Couverture de CM_076

Article de revue

L'autisme au xxie siècle…

Pages 271 à 286

Notes

  • [*]
    Michel Grollier, maître de conférences en psychologie, ea 4050, « Nouvelles pathologies, violence et lien social », Université Rennes 2, place recteur H. Le Moal, CS 24 307, 35043 Rennes Cedex. Psychologue, intersecteur 33I05, hôpital de jour de Podensac, 9 rue du Dr Compans, 33720 Podensac.
    Adresse : 121, rue Berruer, 33000 Bordeaux.
  • [1]
    Circulaire dgas/dgs/dhos/3c n° 2005-124 du 8 mars 2005 relative à la politique de prise en charge des personnes atteintes d’autisme et de troubles envahissants du développement (ted).
  • [2]
    Cité par Golse et Delion, Toulouse, érès, 2005, p. 24.
  • [3]
    Centre d’études et de recherches sur l’enfant dans le discours analytique.
  • [4]
    Réseau international d’institutions infantiles.
  • [5]
    prevention autisme.
  • [6]
    H. J. de Podensac, 9 rue du Dr Compans, 33700 Podensac, intersecteur 33I05, Dr Maryse Roy.

1Dans l’ensemble des entités produites par le xxe siècle, l’autisme est celle qui a franchi l’entrée du xxie siècle avec le plus de succès dans notre champ, devenant même une référence dans le discours de la société moderne. De fait, si le passage du xixe au xxe siècle s’est fait en interrogeant de façon insistante l’hystérie, le passage du xxe au xxie siècle se fait en questionnant l’autisme. Il y a là une véritable inversion dans le traitement de la causalité corporelle, d’une mise en cause de l’organicité pour l’hystérie à une croyance décidée en cette même organicité pour l’autisme. Désormais l’autisme est une pandémie, quand on regarde le spectre qu’elle recouvre, passant de l’isolement déficitaire au ted voir au tedsi (Motton, 2004) (Trouble envahissant du développement sans déficit intellectuel).

2Après que Kanner (Kanner, 1947) a mis en évidence des traits autistiques chez le jeune enfant, reprenant le signifiant créé par Bleuler (Bleuler, 1993) pour la schizophrénie, de nombreux auteurs se sont penchés sur la question. Si le premier mouvement s’orienta dans la clinique à partir de la psychanalyse, les États-Unis d’Amérique se tournèrent rapidement vers des modèles neurologiques.

3Dans ce terme d’autisme, nous avons retenu en Europe l’effacement de l’Éros que Freud interrogeait dans l’autoérotisme repris de Havelock Ellis. Bleuler avait créé ce terme en 1907 à partir du grec autos pour désigner le repli du sujet dans la schizophrénie. Il semble avoir refusé le terme d’auto-érotisme parce qu’il considérait son contenu comme trop sexuel. À se demander si ce passage à la trappe d’Éros n’a pas aidé au succès de ce terme. Reste qu’en effet, Éros, au sens de ce qui lie les sujets dans le lien social, paraît manquer, mais pas la pulsion. Kanner remarque que ces enfants sont dramatiquement seuls, dans un isolement étonnant.

4Si Kanner maintenait un lien avec la psychose dans la reprise du terme qu’il utilise pour qualifier ces états précoces, la question de la cause donna lieu rapidement à débat. Bettelheim d’abord, puis le courant annafreudien avec Margaret Malher [Malher, 1996], et le courant Kleinien avec Frances Tustin [Tustin, 1986], proposèrent des modalités d’accueil et de traitement pour ce trouble psychotique précoce. Le débat a pris une nouvelle ampleur ces dernières années sous l’impulsion des associations de parents, voire de la classe politique. Ainsi, Jean Pierre Rouillon (1997) précise : « l’autisme apparaît comme le fer de lance d’une nouvelle façon de considérer la maladie mentale et le handicap ». Nous proposons ici une brève revue des thèses contemporaines et des conséquences qu’elles impliquent sur les stratégies thérapeutiques. Nous montrerons en contrepoint l’orientation que nous donnons à notre travail et l’illustration d’une élaboration de cas. Ceci, non pour faire valoir une méthode qui vaudrait plus qu’une autre, mais pour souligner l’enjeu d’une éthique qui répartie les pratiques comme les positions dans le débat social.

Modernité et neurosciences

5La montée en puissance des neurosciences associées aux traitements cognitivo-comportementaux, s’est faite en partie autour de cette question de l’autisme. L’augmentation démesurée du spectre clinique de l’autisme, des troubles autistiques, allant des troubles autistiques déficitaires aux troubles envahissants du développement sans déficit intellectuel (voir à sur-fonctionnement perceptif) relève de ce mouvement. Le credo de ce courant, dans la ligne des dernières productions de Kanner, porte sur la certitude d’une causalité organique et génétique. Outre qu’une causalité organique ne résout pas réellement la question des positions singulières de ces sujets dans le lien social, aucun élément n’est encore venu confirmer cette thèse, et ce n’est pas faute de recherche. Nous assistons ainsi à des prises de positions radicales telle celle-ci ; « Même si le bien-être des personnes atteintes d’autisme et de leur famille doit toujours être la considération prioritaire, les résultats d’explorations médicales complètes sont importants pour la compréhension des bases des affections autistiques à la fois dans la recherche et dans la pratique clinique » (Ollberg, 2005). Précisons que cette remarque suit la question de l’usage des ponctions lombaires et de l’imagerie médicale.

6Dans ce recueil de textes récents se répète la certitude d’une forte composante génétique dans l’autisme, cette formulation de « forte composante » relativisant le propos scientifique mais ne passant pas le filtre du grand public. Car ce qui fait le succès de ce courant est la conjonction d’un discours d’experts avec la mise à contribution des familles à travers diverses associations. Du côté du traitement, outre quelques molécules, cela a été la mise en place d’un certain nombre de protocoles éducatifs et comportementaux. La plupart datent des années 1970 et viennent des usa, voire d’Australie. Il y a les théories du jeu et du développement, la méthode teacch (1972, usa), les thérapies comportementales intensives (Loovas, 1960, usa), les thérapies du langage et de la communication, comme la communication facilitée de Crooley (Australie, 1979) ou l’usage du langage gestuel des sourds. Rajoutons la méthode pecs (Picture Exhange Communication System, usa), le système Makatow anglais (aide visuelle), le ait (Autory Integration Training) ou encore la Dayly Life Therapy japonaise (1964, exercices physiques intensifs). Enfin, à partir du témoignage de certains, comme Temple Grandin, se constituent des systèmes comme les effets sensori-moteurs. À tout cela se rajoutent des associations de régimes et de médicaments. La force de ce mouvement est de ne traiter que les conséquences, parfois avec une certaine efficacité, renvoyant à un futur hypothétique la confirmation des certitudes causales centrées sur le corps (biologie et génétique).

7Si actuellement la pression publique se porte vers les questions de dépistage, les propositions de suivi restent les mêmes dans ce courant : éduquer, rééduquer, insérer en neutralisant. Ainsi la circulaire du 8 mars 2005 [1] se montre moins prudente que les professeurs de neurosciences à propos du « handicap autistique » : « Leurs causes relèvent probablement de processus complexes, où l’intervention de facteurs génétiques multiples a été mise en évidence, et où des facteurs environnementaux divers pourraient êtres impliqués. Les thèses passées sur une psychogenèse exclusive de l’autisme, qui avaient eu le mérite d’éveiller l’attention envers les personnes autistes, mais qui ont gravement accentué la détresse de leurs parents, doivent être et sont aujourd’hui largement écartées. » Désormais il n’est plus question que d’éduquer, accompagner l’insertion et « d’en limiter considérablement les conséquences pour la personne et ses proches ». On comprend combien la question n’est pas uniquement celle de ce « handicap » mais renvoie à un idéal politique du bonheur collectif.

8Le lien avec la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances est explicitement appelé pour une politique décidée de traitement et d’insertion qui interroge la question de la différence. Si l’action de pilotage par les experts est patente, le développement rapide des centres de ressources autisme dans les régions renforce cette dimension en leur confiant les responsabilités d’orientation du travail afin de contrôler, pardon suivre et améliorer les pratiques. Quelques mois après la parution de la circulaire, ces centres de ressources, qui étaient prévus dans le décret de S. Veil de 1996, sont en place ou en voie de l’être, et disposent de moyens conséquents.

Du côté de la psychanalyse, où en est-on ?

9Dans le courant dit psychodynamique, qui poursuit notamment les travaux de Tustin, Malher et Meltzer, la position paraît être celle d’une collaboration appelant aux respects de références divergentes. Ainsi, les professeurs Golse et Delion n’entendent pas céder sur la dimension de « maladie mentale » concernant l’autisme (Golse, Delion, 2005, p. 20). Mais la collaboration avec la neurobiologie leur paraît la meilleure voie, à condition que cette collaboration s’oriente vers des travaux des psychanalystes. Il y aurait ainsi un projet de démembrer, par la clinique analytique, l’autisme infantile précoce en sous-groupes différenciés auprès desquels la biologie pourrait spécifier son action (Golse, Delion, 2005, p. 22). La collaboration entre Geneviève Haag (psychanalyste) et Sylvie Tordjmann (Pr psychiatrie, intersecteur pédopsychiatrie du chru de Rennes) est ainsi souvent prise comme référence. G. Haag, qui parle de sujets avec autisme, a pour objectif thérapeutique le « but de communiquer aux sujets avec autisme le maximum de compréhension… » (Haag, 2005a, p. 125). Elle interprète ainsi le sens des gestes de l’enfant sur un registre de peur qu’elle nomme pour lui. Pour G. Haag, il y a là « symptôme en lien avec la non-constitution, la perte ou la fragilité des bases de l’image du corps » (Haag, 2005a, p. 128). L’enveloppe donc. Il y aurait à mettre alors en œuvre un travail de reconstruction du moi corporel. L’autisme est ainsi pour elle un grave trouble cognitivo-émotionnel (Haag, 2005a, p. 143).

10Dans cette optique, elle a travaillé dans les années 1990 sur une grille de repérage clinique de l’évolution de la personnalité chez l’enfant autiste, avec notamment S. Tordjmann ; avec qui elle a poursuivi un travail sur diverses échelles et grilles d’observation. Le but de ce travail est d’évaluer l’état du moi. Elle envisage à partir de là une collaboration pratique entre psychothérapie, méthode rééducative et cognitive et biologie. Le tout pourrait, selon elle, faire évoluer l’état autistique à travers des étapes psychopathologiques variées « tout en gardant certaines particularités probablement liées à la prédisposition de l’autisme » (Haag, 2005b, p. 161).

11Dans ce courant, d’autres auteurs présentent des thèses différentes. Le Pr Didier Houzel, par exemple, qui ne néglige pas dans son service du chu de Caen l’usage de tests prédictifs comme le chat (Checklist for Autism in Toddlens), a une thèse de l’autisme comme lié à des angoisses de précipitations qui seraient au fondement de l’autisme infantile. Sa thèse est celle d’un excès (d’angoisse) plus que d’un déficit (Houzel, 2005, p. 172), l’autisme étant tentative d’endiguer ces excès. Il reste néanmoins attentif à la proposition du Pr J. Hochmann (psychiatrie, ufr Lyon Nord) sur des processus autistisants qui, au début de la vie, renforceraient l’autisme chez les petits sujets. Or, Hochmann a une thèse opposée à Houzel sur l’autisme, puisqu’il associe l’autisme à un déficit de capacité de symbolisation avec des défenses radicales.

12Nous voyons combien ces êtres tout seuls et sans parole entraînent des divergences d’interprétations sur les causalités en jeu pour s’inscrire dans le langage. L’ensemble des thèses devant être abordé avec la perspective d’apprécier en quoi elles peuvent nous orienter dans la clinique, voire quelles stratégies elles autorisent. Nous avons vu celles de G. Haag et Hochmann. Celui-ci par exemple précise qu’il est contre la cure analytique avec les autistes. En effet, pour lui, il n’est pas certain que la plupart disposent d’un inconscient (Hochmann, 2005, p. 112). Il opte pour un travail thérapeutique qui se rapproche d’un apprentissage émotionnel, auquel se rajoutent des soins en groupe et un accueil institutionnel qui veille au maintien des réseaux de soins.

13Je vais citer enfin la thèse du Pr Diatkine, puisqu’elle fut objet d’un rejet problématique par les chercheurs de l’inserm et causa quelques conflits entre l’inserm et les enseignants chercheurs de ce courant. Diatkine proposait d’interpréter l’autisme comme stratégie existentielle pathétique dont le but n’était autre que de permettre aux « sujets » concernés de vivre tout en faisant l’économie absolue de toute relation d’objet [2].

14Il me semble que ce qui paraît encore diviser les orientations de ce courant se rapporte à l’époque de la controverse anglaise, entre Anna Freud et Melanie Klein, qui se retrouve de M. Mahler à F. Tustin et qui oscille entre éduquer et soigner. La solution consensuelle se joue dans une causalité proposée comme polyfactorielle (dixit le recueil de septembre 2005), ce « poly » résumant à quelques-unes les causalités.

À partir de Lacan

15Dans la suite du travail de Jacques Lacan, nous prendrons comme départ le rapport qu’il énonçait de l’autisme à la schizophrénie. Sa proposition peut s’entendre à travers sa remarque que l’enfant autiste est halluciné. Répondant à des questions, en 1975, il dira « il y a sûrement quelque chose à leur dire » (Lacan, 1975). Même si Lacan a peu parlé de l’autisme, les psychanalystes lacaniens interrogent depuis longtemps l’autisme. Rosine et Robert Lefort ont ainsi mis en chantier un long travail sur cette question, qui a animé une période de débat dans le cereda[3]. Antonio Di Ciaccia a lui aussi initié des expériences, dans le champ institutionnel, sur l’autisme, dont le RI3 [4] s’est fait l’écho. Les débats et conversations, qui ont culminé dans le champ freudien dans la journée de 1992 (Découverte freudienne, 1992) ont tenté d’articuler les différentes positions qui s’extrayaient de la clinique. Éric Laurent, Pierre Bruno, Marie Jean Sauret, Estella Solano, Bernard Nominé, et encore Sophie Bialeck, Jean Pierre Rouillon, Philippe Lacadée, Jean Claude Maleval, dernièrement Pierre Naveau dans son dernier ouvrage (2005), et d’autres ont soutenu et articulé des thèses sur l’autisme.

16De même, dans un autre contexte, M. C. Laznik et sa collègue G. Gabassu ont mis en place des séminaires qui visent à articuler les thèses sur le ratage de la structure (en s’articulant avec des équipes de pmi) et les difficultés des familles. La recherche preaut[5] qu’ils ont initiée donne lieu depuis cette année à la publication d’une revue (Cahiers Preaut, 2004, 2005), l’un des objectifs étant de tenter de valider des signes prédicteurs d’autisme chez l’enfant de moins de 2 ans. Ce courant s’écarte donc des deux précédents dans sa logique, mais s’oriente d’une même référence à une lecture de Lacan. Voyons maintenant quelques-unes de ces thèses.

17La proposition de Rosine et Robert Lefort sur l’autisme a pris un tournant lors des journées sur l’autisme de 1992 et s’est développée en différentes étapes pour aboutir à leur dernier ouvrage, La distinction de l’autisme (Lefort, 2003). La question de cette distinction est en phase avec la possibilité de personnalité autistique, voire de structure autistique. La grande question que posent Rosine et Robert Lefort, c’est l’absence de l’Autre. Non seulement absence d’un Autre troué, mais consistance pérenne d’un Autre absolu qu’est le monde pour l’autiste. Cet Autre ne s’incarnant pas même dans le langage, le sujet ne peut donc s’articuler à lui comme peut tenter de le faire le sujet psychotique. Violence et destruction seraient alors les seules réponses lorsqu’il y a manifestation trop brutale du monde.

18De même, les Lefort font l’hypothèse d’un double dans le réel de l’autiste qui rendrait compte de l’impossibilité d’articuler une solution dans le langage, la lalangue de la jouissance primitive n’ouvrant pas la voie. Cela conduit d’ailleurs à un écart avec la position de Lacan puisqu’il n’y a plus d’hallucination mais un double dans le réel ; ce réel étant sans articulation imaginaire ou symbolique. Cette aporie questionne ce qu’est alors ce réel, ce monde réel de l’autiste, dans lequel ne s’inscrirait aucun objet pulsionnel.

19Pour aborder ce monde et faire consister une présence qui puisse s’adresser à un autiste, R. et R. Lefort proposent d’inverser la proposition de Lacan : « Il y a quelque chose qu’on ne peut pas leur dire » (Ansermet, 1997). Estéban Morilla, dans son article de Mental (Morilla, 2001), relève quelques difficultés dans les positions proposées par les Lefort. Une structure sans sujet et dont le débouché est le passage du côté d’une psychotisation. Une possibilité pour contourner ces difficultés est la reprise d’une formule, déjà abordée par E. Laurent en 1992, et relancée par P. Naveau lors des XXIIe journées du cereda consacrée à « L’enfant et ses joies » (comme relevé par E. Morilla), la forclusion du signifiant du désir de la mère (dm). Absence donc de la possibilité même de symboliser un désir de la mère pour l’enfant. Forclusion anticipatrice qui laisse l’enfant face à une omnipotence réelle. Morilla relève que pour R. et R. Lefort l’enfant autiste est hors langage plus que hors discours.

20En 2003, ils ponctueront leur parcours en prenant l’option de proposer une structure autistique, structure où l’Autre n’existe pas. Ouverture qui, dans une lecture du séminaire de J.A. Miller et E. Laurent sur « l’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique », les conduit à un questionnement élargi sur la civilisation. Leur thèse ainsi se singularise dans cette position qui ne propose pas d’Autre au sujet, mais un double réel. Ce travail a su susciter dans le champ freudien une conversation nécessaire pour constituer une dynamique de recherche et d’élaboration, qu’il ne faudrait pas laisser s’éteindre.

21Dans une orientation un peu différente, Marie-Christine Laznik, reprenant des apports de Colette Soler et en se référant à Lacan, notamment à partir du Séminaire XI, évoque, que dans la constitution du sujet il y a deux temps l’aliénation et la séparation. C’est ce temps de l’aliénation qui manquerait dans la constitution du sujet autistique, alors que ce que manque le psychotique c’est le temps de la séparation. Il y aurait ainsi un arrêt dans le circuit pulsionnel de la voix. Ce qui oriente le traitement, c’est qu’un psychanalyste peut arriver à remettre en route ce circuit pulsionnel en jouant avec le bébé et sa mère. Dans ce lien transférentiel, la mère peut retrouver une voix porteuse de la pulsion invoquante que l’indifférence de son bébé avait éteint. Cette pulsion, introduite par Lacan au même titre que la pulsion scopique, jouerait un rôle essentiel. Marie-Christine Laznik essaie de démontrer dans ses recherches qu’il y a certaines dimensions prosodiques et rythmiques auxquelles nul ne peut se soustraire, pas même le bébé à risque autistique. S’il répond à la voix humaine, cela active des zones cérébrales qui, dans le développement de l’autiste, ne sont pas normalement activées et périclitent. Marie-Christine Laznik fait pour cela référence à des études récentes de neurosciences et de physiologie. Un possible abord thérapeutique, consiste à chercher à entrer en relation avec l’enfant susceptible de devenir un enfant autiste, en jouant sur cette dimension de la voix dans le lien à la mère.

22Il y a une autre entrée sur la question de l’autisme autour de la question du corps, que Lacan avait reprise notamment à partir de son commentaire de clôture du colloque sur l’autisme organisé par M. Mannoni en 1967. Le corps ne produisant pas le sujet, comment s’approprier un corps, son corps ? Précisons que E. Laurent fait résonner ce point en écrivant : « Il s’agit de faire de ces données, y compris des données biologiques éventuelles, un instrument de l’interprétation et non de considérer que cela n’a aucune conséquence pour la constitution du sujet lui-même » (Laurent, 1997, p. 44). De même, avec quel organe le sujet autiste peut-il s’approprier la « lalangue » qui lui servirait d’entrée dans le langage ? Présence réelle de tout ce qui s’entend alors. E. Laurent précise de son côté que cette présence ne répond à aucun ordre pouvant en régler l’organisation, par l’absence d’une construction du symbolique qui pourrait organiser un espace.

23En 1992, E. Laurent avait pris la question différentielle du côté de la jouissance. Sa thèse était que dans la paranoïa il y a retour de la jouissance dans l’Autre, dans la schizophrénie retour de la jouissance sur le corps et alors, dans l’autisme ce serait le retour de la jouissance sur le bord (Découverte freudienne, 1992, p. 156). Il y a donc de l’Autre, un Autre non barré, et l’orientation du travail doit viser la stabilisation. E. Laurent parle ainsi d’état, état parfois transitoire qui peut être une psychotisation si l’Autre finit par s’incarner dans un partenaire. Il n’y aurait donc pas intérêt pour lui à détacher l’enfant autiste de la schizophrénie.

24Toujours dans le fil des remarques que Lacan proposa sur la question de l’autisme, et prenant en compte combien l’enfant autiste n’entend pas ce qu’on lui dit (en tant que l’on s’adresse à lui, précise Lacan), P. Naveau saisit sa non-réponse comme tentative de traitement, et propose une définition de l’autisme : « L’enfant autiste est l’enfant qui, bien que n’étant pas sourd au sens propre, fait la sourde oreille et fait de l’Autre aussi bien un être sourd » (Naveau, 2004, p. 121).

Quelle action mettre en œuvre ?

25La déségrégation répond E. Laurent, déségrégation du signifiant autisme qui tienne compte des transformations possibles. C’est là une démarche différente de celle de Golse et Delion qui veulent démembrer l’autisme. E. Laurent continue en proposant de ne pas hésiter à dire non à la jouissance, en s’interposant si besoin est (Laurent, 1997, p. 44). Pas de maternage, pas de voie éducative, mais, et il précise qu’il reprend une proposition de B. Nominé, « accepter le transfert tout en faisant barrière à la jouissance » (Découverte freudienne, 1992, p. 92). C’est également la position qu’illustre Virginio Baio dans sa présentation de 1992, et nous retrouvons la voie ouverte par les institutions du RI3.

26A. Di Ciaccia prend ses marques avec Lacan : l’autiste est aussi dans le langage, mais pas dans le discours. Donc sans possibilités de se débrouiller des liens sociaux qui s’instaurent entre les êtres parlants (Di Ciaccia, 2005, p. 107). Ainsi, là encore, la parole n’est plus que jouissance intrusive. L’enfant autiste a ainsi affaire au un tout seul de la jouissance. Il y a alors un monde régit par la structure élémentaire du symbolique et il s’agit pour le sujet de produire une régulation minimale de la jouissance, par la répétition sans chute, sans conclusion. Pour Di Ciaccia, dans l’autisme non seulement le symbolique est réel mais l’imaginaire aussi. La question que tire Di Ciaccia de l’enseignement de Lacan et de l’expérience des institutions qui se sont intéressées aux autistes, est de trouver « des modalités de se faire partenaire de l’enfant autiste pour permettre à la parole de passer et d’être écoutée » (Di Ciaccia, 2005, p. 111).

27Les institutions qui accueillent ainsi ces enfants doivent pouvoir mettre en valeur les trouvailles des enfants autistes, les partenaires, dans la même optique que celle soutenue par E. Laurent, se mettant éventuellement entre l’enfant autiste et son Autre de jouissance. Di Ciaccia cite V. Baio : « Être docile avec le sujet, intraitable avec l’Autre ».

28A. Di Ciaccia dégage ainsi une série de conditions pour le travail, pour se faire partenaire de l’enfant autiste, et il présente les modalités du travail institutionnel qu’il en déduit. C’est alors la tentative de mettre en œuvre ce que J. A. Miller a nommé « pratique à plusieurs », « bricolage qui sert à couvrir des trous de la structure et permet à l’enfant autiste de dire non à l’Autre sur le versant de la jouissance mortifère, et de dire oui à l’Autre de la chaîne signifiante » (Di Ciaccia, 2005, p. 117). Offre faite à l’enfant d’une possibilité de s’inscrire dans le lien social, de s’humaniser.

29Voilà une position qui ne se pose pas comme thèse irréductible, mais comme discours permettant d’orienter une pratique qui vise à civiliser et humaniser ces sujets tout seuls que sont les autistes. Dans l’ambiance difficile de ce xxie siècle, défendre de telles conceptions relève de l’éthique fondamentale de la psychanalyse, et ne nécessite aucune collaboration intrusive. Le travail avec les familles s’y fait sans difficulté, comme l’ont illustré des journées de travail du RI3 sur le travail avec les familles. Je vais maintenant vous présenter un cas, rencontre et mise au travail d’un jeune autiste au sein de notre hôpital de jour [6].

Donald

Arrivée

30Donald a passé quelques années loin de la métropole et ses parents ont anticipé leur retour en recherchant une institution qui pourrait accueillir leur enfant dans les meilleures conditions. Leur choix se porta sur une institution bordelaise connue pour ses travaux dans la lignée de Frances Tustin. L’institution en question l’accueillit et mit en place des soins à partir de travaux en pataugeoire, enveloppement humide, conte et accompagnement individualisé. Pour cet enfant sans parole, mais qui prononce parfois des semblants de phrases, agité parfois à l’extrême, toujours absent à l’autre, l’équipe s’était investie. C’est ainsi qu’elle a permis aux parents d’anticiper les échéances et de choisir une autre institution pour poursuivre l’accueil.

31Pour ses 10 ans, les parents déménagèrent donc et, conseillé par l’équipe, prirent contact avec nous. En effet, même si les références théoriques divergent, le respect du travail et d’une orientation décidée favorise nos échanges.

32Donald fit ainsi son entrée dans notre hôpital de jour à 10 ans. Enfant en errance, ne fixant rien, il se heurtait aux murs et un accompagnement fut nécessaire pour découvrir les seuils et passages qui permettaient de circuler dans ce lieu.

Inscription

33Donald eut d’abord des difficultés avec les toilettes. S’y rendre présentait une difficulté particulière nécessitant là encore un accompagnement. Il y avait de multiples tergiversations, moult cris et grimaces, des difficultés à se dévêtir et finalement d’énormes difficultés à conclure. Il restait ainsi de longs moments, non rhabillé devant les toilettes, fixant son œuvre et retardant en s’opposant et criant à la disparition de celle-ci. J’accompagnais alors ces temps en prêtant mes mots pour parler cette séparation, m’adressant à ces déchets pour les inviter à s’engager dans leur chemin et laisser ainsi Donald pouvoir sortir. À la troisième séance, Donald accepta avec facilité cette ponctuation et la chasse d’eau put être plus rapidement tirée. Assez vite il put traiter seul ce temps.

34Une période vint plus tard autour du pipi, avec des tentatives de se faire accompagner d’une dame aux toilettes, ce qui fut refusé régulièrement. Par la suite il manifesta une urgence du « pipi » lorsqu’une demande pressante lui était adressée, retour de cette difficile expérience mais dans une tentative de limiter le rythme du monde en le centrant sur le temps de son corps.

35Un troisième temps viendra autour du même espace avec le lavage des mains et la fascination du filet d’eau, dirigé vers le trou de la bonde ou détourné sur les bras, sur les mains et les doigts pour tomber sur le pourtour du lavabo. Ce moment fut commenté pour lui, avec mon étonnement à constater combien l’eau tentait toujours de filer vers le fond du lavabo en inscrivant des chemins plus ou moins longs. Cet exercice reste néanmoins très peignant pour lui.

Objets

36Ce temps du lavage fait lien avec une autre rencontre qui est celle des cailloux. Dans la cour, il y a un espace rempli de gravier, et ces cailloux occupent énormément Donald. Il les saisit et les fait couler entre ses doigts, les faisant résonner contre une tuile ou un objet en plastique ou même ses chaussures, obtenant ainsi un bruit saccadé et répétitif. La réalisation à ses côtés d’un bruit semblable et parasite est insupportable pour lui. C’est à cette occasion, alors que je l’invite à participer à un autre travail (que j’évoquerai plus loin) qu’il énonça à plusieurs reprises, fortement, « je te laisse. » C’est là un énoncé qu’il inscrivait avec virulence dans le monde avec l’espoir que cesse l’intrusion que je constituais. Il reprenait là, je le repérai ensuite, le mot de l’éducateur qui l’accompagne dans ses déplacements et qui le salue ainsi en partant. Cet énoncé n’inclut pas le sujet de l’énonciation et c’est souvent le cas des énoncés de Donald. Tel « au revoir Donald » lorsqu’il part lui-même et que d’autres le saluent. Énoncé différent des réponses en écholalie qu’il donne aussi parfois. Il produit ainsi dans le monde des « phrases » qui sont autant d’objets du langage et qui tentent de faire signe d’une certaine présence. Par ailleurs, les cailloux restent l’objet qu’il a élu dans le monde comme partenaire de son corps, et imposent une tyrannie absolue sur sa présence, mais apparemment en le pacifiant.

37Un autre type d’objet nous a arrêtés dans le travail avec Donald, ce sont les crayons. D’emblée Donald s’appareille de crayons qui prolongent ses doigts et qu’il ne peut quitter, plutôt qui ne peuvent se séparer ou être séparés de lui, au prix de cris ou de la projection de son corps sur les murs ou le sol. De ces crayons, nous obtenons trace en glissant des feuilles dessous, feuilles dont il acceptera l’usage par la suite. Ces traces sont elles aussi prises dans un rythme répétitif : il frappait la feuille ou le doigt de façon saccadé, produisant des œuvres pointillistes qui remplissent l’espace de la feuille.

38Face à des demandes précises, dans le cadre d’atelier où d’autres enfants dessinent, Donald peut accuser réception de demandes spécifiques que nous pouvons lui soumettre. Si je dis « et Donald, il peut faire un bonhomme ? » Le bonhomme est là, à notre surprise, un bonhomme pas si mal fait d’ailleurs. Car parfois, Donald se saisit d’un énoncé qui circule pour produire une phrase ou une graphie, de la même façon qu’il peut l’ignorer voir protester contre son insistance. Je finis d’ailleurs par me fâcher contre ces crayons qui imposent à Donald leur rythme effréné l’empêchant de produire les traits qu’il pourrait faire, et je l’encourage à s’en faire le maître. Il produira alors de nouveaux travaux, mélangeant traits et points.

Partenaires

39Mais Donald a aussi un partenaire exigeant en la personne du soleil. Il paraît fasciné par celui-ci et passe beaucoup de temps selon les saisons à le masquer par de la buée, de la poussière, des branches, recherchant toujours le bord, la limite de cette présence. Le seul décollement que nous pouvons introduire est de s’en prendre à ce soleil, moi et quelques autres. En ce qui me concerne, je traiterai le soleil comme un de mes partenaires s’occupant bien trop de Donald. Ces manifestations ont diminué, Donald se centre alors sur les cailloux et les stylos. Je note à ce moment que, dans la poussière, Donald fait des traces. Il est intéressé par ce qui s’élève dans l’air faisant rideau mais laissant des marques régulières. Je m’y intéresse et me propose alors d’introduire un nouveau partenaire civilisateur, un partenaire que Donald a déjà rencontré, les lettres.

40Donald a bénéficié d’accompagnement pédagogique par le passé, et lorsqu’il est arrivé à Podensac, il pouvait tracer sur le papier un ensemble de lettres capitales, parfois approximatives, qui le représentaient en écrivant son prénom. Mais quant à lui, il ne faisait aucun usage de ces traces, produites par l’exigence qu’il repérait de laisser cette marque. J’introduis donc à nouveau les lettres, mais comme des petites choses dont il pourrait se saisir pour traiter le monde : ça se nomme, ça s’assemble et ça produit la possibilité d’énoncés nouveaux. J’insiste donc pour que les cailloux le laissent aller, pour que le filet d’eau reste un temps de passage et pour que les stylos acceptent de respecter ses gestes. J’insiste pour que ce grand expérimentateur du monde, cet organisateur isolé, trouve un usage de cet objet de notre civilisation que sont les lettres.

Orientation

41C’est alors que j’introduis la nécessité de se séparer des uns pour aller à la rencontre des autres, que surgissent les énoncés du type « je te laisse », « je m’en vais » etc. Qui tentent de faire inexister la demande. Cela nécessite que j’insiste mais avec le surgissement au début de petites crises contre lesquelles je m’élève (il n’est pas question que Donald se jette contre les volets ou saute en l’air de cette façon), façon de dire non à une jouissance ravageante. C’est à partir de ce moment que Donald se mit à me regarder. Il me regarde alors intensément, douloureusement, parfois hésitant, signant dans ce mouvement la prise en compte d’une présence problématique pour lui. Des temps de ce type étaient parfois apparus lors de l’introduction de ruptures, mais étaient vite recouverts par la mise en œuvre de répétition ou de rituels. Ce qui provoque ce regard, c’est véritablement l’intrusion que je produis dans ce monde, par les bruits que je copie, par l’insistance souple à soutenir ce que je produis. Ainsi Donald va à la rencontre des lettres auprès de l’enseignant de l’institution et il apprend à les apprivoiser. Le temps de passage des cailloux à la classe donne toujours lieu à des difficultés, intrusions, regards, passage par l’ensemble des interrupteurs de lumières rencontrés, lavabos, etc. Mais les lettres commencent à se faire partenaire de son histoire et nous tablons qu’un nouveau rapport au monde va pouvoir émerger à partir de cette place d’élève qu’il occupe ainsi.

Traitement(s) ?

42Si bien d’autres points auraient mérité éclairage dans le travail avec Donald, comme le temps des repas par exemple et son rapport compliqué avec cette nourriture et son contenant (dont la séparation fait problème), c’est à propos des interrupteurs que je vais rajouter un mot. Il les use beaucoup, surtout depuis que j’ai commenté pour lui le lien de cet objet avec cette lumière qui s’allume ou s’éteint en réponse à sa manipulation. Mais le psychanalyste de l’institution, Daniel Roy, nous a fait remarquer que contrairement à d’autres qui se font maîtres de la lumière ainsi, ce que cherche Donald c’est l’état intermédiaire, l’instant de la rupture, un petit point d’équilibre impossible entre deux états univoques. D’où son insistance délétère sur nos pauvres interrupteurs. Recherche d’un état qui n’existe pas entre rien et un, état mythique qui abolirait l’écart qui fonde un ordre symbolique minimal avec lequel il tente de fonctionner, quête de l’annulation même de ce symbolique immaîtrisable aussi bien dans le rythme du choc des cailloux ou le rebondissement du stylo contre un obstacle. L’orientation que nous avons choisie de lui soumettre vise à civiliser et contourner cet impossible. Accepter de se saisir du trait de la lettre serait accepter de participer à notre monde à sa façon, à condition d’accepter aussi de traiter avec ce symbolique du trait unaire, une autre forme de la trace, qui fonde un lien.

Conclusion

43Nous avons vu dans ce parcours en quoi, dans ce siècle débutant, le corps renouvelle une question clinique. L’autiste pose en effet la question de ce que c’est que d’avoir un corps en tant que c’est ce qui donne à l’être son incarnation. Un corps dont les limites sont, dans l’autisme, interrogées, recherchées, dépassées. Nous comprenons ainsi pourquoi le courant neuroscientifique et comportemental a crû trouver dans le sujet autiste la marque du syndrome organique qui rendrait enfin compte de ce qui rate. Francès Tustin sut se garantir de cette pente dans son long parcours autour de cette question du corps, qu’elle traite comme une illusion avec laquelle l’enfant tente de se protéger : « Je me suis surtout intéressée à la façon dont les enfants autistes protègent leur vulnérabilité en engendrant l’illusion d’avoir une enveloppe extérieure à leur corps, comme une coquille dure… » (Tustin, 1992, p. 13).

44Le rapport étrange au langage qu’entretient le sujet autiste renforce cette pente. Nous avons illustré avec Donald combien celui-ci n’est pas hors langage. Il peut parler, mais il ne parle pas comme sujet de l’énonciation, il ne prend pas le langage à son compte. La tentation est grande alors de suivre le sujet sur une pente imaginaire, mais dont il ne nous offre que peu de coordonnées. D’où l’écueil rencontré par les travaux qui suivent ce fil.

45La question du travail sur le lien à la mère interroge enfin la part qui revient au sujet dans ce qui lui arrive. Toucher au partenaire originel du sujet peut avoir de l’effet, mais avec la limite de ce que le sujet peut accepter ou non.

46Enfin, avec le cas de Donald, nous avons tenté aussi de montrer comment il est possible de trouver, en travaillant auprès de l’enfant, une place de partenaire avec l’enfant autiste. Cette place d’où nous avons à faire obstacle à la jouissance débridée qui envahit l’enfant. Questionner le statut de l’objet est alors une voie à suivre pour accompagner le jeune autiste, objet qu’on peut parfois détourner pour viser une forme de contribution a un lien social humanisant. Des témoignages, comme celui de Temple Grandin (Grandin, 1994), ont montré qu’avec le choix d’un objet qui permet au sujet de se faire un corps, une limite qui fasse corps, et au-delà un objet qui fasse lien, un sujet autiste peut trouver sa place dans notre monde et contribuer a son progrès. Il ne faut donc pas se priver de perspectives optimistes, et donc ne pas céder à la tentation éducative et orthopédique.

47Reste la question du diagnostic qui occupe actuellement un certain nombre de chercheurs. La validation française des tests prédictifs comme le chat ne résout pas entièrement la question et bute sur des questions de références théoriques. Le débat entre les références psychodynamiques, qu’on peut rapprocher des références structurales à la psychose, se révèle difficile, voire impossible, avec les références qui prennent appui sur les troubles du comportement. Se multiplient alors les guides pour les parents et les témoignages, qui se veulent didactiques, mais qui cherchent aussi à convaincre « les troupes » (parmi les plus sérieux celui de Belhassem et Chaverneff) (Belhassem, Chaverneff, 2006). Désormais nous ne pouvons plus faire sans les associations d’usagers dont le poids est primordial dans la politique de développement des lieux de soins et d’accueil des enfants et des adultes autistes.

Bibliographie

Bibliographie

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  • Cahiers de Preaut n° 1. « Aspects cliniques et pratiques de la prévention de l’autisme » mars, Paris, Éditions Penta, 2004.
  • Cahiers de Preaut n° 2. « Psychanalyse et neurosciences face à la clinique de l’autisme et du bébé » juillet, sous la direction de Graciela C. Crespin, Paris, Éditions Penta, 2005.
  • Collectif découverte freudienne, L’autisme et la psychanalyse, séries de la découverte freudienne, Toulouse, Presse Universitaire du Mirail, 1992.
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  • Tustin, F. 1992. Autisme et protection, Paris, Le Seuil.

Notes

  • [*]
    Michel Grollier, maître de conférences en psychologie, ea 4050, « Nouvelles pathologies, violence et lien social », Université Rennes 2, place recteur H. Le Moal, CS 24 307, 35043 Rennes Cedex. Psychologue, intersecteur 33I05, hôpital de jour de Podensac, 9 rue du Dr Compans, 33720 Podensac.
    Adresse : 121, rue Berruer, 33000 Bordeaux.
  • [1]
    Circulaire dgas/dgs/dhos/3c n° 2005-124 du 8 mars 2005 relative à la politique de prise en charge des personnes atteintes d’autisme et de troubles envahissants du développement (ted).
  • [2]
    Cité par Golse et Delion, Toulouse, érès, 2005, p. 24.
  • [3]
    Centre d’études et de recherches sur l’enfant dans le discours analytique.
  • [4]
    Réseau international d’institutions infantiles.
  • [5]
    prevention autisme.
  • [6]
    H. J. de Podensac, 9 rue du Dr Compans, 33700 Podensac, intersecteur 33I05, Dr Maryse Roy.
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