Notes
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[1]
Cf. l’article de Nicolas Dissez, « Histoire d’un concept psychiatrique tombé dans l’oubli : la méconnaissance systématique, ou Lacan sur la trace de la forclusion du symbolique », La revue lacanienne, 5, 2009, p. 188-203.
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[2]
Quoi qu’il ait écrit en 2002 : « Sans le Nom-du-Père il n’y a que chaos. Chaos veut dire hors loi, qu’il y a chaos dans le symbolique. Sans le Nom-du-Père, il n’y a pas le langage, il n’y a que lalangue. Sans le Nom-du-Père il n’y a pas à proprement parler le corps, il y a le corporel, la chair, l’organisme, la matière, l’image. Il y a des événements de corps, des événements qui détruisent le corps. » J.-A. Miller, « Le dernier enseignement de Lacan », La cause freudienne, 51, mai 2002, p. 25.
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[3]
Cf. S.M. Stahl, Psychopharmacologie essentielle, Paris, Flammarion, 2002, p. 385 et suivantes.
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[4]
Cf. notre note de lecture dans les amp.
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[5]
Puis de manière plus précise dans le « Existe-t-il des affections psychosomatiques du cerveau ? ».
Dans ses premiers travaux et dans sa thèse
1 Dès le texte « Structures des psychoses paranoïaques » (1931) que Lacan classe dans l’Exposé général de ses travaux scientifiques (1933) comme le premier de ses travaux originaux, il s’oppose à la doctrine caractérologique de la constitution paranoïaque, qui « comprenait » la paranoïa en continuité avec « jeu psychologique normal ». D’après Lacan, ceci ne se vérifie pas par la clinique, car le caractère – avant le déclenchement de la psychose paranoïaque – se rapproche d’habitude du caractère psychasthénique décrit par Janet et du caractère sensitif de Kretschmer. Cette doctrine était en rapport avec les positions de Dupré, Delmas et Genil-Périn, ainsi que les positions doctrinaires de Kretschmer et Jaspers ; les thèses de ce dernier sont acceptées et remaniées en partie par Lacan dans sa thèse (1932). Le travail théorique de Lacan se situe d’emblée en rapport avec la question de la structure de la psychose et celle « de la création » des psychotiques. Il tend ainsi, dès cette période, à s’éloigner de l’approche médicalisante du « déficit ». Dans son texte de 1931, on peut lire : « Les psychopathies, en effet, même les plus limitrophes du jeu psychique normal, ne relèvent pas dans le groupement de leurs symptômes une moindre rigueur que les autres symptômes de la pathologie. On ne saurait les analyser de trop près. C’est précisément l’atypicité d’un cas donné qui doit nous éclairer sur son caractère symptomatique, et nous permettre de dépister une affection neurologique grossière, de prévoir une évolution démentielle, de transformer ainsi le pronostic d’un délire dont le cadre nosologique essentiel est la chronicité sans démence. »
2 La psychose se posait pour lui (au moins pour une part : celle qui concerne les délires chroniques) comme ayant une cohérence existentielle globale. Dans la revue surréaliste Le minotaure, il remarquait dans son article « Le problème du style et la conception psychiatrique des formes paranoïaques de l’expérience » : « Cette expérience ne peut être comprise qu’à la limite d’un effort d’assentiment ; elle peut être décrite valablement comme structure cohérente d’une appréhension nouménale immédiate de soi-même et du monde. » Ici, comme dans l’article sur les structures paranoïaques, il s’agit d’affirmer une discontinuité d’avec la psychologie normale. Comme le souligne Paul Bercherie (2004) : « On comprendra sur cette base le rejet, pour ne pas dire l’allergie, chez Lacan de cette période, envers tout réductionnisme – réduction d’une expérience globale à un phénomène élémentaire, trouble primaire “automatique”, postulat “passionnel”, déviance caractérologique, bref, trouble fondamental “générateur” sur lequel travaillerait par la suite un psychisme normal séquellaire. »
3 Dans son mémoire de thèse, Lacan retrouve, avant le développement du délire du cas « Aimée » dont il est question, des phénomènes primitifs identiques à ceux que retenait K. Jaspers. À savoir, changements d’ambiance morale, éloignement du mari devenant étranger, expériences de déjà-vu ; certaines interprétations apparaissent au réveil, d’autres correspondent à des incomplétudes de la perception, à la signification personnelle prise par certaines expériences et à des illusions de la mémoire. En ce qui concerne le développement de la personnalité d’Aimée, il note des traits significatifs : attachement réciproque indéfectible à la mère sans doute interprétante, vie professionnelle marquée d’aboulie et d’ambitions inadaptées, goûts de tourments sentimentaux, exigences morales, attachements féminins importants, en contraste avec un mariage raté, et ainsi du reste. C’est autour du mécanisme de l’autopunition que Lacan va tenter d’unifier, sur le plan de la métapsychologie, ce qui autrement resterait épars. La métapsychologie freudienne va fonctionner ainsi, pour lui, comme une super-compréhension, rendant, par là même, la limite entre explication et compréhension moins nette que Jaspers ne l’aurait souhaité. Il se positionne de cette façon comme un élève infidèle à ce dernier. Georges Lanteri-Laura, dans son article « Processus et psychogenèse dans l’œuvre de J. Lacan » (1984), note la congruité, mais aussi l’avancée, que représente cette conception de Lacan par rapport à la distinction de Jaspers entre verstehen (comprendre) et erklären (expliquer) : « [Lacan] en reprenant l’étude de la sédation du délire, quand la patiente s’est punie elle-même par l’emprisonnement et la promiscuité, note que, pour elle-même, on cherchait à atteindre son enfant afin de l’empêcher d’accomplir sa mission et la punir de ne l’avoir pas remplie, et en rappelant que ses multiples persécutrices reproduisent le prototype de la femme libre et indépendante qu’elle hait et qu’elle souhaite devenir. […]. J. Lacan rapproche l’autopunition de la formation du surmoi. Pour Aimée, le noyau tient au conflit avec sa sœur aînée, à l’échec de la seconde grossesse qui a ravivé une composante homosexuelle qui avait été refoulée ; mais comme chez elle les fixations de la libido d’objet et de la libido narcissique sont très voisines, la forme de paranoïa reste assez bénigne […]. La théorie freudienne de l’évolution de la libido, avec la distinction en stades, due à K. Abraham, la libido narcissique et la libido d’objet, les notions de fixation et de régression, s’y montre fort propre, car elle met en jeu une connaissance – elle se place ainsi du côté de erklären – qui peut pour le psychanalyste fonctionner d’une certaine manière comme compréhension. »
4 Lacan, tout en reconnaissant l’utilité de la méthode d’Eugène Bleuler qu’il pensait appliquer dans l’analyse de son cas, ambitionnait que sa propre méthode soit applicable à des cas plus discordants. Il voyait une limite à la méthode de Bleuler, qu’il espérait dépasser par sa méthode à lui. Nous le citons : « On ne saurait certes rendre un hommage assez profond au génie de Bleuler, pour la méthode, si souple, qui a permis dans la schizophrénie d’analyser d’une part les phénomènes de déficit, relevant probablement d’une dissociation des mécanismes neurologiques, d’autre part les phénomènes de comportement, relevant d’une anomalie des dynamismes réactionnels. Seule, […], notre méthode permettra dans chaque cas de déterminer sous une forme irréductible les facteurs non psychogéniques de la psychose. Nous parlerons alors, selon les cas, de facteurs héréditaires, congénitaux ou organiques acquis. »
Dans son article sur les complexes familiaux
5 Dans l’article de l’Encyclopédie française sur « Les complexes familiaux », ces thèmes reviennent sous une forme concise, en référence à sa thèse. Il y récuse, de manière un peu étonnante, la causalité psychogène (ou en tout cas exclusivement psychogène) de la psychose, au profit d’un déterminisme endogène. Lacan note ainsi : « Pour nous, si nous avons voulu comprendre ces symptômes par une psychogenèse, nous sommes loin d’avoir pensé y réduire le déterminisme de la maladie. Bien au contraire, en démontrant dans la paranoïa que sa phase féconde comporte un état hypnoïque : confusionnel, onirique, ou crépusculaire, nous avons souligné la nécessité de quelque ressort organique pour la subduction mentale où le sujet s’initie au délire. » Et, se rapprochant des positions freudiennes sur l’hérédité, il poursuit : « Ailleurs encore, nous avons indiqué que c’est dans quelque tare biologique de la libido qu’il fallait chercher la cause de la stagnation de la sublimation où nous voyons l’essence de la psychose. C’est-à-dire que nous croyons à un déterminisme endogène de la psychose et que nous avons voulu seulement faire justice à ces piètres pathologies qui ne sauraient plus même représenter quelque genèse organique. » Il récuse, pourtant, aussi bien les doctrines mécanistes que celles qui cherchent le ressort de la psychose dans la constitution « prémorbide ». En guise de critique des théories mécanicistes, il écrit : « D’une part la réduction de la maladie à quelque phénomène mental, prétendu automatique, qui comme tel ne saurait répondre à l’organisation perceptive, nous voulons dire au niveau de croyance, que l’on relève dans les symptômes réellement élémentaires de l’interprétation et de l’hallucination. » Et critiquant des doctrines de la constitution, il note : « D’autre part la préformation de la maladie dans des traits prétendus constitutionnels du caractère, qui s’évanouissent, quand on soumet l’enquête sur les antécédents aux exigences de la définition de termes et de la critique du témoignage. »
6 Enfin, en se rapprochant de ses positions ultérieures, il ajoute plus loin : « Si quelque tare est décelable dans le psychisme avant la psychose, c’est aux sources même de la vitalité du sujet, au plus radical, mais aussi au plus secret de ses élans et de ses aversions, qu’on doit la pressentir, et nous croyons en reconnaître un signe singulier dans le déchirement ineffable que ces sujets accusent spontanément pour avoir marqué leurs premières effusions génitales à la puberté. » Le parfum de la conscience morbide (1914) de Charles Blondel – que suggère le mot « ineffable » – et de la « perte de l’élan vital » de Paul Guiraud sont perceptibles dans ces lignes, ainsi qu’une préfiguration, bien évidemment peu explicite à cet égard, de la rencontre d’Un père dont Lacan parlera en 1955 dans son texte « Du traitement possible de la psychose ». De même, le mot « déchirement » dans le voisinage de « sujets » ne serait-il pas une préfiguration de ce qui deviendra central dans l’enseignement de Lacan, par rapport à la faille et à la béance, jusqu’à ce que le sujet lui-même soit défini comme faille ? Nous allons y revenir un peu plus loin.
Dans son propos sur la causalité psychique
7 La dernière référence – à mi-chemin entre sa conception psychiatrique et celle de sa théorie psychanalytique proprement dite, à savoir après l’introduction de la triade « symbolique, imaginaire et réel » en 1952 – est son intervention sur la causalité psychique, au colloque de Bonneval (en 1946) en réponse à l’organodynamisme de Henri Ey. L’article de son intervention, qui fait partie des Écrits, a pour titre « Propos sur la causalité psychique » – le terme de « causalité psychique » emprunté à la « Psychologie médicale » de Ernst Kretschmer. Cet article est un très beau texte, par sa prose et par son style, très érudit par ses références variées – neurologiques, philosophiques, littéraires, éthologiques et bien sûr psychiatriques et psychanalytiques – que nous ne saurions reproduire ici en détails. On y trouve les premières applications des prémices de sa théorie du stade du miroir, et de sa théorie sur le narcissisme au champ des psychoses.
8 Dans ce discours, Lacan fait une critique acerbe, quoique courtoise, de l’organodynamisme qu’il considère comme une théorie fausse, aux différences négligeables avec les théories mécanistes classiques dont de Clérambault et Guiraud étaient les représentants éminents de l’époque. Il rappelle que Ey disait à propos de leur théorie qu’ils délirent avec le malade. Basée sur le commentaire du cas célèbre de Gelb et Goldstein, sa critique est que la théorie de Ey n’arrivait pas à distinguer le fait neurologique du fait psychiatrique avec la distinction qu’elle faisait entre dissolutions globales et dissolutions locales. Le patient, qui avait eu une blessure ayant lésé les deux scissures calcarines, présentait des troubles fort généraux, malgré la localisation très limitée de la lésion : « Dissolution vraiment uniforme et du niveau le plus élevé, qui, notons-le incidemment, retentit dans son fond sur le comportement sexuel, où l’immédiateté du projet se reflète dans la brièveté de l’acte, voire la possibilité d’interruption indifférente […]. Je demande donc à Henri Ey : en quoi distingue-t-il ce malade d’un fou ? […]. Que s’il me répond par les troubles noétiques des dissolutions fonctionnelles, je lui demanderai en quoi ceux-ci sont différents de ce qu’il appelle dissolutions globales. »
9 De même Lacan a reproché à Ey de ramener les croyances délirantes à un niveau très peu différent de celui où les psychiatres mécanistes posaient les hallucinations, en tant que sensations anormales Après avoir critiqué l’organodynamisme, Lacan expose dans cet article sa propre position et surtout tente de démontrer, en s’appuyant aussi sur la littérature (Le misanthrope de Molière, Les brigands de Schiller) et sur la philosophie de Hegel, que la folie est vécue toute dans le registre du sens, que le phénomène de la folie n’est pas séparable du problème de la signification pour l’être en général, c’est-à-dire du langage pour l’homme, et que ce phénomène de la signification – qu’est la folie – tient à l’être même de l’homme. Il a gardé, comme Ey, le terme de folie dans son exposé, « avec tout ce qu’il peut présenter de suspect par son antique relent de sacré à ceux qui voudraient le réduire de quelque façon à l’omnitudo realitatis ». Le phénomène de la croyance délirante est méconnaissance avec ce que ce terme contient d’antinomie essentielle. Car méconnaître suppose une reconnaissance, comme le manifeste la méconnaissance systématique, où il faut bien admettre que ce qui est nié soit en même temps reconnu. Le terme de « méconnaissance systématique », Lacan l’emprunte à l’article de Capgras et Garette [1]. Car, même si le fou ne reconnaît pas ses propres productions (sentiments d’influence, automatisme) comme étant siennes, « un caractère beaucoup plus décisif, pour la réalité que le sujet confère à ces phénomènes, que la sensorialité qu’il éprouve ou la croyance qu’il y attache, c’est que tous, quels qu’ils soient, hallucinations, interprétations, intuitions, et avec quelque extranéité et étrangeté qu’ils soient par lui vécus, ces phénomènes le visent personnellement : ils le dédoublent, lui répondent, lui font écho, lisent en lui, comme il les identifie, les interroge, les provoque et les déchiffre ». Et encore, en référence à l’aspect ineffable de l’expérience psychotique que nous avons vu aussi un peu plus haut : « […] quand tout moyen de les exprimer vient à lui manquer, sa perplexité nous manifeste encore en lui une béance interrogative : c’est-à-dire que la folie est vécue toute dans le registre du sens. » Et que, d’une certaine manière, c’est cette béance que le sujet psychotique va être tenté de combler, à une quelconque de ses phases, par une identification idéale qui se réalise sans médiation. Ce que plus tard, dans le « Du traitement possible de la psychose », Lacan va nommer « régression topique au stade du miroir ». Pourtant, cette participation de l’Imaginaire et de l’idéal montre aussi comment la folie fait partie de l’essence même de l’homme, qui ne peut devenir homme sans risquer la folie.
Après 1953
10 En 1955, à son Séminaire sur les psychoses, Lacan s’exprime explicitement sur la psychogenèse, en récusant le terme sans ambages : « Le grand secret de la psychanalyse c’est qu’il n’y a pas de psychogenèse. Si la psychogenèse est cela, c’est justement ce dont la psychanalyse est la plus éloignée, par tout son mouvement, par toute son inspiration, par tout son ressort, par tout ce qu’elle a apporté, par tout ce vers quoi elle nous conduit, par tout ce en quoi elle doit nous maintenir. » Comme Bernard Casanova (1987) le remarque : « […] il n’y a pas contradiction entre cette causalité psychique de 1946 et le pas de psychogenèse de 1955 ; pas de contradiction mais autre chose. Car, entre les deux dates, se situe un événement : la nomination par Lacan en 1953 des trois catégories : le symbolique, l’imaginaire et le réel. C’est avec ces trois-là qu’il n’y a pas de psychogenèse […]. Lacan, inventant sir n’est plus dans la dichotomie psychogenèse/organogenèse ; il sort du dualisme et rompt avec la tradition médico-philosophique de toujours. […]. Quitter le dualisme pour passer à cette ternarité n’est pas une simple progression de deux à trois, n’est pas deux plus un, n’est pas le rajout par Lacan d’un tiers élément jusque-là omis. »
11 Lacan en 1955 à ce même Séminaire sur les psychoses avance quant à l’organicité de la psychose de Schreber : « La seule organicité qui soit essentiellement intéressée dans ce procès : celle qui motive la structure de la signification. » La structure de signification est donc pour Lacan, à ce niveau de son élaboration le carrefour par où doit passer tout facteur relatif à la psychogenèse et l’organogenèse. Mais, si sa théorie du signifiant lui permet déjà de s’éloigner du débat de la psychogénèse et l’organogénèse, c’est sa théorie de l’objet petit a qui va lui permettre d’entamer définitivement le fantasme d’une « totalité » qui le hante, comme obstacle à dépasser, depuis le début de son enseignement et son stade du miroir. Dans son Séminaire L’Angoisse il avance : « Ce rapport en miroir à l’objet est pour toute gnoséologie une référence si commune et si facile d’accès, qu’il est aussi facile de s’engager dans l’erreur de la projection. Nous savons combien il est facile que les choses au dehors prennent la couleur de notre âme, et même sa forme, et même qu’elles avancent vers nous sous la forme d’un double. Mais si nous introduisons l’objet a comme essentiel dans le rapport au désir, l’affaire du dualisme et du non-dualisme prend un tout autre relief. » L’image, du coup, ne fait plus totalité, quelque chose est creusé en elle. Casanova avance, à propos du rapport du dualisme au « pas tout », qui s’esquisse déjà par cette modification de sa doctrine : « Dans le dualisme rien ne manque : le corps et l’esprit s’ajoutent et se complètent ; et que l’on penche soit vers la spiritualité du corps, soit vers l’incarnation de l’âme, dans tous les cas ça fait totalité, ça fait un tout, tout entier et tout rond, sphérique, ça fait l’être. S, I et R ne s’additionnent pas ; ils se nouent et de façon telle qu’aucun de trois n’a de privilège de nouer les deux autres. » Dans ses élaborations ultérieures du nœud borroméen, le petit a tiendra, d’ailleurs, la place de trou central pour les trois catégories.
12 Dans son Séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (en 1964), Lacan précise, quant au déterminisme des névroses : « L’important n’est pas que l’inconscient détermine la névrose. Là-dessus, Freud a très volontiers le geste pilatique de se laver les mains. Un jour ou l’autre on trouvera peut-être quelque chose, des déterminants humoraux, peu importe, cela lui est égal. Car l’inconscient nous montre la béance par où la névrose se raccorde à un réel qui peut bien lui, n’être pas déterminé. » Il y a donc « raccordage » qui veut dire discontinuité, disparité, à ce niveau, entre les déterminations qui relèvent du Symbolique et celles qui viennent du Réel, qui ne sont pas du coup – forcément – déterminées par l’inconscient. Pourtant, certains auteurs comme Alfredo Zénoni font l’impasse sur les déterminations biologiques. Nous partageons, à cet égard la critique que Jean-Pierre Lebrun fait sur la tendance de Zénoni à dé-biologiser complètement la clinique. Nous citons Lebrun (1993) : « […] nous ne pouvons pas plus partager l’opinion de certains psychanalystes lacaniens, comme par exemple Alfredo Zénoni lorsqu’il précise : “Il n’y a pas de guerre entre la biologie et la psychanalyse parce qu’il n’y a pas de conflit de compétences entre elles. La causalité d’un phénomène clinique relève soit de l’une, soit de l’autre, jamais de l’interaction des deux”. » Patrick de Neuter critique aussi le point de vue de Zénoni, quand ce dernier affirme l’abolition de l’anatomique et du biologique comme plan pertinent de la causalité du comportement du corps humain et la coupure radicale d’avec les déterminismes animaux. Nous citons de Neuter (1994) : « Ces affirmations sont pourtant régulièrement contredites par la clinique. Elles sont en contradiction avec l’enseignement et la clinique de Lacan […]. » Et il rappelle que, pour Pavlov, il y avait une intrication de deux systèmes de signalisations chez l’homme, le premier, celui des images (qu’il partage avec les animaux), et le second, les signaux des signaux, dit-il, propres au langage humain. Nous allons revenir par la suite sur le conditionnement de Pavlov et sur ce que Lacan a proposé comme lien de sa propre théorie avec celle du reflexe conditionné de Pavlov.
13 En 1975, à son Séminaire Le sinthome, Lacan dit que c’est le Réel qui est creusé par le Symbolique, le langage « mange ce Réel », « il y fait trou », évide ce Réel, dit-il. Lacan a tenté ainsi de lire Chomsky, à propos de ce Réel qui met en place la possibilité de signification, mais qui est extérieur à toute signification concrète. Chomsky, nous le rappelons, parlait, à partir d’un autre point de vue, de la différence entre compétence et performance du langage. Nous pourrions commenter là-dessus qu’il y a un Réel pour le Symbolique (entre autres un Réel du corps qui lui est propre) et qui est d’une certaine manière en exclusion interne avec lui. Si les significations ont une structure ternaire, car il n’y a pas d’arrêt possible de renvoi entre les signifiants, le Réel corporel du langage a affaire avec des traces qui fonctionnent sur un principe binaire, c’est-à-dire avec des signes. Un de ces maillons parmi ces signes est le code génétique, comme Lacan le rappelle à la suite de Chomsky. Sous certaines conditions, il peut arriver un arrêt du processus de renvoi propre aux structures de signification qui sont des structures triadiques (par gélification ou par forclusion du Nom-du-Père), et du coup ce « Réel du langage » – qui est de structure binaire – apparaît à ciel ouvert. Lacan dans sa « Réponse au commentaire de Jean Hyppolite » disait, n’est-ce pas, que pour le schizophrène tout le Symbolique est Réel. La théorie du « sinthome » nous éloigne d’une conception déficitaire de la psychose, c’est-à-dire que le « sinthome » est une invention qui tend une suppléance autre que le Nom-du-Père pour faire tenir les trois ronds borroméens. Mais est-ce pour autant que cette avancée nous amène à penser que, pour Lacan, il n’y a pas de processus déficitaires en psychopathologie ? Nous pensons que Lacan n’excluait absolument pas, par sa théorie du « sinthome », une telle contingence. Nous allons, par la suite, tenter de voir si la question du déficit pourrait être abordée dans le cadre de la théorie lacanienne.
Comment alors rendre compte du « déficit » ?
14 L’essence de l’homme va se poser de plus en plus pour Lacan au niveau de la faille, et Jacques-Alain Miller, dans un commentaire du texte de Lacan sur la causalité psychique et en critique des théories qui traitent la folie comme un déficit, va dire : « Le déficit est repérable dans la réalité physique, et ça continue d’être ainsi, que de s’occuper d’un certain nombre de dysfonctionnements, on essaye de repérer à l’imagerie une activité insuffisante de telle ou telle zone, donc ce sont des déficits foncièrement physiques ; en revanche, la faille dont il s’agit c’est une faille signifiante que Lacan traite ici comme une faille entre le moi et l’être du sujet […]. » Miller a raison de dire à son séminaire « Tout le monde est fou » que Lacan, dans la suite de son enseignement, va déplacer la question de la faille, au niveau même du sujet considéré comme faille. Nous citons Miller : « […] il trouvera ensuite à construire de manière beaucoup plus raffinée, en allant jusqu’à écrire un sujet qui est en lui-même faille, le sujet barré, c’est le sujet faille. Alors, et du coup, parce que le sujet est faille, tout se joue au niveau des identifications qui comblent cette faille et c’est là que Lacan voit le dynamisme de la folie. » Lacan a déplacé la question du déficit au niveau de la faille, le terme déchirement étant présent pourtant, comme nous venons de le voir, dans ses travaux initiaux sur la psychose, mais aussi dans son stade du miroir. Cette même faille va se positionner, dans la suite de son enseignement, au niveau du Réel comme impossible, au niveau du « non-rapport sexuel » et du concept du « pas tout ». Miller signale aussi que le biologique n’est pas le Réel et que le Réel c’est autre chose, c’est ce qui est en rapport avec la fonction de la signifiance, en rapport avec le champ du langage. Et il poursuit : « C’est dans cette veine qu’il a entrepris d’écrire – je cite sa parole – d’écrire comme en mathématique la fonction qui se constitue de ce qu’il existe la jouissance sexuelle […]. Alors là, il y a rapport avec la biologie, sans doute, mais ce n’est pas avec la neurobiologie. Le rapport qu’il y a avec la biologie, c’est avec le bio de biologie, c’est avec ce qui concerne la vie et non pas supposément la cognition. C’est, disons, le rapport entre l’être parlant et ce qui le supporte de vivant. Là, ce qu’il isole sous le nom de jouissance. »
15 Tout en partageant l’avis de Miller sur ce que Lacan a opéré comme déplacement de la problématique du déficit à la problématique de la faille et sur le rapport que le langage entretient avec le Réel (qui n’est pas le biologique), nous pensons que les répercussions du langage sur la jouissance peuvent atteindre le corps, au point de provoquer des déficits, même sur le plan de sa neurobiologie, incluant la cognition, les humeurs, etc. Mais, posons, d’ores et déjà, une question qui semble n’être pas prise en compte par cet argument de Miller [2]. N’y a-t-il pas de quoi penser qu’un déficit peut survenir au niveau de l’organisme, dans sa composante périphérique ou cérébrale, voire un arrêt de fonctions vitales ?
16 Pourrait-on concevoir la survenue d’un déficit de l’organisme, à partir de la théorie lacanienne ? Une phrase de Lacan sur le complexe d’Œdipe, tirée du « Propos sur la causalité psychique », laisse entendre que la mise en place de la ternarité symbolique empêche justement des processus de « sensibilisation ». Nous le citons : « Je n’hésite pas à dire qu’on pourra démontrer que cette crise a des résonances physiologiques, – et que, toute purement psychologique qu’elle soit dans son ressort, une certaine dose d’Œdipe peut être considérée comme ayant une efficacité humorale de l’absorption d’un médicament désensibilisateur. » Lacan, bien après, dans son Séminaire L’envers de la psychanalyse (1969-1970), va poser implicitement la jouissance, comme ayant un potentiel de destruction sur le vivant. Nous le citons : « Je vous ai assez dit pour que vous sachiez que la jouissance, c’est le tonneau des Danaïdes, et que, une fois qu’on y entre, on ne sait pas jusqu’où ça va. Ça commence à la chatouille et ça finit à la flambée de l’essence. Ça c’est toujours la jouissance. » Le processus de sensibilisation est de nature physiologique, comme le note Lacan, et même – ajustons-nous – neurophysiologique. À partir de ces remarques de Lacan, posons-nous aussi la question audacieuse suivante : le mécanisme de sensibilisation, avec ses prolongements neurophysiologiques du-dit embrasement (kindling) et de l’excitotoxcicité [3], serait-il à même de rendre compte des phénomènes de déficit au niveau – par exemple – cérébral ? Dans un article sur l’automatisme en psychopathologie nous avons tenté de montrer comment le mécanisme neurophysiologique de l’embrasement décrit par Robert Post [4] initialement dans le contexte de la psychose maniacodépressive se prête à une telle hypothèse. Nous avons postulé dans ce travail [5] que certains phénomènes à caractère d’automatisme qui concernent surtout les affects (et la dite athymhormie dans le cadre de la schizophrénie) se produisent, en rapport avec le processus neurophysiologique de l’embrasement, selon une « réduction sémiotique » qui implique la transmutation des signifiants en signaux et stimuli. Selon ce processus les affects deviendraient des plus en plus automatiques – et indépendants des signifiants – pour se transformer ainsi en émotions, puis au stade suivant, en humeurs. Nous avons avancé à ce propos plus précisément l’hypothèse de « participation psychosomatique du cerveau », hypothèse qui peut trouver, par ailleurs – comme nous soutenons dans un texte à paraître dans L’évolution psychiatrique –, des « applications » dans d’autres contextes psychopathologiques en dehors des psychoses.
17 Au-delà de ces questions en rapport avec le mécanisme neurophysiologique de la sensibilisation, la théorie que Lacan expose dans son XIe Séminaire sur le phénomène psychosomatique prend en considération le conditionnement opérant de Pavlov. Plus précisément, Lacan avance que, lorsqu’il y a une gélification de la chaîne signifiante la dialectique du désir s’arrête et « le signifiant du désir de l’Autre » – de ce fait – obtient une opacité, il devient mystérieux. À cet état, il arrête de renvoyer à un autre signifiant pour devenir un inducteur, un signal, qui induit des perturbations aux besoins du soma, au lieu de relancer la dialectique du désir du sujet. Lacan donc a mis, explicitement, la théorie de Pavlov sur le conditionnement en rapport avec son hypothèse de gélification de la chaîne signifiante dans les phénomènes psychosomatiques. C’est-à-dire que, selon Lacan, il y aurait une analogie entre le signifiant gelé et le signal de l’expérimentateur de l’expérience de Pavlov (de la sonnette à la place de la viande), quand celui-ci essayait de conditionner l’animal domestiqué (et comme tel sensible aux signes venant de l’autre humain), à savoir le chien.
18 Pourquoi donc ne pas penser que, dans certaines conditions, où il y a forclusion du Nom-du-Père, ou, si la chaîne signifiante se « gélifie », ce sont des lois de l’organisme comme celles de la « sensibilisation » et du « conditionnement » qui peuvent se mettre en marche et produire, entre autres, des déficits ponctuels ou même des séquelles ? Comme nous l’avons noté plus haut, la sensibilisation et le conditionnement seraient des processus de « réduction sémiotique ». Dans ce même sens, pourquoi ne pas considérer que certains phénomènes automatiques et certains déficits (l’athymhormie par exemple schizophrénique), dans le cadre des psychoses (quoique pas seulement), pourraient être considérés comme des affections psychosomatiques du cerveau ? Les phénomènes que nous venons d’évoquer pourraient servir aussi, quoique de manière aléatoire (et donc pas à visé adaptative), comme une sorte de pare-excitation qui soulage de l’efflorescence psychotique. Qu’on appelle ces phénomènes « déficitaires » peut avoir une connotation péjorative. Mais, de même, le pronostic psychotique est souvent péjoratif aussi. Cela n’empêche pas que de tels phénomènes peuvent, néanmoins, aider à la stabilisation, comme si le corps « dé-symbolisé », c’est-à-dire le soma, « se traitait », dans ces cas, par lui-même, et pacifiait la jouissance en excès. C’est-à-dire que si le Nom-du-Père ne crée pas ce « médicament désensibilisateur » (dont parlait Lacan), c’est le corps, parfois, qui produit par le biais d’une « suppléance » psychosomatique, à savoir par une maladie du cerveau qui touche ses humeurs, sa motricité etc., un état qui « fait office » de ce médicament. Pourrait-on pour autant parler, à ce propos, des suppléances du Réel du corps ? C’est-à-dire qu’à défaut d’une autre suppléance ou compensation – venant du Symbolique, de l’Imaginaire ou du Réel – c’est le Réel du corps qui s’automutile et se débranche de l’Autre. Nous ne cherchons pas à expliciter tout cela ici, car il s’agirait d’un travail que nous avons fait dans notre thèse qui est difficile à reprendre en détail dans le cadre de cet article. Nous avons donc limité ici notre propos pour juste situer, ce type de questionnement dans le contexte de la théorie lacanienne.
En guise de conclusion
19 Dans cet article nous avons voulu esquisser le parcours de la pensée lacanienne sur la psychogenèse et la question du « déficit », tout en indiquant par quelle voie la théorie lacanienne peut rendre compte des processus déficitaires qui concernent, entre autres, des cas de psychoses et des phénomènes psychosomatiques. Ceci, peut-être, à contre-courant de l’avis qui soutient que la question du déficit est exclue de considération par Lacan, ou même, par la théorie psychanalytique en général. Dans des cas pareils nous aurions des processus psychosomatiques qui affectent le cerveau ou le soma périphérique, qui se produisent par une réduction des signifiants aux signaux (ou même aux stimuli) ; lesquels sont intégrés dans des processus de sensibilisation/désensibilisation, de conditionnement et d’autres mécanismes biologiques du même genre. Ces mécanismes, une fois enclenchés, pourraient éventuellement agir dans le sens d’une pacification de la jouissance en excès, action qu’on pourrait, éventuellement, questionner sous le prisme d’une suppléance ou compensation par le Réel du corps.
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Mots-clés éditeurs : sujet, Lacan, réduction, binaire, dualisme, Psychogenèse, ternarité, faille, organogenèse, sémiotique
Mise en ligne 07/05/2014
https://doi.org/10.3917/cm.089.0281Notes
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[1]
Cf. l’article de Nicolas Dissez, « Histoire d’un concept psychiatrique tombé dans l’oubli : la méconnaissance systématique, ou Lacan sur la trace de la forclusion du symbolique », La revue lacanienne, 5, 2009, p. 188-203.
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[2]
Quoi qu’il ait écrit en 2002 : « Sans le Nom-du-Père il n’y a que chaos. Chaos veut dire hors loi, qu’il y a chaos dans le symbolique. Sans le Nom-du-Père, il n’y a pas le langage, il n’y a que lalangue. Sans le Nom-du-Père il n’y a pas à proprement parler le corps, il y a le corporel, la chair, l’organisme, la matière, l’image. Il y a des événements de corps, des événements qui détruisent le corps. » J.-A. Miller, « Le dernier enseignement de Lacan », La cause freudienne, 51, mai 2002, p. 25.
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[3]
Cf. S.M. Stahl, Psychopharmacologie essentielle, Paris, Flammarion, 2002, p. 385 et suivantes.
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[4]
Cf. notre note de lecture dans les amp.
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[5]
Puis de manière plus précise dans le « Existe-t-il des affections psychosomatiques du cerveau ? ».