Notes
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Dominique Reniers, Carole Pinel, Julio Guillen, Laboratoire shs-cec, Unité de recherche en psychologie oces (Organisation, Clinique et Sujet), université catholique de Lille, faculté libre des lettres et sciences humaines, 60 bd Vauban, bp 109, F-59016 Lille cedex.
dominique.reniers@icl-lille.fr
carole.pinel@icl-lille.fr
julio.guillen@icl-lille.fr -
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Il est piquant de constater que le terme ????????? a été retenu par Aristote pour désigner les attributs élémentaires (qualité, quantité, temps, lieu, etc.).
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On peut citer également le verbe µ???µ???? (memphimoireo) qui revêt également une portée explicitement accusatoire, mais il sort lui aussi du registre juridique, ainsi que le montre la présence dans le verbe de la racine « moireo » qui souligne la part du destin dans cette accusation, même si celle-ci peut être adressée à quelqu’un.
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Ainsi les procès en sorcellerie concernant l’hystérie au Moyen Âge et à la Renaissance par exemple, semblent avoir eu pour répondant la fameuse acedia, sous le même chef d’accusation religieux.
1La nosographie aujourd’hui admet deux orientations radicalement opposées. La première vise le généralisable à travers un repérage sémiologique dégagé de toute référence théorique. La seconde tend à affirmer qu’il n’est de clinique que de l’exception. Entre une démarche délibérément athéorique qui promeut une reconnaissance commune (comme une) des figures pathologiques recensables, prônant en cela la réponse à tout et l’éviction de la moindre question, et celle qui récuse les théories et les observations relevant du « dit » psychiatrique qui s’opposent à la méthode de la libre association (Fierens, 1999, p. 63), le dialogue ne peut exister. Les récents débats autour de l’évaluation des psychothérapies dans leur efficacité ne sont d’ailleurs pas loin d’avoir annihilé tout espoir de le raviver. On est bien loin en tout cas de ce temps, celui de Freud, où le diagnostic gardait une certaine valeur d’officialité dans laquelle l’analyse psychopathologique trouvait l’espace où se déployer. Le temps aujourd’hui est plutôt, dans la nosographie, à la trouvaille de nouveaux syndromes totalement dégagés de toute réflexion reposant sur l’idée de structure (tels le syndrome de Münchhausen, le syndrome de Peter Pan, le syndrome victimaire par exemple), ou a contrario à la centration exclusive sur la logique du désir sans aucune référence à un principe classificatoire dont Freud est pourtant bel et bien parti, pour ne jamais s’en départir complètement.
2Il faut reconnaître que ceux qui consultent aujourd’hui un psy, psychiatre, psychologue ou psychanalyste, n’ont plus grand-chose de ceux qui se rendaient autrefois dans les dispensaires. Phénomène de société sans doute, soutenu par une hypermédiatisation qui sait jouer sur ce qui, dans le registre mental, entretient de mystère ou au contraire d’efficacité pour favoriser un Audimat maximal. En tout cas, quelle que soit l’orientation théorique ou pratique retenue, il sera difficilement contestable de reconnaître que le monde contemporain réserve une place toute nouvelle à ce qui reste peut-être de véritablement universel dans le champ de la psychopathologie, à savoir la plainte. Et c’est voir qu’il ne saurait y avoir aujourd’hui de clinique sans que soit interrogé le cadre social dans lequel elle prend place.
3Admettre la plainte en objet d’analyse, c’est forcément s’engager dans une réflexion ne pouvant se limiter à un simple relevé sémiologique qui fait fi de la démarche classificatoire qui, comme le soulignait Foucault, exige une élaboration pensante. Sans forcément tomber dans l’éviction radicale de ce « regard » qui fonde la clinique (1963, p. 107 et suiv.), l’accent est forcément mis sur ce qu’il convient d’entendre de la plainte, n’en déplaise aux partisans d’une psychologie qui serait subordonnée aux canons épistémologiques de la médecine moderne.
4C’est la voie en tout cas qu’on prendra ici dans un essai de délimitation clinique et psychopathologique d’une plainte dont la fréquence est difficilement contestable aujourd’hui, à savoir la plainte qui se « dépose » plutôt qu’elle ne se formule. L’hypothèse que nous formulons est qu’aux côtés de la plainte hystérique, éternelle et changeante (Verdey, 2000), qui prend le masque que les classifications contemporaines ont bien voulu lui offrir en l’excluant de leurs cases sémiologiques, peut être identifiée une plainte caractéristique du monde postmoderne qualifiable de « quérulente ». Cette plainte quérulente serait à entendre à proximité de ce que certains auteurs (Douville, 2000 ; Lesourd, 2007 ; Sauret, 2008) nomment la mélancolisation du sujet, dont elle constituerait l’une des expressions contemporaines majeures.
5Une investigation étymologique serrée s’impose en premier lieu relativement au terme de « plainte ». Elle permettra le dégagement de deux formes essentielles de celle-ci, à savoir celle qui reposerait avant tout sur l’adresse qui en détermine la formulation même, et celle qui n’a d’autre motif à se formuler que le dam imaginaire qu’elle s’évertue à dénoncer auprès de qui de droit. Il s’agira de voir dans un second temps en quoi les plaintes ainsi identifiées peuvent être tenues pour paradigmatiques dans le lien social propre au monde postmoderne. Il sera alors possible d’interroger, conformément à l’hypothèse posée, ce qui, à partir du néologisme retenu de « mélancolisation du sujet », en constituerait avec la plainte quérulente l’une des expressions essentielles.
De la plainte qui atteint à la plainte qui attend…
6La recherche étymologique concernant le terme « plainte » donne aisément à voir deux directions distinctes selon que l’accent est mis sur l’effet, à l’endroit d’autrui, de sa formulation, ou sur l’attente, sur la voie du droit revendiqué, d’une réponse.
7Le verbe « se plaindre » provient du latin « plango ». Et d’emblée se présente un élément d’observation capital. Car « plango » renvoie avant tout à l’idée d’un mouvement qui est radicalement étranger à quelque éprouvé de douleur. Ce mouvement, c’est celui de frapper au sens proprement physique (les flots qui battent les rochers par exemple). Un tel mouvement peut renvoyer, sous une forme pronominale, aux coups qu’on se donne pour manifester sa douleur, mais tout autant pour exprimer un état d’exaltation. Ce n’est qu’en dérivé que « plango » va admettre un lien explicite avec l’idée de douleur en signifiant « se lamenter » et, de là, « pleurer quelqu’un ou quelque chose » (Gaffiot, 2000, p. 1202). Il semble en cela que la plainte est ici indissociable d’un mouvement qui implique celui à qui elle s’adresse. C’est ce qui ressort d’ailleurs on ne peut plus nettement si on considère la racine grecque du verbe « plango » (?????? – plesso) qui implique pour une part bien sûr l’idée de « frapper, heurter (avec ou sans hostilité), battre » (Bailly, 2000, p. 1573), mais surtout celle d’« atteindre ou se laisser atteindre » (Bailly, 2000, p. 1574). L’autre racine attestée de « plango » est plus explicite encore sur ce point en ce que le verbe ????? (plazo) signifie « faire vaciller, faire chanceler » et « troubler, embrouiller » (Bailly, 2000, p. 1562). Très clairement, l’étymologie du verbe « se plaindre » met donc l’accent sur l’adresse et non sur l’état susceptible d’en justifier l’expression.
8Bien plus que le latin, le grec ancien possède des verbes qui renvoient de façon ciblée à cet état justifiant la plainte. Il s’agit d’une part de ?????µ?? (oduromai) qui signifie « (se) plaindre, se lamenter sur… », et qui se rattache au substantif ????? (oduné) qui seul évoque la notion de douleur, qu’elle soit physique ou morale (Bailly, 2000, p. 1352). Le verbe ?????? (treneo) pourrait lui aussi être retenu mais il renvoie à une plainte strictement circonstancielle, celle qui concerne la mort d’un proche (le substantif ?????? – trenos – évoque en effet le chant funèbre).
9Il serait hors de propos ici de tenter de comprendre pourquoi la langue française a retenu, pour forger l’expression « se plaindre », un verbe dont la portée essentielle contient avant tout l’idée de frapper, qui implique donc avant tout une adresse, laissant au second plan, ou au titre de simple implicite, l’état qui en constituerait la source ou le motif. L’étymologie en tout cas le montre clairement : la plainte, ou plus exactement, le « se plaindre » (on notera la voix pronominale ici présente) détient comme valeur première de s’adresser à l’autre. Elle n’a de consistance, pourrait-on dire, qu’à travers son destinataire qui en devient le motif premier avant de constituer le point de butée de sa formulation. La formule « se plaindre » ne saurait tenir sans l’adjonction de la préposition « à » (« se plaindre à »). Il serait peut-être un peu rapide de relier à cette configuration de la plainte la figure de l’hystérie. Cependant, on se rappellera à ce titre les travaux de Luce Irigaray (1974) qui, en isolant l’expression type de l’hystérique (« Parler à… »), semblent confirmer le bien-fondé d’un tel lien.
10Pour ce qui concerne le second type de plainte, celle qui s’entend dans le registre de la justice, le grec ancien n’est pas avare de références étymologiques qu’il est intéressant de considérer avant d’aborder de façon plus serrée la racine du terme « quérulence ».
11Un premier verbe se présente avec ????????? (categoreo) qui admet là aussi une adresse mais posée en tierce position vis-à-vis d’une position établie contre quelqu’un. Il s’agit de « parler contre », c’est-à-dire de « blâmer, décrier », ce qui donne la possibilité de l’employer en justice (« Accuser en justice »). L’accent est mis cependant sur ce qui, dans un tel « parler contre », renvoie à l’idée de « faire connaître, de révéler » (Bailly, 2000, p. 1065). La plainte s’accorde donc ici avec l’idée de l’aveu. Il s’agit peut-être de blâmer, ce qui tient compte de qualités attribuées à l’autre, mais aussi de poser une parole qui s’oppose à celle de l’autre (une parole contre une autre donc), ce qui renvoie à l’idée d’une dissimulation et d’un aveu attendu. C’est en cela d’ailleurs qu’un tel verbe signifie également « exprimer, énoncer ». On notera au passage que le substantif associé n’est autre que ????????? (categoria) qui, avant tout, signifie « accusation » à partir d’un attribut, d’une qualité attribuée à quelqu’un (Bailly, 2000, p. 1065) [2].
12On passera rapidement sur deux expressions à propos de la plainte en justice qui insistent sur la forme de la procédure qui peut la caractériser. Le verbe ?????µ?? (graphomai) renvoie à ce qui est écrit, gravé (?????) et peut désigner en cela la constitution de pièces juridiques servant à la mise en accusation (Bailly, 2000, p. 418). L’accusation sous forme d’annonce officielle et orale est contenue quant à elle dans le verbe ?????????? (eisagello), mais celui-ci, qui signifie avant tout « entrer en annonçant, introduire quelqu’un en l’annonçant » n’a pris de valeur juridique que dans la seule ville d’Athènes (Bailly, 2000, p. 599).
13Mais la référence étymologique la plus importante ici [3] sera, comme précédemment avec plango, latine. Le terme « quérulence » vient du verbe queror. S’il renvoie à l’idée d’un « se plaindre » en incluant ici aussi une adresse (« faire entendre des plaintes »), la dimension juridique dans laquelle il va trouver sa valeur particulière est due à Pline le Jeune dans ses Epistolae. On notera que si le verbe plango admet comme substantif plangor (« action de frapper ; coups que l’on se donne dans la douleur, lamentations bruyantes » – Gaffiot, 2000, p. 1202), queror admet explicitement l’idée d’une relation à autrui placée sous le chef du conflit justifié par un enjeu en position tierce (querela : « doléance, réclamation », mais aussi querimonia, son synonyme latin). À queror se rapproche d’autre part le verbe quaero (« chercher ») qui a pour originalité d’adjoindre l’expression explicite d’une plainte, ici à entendre dans une portée liée à la douleur (deux substantifs lui sont liés : questus – plainte, gémissement – et questio – plainte, pathétique), au registre de la justice en signifiant « se plaindre en justice » (Gaffiot, 2000, p. 1313). On sait d’ailleurs, à propos de quaero, le sens particulier qu’a pu avoir la « question » qui, du Moyen Âge à 1789, renvoyait à la procédure visant à faire surgir la vérité de la bouche d’un accusé, c’est-à-dire la torture.
14La racine grecque de queror n’est pas attestée. Peut-être est-elle à situer dans le verbe ????? (quero) qui signifie « priver », ou à l’adjectif ????? (queres : « méchant, mauvais, méprisable »). Mais l’essentiel à saisir ici semble bien se localiser au niveau d’une conflictualisation explicite, interindividuelle, qui en appelle à une dimension ternaire tant au niveau de son motif (a priori, on serait en cela dans le registre de la rivalité plus que dans celui de l’envie) qu’au niveau du recours à une instance posée comme pouvant et devant le résoudre. S’y affichent donc comme en complémentarité l’idée de conflit interindividuel (querelle, quérimonie) et celle d’une instance érigée en pouvoir et en devoir en et y répondre. C’est évidemment ce qui justifia que Krafft-Ebbing (1879, p. 87) retint le terme de quérulence pour qualifier « la manie des querelles et des procès ».
15En tout cas, il ressort de cette analyse étymologique la possibilité de distinguer clairement deux types de plaintes. La première prend consistance avant tout de son adresse, celle-ci prenant statut de « témoin » nécessairement « atteint » subjectivement par ce qui, dans le fait que le plaignant « se frappe », ne peut que le « frapper » concomitamment. La deuxième, quant à elle, cible davantage à la fois l’enjeu dont elle procède, qui implique un autre comme « rival », et une instance tenue pour devoir répondre en droit.
16Il serait évidemment, à partir de là, un peu forcé et limitatif de se contenter de trouver quelque justification indirecte à l’établissement de deux grandes classes nosographiques qui répondent cliniquement de ces deux formes de plaintes, à savoir l’hystérie d’une part et l’une des formes du délire passionnel d’autre part. L’objectif de ce travail est en effet de tenter de localiser, à partir de la clinique plus qu’à partir du savoir psychiatrique, une forme de plainte qui puisse être tenue comme l’expression majeure de ce qui est entendu aujourd’hui à travers l’idée de mélancolisation du sujet. En quoi il convient à présent de voir si les observations qui viennent d’être faites sur le plan étymologique trouvent leur répondant au niveau des formes que prend la plainte dans le monde postmoderne.
Les deux plaintes matricielles : plainte hystérique vs plainte mélancolique
17Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les deux formes de plaintes qui ressortent de notre recherche étymologique ne sont pas aussi aisément reliables à ces deux figures canoniques que l’on peut localiser dans le postmoderne. Si on peut admettre sans trop de difficulté que la plainte hystérique entretient un rapport assez étroit avec la dimension d’un « frapper » (plango), celle qui prend place dans le procédurisme juridique ne se retrouve pas de façon aussi simple dans la mélancolisation. C’est là justement, comme on va le voir, que la notion de quérulence va prendre toute sa valeur, clinique autant que psychopathologique.
18Que l’hystérie ait à être convoquée dans un débat qui porte sur la plainte, c’est ce que la clinique montre clairement, dans la mesure où l’adresse de celle-ci prévaut toujours sur son contenu. On se souviendra à ce titre que la naissance de la psychanalyse est concomitante du « traitement » par Freud de la plainte de ses premières patientes. L’abandon de la neurotica, c’est-à-dire de la reconnaissance d’une étiologie traumatique de nature sexuelle, répondait clairement chez Freud d’une mise au second plan du contenu de cette plainte au profit de ce qui, au travers du voile du fantasme, insistait à se dire du lien établi avec le médecin (Freud, 1887-1902, lettre du 21 septembre 1897, p. 190-193). Le concept central de transfert, on le sait, trouvera dans cette inflexion essentielle de l’attention freudienne ses fondements avant de connaître les développements théoriques ultérieurs que l’on sait. On sait d’ailleurs que l’hystérie se verra avec Lacan excéder sa valeur de simple classe nosographique en devenant avant tout « discours » (Lacan, 1969-1970). Il est notoire à ce titre que ce « discours de l’hystérique » est considéré précisément comme « emblème » de la plainte. Cette plainte, non réductible à son contenu et qui se modélise à partir du cri du néotène, n’a d’autre enjeu que celui de la reconnaissance d’une demande localisable au seul lieu de l’Autre. C’est en cela d’ailleurs qu’elle rappelle ce principe premier dont se réclame l’économie désirante, à savoir qu’il n’est de désir que de l’Autre (dans la double acception du génitif ici présent).
19C’est en cela que la plainte ici privilégie l’adresse sur son contenu. Elle a pour principe d’atteindre (voix active) et d’être atteinte (voix passive), la voix pronominale (se plaindre) marquant le lien indissociable déjà compris dans l’étymologie (plesso), et ce dans le mouvement même où un lieu se constitue par le ratage constitutif de l’économie désirante. De là d’ailleurs cette insatisfaction qui jalonne sempiternellement son rapport à l’Autre. Comment une telle plainte pourrait-elle procéder autrement que sur ce mode de l’insatisfaction quand on se rappelle que le fantasme qui la sous-tend est de désirer quelque chose sur le mode d’avoir à le faire désirer par l’autre (Dor, 1987, p. 45) ?
20Parce qu’elle pointe un enjeu de structure, la plainte hystérique est atemporelle, en quoi on peut s’attendre à ce qu’elle occupe une place toujours centrale aujourd’hui, malgré (ou grâce à) son éviction des classifications sémiologiques contemporaines. Plus radicalement, on affirmera qu’elle trouve, dans les principes qui sous-tendent le néolibéralisme et le technoscientisme d’aujourd’hui, à savoir la proclamation répétitive et par voie officielle d’une possible jouissance toute, matière idéale pour rappeler que le ratage est au fondement du désir. Elle prend en effet (soutenue par l’officialité de son éviction dans le savoir psychiatrique) ses (més)aises dans un monde où il est posé, que ce soit au niveau d’une médecine technoscientifiquement tenue pour infaillible ou à celui d’un système social aux rouages parfaitement huilés, qu’à tout problème existe sa solution, à toute question sa réponse, à toute souffrance son anxiolytique ou son antidépresseur. Car la demande dont se soutient la plainte rappelle justement ce qui, dans le circuit clos d’une jouissance annoncée, se soutient du ratage essentiel qui seul, dans le désir, peut lui donner consistance en tant que toujours-déjà perdue. Qu’elle prenne aujourd’hui la forme classique de la dépression (Roudinesco, 1999, p. 18) est sans doute justifiable d’une dynamique questions-réponses sans fin qui possède pour termes et la plainte, et la promotion, par certains laboratoires pharmaceutiques, de la pilule du bonheur ou du bien-être.
21Assurément, parce qu’on ne parle plus officiellement d’elle, la plainte hystérique trouve motif à faire parler d’elle pour souligner que même le savoir, celui de la psychiatrie, a toujours raté quelque chose à son endroit.
22Si la plainte hystérique peut être tenue pour atemporelle, c’est qu’elle renvoie avant tout à un enjeu de structure, comme le montre le discours qui porte son nom. La mélancolie, pour être identifiée tout comme elle depuis l’Antiquité et avoir régulièrement retenu l’attention des autorités médicales ou ecclésiastiques [4], et pour être également exclue des classifications modernes (qui la considèrent simplement comme une forme sévère de dépression), prend place aujourd’hui avant tout au sein d’une logique sociale qui, en prônant le possible de tout et l’impossible de rien, procède d’une véritable « disparition de l’Autre » (Lesourd, 2007).
23La relation aux deux formes de plaintes identifiées au niveau étymologique ne peut être ici aussi directe. Car s’il est un point clinique qui ne peut échapper à son endroit, c’est justement l’absence même de plainte sous forme de demande. Comme le souligne Lambotte en effet (1993, p. 350), le mélancolique ne demande pas parce qu’il occupe lui-même le lieu du manque. À son niveau se présente en effet la logique d’une réponse qui prend place au lieu de la demande. Le défaut de reconnaissance de l’Autre est ici essentiel à rappeler en ce qu’il a pour conséquence l’impossible ou l’aléatoire de toute formulation d’une demande vouée à une fin de non-recevoir plus qu’à une objection qui en délimiterait l’efficace.
24La seule absence concrète de demande ne saurait cependant suffire à retenir la mélancolie comme paradigmatique. Il convient d’aller plus avant pour voir en quoi la logique dont elle se soutient entretient un rapport avec la donne du monde postmoderne, dans la faillite de la logique désirante qu’elle ordonne. Sur ce point, l’analyse de Lambotte apporte un éclairage essentiel. Elle montre en effet que le mélancolique ne (dé)nie pas aux choses et aux êtres leur existence, seulement celle-ci fait partie d’une réalité avec laquelle il ne veut rien avoir à faire, parce qu’il sait trop l’illusion qu’elle peut recouvrir (Lambotte, 1993, p. 551). On ne peut s’empêcher de pressentir d’emblée le lien qui peut être fait entre cette configuration d’un savoir qui perce l’écran de l’illusion et ce qui, dans la postmodernité, insiste sur le possible affranchissement des limites du fantasme et du rêve. « Vivez le rêve américain ! », « Vous en avez rêvé, X l’a fait », martèle-t-on, entre deux informations dramatiques, sur les chaînes télévisées ou radiophoniques. Encore ne s’agit-il ici que d’un horizon qui, pour faire scintiller la jouissance dans le cadre d’un tout-possible, se trouve en vis-à-vis du sujet qui se pose en droit d’en recevoir ou d’en refuser le tribut. L’essentiel est de saisir ce qui sous-tend ce fond d’un savoir sans illusion. Là se dresse le noyau mélancolique qui repose fondamentalement sur un déni de la dénégation (Kristeva, 1987, p. 55) qui pose le problème au plus juste niveau d’une proximité de la Chose (das Ding). C’est là d’ailleurs le trait distinctif essentiel entre mélancolie et dépression. Dans celle-ci, la dynamique réactionnelle qui lui est classiquement rattachée justifie l’occurrence d’un objet qui n’a de consistance qu’à être perdu. Tout autrement il en va de la Chose, entendue comme ce qui du réel pâtit du signifiant (Lacan, 1959-1960, p. 142), qui constitue l’en deçà logique de toute inscription dans le jeu des signifiants. Ainsi en irait-il dans la mélancolie d’un redoublement de la négativité (–[–1]) dont l’effet est le maintien de l’idée « d’un tout qui aurait pu être, par rapport au rien de ce qui en reste » (Lambotte, 1993, p. 555). C’est bien en cela qu’il n’est d’autre lieu où le mélancolique pourra prendre place que le rien. Il en va en tout cas, fondamentalement, d’une opération consistant à problématiser, dans ce déni (Kristeva, 1987, p. 56) ou par un défaut de symbolisation (Lambotte, 1993, p. 576), l’inscription du sujet dans la chaîne signifiante. Il n’est plus, selon la formule consacrée dès 1961 par Lacan, logé à l’enseigne de ce qu’un signifiant représente pour un autre signifiant (Lacan, 1961-1962), mais baigne dans une climatique où le signe domine, à partir de quoi il prend valeur identique à tout objet consommable.
25L’analyse existentielle rejoint ici la psychanalyse pour pointer chez le mélancolique l’annihilation de toute différence. Maldiney en effet (1976, p. 26) posait l’équation « Moi = Moi » comme étant celle du maître dans la dialectique hégélienne, celui qui ne rencontre rien ni personne et qui n’est en rapport avec l’esclave que par l’intermédiaire des choses qu’il consomme. Mais c’est aussi, ajoute-t-il, celle du mélancolique dans sa concentration en soi dans le vide, le rendant incapable d’être à soi auprès des choses et des autres, en quoi il rejoint la tautologie du maître dans un monde sans résistance.
26Figure exemplaire du monde contemporain, le toxicomane pourrait ici être retenu comme figure clinique quasi emblématique de la mélancolisation du sujet. Quel est le vœu explicite ici en cause si ce n’est de retrouver dans le réel l’objet perdu de la jouissance ? La figure de l’esclave, qui prend ici la forme de la dépendance, resurgira néanmoins dans la mesure où, comme le souligne Chemama (1994a, p. 295), un objet de jouissance qui n’est pas métaphorisé, qui n’est pas réglé par le signifiant, on en est l’esclave bien plus encore que de tout autre objet. En fait, au-delà de la toxicomanie, nombre de configurations cliniques pourraient ici être convoquées pour illustrer cette logique d’une « prétention au un » (Moi = Moi), que ce soit sur le terrain alimentaire (la boulimie du rien qui caractérise l’anorexie mentale) ou plus largement social. Le terme de mélancolisation proposé par Douville (2000) est en tout cas des plus heureux pour rendre compte de ce qui, du monde néolibéral, en constitue l’incidence majeure, celle d’une inscription dans un discours sans sujet, c’est-à-dire faisant de celui-ci l’enjeu d’une maîtrise dont il devient l’esclave.
27Cette première forme de la plainte, celle qui l’amène à se dessaisir de toute possible inscription dans le champ de la demande, nous a menés à évoquer des figures extrêmes qui ne recouvrent certainement pas l’étendue clinique véritable de l’incidence des discours et parlottes propres au monde libéral (Lesourd, 2006). Au-delà en effet des tableaux du toxicomane, de l’anorexique, etc., il convient également de convoquer le mode de vie quotidien dont ces discours et parlottes aménagent le fond. Le « métro-boulot-dodo » n’a peut-être plus cette consonance tragi-comique, tant il révèle un état proche de ce qui reste de l’horizon du sujet inclus dans le système. Szondi (1952, p. 57) fut le seul à évoquer cette configuration syndromatique particulièrement parlante de l’Alltagmensch, « l’homme de tous les jours », à l’horizon réduit à ce que le système lui offre. Il parlera d’ailleurs à son propos de Drill-Ich (Moi dressé – p. 199-202) qui évoque bien cette position d’esclave moderne à laquelle nous faisions allusion plus haut.
28La plainte mélancolique présente donc ceci de particulier qu’elle exclut de facto toute possible inclusion dans le champ de la demande. Il semble pourtant, la clinique quotidienne l’atteste, que la plainte demeure, mais en prenant une voie qui pourrait être entendue comme la projection sur la scène du social de cette dimension accusatoire que Freud déjà (1917) avait repérée au cœur du processus mélancolique. Le registre du juridique prendrait ici valeur de « support » pour laisser place à une plainte qui, à défaut de pouvoir se formuler à qui saurait l’entendre (quitte, comme dans l’hystérie, à participer de sa relance infinie), se dépose auprès de qui doit y répondre d’un lieu qui serait celui d’un « su posé » érigé en doublure de l’éviction de tout manque. Dégagée de toute référence limitative à une donne nosographique, la plainte ici poserait son objet dans un exigible de droit, situant dans le quotidien ce que de Clérambault, après Krafft-Ebbing, avait déjà identifié dans le cadre des psychoses passionnelles, à savoir la revendication qu’on retiendra, compte tenu de notre enquête étymologique de départ, sous le nom de quérulence.
Dépôt de plainte
29Chemama (1994b, p. 301) remarquait la place que prend aujourd’hui le juridique dans les discours de la cité. Il n’hésitera pas à parler en termes de « paranoïa sociale », le défaut de symbolisation collective du Nom-du-Père ayant sur le plan social les mêmes conséquences que sur le plan individuel : ce qui n’a pas été symbolisé revient du réel (p. 307). Il est vrai que ce pousse-à-jouir promulgué dans le monde néolibéral ne peut pas ne pas avoir d’effet sur la place et la fonction d’une justice qui n’est plus vraiment entendue comme une valeur commune, foncièrement symbolique, ayant pour vertu de réguler les rapports entre individus. En prenant la place de celle du langage et du signifiant, l’économie du signe, qui tendrait à fonder une nouvelle économie psychique (Melman, 2002, p. 71) et à reléguer de là ce qui se posait en instance tierce fédératrice d’un lien symbolique au rang d’instrument, réduirait cette justice aux articles qui font valoir un droit-mien contre un droit dont serait propriétaire la communauté. Les hommes naissent libres et égaux devant la loi, mais en viendraient à fonder une inégalité de droit dans leur rapport à une jouissance tenue pour accessible.
30Cette nouvelle donne d’une justice ainsi réduite au droit individuel n’est pas sans effet sur ce qu’on s’accordera à retenir de l’expression « rapport au destin ». Le destin individuel est devenu ce qui relève simplement de circonstances collectives externes (Melman, 2002, p. 81) localisables et donc assujetties à une possible exigence en réparation. Évidemment, on est aux antipodes de ce qui, d’un tel rapport au destin, soutenait jusqu’alors un appel à l’Autre incarné en quelque figure divine ou providentielle.
31« Les affaires », pour reprendre l’expression éponyme de Chemama, seraient innombrables à mentionner à ce titre. Ainsi la fameuse « affaire Perruche », ou celle plus récente du crime de Pettersburgh où, le meurtrier ayant mis fin à ses jours, la plainte était formulée à l’endroit des forces de l’ordre jugées inefficaces. On peut évoquer également cette affaire, mentionnée en avril 2007, d’une erreur médicale qui menait l’avocat de la famille à pressentir qu’« il y avait quelque chose derrière tout cela » (sic) à partir du moment où le chirurgien affirmait officiellement qu’il était prêt à assumer les conséquences de son acte. Dans ces quelques exemples, on s’accordera à reconnaître la part de jouissance prise sur le compte d’une démarche qui, loin de se satisfaire de son aboutissement, s’autoalimente en elle-même.
32On retiendra en tout cas pour ce type de plainte d’une part son absence de point de butée dans ce qui relèverait du symbolique (la justice en instance tierce, voire la convocation d’un ordre supérieur, divin ou anankéen) et d’autre part le seul espace dans lequel elle se pose, à savoir le rapport à l’autre entendu comme semblable. La dimension du narcissisme spéculaire n’est évidemment pas loin. Et on n’aurait sans doute pas tout à fait tort de rappeler en l’occurrence ce que Lacan (1938, p. 37) écrivait très tôt à propos du rapport au rival fraternel soutenu par la logique de l’envie plus que par celle de la rivalité. Saint Augustin, dans le premier livre de ses Confessions, fut le premier, on le sait, à pointer que le péché de l’enfance n’était pas tant de pleurer avidement après le sein que la jalousie émanant de la vision du frère de lait fixé « d’un regard pâle et amer » (nouv. trad. Boyer, 2008, p. 57). L’objet de la jouissance occupe l’aîné avant tout au niveau d’un vis-à-vis imaginaire, d’une dualité sans médiation symbolique. Dans la jalousie, expression majeure de cette dualité où prend corps l’envie, le sujet n’est plus, capté qu’il est par son double à qui revient la jouissance. Le regard d’envie, dira Lachaud (1998, p. 84), anéantit le sujet lui-même.
33La plainte contemporaine révélerait donc sa proximité avec la revendication paranoïaque (Melman, 2002, p. 83), et ce non seulement au niveau d’un rapproché assez évident, quoique banalisé, avec ce que de Clérambault observait dans les psychoses passionnelles, mais avant tout au niveau de la composante narcissique qui en soutient l’occurrence. C’est en cela qu’on se propose de baptiser cette plainte typique de la mélancolisation du sujet postmoderne du nom de « quérulence », dont l’étymologie, comme on l’a vu, admet la conflictualisation du sujet à l’autre doublée du recours à une instance tierce érigée en devoir répondre en droit. Ainsi, de l’atemporalité de la plainte inhérente au discours de l’hystérique, plongée dans la logique du manque-à-être, répondrait la plainte quérulente qui pourrait être tenue pour illustrant au mieux cette faillite du signifiant propre à la postmodernité.
34Mais en quoi le volet revendicatif est-il articulable avec ce qui, dans la mélancolie, répond avant tout d’une annihilation du champ de la demande ?
35Dans son « Deuil et mélancolie » (1917), Freud ne faisait aucune référence à la paranoïa. L’expression, devenue classique, « La mélancolie est une paranoïa intériorisée » se retrouve chez des auteurs un peu moins anciens (Rosolato, 1975). On trouve dans son texte néanmoins un point d’observation qui n’est pas sans évoquer cette quérulence. S’il est vrai que la clinique manifeste du mélancolique place au premier plan une autoaccusation, ferment essentiel de ce « trouble de l’estime de soi » qui le distingue du dépressif, l’analyse montre que les autoreproches en question sont en fait des reproches contre un objet d’amour, qui sont renversés de celui-ci sur le moi propre (Freud, 1917, p. 268). Une erreur d’adresse essentielle à saisir pour comprendre la métapsychologie de la mélancolie. Le nœud de l’affaire repose, on le sait, sur la notion d’identification narcissique avec l’objet abandonné (p. 271). Or, il est notoire que Freud précise la nature de la plainte du sujet mélancolique, en un temps qu’il tient pour précéder l’accablement et l’autoaccusation. « Les plaintes sont des plaintes portées contre, selon le vieux sens du mot allemand Anklagen » (Ihre klagen sind Anklagen). Loin de présenter cette humilité qui répondrait de leur mésestime d’eux-mêmes, ils se présentent « tracassiers au plus haut point, toujours comme s’ils avaient été lésés et comme s’ils avaient été victimes d’une grande injustice […]. Les réactions de leur comportement proviennent d’une constellation psychique qui était celle de la révolte, constellation qu’un certain processus a fait ensuite évoluer vers l’accablement mélancolique » (p. 269).
36Ainsi un préjudice tenu pour réel est-il observable à l’orée de la mélancolie, sur la base d’une conflictualisation du rapport à l’autre, le semblable, placé sous les auspices de l’envie. Il est peu probable qu’un cas de mélancolie puisse être analysé sans cette convocation de l’autre jouissant. Même le célèbre cas de Cécile Münch de Binswanger (1960, p. 29 et s.) ne semble pas échapper à la règle, si on se rappelle que son autoaccusation (« Si je n’avais pas proposé cette excursion, mon mari ne serait pas mort ») se corrèle étroitement à la haine tenace qu’elle garde pour cet ami, survivant dans l’accident, avec lequel le mari avait changé de place quelques instants avant l’accident. Cet ami, qui garde la jouissance de la vie, est sans aucun doute partie prenante de l’autoaccusation de la patiente. Sa plainte se soutient de l’envie de ce que lui, l’ami du mari, n’a pas perdu.
En conclusion
37La formalisation dans la certitude du savoir propre au monde contemporain n’est pas sans favoriser en soi ce qui, dans le rapport à un autre érigé en su-posé, s’énoncerait dans un procédurisme où s’infiltrerait le terrorisme passionnel dont parlait Perrier à propos de l’érotomanie (Perrier, 1967, p. 136). Il est clair qu’une médecine de plus en plus soutenue par une technoscientificité pleine de promesses incessamment relancées et hypermédiatisées constitue un terrain privilégié à ce titre (Del Volgo et Gori, 2002). Sur un plan élargi, c’est au niveau d’un rapport à l’événement qu’il nous semble envisageable de situer l’espace dans lequel la plainte quérulente trouve essentiellement sa place, celui de l’Alltagmensch dont parlait Szondi, c’est-à?dire du sujet paradoxalement hyperadapté à une réalité dont la dimension imaginaire échappe totalement. S’il fallait au demeurant réinventer une clinique qui soit à même de rendre compte du contemporain, soyons sûrs qu’elle n’aurait pas d’autre sujet. Mais il faudrait sans doute laisser alors une place considérable à une réflexion sur ces mesures qui se rangent sous le chef d’une politique de prévention, telles celles qui ont pris pour nom la victimologie, et qui créent les victimes sur lesquelles leur action était censée se mener. On peut gager qu’à inclure de telles pratiques psychologiques contemporaines dans le débat, qui dérivent évidemment en droite ligne du technoscientisme ambiant, on arriverait à localier la mélancolisation non plus au seul niveau du sujet mais également au niveau du corps social auquel il appartient. Car il n’est rien moins que mélancoliforme de poser les réponses pleines sans que les demandes aient eu place pour être entendues.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : quérulence, plainte, mélancolisation, hystérie, postmodernité
Date de mise en ligne : 26/05/2011
https://doi.org/10.3917/cm.083.0201Notes
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[1]
Dominique Reniers, Carole Pinel, Julio Guillen, Laboratoire shs-cec, Unité de recherche en psychologie oces (Organisation, Clinique et Sujet), université catholique de Lille, faculté libre des lettres et sciences humaines, 60 bd Vauban, bp 109, F-59016 Lille cedex.
dominique.reniers@icl-lille.fr
carole.pinel@icl-lille.fr
julio.guillen@icl-lille.fr -
[2]
Il est piquant de constater que le terme ????????? a été retenu par Aristote pour désigner les attributs élémentaires (qualité, quantité, temps, lieu, etc.).
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[3]
On peut citer également le verbe µ???µ???? (memphimoireo) qui revêt également une portée explicitement accusatoire, mais il sort lui aussi du registre juridique, ainsi que le montre la présence dans le verbe de la racine « moireo » qui souligne la part du destin dans cette accusation, même si celle-ci peut être adressée à quelqu’un.
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[4]
Ainsi les procès en sorcellerie concernant l’hystérie au Moyen Âge et à la Renaissance par exemple, semblent avoir eu pour répondant la fameuse acedia, sous le même chef d’accusation religieux.