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Article de revue

À la recherche de l'image perdue. Un cas d'homosexualité masculine

Pages 47 à 54

Le devenir-homosexuel

1 L’homosexualité est une réalité transhistorique et transculturelle, dont la visibilité sociale dépend évidemment de la tolérance des sociétés à son égard, et de son image dans les opinions et mentalités. Si les signes de tolérance sont plus nombreux aujourd’hui, c’est une évolution récente. Condamnée par l’Église et les grandes religions, comme par la morale « laïque », l’homosexualité a longtemps été considérée comme un comportement déviant, immoral, voire pervers.

2 Au début du xxe siècle, l’hégémonie médicale prenant le relais de l’hégémonie de la religion, l’homosexualité accède au statut de pathologie. Il est tentant de la « naturaliser ».

3 Certains vont l’expliquer par la théorie de la dégénérescence, tout comme aujourd’hui on se demande, outre Atlantique, s’il n’y a pas un gène de l’homosexualité. Mais ces déplacements dans le discours théorique attestent les changements dans les représentations sociales de l’homosexualité, plus qu’ils n’en éclairent la nature.

4 La grande innovation de Freud est de la considérer comme une position subjective. On ne naît pas homosexuel, on le devient. Freud a emprunté à Fliess l’idée d’une bisexualité psychique. Mais il s’est éloigné des positions organicistes de ce dernier. La potentialité homosexuelle serait donc inscrite dans le psychisme de tout un chacun. Cependant, pour la majorité d’entre nous, l’hétérosexualité l’emporte, et le destin des motions homosexuelles est, pour une part, le refoulement, pour une autre part, la sublimation dans le lien social. La pulsion est ainsi désexualisée par changement de but.

5 Pour éclairer la psychogenèse de l’homosexualité masculine, Freud a mis en avant le rôle du narcissisme. Il a reconnu, à partir de son expérience clinique, trois modes d’entrée dans l’homosexualité, sans prétendre à l’exhaustivité. Un premier mode d’entrée dans l’homosexualité est celui du choix d’objet narcissique ; il a pour condition une très forte fixation à la mère, et s’effectue à l’adolescence par une « conversion » : identification à la mère et recherche comme objets d’amour de jeunes gens dans lesquels il puisse se retrouver et retrouver l’objet aimé par la mère. C’est le modèle de Léonard de Vinci (1910). Un autre aspect de cette configuration est la haute estime dans laquelle est tenu le phallus, symbole de la puissance, et l’impossibilité d’y renoncer chez l’objet d’amour. D’où la haine, le mépris, le dégoût pour tout ce qui ne possède pas ce phallus, la femme en premier lieu. Mais aussi, ajouterons-nous, le dégoût pour l’homme que marque les stigmates de l’âge, d’une infirmité ou de la laideur.

6 Un deuxième mode d’entrée dans l’homosexualité a une source toute différente : il s’agit de l’amour et de la vénération inspirée par le père, et de l’angoisse qui pousse à renoncer à la rivalité avec lui. Le renoncement à la femme est le renoncement à être en concurrence ou en conflit avec lui. La position est ici plus passive, plus soumise, plus « féminine », et l’objet d’amour est électivement une figure de père, d’homme plus âgé, ou d’autorité. C’est le cas de l’homme aux loups (1918).

7 En 1922, Freud repère une troisième voie conduisant à un choix d’objet homosexuel, bien, dit-il, qu’il ne puisse évaluer l’importance de son rôle dans la formation de l’homosexualité manifeste. À l’origine, des sentiments de jalousie particulièrement forts se sont affirmés contre des rivaux, frères (et sœurs) plus âgés. La jalousie a conduit à une attitude haineuse envers ces rivaux capteurs d’amour maternel. Plus tard, ces motions subissent un refoulement et une transformation, de sorte que « les ci-devant rivaux devinrent les premiers objets d’amour homosexuels ». Deux points doivent être soulignés à propos de ce « modèle » : d’une part, c’est le contraire de la paranoïa, qui transforme les objets primitivement aimés en persécuteurs haïs, puisqu’ici, les rivaux haïs se transforment en objets d’amour.

8 En second lieu, c’est une amplification du procès qui conduit à la « genèse individuelle des pulsions sociales ». Or, dit Freud, il est bien connu qu’un certain nombre de personnes homosexuelles se signalent par un développement particulier des motions pulsionnelles sociales et par leur dévouement à des intérêts d’utilité publique. Le lien entre développement des sentiments sociaux et l’homosexualité est ici patent, la seule différence avec les hétérosexuels étant que la séparation entre intérêts sociaux et choix d’objet ne s’est pas opérée complètement.

9 Il convient de noter que l’homosexualité dont parle ici Freud est une homosexualité psychique, qui peut, mais non pas nécessairement, aboutir à une homosexualité manifeste dans le comportement et le choix de partenaires amoureux du même sexe. Comme l’avait observé finement Ferenczi, certains sujets peuvent vivre leur homosexualité psychique dans des relations hétérosexuelles. Ce qui conduit à une observation plus générale : l’homosexualité psychique ne conduit pas nécessairement à une homosexualité en actes, et je ne pense pas que la répression sociale en soit la seule raison. Il convient donc, non seulement de distinguer différentes psychogenèses de l’homosexualité, dont aucune liste exhaustive n’est encore établie, mais aussi différents degrés dans l’assomption de motions pulsionnelles homosexuelles. La séparation entre homosexualité et hétérosexualité n’est pas toujours aussi tranchée qu’on voudrait le faire croire : si certains sujets se déclarent très tôt homosexuels, d’autres hésitent entre hétéro – et homosexualité : certains ont une homosexualité occasionnelle, certains deviennent homosexuels sur le tard, et il convient de prendre en compte l’histoire de chaque sujet dans le devenir-homosexuel.

10 Les travaux de psychanalystes des générations suivantes ont confirmé le rôle du narcissisme dans la psychogenèse de l’homosexualité. Cependant, l’apparente simplicité du « comportement homosexuel » recouvre une grande variété de positions subjectives. L’homosexualité féminine est-elle de même nature que l’homosexualité masculine ? Pour ne considérer que l’homosexualité masculine, est-elle une et homogène ? Ferenczi distinguait deux « types » d’homoérotisme, qu’il appelait l’homoérotisme d’objet, et l’homoérotisme de sujet, en mettant l’accent sur les identifications sexuelles (masculines ou féminines). Mais cette distinction est-elle suffisante ? Et par ailleurs, n’y a-t-il pas une grande diversité d’implications du narcissisme dans les positions subjectives ?

Un cas d’homosexualité masculine

11 Chez les patients homosexuels – jeunes, pour la plupart – que nous avons rencontrés, la question de l’identité était centrale.

12 La récurrence de cette question amène à se demander si, pour certains, le devenir homosexuel ne se constituerait pas à partir d’un trauma narcissique précoce, trauma dont la présence se signalerait par une fixation à l’image spéculaire.

13 Nous évoquerons ici le cas de N., un jeune homme de 25 ans dont la demande explicite, lorsqu’il vint me voir, était la suivante : il avait des désirs homosexuels, et une angoisse folle de passer à l’acte. Il me demandait de le protéger contre ces impulsions.

14 Dans le premier entretien, deux choses me frappèrent. Tout d’abord, son apparence physique : il était assez beau, d’une beauté un peu ambiguë : longs cheveux aux reflets dorés, traits fins et délicats. Ensuite, son regard, qui s’accrochait au mien avec insistance. En général, cela va soit avec une tentative de séduction, soit avec un besoin d’emprise. Mais dans le cas de ce jeune homme, je ne percevais rien de tel ; il y avait autre chose.

15 Ce garçon qui avait si peur d’être homosexuel vivait avec une jeune femme qu’il aimait beaucoup, avec, semblait-il, plus de tendresse que de sensualité. Leurs rapports sexuels étaient, disait-il, satisfaisants, mais le plus important était qu’il se sentait bien avec elle, il était soucieux de savoir s’il lui apportait aussi quelque chose, si elle aussi se sentait bien avec lui. Avant cette relation, il y avait eu d’autres femmes, jamais de relations avec un homme.

16 Il partageait un appartement avec une co-locataire, et avait beaucoup d’amies filles, plus que de copains garçons. Un seul véritable copain, maintenant éloigné de lui, avait tenu une grande place dans sa vie. Il se demandait si le fait d’être entouré de filles ne révélait pas son homosexualité. Il se préoccupait aussi de son apparence physique : était-il habillé comme un « pédé » ? Ne voyait-on pas sur sa figure qu’il était un « pédé » ? Bref, il était très préoccupé par le regard des autres, et craignait qu’on puisse deviner ses pulsions secrètes en le lisant comme un livre ouvert. Comme si rien de lui n’était assuré de demeurer secret, et principalement cette homosexualité qu’il s’efforçait de réprimer continuellement.

17 Cette préoccupation du regard des autres sur lui faisait pendant à cet accrochage à mon regard. On ne s’étonnera pas qu’il ait choisi une profession dans laquelle le regard jouait un rôle de premier plan. Il était vidéaste, tournait surtout des films publicitaires de caractère « alimentaire », mais il était clair que pour lui la caméra était à la recherche d’autre chose, qu’elle devait servir à traquer, à saisir une image, il ne savait laquelle au juste, mais elle devait avoir pour lui valeur de révélation. Sur le versant passif de l’être vu, il s’était avec une amie photographe, prêté à des séances dans lesquelles il posait nu. Et il cherchait à se découvrir dans ces images, produites par le regard d’une autre.

18 Une des premières choses qu’il me confia était qu’il n’avait pas connu son père, militaire mort au cours d’une opération lointaine. Il était donc un enfant posthume. Il savait peu de choses de ce père, parce que sa mère (qui semble avoir vécu ce deuil dans une grande dépression) refusait d’en parler. Par la suite, elle avait épousé en secondes noces un homme avec lequel N. ne s’entendait pas, dont il réprouvait les idées politiques d’extrême droite et les propos grossiers. N. disait que sa mère était malheureuse avec cet homme, mais qu’elle n’avait pas le courage de s’en séparer. N. avait-il tenté de se séparer de cette mère, en mettant quelques centaines de kilomètres entre elle et lui ? En tous cas, il n’arrivait pas à se départir de ce rôle de confident et de thérapeute qu’elle lui assignait, ou qu’il s’assignait.

19 Trois points me frappèrent au cours de ce travail. Tout d’abord, la plainte concernant l’absence d’un père, et surtout son absence dans le discours des femmes qui, disait-il, l’avait élevé. Il faisait des investigations aussi obstinées que stériles dans les albums de photos familiaux, dans la mémoire de son entourage, et alla jusqu’à faire un déplacement très lointain auprès d’une grand-mère très âgée et perdant un peu la tête, dans l’espoir de lui soutirer quelque souvenir sur ce père trop tôt disparu. En vain. On ne pouvait que faire le lien avec sa vocation de cameraman, tout en se disant que l’image recherchée devait aller bien au-delà d’une image paternelle, ou plutôt que la révélation attendue d’une telle image allait bien au-delà d’un simple cliché photographique.

20 Un second point était un sentiment d’inconsistance qui ne le quittait pas. Il se sentait inconsistant, sans épaisseur, léger, et plus tard, dans l’avancement de notre travail, il devait me dire qu’il commençait à avoir plus de densité, à se sentir « plus lourd ». La métaphore du poids et de la légèreté, indiquant son sentiment d’être ou de désêtre, révélait un défaut grave de narcissisme, et mettait au premier plan une problématique de l’identité, moins au sens d’une identité sexuelle, que d’une identité tout court, au sens d’être, tout simplement.

21 Le troisième point était son homosexualité. Cette homosexualité avait un caractère particulier. À aucun moment, il ne s’est agi d’un partenaire amoureux, d’un garçon avec qui il aurait eu envie de vivre. Il s’agissait plutôt d’un désir compulsif de prendre rendez-vous avec des hommes inconnus, partenaires d’un soir, par téléphone ou par messagerie électronique. Il finit par passer à l’acte, durant de longues vacances. D’une part, les séances étaient suspendues, d’autre part, sa compagne était partie à l’étranger ; peut-être aussi que l’avancement même de notre travail avait réduit son angoisse relative aux passages à l’acte homosexuels. Il prit donc rendez-vous avec des hommes, eut avec eux des rapports sexuels sous forme de fellations, et en revint profondément déçu et insatisfait. « C’étaient, dit-il, de pauvres types, encore plus paumés que moi. »

22 La déception qui suivit ces rencontres indiquait une idéalisation. Il avait espéré quelque chose d’important, de miraculeux, qui n’avait naturellement pas eu lieu. Idéalisation qui manifeste certes le défaut de narcissisme évoqué plus haut. Mais aussi, fétichisation. Il était à la recherche de quelque chose d’idéal qui se concrétiserait tout-à-coup dans un objet, comme si cet objet pouvait contenir tout entier l’objet de sa quête. La déception le conduisit à renouveler plusieurs fois l’expérience, et à revenir à chaque fois déçu.

23 Un jour, je faillis ne plus le reconnaître. Il avait entièrement rasé son crâne, il était méconnaissable. Il me présenta la chose comme un pari, un acte « pour rire ». Mais cette mise en actes, ce sacrifice de sa chevelure était naturellement beaucoup plus. Cela marqua aussi un changement en lui. Il ne s’accrochait plus à mon regard, il était plus calme. Il ne voulait pas révéler son homosexualité à sa compagne, de peur de la perdre, mais, disait-il, il pouvait vivre avec cela.

24 Un événement eut une grande importance. Il partit au Chili, avec son amie qui était d’origine chilienne. Là, il avait rencontré des personnes dont les parents faisaient partie des « disparus » des premiers temps du coup d’État du général Pinochet. Ces enfants de disparus n’avaient jamais accepté de se taire, ils recherchaient activement, groupés en associations, les traces de ces disparus, ils s’efforçaient de porter devant l’opinion publique leur demande de justice. N. s’était senti étreint par l’émotion ; en leur compagnie, il s’était senti comme l’un des leurs. Peut-être que cela lui permit d’accepter la disparition sans traces de son père.

Le vide du miroir

25 Dans la problématique identitaire, il y a une fixation à l’image spéculaire. Lacan a montré l’importance du stade du miroir comme formateur de la fonction du Je. C’est en reconnaissant son image dans le miroir que le petit humain accède à la représentation d’un moi comme être total et unifié, ce qu’il assume, dit Lacan, avec jubilation. Là serait la racine du narcissisme primaire, sur lequel viendront ensuite se sédimenter les identifications ultérieures. Le moi peut être investi par le sujet, parce qu’il éprouve de la jubilation, précisément, à se voir ainsi, parce qu’il se plaît ainsi. L’image spéculaire est en rapport avec le moi-idéal. Cela veut dire que le moi ne saurait se constituer sans cette image, qui est le prototype de l’identification. Mais en même temps, il ne peut se constituer que pris au piège d’une image objectivée dans l’espace, c’est-à-dire en la recevant comme de l’extérieur (ce qui est le prototype de la projection). Autrement dit, l’image spéculaire anticipe sur ce qui sera la dépendance à l’égard du regard de l’autre, et du désir de l’autre. C’est du regard de l’autre, et du désir de l’autre, que l’on recevra de l’autre la révélation de sa propre identité, soit d’une image de soi au plus près du moi-idéal.

26 La fixation à l’image spéculaire peut apparaître sous différentes variantes, et le symptôme est chaque fois différent. Nous n’en ferons pas ici l’inventaire, mais évoquerons deux types phénoménologiquement opposés. Il y a d’abord le Narcisse, fasciné par son image, qui ne se lasse pas de l’admirer dans le miroir, au point d’être sourd et aveugle à toute demande. Narcisse fréquente peu les cabinets d’analystes, parce cela fait partie de sa perfection et de son autosuffisance de ne pas souffrir. Narcisse est très intolérant à l’égard de toute imperfection physique. Il hait à l’extrême tout signe de déchéance physique, de vieillissement par exemple, les rides, comme il a aussi haï les « gros bides ». Il fréquente les salles de musculation pour maintenir la perfection de son image. Cette haine de l’imperfection trahit sa vulnérabilité, car il est tout entier piégé par une illusion, celle de la parfaite coïncidence entre son moi réel et son moi idéal. Et si son image commence à se dégrader, si son visage ou son corps vieillit, il va commencer à se haïr, comme si son moi réel avait trahi son « vrai » moi.

27 Il y a, à l’inverse (inverse au point de vue phénoménologique, mais c’est la même problématique) celui qui ne peut pas retrouver une image de lui, qui lui a donné du bonheur. Ce dernier désespère de la retrouver, sans pouvoir y renoncer cependant. Il erre ainsi, répétitivement, à la recherche d’une identité, c’est-à-dire d’une image de lui-même, qui ne peut lui venir que de l’extérieur. Dans le cas de N., le miroir est ici remplacé par la photo, image objectivée dans un espace extérieur, mais une photo n’est pas seulement une reproduction « objective », c’est aussi un regard de l’autre sur lui. (On peut évoquer à ce sujet le commentaire par Winnicott du stade du miroir). C’est pourquoi cette quête privilégie le regard de l’autre sur lui, il attend de l’autre et de son désir une révélation sur lui-même, sur ce qu’il est. Être ici, s’entend non pas au sens d’être quelque chose ou quelqu’un, mais d’être, absolument. Les métaphores qu’utilisait N., celles de la consistance, du poids, de la lourdeur, de la légèreté, vont bien en ce sens. Le choix d’objet homosexuel, ici, apparaît plutôt comme le choix d’un identique, révélateur d’identité, que comme un semblable, partenaire amoureux. En d’autres termes ce n’est pas un choix d’objet. La déception répétitive qui suit toutes les rencontres homosexuelles de N. atteste le rapport de cette image au moi-idéal : il ne peut qu’être déçu. L’écart est irréductible.

28 Nous avions évoqué il y a quelques années, dans la Pensée et le trauma (M. Bertrand, 1991), la spirale infernale qui lie le mélancolique à un idéal du moi inaccessible, et rend cet idéal de plus en plus inaccessible du fait de son ratage, et rend le sujet de plus en plus indigne de son idéal.

29 S’il y a une problématique narcissique chez l’homosexuel, il y en a aussi une chez le mélancolique et chez le paranoïaque. Mais la différence est notable.

30 Dans le cas de N., s’il y a une forte coloration dépressive, on ne peut pourtant pas parler d’une organisation mélancolique. La différence, c’est la photo, c’est l’image matérialisée dans un objet, ou dans un regard, ou dans un objet-regard : c’est l’image fétichisée. L’espérance de voir aboutir sa quête se confond avec celle de posséder un tel objet, et là est toute la différence.

31 La fixation à l’image spéculaire ne trahit-elle pas un trauma narcissique ? Le sujet se regarde dans le miroir, et ne voit rien, peut-être parce que (Winnicott) vient à manquer un regard qui confirmerait la réalité désirable de cette image, et l’absence de ce regard anéantit le sentiment du moi d’être quelqu’un, d’avoir de la consistance, et la confiance en soi qui va de pair. Mais plus fondamentalement, par l’effraction que provoque dans le sujet la rencontre avec le réel, soit la destitution de l’illusion, de l’image comme illusion.

32 Et la compulsion à rechercher son image dans le regard de l’autre, comme aussi la compulsion à la fixer dans un objet-photo, ou encore la compulsion à rechercher dans un autre soi-même, un alter ego, la révélation de sa propre image, déniant la destitution d’une telle image, n’est-elle pas aussi manifestation de la compulsion à répéter le trauma narcissique ?

Bibliographie

Bibliographie

  • Freud, S. 1923. Trois Essais sur les théories de la sexualité, Paris, Gallimard, nrf.
  • Freud, S. 1973. « Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité », Névrose, psychose et perversion, puf, p. 271-282.
  • Ferenczi, S. 1978. « L’homoérotisme, nosologie de l’homosexualité masculine », Psychanalyse 4, Paris, Payot, p. 117-129.
  • Ferenczi, S. 1982. « Nouvelles remarques sur l’homosexualité », Psychanalyse 4, Paris, Payot, p. 195-200.
  • Lacan, J. 1966. « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », Écrits, Paris, Le Seuil, p. 93-103.

Mots-clés éditeurs : é, trauma narcissique, éculaire

Mise en ligne 01/10/2005

https://doi.org/10.3917/cm.065.0047

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