Cliniques 2015/2 N° 10

Couverture de CLINI_010

Article de revue

Un toc hystérique

Pages 222 à 236

Notes

  • [1]
    A. Ramirez-Puig, A. Roldan, « Une question : à qui ? », dans Hystérie et obsession, Paris, Navarin, 1985, p. 144.
  • [2]
    S. Freud (1909) « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle », dans Cinq psychanalyses, Paris, Puf, 1995, p. 224.
  • [3]
    Lucien Israël nous rappelle que « le premier degré, celui par lequel nous désignons le signe, se passe de parole (comme la trace d’un renard dans la neige peut être éloquent). Le second degré fait intervenir la parole et nous ouvre l’accès au registre du symptôme […] Précisons qu’il ne suffit pas d’ajouter une parole à un signe pour en faire un symptôme, mais que d’une certaine manière le symptôme parle, ce que le signe ne sait pas faire ». Le médecin face au désir, Toulouse, érès, 2005, p. 344.
  • [4]
    S. Freud (1909) « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle », op. cit, p. 224. S. Freud avait envisagé dans un premier temps, en 1896, que les deux névroses aient une étiologie commune, la sollicitation précoce de la génitalité. Il écrit que « les hystéries et les névroses obsessionnelles se rattachent la première à la passivité sexuelle, l’autre à l’activité sexuelle ». (La naissance de la psychanalyse, Paris, Puf, 1991. p. 202) ; d’où selon lui la plus grande fréquence de la première chez les femmes et de la seconde chez les hommes. Cette équation, il la rejeta définitivement en 1913 : « Quant aux tentatives que j’avais entreprises très tôt pour deviner quelles étaient ces deux dispositions, pensant par exemple que l’hystérique devait avoir pour condition la passivité et la névrose obsessionnelle l’activité au cours de la vie infantile, je dus bientôt les rejeter comme manquées » (« La disposition à la névrose obsessionnelle », dans Névrose, psychose, perversion, Paris, Puf, 1997, p. 191).
  • [5]
    C. Melman, (1987-1989) La névrose obsessionnelle, Paris, Association freudienne internationale, 1999, p. 67.
  • [6]
    J. Lacan (1969-1970) L’envers de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1991, p. 150.
  • [7]
    Les auteurs féminisent le plus souvent l’hystérique aussi, à leur suite, ferons-nous de même.
  • [8]
    A. Stevens, C. Vereecken, « La névrose obsessionnelle, dialecte de l’hystérie », dans Hystérie et obsession, Paris, Navarin, 1985, p. 132.
  • [9]
    M.F. De Munck, « Le désir de l’Autre », Quarto, n° 35, 1989, p. 9-14.
  • [10]
    J. Lacan, « Conférence à Genève sur le symptôme », Le bloc-note de la psychanalyse, 5, 1985, p. 5-23.
  • [11]
    Nous reviendrons sur la fréquente intrusion de la sexualité dans les propos de Mme T.
  • [12]
    S. André, Que veut une femme ? Paris, Le Seuil, 1995, p. 116.
  • [13]
    P. Julien, « Le procès de Freud », La clinique lacanienne, n° 49 (2), 2000, p. 41-52.
  • [14]
    « Le moi conscient considère l’idée obsédante comme quelque chose d’étranger à lui-même et lui refuse créance, soutenu en cela, semble-t-il, par l’idée antithétique, depuis longtemps formée, de la scrupulosité. » S. Freud (1950), La naissance de la psychanalyse, op. cit, p. 133.
  • [15]
    S. André, Que veut une femme ?, op. cit, p. 117.
  • [16]
    J. Lacan (1957-1958), Les formations de l’inconscient, Paris, Le Seuil, 1998, p. 446.
  • [17]
    M.-F. De Munck, « Le désir de l’Autre », op. cit., p. 9-14.
  • [18]
    S. Freud (1916-1917), Introduction à la psychanalyse, Paris, Payot, 1998, p. 281.
  • [19]
    « Il [l’obsessionnel] est constamment en train d’annuler cet Autre, tout en le préservant ; d’où l’oscillation incessante que manifeste le doute sans issue ». A. Vanier, « Aujourd’hui, la névrose obsessionnelle », L’évolution psychiatrique, n° 70, 2005, p. 87-91.
  • [20]
    S. Leclaire, Écrits pour la psychanalyse, I, Paris, Le Seuil/Arcanes, 1998, p. 71.
  • [21]
    S. Freud (1913), La disposition à la névrose obsessionnelle, op. cit, p. 189-197.
  • [22]
    « Le trouble de la personnalité le plus associé au toc dans les études semble être le trouble de la personnalité évitante (30 %), alors que le moins fréquemment associé semble être le trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive (6 %). » J. Cottraux, « Trouble obsessionnel compulsif », emc-psychiatrie, 1, 2004, p. 52-74.
  • [23]
    Cf. L. Israël, L’hystérique, le sexe et le médecin, Paris, Masson, 1997.
  • [24]
    Anonyme, « Le sujet et l’acte sexuel : une affaire de réel », Scilicet, 5, 1975, p. 29-43.
  • [25]
    Cette technique alors expérimentale est une intervention chirurgicale au cours de laquelle on pose des électrodes sur les zones du cerveau que l’on estime responsables des toc.
  • [26]
    L. Israël (1976), L’hystérique, le sexe et le médecin, Paris, Masson, 1997, p. 6.
  • [27]
    C. Melman, Nouvelles études sur l’hystérie, Paris, Clims, 1984, p. 25.
  • [28]
    S. André, Que veut une femme ?, op. cit, p. 117.
  • [29]
    « Quand Dora se trouve s’interroger sur qu’est-ce qu’une femme ? elle tente de symboliser l’organe féminin comme tel. Son identification à l’homme, porteur de pénis, lui est en cette occasion le moyen d’approcher cette définition qui lui échappe. Le pénis lui sert littéralement d’instrument imaginaire pour appréhender ce qu’elle n’arrive pas à symboliser. S’il y a beaucoup plus d’hystériques-femmes que d’hystériques-hommes – c’est un fait d’expérience clinique –, c’est parce que le chemin de la réalisation symbolique de la femme est plus compliqué. Devenir une femme et s’interroger sur ce qu’est une femme sont deux choses différentes. Je dirai même plus – c’est parce qu’on ne le devient pas qu’on s’interroge, et jusqu’à un certain point, s’interroger est le contraire de le devenir. La métaphysique de sa position est le détour imposé à la réalisation subjective chez la femme. Sa position est essentiellement problématique, et jusqu’à un certain point inassimilable. Mais une fois que la femme est engagée dans l’hystérie, il faut dire que sa position présente une stabilité particulière, en vertu de sa simplicité structurale – plus une structure est simple, moins elle révèle de points de rupture. Quand sa question prend forme sous l’aspect de l’hystérie, il est très facile à la femme de la poser par la voie la plus courte, à savoir l’identification au père. » J. Lacan (1955-1956), Les psychoses, Paris, Le Seuil, 1981, p. 200-201.
  • [30]
    « Dans l’hystérie, le symptôme se présente comme une énigme à déchiffrer. » L. Cazenave, « Je ne sais pas ce qui s’est passé », dans Hystérie et obsession, Paris, Navarin, 1985, p. 339.
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« En effet, le toc est chez elle porteur de sens, ce qui n’est pas le cas dans la névrose obsessionnelle. »
Stéphane Déroche
© Ingres, La petite baigneuse de Valpinçon.

1« Pour savoir comment répondre au sujet dans l’analyse, la méthode est de reconnaître la place où est son ego, cet ego que Freud a défini comme ego formé d’un nucléus verbal, autrement dit de savoir par qui et pour qui le sujet pose sa question. Tant qu’on ne le saura pas, on risquera le contresens sur le désir qui y est à reconnaître et sur l’objet à qui s’adresse ce désir » (Lacan, p. 1953).

2Dans cet article nous exposerons le cas de Mme T., largement embarrassée de rituels astreignants dits aussi toc (troubles obsessionnels compulsifs) et montrerons que la logique obsessionnelle n’est pas pour autant l’organisatrice de sa névrose. Notre objectif sera de montrer que derrière des symptômes de contrainte, une dynamique hystérique peut être à l’œuvre. Nous verrons aussi que le repérage affiné de l’économie psychique de cette patiente permettra une prise en charge plus efficiente.

Mme T. : présentation

3C’est en clinique psychiatrique que nous avons rencontré puis suivi Mme T. pendant un an à raison de deux entretiens hebdomadaires. Âgée de 44 ans, elle est hospitalisée pour épuisement physique et nerveux à cause d’un toc concernant son hygiène corporelle. Elle passe plusieurs heures chaque jour à se laver ce qui l’empêche fréquemment de sortir de chez elle, faute d’être parvenue à un résultat satisfaisant à ses yeux. Dès le début de sa prise en charge, le diagnostic posé est celui de névrose obsessionnelle résistante, diagnostic qui selon Mme T. n’a jamais été remis en question.

4Madame est en invalidité depuis près de dix ans car trop handicapée par son symptôme. Elle vit seule depuis plusieurs années car son mari se serait désintéressé d’elle lorsqu’elle n’aurait plus été en mesure de lui servir de « faire-valoir », au sens d’une maîtresse de maison irréprochable. Nous pouvons d’ores et déjà écarter l’hypothèse selon laquelle son obsession à se rendre hygiéniquement irréprochable viendrait répondre au désintérêt de son mari à son égard. En effet, le symptôme est bien antérieur et Mme T. reconnaît les mérites de cet homme qui a consenti de grands efforts pour la soutenir. Notable dans une ville de province, il accepté de déménager en famille à cinq cents kilomètres au motif que Madame souhaitait s’éloigner de ses parents, coupables, selon elle, de sa piètre santé psychologique (de son toc). Il a été, dira-t-elle, un « père de substitution, tendre et patient » jusqu’à ce que le toc prenne trop d’ampleur et que Monsieur fatigué de l’indisponibilité de son épouse, trouve une autre compagne.

5Mère d’un jeune majeur, celui-ci vit chez son père car elle s’estime incapable de lui fournir un environnement stable et épanouissant.

6Mme T. a une sœur de deux ans son aînée avec laquelle elle entretient des liens distendus. Toutes deux ont la même profession mais la grande sœur est « une fonceuse » tandis que Mme T. se dit être « quelqu’un de lent depuis toute petite ».

7Durant cette année passée à la clinique, elle parlera abondamment de ses parents. Une mère au foyer qui a élevé ses deux filles et qui selon Mme T., ne semble ni comprendre ni accepter les difficultés de la cadette, faisant fréquemment des remarques désobligeantes (« un bon coup de pied au cul », « tu es une grande fille maintenant », « on ne s’analysait pas autant autrefois », « tu vas tous nous faire enfermer », etc.).

8Un père, « grand travailleur » aux revenus élevés mais discret et fort peu démonstratif : il ne prend jamais position à la maison et préfère s’effacer plutôt que de subir les foudres de son épouse. Cette dernière est le leader du couple et prend initiatives et décisions.

9Mais Mme T. se plaint de toutes ces personnes sans exception. Elle se plaint de ne pas en être comprise, de ne pas en être acceptée (telle qu’elle est), de ne pas être soutenue. Elle se plaint aussi des équipes soignantes qui manquent de considération et de prévenance à son égard. Elle a au sein de la clinique, la réputation d’être une patiente difficile car il n’est pas rare qu’elle s’emporte contre des soignants qui lui rappellent l’heure de ses différentes activités ou des ASH qu’elle juge indélicates de vouloir nettoyer sa chambre quand elle n’y est pas disposée.

10Mme T. se présente donc comme une personne fatiguée par son toc mais aussi agacée par le manque de bienveillance dont elle devrait, selon elle, faire l’objet puisque gravement malade. De plus, elle passe beaucoup de temps couchée afin de récupérer de l’énergie dépensée pour assurer tant bien que mal les tâches quotidiennes.

Hystérie et névrose obsessionnelle selon S. Freud

11Avant de rappeler brièvement ce qui distingue l’hystérie de la névrose obsessionnelle, précisons tout d’abord que l’hypothèse que nous soutenons fut mentionnée à notre connaissance, dans la littérature, à une seule reprise et en ces termes : « Il arrive qu’une hystérie se cache derrière une obsession (un cas clinique nous l’a montré) [1]. » Rien de plus n’en est dit, aussi tâcherons-nous d’en apporter l’étayage clinique.

12S. Freud considère que ces deux névroses de transfert que sont l’hystérie et la névrose dite de contrainte, résultent toutes deux du refoulement d’une motion pulsionnelle mais que leur différence réside dans le traitement qui en est fait par la psyché. « Ces actes compulsionnels à deux temps […] au lieu de trouver, comme c’est le cas régulièrement dans l’hystérie, un compromis, une expression pour les deux contraires (tuant pour ainsi dire deux mouches d’un seul coup), les deux tendances contradictoires trouvent ici à se satisfaire l’une après l’autre [2]. » S. Freud énonce ici une différence fondamentale dans le mode d’expression du symptôme via « ces actes compulsionnels à deux temps », spécifiques de la névrose obsessionnelle. Pour autant, le toc dans son donner à voir et l’éventualité d’un sens sous-jacent, doit être questionné [3] et d’autres points de démarcation des deux névroses sont à prendre en considération. Laissons toutefois S. Freud préciser sa pensée : « ces deux tendances contradictoires et d’intensité presque égale sont d’après mon expérience, toujours l’opposition entre l’amour et la haine [4] ». Cet amour et cette haine, présents dans les deux névroses de transfert, concernent la figure d’autorité, la figure de référence, celle que J. Lacan nomme l’Autre. Cet Autre mythique n’est pas moins castré, comme tout un chacun, mais tel est le propre du névrosé que de vouloir qu’au moins Un s’extrait de la castration, pour ensuite ne pas supporter ce statut extra-ordinaire de l’Autre. Le (la) névrosé(e) cherche donc à contester l’infaillibilité (imaginaire) de l’Autre tout en la lui attribuant pour la lui jalouser. Cette mise au point nous semble nécessaire avant d’évoquer une autre différence entre les deux névroses, à savoir le genre de l’Autre. Dans le cas de l’hystérie, c’est la castration du père qui est concernée et dans l’obsession, c’est celle de la mère. C. Melman. l’explicite très clairement comme suit :

13« La névrose c’est une défense contre la castration. Il est donc tout aussi légitime de reprendre que la castration ne se présente pas de la même manière pour le petit garçon et pour la petite fille ; dans le cas du petit garçon, c’est celle de la mère qu’il refuse, contre laquelle il s’insurge. C’est d’elle dont il va se faire, en quelque sorte, le chevalier, le champion […] Et donc, chez le garçon, c’est dans la mesure où il défend sa mère contre ce destin, qu’il devient un obsédé. Alors que chez la petite fille, d’une façon inverse mais néanmoins symétrique, chez la petite fille à vocation hystérique, c’est celle du père qui est refusée [5]. »

14La question se pose donc de savoir à qui Mme T. adresse-t-elle sa demande ; qui interpelle-t-elle ?

Le lieu d’adresse

15C’est à l’encontre de sa mère que les reproches de Mme T. sont les plus vifs ; une mère dont elle estime ne jamais avoir été acceptée. Sa mère lui rappelle, souvent dit-elle, qu’elle aurait dû s’appeler Pierre-Alain. Ou encore, alors qu’un été elle était en colonie de vacances, elle reçut le dernier jour une lettre dans laquelle sa mère s’excusait de ne pas avoir écrit plus tôt mais les parents, inquiets d’être sans nouvelles de leur fille aînée (partie en voyage scolaire à l’étranger), avaient « oublié » leur fille cadette. Elle nous dit aussi que lors des repas de famille, sa mère oublie très régulièrement de la servir. Pour autant, derrière cette mère qu’elle dépeint comme peu amène, sourd un conflit de rivalité entre les deux femmes.

16Elles font parfois les boutiques ensemble et il est arrivé plusieurs fois que la mère revienne acheter le même vêtement que sa fille quelques jours plus tard, puis le porte lors d’une soirée où fille et mère se trouvent alors vêtues à l’identique. Une fois, dans un magasin de chaussures, un modèle plaît à la mère qui dit : « si tu ne les prends pas, je les prends ». Mme T. s’empresse de devancer sa mère qui reviendra faire l’acquisition du même modèle le lendemain et où chacune, finalement, entretient cette rivalité par rapport à un objet qu’aucune ne veut céder à l’autre. Elles convoitent le même objet ; un objet fantasmatique qui au-delà de la robe ou de la paire de chaussures, n’est autre que le Phallus du père, le Penisneid (envie de pénis) selon S. Freud. C’est la façon dont toutes deux interpellent le père de Mme T. qui nous permet de soutenir cette première hypothèse.

17En effet, l’hystérique a un mode très particulier de procéder avec l’Autre. Elle « veut un maître sur lequel elle règne [6] ». Elle cherche [7] à instituer, à ériger un maître, un Autre sur lequel elle aura la mainmise et qu’elle s’emploiera à mettre en défaut.

18Ainsi, Mme T., impose son emprise sur son père par le biais de son symptôme. Ce père qui se trouve charnellement atteint lorsque elle évoque ses toc devant lui : « Quand je lui en parle, ça lui vrille l’estomac, ça l’empêche de dormir ». L’emprise sur le maître masculin est ici énoncée. Elle l’entreprend physiquement et l’atteint aux tripes.

19Un lapsus viendra confirmer cette position de supériorité qu’elle a adoptée à l’égard de son père :

20– Ma mère domine mon père… elle fait comme moi.

21– Pardon ?

22– Elle fait comme avec moi, ses petites phrases assassines…

23Une position de domination dont elle se défend, bien sûr, puisqu’à l’écouter, c’est son père qui est « le boss ». Il est le patron car il ne fait pas confiance. Il ne fait confiance à personne et repasse derrière tout le monde pour vérifier si les choses ont été bien faites. Depuis cette place de sujet sachant mieux que les autres, il est en position de sujet non castré. Or cette place du père/maître elle la lui reconnaît et la lui dit, sur le mode de la protestation mais la lui énonce tout de même comme suit : « J’ai 43 ans, quand me feras-tu enfin confiance » ?

24Un maître donc, mais sur lequel elle a du pouvoir, celui de lui vriller l’estomac. Par ce positionnement à l’égard du père, nous voyons qu’elle est en conformité avec cette réalité selon laquelle elle « cherche un maître pour le dominer [8] ».

25De plus, à l’égard de l’Autre, elle est aussi en conformité avec cette autre distinction entre les deux névroses que nous propose J. Lacan : « [Autant] l’hystérique cherche à se glisser comme enjeu dans le désir de l’autre pour l’insatisfaire en s’y dérobant comme objet, autant l’obsessionnel se tient à carreau, hors jeu. Il se place en spectateur et organisateur d’une scène où se joue le désir, gardant ses distances [9]. » Point de mise en retrait, point de retenue de la part de Mme T., point de position de spectatrice à l’égard de son père puisqu’au contraire, elle l’atteint dans sa chair. Elle règne donc sur le maître (seul capable d’estimer si les choses sont correctement faites).

26Il en va tout autrement pour l’obsédé(e) qui au travers du symptôme, n’est pas dans l’interpellation directe de l’Autre car il est « très essentiellement quelqu’un qui est pense. Il est pense avarement. Il est pense en circuit fermé. Il est pense pour lui tout seul [10] ». L’obsédé reste cantonné au champ de sa psyché d’où la mise à distance de l’Autre et de l’endroit où est véritablement convoqué son désir. Mme T. ne se tient aucunement à distance de son désir et si l’on se penche maintenant sur la question de l’identification, l’hypothèse de la structure hystérique de Mme T. s’en trouve étayée.

Identification

27Nous l’avons vu, Mme T. se trouve en position rivale à l’égard de sa mère ; ce qu’elle traduit en disant que sa mère est jalouse d’elle (remarques acerbes de la mère, « oublis » de sa fille et choix des mêmes toilettes). Jamais la mère n’est évoquée en terme de personne fragile ou faible alors que le père est pointé pour ses manquements. « Ce que je reproche à mon père c’est le manque d’affection. Il avait probablement un gros problème avec la sexualité [11]. Le seul souvenir que j’ai, c’est quand on revenait de l’école, on se tenait la main mais c’est moi qui lui prenais la main ». Manque d’affection mais aussi absence de confiance (« il ne fait pas confiance ») ainsi qu’une soumission sans condition à son épouse ; tels sont les trois reproches que fait Mme T. à son père. Il est donc défaillant et à ce titre intéresse l’hystérique qui trouve ici le moyen de faire preuve de sa supériorité. Serge André nous rappelle que : « Anna O., Lucy R., Elisabeth von R., Dora, nous disent toutes, à leur manière, qu’elles ont rencontré chez leur père une défaillance fondamentale – maladie, impuissance, manque de caractère…pour reprendre une formule de Miss Lucy qui est un véritable paradigme de l’hystérie, elles n’ont pas trouvé auprès de ce Monsieur l’appui sur lequel elles comptaient. Toute la clinique de l’hystérique tourne autour de ce point d’ombilic : le phallus que l’hystérique a trouvé chez son père – voire chez le père en général – est toujours insuffisant ; le père de l’hystérique est structuralement un impuissant [12] ».

28Le père de Mme T. se trouve lui aussi mis en place d’impuissant et c’est en ce point précis que se fonde l’identification de sa fille cadette.

29C’est précisément en ce point où le père est imaginairement défaillant que « le symptôme dit hystérique est identification à cette castration du maître [13] ». Dans le cas de Mme T, on peut littéralement parler d’identification au symptôme du père puisqu’elle va nous révéler que son père a des toc Nous avons déjà relevé sa méticulosité que sa fille traduit par manque de confiance mais sa fille va évoquer d’autres éléments. Dans une lettre adressée à son père et dont elle nous a donné lecture, elle écrit : « Tu sais, Papa, quand je ferme la voiture, je m’arrange pour que tu vois les témoins clignoter. Tu ne sauras pas, sinon, si j’ai bien fermé. À chaque fois, tu me demandes quand même : « Tu as fermé ? » Je te réponds « Oui » et je m’éloigne sans me retourner parce que je suis sûre que tu vas vérifier. Je te laisse faire. Cela m’attendrit, parce que je ne suis pas la seule ! Je le comprends et le respecte. C’est plus difficile quand on n’a jamais rien ressenti de pareil ». Ici, la « scrupulosité [14] » du père se trouve révélée. De plus, il a lui aussi des toc de lavage et passe chaque jour et à plusieurs reprises de longs moments à la salle de bains. La chose étonnante est que cette manie du père est par Mme T. et sa mère dénommée : « ablutions ». La fille a des toc et le père fait des ablutions. Personne ne sait précisément ce qu’il fabrique à la salle de bains mais il y passe beaucoup de temps quotidiennement.

30De fait, nous sommes là devant une identification spectaculaire au symptôme du père, au lieu même de l’expression de sa fragilité, de sa faillibilité. Ce père affaibli, elle le protège et prend à sa charge la responsabilité familiale des toc. Elle assume à la place du père et cela n’est pas rare chez l’hystérique qui « malade de ce que l’Autre soit défaillant, va véritablement se dévouer à le réparer, allant parfois jusqu’à sacrifier toute sa vie personnelle, notamment toute vie amoureuse [15] ».

31Nous savons que l’identification obsessionnelle est différente car l’obsessionnel s’identifie « à un autre qui est celui auquel il se réfère, dont il demande l’approbation et les critiques, et auquel il s’identifie comme à quelqu’un de plus fort que lui… [16] ». Mme T. ne répond assurément pas à ce mode d’identification. Hystérique, elle n’est pas en position de subalterne à l’égard de son père dont elle décide du statut (glorieux ou faible). C’est elle la maîtresse du jeu et si nous savons que pour l’obsessionnel, « là où apparemment il risque le coup, ce n’est pas là qu’est l’enjeu véritable [17] », alors nous pouvons soutenir avec fermeté que Mme T. non seulement vise très directement ce qui l’intéresse (le sceptre imaginaire paternel) et s’en saisit à bras le corps jusqu’à lui en vriller les tripes.

32Si maintenant nous nous penchons sur le toc de lavage à proprement parler, sur son « donner à voir », nous allons observer qu’il est hautement sexualisé ; point qui là encore va confirmer la logique hystérique.

Sexualisation du symptôme

33S. Freud avance que « les symptômes ont pour but soit de procurer une satisfaction sexuelle, soit de l’éluder ; le caractère positif, au sens de la satisfaction, étant prédominant dans l’hystérie, le caractère négatif, ascétique dominant dans la névrose obsessionnelle [18] ». Ces propos vont largement éclairer le sens du symptôme de Mme T. En effet, le toc est chez elle porteur de sens ce qui n’est pas le cas dans la névrose obsessionnelle. Dans cette dernière, le symptôme traduit seulement cette alternance entre haine et amour, faute d’avoir trouvé une expression consensuelle de cette contradiction [19]. Or chez Mme T., le toc est hautement connoté sexuellement et de fait, son « corps parle et participe activement au dialogue en s’exprimant [20] », c’est l’hystérie.

34Ainsi, nous raconte-t-elle qu’elle a pour habitude, pour ne pas que le lavage prenne trop de temps, de scinder son corps en deux et de n’en laver qu’une moitié à chaque séance de nettoyage. Mme utilise alors les expressions suivantes : « me faire le bas » ou « me faire la totale » mais ne parle jamais de se faire le haut. Or les deux expressions qu’elle utilise recèlent une signification sexuelle non voilée. Sur internet, à l’expression « se faire le bas », correspondent essentiellement des sites traitant d’épilation et de lingerie tandis qu’à « se faire la totale », correspondent des forums sur l’ablation totale des organes génitaux féminins, d’épilation, de striptease ou de « prestations amoureuses ». La dimension sexuelle est très largement présente dans ces deux expressions évoquant ce à quoi Mme T. consacre plusieurs heures par jour mais les choses ne s’arrêtent pas là.

35Nous allons voir, au travers de plusieurs événements, à quel point la relation au père est hautement sexualisée. Souvenons-nous d’abord de ces propos déjà évoqués : « ce que je reproche à mon père, c’est le manque d’affection. Il avait probablement un gros problème avec la sexualité et le seul souvenir que j’ai c’est quand on revenait de l’école, on se tenait par la main ». De prime abord, on peut se demander ce que la sexualité vient faire dans ces épisodes du retour d’école mais c’est là un premier élément manifeste de la sexualisation du lien par Mme T.

« Somnambulisme »

36Mme T. évoque des épisodes de « somnambulisme » durant sa jeunesse dont elle n’a aucun souvenir. D’après les dires de la mère, un événement serait survenu plusieurs fois. La famille habitait alors au 11ème étage et les « rebords des fenêtres étaient bas ». Mme T. se levait la nuit et comme le père avait le sommeil léger, inquiet, « il rappliquait aussitôt. Ma mère s’étonnait, chaque fois qu’il se levait, qu’il mette son slip car on sait bien que les somnambules ne voient rien ». Mme T. rabat ici encore les circonstances de la rencontre sur sa sexualisation où le père aurait pu se présenter à elle, nu.

Transfert

37Parce que le transfert s’est mis en place au fil des entretiens et me retrouvant moi aussi en position de Sujet sachant, la rencontre s’en est aussi trouvée sexualisée. Ainsi, au bout de quatre mois, alors qu’elle n’avait pas raté un seul entretien, elle est absente. Elle me fait dire par un soignant que ne parvenant pas à se dépêtrer d’un rituel, elle ne pourra venir. Le lendemain, je la croise dans un couloir et elle s’excuse en ces mots : « … Je ne pouvais d’autant pas venir que le lavage concernait l’intime. » Elle rajoutera à la fin de l’entretien suivant : « J’essaierai de ne pas vous faire le coup de lundi dernier », large sourire à l’appui.

Le père violé

38Au retour d’une permission de plusieurs jours pour les fêtes de Noël, passablement excitée Mme T. nous livre l’épisode suivant : « je dis à tout le monde que j’ai violé mon père. Je l’ai pris dans les bras, l’ai embrassé dans le cou et il s’est mis à pleurer ». Une fois encore, l’usage des termes employés par Mme sont lourds de cette dimension sexuelle.

39Tous ces éléments attestent bien d’une logique hystérique et confirment la théorie freudienne qui soutient qu’une différence entre hystérie et névrose obsessionnelle réside dans la différence du stade auquel la libido régresse : régression au stade sadique-anal dans le cas de l’obsession et régression au stade génital dans le cas de l’hystérie [21] ; d’où la prééminence de la dimension sexuelle dans cette dernière entité.

Constat

40Nous avons essayé de montrer, et par là-même de rappeler, que le symptôme n’est pas à prendre au pied de la lettre mais doit être questionné.

41Il est ainsi apparu que Mme T., même si elle souffre de toc, n’en est pas moins de structure hystérique. Précisons ici que nous référer aux dénominations préconisées par le dsm iv et qualifier Mme T. de « personnalité obsessionnelle-compulsive » ou de « personnalité évitante [22] » ne nous aura pas fourni d’éléments discriminants pertinents pour déterminer la logique structurelle sous-jacente.

42Mme T. se révèle donc être une femme hystérique assez typique en ce sens qu’elle a depuis toujours fait « tourner en bourrique » le corps médical. Nous savons quel lien privilégié entretiennent l’hystérique et son médecin [23] et lorsque celui-ci, « le maître [,] avance l’enjeu de la maîtrise du corps, l’hystérique lui démontrera que quelque chose échappe à la mesure [24] ». Cette compétence de l’hystérique à déjouer la médicalisation, Mme T. en a usé et abusé tout au long de sa vie.

43Un psychiatre parisien, spécialiste de la pharmacopée des toc lui assurait : « dans six mois vous reprenez le boulot ». Elle le consultera mensuellement pendant un an sans la moindre évolution. Quelques temps plus tard, elle est sélectionnée avec une petite poignée de candidats pour un protocole expérimental : la scp, stimulation cérébrale profonde [25]. La première intervention (12 heures) ne donna aucun résultat. On la ré-opéra pour déplacer les électrodes, sans résultat. Elle s’entendit finalement dire : « Vous faites partie des 10 % qui ne réagissent pas comme tout le monde » ; et pour cause.

44Mme T. met donc la médecine en échec, or rien n’est plus typique dans le cas d’une névrose hystérique car « ce n’est pas le médecin qui ne comprend pas, c’est l’hystérie qui triche avec les règles du jeu médical, ce qui dans l’esprit des médecins est équivalent à tricher avec les lois de la science [26] ». C’est précisément ce à quoi s’attache Mme T. puisque pour « chaque problème de santé, depuis toute petite, j’ai brouillé les pistes et ils mettent toujours du temps à trouver […] Les médecins disent de moi que je les mets en défaut ».

Conclusion

45Nous avons pu constater à travers les points théoriques que sont le lieu d’adresse, l’identification et la sexualisation du symptôme que Mme T. relève d’une problématique hystérique et non obsessionnelle. Son symptôme, le toc de lavage, non seulement « s’adresse sur le mode transférentiel, à un père [27] » mais se révèle largement porteur de sens : « aime-moi car je suis comme toi, je porte le même stigmate ». Nous somme là au cœur de la problématique hystérique : « obtenir du père […] un signe qui la fonde dans une féminité enfin reconnue [28] » et apaisée [29]. Peut-être même que le choix du toc de lavage chez Mme T., traduit sa difficulté à assumer son statut de femme, toujours insuffisamment apprêtée pour rencontrer l’autre, castré lui aussi.

46Au final, en interrogeant la structure et en retournant à Mme T. qu’elle n’était peut-être pas étrangère au mal-être dont elle se plaint et porteur de sens, celle-ci a cheminé vers une dynamique de responsabilisation. En effet, et tel est le progrès thérapeutique que nous souhaitons mettre en avant, Mme T. a entamé une psychanalyse. Dégagée de cette place où les soins étaient pour elle un dû, son engagement atteste d’un changement de positionnement subjectif. Elle y met du sien (au moins financièrement) et se fait dorénavant interrogatrice de sa propre logique, de sa propre « énigme à déchiffrer [30] ».

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : trouble obsessionnel compulsif, autre, identification, hystérie, sexualisation du symptôme

Mise en ligne 05/10/2015

https://doi.org/10.3917/clini.010.0222

Notes

  • [1]
    A. Ramirez-Puig, A. Roldan, « Une question : à qui ? », dans Hystérie et obsession, Paris, Navarin, 1985, p. 144.
  • [2]
    S. Freud (1909) « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle », dans Cinq psychanalyses, Paris, Puf, 1995, p. 224.
  • [3]
    Lucien Israël nous rappelle que « le premier degré, celui par lequel nous désignons le signe, se passe de parole (comme la trace d’un renard dans la neige peut être éloquent). Le second degré fait intervenir la parole et nous ouvre l’accès au registre du symptôme […] Précisons qu’il ne suffit pas d’ajouter une parole à un signe pour en faire un symptôme, mais que d’une certaine manière le symptôme parle, ce que le signe ne sait pas faire ». Le médecin face au désir, Toulouse, érès, 2005, p. 344.
  • [4]
    S. Freud (1909) « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle », op. cit, p. 224. S. Freud avait envisagé dans un premier temps, en 1896, que les deux névroses aient une étiologie commune, la sollicitation précoce de la génitalité. Il écrit que « les hystéries et les névroses obsessionnelles se rattachent la première à la passivité sexuelle, l’autre à l’activité sexuelle ». (La naissance de la psychanalyse, Paris, Puf, 1991. p. 202) ; d’où selon lui la plus grande fréquence de la première chez les femmes et de la seconde chez les hommes. Cette équation, il la rejeta définitivement en 1913 : « Quant aux tentatives que j’avais entreprises très tôt pour deviner quelles étaient ces deux dispositions, pensant par exemple que l’hystérique devait avoir pour condition la passivité et la névrose obsessionnelle l’activité au cours de la vie infantile, je dus bientôt les rejeter comme manquées » (« La disposition à la névrose obsessionnelle », dans Névrose, psychose, perversion, Paris, Puf, 1997, p. 191).
  • [5]
    C. Melman, (1987-1989) La névrose obsessionnelle, Paris, Association freudienne internationale, 1999, p. 67.
  • [6]
    J. Lacan (1969-1970) L’envers de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1991, p. 150.
  • [7]
    Les auteurs féminisent le plus souvent l’hystérique aussi, à leur suite, ferons-nous de même.
  • [8]
    A. Stevens, C. Vereecken, « La névrose obsessionnelle, dialecte de l’hystérie », dans Hystérie et obsession, Paris, Navarin, 1985, p. 132.
  • [9]
    M.F. De Munck, « Le désir de l’Autre », Quarto, n° 35, 1989, p. 9-14.
  • [10]
    J. Lacan, « Conférence à Genève sur le symptôme », Le bloc-note de la psychanalyse, 5, 1985, p. 5-23.
  • [11]
    Nous reviendrons sur la fréquente intrusion de la sexualité dans les propos de Mme T.
  • [12]
    S. André, Que veut une femme ? Paris, Le Seuil, 1995, p. 116.
  • [13]
    P. Julien, « Le procès de Freud », La clinique lacanienne, n° 49 (2), 2000, p. 41-52.
  • [14]
    « Le moi conscient considère l’idée obsédante comme quelque chose d’étranger à lui-même et lui refuse créance, soutenu en cela, semble-t-il, par l’idée antithétique, depuis longtemps formée, de la scrupulosité. » S. Freud (1950), La naissance de la psychanalyse, op. cit, p. 133.
  • [15]
    S. André, Que veut une femme ?, op. cit, p. 117.
  • [16]
    J. Lacan (1957-1958), Les formations de l’inconscient, Paris, Le Seuil, 1998, p. 446.
  • [17]
    M.-F. De Munck, « Le désir de l’Autre », op. cit., p. 9-14.
  • [18]
    S. Freud (1916-1917), Introduction à la psychanalyse, Paris, Payot, 1998, p. 281.
  • [19]
    « Il [l’obsessionnel] est constamment en train d’annuler cet Autre, tout en le préservant ; d’où l’oscillation incessante que manifeste le doute sans issue ». A. Vanier, « Aujourd’hui, la névrose obsessionnelle », L’évolution psychiatrique, n° 70, 2005, p. 87-91.
  • [20]
    S. Leclaire, Écrits pour la psychanalyse, I, Paris, Le Seuil/Arcanes, 1998, p. 71.
  • [21]
    S. Freud (1913), La disposition à la névrose obsessionnelle, op. cit, p. 189-197.
  • [22]
    « Le trouble de la personnalité le plus associé au toc dans les études semble être le trouble de la personnalité évitante (30 %), alors que le moins fréquemment associé semble être le trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive (6 %). » J. Cottraux, « Trouble obsessionnel compulsif », emc-psychiatrie, 1, 2004, p. 52-74.
  • [23]
    Cf. L. Israël, L’hystérique, le sexe et le médecin, Paris, Masson, 1997.
  • [24]
    Anonyme, « Le sujet et l’acte sexuel : une affaire de réel », Scilicet, 5, 1975, p. 29-43.
  • [25]
    Cette technique alors expérimentale est une intervention chirurgicale au cours de laquelle on pose des électrodes sur les zones du cerveau que l’on estime responsables des toc.
  • [26]
    L. Israël (1976), L’hystérique, le sexe et le médecin, Paris, Masson, 1997, p. 6.
  • [27]
    C. Melman, Nouvelles études sur l’hystérie, Paris, Clims, 1984, p. 25.
  • [28]
    S. André, Que veut une femme ?, op. cit, p. 117.
  • [29]
    « Quand Dora se trouve s’interroger sur qu’est-ce qu’une femme ? elle tente de symboliser l’organe féminin comme tel. Son identification à l’homme, porteur de pénis, lui est en cette occasion le moyen d’approcher cette définition qui lui échappe. Le pénis lui sert littéralement d’instrument imaginaire pour appréhender ce qu’elle n’arrive pas à symboliser. S’il y a beaucoup plus d’hystériques-femmes que d’hystériques-hommes – c’est un fait d’expérience clinique –, c’est parce que le chemin de la réalisation symbolique de la femme est plus compliqué. Devenir une femme et s’interroger sur ce qu’est une femme sont deux choses différentes. Je dirai même plus – c’est parce qu’on ne le devient pas qu’on s’interroge, et jusqu’à un certain point, s’interroger est le contraire de le devenir. La métaphysique de sa position est le détour imposé à la réalisation subjective chez la femme. Sa position est essentiellement problématique, et jusqu’à un certain point inassimilable. Mais une fois que la femme est engagée dans l’hystérie, il faut dire que sa position présente une stabilité particulière, en vertu de sa simplicité structurale – plus une structure est simple, moins elle révèle de points de rupture. Quand sa question prend forme sous l’aspect de l’hystérie, il est très facile à la femme de la poser par la voie la plus courte, à savoir l’identification au père. » J. Lacan (1955-1956), Les psychoses, Paris, Le Seuil, 1981, p. 200-201.
  • [30]
    « Dans l’hystérie, le symptôme se présente comme une énigme à déchiffrer. » L. Cazenave, « Je ne sais pas ce qui s’est passé », dans Hystérie et obsession, Paris, Navarin, 1985, p. 339.
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