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Article de revue

La mélancolisation du sujet postmoderne ou la disparition de l'Autre

Pages 13 à 26

Notes

  • [1]
    D.-R. Dufour, L’art de réduire les têtes, Paris, Gallimard, 2005.
  • [2]
    Quel que soit le nom qu’il lui donne, suivant les moments de son parcours : corps, social, trésor des signifiants, etc.
  • [3]
    S. Freud (1927), L’avenir d’une illusion, Paris, puf, 1971.
  • [4]
    D.-R. Dufour, On achève bien les hommes, Paris Gallimard, 2004.
  • [5]
    M. Klein, 1921-1945, Essais de psychanalyse, Paris Payot, 1968.
  • [6]
    S. Freud, « L’inquiétante étrangeté », dans Essais de psychanalyse appliquée, Paris, Gallimard, 1919.
  • [7]
    G.A. Goldschmidt, Quand Freud attend le verbe, Paris, Buchet-Chastel, 1996, p. 222.
  • [8]
    S. Freud (1919). La traduction officielle beaucoup moins percutante, est la suivante d’une régression à l’époque où le moi n‘était pas encore nettement délimité par rapport au monde extérieur et à autrui.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    J. Lacan (1938), Les complexes familiaux dans la formation de l’individu, Paris Navarin, 1984.
  • [11]
    Les derniers rapports de l’inserm sur les psychothérapies ou les troubles des comportements de l’enfant s’inscrivent dans cette logique.
  • [12]
    La randomisation est le cœur du discours scientifique, il s’agit de la reproduction à l’identique de l’expérience.
  • [13]
    La contestation des notes tient de cette logique.
  • [14]
    Une campagne radio sur la grippe faisait ainsi de l’enfant celui qui savait que les antibiotiques ne servent à rien pour la soigner, une autre sur les serveurs téléphones « gratuits » montrent des enfants répondant à un père découvrant l’objet qu’ils savent en s’en servant déjà, etc.
  • [15]
    C’est le sens de la métaphore paternelle, telle que la développe Lacan dans les derniers temps de son enseignement en mettant en avant la fonction du père qui nomme.
  • [16]
    Je renvoie ici le lecteur à mes précédents ouvrages : Adolescences… rencontre du féminin, et Construction adolescente aux éditions érès.
  • [17]
    C’est en cela que Freud peut comprendre les religions comme névroses infantiles de l’humanité.
  • [18]
    F. Dolto, L’image inconsciente du corps, Paris, Le Seuil, 1984.
  • [19]
    S. Lesourd, Comment taire le sujet ? Des discours aux parlottes postmodernes, Toulouse, érès, 2006.
  • [20]
    C’est ce que montre le schéma des discours construit par Lacan.
  • [21]
    Un lapsus d’écriture m’avait fait écrire désiste à la place de déiste. La vérité ne peut être que mi-dite, le sujet déiste étant bien celui qui se désiste de sa propre responsabilité pour la remettre à l’Autre.
  • [22]
    Les fameux votes pour désigner celui qui doit dans le loft ou la Star Ac’, viennent renforcer cette identification du spectateur à l’animateur.
  • [23]
    S. Freud (1905), Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, 1987.
  • [24]
    Goldwing, Sa majesté des mouches, Folio-Gallimard.
  • [25]
    I. France, Le discours capitaliste libéral : fondements et portée sociale, dans ce numéro.
  • [26]
    R. Chemama, Dépression, la grande névrose contemporaine, Toulouse, érès, 2006.
  • [27]
    Ainsi il n’était pas rare qu’une épouse d’un homme stérile, lui donne une progéniture, en ayant recours à un amant.

1L’organisation libérale du monde a pour effet, voire pour visée, de faire disparaître les figures qui incarnent la place du tiers exclu, comme l’a montré Dany-Robert Dufour, dans son Art de réduire les têtes[1] et Ingrid France, dans ce même numéro. La « régulation par le marché » se passe, sans aucune difficulté, de tout régulateur externe aux échanges, c’est-à-dire d’une des fonctions de l’Autre. La mise à mal de ce que Dany-Robert Dufour appelle le Grand Sujet, et que je nommerai plutôt les incarnations imaginaires de l’Autre symbolique, entraîne de facto une remise en cause de la fonction de la référence. En effet, une des fonctions principales de l’Autre symbolique, tel que le décrit Lacan [2], et donc de ses représentants imaginaires, est de servir de référence au sujet. Le sujet soumis à l’Autre, aliéné au désir de l’Autre, construit son rapport au monde, et à lui-même, à partir de l’Autre et de ses incarnations premières, nommées par les premiers psychanalystes : imago. L’Autre, en tant donc que référence, est à la fois origine du sujet et lieu d’adresse du sujet, comme le montrent bien les processus du discours. Que le sujet dans le champ du langage et de la parole reçoive de l’Autre son « message sous une forme inversée » n’est jamais que l’expression clinique de cette adresse à l’Autre.

2L’Autre, lieu à qui le sujet parle en le parant des traits de son incarnation imaginaire, est ainsi le lieu d’adresse de sa plainte, le lieu auprès duquel il est loisible de protester de l’inadéquation que le monde oppose au projet de jouissance du sujet. Le discours hystérique, dans son adresse à un Maître, est la mise en forme classique de cette plainte adressée à l’Autre. Freud, qui origine son travail de cette plainte hystérique adressée au Maître médecin, interroge durant toute son œuvre la place de l’Autre dans la plainte du sujet. Ainsi, dans l’avenir d’une illusion[3], il montre bien la fonction centrale de l’Autre, cette fois sous l’imago de Dieu, dans le phénomène religieux. Au-delà de l’analyse qu’il fait du rituel comme soumission à l’Autre, il démontre que l’acte de prière est appel à l’incarnation de l’Autre. Freud montre que dans le phénomène religieux le sujet retrouve dans l’appel à l’Autre, la situation du néotène dans ses premières relations, celle de la dépendance à une figure tutélaire toute-puissante, dotée d’un pouvoir de vie ou de mort sur le sujet. Le phénomène religieux, analysé par Freud, n’est qu’une des figures de la structure d’appel qui constitue le sujet humain dans son aliénation à l’Autre et au langage, aliénation qui fait de l’être humain un être en attente de l’Autre et de sa réponse. D’autres figures de l’Autre ont eu cours au travers de l’histoire, comme le montre Dany-Robert Dufour [4] dans son ouvrage On achève bien les hommes. Or, et nous sommes ici en accord, ce que tente de construire le discours du lien social postmoderne, c’est de se passer de l’Autre, du moins de ces incarnations imaginaires. La destruction des grands sujets laisse alors l’individu postmoderne en face d’un vide. Il n’a plus de lieu d’adresse pour sa plainte, plus d’Autre à qui se plaindre de la radicale incomplétude du sujet et de son impuissance à assurer son bonheur. Le sujet postmoderne se retrouve ainsi en panne de l’Autre, laissé à l’abandon par l’absence de lieu d’adresse, et d’incarnation de l’Autre.

Les effets de la panne de l’Autre et la mélancolisation postmoderne

3La panne de l’Autre, est bien connu des psychanalystes qui travaillent avec les enfants et les adolescents, car elle est structurale des temps de vacillation des incarnations imaginaires de l’Autre que rencontre tout sujet dans son parcours de construction subjective. Elle apparaît au temps de l’origine même de la subjectivation dans la position dépressive infantile décrite par Melanie Klein quand la première figure de l’Autre, la Mère, vient à se décompléter [5]. L’imago de la mère toute vacille, créant entre le sujet et la mère cet objet perdu, cause du désir. Le sujet réagit à cette « disparition » de son imago de référence par la dépression, infantile justement. La panne de l’Autre revient sur le devant de la scène à la fin de l’œdipe quand le sujet s’affronte à son impuissance infantile, c’est-à-dire quand il renonce à égaler le père porteur du phallus dans le mouvement, là encore de perte, qu’est la castration. La dépression post-œdipienne est la conséquence de cette disparition de l’imago de toute-puissante. Enfin, et c’est la plus connue des pannes de l’Autre, elle est le lot de toute adolescence quand le sujet se trouve confronté au dévoilement du manque dans l’Autre, à l’absence de réponse de l’Autre, à l’absence de garantie ultime.

4La découverte adolescente que l’Autre ne répond pas a été décrite dès les débuts de la psychanalyse par Freud dans son travail sur l’inquiétante étrangeté [6], spécialement dans la lecture qu’il fait des émois de Nathanaèl dans sa découverte adolescente de l’amour. Nous reprendrons, ici la belle définition qu’en donne G.A. Goldschmidt [7] : « Unheimlich est le rappel de “l’heure première”, comme s’il s‘agissait d’une véritable “archéologie du savoir” c’est ce que Freud nomme “la régression en des temps” où le “Je” n’était pas encore de façon tranchée séparé du monde extérieur et de l’autre [8]. » Cette « archéologie du savoir » il la précise en des termes qui évoquent ce que j’avance à propos des traces archaïques de l’excitation-satisfaction primaire « savoir originel du plaisir de soi, cette « présence corps » que son expression n’entame pas », « l’unheimliche serait cette béance même au fond de toute parole, comme si par ce terme se manifestait la carence fondamentale dont la parole n’est que la trace [9] ». Cette inquiétante étrangeté, béance même au fond de toute parole, c’est ce à quoi est affronté tout adolescent dans sa rencontre avec l’impossible à tout dire et tout enfant dans les prémices de cette rencontre que sont le pas-tout objet de la mère du complexe de sevrage, et le pas-tout-puissant du complexe de castration [10]. Cette carence fondamentale de la parole que découvre l’adolescent, ne peut être « acceptable » par le sujet que, si en d’autres temps antérieurs, il a été possible de croire en une parole qui tienne, en une parole qui ne soit pas trompeuse, en une référence garantie, avérée et incarnée. C’est à propos de la garantie de la référence dans la parole, de la garantie donc de l’énonciation que notre société postmoderne pose question à la subjectivation.

L’absence de garantie de la référence postmoderne

5En effet, l’organisation de la preuve dans la post-modernité s’appuie sur le discours de la démonstration scientifique [11]. Le discours de la preuve scientifique est un discours sans sujet, composé d’énoncés qui doivent tenir par leur cohérence interne. La démonstration scientifique exige que n’importe qui puisse répéter à l’identique le même protocole, le même énoncé, le sujet parlant ne doit y être pour rien dans la preuve démonstrative. Du coup cela constitue un mode d’organisation social où toute parole subjective, et donc non randomisable [12], est contestable. Seul tient un énoncé qui peut être répété identique à lui-même par n’importe qui [13]. Les enfants de la post-modernité sont pris dans cette logique organisationnelle du monde, et comme le montre par exemple les discours publicitaires dans lesquels ce sont les enfants qui savent [14], il n’ont pas face à eux une référence, une incarnation imaginaire d’un Autre qui ordonne la parole et les lois du monde et à qui il serait donc possible de se plaindre.

6Or ne pas avoir connu une parole qui tienne, empêche le sujet de se reconnaître comme existant dans et par la parole de l’Autre. Sans parole qui le désigne et le situe, le sujet ne peut trouver à se ranger sous les signifiants qui le désignent. Quand les incarnations imaginaires de l’Autre n’arrivent pas situer le sujet, à le fixer à une place liée à leur désir, alors le sujet se retrouve confronté de plein fouet à l’innommable du manque. La plainte de l’incomplétude ne peut plus être attribuée à la faute de l’Autre, qui nous a si mal foutu, mais fait retour sur le sujet qui endosse alors « à son compte » le fait qu’il est en manque fondamental de l’objet de jouissance.

7Les dépressivités infantiles sont les conséquences inéluctables, mais normales des failles des incarnations imaginaires de l’Autre que rencontre l’enfant dans son parcours de subjectivation. Les dépressions vraies, comme les défenses maniaques qui les combattent, sont les conséquences des pannes de l’Autre que provoque l’absence de référence de notre monde libéral. Arrêtons-nous quelques instants sur les effets des rencontres infantiles avec les failles de l’Autre.

8Dans un premier temps, l’incarnation imaginaire de l’Autre première, l’imago maternelle, chute de sa toute-puissance. Le sujet pallie à cette défaillance en accrochant la « cause du désir », le manque à une autre incarnation de l’Autre, le Père [15]. C’est ce que Lacan a développé sous le concept de Nom-du-Père. On sait l’errance et la souffrance psychique qui envahit le sujet quand cette opération de substitution de référence ne peut se faire. Ce mouvement reporte à plus tard pour le sujet la rencontre directe avec le manque subjectif, la cause du manque est alors attribuée au père, le sujet peut encore espérer un jour ne pas être manquant (en devenant le père pour le garçon, en étant comblée par le père pour la fille).

9Dans un deuxième temps c’est l’incarnation de l’Autre qu’est le père qui échoue à être l’incarnation de la cause du désir. Cette défaillance de l’Autre est l’enjeu de l’œdipe et le sujet se tourne alors vers la figure tutélaire de l’Adulte, comme incarnation de l’Autre, ce qui tamponne là encore les effets dépressifs de la rencontre du manque. « Quand je serai grand, je pourrai… ». On voit dans l’actualité de la clinique les effets ravageants du maintien de la panne de l’Autre chez les enfants post-œdipiens qui ne peuvent remplacer la figure tutélaire du père par celle de l’Adulte : ce sont nos jeunes tdah, toc ou top des classifications modernes, ces enfants qui, ne pouvant se soumettre à la référence externe, l’Adulte, font les adultes et rivalisent dans la réalité avec eux.

10La dernière rencontre avec la défaillance de l’Autre est celle de l’adolescence. La découverte du signifiant du manque dans l’Autre confronte de plein fouet le sujet à la carence fondamentale de la cause du désir, celle de l’impossible complétude par l’objet. Le sujet est marqué de cette découverte, marqué manquant. Pour le dire en d’autres termes, le sujet se découvre barré « pour de bon [16] ». Le sujet ainsi, au temps adolescent est confronté directement à l’objet manquant, en lui et en l’Autre, rien ne vient faire complétude dans la réalité, et la jouissance s’avère impossible. Que la réaction soit une dévalorisation du moi, que les sensations soient « cette chape d’angoisse qui se pose sur les épaules, ce resserrement corporel, ce saisissement si près de la honte » par lesquelles G. A. Goldschmidt décrit l’unheimliche n’a rien de surprenant. Le Moi prend sur lui cette incomplétude qui fait que « personne n’est réductible à la langue qu’il emploie, sa langue ne dit rien de lui » et s’en rend responsable, au moins pour un temps. C’est une des fonctions pacifiante du social que de traiter cette rencontre, cette fois incontournable, avec l’impossible de la jouissance et l’incomplétude du sujet.

La fin de la mort et l’identification du sujet au déchet

11Les liens sociaux anciens, depuis l’aube de l’humanité, avaient parfaitement compris les enjeux de ces temps de construction de la subjectivité et proposaient aux individus une ritualisation qui permettait de supporter ce dernier temps de rencontre avec le manque constitutif de la subjectivité. Quelles que soient les figures imaginaires de l’Autre, éminemment variées, qu’ont pu construire les différentes civilisations, de la préhistoire à l’âge moderne, toutes se chargeaient de proposer au sujet un lieu où la réalisation pleine du bonheur serait possible, un lieu imaginaire qui permettait de supporter la rencontre avec l’incomplétude qui est le lot de l’espèce humaine. Plus tard, un jour, il serait enfin possible de sortir de l’incomplétude. Cette promesse du lien social a même structure que la promesse œdipienne. La promesse œdipienne (quand je serai grand…) permet au sujet d’attendre la survenue de la réalisation sexuelle qui est encore espérée totale en ce temps infantile. Ce sont les religions, au sens étymologique ce qui relie, qui avaient la charge de supporter la promesse sociale de réalisation du bonheur [17]. Toutes les religions ont d’ailleurs construit une solution quasi identique, les différences qui les caractérisent sont ici de peu d’importance, pour maintenir active la promesse de la réalisation du bonheur. Cette solution est la promesse du paradis. La jouissance sera enfin réalisable, mais, avant, le sujet doit être mort.

12Si les sociétés anciennes ont construit ce mythe d’une vie après la mort, c’est bien pour reporter à plus tard la réalisation pleine du bonheur. Le plaisir total, perdu depuis l’origine sera réalisable au-delà de la vie. La construction d’un paradis promis induisait dans le fonctionnement psychique une tension vers l’avenir et vers la réalisation, toujours en devenir, du bonheur. Pour reprendre cet aspect en termes doltoïens, l’allant devenant du sujet [18] était soutenu par le mythe du paradis perdu, forçant le sujet à l’idéalisation. La mort prenait ainsi place dans la vie, non comme terme, fin, incomplétude radicale, mais comme promesse, comme devenir.

13Ce mode de traitement du manque de jouissance change à l‘aube du xxe siècle quand la promesse de réalisation du bonheur passe de l’après-mort aux « lendemains qui chantent ». Le capitalisme naissant comme promesse de satisfaction temporelle (opposé ici à spirituelle), la technologie médicale débutante comme espoir de vaincre la mort, le communisme comme réalisation terrestre du bonheur, inscrivent cette bascule dans les modes d’organisation du lien social. Il ne s’agit plus d’espérer rejoindre la béatitude de l’Autre et la complétude dans un après-coup de la mort, mais bien de réaliser ici-bas le bonheur et la jouissance, si ce n’est aujourd’hui, au moins demain. Ce changement d’organisation de l’ordre social, constructeur des possibles jouissances, change le rapport du sujet à l’organisation de ses plaisirs.

14En effet, le sujet de l’inconscient est effet du discours, il est parlêtre comme le disait Lacan pour souligner la dépendance de l’humain au langage et sa construction dans le langage, du coup l’expression de l’incomplétude et des ratages de la construction subjective se fera dans les formes recevables par les discours organisateur du lien social dans lequel il est pris.

15Dans les organisations anciennes, celles qui sont constituées par les discours, tels que les a définis Lacan, participer au bonheur éternel, dépendait certes du sujet, mais surtout du jugement que portaient sur lui des incarnations imaginaires de l’Autre (le jugement des morts égyptien, le jugement dernier chrétien, etc.). La promesse de paradis s’inscrivait dans la dépendance à la référence. La complétude n’était pas directement le fait du sujet. Dans ce champ des discours qui constitue « l’ancien monde », le sujet acceptait son impuissance en renonçant à la jouissance au Nom de l’Autre – ce que la psychanalyse a nommé castration – et la transgression de l’interdit énoncé par l’Autre produisait les affres de la culpabilité.

16Dans l’organisation postmoderne du monde, celle qu’inaugure le début du xxe siècle et qui ordonne les rapports actuels de notre société, ce n’est plus une référence externe mais l’homme, pris collectivement et individuellement, qui gère les rapports des sujets à la jouissance et à la complétude. Le discours du Capitaliste, et ses succédanés, ce que je nomme, dans mon dernier ouvrage [19] les parlottes postmodernes, prônent un mode de rapports à la jouissance qui n’est plus borné par l’interdit, mais par l’impossible. Dans ce champ des parlottes, celui de la post-modernité, le sujet, confronté à l’irréalisable de la pleine jouissance, ne renoncera pas à sa réalisation au Nom de l’interdit posé par la référence. Le sujet dans ce cadre attribuera l’impossible réalisation de sa jouissance soit à son impuissance personnelle, ce qui produira les affres de la dépression et de la dévalorisation subjective, soit à la malveillance de l’autre, son semblable, ce qui activera les voies de l’angoisse souvent teintée de persécution dans le second.

Différenciations dans l’irréalisable de la jouissance

17Dans les discours qui organise les liens sociaux anciens, la place de la vérité qui anime le discours, en étant son origine, est exclue du circuit d’échange intersubjectif, elle ne peut être que mi-dite. La production ne fait jamais retour sur la vérité subjective, ou pour le dire en d’autres termes, la jouissance ne peut jamais être complète. L’insatisfaction subjective est de structure [20]. Dans ce dispositif deux solutions s’ouvrent au sujet pour tenter de résoudre cette impasse de satisfaction. Il peut se plaindre à l’Autre de ce « monde si mal fait » qui empêche la jouissance, c’est ce que l’on retrouve dans toutes les sociétés régies par une incarnation totale de l’Autre, les sociétés déistes [21] ou royales qui ont constitué l’âge ancien et l’âge classique. Il peut aussi tenter de remédier à l’impasse par la construction d’un savoir qui serait censé apporter la solution, c’est ce que propose la croyance en la science et en son progrès, c’est le moteur de l’âge moderne industriel et scientifique.

figure im1

18Les discours construisent l’inadéquation du sujet à son objet de jouissance, l’objet (a) l’unique trouvaille de Lacan ainsi qu’il l’affirmait. Ce qui meut alors le sujet c’est la dimension du fantasme, à écrire $ ? a, c’est-à-dire sujet coupure de l’objet. La castration ne veut pas dire autre chose : il n’y a pas de souverain-bien qui comblerait le sujet. En cela les discours sont en phase avec la structure de la subjectivité qui, à cause de la néoténie même de l’homme, fait de l’objet absolu, l’objet de la jouissance, la mère premier objet excitant et satisfaisant, le seul objet interdit pour consommer la jouissance.

figure im2

19Dans les formes modernes d’organisation du monde, ce que je nomme les parlottes postmodernes, il n’y a pas d’écart entre le sujet et l’objet, pas de coupure. Le discours social dominant, le libéralisme économique, promeut une possible adéquation entre le sujet et son objet de jouissance. C’est ce que nous appelons la consommation. La réalisation de la jouissance n’est plus une affaire de fantasme, mais une affaire commerciale. La jouissance que prônent le libéralisme et les parlottes qui en sont issues n’est donc pas une jouissance limitée, bornée, parce qu’interdite avec l’objet fondamental, mais bien une jouissance sans borne, illimitée, capable de récupérer l’objet perdu. Ce que prône donc, sans le savoir, les formes modernes du lien social pour les sujets, c’est qu’il serait possible de jouir vraiment, et la jouissance promise serait donc la jouissance archaïque de la mère qui pourtant reste une jouissance interdite et impossible au sujet du fait de l’arrimage subjectif au langage. Les parlottes contournent cette contradiction logique d’une manière tout à fait subtile en proposant à l’être humain un catalogue des modalités perverses de la jouissance.

20Ainsi la grande majorité des jeux télévisés actuels, montrent une mise scène d’une réalisation fantasmatique perverse de soumission du sujet à l’agent du discours. L’efficacité, et l’audience, des réality-show ou des émissions de jeux dans lesquels le candidat subit les sarcasmes de l’animateur repose sur ce fonctionnement. Que nous montrent ces émissions ? L’animateur, ou le concepteur que l’animateur incarne, désigne le signifiant à partir duquel doit se réaliser l’émission (sex-symbol dans le loft, militaire dans la première section, fermier dans « la ferme aux célébrités », etc.). À partir de ce signifiant, le participant, doit alors produire un savoir sur l’être qu’il devrait être dans ce signifiant qui le désigne. Ce savoir s’avère, bien sûr, toujours un savoir incomplet. Le participant doit ainsi faire montre d’un manque qui va faire « jouir » l’animateur, et le spectateur, mis lui-même par identification en place d’agent de ce discours. C’est le manque du participant qui est visé dans ce circuit, afin de faire jouir l’agent [22]. Ce dispositif dans lequel un sujet (l’animateur) met l’autre en position d’objet pour en tirer sa propre jouissance est celui que Freud et Lacan ont décrit comme étant celui de la structure perverse. Le sujet (animateur ou spectateur par identification) est dans ce cas aliéné à l’objet qu’il manipule, comme le pervers fétichiste est aliéné à la présence du fétiche sur son objet de désir pour pouvoir assouvir son fantasme et trouver son plaisir. Mais le sujet du jeu, le joueur lui est rabattu sur la position de l’objet déchet qu’il incarne.

21D’autres registres du fonctionnement social agissent selon la même logique d’une monstration de perversion. Ainsi dans le registre du sexuel où le récit pornographique sert de modèle à la réalisation du rapport sexuel, dans le registre du corporel dont la monstration du corps et des inscriptions sur celui-ci tiennent aujourd’hui lieu de norme, dans le registre de l’identité sexuelle où le tout possible règle le fonctionnement social : les monstrations des divers modes possibles de jouissances perverses sont le plus banal et classique des passe-temps. Qualifier ces modalités de communications normales de la post-modernité de jouissances perverses nécessite d’en dire un peu plus sur la façon dont se conçoit la perversion dans le cadre psychanalytique. La perversion, que Freud inscrit comme première partie de ses Trois essais sur la théorie sexuelle[23] sous le titre les Aberrations sexuelles, n’a aucun point commun avec le sens commun de la perversion qui emporte avec lui une réprobation morale. La perversion est un mode particulier de rapport à la jouissance, partagé par l’ensemble de l’humanité, qui vient opposer un refus à la limite faite à la jouissance. La perversion, en son sens psychanalytique, est la façon dont un sujet, dans un domaine précis de son rapport au semblable, refuse, nie, désavoue, l’impossibilité de la jouissance pleine et totale. C’est sur ce refus que se construit le dynamique fantasmatique du sujet et sa croyance intime en un bonheur enfin réalisable. C’est ce refus qui s’exprime dans le fantasme ($ ? a) et dans la croyance en sa réalisation. Freud ne disait pas autre chose quand il nommait l’enfant de pervers polymorphe, il signifiait par là que l’enfant cherche d’abord la satisfaction, et qu’il l’a cherche par tous les moyens pulsionnels possibles (dévoration orale, rétention anale, phallicisme œdipien, rêverie latente, agir adolescent, maîtrise de l’autre de l’emprise, etc.). Le rôle du social est de brider, mettre en ordre, refouler, interdire, l’expression brute de la satisfaction pulsionnelle, pour en construire une satisfaction substitutive tolérable pour les autres et pour le sujet. En effet la pulsion, comme le montre bien l’enfant livré à lui-même [24], fini par détruire l’objet de satisfaction, par l’anéantir pour le plaisir du sujet.

22Le lien social tissé par les parlottes postmodernes a bien retenu une des leçons de la psychanalyse : la satisfaction subjective est le but égoïste de toute vie humaine. Mais il a oublié la deuxième : toute jouissance ne peut être qu’incomplète pour préserver la cohésion du groupe social. Le modèle dominant du lien social, le libéralisme économique [25] propose au parlêtre de réaliser son but, la jouissance en comptant sur la régulation du marché par l’offre et la demande. Pour ce faire il fait de l’offre, il propose au sujet de voir, de regarder les différents possibles de la réalisation fantasmatique. De la monstration du meurtre à celle de la domination totale de l’autre, en passant par les diverses modalités de la réalisation sexuelle, toutes les expressions fantasmatiques trouvent droit de citer sur les divers moyens de communications à disposition des humains. Au nom du « droit à la parole et à la différence », aucun mode de jouissance ne peut être interdit. Seules les jouissances pédophiles, nécrophiliques et cannibaliques, provoquent encore des oppositions massives car elles touchent au plus profond de la destructivité inhérente à l’homme. Pour les autres elles sont devenues non seulement tolérables, mais encore revendicables par les sujets qui les pratiquent.

23Cette monstration de la perversion normale de la jouissance, si elle permet au sujet de croire à une réalisation du plaisir, laisse l’individu en face de sa seule responsabilité dans la réalisation de celui-ci. L’être humain se retrouve sans limite posée par le cadre social, sans règles et sans interdits, livré à seule limite interne, à une solitude d’autant plus grande que le lieu de l’Autre, garant de la sécurité interne, est déserté par ses diverses incarnations sociales, les grands sujets de Dany-Robert Dufour.

Le sujet identifié à l’objet (a) ou la mélancolisation inévitable

24Mais il existe une autre conséquence de ces propositions postmodernes de réalisation de la jouissance. Si le sujet peut croire en une possible complétude à partir de sa place, il ne peut alors que poser l’autre de la relation en place d’objet capable de le satisfaire. L’autre n’est plus perçu comme un autre sujet, mais comme l’objet adéquat à la réalisation de la complétude. Les nouvelles formes de vie conjugale et leurs déboires fréquents se situent dans ce registre. Ainsi l’augmentation massive du nombre des divorces est la conséquence de cette conception de la relation de couple et du rôle de l’autre du couple : il est un objet qui doit satisfaire le sujet ainsi que le prône et l’induit le fonctionnement libéral. Cette nouvelle donne amoureuse s’est trouvée consacrée dans la loi française par la création du nouveau mode légal d’union : le pacs. Le pacs est en effet le seul contrat légal passé entre deux contractants qui peut être rompu par la volonté d’un seul des deux, sans même qu’il n’en informe l’autre, une simple lettre recommandée au greffe du tribunal suffit à rompre le lien. Summum du lien libéral dans lequel l’individu est libre de ses choix et de ses nominations, et dans lequel l’autre est l’objet de satisfaction, jetable quand il ne sert plus, le pacs met au cœur du fonctionnement du lien conjugal l’illusion que la complétude serait possible avec l’autre, comme le prône les parlottes postmodernes.

25Pourtant le sujet n’est pas hors du champ langagier et de la relation, et lui fait alors retour de la part de l’autre de la relation, sa propre conception de l’autre : le sujet devient un objet pour l’autre, il s’objectablise. Le sujet devient l’objet de son objet. Cette identification du parlêtre à l’objet de l’autre est bien connue des psychopathologues, depuis l’aube de l’humanité. Quand le sujet s’identifie à l’objet, quand il prend en lui cette place d’être l’objet de l’autre, quand il s’y identifie, s’ouvrent devant lui les voies de la mélancolisation.

26Bien des adolescents sont pris dans cette logique, je pense, par exemple, aux jeunes des banlieues françaises qui se soutiennent de ce discours : « Ça sert à rien que je cherche du travail, car je m’appelle X (nom d’origine étrangère), que j’habite Y (nom d’un cité) et que je suis jeune. Il faut changer ce système pourri. » Trois fois victimes du racisme (ce qui n’est pas toujours faux, de la ségrégation (parfois existante), du rejet anti-jeune, ils sont des pures victimes et ne se sentent plus impliqués dans ce qui leur arrive car ils sont réduits, et y adhérent, au pur rang d’objet déchet. Sortir de cette place d’objet rejeté ne peut se faire qu’en empruntant les voie de la révolte, en transformant l’autre de la relation en persécuteur méchant anonyme (le système pourri de la formule). La violence des banlieues des mois passés, comme la révolte contre le cpe trouve dans ce discours moderne de la victime, de l’identification à l’objet déchet, une de ses origines les plus efficaces.

27Ainsi, le sujet postmoderne confronté à la structure des parlottes se trouve, comme le soutient aussi R. Chemama [26], aux prises avec la grande névrose contemporaine : la dépression. Le sujet, identifié à l’objet de l’autre, ne peut pourtant satisfaire celui-ci, pas plus que l’autre vécu comme objet ne peut lui apporter satisfaction. La voie mélancolique, celle qui fait que le sujet s’autodétruit en détruisant l’objet intériorisé inadéquat, est alors grande ouverte. Si dans les temps structurés par les discours l’incomplétude pouvait se dire sous la forme de la plainte hystérique adressée au Maître, à la référence interdictrice, dans la post-modernité la plainte fait retour sur le sujet. La plainte subjective se reporte alors sur le sujet lui-même incapable de satisfaire l’autre et de trouver dans l’autre l’objet adéquat à sa jouissance. Face à l’impossible, soit le sujet l’endosse et se sent impuissant, dévalorisé, voire détestable, bref mélancolisé, soit il se lance dans une revendication proche de la toute-puissance mégalomaniaque.

28Dans ce registre nous pouvons classer les revendications des mouvements gays, lesbiens sur la parentalité. Ils souhaitent obtenir les mêmes droits que les couples hétérosexuels dans tous les domaines, y compris ceux de la procréation. Certes la technique médicale permet aujourd’hui massivement ce que les petits arrangements avec le réel avaient de tout temps autorisé [27], voire légalisé dans le cas des femmes-pères africaines. Rien ici ne dépasse ce qui a déjà été envisagé et réalisé par l’humanité. Non ce qui signe un changement radical dans la subjectivité, faisant de ces revendications un symptôme maniaque lié aux parlottes qui organisent notre époque, c’est la demande que ces pratiques des arrangements deviennent la loi de tous. La sexualité homosexuelle est non reproductive, même s’il est toujours possible de s’arranger avec le réel pour que des homosexuels soient parents, cela s’est toujours fait. Ce que demande aujourd’hui les mouvements gays et lesbiens c’est d’être reconnus légalement comme reproducteurs et parents dans leur sexualité homosexuelle. Cette revendication vient dénier ce que leur sexualité rend impossible, il s’agit de refuser l’impossible grâce à la technologie, de refuser le manque qu’impose la forme de jouissance qu’ils ont choisie. Il faut ne renoncer à aucun objet, ce qui est le lot clinique de la manie, défense contre la mélancolie.

29Le lien libéral postmoderne a certes produit une libéralisation des individus et fait sauter les carcans qu’induisaient, spécialement sous la forme des névroses, les interdits sociaux des temps anciens, mais en contre partie il laisse le sujet en panne de référence, et livré aux enjeux de la mélancolisation quand il est confronté au manque, à ceux de la manie quand il le refuse. C’est l’enjeu du travail psychique de notre société de créer des conditions qui ne laissent pas le sujet, pris dans les parlottes libérales, solitairement aux prises avec l’impossible de la réalisation de la jouissance pleine.

Bibliographie

Bibliographie

  • Chemama, R. 2006. Dépression, la grande névrose contemporaine, Toulouse, érès.
  • Dolto, F. 1984. L’image inconsciente du corps, Paris, Le Seuil.
  • Dufour, D.-R. 2004. On achève bien les hommes, Paris Gallimard.
  • Dufour, D.-R. 2005. L’art de réduire les têtes, Paris, Gallimard.
  • France, I. 2007. « Le discours capitaliste libéral : fondements et portée sociale », dans ce numéro.
  • Freud, S. 1905. Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, 1987.
  • Freud, S. 1919. « L’inquiétante étrangeté », dans Essais de psychanalyse appliquée, Paris, Gallimard.
  • Freud, S. 1927. L’avenir d’une illusion, Paris, puf, 1971.
  • Goldschmidt, G.A. 1996. Quand Freud attend le verbe, Paris, Buchet-Chastel, p. 222.
  • Goldwing. Sa majesté des mouches, Folio-Gallimard.
  • Gori, R. 1996. La preuve par la parole, Paris, Denoël.
  • Gori, R. ; Del Volgo, M.J. 2004. La santé totalitaire, Paris, Denoël.
  • Hiltenbrand, J.P. 2005. Insatisfaction dans le lien social, Toulouse, érès.
  • Klein, M. 1921-1945. Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1968.
  • Lacan, J. 1938. Les complexes familiaux dans la formation de l’individu, Paris, Navarin, 1984.
  • Lebrun, J.P. 2001. Un monde sans limite, Toulouse, érès.
  • Lesourd, S. 1994. Adolescences…rencontre du féminin, Toulouse, érès.
  • Lesourd, S. 2005. Construction adolescente, Toulouse, érès.
  • Lesourd, S. 2006. Comment taire le sujet ? Des discours aux parlottes postmodernes, Toulouse, érès.

Notes

  • [1]
    D.-R. Dufour, L’art de réduire les têtes, Paris, Gallimard, 2005.
  • [2]
    Quel que soit le nom qu’il lui donne, suivant les moments de son parcours : corps, social, trésor des signifiants, etc.
  • [3]
    S. Freud (1927), L’avenir d’une illusion, Paris, puf, 1971.
  • [4]
    D.-R. Dufour, On achève bien les hommes, Paris Gallimard, 2004.
  • [5]
    M. Klein, 1921-1945, Essais de psychanalyse, Paris Payot, 1968.
  • [6]
    S. Freud, « L’inquiétante étrangeté », dans Essais de psychanalyse appliquée, Paris, Gallimard, 1919.
  • [7]
    G.A. Goldschmidt, Quand Freud attend le verbe, Paris, Buchet-Chastel, 1996, p. 222.
  • [8]
    S. Freud (1919). La traduction officielle beaucoup moins percutante, est la suivante d’une régression à l’époque où le moi n‘était pas encore nettement délimité par rapport au monde extérieur et à autrui.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    J. Lacan (1938), Les complexes familiaux dans la formation de l’individu, Paris Navarin, 1984.
  • [11]
    Les derniers rapports de l’inserm sur les psychothérapies ou les troubles des comportements de l’enfant s’inscrivent dans cette logique.
  • [12]
    La randomisation est le cœur du discours scientifique, il s’agit de la reproduction à l’identique de l’expérience.
  • [13]
    La contestation des notes tient de cette logique.
  • [14]
    Une campagne radio sur la grippe faisait ainsi de l’enfant celui qui savait que les antibiotiques ne servent à rien pour la soigner, une autre sur les serveurs téléphones « gratuits » montrent des enfants répondant à un père découvrant l’objet qu’ils savent en s’en servant déjà, etc.
  • [15]
    C’est le sens de la métaphore paternelle, telle que la développe Lacan dans les derniers temps de son enseignement en mettant en avant la fonction du père qui nomme.
  • [16]
    Je renvoie ici le lecteur à mes précédents ouvrages : Adolescences… rencontre du féminin, et Construction adolescente aux éditions érès.
  • [17]
    C’est en cela que Freud peut comprendre les religions comme névroses infantiles de l’humanité.
  • [18]
    F. Dolto, L’image inconsciente du corps, Paris, Le Seuil, 1984.
  • [19]
    S. Lesourd, Comment taire le sujet ? Des discours aux parlottes postmodernes, Toulouse, érès, 2006.
  • [20]
    C’est ce que montre le schéma des discours construit par Lacan.
  • [21]
    Un lapsus d’écriture m’avait fait écrire désiste à la place de déiste. La vérité ne peut être que mi-dite, le sujet déiste étant bien celui qui se désiste de sa propre responsabilité pour la remettre à l’Autre.
  • [22]
    Les fameux votes pour désigner celui qui doit dans le loft ou la Star Ac’, viennent renforcer cette identification du spectateur à l’animateur.
  • [23]
    S. Freud (1905), Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, 1987.
  • [24]
    Goldwing, Sa majesté des mouches, Folio-Gallimard.
  • [25]
    I. France, Le discours capitaliste libéral : fondements et portée sociale, dans ce numéro.
  • [26]
    R. Chemama, Dépression, la grande névrose contemporaine, Toulouse, érès, 2006.
  • [27]
    Ainsi il n’était pas rare qu’une épouse d’un homme stérile, lui donne une progéniture, en ayant recours à un amant.
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