1La psychanalyse a de tout temps été l’objet de critiques, parfois d’attaques virulentes. Ces dernières années, il est apparu que dans le champ même de la pensée clinique certains chercheurs et doctorants s’éloignaient des méthodologies qui la fondent – telles la monographie ou l’observation clinique – pour se rapprocher des méthodes expérimentales ou plutôt pour les « singer » (Ciccone, 2011).
2Il semble donc nécessaire de continuer à défendre la valeur scientifique de l’approche clinique, sa pertinence, en montrant ses spécificités mais aussi ses exigences. Ainsi, à partir de la méthodologie de l’observation du bébé dans sa famille développée par Esther Bick, je soutiendrai l’articulation fondamentale entre pratique et recherche en psychanalyse, mais aussi la valeur à la fois euristique et thérapeutique de l’observation clinique.
L’articulation de la pratique et de la recherche cliniques en psychanalyse
« La clinique pure est aussi indigeste qu’une tétée sans rêverie, de même qu’une métapsychologie pure est une défense anorexique contre le lait de la clinique. Le nourrisson, on le sait, ne se nourrit pas que de lait mais aussi de jeu et de sens »
4L’articulation du soin, de la théorisation et de la transmission est au cœur de la psychanalyse. Freud propose en 1922 une définition de la psychanalyse qui la situe d’emblée à l’interface du soin et de la recherche : c’est une méthode d’investigation des processus psychiques, une méthode de traitement des troubles psychiques et un corpus théorique – la métapsychologie. Mais cette théorisation, pour être valide, doit se fonder dans l’expérience clinique qui sans cesse la met à l’épreuve afin de la soutenir ou de la modifier. Freud écrit d’ailleurs que « la psychanalyse n’est pas un enfant de la spéculation, mais le résultat de l’expérience ; et pour cette raison, comme chaque nouvelle production de la science, elle est inachevée » (1911, p. 29).
5Dans différentes correspondances, il défend l’idée que l’édifice théorique de la métapsychologie repose sur la pratique clinique et la soutient. Il écrit à S. Ferenczi : « Je tiens à ce qu’on ne fabrique pas des théories, elles doivent vous tomber dessus dans la maison comme des invités inattendus, alors qu’on est occupé à des recherches de détail » (1915, p. 86), ou encore à C.G. Jung : « On apprend plus de trois analyses poussées dans le détail que de tout ce qu’on peut jamais bricoler à son bureau » (1907, p. 87). La théorisation doit surprendre le chercheur, prendre forme sous ses yeux et s’imposer à lui. C’est l’investigation fine du matériel clinique, dans le détail, qui fait naître la théorisation – et nous verrons que c’est un aspect central de la méthode d’observation du bébé dans sa famille telle qu’elle a été définie par E. Bick.
6Dans La haine dans le contre-transfert, D.W. Winnicott (1947) parle du psychanalyste comme d’un « chercheur en psychanalyse ». Le jeu de la spatule qu’il présente de façon détaillée dans L’observation des jeunes enfants dans une situation établie (1941) est utilisé comme un outil de soin, un outil clinique permettant de rencontrer la dyade qui se présente à la consultation et d’appréhender l’état psychique du bébé et de la mère, mais également comme un setting, un cadre de recherche. La position praticienne et la position de recherche sont ici complémentaires et le travail de recherche est indissociable de la pratique clinique.
7Le travail d’élaboration, de secondarisation dans l’après-coup de la rencontre, est le germe du travail de recherche. La pratique clinique et son élaboration dans l’après-coup sont le point d’ancrage de la création de modèles théoriques qui ne soient pas des « spéculations imaginatives » (Bion, 1980). Et si pratique et recherche sont liées, elles ne sont pas pour autant synonymes : la recherche est un temps second de la pratique, dont elle s’autonomise (Ciccone, 2009).
8Cependant, la recherche se doit – car c’est effectivement une dette qu’elle contracte envers les patients et le matériel qui sera utilisé – de revenir vers la pratique clinique en enrichissant les modèles de compréhension de la psychopathologie ainsi que les modèles de soin. Si la psychologie clinique et la psychanalyse sont des tentatives de libérer le sujet de lui-même, de ce qui l’aliène et entrave son épanouissement, il en est de même pour la recherche clinique en psychopathologie.
La méthode E. Bick d’observation du bébé dans sa famille : un outil de formation et ses effets de soin
« Sans ce va-et-vient incessant entre l’observation des phénomènes de transfert et l’observation directe des phénomènes de développement, la théorie psychanalytique, en tout cas en ce qui concerne les fondements de la psyché, née avec Freud sur ce modèle de fonctionnement, ne pourrait-elle pas se scléroser et notre expérience clinique se figer sur le connu, crispés que nous serions à faire entrer toute l’expérience dans les moules acquis, l’étude théorique se réduisant alors à l’exegèse des textes, par ailleurs intéressante et certainement un peu utile… »
10Le développement de la méthode E. Bick a participé à la compréhension de la dynamique de croissance émotionnelle et psychique du bébé et de la parentalité qui l’entoure et avec laquelle il est en lien. La méthodologie de l’observation du bébé dans sa famille tisse les liens entre le somatique et le psychique, l’émotionnel et la pensée, le champ clinique et le champ conceptuel. Elle soutient et cultive l’ancrage de la théorie psychanalytique dans le corps de la pratique clinique, et elle permet, comme le souligne A. Ciccone (2011), d’appréhender les fondements de la position clinique.
La méthode E. Bick
11E. Bick définit la méthode d’observation psychanalytique du bébé dans sa famille dans un article de 1963, « Notes sur l’observation de bébé dans la formation psychanalytique ». Elle consiste à observer le développement d’un enfant et l’établissement des relations avec les membres de sa famille à son domicile, c’est-à-dire dans son cadre naturel, à raison d’une heure par semaine durant deux ans. La formation à l’observation se déroule en plusieurs temps qui se répètent de façon cyclique tout au long des deux années et constituent le cadre de l’observation psychanalytique du bébé dans sa famille : le temps d’observation, le temps de prise de notes et le temps d’élaboration en séminaire de supervision groupale.
Vers une élaboration de la position clinique
12Le travail central de l’observateur est celui de l’élaboration de son cadre interne, notamment par l’introjection progressive des différentes fonctions du groupe de supervision. Il est dans une position d’humilité et son désir d’apprentissage, de découverte, donne sens à sa présence.
13L’observateur est avant tout dans une position de réceptivité. Il tente de s’accorder au temps de la famille, à son rythme et fait en sorte de ne pas ajouter une contrainte supplémentaire à un groupe familial en pleine réorganisation identitaire. Il doit être suffisamment « participant », investi psychiquement pour ressentir l’impact émotionnel des expériences, socle fondamental sur lequel son travail prend appui. Il va s’efforcer, tout au long de ces deux années d’observation, de trouver un positionnement interne à la fois suffisamment dégagé et suffisamment impliqué :
« Pour être en mesure d’observer réellement, il doit pouvoir prendre de la distance par rapport à ce qui est en train de se passer. Cependant, il doit trouver – comme dans la méthode psychanalytique – une distance qui introduira aussi peu de distorsion que possible avec ce qui se déroule dans la famille. Il doit permettre à certaines choses d’advenir et résister à d’autres »
15Les projections intenses peuvent mettre à mal le positionnement interne de l’observateur et entraîner de forts mouvements contre-transférentiels. E. Bick indique d’ailleurs toute l’importance, durant les années d’observation, de l’analyse personnelle de l’observateur. Nous verrons que le séminaire est également un lieu central pour l’élaboration des mouvements transféro-contre-transférentiels.
Spécificités de la prise de notes
16La prise de notes est réalisée à la suite du temps d’observation, préservant ainsi la disponibilité psychique de l’observateur aux états internes de chaque protagoniste – dont lui-même.
17L’observateur va s’efforcer de se rappeler ce qu’il a « vu, entendu et ressenti », et de le retranscrire aussi fidèlement que possible dans un langage simple et épuré. M. Rustin (1989) le qualifie d’« enregistreur sensible ». Il fait un récit chronologique, il ne cherche pas à discriminer les faits et note tout ce dont il peut se souvenir. Cette observation minutieuse reflète l’optique globale de l’observation du bébé dans sa famille qui considère que le développement physique et le développement psychique au plus jeune âge sont inséparables.
18L’observation ne comporte ni hypothèse de travail, ni discrimination dans les faits à observer et suppose un certain « minimalisme théorique » (M. Rustin, 1989). Ce premier travail de mise à l’écart de toute théorisation, ce souci d’observer avec aussi peu de pensées préformées que possible permet d’apprendre à regarder et à ressentir en limitant les interprétations hâtives. Le recours trop rapide à la théorie peut entraver les capacités d’attention de l’observateur et être utilisé de façon adhésive comme une défense contre l’impact émotionnel des situations. Le recueil des données est donc aussi séparé que possible des interprétations ultérieures qui pourront être formulées, avec prudence, lors du travail d’élaboration groupale en séminaire.
19Cependant, faire table rase des concepts théoriques durant le temps de l’observation et de la rédaction du compte-rendu ne signifie pas pour autant que la méthode soit sans arrière-plan théorique. R. Prat (2008) souligne que la méthode est soutenue par des principes fondamentalement psychanalytiques : la tabula rasa, la non-interférence et le travail du contre-transfert – la position de non-interférence correspondant au principe d’abstinence, fondamental dans la technique analytique.
Travail du séminaire
20Le séminaire est un passage « du temps du voir au temps du penser » (Prat, 2008) qui va permettre l’exploration et l’assimilation du matériel de l’observation par une mise en lien entre le niveau descriptif de l’observation et le niveau plus conceptuel de la psychanalyse. Les interprétations y sont toujours élaborées avec une grande prudence et à partir d’observations répétées. C’est une des exigences de la méthode telle que l’a conçue E. Bick :
« L’expérience du séminaire est que l’on peut voir émerger d’une observation un type de comportement évident mais qu’on ne peut accepter comme significatif seulement s’il se reproduit de la même façon, ou de façon similaire, dans de nombreuses observations ultérieures »
22L’observation du bébé apprend à supporter d’attendre que quelque chose surgisse et prenne forme. Il faudra toute une série d’observations pour confirmer des premières idées et voir émerger des configurations que l’on pourra qualifier d’hypothèses.
23Le séminaire est une des « scènes » de l’observation selon R. Sandri (1998) – avec la « scène externe » de la dynamique parents-bébé et la « scène interne » des émotions, fantasmes et ressentis corporels de l’observateur. Il permet une multiplicité des visions et ainsi il complexifie le « premier degré » de l’observation. Son « effet amplificateur » donne accès à une analyse fine des mouvements émotionnels de la famille et de l’observateur.
24C’est un lieu de réception et de transformation, un lieu de contenance des angoisses primitives éveillées chez l’observateur par le contact avec le bébé. Le groupe, animé par son superviseur, adopte une position de tiers qui permet de penser l’impact émotionnel des situations à travers l’élaboration psychique qui constitue un moment de créativité groupale.
25Le groupe n’est pas uniquement le réceptacle des identifications du bébé et de la famille. Les fantasmes qui émergent sont le résultat du lien qui se tisse entre les participants, le résultat du jeu des identifications projectives qui constitue le fantasme du groupe. Ainsi, une structure dynamique se crée entre les participants.
26Le groupe a également une mémoire, symbolisée par la prise de notes réalisée par un de ses membres lors de chaque présentation. Les différentes visions nées du séminaire sont rassemblées par un travail de synthèse qui vient inscrire un processus d’intégration psychique, d’unification des vécus sensoriels et des phénomènes psychiques morcellés.
Un outil de formation aux effets de soin
« Certains ont cru que l’infant observation prétendait objectiver l’inconscient, le décoder à travers les faits et les gestes du bébé. Il ne s’agit évidemment pas de cela. Il ne s’agit pas de “naturaliser” l’inconscient en le réduisant à des “observables”. Il s’agit de créer une situation telle que l’implication de l’observateur dans son champ d’observation lui permette de repérer des formes structurellement stables qui tendent à s’organiser au sein de la dynamique relationnelle instaurée par l’arrivée du bébé dans sa famille, selon l’expression d’Esther Bick »
28E. Bick instaure la méthode d’observation de bébé dans le cadre de la formation des thérapeutes d’enfants afin de permettre au psychothérapeute débutant de percevoir le bébé dans l’enfant dont il commence le traitement. Cet intérêt de la méthode pour la formation du psychothérapeute est, il me semble, à élargir à la formation du clinicien chercheur, bien entendu lorsqu’il travaille auprès des bébés et de leurs familles mais également lorsqu’il travaille au contact des aspects les plus archaïques de la psyché. A. Ciccone (2011) ou encore D. Houzel (2002) soulignent à quel point l’écoute des patients, quel que soit leur âge, est modifiée par l’expérience auprès des bébés.
29Les trois temps de la méthode apprennent à voir, à se souvenir et à construire une pensée (Prat, 2008). Il y a un véritable travail d’apprentissage du recueil des données ainsi qu’une exigence de prudence quant à l’interprétation du matériel. Ce n’est qu’à partir d’observations répétées que l’on avance progressivement vers la construction d’hypothèses. Le travail de liaison théorico-clinique a lieu durant les séminaires de supervision qui favorisent le « processus de tiercéité » (Ciccone et Ferrant, 2009), mécanisme régulateur qui soutient la rencontre avec l’intensité de la vie émotionnelle en contenant les angoisses qu’elle suscite et favorise ainsi les processus de pensée.
30La méthodologie développée par E. Bick est donc un outil permettant de soutenir une recherche, une théorisation ancrées dans le « corps » de la clinique et ainsi d’être au plus proche de la description des phénomènes psychiques dans la conceptualisation que nous en proposons. E. Bick (citée par M. et G. Haag, 1985) disait que la formation apprenait avant tout à observer, et l’on pourrait ajouter à observer avec les spécificités et les exigences d’une position clinique psychanalytique. L’observateur est amené à élaborer son positionnement clinique au sein de la famille qui l’accueille et à faire de sa propre subjectivité le prisme par lequel les phénomènes inconscients seront appréhendés. Ainsi, la méthode soutient le développement de différentes capacités indispensables au travail du clinicien chercheur.
31Tout d’abord ce sont bien entendu les capacités d’attention, de réceptivité et de contenance qui sont sollicitées, faisant appel à ce que D.W. Winnicott (1971) a nommé le « féminin primaire » de l’observateur, mais également à sa capacité de « rêverie maternelle » selon le modèle de W.R. Bion (1962).
32Un autre intérêt de la méthode (Sandri 1998 ; Rustin 1989) est de mettre au travail et de développer ce que W.R. Bion (1970) nomme la « capacité négative ». La capacité négative permet de tolérer la tension qui émane du non-sens, de contenir psychiquement des éléments insensés et douloureux, et non de les évacuer. W.R. Bion la définit comme la « capacité qu’un homme possède s’il sait persévérer dans les incertitudes, à travers les mystères et les doutes, sans se laisser aller à une recherche fébrile des faits et des raisons ».
33Comme le note D. Houzel, l’observateur sera également amené à développer une « vision binoculaire » (Bion, 1967), c’est-à-dire qu’il devra s’observer lui-même durant l’observation. Il devra être attentif à ses ressentis émotionnels et corporels, à ses associations d’idées, mais aussi à son positionnement interne auprès des différents membres de la famille. Cette démarche est centrale dans toute pratique psychanalytique mais également dans le travail de recherche clinique.
34Le propos de ce travail est de souligner l’indispensable jeu articulatoire entre pratique et recherche en psychanalyse, de défendre la pertinence de la recherche clinique et de son ancrage dans les dispositifs de soin. La méthode E. Bick est précisément au cœur de cette zone d’articulation : bien qu’elle soit une méthode de formation, elle peut être utilisée dans un cadre de recherche ; et bien que cela ne soit pas son intention première, elle a des effets de soin.
35Un premier effet de soin dans l’observation est le déploiement d’une « peau psychique d’attention maternelle » (Williams, 1995), et l’on pourrait d’ailleurs ajouter une peau psychique d’attention parentale – intégrant les caractéristiques bisexuelles (Houzel, 1997) mais aussi bisensuelles (Ciccone, 2011) des enveloppes psychiques. Différents auteurs (Houzel, 1995 ; Ciccone, 1998) soutiennent que le travail d’observation est fondamentalement un travail d’attention. L’attention a pour effet de rassembler la vie psychique en soutenant les phénomènes de liaison entre les éléments psychiques disparates et lorsque D. Meltzer (1975) définit le démantèlement comme la perte de l’attention qui permet de tenir les sens rassemblés, il insiste sur le caractère fondamental de l’attention pour le rassemblement de la vie psychique et émotionnelle.
36La présence attentive permet de soutenir la rencontre entre le bébé et ses objets d’attachement. E. Bick écrivait que l’observateur apprenait ainsi « à supporter et à apprécier comment les mères prennent soin de leur bébé et trouvent leurs propres solutions » (1963, p. 292). En offrant un espace d’attention et de contenance aux vécus émotionnels, un espace de bienveillance, l’observateur soutient les capacités de la mère et du bébé à se chercher, à se découvrir et à entrer en lien.
37Un autre effet de soin se perçoit à travers le jeu des mouvements identificatoires. On constate en séminaire la façon dont la famille et le bébé se saisissent de la présence attentive et bienveillante de l’observateur qui devient un support identificatoire pour le bébé, mais aussi pour le parent. Les mères rapportent fréquemment à l’observateur ce qu’elles-mêmes ont pu observer durant la semaine qui s’est écoulée, témoignant ainsi de leur identification à la fonction observante, réceptive et contenante de l’observateur. Ce support identificatoire étaye leur capacité à être présentes au bébé sans pour autant intervenir directement dans les expériences qui constituent sa subjectivité.
38L’observateur peut également contenir les conflits infantiles non résolus des parents qui sont réveillés par la naissance de l’enfant et sont source de souffrance. Il est alors investi d’une fonction de « seins-toilettes » (Meltzer, 1967) qui protège le bébé des projections parentales toxiques et soutient le tri des confusions générationnelles (Houzel, 1994). L’accueil des « aspects bébé » de la personnalité du parent par l’observateur non seulement préserve le bébé des projections parentales toxiques, mais atténue également les mouvements de rivalités archaïques issues de la rencontre entre le bébé dans la réalité et le bébé en détresse dans le parent.
La méthode E. Bick appliquée à la recherche en psychologie et en psychopathologie cliniques
39Mon travail de recherche porte sur les aspects archaïques du fonctionnement psychique dans les contextes de refus alimentaire (Deronzier, 2012) ainsi que sur les enjeux de la relation de nourrissage. Il a notamment été élaboré à partir de séquences d’observation réalisées dans le cadre de l’observation E. Bick mais aussi dans le cadre de son adaptation en unité parents-bébé.
La recherche à partir du matériel obtenu dans le cadre de l’observation E. Bick à domicile
Sylvie revient de la cuisine avec dans les mains un verre rempli de compote et un biberon de lait. Assis dans sa chaise haute, Valentin, âgé de 8 mois, la regarde. Son corps se dresse, ses bras et ses jambes s’écartent et se tendent, son visage semble s’ouvrir et ses yeux sont lumineux. Sylvie s’installe à ses côtés et prend le verre de compote et une cuillère qu’elle plonge à l’intérieur, sous le regard attentif de Valentin. Sylvie ressort la cuillère qui contient un peu de compote et la tend vers la bouche de Valentin. Valentin ouvre la bouche, ses bras sont légèrement écartés de son corps et ses mains, à hauteur des épaules, sont ouvertes. Il prend la cuillère en bouche tranquillement et alors qu’il referme sa bouche, ses doigts se rapprochent des paumes de ses mains et les caressent à quelques reprises. Il regarde autour de lui alors qu’il avale la compote. Sylvie le regarde, semble l’attendre et une fois la cuillerée avalée, il revient vers elle.
Le repas dure un certain temps. Sylvie présente une nouvelle cuillerée à Valentin lorsque celui-ci, après avoir regardé autour de lui, revient vers elle et la regarde. Cette observation est agréable. Au fur et à mesure des cuillères, Valentin regarde de plus en plus sa mère. Ses regards sont adressés, yeux dans les yeux.
Lorsque le verre de compote est à moitié vide, Sylvie propose à Valentin le biberon. Elle le lui présente et Valentin ouvre la bouche. Sylvie approche le biberon et Valentin referme sa bouche et tète tranquillement, au début les mains sont posées sur la tablette puis elles attrapent la main de Sylvie autour du biberon.
Sylvie dit à Valentin qu’il a bien mangé. Tous deux se regardent et échangent de larges sourires. Valentin rote, Sylvie le félicite. Elle lui fait de petites chatouilles sur les pieds et Valentin rit et sourit.
Sylvie prend Valentin dans ses bras et l’installe sur le tapis de jeu et la couverture. Elle s’assoit proche de lui. Valentin ouvre les bras et la bouche en direction de sa maman, comme s’il souhaitait l’attraper et la tirer vers lui. Sylvie se dirige vers lui, se baisse un peu et se laisse faire de sorte que Valentin attrape ses cheveux et tire dessus. Le corps de Sylvie se penche sur le côté, suivant le mouvement que lui donne Valentin qui ouvre la bouche. La bouche ouverte se pose sur l’épaule ou sur le bras de sa mère. Sylvie sourit, puis elle rit. Valentin tire fort et Sylvie dit en riant qu’on ne mange pas sa maman. Valentin relâche et Sylvie se redresse un peu. Puis Valentin recommence, comme s’il tombait sur sa mère pour l’engloutir. Le jeu se répète un certain temps.
41Cette séquence offre un aperçu de toute la vitalité qui peut se déployer dans une observation du bébé dans sa famille et de la situation tout à fait privilégiée de l’observateur qui partage ce temps de l’intime. On observe notamment le travail d’accordage que font la mère et le bébé, le développement des liens intersubjectifs qui sont le support fondamental de la croissance psychique de chacun des partenaires.
42À partir de cette séquence, marquée par l’émerveillement, le jeu et la tranquillité pour l’observateur et la dyade, on peut notamment mettre en lumière les différentes scènes de la symbolisation du lien à l’objet, ainsi que certaines qualités de l’objet et de la relation d’objet soutenant l’intégration psychique.
43Une première scène de la symbolisation de l’expérience et de la relation de nourrissage est la scène corporelle. On observe que les mains de Valentin semblent reproduire le mouvement de sa bouche – cette mise en mouvement des mains est d’ailleurs notée dès la première observation d’une tétée à la fin du deuxième mois de vie. Valentin semble reproduire avec ses doigts qui caressent les paumes de ses mains le contact caressant du mamelon (puis de la tétine et de la cuillère) contre la langue et le palais, mais aussi le caractère doux et caressant de la relation à l’objet durant le nourrissage. Dans l’acte de téter, la langue et le palais à la fois caressent et compressent le mamelon. On peut penser que la paume de la main représente le caractère dur et stable du palais, et que les doigts et leurs phalanges représentent la langue et son mouvement ondulatoire. Cette mise en scène corporelle permet d’intégrer les qualités de la relation, les qualités du lien de nourrissage et ainsi de fabriquer de la matière psychique. Si ce « théâtre des mains » (Haag, 2002) témoigne du processus psychique d’introjection, on voit aussi que c’est l’ensemble du corps du bébé qui se tend et s’élance vers l’objet. Le corps est pareil à une bouche qui s’ouvre au monde pour s’en nourrir et en être nourri.
44Les mouvements d’ouverture au monde et de retour vers l’objet oscillent souplement et rythmiquement durant les temps de nourrissage. Les échanges entre le bébé et la mère s’intensifient progressivement et cela conduit à une véritable rencontre signée par le partage du plaisir d’être ensemble, de nourrir et de se laisser nourrir.
45L’intensification des moments de rencontre a lieu parallèlement à la répétition des moments d’incorporation de nourriture que l’on peut penser comme le support de l’introjection progressive des qualités du lien à l’objet. On peut l’observer autour du temps de la compote mais également durant la prise du biberon où les mains de Valentin, d’abord posées sur la tablette de la chaise haute, rejoignent celles de sa mère pour tenir ensemble le biberon. C’est une belle image de la rencontre et des mouvements identificatoires qui la soutiennent et qu’elle permet. La relation de nourrissage conduit à une véritable rencontre entre mère et bébé, au déploiement du jeu identificatoire, à la reconnaissance et à la différenciation.
46Le bébé qui s’ouvre au don de l’objet et accepte de le recevoir généreusement (pour reprendre le titre de l’ouvrage collectif dirigé par G. Williams The Generosity of Acceptance) s’identifie à la capacité de réceptivité et de contenance de l’objet. Il s’identifie à la capacité de l’objet de recevoir ses exigences instinctuelles et ses mouvements spontanés tels des dons (Winnicott, 1964). L’objet s’accorde au rythme du bébé et lui permet de déployer pleinement son être au monde.
47Une seconde scène de la symbolisation, de l’intégration psychique de la relation est bien entendue celle du jeu. Les fantasmes qui émergent autour de la relation de nourrissage se déploient dans le jeu qui suit le goûter. Se nourrir des qualités de l’objet et des qualités du lien que l’on tisse avec l’objetimplique de pouvoir le dévorer, le faire sien en l’attaquant avec voracité. D.W. Winnicott soulignait le caractère impitoyable de l’amour du bébé pour l’objet maternel et la nécessité que l’objet résiste à la destructivité fantasmatique du bébé. On voit dans cette vignette que Valentin fait l’expérience d’un objet consistant et malléable qui a la capacité de tolérer l’intensité de l’agressivité du bébé tout en l’amortissant, en la pare-excitant. Valentin peut fantasmatiquement dévorer un objet maternel qui peut se permettre de se laisser engloutir, qui peut y prendre plaisir et se redresser. La séquence illustre une voracité suffisamment tempérée par l’environnement, et cela dans le lien ludique. Elle permet d’observer le travail d’intégration et de transformation de la pulsionnalité effectué par la parentalité.
La recherche à partir du matériel clinique obtenu par une adaptation de l’observation E. Bick en unité parents-bébé
48Dans l’adaptation de la méthode E. Bick que j’ai réalisée en unité parents-bébé, les deux premiers temps de la méthode (observation et prise de notes) sont respectés et le temps du séminaire groupal est adapté.
49Laura est un bébé de 5 mois et demi, accueilli en hospitalisation de jour avec sa maman pour de faibles prises alimentaires et des difficultés de sommeil. Laura et ses parents sont reçus chaque semaine en consultation par le pédopsychiatre, l’infirmier référent et la psychologue-observatrice. Les courtes vignettes suivantes sont extraites d’observations réalisées alors que Laura a entre cinq mois et demi et sept mois. Elles sont centrées uniquement sur l’évolution du lien entre le bébé et l’observatrice afin de souligner l’investissement par le bébé de la présence attentive de l’observatrice et de montrer certains aspects des effets de soin du dispositif d’observation – qui est ici un dispositif de recherche.
Le papa de Laura, assis sur la chauffeuse aux côtés de sa femme, maintient Laura sur le bord de ses genoux, les deux mains au niveau de sa taille et de son dos. Laura se tient très droite et lorsque le père rapproche le dos du bébé de son ventre, Laura ne se love pas, elle reste droite. Elle ouvre de grands yeux sombres en ma direction mais ne me regarde pas dans les yeux.
Un peu plus tard dans l’entretien, Laura regarde chacun de ses interlocuteurs tour à tour, toujours avec ce même regard qui ne semble pas s’arrêter pour les rencontrer. Je la trouve attentive, vigilante même. Petit à petit, elle en vient à me regarder dans les yeux, à peine quelques instants. Sur les genoux de son père, elle s’agite, pleure et s’arc-boute, sa tête partant vers l’arrière. À quelques reprises son père lui met la sucette en bouche et Laura la repousse, pleure et s’arc-boute à nouveau.
Lors de l’entretien suivant, les parents s’installent sur la chauffeuse, Laura sur les genoux de son papa a le dos un peu moins droit que lors de l’observation précédente, elle semble plus arrondie et installée. Elle regarde chacun de ses interlocuteurs puis rapidement le pot de fleur. Laura pleure et s’arc-boute. Le père lui met la sucette en bouche, qu’elle repousse. Cela se produit à quelques reprises. Puis Laura fixe son regard au mien, un regard dont l’intensité me fait vivre un effet de ventouse. Au bout de quelques secondes, Laura lâche mon regard et s’arc-boute en pleurant sur son père. Puis elle retrouve mon regard, semble à nouveau le ventouser. Elle se calme, son corps se relâche. Laura quitte alors le contact par le regard et s’arc-boute, pleurant, les yeux cernés. Elle retrouve une troisième fois mon regard, toujours avec la même intensité, ses yeux semblent ventouser les miens et son corps se détend. Ses paupières se ferment progressivement. Alors que je continue d’être attentive à elle, ses paupières s’ouvrent, ses yeux me regardent puis se referment rapidement et Laura glisse dans le sommeil.
La semaine suivante, Laura retrouve rapidement mon regard alors qu’elle est sur les genoux de son père. Elle me fixe, m’accroche du regard, longuement. Puis dans mon regard, elle commence à babiller.
Une semaine plus tard, Laura sur les genoux de sa mère est très présente. Les yeux grands ouverts, toujours fixés aux miens, elle babille longuement et tout en babillant et en me regardant, elle fait des jonctions répétées entre sa main droite et son pied droit, elle sourit.
La semaine suivante, la même scène se reproduira : regard, babil, jonctions et sourire. Le regard de Laura continuera de s’assouplir, semblant moins accroché, moins ventousé au mien.
51Ces courtes vignettes illustrent le travail d’introjection d’un objet interne contenant, soutenant le sentiment de continuité d’existence du bébé. On constate que l’évolution de l’investissement du regard va de pair avec l’assouplissement de la rigidité corporelle et l’investissement du babil et de la motricité, c’est-à-dire l’investissement par le bébé de son corps propre et de son appareil langagier.
52Laura a tout d’abord un regard évitant qui survole l’ensemble des soignants sans pouvoir s’arrêter et les rencontrer. Son corps tendu témoigne d’un agrippement sensoriel musculaire, tel que l’a identifié E. Bick (1968), remplissant une fonction de seconde peau psychique. Une défense primitive, luttant contre le sentiment de discontinuité interne, qui permet de maintenir un temps le sentiment de cohésion des différentes parties du corps du bébé, alors ressenties comme les différentes parties de sa personnalité.
53Cependant, cette modalité défensive ne dure qu’un temps. Elle cède et Laura s’arc-boute cherchant un appui dos, un objet externe assurant une fonction de colonne vertébrale. Le père, en difficulté pour répondre au niveau de la recherche d’enveloppement et de solidité de l’appui dos, propose la sucette comme un objet obstruant la bouche pleine de pleurs, cherchant ainsi à faire taire la souffrance du bébé mais aussi l’angoisse que celle-ci fait naître chez le parent.
54Laura expulse systématiquement la sucette, parfois maintenue dans la bouche par le père. Elle trouve ensuite dans l’attention de l’observatrice une zone de rassemblement qui devient un lieu d’agrippement sensoriel, mais aussi un lieu d’échange, un lieu où elle peut se nourrir de l’attention de l’observateur. On voit comment, à partir de l’identification adhésive qui se traduit par le collage et l’agrippement sensoriel dénotant un espace psychique bidimensionnel, émerge progressivement le fantasme d’incorporation de l’objet – on peut manger des yeux l’attention de l’observateur – témoignant de la constitution progressive du self et de l’objet dans la tridimensionnalité psychique. Le self peut se loger dans l’objet, et réciproquement.
55L’incorporation conduit ensuite progressivement à l’introjection du lien à l’objet. Le lien à l’objet devient constitutif de la personnalité du bébé, ce dont témoignent le babil et les jonctions mains-pieds. On peut penser que le babil signe l’intériorisation de ces expériences d’échange avec le monde externe et la constitution d’objets internes pouvant échanger entre eux, dialoguer entre eux, d’« objets internes parlants » (Meltzer, 1975). Les jonctions mains-pieds, que l’on peut concevoir comme des identifications intracorporelles (Haag, 1997), viennent symboliser, dans le corps propre, l’introjection d’un sentiment d’unité, de continuité et d’individualisation de l’enveloppe psychique s’appuyant sur l’interpénétration des regards et la recherche de la présence d’un objet d’arrière-plan.
Pour conclure
56L’articulation entre la pratique et la recherche cliniques est le socle du travail psychanalytique. La méthodologie clinique dans le travail de recherche a toute sa pertinence, et il est important de soutenir une recherche ancrée dans les dispositifs de soin.
57La méthode d’observation du bébé dans sa famille développée par E. Bick apparaît à cet égard comme un outil de valeur, adaptable à de nombreux terrains cliniques, et combinant des effets de formation à la pratique et à la recherche en psychanalyse, à des effets de soin.
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Mots-clés éditeurs : observation attentive du bébé dans sa famille, formation, soin psychique, psychanalyse, recherche clinique
Mise en ligne 20/10/2014
https://doi.org/10.3917/cm.090.0153