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Article de revue

Mister Hyde et Monsieur Jadis. Essai de mise en évidence d'une personnalité pré-alcoolique

Pages 233 à 246

Notes

  • [*]
    Bernard Guiter, docteur en psychologie, sociologie et histoire, psychanalyste, 2 bis avenue Camille Saint-Saëns F-34500 Beziers.
  • [1]
    L. Stevenson (1885), L’étrange cas du Dr Jekill et de Mr Hyde, Paris, Bibliothèque Marabout, 1970, p. 93.
  • [2]
    Ibid., p. 97.
  • [3]
    Ibid., p. 28.
  • [4]
    S. Freud (1927), L’avenir d’une illusion, Paris, puf, 1971, p. 9.
  • [5]
    R.L. Stevenson, L’étrange cas… op. cit., p. 94.
  • [6]
    Ibid., p. 97.
  • [7]
    Ibid., p. 109.
  • [8]
    Ibid., p. 118.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    Ibid., p. 110.
  • [11]
    Ibid., p. 102.
  • [12]
    Ibid.
  • [13]
    Ibid., p. 103.
  • [14]
    E. Poe (1839), William Wilson, Histoires extraordinaires, Paris, Le livre de poche, 1963, p. 39.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Ibid., p. 36.
  • [17]
    R.L. Stevenson, L’étrange cas…, op. cit., p. 110.
  • [18]
    Ibid., p. 100.
  • [19]
    J. Bens, Préface, Antoine Blondin, Paris, Robert Laffont, 1991, p. I.
  • [20]
    S. Freud (1929), Malaise dans la civilisation, Paris, puf, 1976, p. 39.
  • [21]
    A. Blondin, Monsieur Jadis, Antoine… op. cit., 1970, p. 545.
  • [22]
    A. Blondin (1959), Un singe en hiver, Paris, Le livre de poche, 1962, p. 64.
  • [23]
    Ibid., p. 152.
  • [24]
    Ibid., p. 155.
  • [25]
    Ibid., p. 172.
  • [26]
    Ibid., p. 156.
  • [27]
    J. Lacan (1959), L’éthique, Paris, Le Seuil, 1986, p. 65.
  • [28]
    Ibid.
  • [29]
    Ibid., p. 83.
  • [30]
    F. Perrier (1971), Thanatol, La Chaussée d’Antin, Paris, 10-18, 1978, p. 373.
  • [31]
    A. Crescuici, Antoine Blondin, Paris, Gallimard, 2004, p. 33.
  • [32]
    Ibid., p. 183.
  • [33]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 192.
  • [34]
    V. Hugo (1863), Récits et dessins de voyage, Tournai, La renaissance du livre, 2002, p. 110.
  • [35]
    A. Crescuicci, Antoine… op. cit., 2004, p. 186.
  • [36]
    Ibid., p. 116.
  • [37]
    A. Blondin (1952), « Les enfants du Bon-Dieu », Antoine Blondin, Paris, Robert Laffont, 1991, p. 271.
  • [38]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 220.
  • [39]
    J. Lacan (1957), La relation d’objet, Paris, Le Seuil, 1994, p. 210.
  • [40]
    Ibid., p. 209.
  • [41]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 12.
  • [42]
    Ibid., p. 65.
  • [43]
    N. Mailer, Les vrais durs ne dansent pas, Paris, Robert Laffont, 1984, p. 40.
  • [44]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 160.
  • [45]
    Ibid., p. 79.
  • [46]
    F.S. Fitzgerald (1936), La fêlure, Paris, Folio, 1981, p. 483.
  • [47]
    Ibid., p. 79.
  • [48]
    J. Clavreul (1965), « Intervention à propos de l’exposé de Guy Rosolato : le fétichisme », dans Le désir et la perversion, Paris, Le Seuil, 1981, p. 47.
  • [49]
    A. Blondin, Monsieur Jadis… op. cit., 1970, p. 566.
  • [50]
    F.S. Fitzgerald, La fêlure… op. cit., 1936, p. 478.
  • [51]
    Ibid., p. 475.
  • [52]
    J. Lacan (1938), « Les complexes familiaux », Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 36.
  • [53]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 174.
  • [54]
    A. Blondin, « L’humeur vagabonde », Antoine Blondin… op. cit., 1955, p. 446.
  • [55]
    J. Lacan, Les complexes… op. cit., 1938, p. 36.
  • [56]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 247.
  • [57]
    B. Guiter, « La tragédie malrucienne », Synapse, n° 80, 2000, p. 49-52.

Introduction

1Il est à bien des égards trop commode de présenter l’alcoolisme comme une maladie. Certes la prise régulière du « briseur de soucis » entraîne son sempiternel cortège d’affections somatiques (névrites, cirrhoses, etc.) et psychologiques (délires, démence de Korsakoff, encéphalopathies, épilepsie) tandis que son éradication intempestive fait émerger le tristement célèbre delirium tremens. Mais avant de générer ces maux, l’alcoolisme entraîne la sédation d’un tourment antérieur ce qui fait de l’alcoolique le médecin et le pharmacien de sa propre affection et de l’alcool le pharmakon, le remède qui devient poison quand pris en excès (alcoolisme aigu) ou de façon permanente.

2Il est par ailleurs notoire de constater qu’en matière de pathologie mentale, l’alcool apaise toutes les affections. L’hystérique, de par l’oubli qu’entraînent certaines prises, économise le refoulement alors que la levée des inhibitions lui permet l’expression de son théâtre intime tandis que son désir n’est jamais en jeu : c’est celui de l’autre aviné. L’obsessionnel trouve dans les oenols matière à lever un temps ses pénibles ratiocinations. En matière psychotique, voilà que l’alcool balaie l’athymhormie et l’anhédonie du schizophrène, donne un alibi exogène à une crise de manie, renforce par l’intuition délirante le mécanisme interprétatif de la paranoïa. En somme, l’alcool est le donneur universel ce qui devrait inviter l’alcoologue à mener son combat non à partir des méfaits de l’alcool dont l’effet sédatif est bien connu du consommateur, mais sur celui de la liberté dont Kierkegaard disait, il est vrai, qu’elle est une folie.

3L’alcool en tant que rencontre initiatique entre une douleur et son remède invite à rechercher une personnalité pré-alcoolique par delà les effets généraux ci-dessus mentionnés. Deux possibilités méthodologiques se dessinent alors : à partir des vertus du breuvage, déduire les maux du buveur ou repérer dans les invariants comportementaux de l’amateur d’éthyls ce que sédate le produit. C’est cette deuxième proposition que nous allons adopter.

À propos du double et de la métamorphose

4L’introverti de nature que dit être l’alcoolique va, le fatal premier verre pris, coloniser l’entourage, débrider le propos, récuser toute éthique. L’alcool travaille contre la culture pour faire émerger l’être de la horde, celui d’avant la genèse de la loi et du langage, pour assurer le passage de l’homme à la bête, du culturel au naturel. Amateur d’opium et quelquefois d’alcool, c’est peut-être Robert-Louis Stevenson qui, dans L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde (1885), décrit le mieux ce processus de mutation. Le Dr Jekyll fut un jeune homme fortuné, intelligent et travailleur mais tiraillé entre une inclination libertine et un souci « d’obtenir l’estime des gens sages et vertueux [1] ». C’est finalement l’idéal du Moi qui emporte le combat dans cette « dualité primordiale et incontestable de l’homme [2] ». Mais, l’appétit de plaisir de Jekyll n’est pas effacé de la mémoire de ses proches et, son avoué Utterson, constate : « Il a eu nombre d’aventures dans son jeune temps, pour sûr ! Tout cela est fort loin mais il n’y a pas de prescription pour la loi divine […]. Le châtiment arrive, pede claudo, des années après que la mémoire a oublié la faute et que l’amour de soi l’a pardonné [3]. »

5Jekyll, maintenant médecin renommé chimiste d’obédience « reste potentiellement un ennemi de la civilisation [4] ». Il constate le sérieux de ses deux conditions de débauché et d’humaniste : « J’étais infiniment sérieux sous l’une et l’autre de ces deux aspects de ma nature. Je n’étais pas moins moi-même quand j’abandonnais toute réserve et me plongeais dans l’orgie et le stupre que lorsque je travaillais en pleine lumière aux progrès de la science et au soulagement des misères humaines [5] », mais la dualité l’affecte : « Si chacun d’entre eux pouvait être localisé dans une personnalité distincte, la vie serait libérée de tout ce qui nous est insupportable [6]. » Alors, là où le névrosé connaîtrait un conflit d’instances, là où le pervers cliverait son moi, Jekyll trouve une voie nouvelle et l’élaboration d’un philtre le transforme en Mr Hyde. Cette résolution facile d’un conflit intra-psychique sera mise à mal par l’adaptation cinématographique où l’ambivalence sera restituée. Quand en 1941, Victor Fleming porte le roman à l’écran, il confie à Spencer Tracy qui incarnait l’idéal américain de camaraderie et de droiture le rôle de Jekyll tandis que Lana Turner dont les frasques étaient notoires aura le rôle de sa dévouée prétendante. Enfin, la saine Ingrid Bergman commence sa carrière victimaire en se voyant attribuer le rôle de la prostituée malmenée. Point de double ici (donc d’image en tant que réel narcissique), mais un dédoublement, Jekyll gardant la mémoire de Hyde pour en souffrir et Hyde celle de Jekyll pour s’en gausser : « Jekyll avait pour Hyde l’intérêt d’un père, Hyde avait pour Jekyll l’indifférence d’un fils [7]. » Le dialogue d’instances entre la « part mystique » : l’inconscient et le Moi devient un dialogue inter-subjectif, car Hyde c’est l’incarnation de l’inconscient de Jekyll, il s’exprime quand la vigilance s’estompe : « S’il m’arrivait de dormir, c’est Hyde qui me réveillait [8] » et Jekyll évoque « l’insomnie perpétuelle [9] » à laquelle il se trouve condamné. Comme le rêve, Hyde surgit, Hyde réalisation du désir de Jekyll qui contraint ce dernier à veiller sous peine de voir l’inconscient se manifester. Cet inconscient d’être la victime du refoulement puise de sa contention une énergie farouche : « Mon mauvais génie avait été longtemps enfermé dans sa cage. Il en sortit fou furieux [10] » et à sa manière Stevenson énonce qu’au début, tout était Ça en présentant la drogue comme ce qui ébranle « les portes où nos conditions natives sont enfermées [11] ». En somme, comme le souligne l’auteur, « la drogue n’agissait pas dans un sens déterminé, elle n’était ni diabolique ni divine [12] », elle n’est qu’un agent de passage des contenus réprimés par la culture, qu’une mise en évidence de la préhistoire de l’humaine condition, du temps de la horde animale, et dont l’inconscient est le résidu. Mais Jekyll et Hyde ne sont pas des doubles ; points de ressemblance d’abord : « Le bien illuminait le visage de l’un, le mal s’inscrivait en stigmates larges et bien visibles sur la face de l’autre [13] » puis ensuite aucune rencontre ne s’opère : Jekill meurt quand Hyde surgit et vice versa… seule la mémoire de l’Autre perdure. On est aux antipodes de William Wilson où le narrateur titillé par le Nom-du-père : « Je m’étais toujours senti de l’aversion pour mon malheureux nom de famille, si inélégant et pour mon prénom si trivial [14] », voit arriver un intrus qui porte son nom, a ses traits sans pour autant être de la même famille, mais dont ce narrateur avoue : « Si nous avions été frères, nous aurions été jumeaux [15]. » Mais, l’intrus est un rival qui échappe à l’entreprise maléfique que l’auteur exerce sur les autres tout en étant son inséparable camarade, tandis que son éthique tranche avec la perversité de l’auteur qui poursuit : « Il m’était difficile de me débarrasser de l’idée que j’avais connu l’être que j’avais eu en face de moi à une époque très ancienne [16]. » Là, se pose la problématique du double comme Autre du miroir dont la présence jubilatoire devient dictature oppressante quand l’image devançant la maturation devient le prototype de l’inaccessible. Le conflit est ici entre le Je et le Moi-idéal pris pour réel et parfait.

6Stevenson à deux reprises évoque l’alcool directement. Il évoque tout d’abord pour montrer qu’une fois l’alcool rencontré ses effets mettent à mal toute volition et protection taillées en brèche par l’émergence du pulsionnel : « Je ne cache pas qu’un ivrogne raisonnant de son vice avec lui-même n’ai été touché une seule fois sur cinq cent par les dangers que lui fait courir son insensibilité physique lorsque, bestialement, il tombe ivre mort au coin d’une rue [17]. » Ensuite, il met en parallèle l’ivresse et la satisfaction de désir hors contrainte du pacte social (mais pas hors Alliance sacrée) : « Je me reconnus dès les débuts de cette nouvelle vie dix fois plus pervers, dix fois plus méchant, dix fois plus esclave du péché originel (souligné par nous) et, cette pensée en ce moment me réconforta et m’enivra comme un vin généreux [18]. »

7Pourquoi donc l’expression du désir implique-t-elle chez certains êtres une absorption de toxique qui, entamant brutalement les défenses moïques, met sur l’agora le monstrueux spectacle d’un inconscient non compromis en symptôme ou d’un désir touchant par ses balbutiements timides ? Pourquoi donc tant de terreur en regard de l’objet de désir, tant de culpabilité que l’être désirant désinhibé apparaisse monstrueux quand, l’alcool se dissipant, surgissent à matines les cauchemars, ce qui souvent induit une consommation d’oubli ? L’alcoolisme peut être envisagé sous cet angle : une consommation de transgression, et une autre consommation d’oubli de la transgression. Mais, déjà dans la dynamique ébrieuse, ceci se joue dès le premier verre que le second tente de faire oublier et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un ersatz de Thanatos (ivre-mort) coupe le circuit du verre de repentir pour plonger l’alcoolique dans le sommeil Hypnos, frère de la mort. Tout deuxième verre est un rite de conjuration du premier.

Ivre pour vivre

8Le préfacier des œuvres d’Antoine Blondin, Jacques Bens, remarque à propos des héros du romancier : « Ils se montrent sans passion […]. Rien de ce qui les serre de près, ni maison, ni femme, ni enfants, ne peut rivaliser avec leur rêve [19].… » Et voilà le rêve de retour, rêve éveillé, rêve agit via les oenols : le Prado de Gabriel Fouquet, l’Extrême-Orient d’Albert Quentin, mais toujours rêve d’un paradis perdu celui du corps maternel : « Cette toute première demeure dont la nostalgie persiste probablement toujours, où l’on était en sécurité, où l’on se sentait bien [20] » et c’est Monsieur Jadis, quittant sa compagne Odile qui vient nous le conter : « Il récupérait sa brosse à dents et s’enfonçait dans les ténèbres de la plaine Monceau en sifflant aux étoiles la petite musique propre à l’homme qui retourne une fois de plus chez sa mère [21]. » Toute femme est mère pour l’alcoolique, mère infirmière de génie, femme des premiers soins ou plutôt toute femme est ersatz maternel, une aide-soignante en quelque sorte dont l’alcoolique admire la mainmise sur le quotidien : « Madame Quentin n’est pas une beauté, mais elle possède la noblesse que donne le gouvernement des objets, une autorité préservée contre les abus de pouvoir par les limites définies de son domaine [22] » constate Fouquet, tandis que Quentin, à son tour, assène : « Elles peuvent exercer aux fourneaux parce qu’elles sont les dépositaires spontanées de tout ce qui concerne le feu et l’eau [23]. » Mais, et c’est ceci qui le sauve, l’alcoolique, via l’alcool, échappe au paradis perdu pour la prison du paradis artificiel, tant ce paradis a aussi des revers : « Madame Quentin n’aspire à rien d’autre qu’à assurer au lendemain les couleurs de la veille [24] » et ce constat de son époux inquiète Suzanne pour laquelle ce dernier vient de découvrir que « tout ce qui était rassurant était ennuyeux [25] ». Une Suzanne Quentin très hégélienne qui a obtenu l’abstinence et en apparence la sobriété d’Albert : « Suzanne avait derrière elle un triomphe tel qu’il suffisait à une vie. Ses efforts ne tendaient qu’à lui donner plus de prix encore en faisant de son vaincu un vainqueur, de son esclave un maître [26]. » Mais, à traquer à travers la femme la mère comme Souverain-Bien, comme la Chose (Das Ding), comme Autre absolu du sujet, c’est oublier que cet Autre « on le retrouve tout au plus comme regret [27] » et que le Ding ne sert « à rien d’autre qu’à référer par rapport à ce monde de souhaits et d’attente orienté vers ce qui servira à l’occasion à atteindre Das Ding[28] » et que « le désir pour la mère ne saurait être satisfait parce qu’il est la fin, le terme, l’abolition de tout le monde de la demande [29] ». Mais l’alcoolique oscille entre l’Hilflosigkeit (le sentiment d’être démuni) et le nourrissage prolongé qui est un équivalent incestuel. Alors, vient l’angoisse comme signal d’un double danger, celui d’être démuni avant la prise, celui de la transgression incestueuse après et il boit pour abolir l’une puis pour oublier l’autre « en l’honneur et l’horreur de l’inceste [30] » tandis que la mère boit les paroles du fils qui boit pour être le héros du roman de sa mère.

9Cette relation étroite à la mère est favorisée par le personnage paternel et il est, à ce titre, intéressant de comparer les romans familiaux de ces deux écrivains alcooliques (ou l’inverse comme le dira Antoine) que sont Malraux et Blondin. Leurs pères ont des apparences contradictoires : le caractère hâbleur, mythomaniaque de ce coureur de jupons que fut Fernand Malraux contraste en tout point avec la discrétion, l’élégance et la culture de Pierre Blondin. Pourtant, tous deux sont des hommes affectés par la guerre, blessure que Fernand masque derrière des prouesses guerrières et des étonnements technologiques tandis que Pierre était « las de vivre après avoir frôlé la mort pendant quatre ans [31] ». Tous deux aussi sont des hommes ratés et Fernand ne sera pas plus chevalier d’industrie que Pierre écrivain, des hommes qui font rire les dieux en parlant de leurs projets. Hommes ratés, pères déchus que leurs fils rehaussent dans leurs écrits : Malraux fera de son boursicoteur de père un directeur de banque, Antoine élèvera son père sous-lieutenant au grade de capitaine. Fernand et Pierre sont des hommes absents de fait : Fernand quitte le ménage à l’adolescence de Malraux, Pierre, dit Antoine, est un père « furtif », « intermittent », exclu de la maisonnée du Quai Voltaire où son épouse entretient une amitié étroite avec son amie Maud Lelong, tandis que son époux « vit relégué dans une chambre au sixième […], il descendait par l’escalier de service, son couvert n’était pas forcément mis à la grande table [32]. » Absents aussi ces deux hommes dans la parole de leur épouse, la ménagère trop conventionnelle qu’est Madame Malraux, la poétesse Madame Blondin qui s’accommodait mal de cet homme amer qui noyait son amertume dans les cafés. Malraux vivra lors de ce que la littérature retiendra comme « l’exil de Bondy », entouré de femmes (mère, tante, grand-mère) et ce sera aussi le destin d’Antoine au Quai Voltaire (mère, tante, amie de la mère). Quant aux pères, la tragédie les unira : Fernand tait le trauma que lui ont causé les méfaits de l’ypérite nitrée (le gaz moutarde) mais le gaz forclos revient dans le réel et le 20 décembre 1930, à Paris rue de Lübeck, Fernand se suicide au gaz. Le 1er janvier 1948, Pierre ne descend pas de sa chambre, il s’est donné la mort par absorption de barbituriques et d’alcool et Antoine dira par la voix de Gabriel Fouquet : « Mon père est mort […], mort de la guerre, je devrais dire mort des deux guerres […], il y en a eu au moins une de trop [33]. »

10Le père est donc un homme absent de fait mais aussi un homme ailleurs, dans ses rêves de gloire, un homme comme le dit Victor Hugo « qui pense à autre chose [34] » mais qui au lieu, dans la quotidienneté, de s’employer à réaliser cet autre chose, s’attarde sur le chemin des écoliers pour que cet autre chose reste cause de désir et non la ponctuation mortelle avant l’heure d’une vie réussie. Mais, un jour, l’homme n’est plus dupe de sa participation à son échec et le rêve n’est plus le gardien du sommeil de sa vie mais le cauchemar qui réveille sur la lucidité. « Pauvre, idiot, pauvre idiot [35] » sera le dernier message de Pierre Blondin. Le sentiment continu d’exister, la capacité à être seul, voilà que ces thèmes winnicottiens vont être mis à mal par ce jeu d’absence-présence des pères souvent absents réellement, ailleurs quand ils sont là et qui laissent leurs enfants aux bons soins de la mère qui ne peut offrir alors un environnement suffisamment bon, compensant par une surprotection anxieuse sa culpabilité d’épouse d’un père carrent. La vie se rythme sur la cadence du père : « Antoine ne redoutait rien tant que de se sentir seul, d’une solitude non désirée […]. Un enfant de fin de semaine de fêtes et d’anniversaires [36]. » Cette absence se retrouvera dans les écrits pourtant très autobiographiques d’Antoine Blondin gommée dans L’Europe buissonnière, mort dans les autres ouvrages, il n’apparaît que dans « Les enfants du Bon-Dieu » : « Il venait de mourir aux Enfants malades […]. Je l’aimais obscurément. Depuis, je portais son pardessus beige et un penchant à la rêverie dans les cafés. J’avais décousu les décorations qui elles ne sont pas héréditaires et trouvais pourtant que je lui ressemblais beaucoup [37]. »

11Mais, le père n’est pas forclos, loin de là et le vieil Albert Quentin, en fin analyste dira à son comparse Fouquet : « À partir d’un certain moment, tous les chemins conduisent au père mort ou vivant [38]. » Ce père est comme le Tartare du désert de Dino Buzatti (Le désert des Tartares, 1941), il n’est pas là quand on l’attend, il surgit quand on ne l’attend plus, on le pare de toutes les terreurs qui ne sont que les contenus homicides d’un inconscient projeté. C’est le père imaginaire, terrifiant ou débonnaire, qui laisse l’enfant avec le désir de la mère sur les bras puis revient pour demander des comptes. Ce père a été « au moins un instant […] un partenaire réel […] quelqu’un qui lui répond [39] » et, à ce titre, lui a permis de rentrer dans l’ordre de la loi par un crime imaginaire puisque le meurtre du père signe l’avènement de la loi et que tuer, rappellera Lacan, vient de tutare qui veut dire conserver. Mais, il a été inconstant et falot là où s’impose le père-sévère qui dure (persévère) et fait autorité. Alors, la proximité d’avec le Souverain-Bien, comme bien interdit d’un côté, le surgissement paternel féroce de l’autre, immobilisent « le petit criminel [40] », pétrifient une existence statufiée et seuls les oenols arrivant à la rescousse libèreront orageusement le désir laissant l’alcoolique naufragé comparaître devant « les tribunaux intimes, tous ces jurys quotidiens qui vous voient venir [41] ».

De quelques constantes existentielles

12Quelques constantes existentielles de la vie de l’alcoolique doivent retenir encore notre attention :

  • l’amnésie. C’est le fameux « trou noir », l’oubli de tout un pan du voyage ébrieux. Mais, parler pour cet oubli d’économie de refoulement serait oublier l’angoisse qu’il provoque chez l’alcoolique qui, lorsqu’il ne peut opérer une reconstruction, comble cette lacune mnésique par des craintes de méfaits qui l’amènent à éviter le monde, craindre des représailles, développer des thèmes paranoïaques de jalousie et de persécution. Donc, l’alcool n’est pas au service du refoulement mais avec la levée provisoire de celui-ci, il provoque un retour du refoulé tragique quand se fait le constat de perte de contrôle : « Mon premier réveil à Tigreville fut déplorable. L’effet de l’alcool se dissipant, je subissais une violente dépression […]. J’étais allé un peu loin dans la désintégration. Il n’y a que les millionnaires ou les clochards qui puissent rompre aussi brutalement avec leurs lendemains [42]. » Littérature et cinéma s’emparent de ces reconstructions fâcheuses pour en faire des faits. Ainsi, le héros du roman de Norman Mailer, Les vrais durs ne dansent pas (1984), se réveille après une libation prononcée : « On s’éveille en proie à une confusion absolue, qu’a-t-on fait ? que n’a-t-on pas fait ? […], quelque part en chemin, le fil d’Ariane a été brisé […]. J’avais connu ces matins au pénitencier où l’on s’éveillait avec la certitude que quelqu’un de méchant, beaucoup plus méchant même que l’idée qu’on se faisait de la méchanceté, était en chasse [43]. » Mais, le voilà confronté à un double meurtre, tandis que le trou noir l’empêche de s’en dédouaner. La littérature donne consistance au désir inconscient, elle incarne la production imaginaire et elle déplace la question qui n’est plus : Alors… qu’est-ce que j’ai fait ? mais : L’ai-je ou non fait ? Nous passons de la reconstruction au positionnement subjectif devant un fait. Jane Fonda sera confrontée à la même énigme dans le Lendemain du crime (Sydney Lumet, 1987) ;
  • la culpabilité. La culpabilité est la clé de voûte de l’alcoolisme. Elle est liée à la proximité materno-filiale, au vœu de mort du rival paternel et elle est ici doublée de la crainte de représailles. Cette culpabilité n’est pas, comme on l’assène souvent, panachée d’un discours de déresponsabilisation. Ce qui sidère dans le côtoiement de l’alcoolique, c’est justement la revendication de la faute et le dialogue entre Quentin et son épouse Suzanne lors duquel cette dernière attribue au tavernier Esnault les frasques d’Albert, se termine par l’indignation de ce dernier : « Nom de Dieu, fit Quentin, c’est formidable : quand je fais des bêtises, je voudrais bien que le mérite m’en revienne [44]. » La honte, forme sociale de la culpabilité, pointe aussi : « Je sais que j’ai fait des bêtises. Votre patron m’a vu dans cet état, il doit rigoler encore.[…]. Prendre les devants toujours [45]. » Francis Scott Fitzgerald fait écho à ce discours de responsabilisation : « Et si la faille n’était pas en vous mais au grand canyon » lui dit une critique littéraire. « La faille est en moi [46] » répond Scott qui énonce plus avant dans sa nouvelle qu’avant la démolition : « La vie était pour une bonne part une affaire personnelle. Il fallait tenir en équilibre le sentiment de futilité de l’effort et la nécessité du combat [47]. » Assurément, ces hommes prennent leur part à leur désordre, ce qui interroge sur la formulation de Jean Clavreul : « Pierre Aulagnier et moi-même […] avons indiqué la place tenue dans la désubjectivisation chez le pervers […]. Il me paraît fécond de rapprocher la problématique perverse de ce que l’on observe […] plus particulièrement dans l’alcoolisme. J’avais indiqué la place qu’occupe l’anonymat dans l’ivresse [48]. » Pourtant Blondin semble aussi lui donner parfois raison : « En somme, ce qu’il apprécia le plus chez les inconnus, c’était que ceux-ci ne le connaissaient pas [49] » et Fitzgerald aussi quand il parle de sa tendance à « identifier mes idées, mon destin et moi-même avec les gens de toute classe que je rencontrais [50] » ;
  • la déchéance. Nous entendrons ce terme comme un néologisme construit à partir des signifiants déchoir et échéance, donc déchoir avant l’échéance mais nous étudierons son lien avec la décadence qui a la même racine (cadere : tomber). Scott Fitzgerald constate que « la vie est un processus de démolition [51] ». Mais, ce processus de démolition, l’alcoolique l’accélère et la déchéance est triple : sociale, psychologique, somatique. La chute et la rechute impliquent qu’autrefois (Jadis), était bon mais que de ce bonheur et par sa faute, l’homme est chassé. Thème mythique par excellence où Dieu, parce que celui-ci a voulu savoir, punit l’homme par ce qui constitue le triptyque névrotique, l’exil, à l’Est d’Eden, la souffrance et la mort. Thème fantasmatique par excellence aussi puisque avec l’advenue de la loi, le Souverain-Bien n’est plus que nostalgie d’un objet à retrouver (ce qui est impossible et cause le désir) ou à trouver s’il n’est qu’un présupposé théorique. Nous nous inscrivons donc dans une perspective ou le mythe est pour le collectif ce que le fantasme est pour le particulier : une lecture du réel sans lesquels la répétition perd son caractère épistémophylique de recherche pour s’obstruer sur ce réel (tuché et automaton). Dans ce programme de choir avant l’échéance, Lacan voit l’empreinte de l’imago maternelle : « S’il fallait définir la forme la plus abstraite où on la retrouve, nous la caractériserions ainsi : une assimilation parfaite de la totalité à l’être. Sous cette formule d’aspect un peu philosophique, on reconnaîtra ces nostalgies de l’humanité : mirage métaphysique de l’harmonie universelle, abîme mystique de la fusion affective, utopie sociale d’une tutelle totalitaire, toutes sortes de hantise du paradis perdu d’avant la naissance et de la plus obscure aspiration à la mort [52]. » Cette référence au biblique ne surprend pas, bien des travaux ont montré que la toxicomanie est une religion réifiée quand le sentiment religieux a disparu, quand la dépendance transcendantale ne trouve plus Dieu mais retrouve le mana. Mais, si Dieu est hypothétique, le mana, le toxique (ce qui anime êtres et choses du monde) ne l’est pas. En conséquence, dans la religion réifiée, la dépendance absolue prend la place de la foi. Et, inversement, Dieu arrive en période abstinente sous sa forme conventionnelle ou sous sa forme gnostique (la Puissance supérieure des Alcooliques anonymes). La décadence est la résultante d’un effet pléthorique de la civilisation. Pour reprendre notre comparatif ci-dessus, la décadence est au social ce que la déchéance est au singulier, elle vient proposer le manque absolu pour dénoncer l’étouffement de la société de consommation post-moderne, dénonciation dont l’alcoolique est le prophète.
Enfin, dans un dialogue direct, mystique, l’homme en appelle au père « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt, 27-46), mystique qu’évoque Blondin par la bouche de Quentin qui, après avoir expliqué à Suzanne que l’alcoolique n’aime pas le vin mais l’ivresse, le voyage, s’en voit proposer un par celle-ci : « Tu as raison, je suis ridicule. Il vaut mieux voir les choses comme elles sont. Ces idées d’un autre monde, d’une autre vie possible, je dois les tenir de la religion ou j’ai été élevée. Il y a du mysticisme dans l’extase d’un ivrogne contemplatif [53]. » Antoine Blondin termine : « L’humeur vagabonde par cette triste phrase : « Un jour, nous prendrons des trains qui partent [54] » mais les seuls trains qui partent le ramenaient à la maison comme celui de Fouquet qui sait que « l’individu qui ne lutte pas pour être reconnu hors du groupe familial n’atteint jamais à la personnalité avant la mort [55] » et qui conclut pathétiquement « et maintenant, voici venir un long hiver [56] ».

Discussion en guise de conclusion

13Nous avions proposé ci-dessus de discuter la proposition de Jean Clavreul de rapprocher l’alcoolisme de la structuration perverse, ce à quoi nous allons nous employer à partir des constats relevés.

Éléments allant en faveur d’une structuration perverse

14Les sociétés néphalistes comme les Alcooliques anonymes désavouent le Nom-du-père, ce qui implique qu’il ait été au préalable reconnu. Par ailleurs, ces sociétés proposent aussi de substituer au substitut de l’Urwater (le père primitif) mort au nom de la loi, à savoir Dieu, un dieu anonyme : la Puissance supérieure. Le père est désavoué en tant qu’incitateur du désir de la mère puisque porteur du phallus manquant, ce qui impliquerait ce que le pervers ne veut reconnaître, l’admission de la castration de même que le manque comme cause du désir. Ainsi, le pervers s’institue comme étant lui même, via le corps, ce phallus fétichisé. C’est l’assomption du corps comme corps glorieux. Corps rendu glorieux par les maux somatiques, les blessures et accidents, les rixes, dont l’alcoolique sort victorieux, ce qui justifie le titre du roman de Christiane Rochefort : Le repos du guerrier (1958). Mais pour que la fétichisation soit accomplie, il faut que ces maux deviennent des prouesses aussi un roman mythomaniaque vient donner teneur aux maléfices du quotidien. C’est l’athéisme du moi que l’on retrouve dans les faux exploits d’Ernest Hemingway et, plus récemment, dans celles de l’acteur Mickey Rourke. Par ailleurs, désavouer le père c’est désavouer la loi, la transgresser, la défier tout autant pour s’assurer qu’elle est là et éviter la psychose que pour jouir de la bafouer. Ainsi voit-on effectivement l’alcoolique passer maître dans l’art de la transgression (passages à l’acte violents, infractions routières, tapage, etc.). Une loi sera même édictée spécialement pour lui (loi sur les alcooliques dangereux du 15 avril 1954 qui ne sera jamais appliquée, les autres modes de soins forcés s’avérant suffisants). Mais le point qui nous semble le plus important pour argumenter la perversion, est la position subjective par rapport aux origines. Comment naître dans un monde exclusivement masculin puisque avec le fétiche, le monde est unisex. Le mythe de Dionysos nous met en présence de ce phénomène, nous montrant ce Dieu naître du masculin, de la cuisse de Zeus. L’alcoolique, lui, utilisera pour répondre à cette question la mythologie de Phœnix. Il renaîtra de lui-même après la plongée dans Hypnos qui clôture le parcours ébrieux. Pour ne pas dépendre de l’autre dans la voie perverse du désir, l’autoérotisme est de rigueur et le plaisir oral opère un déplacement du manque de l’autre à un manque à soi, signant ainsi une thématique de femellisation passive tandis que la bouteille évocable et révocable à souhait, signe ainsi l’assujettissement des objets au désir pervers.

Éléments en faveur d’une structuration névrotique

15La culpabilité de l’alcoolique est le moteur de sa surconsommation et il comparait devant le « tribunal intime » dont parlait Antoine Blondin, ce qui sous-tend plus un conflit d’instances qu’un clivage du moi. La politique de l’alcoolique n’est pas celle du « ce n’est pas moi (à jeun), c’est l’autre (ivre) », ni à celle du « pas vu pas pris », (c’est même l’inverse : prendre sans se faire voir) qui sont les politiques perverses par excellence. Le symptôme-alcool a une visée réparatrice du père déchu en temps qu’il signe le souci de tisser un lien indéfectible en regard de ce lien qui a fait tant défaut (d’où les dettes par exemple). La position de l’alcoolique est victimaire. Il n’a plus de complices et encore moins de disciples : l’ivresse ne mène pas dans les mêmes contrées, la variabilité de la résistance fait que le dernier verre est bu tout seul et puis la mort frappe (le père puis les amis : Roger Nimier, Albert Vidalie, Kléber Haedens, la mère d’Antoine Blondin et nous avons par ailleurs montré l’hécatombe que vécut Malraux) [57]. Alors, l’eau de vie vient réveiller les morts, la littérature tente de faire reculer le réel qu’est l’irreprésentabilité du cadavre. La névrose obsessionnelle puisque c’est de ce côté que nous tissons la personnalité pré-alcoolique, justifie alors son autre appellation de maladie du langage. Mais, elle mérite aussi l’appellation de maladie du tabou quand, se référant à l’acte de boire, s’impose au clinicien de le considérer entre autre comme un rite expiatoire d’une transgression imaginaire. L’appel suppliant au père rappelle sa consistance mais implore sa persistance « Mon père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi » (Mt, 26-38).

Bibliographie

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  • Les citations bibliques (Mt, 27-46) et (Mt, 26-38) aux pages 12 et 14 sont extraites de la Bible de Jérusalem, 1961, Paris, Cerf.

Mots-clés éditeurs : culpabilité, tabou, alcool, personnalité

Date de mise en ligne : 01/10/2006

https://doi.org/10.3917/cm.074.0233

Notes

  • [*]
    Bernard Guiter, docteur en psychologie, sociologie et histoire, psychanalyste, 2 bis avenue Camille Saint-Saëns F-34500 Beziers.
  • [1]
    L. Stevenson (1885), L’étrange cas du Dr Jekill et de Mr Hyde, Paris, Bibliothèque Marabout, 1970, p. 93.
  • [2]
    Ibid., p. 97.
  • [3]
    Ibid., p. 28.
  • [4]
    S. Freud (1927), L’avenir d’une illusion, Paris, puf, 1971, p. 9.
  • [5]
    R.L. Stevenson, L’étrange cas… op. cit., p. 94.
  • [6]
    Ibid., p. 97.
  • [7]
    Ibid., p. 109.
  • [8]
    Ibid., p. 118.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    Ibid., p. 110.
  • [11]
    Ibid., p. 102.
  • [12]
    Ibid.
  • [13]
    Ibid., p. 103.
  • [14]
    E. Poe (1839), William Wilson, Histoires extraordinaires, Paris, Le livre de poche, 1963, p. 39.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Ibid., p. 36.
  • [17]
    R.L. Stevenson, L’étrange cas…, op. cit., p. 110.
  • [18]
    Ibid., p. 100.
  • [19]
    J. Bens, Préface, Antoine Blondin, Paris, Robert Laffont, 1991, p. I.
  • [20]
    S. Freud (1929), Malaise dans la civilisation, Paris, puf, 1976, p. 39.
  • [21]
    A. Blondin, Monsieur Jadis, Antoine… op. cit., 1970, p. 545.
  • [22]
    A. Blondin (1959), Un singe en hiver, Paris, Le livre de poche, 1962, p. 64.
  • [23]
    Ibid., p. 152.
  • [24]
    Ibid., p. 155.
  • [25]
    Ibid., p. 172.
  • [26]
    Ibid., p. 156.
  • [27]
    J. Lacan (1959), L’éthique, Paris, Le Seuil, 1986, p. 65.
  • [28]
    Ibid.
  • [29]
    Ibid., p. 83.
  • [30]
    F. Perrier (1971), Thanatol, La Chaussée d’Antin, Paris, 10-18, 1978, p. 373.
  • [31]
    A. Crescuici, Antoine Blondin, Paris, Gallimard, 2004, p. 33.
  • [32]
    Ibid., p. 183.
  • [33]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 192.
  • [34]
    V. Hugo (1863), Récits et dessins de voyage, Tournai, La renaissance du livre, 2002, p. 110.
  • [35]
    A. Crescuicci, Antoine… op. cit., 2004, p. 186.
  • [36]
    Ibid., p. 116.
  • [37]
    A. Blondin (1952), « Les enfants du Bon-Dieu », Antoine Blondin, Paris, Robert Laffont, 1991, p. 271.
  • [38]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 220.
  • [39]
    J. Lacan (1957), La relation d’objet, Paris, Le Seuil, 1994, p. 210.
  • [40]
    Ibid., p. 209.
  • [41]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 12.
  • [42]
    Ibid., p. 65.
  • [43]
    N. Mailer, Les vrais durs ne dansent pas, Paris, Robert Laffont, 1984, p. 40.
  • [44]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 160.
  • [45]
    Ibid., p. 79.
  • [46]
    F.S. Fitzgerald (1936), La fêlure, Paris, Folio, 1981, p. 483.
  • [47]
    Ibid., p. 79.
  • [48]
    J. Clavreul (1965), « Intervention à propos de l’exposé de Guy Rosolato : le fétichisme », dans Le désir et la perversion, Paris, Le Seuil, 1981, p. 47.
  • [49]
    A. Blondin, Monsieur Jadis… op. cit., 1970, p. 566.
  • [50]
    F.S. Fitzgerald, La fêlure… op. cit., 1936, p. 478.
  • [51]
    Ibid., p. 475.
  • [52]
    J. Lacan (1938), « Les complexes familiaux », Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 36.
  • [53]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 174.
  • [54]
    A. Blondin, « L’humeur vagabonde », Antoine Blondin… op. cit., 1955, p. 446.
  • [55]
    J. Lacan, Les complexes… op. cit., 1938, p. 36.
  • [56]
    A. Blondin, Un singe… op. cit., 1959, p. 247.
  • [57]
    B. Guiter, « La tragédie malrucienne », Synapse, n° 80, 2000, p. 49-52.

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