Cliniques 2014/2 N° 8

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Article de revue

Consentir à la dépendance ? Pratique de l'art-thérapie en psychiatrie

Pages 168 à 187

Notes

  • [1]
    D.W. Winnicott, Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975, p. 108.
  • [2]
    J.-P. Klein, Penser l’art-thérapie, Paris, Puf, 2012, p. 92.
  • [3]
    D. Anzieu, Le Moi-peau, Paris, Dunod, 1985, p. 257.
  • [4]
    M. Merleau-Ponty, Signes, Paris, Gallimard, 1960, p. 287.
  • [5]
    M. Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1964, p. 190, note.
  • [6]
    P. Dupond, Le vocabulaire de Merleau-Ponty, Paris, Ellipses 2001, p. 5.
  • [7]
    D. Anzieu, Le Moi-peau, op. cit., p. 125.
  • [8]
    Dès l’Esquisse d’une psychologie scientifique de 1895, S. Freud avait, parallèlement, reconnu au moi une fonction de pare-excitation.
  • [9]
    Ibid., p. 1-2.
  • [10]
    C. Chabert, « Perdre, abandonner, se trouver », Le carnet psy, n° 164, 2012, p. 39.
  • [11]
    G. Pankow, L’homme et sa psychose, Paris, Flammarion, 1993, p. 26.
  • [12]
    Ibid., p. 26.
  • [13]
    J.-P. Klein, Penser l’art-thérapie, op. cit., p. 261.
  • [14]
    J.-P. Klein, Petit voyage iconoclaste en psychothérapie, Grenoble, Pug, 2006, p. 296.
  • [15]
    J.-P. Klein, L’art-thérapie, Paris, Puf, 1997, p. 124.
  • [16]
    J.-P. Klein, Petit voyage iconoclaste en psychothérapie, op. cit., p. 296.
  • [17]
    Ibid., p. 297.
  • [18]
    M. Dechaud-Ferbus, « Médiateur dans le traitement des schizophrènes », à partir d’inédits de Michel Schweich (en cours de publication), Revue de l’association de l’aeppc, 2013.
  • [19]
    J.-P. Klein, Penser l’art-thérapie, op. cit., p. 111.
  • [20]
    Ibid., p. 154.
  • [21]
    J. Stitelmann, « Le phénomène poïétique », Revue Art & thérapie, n° 102-103, 2009, p. 36.
  • [22]
    S. Ménasé, « Rapport créatif au monde », Revue Art & thérapie, n° 102-103, nov. 2009, p. 51.
  • [23]
    Ibid., p. 50.
  • [24]
    Ibid., p. 55.
« L’épaisseur du corps, loin de rivaliser avec celle du monde, est au contraire le seul moyen que j’ai d’aller au cœur des choses, en me faisant monde et en les faisant chair. »
M. Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible.
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« En quoi peut-on considérer qu’une dépendance à l’institution puisse être réparatrice ? Elle permettrait alors une reconstitution et un maintien du lien social. »
© Mary Cassatt, Petit déjeuner au lit

1Praticienne de l’art-thérapie depuis 2008 dans une clinique psychiatrique qui accueille des patients adultes en hospitalisation libre, j’anime les ateliers thérapeutiques avec média artistique, qui se distinguent des autres thérapies médiatisées pratiquées dans l’établissement (ergothérapie et groupes de parole thérapeutiques). L’idée centrale de ce projet reste celle du soin : il s’agit d’amorcer, par le biais des techniques artistiques (plastiques), des changements intrapsychiques chez les personnes accueillies. Chaque sujet est accompagné dans sa singularité, dans son cheminement unique. Ce dispositif de soin suppose que l’on travaille sur l’expression en la soutenant et que, d’une création à l’autre, un processus de transformation de soi-même s’instaure, de façon à ce que s’accomplisse un parcours symbolique.

2La personne en soin s’appuie sur un « espace potentiel [1] » dans lequel elle peut se projeter, promouvoir sa propre subjectivité, sans pour autant qu’il s’agisse de figurer directement ce qui la trouble. L’art-thérapie n’est pas une recherche ayant trait au passé, elle est constitution de mises en formes imaginaires de soi-même à travers des propositions d’arts plastiques. L’art-thérapeute accompagne la personne dans ses inventions, dans ses créations énigmatiques. Elle l’aide à l’énonciation de la métaphore : en quoi le sujet lui-même peut-il être porteur de sens, porteur de métaphorisations ? Mais la thérapeute n’est pas là pour les décoder, considérant que cela parle pour le sujet. La métaphore n’épuise pas le sens, elle n’est pas quelque chose de trop clair. Comme l’œuvre échappe à l’artiste, les productions doivent « échapper » au sujet. Le psychanalyste prend l’inconscient pour le conscientiser, alors que l’art-thérapeute fait confiance aux productions issues de l’inconscient sans forcément les comprendre, ni les interpréter.

3Ce dispositif de groupe, par ses fonctions de contenance identificatoire et de « transitionnalité », est un espace de travail psychique qui amène le patient à ne plus être « objet de tourment, […] [mais à être] sujet d’une création […] [c’est] un moyen détourné de travailler sur lui, ne serait-ce d’abord que dans cette inversion de posture [2] ».

En quoi y a-t-il une dépendance réparatrice liée à l’institution ?

4Si l’on s’en tient à cette fonction de contenance du groupe, l’art-thérapie, au même titre que l’institution, a pour fonction le rétablissement d’une peau psychique, d’un « objet contenant introjecté […] expérimenté comme une peau [3] ». Le patient peut utiliser le contenant institutionnel comme un corps qui l’accueille et qui vient abriter quelque chose, comme une « chair » au sens où l’a décrite M. Merleau-Ponty. « La notion merleau-pontienne de chair n’est pas étrangère à l’usage courant du terme, car elle correspond en partie à ce que la phénoménologie appelle “corps vécu” ou “corps animé [4]”, c’est-à-dire le corps percevant et se mouvant, désirant et souffrant ; mais elle s’écarte du sens habituel dans la mesure où elle vise, non pas la différence entre le corps-sujet et le corps-objet, mais plutôt, à l’inverse, l’étoffe commune du corps voyant et du monde visible, pensés comme inséparables, naissant l’un à l’autre, l’un pour l’autre, d’une “déhiscence [5]” qui est l’ouverture du monde. La chair nomme donc proprement et fondamentalement l’unité de l’être comme “voyant-visible [6]”. »

5Nous pouvons donc penser le lien entre la chair du voyant (le corps-sujet du patient) et la chair du visible ou du monde (le corps-objet de l’institution) en termes de correspondance, de réversibilité ou d’enveloppement réciproque. Cette notion de chair nous amène à faire le lien avec ce que l’on pourrait appeler la « dépendance au contenant institutionnel » au travers duquel l’institution devient la chair du patient. Cette dimension de l’institution comme chair possible rejoint l’idée d’un « Moi-peau » institutionnel, assurant les huit fonctions décrites par D. Anzieu [7] : maintenance, contenance, pare-excitation [8], individualisation, intersensorialité, soutien de l’excitation sexuelle, recharge libidinale, inscription des traces [9]. Ce sont toutes ces qualités réunies qui forment le maillage institutionnel, l’enveloppe institutionnelle d’accueil devenant progressivement enveloppe contenante, en particulier quand le patient s’identifie à sa souffrance, indissocié qu’il est de sa maladie. Et s’il est fréquent qu’il soit enfermé dans une image, il est aussi vital qu’il puisse s’en détacher. Quand l’institution fonctionne bien, elle permet au patient de s’émanciper progressivement de ses craintes. Elle l’amène à rejouer ses symptômes, à les comprendre et à les dépasser, accompagné en cela par le « corps-soignant ». L’institution est un corps-peau contenant le patient et sa symptomatologie, lui permettant progressivement de se retrouver et contribuant à sa restauration narcissique.

6La dépendance à l’institution, que nous constatons chez le patient, n’est pas à considérer comme néfaste mais plutôt comme étant réparatrice, en ce qu’elle permettrait l’amorce d’une capacité à se séparer ainsi que la reconstitution et le maintien du lien social : en effet, c’est cette dépendance qui doit être travaillée pour que le processus de séparation permette la différenciation. C’est l’ambiguïté que souligne C. Chabert dans un article intitulé : « Perdre, abandonner, se trouver », à savoir que se séparer et accompagner vont de pair.

7

« […] ce qui sépare, […] offre la voie d’accompagnement la plus précieuse. Accompagner c’est être à côté, […] c’est être différent aussi, c’est-à-dire ne pas se confondre, ne pas se mélanger, ne pas se substituer. Accompagner, être à côté, c’est donc s’être séparé [10] ».

Histoire clinique

Anamnèse

8Dans son enfance, Mme V. a été victime d’abus sexuels de la part de son père et à l’adolescence de la part de son frère cadet. Ces violences sexuelles incestueuses s’inscrivent dans l’histoire familiale, le père ayant été lui-même victime d’inceste par son propre père.

9La procédure judiciaire que Mme V. lance contre son frère, à 26 ans, la fait décompenser. Cette procédure aboutira à la condamnation du jeune homme. Mme V. connaîtra de fréquentes hospitalisations en psychiatrie à la suite de tentatives de suicide répétées et de consommations abusives de médicaments et d’alcool, provoquant une perte progressive des liens sociaux, un désinvestissement généralisé et un isolement.

10À son arrivée à la clinique, Mme V. a 31 ans. Un projet est mis en place pour tenter, entre autres choses, de l’aider à retrouver un maillage social. La prise en charge en art-thérapie participera de ce projet de soin.

Du corps-déchet au corps valorisé par le biais de l’objet

11Dans le travail d’art-thérapie, l’objet créé peut être cocréé. L’objet produit se trouve entre la patiente et l’art-thérapeute. L’énergie qui circule est celle des mouvements transférentiels et contre-transférentiels. Le geste que l’art-thérapeute propose à la patiente de faire dans le façonnage artistique n’est pas là pour satisfaire des besoins de la patiente, mais pour l’aider à formuler des demandes et à reconnaître des désirs inconscients. Ces « actes que le médecin fait faire par le malade [11] », c’est ce que G. Pankow entendait désigner par une autre approche de la méthode des greffes de transfert définie par « l’acte que le médecin fait lui-même pour amener le malade à une reconnaissance [12] ».

12« Dans tous les cas, la production naît, grâce aux déclencheurs d’implication personnelle, de la projection des perceptions intimes de soi, mise en scène dans le théâtre du transfert dans lequel il y a de l’autre fantasmé. En d’autres termes, c’est toujours de la chair (perception intime de soi) qui épouse du corps (perception externe que la personne a d’elle-même), de l’intimité indicible qui essaie moins de se manifester pour autrui que de se figurer dans un ensemble qui tient de soi et de l’autre [13] », écrit J.-P. Klein dans son ouvrage intitulé Penser l’art-thérapie.

13Ici, ce qui apparaît, c’est le vécu dévalorisé du corps de la patiente qu’elle se désapproprie et dont elle fait un « corps-déchet ». Grâce au travail de l’art-thérapie, Mme V. va pouvoir réinvestir ce corps trop convoité. Elle va pouvoir progressivement se le réapproprier et lui donner un peu de valeur. L’objet, la « chose artistique », est une construction. L’objet créé est, dans le cadre de la thérapie, représentation opératoire et non illustration d’une intentionnalité préalable. La dynamique du processus, d’une création à l’autre, va se faire au travers de la relation transférentielle à l’art-thérapeute (l’autre semblable) qui est support et contenant d’un processus d’intériorisation-subjectivation. À ce propos, citons J.-P. Klein : « C’est le lien entre le thérapeute et la personne en thérapie (l’analyste et l’analysant), lien en lien avec d’autres liens plus anciens, qui fait sens. Je complexifie d’ailleurs la compréhension du phénomène en parlant du lien entre la personne et la représentation de l’autre, voire entre la personne et sa représentation de la représentation de l’autre, etc., la configuration transférentielle concernant en fait des liens inter-représentationnels [14]. » La thérapie offre au symptôme et à la patiente d’autres possibilités de symbolisation qui sont le cadre du transfert et le langage plastique proposé. Le corps devient sujet d’exploration, source de jubilation et de plaisir dans le temps imparti à la création. L’enjeu de la prise en charge serait peut-être alors ici celui du pouvoir de transformation du regard : peut-on aider la patiente à changer de regard sur elle-même et sur son environnement ? Comment la jeune femme va-t-elle parvenir à se voir elle-même autrement ? Quel pouvoir a-t-elle de modifier la perception qu’elle a du regard que l’autre porte sur elle ? Peut-elle arriver à faire changer le regard que son entourage porte sur elle en modifiant la façon qu’elle a de se voir ?

Cadre de la proposition : le cheminement est le but

14Les modalités de travail sont présentées à Mme V. Il s’agit de participer à un groupe hebdomadaire de deux heures. Ce groupe est ouvert et hétérogène. L’interprétation verbale de ce qui est créé n’est pas l’objectif. Il n’y a pas un temps pour la mise en acte et un temps pour la parole, mais une intrication de ces deux modes de langage, le but étant que la patiente puisse concentrer son attention sur ce qui est en train de se faire et qu’elle puisse exprimer ses impressions concernant la forme de sa peinture, sa couleur et son agencement. Cette verbalisation à visée non explicative figure la production sans qu’elle ait besoin d’être dévoilée, sa mise en œuvre suffisant pour envoyer des messages non conscients à la patiente qui peut les recevoir sans chercher à les comprendre plus clairement. Enfin, les productions sont conservées à l’atelier le temps de la prise en charge. La patiente est invitée à chaque début de séance à reprendre contact avec la ou les productions réalisées au cours de la semaine précédente pour lui permettre de faire le lien entre chaque séance et de reconstituer le chemin depuis la première réalisation. En art-thérapie, le résultat n’est pas la préoccupation première, et l’attention est portée sur les processus – entendons par là sur le processus de création et sur le processus psychique. Le cheminement est le but. La notion de processus est essentielle en art-thérapie. Il s’agit avant tout de faire ; et le chemin parcouru autant que la production en constituent la finalité. Ce qui prime, c’est l’expression authentique de soi et le chemin que la patiente parcourt pour mieux se connaître. Dans cette évolution, le travail de la thérapeute ne concerne pas la découverte de l’acte traumatisant, mais le déroulement d’une création à l’autre, dans l’hypothèse que c’est la transformation de la forme qui est le processus. Le processus est cette succession de créations de plus en plus fortes, dont on peut dire que l’évolution sert de modèle identificatoire au mouvement de la patiente.

15À travers ce parcours symbolique, la jeune femme rejoint la possibilité pour l’être humain d’être un peu plus sujet de sa propre destinée. « L’homme objet de souffrance devient sujet de son inspiration, se réappropriant peu à peu ce à quoi il semblait condamné et le faisant évoluer jusqu’à l’intégrer dans un cheminement qui donne aux malédictions passées le sens rétrospectif de création de soi-même, d’abord symbolique dans l’œuvre, puis dans l’évolution personnelle [15] » note J.-P. Klein.

Déclinaison clinique

Les premières rencontres avec la patiente

16Dans les premiers temps de la prise en charge, l’art-thérapeute se place comme contenant au bord de l’espace physique et psychique que la patiente tente d’investir, observatrice des choix, des tendances à la répétition dans la plastique, accueillant la manipulation des outils graphiques sans interprétation ni évaluation. L’art-thérapeute discerne ce qui peut être poussé plus avant dans ce que la patiente fait, et dans ce qu’elle dit des difficultés rencontrées dans la création. L’art-thérapie ne se contente pas de l’expression, qui soulage, mais tend vers la création qui transforme. Ce dispositif de soin ne se limite pas à la catharsis, mais il s’intègre à un processus qui ouvre vers la transformation du sujet.

17Dans le cadre des premières séances, la patiente est l’objet de fortes angoisses. Son visage est tendu, ses membres crispés et son regard absent, tourné vers elle-même. Elle présente une position de retranchement à l’égard du groupe, se sentant peu encline à communiquer. Sa capacité d’élaboration verbale est restreinte. Reste que sur le plan formel ses productions revêtent un caractère stylistique singulier mais répétitif, et ce quel que soit le dispositif qui lui est proposé. En effet, avant d’entamer une prise en charge en art-thérapie, la jeune femme vient régulièrement en activité « mandala ». Au cours de cette activité créative, la patiente emprunte des chemins balisés. Elle fait ce qu’elle sait faire, reproduisant inlassablement le même schéma stylistique. C’est la répétition qui m’interpelle. Je repère les chemins trop parcourus dont elle use, non pour les dénoncer mais pour tenter de l’aider à explorer d’autres conduites.

18Dans le cadre de la prise en charge en art-thérapie, j’introduis un déplacement pour tenter de faire bouger la position de la patiente en l’aidant à être sujet d’une création plutôt qu’objet d’une répétition. J’emprunte alors la voie du « on » (comme si « on » avait agi à travers elle), pour que la patiente soit sujet d’une expression suivie d’une création sans qu’elle s’en rende compte. Je l’invite à ce qu’« on » se tourne vers l’utilisation de la peinture acrylique et à créer des images à partir d’une seule contrainte : aboutir à une œuvre finie par le biais de techniques spécifiques avec des objets de récupération mis à sa disposition. Je lui propose qu’« on » teste l’infinité des traitements possibles des emballages plastiques et cartons par le biais de techniques simples : l’empreinte (silhouette), le frottage (incrustation), l’assemblage et l’accumulation, des gestes rudimentaires qui peuvent fournir matière à création. Il va s’agir qu’« on » détourne les emballages du quotidien dans une dimension plastique poétique, la production pouvant être non figurative ou représentative, au choix. Une façon indirecte d’apporter un étayage par le biais du processus thérapeutique de transformation du corps-déchet en corps valorisé-recyclé.

19Dans le temps imparti à cette expérimentation, la patiente tend à la maîtrise des objets, de l’espace et des repères corporels. Elle cherche à se dépasser en affrontant les difficultés rencontrées dans la création. Le contenu de sa réalisation importe peu, c’est son rapport au faire, à l’imaginer, qui compte. Cette proposition, mobilisant son intuitivité sans qu’elle s’en aperçoive, est déjà une démultiplication de ses manières d’être, même si ce n’est que pour un court moment, un temps privilégié qui peut peut-être influer sur la suite du travail.

20C’est au niveau de cet objet-création entre art-thérapeute et patiente que la résolution peut se faire. L’objet est support du transfert, c’est à travers lui que celui-ci progresse. Le secret du traitement du transfert est de faire passer de manière détournée la relation transférentielle dans la proposition d’art-thérapie. C’est en raison du lien transférentiel que la répétition va trouver une résolution à ce qui tournait en rond.

Le réinvestissement du corps au travers de l’espace transitionnel et dans la relation transférentielle

21Attentive à l’intuitivité avec laquelle la patiente agit et à la façon dont elle réinvestit son corps dans le cadre de cette proposition de travail, je m’en saisis pour entrer en relation avec elle.

22Tout se déroule dans le présent singulier entre deux sujets. Un minimum d’imagination de ma part est requis, ainsi qu’une bonne adaptation dans l’ici et maintenant de la rencontre. « Cette rencontre entre la personne en soin et la représentation du thérapeute et vice versa, est réciprocité, non pas entre le je et le cela objet du regard et de l’écoute mais dans la vibration du je-tu. Ainsi, "le moi s’éveille par la grâce du toi" [16] », écrit J.-P. Klein.

23Je propose donc à la patiente de peindre debout devant un chevalet pour l’amener à un travail du corps plus en profondeur. Je l’invite à se tourner vers l’utilisation de la couleur, dite à la prima, sans eau, à la pâte (acrylique), et à créer des images à partir d’une seule contrainte : la rencontre des trois couleurs primaires et du blanc sur un grand format ; pas d’objectif concret, seulement la mise en mouvement de chromatiques au service d’une élaboration plastique inconnue.

24La patiente accueille cette proposition avec enthousiasme. Les pieds bien ancrés dans le sol, elle respire profondément, libère son geste, et par là même sa composition. Son corps se déploie délivrant une énergie considérable sans commune mesure avec les expériences graphiques des premières séances. C’est la mise en route du corps qu’il est important d’observer, la patiente agissant spontanément dans une grande qualité gestuelle.

25Le travail évolue graduellement à chaque séance. Son champ d’action s’étend, passant de l’utilisation du pinceau à la pratique de l’éponge, pour finir par jouer avec les empreintes de l’une de ses mains dans un geste régressif et libérateur. Trempant ses doigts dans la peinture, elle prend un plaisir jubilatoire à les projeter sur le support en y cherchant de nouveaux rythmes. Le toucher la ramène non seulement à la matière mais aussi au corps. Ce corps devient sujet d’exploration et source de plaisir. Entendons par là qu’il tend à un plaisir profond, non programmé, qui signe la découverte surprise d’une formulation juste, bien que restant toujours en partie énigmatique (car la forme ne peut se réduire en totalité à l’explicitation prétendue exhaustive). Le corps n’est plus objet de souffrance pour la patiente, convoité par l’autre sans qu’elle puisse le refuser ; il est source de jubilation, « corps-désirant », agissant et vivant.

26La patiente existe à ce moment-là autrement. Il se passe quelque chose pour elle, des vibrations dans tout le corps, là naît une force, une nouvelle énergie. Elle crée un mouvement de déplacement à l’intérieur d’elle-même, un début de subjectivation qui tend vers une création possible. Ce déplacement psychique l’amène à une posture psychique différente en situation de création, sans qu’elle en ait conscience.

27De la dépendance à la confiance, on arrive à l’autonomie du sujet. Il ne faut pas craindre la dépendance thérapeutique, celle-ci se transformant généralement en une relation de confiance qui s’instaure petit à petit. L’art-thérapeute par sa présence au monde est une sécurité ontologique. Elle est du côté du transférentiel, elle tient, donc la patiente tient. Elle instaure une situation de confiance qui fait que quelque chose se poursuit. Si la rencontre avec l’art-thérapeute peut avoir lieu, c’est au fond grâce à cette forme de présence (présence à soi, présence à ce qu’elle soutient, cette présence à la patiente permettant d’être présente), la position de la thérapeute étant de toujours considérer d’emblée l’autre comme sujet, quel que soit son degré d’aliénation. Aussi, l’art-thérapeute amène la patiente à se déplacer avec plus de confiance en elle, dans le sens d’une ouverture vers les autres et dans l’attente d’une ouverture d’autrui vers elle.

28Au fil du temps, la patiente déploie une force créatrice constructive. Elle expose son corps sans danger au regard du groupe, se montre à voir comme pour nous dire : « Regardez ce que je peux faire. » Il est révélateur de cette prise en charge que le corps-sujet de la patiente s’y montre, s’y donne à voir plutôt qu’il s’y fait entendre. C’est un corps qui privilégie l’agir aux mots ; un corps qui entreprend, fait, met en acte, plutôt qu’il prête une voix. L’art-thérapie est une forme de psychothérapie utile quand il devient impossible pour le corps d’exprimer sa souffrance ou ses contradictions par des mots. On voit ici la valeur de l’« acte esthétique », du faire œuvre artistique, pour le mouvement de déplacement qu’il suscite à l’intérieur de soi. « Cette symbolisation, acte de la thérapie, est le modèle de l’être de l’être, c’est-à-dire d’être un verbe comme y insiste E. Levinas qui propose même le terme “essance” pour bien signifier ce gérondif en marche, cette constitution toujours en train de se faire, ce “sujet de quête” dont le savoir sur lui-même est au bout de l’épreuve qui passe du vouloir au pouvoir, au contraire du “sujet de droit” qui s’autorise d’une identité acquise [17]. »

La dynamique thérapeutique permet une évolution

29À ce stade de la prise en charge, la patiente et « l’objet créé », entendons par là l’ensemble de ses productions, soit la production matérielle tout autant que la relation transféro-contre-transférentielle à l’art-thérapeute, présentent une évolution constitutive à la dynamique thérapeutique. L’attitude de la patiente face à la création marque un tournant significatif [18]. Parce qu’elle agit activement debout devant un chevalet, elle se rend compte plus facilement de son propre pouvoir de transformation et peut l’actualiser. Elle se réapproprie son corps en investissant directement le support, se positionnant ainsi elle-même comme l’initiatrice de son processus de changement. Elle laisse les images se créer à travers elle, les mouvements intérieurs s’imposer, se distançant de ses problèmes et de toutes formes de préjugés. En concentrant son attention sur le processus de création plutôt que sur la finalité, la patiente est encouragée à reprendre la responsabilité de ce qu’elle fait. C’est bien l’expérience pleine et totale qui lui permet d’être dans un véritable changement. C’est l’acte même de produire, la « mise en œuvre artistique », qui est en soi un accomplissement. Elle fait l’expérience de ce qui se passe au cours et à l’issue du processus de création, la qualité de son geste, ses traits, les formes qu’elle représente, l’harmonie colorée qu’elle crée, ce qu’elle ressent ou énonce, comment son corps réagit, lui permettant de réellement prendre contact avec ce qui se vit sous la couche de la conscience.

30Par le biais de l’acte créatif, la patiente apprend à créer ses propres règles du jeu, à trouver sa propre voie et donc à être plus libre, plus vraie. C’est dans l’élan vital qu’est la création que de nouveaux possibles surgissent pour le sujet, dans la rencontre avec soi, avec l’autre et avec cet autre soi révélé par la créativité. La réussite de chaque séance tient au chemin qui s’ouvre vers une réorganisation de sens que la patiente effectue elle-même, ne serait-ce que dans l’inversion de posture qu’elle opère en quittant le statut d’objet de souffrance pour celui de sujet d’une création. « D’objet de sa pathologie, elle va devenir Sujet d’une production issue d’elle, qui se nourrira forcément, entre autres, de cette pathologie qui dès lors n’est plus uniquement source de douleur [19]. » D’objet de ses difficultés, elle va devenir celle qui prend les commandes, ce qui va entraîner des changements profonds.

31Le dispositif art-thérapeutique comme lieu clos pare-excitant et rassurant permet au moi de la patiente de se restaurer sur le plan narcissique. Un renforcement de cette renarcissisation provient dans des circonstances particulières puisqu’il est lié à un événement institutionnalisé qui sort du cadre de l’art-thérapie. Chaque année en effet, comme nous l’avons indiqué plus haut, l’institution participe à une action sociale : une exposition est organisée pour l’occasion dans les locaux de l’établissement, les habitants de la commune étant invités à venir la visiter. Une activité sur un thème différent chaque année est mise en place durant les dix mois qui précèdent l’événement, le thème du « mandala » ayant été choisi cette année-là. La patiente dont il est question participe chaque semaine à cette activité créatrice. Le jour de l’exposition, elle se sent considérablement valorisée, les mandalas qu’elle a réalisés dans le cadre de cette activité ayant été choisis pour être exposés. Elle redouble de fierté lorsqu’elle apprend qu’à l’issue de l’événement ses réalisations, parmi l’ensemble des autres travaux exposés, seront accrochées au rez-de-chaussée de l’établissement pour une période indéfinie. La patiente porte dès lors un autre regard sur elle-même, l’activation du phénomène créateur l’aidant à une réadaptation de soi. Elle accepte sans danger d’exposer ses mandalas au regard de l’institution, se sentant étayée et narcissiquement revalorisée.

Conclusion

32Nous le constatons, la patiente transforme le regard qu’elle porte sur elle-même. Ce changement de regard sur soi dû à l’objet créé va lui permettre d’aller vers l’autre avec moins de crainte parce que justement elle se vit de façon plus valorisée. Elle crée quelque chose qui « est d’elle et ce “de” signifie tout autant “j’en suis l’auteur” que “ceci est extrait de moi” [20] ». Elle est l’auteur mais pas l’objet explicite de sa production. L’objet créé est une production, et la production n’est pas son producteur, elle est sa création. En art-thérapie, l’objet créé est déjà le début d’un traitement de soi. Cet accomplissement de soi ne consiste pas à identifier la création artistique à son créateur, qui est tout autant son destinataire : celui à qui la création est destinée. La patiente est donc sujet d’une production, d’une création, d’une re-création. C’est l’objet qui la valorise. Il s’agit pour la jeune femme d’être reconnue dans sa valeur, dans ses potentiels. La question est : par quoi, par qui ? Elle est reconnue par la production matérielle qu’elle crée tout autant que par la relation transféro-contre-transférentielle à l’art-thérapeute. Elle a de la valeur, parce qu’elle crée un objet qui a de la valeur à ses yeux et au regard de la thérapeute. Ce n’est donc pas l’autre qui lui renvoie de la valeur mais bien l’objet créé, « co-créé », l’objet qui a été décevant étant réintroduit par l’art-thérapeute, corrigeant les défauts du premier objet.

33En d’autres termes, le corps-déchet de la patiente devient un corps valorisé par le biais de l’objet. L’objet créé lui permet de médiatiser son corps. Le corps n’est plus en prise directe avec le regard de l’autre, il est médiatisé par l’objet. Si l’on avait le sentiment auparavant que son corps était en prise directe avec le regard de l’autre, un regard dévalorisant, un regard de convoitise, on a dorénavant l’impression que l’objet qu’elle crée, notamment les mandalas qu’elle a réalisés dans le cadre de l’activité institutionnelle dont nous venons de parler, permet de médiatiser le regard de l’autre. L’objet devient un espace de transition entre son regard, le regard de l’autre et son corps.

34Au fond, on peut en conclure que l’institution, au même titre que l’art-thérapie, contribue à ce pouvoir de transformation du regard, grâce au fait qu’elle assure auprès de la patiente une fonction d’accueil, de mise à l’abri et de contenance, la créditant comme ayant le potentiel de se changer en bien. Aussi, il est légitime de considérer qu’il y a une dépendance réparatrice à l’institution, une dépendance consentie parce que nécessaire, permettant une reconstitution et un maintien du lien social.

La phénoménologie peut fonder une façon nouvelle de penser l’art-thérapie

35La démarche art-thérapeutique s’appuyant sur le phénomène créateur selon le modèle phénoménologique montre sa pertinence dans le fait qu’elle permet à la patiente de faire avec son symptôme et de tendre vers un mieux-être global. Grâce à la dynamique ouvrante de l’acte créateur, la patiente gère mieux son anxiété. « L’événement de ce moment créatif [la] lance dans une rencontre renouvelée avec le monde et avec l’inconnu de soi, dans ce qu’H. Maldiney nommait l’avènement de soi et du monde[21]. » La visée pour elle n’est pas de se débarrasser de ce qui la gêne, mais de le transformer en recréation de soi-même.

36En art-thérapie, où plusieurs courants psychologiques et philosophiques se côtoient, il est possible, et même utile et efficace, de considérer le phénomène créateur selon le modèle phénoménologique, particulièrement si l’on en juge par cette étude de cas. Au cours de ce travail, la phénoménologie nous a paru être un outil intéressant pour aider cette patiente dont les troubles schizo-affectifs s’accompagnaient de fortes angoisses. On a choisi ce modèle théorique, dont l’un des principes de base est d’admettre que le pouvoir de transformation et de libération repose dans le présent, pour avoir une lecture claire de ses symptômes et l’aider davantage.

37Dans le champ de l’art-thérapie, le symptôme gênant n’est pas considéré comme l’adversaire. Il devient partenaire, se dépassant en tant que matériau pour une construction créative. Le symptôme joue son rôle car c’est une création contre pire, contre une soufrance plus grande. Il est une production complexe qui n’est pas à éliminer.

38À la différence d’une approche relative à la technique qui s’adresse au symptôme à réduire, l’art-thérapie réserve une place à la dimension symbolique. Dans le cas qui nous occupe, ce dispositif de soin est adressé à la patiente dans sa fonction proprement humaine d’être ouverte aux symboles et d’en produire, le but étant de tendre vers une conversion d’un registre symbolique (symptômes) en un autre registre (discours transférentiel).

39Selon la pensée psychanalytique, tout est provenant de soi-même, en tant que tel, inconscient. Dans le prolongement de cette forme de pensée, l’art-thérapie considère la patiente comme responsable de la difficulté qu’elle rencontre, ou tout au moins de sa transformation, même partielle, en réussite, la créditant de capacités, de forces en elle. Il s’agit d’adopter une position indirecte par rapport au symptôme pour mieux l’accompagner comme thérapeute de ses troubles. De fait, au fil des séances, la patiente a mieux géré son mal-être. Elle s’est distanciée des angoisses qui l’habitaient, en les objectivant et en faisant advenir les formes qu’elle portait en elle et sur lesquelles elle a pu travailler. Elle s’est servie de la création picturale pour pénétrer ses problématiques inconscientes, ce qui l’a conduite à une transformation positive d’elle-même.

40L’art-thérapie s’est donc avéré un projet qui a relevé le défi de la transformation de la patiente, et au moins partiellement de sa maladie. La douleur est devenue une épreuve que la patiente a reconnue et surmontée pour en faire une étape de son cheminement. Elle a accédé elle-même à la possibilité de transférer sa douleur en trouvant en des lieux internes des chemins d’association, des chemins détournés pour construire de nouvelles connexions au service d’une conscience de soi. Le support pictural a donc bien fonctionné comme contenant imagé de la douleur, puis comme accueil d’éprouvés, enfin comme creuset d’expériences, de rencontres, de mouvements, de création d’espaces. Ce que l’on s’est proposé d’atteindre dans cette prise en charge a été de faire réadvenir la patiente comme sujet d’abord d’une production symbolique pour mieux qu’elle le soit de sa propre existence. L’art-thérapie, en tant que dispositif de soin, a cherché à favoriser l’établissement d’un processus vers l’indépendance en soutenant la patiente dans une position singulière, subjective et autonome qui l’a amenée à être sujet d’une création.

41C’est parce que le sujet a été une ouverture de champ que l’expérience de l’être s’est faite comme création. Peindre a signifié, pour la patiente, « produire “un morceau de monde”, “ouvrir un champ, […], transformer quelque peu le monde”, ainsi qu’être transformé[e] par lui [22] ». En peignant, la patiente s’est laissé traverser par des couleurs, des graphismes, des formes pour les organiser secondairement. Elle a repris contact avec ce qui s’est vécu d’unique dans le moment présent. Elle s’est mise en état d’aventure pour créer et a tiré parti de son héritage, de son corps.

42Plus confiante dans ses capacités créatives, elle a gagné en autonomie et a pu se séparer de l’institution, progressant par rapport à une dépendance institutionnelle nécessaire, mais transitoire. Elle a rejoint un établissement extrahospitalier (hôpital de jour) pour qu’un lien social dans une continuité de soin ait lieu, et a pu envisager de poursuivre sa découverte de l’art comme pratique, la création artistique, porteuse de sens, l’amenant à se recréer elle-même en reconstruisant sans cesse son rapport au monde.

43Si ce rapport au monde a été création, c’est qu’il s’est inscrit dans une expérience ontogénétique, un nouveau régime d’expérience, et par conséquent a ouvert le sujet à de nouvelles expériences. Or, il n’aurait pu y avoir d’ouverture sans la configuration du rapport dont le corps de la patiente a été l’instrument et le principe. C’est ainsi, par le corps, que s’est poursuivi le « je peux ». Le sujet, en tant que « je peux » et comme corps, a été le médiateur de l’expérience nouvelle.

44Ce mouvement d’ontogenèse, M. Merleau-Ponty le « décrit dans L’œil et l’esprit, à propos de l’expérience artistique : être pris dans la poussée de l’être et embrayer sur le mouvement par lequel il y a surgissement, ouverture, création [23] ». Or quand la patiente a créé, elle a participé comme par abandon de soi (ou de l’image de soi), parce qu’il n’est pas d’autre manifestation de la liberté créatrice, elle a participé au mouvement du monde, elle a été prise dans la poussée de l’être. « Merleau-Ponty, lui écrit : “faire […], c’est continuer avec la poussée qui transforme. Mais la transformation vient des autres et des choses comme de nous”[24]. »

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Mots-clés éditeurs : médiation, institution, corps-objet, corps-sujet, espace potentiel, créativité

Date de mise en ligne : 07/10/2014.

https://doi.org/10.3917/clini.008.0168

Notes

  • [1]
    D.W. Winnicott, Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975, p. 108.
  • [2]
    J.-P. Klein, Penser l’art-thérapie, Paris, Puf, 2012, p. 92.
  • [3]
    D. Anzieu, Le Moi-peau, Paris, Dunod, 1985, p. 257.
  • [4]
    M. Merleau-Ponty, Signes, Paris, Gallimard, 1960, p. 287.
  • [5]
    M. Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1964, p. 190, note.
  • [6]
    P. Dupond, Le vocabulaire de Merleau-Ponty, Paris, Ellipses 2001, p. 5.
  • [7]
    D. Anzieu, Le Moi-peau, op. cit., p. 125.
  • [8]
    Dès l’Esquisse d’une psychologie scientifique de 1895, S. Freud avait, parallèlement, reconnu au moi une fonction de pare-excitation.
  • [9]
    Ibid., p. 1-2.
  • [10]
    C. Chabert, « Perdre, abandonner, se trouver », Le carnet psy, n° 164, 2012, p. 39.
  • [11]
    G. Pankow, L’homme et sa psychose, Paris, Flammarion, 1993, p. 26.
  • [12]
    Ibid., p. 26.
  • [13]
    J.-P. Klein, Penser l’art-thérapie, op. cit., p. 261.
  • [14]
    J.-P. Klein, Petit voyage iconoclaste en psychothérapie, Grenoble, Pug, 2006, p. 296.
  • [15]
    J.-P. Klein, L’art-thérapie, Paris, Puf, 1997, p. 124.
  • [16]
    J.-P. Klein, Petit voyage iconoclaste en psychothérapie, op. cit., p. 296.
  • [17]
    Ibid., p. 297.
  • [18]
    M. Dechaud-Ferbus, « Médiateur dans le traitement des schizophrènes », à partir d’inédits de Michel Schweich (en cours de publication), Revue de l’association de l’aeppc, 2013.
  • [19]
    J.-P. Klein, Penser l’art-thérapie, op. cit., p. 111.
  • [20]
    Ibid., p. 154.
  • [21]
    J. Stitelmann, « Le phénomène poïétique », Revue Art & thérapie, n° 102-103, 2009, p. 36.
  • [22]
    S. Ménasé, « Rapport créatif au monde », Revue Art & thérapie, n° 102-103, nov. 2009, p. 51.
  • [23]
    Ibid., p. 50.
  • [24]
    Ibid., p. 55.
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