’il crée des tensions entre les participants, prouvant également que le groupe était très actif. Mais Lacan est sans doute le seul à inviter Kojève à participer aux réunions et, surtout, le seul à avoir créé un séminaire à domicile quinze ans après [9]. Ce n’est que par un effet d’après-coup que l’hypothèse d’une première forme de séminaire prend sens. Une dernière question se pose à propos de cette forme incipiente du séminaire : faut-il présumer que l’aveu de Lacan selon lequel il n’a pas travaillé pendant la Deuxième Guerre traduit le fait que, en partie, le groupe ne se réunissait plus pendant l’Occupation ?
Un texte en commun sur Freud et Hegel ?
15 Dans son ouvrage consacré à Lacan, É. Roudinesco informe que Kojève préparait un texte sur Hegel et Freud en collaboration avec Lacan. Cette information proviendrait de Dominique Auffret (il s’agirait d’un manuscrit, écrit en russe, datant du mois de juillet 1936). Selon l’information d’Auffret, rapportée par Roudinesco, le manuscrit en question était divisé en trois parties : « Genèse de la conscience de soi », « L’origine de la folie » et « L’essence de la famille » [10]. Reprenons un à un ces chapitres selon une chronologie que l’on peut déceler à partir de divers documents et publications et nous verrons quels ont été les probables destins respectifs des différentes parties. La « Genèse de la conscience de soi » a sans doute donné lieu à la publication de la première année du séminaire de Kojève (1933), selon les notes prises par Queneau et publiées pour la première fois en janvier 1939 dans la revue Mesures (cela n’implique pas pour autant que le texte en préparation reprenait toutes les notes du cours de l’année 1933). « L’origine de la folie » procède certainement d’un commentaire que Lacan préparait pour Kojève, comme le prouve la lettre du 27 décembre 1935 qu’il adresse à ce dernier pour lui proposer « que nous prenions rendez-vous pour préparer le passage de la Phénoménologie sur la folie […] Je serai aussi honoré de collaborer à votre commentaire que désireux de le servir dans toute la mesure où je pourrai ». Le contenu de cette lettre donne à penser que c’était Kojève qui questionnait Lacan à propos de la folie dans la Phénoménologie de l’esprit et que ce dernier allait le conseiller sur la pertinence des propos hégéliens. Il y a deux éléments à signaler à ce sujet : d’une part, c’est bien Lacan qui possède un savoir psychiatrique, puisqu’il a déjà fait ses preuves, aussi bien en tant que médecin à l’hôpital Sainte-Anne, qu’au plan intellectuel avec sa thèse de 1932. D’autre part, il est significatif que Lacan ait pu prendre la parole au séminaire de Kojève, concernant notamment Freud. Pour finir, dans la troisième partie qui porte sur « L’essence de la famille », on reconnaît aussi la matière de travail de Lacan, comme nous le savons déjà et comme en témoigne la lettre du 20 novembre 1935 déjà citée. Il s’agit, bien entendu, de la préparation des futurs « Complexes Familiaux » qui doivent certainement beaucoup aux cours de Kojève (le cours de l’année 1935 traite en partie de la place de la famille dans la Phénoménologie de l’esprit).
Les comptes rendus des annuaires de l’École Pratique des Hautes Études
16 L’École Pratique des Hautes Études éditait des annuaires où l’on informait le public sur les thèmes traités, les conférences données, ainsi que sur les auditeurs qui assistaient aux cours donnés par les enseignants concernés. L’Introduction à la lecture de Hegel, parue en 1947 et publiée par Raymond Queneau, constitue l’ensemble des notes du cours de Kojève prises par Queneau entre 1933 et 1939. Aux notes prises, on intercale les résumés établis par Kojève, extraits précisément des annuaires de l’EPHE. Les annuaires publiaient les cours proposés pour l’année académique suivante avec les informations pratiques, ainsi que les résumés de l’année qui venait de s’écouler. C’est aussi le cas pour les conférences de Kojève (dont le nom Kojevnikov n’est pas encore francisé). Ainsi, comme je l’ai déjà indiqué, pendant trois ans (1934-1935, 1935-1936 et 1936-1937), Lacan figure en tant qu’« auditeur assidu » dans l’annuaire de l’EPHE : pour la première année, à laquelle Lacan assiste (1934-1935), les cours commencent naturellement à la rentrée scolaire de 1934 ; autant dire que les annuaires anticipent ce qui se passera l’année suivante. Parmi les informations données dans l’annuaire, on apprend qui étaient les « auditeur assidus », aussi bien que les « élèves diplômés » et les « élèves titulaires ». Si Lacan figure comme « auditeur assidu » dans l’annuaire 1935-1936, cela veut dire qu’il y assistait au moins depuis le début de l’année scolaire 1934-1935. Ainsi, dans l’annuaire 1934-1935 (qui correspond à l’année scolaire 1933-1934), nous ne trouvons pas le nom Lacan parmi les participants, mais l’on trouve Queneau en tant qu’« auditeur assidu » et nous devons attendre l’annuaire de l’année 1935-1936 pour voir Lacan à côté de Queneau, Weil et Bataille. L’annuaire de 1936-1937 contient les résumés de l’année 1935 où Lacan est toujours un « auditeur assidu » et il en va de même pour l’année 1937-1938. Mais surtout, à la fin des informations présentes dans l’annuaire concernant l’année académique 1936-1937, on apprend que Lacan était intervenu lors du cours de Kojève de 1935 à propos de la « folie » chez Hegel (j’ai déjà mentionné la lettre où il est question d’en élaborer un commentaire). Voici ce que l’on lit dans l’annuaire 1936-1937, à la fin du résumé du cours de l’année 1935 : « L’interprétation du § consacré à l’analyse du Plaisir (Lust), a été faite par M. Adler. M. Lacan a interprété les passages relatifs à la Folie (Wahnsinn des Eigendiinkels) et a fait une conférence suggestive consacrée à la confrontation de l’anthropologie hégélienne avec l’anthropologie moderne, inspirée par Freud. M. Weil a pris une part active à l’interprétation [11]. » Ce paragraphe, qui termine le résumé de l’année 1935, a été supprimé de l’Introduction à la lecture de Hegel où le nom de Lacan n’apparaît nulle part [12]. Pourquoi s’arrêter sur ce détail ? Parce qu’il indique que Lacan est dans un dialogue avec Kojève et qu’il lui apporte un savoir. En effet, il n’est pas fréquent que l’on développe, ne serait-ce qu’en quelques lignes, le contenu des interventions des participants, or cela a été le cas pour l’intervention de Lacan, ce qui suppose que celle-ci avait compté pour le conférencier Kojève. Plus encore, Lacan donne une conférence suggestive, comme on peut le lire dans le passage déjà cité de l’annuaire. À cela s’ajoute le constat que, à notre connaissance, aucun des autres participants (on songe à Bataille, à Leiris et surtout à Queneau) n’a probablement jamais pris la parole pendant le cours sur Hegel. Autant dire que, même si le groupe qui se réunissait chez Lacan avait son existence propre, indépendamment de celui de Kojève, Lacan était en dialogue avec Kojève : dialogue asymétrique et décisif pour le psychanalyste.
Le « stade du miroir » : une lecture kojévienne de Wallon
17 J’aimerais évoquer un dernier point qui me semble essentiel pour mieux comprendre l’incidence qu’a eue la rencontre avec Kojève dans la formation de ce que l’on peut nommer le « premier Lacan ». Lacan présente son fameux « stade du miroir » en 1936, lors d’une communication internationale à Marienbad. Cet exposé est partiellement repris lors d’une publication de 1938 dans un des chapitres de l’Encyclopédie Française, tome VIII, consacré à « La vie mentale ». La direction de la publication a été confiée à Henri Wallon, professeur au Collège de France (Lucien Febvre en était le responsable de la publication). Même si d’aucuns ont pu affirmer que Lacan ne citait pas Wallon dans son travail, le nom de Wallon figure bel et bien dans la bibliographie citée à la fin du tome pour le chapitre écrit par Lacan. Autant dire que le « stade du miroir » s’appuie sur les observations de Wallon, lui-même s’étant appuyé sur les observations d’autres auteurs (parmi lesquels Darwin, etc.) [13]. Qu’est-ce qui compte pour Lacan ? Essentiellement deux aspects : d’une part, le fait que le petit enfant se sert de l’image du semblable afin de trouver une unité à son corps qui est, en raison d’une prématuration biologique, psychologiquement « morcelé [14] » et, d’autre part, le fait que cette image, qui donne une unité au sujet, ne peut éviter une discordance subjective, car cette unité n’est présente que chez l’autre. Cette discordance traduit ainsi un premier moment d’angoisse pour l’être vivant. Y a-t-il une incidence directe du cours de Kojève dans cette conception dédoublée de l’être à ce stade ? Je pense que oui, et qu’elle impliquerait une lecture kojévienne des contributions d’Henri Wallon. En effet, dans l’Introduction à la lecture de Hegel (cours des années 1933-1934), au moment de la démonstration du passage de la simple sensation à une perception plus structurée déterminée par la conscience, on peut lire: « À ce stade [le passage de la Sensation a la Perception] l’être est morcelé [15]. » Les notes ont été prises par l’ami Queneau. Il ne serait peut-être pas exagéré de supposer que Lacan prend sa notion du « corps morcelé » directement du cours de Kojève, soit parce qu’il assistait déjà en 1933 (même s’il n’est pas indiqué encore comme « auditeur assidu »), soit parce que Queneau lui avait transmis ses notes [16]. Mais ce n’est pas tout, car la reconstruction kojévienne de la Phénoménologie implique précisément des « stades », dont le premier est celui de la perception dans ce qu’elle a de « certitude sensible ». Ainsi, dans cette première étape, Kojève décrit l’enfant prêt comme il est à percevoir naïvement le monde : « C’est l’attitude cognitive de l’homme « naïf « ; à l’état exclusif peut-être celle de l’enfant en bas âge […] attitude nécessaire en tant que “moment” [17]. » Si l’on considère que Lacan donne une place importante au sevrage, à l’ablactation en tant qu’interruption qualitative d’une continuité quantitative et biologique, et que la naissance est une naissance dans et par le langage, nous avons dans le paragraphe cité de l’Introduction à la lecture de Hegel les bases, si ce n’est du « stade du miroir », tout au moins d’un moment qui ne doit certainement rien à la biologie mais se prête bien plutôt à la mutation subjective, au sevrage imposé par l’arbitraire de la culture et au saut qualitatif bien différent du registre continuiste qui caractérise les sciences physiques [18].
La place de la folie dans la raison
18 Ne négligeons pas un autre élément très visible : l’intervention de Lacan au cours de Kojève porte sur la folie. Reprenons le passage supprimé de l’Introduction à la lecture de Hegel : « M. Lacan a interprété les passages relatifs à la Folie (Wahnsinn des Eigendiinkels), et a fait une conférence suggestive consacrée à la confrontation de l’anthropologie hégélienne avec l’anthropologie moderne, inspirée par Freud. » Il y a deux propositions à en tirer. Premièrement, comme je l’ai indiqué, notons le fait que Lacan apporte son savoir clinique au philosophe. En effet, nous n’avons qu’à lire les notes de l’Introduction correspondant précisément à l’année 1935 : « Si, par naissance, l’individu ne s’adapte pas à la société, c’est un fou (ou un criminel). Son idée est folle (ou criminelle). Si l’individu la réalise, en transformant la société qu’il “critique”, il se transforme lui-même et son idée cesse d’être folle [19]. » Le thème de la folie et du crime est très lacanien, surtout si l’on pense aussi bien au cas « Aimée » (1932) qu’à celui des « Sœurs Papin » sur qui Lacan avait écrit (1933) [20] [21], autant dire que c’est probablement Kojève qui s’appuie sur Lacan. Mais, deuxièmement et réciproquement, le passage que je viens de citer de Kojève dans son Introduction peut aussi nous évoquer ce que Lacan soutient à propos de la folie et de ses rapports avec la réalité, quand il écrit : « Qu’on n’aille pas me dire que je fais de l’esprit, et de la qualité qui se montre dans ce mot que Napoléon était un type qui se croyait Napoléon. Car Napoléon ne se croyait pas du tout Napoléon, pour fort bien savoir par quels moyens Bonaparte avait produit Napoléon, et comment Napoléon, comme le dieu de Malebranche, en soutenait à chaque instant l’existence [22]. » Hegel a sa place dans le texte « Propos sur la causalité psychique », car il s’agit de montrer comment la folie concerne l’être dans ce qu’il a de « dédoublé » par la dialectique : « Ne croyez pas que je m’égare, dans un propos qui ne doit nous porter à rien de moins qu’au cœur de la dialectique de l’être, – car c’est bien en un tel point que se situe la méconnaissance essentielle de la folie […] Cette méconnaissance se révèle dans la révolte, par où le fou veut imposer la loi de son cœur [23]. » Cela n’est pas non plus sans nous évoquer les passages suivants de l’Introduction de Kojève, notions établies dix ans avant le texte de Lacan : « L’Homme-au-“cœur tendre” […] Comment il se différentie de l’Homme-du-plaisir […] son “cœur tendreî ; il n’a pas pu réaliser son plaisir […] il oppose quelque chose au Monde donné (à la Société) : une utopie […] Il n’est pas un révolutionnaire [24]. » Pour Lacan, la folie est enracinée dans la question même de l’être pour autant que celui-ci est inséparable de sa réalisation dialectique, comme il l’a appris chez Kojève. Pour finir, la référence à Hegel et au cours de Kojève est explicite dans ce texte important sur la psychose que l’on trouve chez le premier Lacan [25].
19 La référence d’un premier « stade » de l’être où celui-ci est « morcelé », ainsi que les références explicites à Napoléon et à la folie dans « À propos de la causalité psychique » nous mettent encore une fois sur la piste d’un premier Lacan des années trente qui a fait ses premiers pas en dehors de la psychiatrie grâce à Kojève, qu’il a reconnu par ailleurs comme étant son « maître ».
Conclusion
20 Les cinq lettres inédites dont je fais état témoignent de l’existence d’un « premier Lacan » qui ne doit encore rien à la rencontre lévi-straussienne. Ce premier Lacan est surtout marqué par la rencontre d’Alexandre Kojève, théoricien singulier, et de son cours sur Hegel. Cette incidence ne saurait être passive : Lacan est à l’affut des outils théoriques afin de pouvoir rendre compte et de la folie et de la psychanalyse. C’est que Freud n’est alors déjà plus suffisant pour comprendre la découverte freudienne. On décèle ainsi que Lacan songeait à une articulation que l’on pourrait appeler « Freud avec Hegel ». Mais ce premier Lacan était aussi déjà à la recherche d’expériences différentes de celle de la psychanalyse : sa fréquentation du groupe surréaliste des années trente, dont certains assistaient, comme lui, aux cours de Kojève, était l’ombre portée d’une ambition qui dépassait le cadre de la psychanalyse standard. Le groupe de personnes qui se réunissait chez Lacan, probablement à l’initiative de ce dernier, nous suggère l’existence d’une quête qui ne se limite pas à la recherche d’un savoir universitaire mais traduit au contraire la performativité vivante qui caractérise tout savoir naissant. On peut aisément supposer que seule la guerre a mis fin à cette première période de Lacan, marquée qu’elle était par la lecture kojévienne du théoricien qui chercha à comprendre l’avènement de Napoléon.
Mots-clés éditeurs : Kojève, lettres, Bataille, Hegel, Lacan, École Pratique des Hautes Études
Mise en ligne 27/10/2016
https://doi.org/10.3917/cm.094.0297Notes
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[1]
J. Lacan, Autres Écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 331 et 453. Encore plus parlante est la dédicace de Lacan à Kojève dans le du numéro 1 de la revue La Psychanalyse datant du 13 juillet 1956 : « Pour Kojève qui fut mon maître (vraiment le seul) » et que l’on trouve dans la bibliothèque personnelle de Kojève que sa veuve a donné à la BnF. (http://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/anx_dec/a.d_comme_Dons_archives.html# SHDC__Attribute_BlocArticle6BnF).
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[2]
De manière étonnante, on ne trouve pas Kojève dans l’index de noms propres des Écrits, alors qu’il est cité en note de bas de page.
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[3]
Notons que Kojève donnait aussi des conférences les vendredis à 17h30.
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[4]
J’ai demandé à Jean-Claude Milner de m’éclaircir sur le titre allemand, car le mot Wissen n’est pas clair : il m’a donc suggéré le titre du texte de Hegel Glauben und Wissen (Foi et savoir), qui date de 1802, donc avant la parution de la Phénoménologie de l’esprit (1807).
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[5]
R. Queneau, Journal 1914-1965, Paris, Gallimard, 1996, p. 852.
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[6]
M. Galletti, Georges Bataille, L’apprenti sorcier, Paris, éd. de La Différence, 1999, p. 124.
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[7]
Il s’agit d’un brouillon de lettre adressée à Leiris où, en bas de page, on lit la phrase citée (BnF, Fonds Georges Bataille, Correspondance, NAF 15853, feuille n° 92). Ajoutons que la lettre définitive dont j’ai cité le brouillon, a été publiée dans Georges Bataille, Choix de lettres (1917-1962), Paris, Gallimard, 1997 où M. Surya laisse entendre que René Étiemble aurait aussi participé aux réunions chez Lacan, il cite ce propos d’Étiemble : « J’eus parfois besoin de tout mon courage – moi qui écrivait L’Enfant de chœur – pour résister aux scènes et décors que prodiguait Bataille », p. 104, note 3. Cette dernière donnée a son importance.
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[8]
Je dois cette conjecture à Jean-Claude Milner.
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[9]
En effet, Lacan commencera son séminaire sur L’Homme aux Loups, le cas clinique écrit par Freud, en 1951, à son domicile de la rue de Lille.
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[10]
É. Roudinesco, Jacques Lacan, Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Paris, Fayard, 1993, p. 147-148.
-
[11]
Annuaire de l’École Pratiques des Hautes Études, année académique 1936-1937, p. 88.
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[12]
Il en va de même pour les autres intervenants.
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[13]
H. Wallon, Les origines du caractère chez l’enfant, Paris, Puf, 1949.
-
[14]
J. Lacan, Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 97.
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[15]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard, 1947, 1re édition, 2e éd. augmentée en 1962, coll. « Tel ».
-
[16]
Dans son Journal, Queneau écrit : « Au fait, Bataille a mes notes du cours de Kojève » (30/09/1939), Journaux, 1914-1965, Paris, Gallimard, 1996, p. 386. On peut imaginer que Queneau n’était pas spécialement prêteur, si l’on pense qu’il gardait ses journaux depuis l’âge de 11 ans, mais ce passage de son Journal prouve le contraire. En tout cas, il aurait pu communiquer aux autres, lors des réunions chez Lacan, ses notes de l’année 1933.
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[17]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 43.
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[18]
En vérité, le premier lacanien fut Hegel, comme on peut le lire au début de la Phénoménologie : « Il en est ici comme dans le cas de l’enfant ; après une longue et silencieuse nutrition, la première respiration, dans un saut qualitatif, interrompt brusquement la continuité de la croissance seulement quantitativement, et c’est alors que l’enfant est né », La Phénoménologie de l’esprit, trad. J. Hypolitte, Paris, Aubier, p. 12.
-
[19]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 88.
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[20]
J. Lacan, « Motifs du Crime Paranoïaque », Minotaure, n° 3/4, 1933-1934.
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[21]
Hegel traite de la folie, mais ne mentionne pas à son propos, que nous sachions, la notion de crime, La Phénoménologie de l’esprit, « La Loi du cœur et le Délire de la présomption », op. cit., p. 309-314.
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[22]
J. Lacan, « Propos sur la causalité psychique », dans Écrits, op. cit., p. 171.
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[23]
Ibid.
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[24]
A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 87-88.
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[25]
J. Lacan, « Propos sur la causalité psychique », op. cit., p. 172, note 2.