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Article de revue

Les trois ordres de l'intransmissible

Pages 211 à 225

Notes

  • [*]
    Jean-Pierre Durif-Varembont, maître de conférences en psychologie, psychanalyste, institut de psychologie, université Lyon 2, 5, avenue Pierre Mendès-France, C.P. 11, 69676 Bron cedex.
  • [1]
    La famille face aux secrets, série documentaire de Claude Lemoine et Gilles Daude, n° 3/6, « le secret de la filiation », avec Jacques Sédat et Nicole Lapierre, La 5e, 19 septembre 1999.
  • [2]
    Cas rapporté par un collègue lors d’une journée d’étude.

1 Toute transmission entre générations s’appuie sur un intransmissible. La transmission, et non la reproduction, pose en effet la question de ce qui lui échappe. C’est un fait : tout n’est pas transmis même si ce désir d’une transmission intégrale constitue sans doute le fantasme fondamental à traverser pour la rendre possible.

2 En matière d’intergénérationnel comme ailleurs, la transmission est à envisager non comme un magot qu’on se repasserait sans perte et sans frais de l’un à l’autre mais comme une course de relais où, pour filer la métaphore sportive, le passage du témoin nécessite un temps commun et un temps différencié. Personne ne peut tout transmettre pas plus que la totalité de son expérience ou de sa connaissance. Elles ne servent à rien pour le récipiendaire qui ne peut faire l’économie du prix à payer de l’acquérir pour son propre compte sous prétexte que le précédent l’aurait déjà fait pour lui. Il n’y a pas de transmission par procuration. Lorsque le maître prétend imposer un savoir sans reste, la transmission tourne à la simple reproduction au fur et à mesure qu’elle sombre dans le dogmatisme et l’allégeance, et l’élève qui prétendrait le recevoir en « prêt-à-porter » sans consentir au travail de réappropriation subjective succomberait vite au psittacisme, à la langue de bois et à la désujectivation.

3 Parce que nul n’est est à l’origine, la transmission fonctionne à base de perte pour tous : rien ne se transmet dans l’intégralité et cette perte fonde la transmission elle-même. Le négatif est au cœur du processus, mais quel est le statut de ce reste qui échappe à la transmission tout en signifiant l’altérité qui la fonde ? L’expérience clinique et la vie quotidienne nous permettent de distinguer trois registres de l’intransmissible.

L’ordre de la réalité biologique

4 La perte en jeu dans la réalité biologique est la condition de la permanence de la vie. L’ordre biologique fonctionne en effet selon un principe de division, et la combinatoire génétique impose une perte nécessaire à la reproduction sexuée. La « logique du vivant » (François Jacob) en exigeant la différenciation, s’oppose ainsi à la reproduction de l’identique, mortifère à terme. Mais cette logique, tout en échappant pour une part à la symbolisation, se prête à tout un imaginaire sur la filiation : dans le langage, ce qui lui est associé en matière de transmission et de non-transmission fait l’objet de beaucoup de confusions dont la plus fréquente est celle de l’héritabilité (génétique) et de la transmissibilité (psychique et culturelle) à la base de nombre de « théories » tentant de justifier le caractère inné de l’intelligence et les pratiques sociales ou pédagogiques qui en découlent. Cette distinction fondamentale entre héritabilité et transmissibilité ne relève pas seulement d’une nécessité épistémologique et politique mais se montre particulièrement opérante dans nombre de situations cliniques, notamment dans celle de l’enfant handicapé et de sa famille, dans celle de l’adoption et des questions posées par l’assistance médicale à la procréation. Ainsi, un garçon adopté précocement, ayant perdu son père mort d’une maladie cardiaque, se posera la question d’une transmission héréditaire de celle-ci de père en fils, nous permettant d’aborder au fil des séances, la différence entre son père adoptif, son « vrai père » dont il a reçu des signifiants l’ayant constitué, et son géniteur, son « faux père » dont il a reçu une partie du patrimoine génétique. Dans d’autres cas, des questions se posent comme : est-ce qu’un frère peut avoir ou non la même maladie ? Est-ce qu’un sujet peut transmettre à sa descendance une maladie héréditaire dont il porte seulement le gêne, parfois sans le savoir, avec quelles conséquences subjectives ? L’intelligence, le « caractère », mais aussi plus fondamentalement la place de sujet dans la filiation et l’identité sexuelle, ne font pas l’objet d’un héritage biologique mais d’une transmission familiale et sociale en grande partie inconsciente. Derrière ces questions se profile évidemment l’interrogation éthique sur la liberté du sujet eu égard à ce qui peut faire destin pour lui, sous forme d’une prédestination génétique ou d’une détermination signifiante trans-générationnelle, sur les possibilités de changement et d’arrêt de la répétition.

5 La confusion des registres est fréquente de nos jours. Il n’y a pas si lontemps (le 5 juin 2000), on pouvait entendre le titre d’une émission sur une radio périphérique nationale formulé ainsi : « Enfants de collabo, une hérédité lourde à porter ». L’ambiguïté d’une telle annonce vient de ce qu’elle fonctionne en miroir de la pensée raciale fondée sur une théorie de l’héritage amenant à la pratique rationalisée mais récurrente de l’eugénisme. Le fantasme de la transmission par le sang des éléments de la force de caractère, de traits identificatoires familiaux, de la pureté de la race et de l’énergie vitale dans la lutte pour la vie, entraîne au génocide des autres et parfois au sacrifice suicidaire de soi-même. Or le modèle évolutionniste de la biologie contemporaine va à l’encontre de cette optique de la détermination génétique en montrant que la reproduction des cellules et des organisations complexes est plus due au hasard de la sélection naturelle qu’à l’accomplissement d’un programme.

6 Freud lui-même aborde cette distinction dans ses divers travaux sur l’étiologie des névroses, depuis les Études sur l’hystérie (1895) où il se pose encore la question du rôle de l’hérédité, jusqu’au Moïse (1939) où, faisant de celui-ci un égyptien, il pose clairement que la transmission ne relève pas d’un héritage génétique mais de processus intra et inter psychiques complexes mettant en jeu les liens intergénérationnels et la continuité de la vie psychique. Même s’il n’a jamais théorisé l’influence du psychisme des grands-parents sur la mise en place de l’Œdipe des petits-enfants ni comment les troubles mentaux produisent des effets dans la génération, Freud a rompu avec le modèle de pensée neuro-psychiatrique de la dégénérescence héréditaire pour aborder à la fois subjectivement et anthropologiquement la nécessité et les avatars de la transmission des conditions de la réappropriation par chacun de son identité sexuelle et de sa place dans la génération.

7 Face à la surestimation actuelle de la biologie au détriment de la parole dans la culture, la psychanalyse promeut une réflexion rigoureuse sur cet « inestimable objet de la transmission » (P. Legendre, 1985) constitué par l’ordre des préférences et des tabous, par les lois de l’alliance et de la filiation, par le partage, sous forme des rituels et des langages les plus divers, de l’énigme de l’origine, du désir et de la mort. L’expérience de la cure nous montre aussi que le cours d’un destin tracé dans la répétition peut changer pour peu que le sujet qui y était contraint trouve dans l’écoute et l’interprétation d’un autre sa vérité et celle de son désir. Si la transmission n’était qu’héréditaire, le sujet n’y pourrait rien changer et resterait le jouet de son programme génétique, vaste question dont on retrouve les traces lors de débat d’experts en cour d’assises !

La non-transmission historique, accidentelle et particulière

8 La non-transmission historique et familiale interroge la position subjective des protagonistes, c’est-à-dire le fantasme soutenant l’impossibilité ou le refus de la transmission. L’un n’a pas pu ou pas voulu transmettre, l’autre n’a pas pu ou pas voulu s’en constituer le destinataire, un autre pouvant très bien d’ailleurs s’approprier un héritage qui n’est pas le sien. C’est bien l’une des fonctions du processus analytique que de permettre au sujet de faire le tri entre ce qui lui revient et dont il doit prendre la mesure pour en payer le prix et ce qu’il a pris en charge au titre d’une dette indue. Cet intransmissible relève de l’interdiction, de la falsification, du déni, de la forclusion ou du refoulement sous les différentes formes du non-dit, du secret et du mensonge.

9 Un exemple nous en est donné dans le témoignage de Johnny Flash [1]. Cet homme d’âge mûr a été élevé par son père, sa mère étant partie juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale alors qu’il avait 1 an et demi. Il le rapporte ainsi : « Mon père et moi avons été abandonnés », comme s’ils étaient de la même génération. Son père a toujours refusé de répondre à ses questions, lui disant en substance : « Ce ne sont pas tes affaires, ça ne regarde que moi et ta mère. » Il oppose ainsi une fin de non-recevoir et une interdiction. Le secret ici a valeur d’un interdit de penser et de parler, produisant de la culpabilité. Sans doute, ce père est trop pris lui-même dans des difficultés et dans une jouissance inconsciente que révèle la question du fils et que ce dernier n’est pas sans percevoir subtilement. La culpabilité d’y être pour quelque chose dans cet abandon, à entendre comme une interprétation de Johnny mais aussi plus structuralement comme la manifestation de son impossibilité de régler sa dette généalogique, ne l’empêche pas d’insister : il veut savoir pourquoi sa mère ne l’a pas élevé, pourquoi ses parents se sont séparés, pourquoi son père ne veut rien dire. Ses recherches l’amènent à découvrir que sa mère a collaboré avec la Gestapo et qu’elle avait même fait arrêter son mari, le père de Johnny. Le secret entretenu par le père et sa propre mère cache la transgression non dite de la mère mais portée dans la honte par le père, et le fils ensuite. Nous retrouvons le processus classique de prise en charge de la culpabilité par la victime quand la valeur de la transgression n’a pas été reconnue. Mais le plus significatif dans cette histoire, c’est que, lorsqu’il finit par retrouver sa mère prête à lui parler de son père, c’est lui-même qui ne veut plus rien savoir et s’enfuit. Chercher la vérité sur son commencement (les aléas de sa venue au monde, la manière dont ça s’est passé) confondu avec son origine (la parole fondatrice) n’est en effet pas sans risque de mettre le sujet dans la confusion incestueuse. Aucun enfant ne sait d’où il vient puisque l’énigme du désir des parents pose le voile sur l’origine, permettant du coup tous les fantasmes originaires. D’une certaine manière le père a raison de fermer la porte de la chambre des parents, mais il manque la légitimation du questionnement du fils et l’autorisation paternelle d’en savoir quelque chose ailleurs. Ici, il y a réponse sur une partie du secret mais pas de la part de qui de droit, ni sur la cause de son abandon par sa mère, avant ces faits, ni sur le silence qui a suivi, ni sur les raisons de ce secret. Comment être le fils d’un père en vérité pour Johnny ? Comment et pourquoi assumer une histoire qui n’est pas la sienne et dans laquelle il est pris ? Sa réponse de sujet dans la génération est celle du refus, celui de porter son patronyme en tant que nom déshonoré du père devenu objet de dérision et d’insulte mais aussi comme tentative de se détacher de son aliénation à ce signifiant en s’auto-nommant par un pseudonyme, « Johnny Flash » (l’éclair ?) à consonance anglo-saxonne et surtout pas allemande. Le blocage de la transmission n’autorise pas subjectivement « la permutation symbolique des places » (P. Legendre), c’est-à-dire l’orientation vers l’avenir et l’entrée à son tour dans la paternité. Il reste « bloqué » (dixit) à un passé qui ne passe pas.

10 Ces avatars de la transmission manifestent la prise de l’humain dans l’ordre langagier relationnel et sa soumission aux lois de la subjectivité consciente et inconsciente, comme nous le montre toute la clinique des « impensés généalogiques » et des secrets de famille, élaborée par les travaux de N. Abraham et de M. Torok, de R. Kaës, D. Dumas et S. Tisseron pour ne citer que les plus importants.

11 Cette clinique interroge donc non seulement les blocages de la génération précédente mais aussi la position subjective de celui qui reçoit l’héritage dans la mesure où il nous prend à témoin dans l’après-coup de notre écoute sur la manière dont il l’a repris à son compte, transformé, rejeté, etc.

12 L’histoire d’Alexandrine, rapportée dans la même émission que celle de Johnny, montre bien les effets d’une transmission qui se débloque quand enfin une parole vraie est adressée au sujet, notamment sur la position subjective de la génération suivante. Petite fille, elle n’imaginait pas, contre toute vraisemblance en raison de son physique asiatique (traits, yeux, peau), « avoir une autre origine », tout en ayant l’impression qu’il y avait quelque chose de différent faisant énigme sans mots. Devant le secret soutenu par tout l’entourage, l’enfant qu’elle était ne voulait pas savoir consciemment ce qu’elle n’était pas sans savoir inconsciemment, ce que trahit la reconnaissance que sa sœur était différente (sous-entendue « elle, elle leur ressemblait »). Comme par hasard, dès qu’elle en a la possibilité, à l’adolescence, elle met une grande distance géographique entre elle et ses parents. Après-coup, elle prend conscience de sa culpabilité d’enfant de l’énergie dépensée par sa famille pour maintenir ce secret soi-disant « protecteur » pour elle. Le nœud du secret se dénoue en deux temps. À l’âge de 24 ans (pourquoi cet âge ? En répétition du côté de sa mère ?) elle reçoit une lettre de sa mère lui révélant, de façon succincte, l’existence d’un père biologique vietnamien sans lui donner son identité mais une explication où elle est impliquée comme mère dans son adresse à sa fille : elle avait une relation avec deux hommes à la fois. La pilule n’existait pas. Elle n’a rien dit au vietnamien et celui qu’elle a épousé, son père, a endossé la paternité. Alexandrine laisse entendre la manière dont elle a reçu cet écrit : « Ma mère m’a appris que mon père n’était pas mon père » dit-elle tout en reconnaissant à un autre moment que ce père-ci était bien son père. La distinction des pères par qui de droit dans l’ordre de la parole, à savoir la mère, relégitime la fonction paternelle et, d’une certaine manière, le lien de filiation. « Ça a fait une renaissance pour moi, comme la sortie d’une chrysalide… Je ne leur en voulais pas tellement de ce mensonge tellement le gain était important pour moi. » Nous ne savons pas quel fantasme elle a construit sur ce silence mais le terme de naissance indique une traversée ou une levée de ce fantasme. Ce secret n’était pas à mon avis l’équivalent d’un mensonge car le non-dit, même honteux, à l’enfant, ne s’accompagnait pas d’une tromperie dans l’alliance. Alexandrine trouve d’ailleurs beaucoup d’explications pour les excuser (absence de contraception, contexte historique, honte sociale de la fille-mère célibataire, etc.), façon pour elle de se réapproprier ce secret et d’en faire son histoire.

13 À l’heure où elle devient une jeune femme potentiellement mère, où il s’agit de prendre sa place de maillon dans la chaîne généalogique, elle se pose de façon irrépressible la question de l’identité de son géniteur. Sa mère est bien celle qui peut et doit en parler du lieu d’une rencontre où son désir a été en jeu avec un autre désir, mais là où le père de Johnny oppose un interdit, elle légitime par sa lettre le désir de savoir malgré un jugement moral : « tu es égoïste de vouloir savoir cela ». Les parents n’empêchent pas la recherche de la vérité mais ne veulent rien dire, eux, laissant entendre le pacte qui les lie. Il n’est pas interdit de penser, de questionner, de parler. Le refus d’Alexandrine n’est pas celui de Johnny. Elle a eu un père, une place référée dans la génération et la différence des sexes, la transmission fonctionne. Grâce à cela, elle peut refuser les rails du discours familial, ne pas s’en contenter « pour ne pas crever ». C’est sa prise de position comme sujet.

14 La naissance de ses enfants impose à tout parent de se situer dans la transmission intergénérationnelle sous peine de ne pouvoir assumer sa fonction. C’est lorsque Alexandrine devient mère que resurgit en elle la nécessité de reprendre, quelques années plus tard, ses démarches pour retrouver son « vrai père », son « père biologique » qui ne connaissait pas son existence et qui, marié depuis, a une fille de ce mariage. « Ce n’est pas pour autant un père pour moi » conclut Alexandrine avec une certaine sérénité. Tout n’a pas été dit mais l’essentiel a été dit dans une adresse personnalisée, il n’y a rien à rajouter qui ne confine à la jouissance, ce qui fait dire à Jacques Sédat en guise de conclusion à l’émission : « lever le secret, c’est faire le décompte de ses origines, sans plus ». Au moment où le sujet est confronté à la permutation symbolique des places dans la génération, la question se pose de la dette et de l’héritage : que m’ont-ils légué ? Que transmettre à mes enfants ? « La transmission serait ce trésor que chacun se constitue à partir des éléments livrés par les parents, par l’entourage, et qui, par des rencontres hasardeuses et des événements passés inaperçus, s’articulent au fil des ans avec l’existence quotidienne pour jouer leur fonction principale : celle d’être fondatrice du sujet et pour le sujet » écrit justement J. Hassoun (1994, p. 81). Si la transmission est bloquée, le sujet sera en difficulté pour advenir en son nom et dans son corps en assumant son histoire, mais il faut se garder de faire du secret la cause mécanique des affres de la génération suivante.

15 Les signifiants qui passent d’une génération à l’autre posent la question de l’aliénation constitutive du sujet au discours de l’Autre, de sa liberté par rapport aux déterminations de la chaîne signifiante, du rapport de la transmission aux processus identificatoires. Freud avait déjà évoqué dans Totem et tabou (1913) la possibilité d’une transmission non seulement des contenus refoulés mais du refoulement lui-même, autrement dit de la transmission d’une trace mais aussi de l’absence de trace, ce que Lacan reprend dans son commentaire de « la lettre volée » d’Edgar Poe : la lettre parvient toujours à son destinataire même s’il n’a pas été constitué comme tel par le transmetteur. La trace suit en quelque sorte son chemin par d’autres voies, à travers d’autres personnes, jusqu’à ce qu’un destinataire se reconnaissant comme tel s’en fasse le porteur (souvent indûment) et éventuellement le décrypte, ce qui suppose une interprétation. En ce cas, il y a transmission d’une absence de transmission dans la mesure où tout sujet est capable d’entendre à son insu les mimiques, les silences, les regards et autres modulations de la voix. Du coup, ce qui n’a pas été symbolisé de fondamental dans une génération par oubli, déni ou forclusion, fait retour dans le réel du corps ou du comportement dans la génération suivante sous forme d’énigme, de fantôme ou d’impensé qu’il faut se garder de prendre pour des causes faisant destin tant la vérité du sujet reste irréductible à l’exactitude des événements de son histoire. D’une certaine manière, il y a toujours de l’intransmissible pour des raisons contingentes, et ses effets viennent de l’intransmissible de structure (cf. la troisième partie), aussi toute la question porte sur l’objet et les raisons de l’intransmissible. Si l’impensé en effet, est le signe même d’un intransmis dans l’ordre symbolique, « la question reste entière de comprendre les agencements psychiques qui conduisent à ce qu’un sujet précis, pas n’importe lequel, celui que j’appelle le sujet singulier, s’en constitue le porteur et arrime à cet emplacement, avec l’accord inconscient des autres, son destin et sa propre fin » (R. Kaës, 1993).

16 Le double mouvement du processus de transmission, intersubjectif (transmission des modèles, des idéaux, de sens) et intra-subjectif (l’assomption subjective par le destinataire) explique le paradoxe de la transmission d’une non-transmission que j’appelle circulation plutôt que transmission : des signifiants circulent mais ne font pas l’objet d’une transmission avec ce qu’elle implique d’adresse et de processus d’inscription, sous forme de blanc énigmatique ou de répétition d’un symptôme ou d’un destin. La répétition en effet indique qu’a été transmis l’indice d’une non-transmission. Les mots ne renvoient plus à celui qui les dit et à celui à qui ils sont dits. L’absence d’inscription et de représentation, conséquence logique du défaut d’interprétation, de reprise, de transformation de l’objet par un sujet pour un autre, fait circuler un énoncé énigmatique, un signifiant brut d’affect, hors d’un rapport d’énonciation désirante : une partie est transmise, l’énoncé, vrai ou faux, l’autre est retenue, l’énoncé hors parole, réduit à sa dimension langagière. Du coup, le symptôme manifesté par la deuxième ou la troisième génération se retrouve complètement détaché de son sens originel. Un exemple clinique [2] illustre cette circulation d’un signifiant énigmatique, celui de Catalina, une jeune femme qui souffre d’une grave phobie des pieds nus. Elle ne supporte pas la vision de quelqu’un les pieds nus sans aussitôt éprouver une bouffée d’angoisse qui oblitère gravement sa relation aux autres et sa vie en société. Elle a l’impression d’étouffer et qu’elle va mourir. Au cours des séances et en remontant le fil de son histoire au gré des associations libres dans le transfert, elle retrouve un secret caché : le suicide de son grand-père par pendaison survenue lorsqu’elle était encore une petite fille et qui ne lui avait jamais dit. Comme le font tous les enfants dans ce cas-là, elle a alors entendu les conversations des adultes et retenu une histoire de « p…nus », dans l’impossibilité de reprendre la signification juste du fait que ces dires ne lui sont pas adressés. Tout fonctionne alors comme une interdiction de savoir et le refoulement amène logiquement à transformer par assimilation phonétique l’entendu en un sens acceptable. L’angoisse de mort et la culpabilité d’une transgression non reconnue, elle les a épongées en les transférant sur un signifiant, condensateur métonymique tiré projectivement de son univers psychique de petite fille (résonance subjective des pieds nus). L’affect s’est transmis sans sa représentation, constituant une sorte de « transmission négative » selon la formule de R. Kaës. La transmission suppose une parole adressée, interprétation de ce qui a été reçu par l’un pour l’adresser à l’autre, et non un discours impersonnel ou un propos à la cantonade. C’est pourquoi la transmission consiste fondamentalement en l’acte de transmettre. En effet, le sujet ne s’approprie pas son histoire, ne l’interprète pas, quand les signifiants qui circulent ne lui sont pas adressés dans un temps et en un lieu intersubjectif particulier. Il subit alors l’emprise du discours de l’Autre et reste identifié à son propre fantasme.

17 « S’il n’est rien d’important qu’une génération soit en mesure de cacher à une autre » comme le rappelait Freud, la persistance de l’énigme ou du secret laisse entendre la participation du sujet de la génération suivante au « négatif » de la transmission, voire à sa falsification, en y consentant inconsciemment, par exemple pour en tirer avantage sur le plan œdipien. Le père d’une fillette que je recevais pour des inhibitions scolaires n’arrivait pas à intervenir entre sa fille et sa femme, et encore moins entre elle et son fils. Interrogé sur le rapport à son père, il se dira de père inconnu, se rendant compte maintenant comment il a passé toute son adolescence à se trouver des figures paternelles de substitution. J’en représente une de plus dans le transfert, et c’est de ce lieu de confiance que se révèle alors sa complicité avec le silence de sa mère qu’il n’a jamais osé questionner, non pour protéger sa mère de quelque danger imaginaire mais pour ménager sa place de fils œdipien préféré et préserver son fantasme d’être le fruit d’un amour de sa mère avec un homme célèbre déjà marié. La révélation qu’il s’agissait en fait d’un amour adolescent contrarié par les familles fait chuter cette construction et lui permet de naître comme fils en même temps que de prendre enfin sa place de mari et de père. L’œdipe se déroule sur au moins trois générations : l’arrivée d’un enfant réactive l’œdipe de ses géniteurs en refaisant surgir leurs imagos parentales. Tout enfant baigne dans le lit des projections familiales dont il est l’objet et s’identifie à ce qu’il perçoit inconsciemment de leur désir. Mais dans cette opération, enjeu de la transmission, il y a toujours un reste. L’enfant n’est jamais le pur et simple produit de l’imaginaire parental et ce qu’il reprend à son compte contient sa part de projection propre.

18 Parce que la transmission fonctionne sur un modèle de chaîne qui suppose une distinction entre ses maillons (transmetteur et destinataire), entre l’acte de transmettre et l’objet transmis, entre ce qui est donné et ce qui est reçu, tout télescopage des générations, toute confusion des places dans son processus substituent un temps circulaire et répétitif au temps diachronique et irréversible de son ordre. Ainsi, comme le rappelle P. Legendre dans ses travaux, la non-transmission de l’interdit qui aboutit à son absence, rend impossible le jeu des représentations et des fantasmes et pousse au passage à l’acte. Alors l’histoire de la génération précédente intruse la suivante par invasion projective et cette dernière s’identifie à l’objet du fantasme ou de l’angoisse projetée sur elle. Nous savons tout le travail psychique nécessité par la déprise des projections d’autrui que doit accomplir tout sujet pour vivre en son nom plutôt que par procuration. Un jour, une mère qui avait souffert d’épilepsie enfant, racontait comment elle guettait avec anxiété la crise qui devait survenir chez sa fille bébé. Elle était persuadée qu’une mère ne pouvait que donner ce mal à son enfant, dans une sorte de transmission de mère à fille, ce qui finit par se produire, d’autant plus que sa propre mère, telle une mauvaise fée penchée sur le berceau, le lui avait prédit à la naissance.

L’indicible de structure, condition de la transmission

19 Nous ne pouvons parler de transmission que dans le registre du signifiant au sens où Lacan définit le signifiant comme « ce qui représente le sujet pour un autre signifiant », d’où l’importance fondamentale de la dimension d’adresse, avec ce qu’elle implique de sélectivité et de particularité. Il y a donc transmission et non pas simple circulation quand le destinataire entend ce qui lui est transmis comme la réponse particulière à sa question et non comme une « réponse globale » d’un discours familial ou social qui fonctionne alors sur le mode de la langue de bois ou de la version officielle. Venant de nulle part et ne s’adressant à personne, les signifiants ne renvoient alors à aucun sujet pour le représenter mais à un sens fixé auquel chacun est plus ou moins assigné. Ils circulent de façon métonymique d’une représentation à l’autre jusqu’à faire symptôme (cf. « les pieds nus ») et contaminent la génération suivante par imprégnation projective. Le sujet livré à son fantasme comme clé de lecture de la destinée familiale ne peut assumer son histoire et se retrouve le porteur ou le jouet d’une histoire qui n’est pas la sienne, incapable d’effectuer le tri entre ce qui lui revient et ce qui ne lui appartient pas.

20 Parler vraiment, c’est-à-dire s’adresser à quelqu’un, différencie pour les articuler le sujet de l’énoncé et le sujet de l’énonciation. C’est nouer dans un écart le locuteur et le destinataire. « Dans sa fonction symbolisante, la parole ne va à rien moins qu’à transformer le sujet à qui elle s’adresse par le lien qu’elle établit avec celui qui l’émet soit d’introduire un effet de signifiant » (J. Lacan, 1966, p. 296). La question pour un sujet n’est donc pas tant d’entendre enfin l’énoncé d’un secret que de le recevoir de celui qui, de part sa place dans la transmission et l’intersubjectivité, en a la charge. La même phrase n’a pas les mêmes effets selon qui la dit et les circonstances de ce dire. La valeur de la parole dépend de son cadre d’exercice, lieu, moment et modalités langagières particulières parlant du rapport de l’un et de l’autre. À cet égard, l’interprétation sauvage dans le transgénérationnel fixe plus un destin qu’elle ne libère le sujet des entraves signifiantes dont tel ou tel secret constituait la partie émergée de l’iceberg. Ainsi, dans l’histoire de Louis Althusser (Durif-Varembont, 2002), la révélation sur sa naissance par sa tante Juliette a pour effet de le fixer dans le fantasme de l’usurpateur, celui de vivre à la place d’un autre Louis, son oncle paternel mort avant sa naissance. Elle lui annonce un jour de son adolescence (pourquoi à ce moment-là ?) que son père, Charles, a épousé sa mère à la place de son frère Louis et qu’il porte le nom de cet oncle pour suivre la prescription du lévirat biblique. Il revenait aux parents, au père particulièrement puisque l’initiative du mariage venait de lui, de parler à leur fils et non à cette tante. On peut évidemment s’interroger sur ce qui l’a fait parler, le lieu d’où elle parle quand on sait que c’est elle qui était promise à Charles, le père de Louis, lieu probable de sa jalousie et de sa frustration.

21 Dans l’acte de transmettre, la perte est la condition de sa possibilité, l’intransmissible son premier temps logique. La parole à la fois noue et dénoue, révèle et voile, lie et coupe. Parce qu’elle n’est pas magique contrairement à ce que laisse croire l’idéologie actuelle de la symbolisation salvatrice, parce qu’elle suscite le malentendu tout en faisant entendre ce qu’elle ne dit pas, elle contient en elle-même un intransmissible dû à l’altérité qu’elle met en jeu. L’intransmissible de structure vient de cet écart différentiel nécessaire à la transmission et comporte au moins trois aspects :

  • tout ne peut pas se dire, n’importe comment, dans n’importe quelles circonstances et à n’importe qui ;
  • la dimension d’adresse de l’acte de transmettre suppose une perte inhérente au travail de reconstruction de la mémoire et de réaménagement subjectif de celui qui s’approprie l’héritage ;
  • parce que le signifiant impose non la représentation mais l’effacement de la chose, c’est-à-dire du refoulement, le dire opère toujours sur fond de non-dit qu’il produit au fur et à mesure du dit.
L’intransmissible de structure est aussi la conséquence logique de la prise de l’humain dans l’ordre du langage et de la parole. Il pose la question du statut métapsychologique de l’irreprésentable. S’il y a ce qui ne peut pas se dire mais s’entend, ce qui se dit mais ne s’entend pas, il y a aussi ce qui ne peut ni se dire ni s’entendre et qui touche au réel. La représentation suppose le réel qui n’a pas de représentation « car le réel n’attend pas, et nommément pas le sujet, puisqu’il n’attend rien de la parole. Mais il est là, identique à son existence, bruit où l’on peut tout entendre, et prêt à submerger de ses éclats ce que le « principe de réalité » y construit sous le nom de monde extérieur » (Lacan 1966, p. 388). Parce que le signifiant n’exprime jamais la totalité du réel, la vérité, comme le disait J. Lacan, ne peut que se « mi-dire » : sur le versant de la métaphore qui consiste à appeler une chose par le nom d’une autre, le déplacement d’un signifiant sur un autre signifiant creuse l’écart entre le sujet et le réel ; sur le versant de la métonymie qui consiste à désigner le tout par une partie ou l’inverse, le déplacement du signifiant sur une partie du signifié revient à prendre le signe pour la chose signifiée (par exemple « boire un verre »). Penser l’impensable, dire l’indicible, tenter de représenter le réel au lieu même de l’impossible de sa représentation, pour échapper à l’obscénité, nécessitent donc un travail de transposition analogique sur d’autres représentations, notamment dans la fiction. C’est bien la question éthique qui a été posée à propos du film La vie est belle de R. Bénigni, comme l’a été précédemment pour d’autres cinéastes celle de montrer la mort en direct. Les objets essentiels de la transmission (Legendre, 1985) concernant les fondements de la vie subjective et du lien social, le mystère de l’origine, l’énigme du désir enjeu dans la différence des sexes et l’inconnu de la mort, sont ainsi signifiés dans et par d’autres modalités de transmission faisant appel à l’héritage culturel et familial constitutif de l’univers symbolique d’un sujet : récits mythiques, icônes commémoratives, rituels de marquage et d’inscription mettent en scène des images et des représentations substitutives de ce qui nous échappe radicalement.

22 Un bon exemple de ce reste non symbolisable nous est fourni par les situations de violences extrêmes où les victimes se frayent un chemin de sortie du silence, « entre ineffable et inaudible » (Durif-Varembont, 2001). Nous sommes là dans le registre de la jouissance et de l’archaïque (voix, regard, toucher, odeur) qui est précisément ce que la mère ne peut entièrement symboliser. Ça passe (et non pas se transmet) par le regard ou par la sensation pour former un bout de réel non porté au signifiant et repris par le sujet post traumatique comme étant là alors que ça n’existe pas. Cette sorte d’hallucination négative n’est pas sans évoquer ce qui a été décrit sous la forme du fantôme (Dumas, 1985) ou du fantôme traumatique de l’objet (Lévy, 2000). Comment alors prendre en compte dans la cure analytique ce reste de structure que la question traumatique pose avec acuité ? Freud y répond dans le Moïse (1934) par le rôle de la construction, qui suppose de distinguer la vérité historique, celle de la réalité psychique, et « la vérité matérielle », celle de l’exactitude événementielle. En transformant le défaut d’exactitude en vérité pour le sujet réinventant son histoire au moins en partie, ce qui suppose à la fois du refoulement, de la mémoire et de l’oubli, la construction permet de donner un statut psychique à l’événement hors sens, de donner du sens à ce qui n’en a pas, de « positiver » le négatif de la transmission tout en l’indiquant. Ce travail de remémoration avec la part de réinterprétation projective qui lui est inhérente est le prix à payer par le sujet pour se réapproprier l’héritage.

23 Dans le champ culturel, la construction a pris d’autres formes langagières, particulièrement artistiques, médiations métaphoro-métonymiques qui permettent de dire qu’il y a de l’indicible tout en le laissant agir. Dans les suites de la Shoah, nous avons assisté à une substitution de ce genre : l’écriture (cf. P. Lévi, J. Semprun), le dessin (cf. Zoran Muzic), la bande dessinée (cf. Art Spiegelman), déployés sans adresse précise mais dans l’espace publique, sont venus en lieu et place d’un dire de vive voix dans une transmission privée des parents aux enfants. « En ces zones extrêmes de l’expérience subjective, et en l’absence d’un témoin, d’un destinataire possible à une parole inarticulable, à un sens introuvable, seule l’écriture, et paradoxalement l’écriture d’une fiction, la construction imaginaire, romanesque, devient le lieu pour s’approcher d’un réel indicible, voire innommable » (Lévy, 2000, p. 82). Dire qu’on ne peut pas dire, signifier l’intransmissible, fait partie intégrante de la transmission.

Conclusion : la transmission altérée par l’altérité

24 La transmission s’organise de structure à partir du négatif, de ce qui manque à transmettre dans les trois registres que j’ai proposés d’articuler ici et que la trilogie lacanienne Réel, Symbolique, Imaginaire, traverse sans la recouper entièrement. Freud a toujours fait du manque et de l’absence une condition essentielle de la transmission. Sa nécessité vient de n’être pas tout, limité, mortel. La perte à l’œuvre dans la transformation et l’interprétation ne vient donc pas seulement des aléas de l’histoire mais de cette aliénation au langage et de notre rapport au réel qui nous met dans une non maîtrise de ce que nous transmettons. Les parents par exemple, savent si peu ou si mal ce qu’ils transmettent à leurs enfants et quand bien même ils en savent quelque chose, ça ne change pas grand chose aux processus et aux enjeux de la transmission qui ne dépendent ni de l’intentionnalité ni de la conscience. Ce qui est transmis, au mieux, ce sont les conditions de la réappropriation subjective de l’identité, ce qui pourra permettre au sujet de poser la question de son être de désir et de tenter d’y répondre.

25 La transmission véritable en effet déjoue la répétition du même et s’oppose à la reproduction d’un clone. Identité et altérité sont de la partie dans le même mouvement. Ainsi le nom indique ce qui de l’identique perdure à travers la génération, et le prénom ce qui échappe dans le processus de renouvellement : un enfant ne s’appelle jamais comme un autre, l’éventuelle similitude étant toujours affectée d’un indice, numéro ou mention distinctive (par exemple « junior »). La transmission quand elle est vraie subit toujours l’altération de l’altérité. Elle ne passe jamais par un seul et met en jeu une intersubjectivité plurielle. Ainsi dans un colloque sur la transmission, nous nous mettons à plusieurs pour en dire chacun un bout, mais la somme des parties ne constituant pas un tout, se produit de l’intransmissible chaque fois. Nos théories sont des fictions boiteuses qui permettent de transmettre une tranche malgré tout. On n’aura jamais tout dit, on peut dire à chaque fois davantage et autrement, comme l’écrit si justement Jorge Semprun (1995), pointant ici l’infini de ce qui échappe à la transmission mais qui est constitutif de la transmission elle-même. Parce que l’origine du sujet n’est relative à rien d’autre qu’elle (elle n’a pas elle-même d’origine ou de cause puisqu’elle est), elle pose la question de la vérité qui échappe toujours en partie et du réel en tant qu’il échappe à la représentation.

26 La cure psychanalytique, à travers le travail de reconstruction de son histoire, des signifiants qui l’ont constituée, la lecture des fidélités culturelles et familiales auxquelles il n’a pu échapper, permet au sujet de les assumer dans la mesure même où il sort de la place dans laquelle il avait été assigné avec sa propre complicité inconsciente. « Parce que rien ne doit y être lu concernant le moi du sujet qui ne puisse être réassumé par lui sous forme du « je » soit en première personne » (J. Lacan, 1966, p. 251) elle lui permet de passer d’une position de jouet ou de victime d’une prédestination marquée du sceau de la répétition et de la culpabilité à celle de sujet responsable de son destin dans sa liberté retrouvée, prenant sa place dans la transmission. Seule une lecture plurielle de ce qui constitue la trame signifiante de son histoire, de celle de sa famille, voire de celle de son peuple, permet à un sujet, dans un mouvement de désidentification vécue souvent sur le divan comme une nouvelle naissance, de se l’approprier, c’est-à-dire d’en vivre.

Bibliographie

Bibliographie

  • Abraham, N. et Torok, M. 1978. L’écorce et le noyau, Paris, Flammarion-Aubier, 1987.
  • Balmary, M. 1975, L’homme aux statues. Freud ou la faute cachée du père, Paris, Grasset.
  • Dumas, D. 1985. L’ange et le fantôme, Paris, Minuit.
  • Durif-Varembont, J.P. 2001. « Le silence des victimes entre ineffable et inaudible », Psychologie clinique, « Dispositifs cliniques : recherches et interventions », printemps 2001, nouvelle série n° 11, Paris, L’Harmattan, p. 131-139.
  • Durif-Varembont, J.P. 2002. « Défaillances de la fonction du père et suppléances d’auto-fondation dans la psychose : Le crime de Louis Althusser », Bulletin de Psychologie, tome 55 (5), n° 461, septembre-octobre p. 489-495.
  • Freud, S. 1912-1913. Totem et tabou, Paris, Gallimard, 1993.
  • Freud, S. 1934. L’homme Moïse et la religion monothéiste, Paris, Gallimard, 1986.
  • Hassoun, J. 1994. Les contrebandiers de la mémoire, Paris, Syros.
  • Kaës, R. et al. 1993. Transmission de la vie psychique entre générations, Paris, Dunod.
  • Lacan, J. 1966. Écrits, Paris, Le Seuil.
  • Legendre, P. 1985. L’inestimable objet de la transmission, Paris, Fayard.
  • Lévy, G. 2000. Au-delà du malaise. Psychanalyse et barbaries, Toulouse, érès.
  • Semprun, J. et Wiesel, E. 1995. Se taire est impossible, Mille et une nuits, Arte éditions.

Mots-clés éditeurs : intransmissible, énoncé énigmatique, éritabilité, é, transmission, appropriation subjective

Mise en ligne 01/10/2005

https://doi.org/10.3917/cm.070.0211

Notes

  • [*]
    Jean-Pierre Durif-Varembont, maître de conférences en psychologie, psychanalyste, institut de psychologie, université Lyon 2, 5, avenue Pierre Mendès-France, C.P. 11, 69676 Bron cedex.
  • [1]
    La famille face aux secrets, série documentaire de Claude Lemoine et Gilles Daude, n° 3/6, « le secret de la filiation », avec Jacques Sédat et Nicole Lapierre, La 5e, 19 septembre 1999.
  • [2]
    Cas rapporté par un collègue lors d’une journée d’étude.
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