Couverture de CLCD_008

Article de revue

Quand la participation de la jeunesse des cités devient politique. La résistible reconnaissance des discriminations dans un conseil local des jeunes

Pages 45 à 62

Notes

  • [1]
    « Un conseil d'enfants et ou de jeunes voit sa création marquée par une décision politique notifiée par une délibération du conseil municipal (lorsque le territoire est la commune). Celle-ci identifie une tranche d'âge et des modalités de désignation concernant les futurs jeunes conseillers, ainsi que les éléments de base de son fonctionnement. Une fois le conseil officiellement créé, une campagne d'information a lieu dans les établissements scolaires (et parfois les centres sociaux, les MJC…) afin que les élections s'engagent. Des jeunes se portent candidats pour devenir “jeunes conseillers” et représenter leurs camarades, et tous les jeunes de la tranche d'âge seront électeurs ». (Rossini, pp. 201-202).
  • [2]
    Leterrier J.-M. et Buffet M.-G, Citoyens, chiche ! : le livre blanc de l’éducation populaire, Éditions de l’Atelier, 2001, 174 p.
  • [3]
    Buton F. et Mariot N., Pratiques et méthodes de la socio-histoire, PUF-CURAPP, 2009, 217 p.
  • [4]
    Le conseil local des jeunes, « Défends tes idées », Ça Bouge, mai-juin 1999.
  • [5]
    AMBM, supplément « Budget 2000, Votre argent pour votre ville » au Mensuel, mai 2000, p. 34
  • [6]
    Commission Droit et Moreau R., Garde à toi, garde à vue : mode d’emploi, La Cathode, 2001.
  • [7]
    APZM, entretien dans le cadre du CLJ de Cheikh, réalisé au centre social des Tilleuls, le 17 mai 2001.
  • [8]
    De Beauvoir C., « Au Blanc-Mesnil, les jeunes gardent un œil sur la police », Libération, 4 sept. 2000, p. 16.
  • [9]
    Créés dans le cadre de la politique de la ville, les contrats locaux de sécurité sont apparus pour répondre à une demande croissance des maires face aux « problèmes d’insécurité » qui ont constitué un enjeu électoral important lors des élections municipales de 2001 (Le Goff, 2005).
  • [10]
    La Cathode n’est pas société, mais une association loi de 1901, implantée en Seine-Saint-Denis et qui a arrêté son activité en 2013. « Elle déploie un travail important d'ateliers de réalisation de films dans les quartiers de la région parisienne. À partir de ce travail de terrain, la Cathode développe une importante production de documentaires (…) et la web télévision regards2banlieue.tv. L'association regroupe des réalisateurs, des chercheurs, et des intervenants sociaux: travailleurs sociaux , animateurs, enseignants… ». Site internet www.lacathode.org.
  • [11]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, p. 11.
  • [12]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, pp. 11-12.
  • [13]
    Entretien enregistré de Yann, le 5 déc. 2007, à la maison pour tous du chemin Notre-Dame.
  • [14]
    APZM, note d’information de Zouina Meddour à l’attention de M. Joël Houssin, responsable du service municipal de la jeunesse, Blanc-Mesnil, le 10 novembre 2000.
  • [15]
    APZM, tract de la commission Droits aux membres du conseil local des jeunes, le 18 déc. 2000.
  • [16]
    Concernant les postes d’animateurs vacataires, soit des emplois contractuels, la condition de nationalité n’est pas requise. « Aucune condition de nationalité n'est exigée d'un agent non titulaire. Il doit être titulaire d'un titre de séjour l'autorisant à travailler en France ». D. n°88-145, 15 févr. 1988, relatif aux agents non titulaires de la fonction publique territoriale (FPT). Concernant les postes d’animateurs titulaires au service jeunesse, il est nécessaire d’avoir la nationalité française ou d’un pays de l’UE (ou de Suisse) étant donné que les animateurs dépendent de la fonction publique territoriale. L. n°83-634, 13 juill. 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires : art. 5 à 5 ter.
  • [17]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, p. 24.
  • [18]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, p. 15.
  • [19]
    APZM, Mah, commission Droits, « Manque de communication », Ça Bouge, n° 44, oct.-nov. 2001.
  • [20]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, en présence de l’élu adjoint à la Jeunesse et dirigé par le directeur du service jeunesse.
  • [21]
    Cette première instance a inauguré la lutte anti-discrimination en 1999 et a été remplacée par les COPEC et la HALDE en 200,5 à leurs tours remplacés par le défenseur des droits depuis 2011 (Mazouz, 2014).
  • [22]
    Entretien enregistré de B., le 23 mars 2008, au centre social des Tilleuls.
  • [23]
    Il est possible de comprendre ces freins en lien avec la peur d’être incriminé, mais aussi avec le partage d’un « habitus républicain » défavorable à saisir le phénomène des discriminations dans sa dimension ethnoraciale (Eberhard, 2010).

1« Faire participer la jeunesse », « donner la parole aux jeunes ». Ces formules sont souvent affichées par les municipalités soucieuses de mettre en avant leur politique en direction de la jeunesse. Cependant, ces slogans ne renseignent pas sur les difficultés concrètes à mettre en œuvre ces ambitions. Ils sous-estiment les capacités à accepter le discours ou les choix d’une jeunesse qui ne rentre pas dans les critères implicitement définis. Je souhaiterais évoquer les difficultés rencontrées au début des années 2000 par un service jeunesse et les élus d’une municipalité communiste dans la mise en place d’un conseil local des jeunes (CLJ), ces instances consultatives qui reprennent les principes des assemblées municipales [1]. Il s’agit notamment d’étudier comment une expérience, qui a donné lieu à la production d’un discours critique envers la politique municipale par un groupe de jeunes, a été gérée par l’équipe municipale. Le renouveau de cette forme participative en direction des jeunes s’inscrit dans le moment particulier où Marie-George Buffet, ministre communiste en charge de la Jeunesse et des Sports (1997-2002), impulse plusieurs propositions pour remettre au goût du jour l’éducation populaire [2].

2À partir des matériaux tirés d’une enquête sociohistorique (cf. « Méthode », infra), il s’agit d’analyser une séquence de conflits entre les membres du CLJ d’un côté et les élus et responsables du service jeunesse de l’autre. Je voudrais ici centrer le propos moins sur les effets du dispositif en termes de politisation (Hadj Belgacem, 2016) que sur les difficultés à reconnaître les discriminations vécues par les jeunes de cité. Une partie des jeunes du dispositif s’est engagée intensivement dans le CLJ en le prenant au sérieux et en développant une réflexion sur les relations jeunes/police dans les cités ou encore sur les discriminations ethniques. Cependant, ce travail documenté et critique a été vite déconsidéré par les élus et les responsables municipaux, le jugeant inopportun, déplacé voire le fruit d’un détournement politique. En rejetant le travail et la parole d’une partie des membres du CLJ, le conflit s’est amplifié jusqu’à la reprise en main du dispositif et son interruption de fait. Comment expliquer ce conflit entre des membres du CLJ et les responsables municipaux ? Quel a été le moteur de la mobilisation des jeunes contre les discriminations ? Quelles étaient les attentes réelles des élus quant à la participation des jeunes ?

Méthode : L’enquête sociohistorique a été menée 15 ans après les événements relatés, dans une démarche d’histoire régressive [3]. J’ai réalisé des entretiens avec des candidats aux élections en 2008, qui se trouvaient être d’anciens membres du CLJ et principalement ceux de la commission Droits, des animateurs en charge du dispositif à l’époque et des anciens élus (maire, élu à la jeunesse et aux sports). J’ai également analysé les archives produites par le service jeunesse et conservées par une animatrice en charge du dispositif. Ce fonds privé (APZM) est particulièrement riche et réunit des vidéos réalisées par les membres du CLJ, des comptes rendus de réunions, des documents publics diffusés par le service jeunesse, des documents internes pour la mise en place du dispositif et des entretiens transcrits réalisés pour le journal du service jeunesse. J’ai enfin dépouillé les archives municipales de la commune (AMBM) en particulier le journal municipal Le Mensuel et le supplément réalisé par le service jeunesse intitulé Ça Bouge. Enfin, cette enquête a pu s’appuyer sur un travail sociologique antérieur mené par Alain Vulbeau et Véronique Bordes (2004).

1. La commission Droits ou l’émergence d’un regard critique sur l’offre participative

3Créé à l’été 99, le CLJ a été impulsé par le service municipal de la jeunesse sous la houlette de trois à quatre animateurs (dont Zouina Meddour et Catherine Minne) et sous la responsabilité du directeur du service municipal de la jeunesse. Sans antécédent, le recrutement des premiers candidats pour participer au CLJ s’est opéré sur la base de la « clientèle » du service jeunesse avec la volonté de respecter une parité des âges (14-25 ans), des sexes et des différents secteurs de la ville. Les 34 jeunes filles et garçons ont été nommés pour une durée de deux ans. Organisés en quatre commissions (Loisirs, Culture et Sport, Droits et solidarité, Emploi et formation et Communication), les membres se sont répartis sur chacune d’entre elles en fonction de leurs intérêts et se réunissent en commission tous les 15 jours et une fois par trimestre, en séance plénière dans la salle du conseil municipal [4]. Parmi les objectifs de cette instance participative, les élus souhaitent surtout que les débats s’orientent vers le choix de projets du service jeunesse et la répartition d’une partie de son budget (14 %) [5] en reprenant les logiques des budgets participatifs (Mazeaud, 2012). Dans la commission Droits se retrouvent les conseillers parmi les plus âgés du CLJ, principalement issus des quartiers du nord de la ville. Dès le début, ces 11 membres se sont divisés en deux groupes l’un répondant aux incitations municipales sur les états généraux de la ville en créant un film Paroles quand le second préfère travailler sur les relations entre les jeunes, la police et la justice. Ce second groupe (composé notamment de Cheikh, Mariam, Mah, Réda, Sandrine, Yann) est plus sensible aux risques d’instrumentalisation par la municipalité du CLJ. Ce groupe avec une moyenne d’âge autour de 23 ans est aussi le plus âgé de toutes les commissions. Ces membres étaient en première ligne des conflits larvés puis ouverts qui ont émaillé leurs activités au sein de la commission Droits.

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Photographie 1 : « Au Blanc-Mesnil, les jeunes gardent un œil sur la police »

Photographie 1 : « Au Blanc-Mesnil, les jeunes gardent un œil sur la police »

Photographie 1 : « Au Blanc-Mesnil, les jeunes gardent un œil sur la police »

Article de Charlotte de Beauvoir paru dans Libération du 4 septembre 2000, p. 16.

5La montée progressive de la conflictualité tient d’abord à l’indifférence des élus aux initiatives (visites, rencontres d’acteurs institutionnels, débats publics) et aux productions (notamment des films) des membres de la commission. Leurs absences aux événements publics sont mal perçues par les membres du CLJ qui comprennent que leur participation n’est pas prise au sérieux. Cependant, ce sont les réactions de militants, d’autres élus de la majorité, voire du préfet, qui sont à l’origine des premiers malentendus. Zouina se souvient de la première prise à partie la concernant, notamment lors d’un débat sur la justice avec la représentante du syndicat de la magistrature qui tend à donner raison à la vision des jeunes sur la dualité du système judiciaire.

6Zouina : « La réunion se passe très mal parce qu’en pleine réunion, j’ai l’élu à la sécurité, un socialiste, qui craque dans la salle. Il dit que : “Ce n’était pas vrai, qu’il n’y avait pas de justice à deux vitesses”. Quand les jeunes débattent, ils parlent de tout. Ils parlent des magouilles. Et quand ils parlent de justice à deux vitesses, ils évoquent le cas des hommes politiques qui, quand ils se font prendre la main dans le sac, il n’y a jamais rien… Donc l’élu socialiste, il dit : “C'est pas vrai”. Le problème c’est que le juge dit : “Si, c’est vrai”. Il dit qu’il y a quand même une différence de traitement. Donc cet élu n’a pas supporté et publiquement, s’en prend à moi. En fait, il perd son sang-froid en disant que je n’avais pas le droit de faire ça que c’était inadmissible, une initiative contre la municipalité où je ne sais pas quoi, etc. Il est parti. Ça s’est très mal passé selon lui et il a raconté sa version des choses, qui a contribué à alimenter je ne sais quoi au niveau des élus et au niveau du maire. La défiance était déjà installée avec Paroles, elle se poursuit avec le documentaire sur la prison et avec le débat sur la justice aux Tilleuls, puis enfin avec Garde à toi, garde à vue, quand on fait la première projection aux Tilleuls. ».

7Le film Garde à toi, garde à vue : mode d’emploi[6] sur les relations jeunes/police fait l’objet de plusieurs projections et de débats où sont invités les élus, des professionnels et la presse. Ce dernier cristallise le contentieux des membres de la commission Droits avec les élus et les responsables municipaux. Cheikh revient sur le sens de ce film qui a été incriminé et qui a créé un précédent dans l’activité de la commission Droits et du CLJ.

8Cheikh : « Notre travail, il pose des questions, il réunit des gens qui se posent ces questions et parlent. Eux, ils pensaient sûrement qu’on était comme les autres. Quand tu demandes à des jeunes ce qu’ils veulent que la mairie leur donne, ils répondent des terrains de sport, des loisirs, de la culture. Mais quand une vingtaine de jeunes se réunissent tous les mardis soir en réunion pour parler institution, police, droits des jeunes, ça va un cran au-dessus. C’était un sujet tabou. Aller interviewer un jeune qui sort du commissariat et qui s’est fait tabasser et montrer ça dans les quartiers, ils n’en sont pas revenus. Ça ne se faisait pas avant. Avant, quand on envoyait une invitation pour nos réunions, ils ne venaient jamais. [...] C’est là où j’ai vu que, quelque part… On a essayé de rester neutre, même si tu ne peux pas rester neutre dans ce type de sujet. On a essayé de comprendre et de montrer aux gens que ça (les discriminations, nda) existe… En 2000, on nous disait déjà attention. [...] On s’est intéressé aux discriminations parce que c’était un truc qui nous tenait à cœur parce qu’on était des enfants d’immigrés et que les rapports avec la police sont tendus. On essayait de soulever les trucs de fond. […] Ça n’a pas plu. On a voulu diffuser (notre film), mais ça ne passait pas. Ça ne passait pas parce qu’on venait de signer le contrat local de sécurité. Et donc que l’on parle de la police… Après, il y a les médias qui se sont intéressés à nous. On a commencé à parler un petit peu de nous au niveau des médias et de la presse : “Une enquête sur la police faite par des jeunes au Blanc-Mesnil”. En plus, pour nous ce n’était pas sur la police, c’était sur les discriminations. Donc t’as le préfet, le maire qui ont appelé. Ça a fait du bruit et c’est retombé sur Zouina, Catherine et toute la petite équipe a chargé. […] Zouina nous aurait endoctrinés et fait de nous des révolutionnaires […] En passant par les médias, en passant par d’autres villes qui nous reconnaissent et nous sollicitent, ça nous a fait continuer. Pour mes copains, au début, c’était clair : “Tu vas être récupéré par la mairie”. Mais, dès la première quinzaine, dès la première réunion, ils ont dit : “Ne parlez pas de ça, vous êtes fous, vous allez vous faire cramer”. Même pour eux, c’était un choc. Et on a dit : “On n’a rien à perdre. Ils veulent écouter la parole des jeunes, eh bien on va leur donner !” » [7]

9En sortant du cadre implicite et des attendus d’une offre consultative limitée à un plan récréatif, les membres de la commission Droit ont le pris le risque de porter un discours non consensuel et de s’exposer à un conflit. Les membres ont fait le choix de traiter avec le maximum de sérieux le sujet des relations jeunes/police après l’interpellation d’un de leurs amis dans le quartier. Leur volonté de donner la parole tant à la victime qu’au commissaire ainsi qu’à d’autres acteurs et professionnels visait aussi à prendre du recul et à produire un témoignage qui puisse être le plus objectif possible. Cheikh explique que ce sujet permettait de légitimer leur participation auprès des jeunes de leur quartier en écartant les soupçons de récupération et d’instrumentalisation. Cependant la réception par les élus et les autorités publiques du film est tout autre. En effet, suite à la publication dans le journal Libération d’un article [8] sur le film de la commission Droits (photographie 1), le préfet s’enquiert de la situation auprès du maire de la ville alors que ce dernier n’est pas informé et que plusieurs contrats locaux de sécurité sont en cours de signature dans le département [9]. Cette médiatisation du travail de la commission achève de tendre les relations et d’attiser la crainte des élus vis-à-vis du travail des jeunes et des thématiques qu’ils traitent. Le premier réflexe des élus est d’exercer un contrôle renforcé sur les activités de la commission Droits et de reprendre le directeur et les animatrices du service jeunesse sur leur travail d’encadrement des commissions. Ces mesures de contrôle de la communication, comme la remise en cause des sujets abordés sont associés à des formes de censure par les membres du CLJ. L’adjoint à l’Enfance et à la Jeunesse, Pascal Blind, interpellé en réunion plénière, dément l’exercice de toute censure tout en regrettant que le travail sur le film des jeunes ait pu être l’objet de manipulation.

10Pascal : « Là, on parle de censure. C’est sans doute le dernier film – on va jusqu’au bout et vous pourrez intervenir… Ça doit concerner un film qui a été commandé à la fois par la commission Droits, mais aussi par le SMJ à la société La Cathode [10]. J’ai assisté à une réunion et j’ai dit mon sentiment. J’ai toujours dit que je ne voulais pas qu’on instrumentalise ce CLJ. En tout cas, ce n’est pas la volonté de l’équipe municipale. Et jamais nous ne le ferons. Encore une fois, je l’ai rappelé en préambule, c’est un outil pour vous permettre à la fois d’exprimer vos besoins et de participer à ce que ces besoins soient mis en œuvre. Donc, je n’autorise pas, pas plus la Cathode qu’aucune autre association, à pouvoir manipuler, suivant un certain nombre de sujets, fort dangereux et en tout cas qui ne profiteront pas à la jeunesse (et eux, ils le savaient ; et ce n’est pas aux jeunes que je le reproche, c’est à ceux qui s’en sont servis) mettre un film qui à mon avis, ne correspond pas aux besoins de la jeunesse. Et je n’en dirai pas plus ! » [11]

11Le film réalisé par la commission Droits est donc présenté par le directeur du service comme le fruit d’une manipulation par l’association qui a aidé à sa réalisation, alors même que cette dernière est reconnue pour sa production documentaire sur des problèmes sociaux et politiques divers en partenariat avec des associations, des collectivités, des universitaires et des professionnels de l’animation et du travail social. Si ce reproche de manipulation touche également les animatrices en charge du CLJ, qui orienteraient mal le travail des commissions, il s’avère en réalité que ce sont les sujets abordés par les jeunes qui soient « dangereux » et sans liens avec les « besoins de la jeunesse », qui posent plus clairement problème à certains élus et responsables municipaux.

2. Les discriminations au service jeunesse : de l’impensable à l’impensé

12Ce moment de crise constitue une rupture pour les membres de la commission Droit qui se sont fortement investis. Ils comprennent que derrière les discours de façade, ils sont confrontés à une fin de non-recevoir et un déni de la part des élus et du responsable du service jeunesse. Cheikh, au cours de cette même réunion, répond à l’élu en insistant sur la réalité et l’importance du problème que représentent les discriminations pour les jeunes.

13Cheikh : « Moi, franchement, ça me désole ce que vous dites ! Quand vous dites que le film n’est pas un besoin pour la jeunesse… Le film parle de discrimination, qui est un problème de la jeunesse ! On ne va pas se le cacher ni se voiler la face ! Aujourd’hui en France, on peut dire qu’il y a un problème entre les institutions et la jeunesse. Par exemple, si je suis noir ou si j’ai la peau mate, je ne vivrais pas comme quelqu’un qui est blanc et qui s’appelle Sébastien ! C’est un exemple. On ne part pas sur le même pied d’égalité. Dénoncer ces choses-là, montrer que ça existe ici en France, je pense que si, ça peut servir à la jeunesse pour que de telles situations ne puissent plus exister. Pour que nos petits frères ne vivent pas ce que nous, nous vivons, on va parler de discriminations. » [12]

14Ce sentiment d’un déni des discriminations a profondément marqué les membres de la commission Droits et du CLJ de même que l’impression que leurs productions et initiatives alors qu’elles rencontrent un succès à l’extérieur de la ville, récoltent une désapprobation au niveau local. Par ailleurs, la plupart des membres de la commission Droits possèdent aussi plusieurs expériences dans l’animation municipale et sont d’autant plus attentifs aux discours des élus et aux conflits en lien avec le recrutement des animateurs. Ainsi, Yann évoque encore plusieurs années après cette expérience du CLJ et les propos d’un ancien élu comme l’élément déclencheur de son engagement politique et de son opposition à la municipalité.

15Yann : « Ce qui m’a choqué, c’est le discours d’un maire adjoint qui n’est plus là. Un communiste et qui a dit, qui a tenu ce genre de propos. Il m’avait dit : “La discrimination à l’embauche, ça n’existe pas à Blanc-Mesnil, ça n’existe pas en Seine-Saint-Denis”. C’était un pur produit de notre imaginaire. Le jour, ou il m’a dit ça, je me suis dit : “Lui, il ne se fout pas que de ma gueule. Il se fout de la gueule de tout le monde”. [...] Ce jour, j’ai dit : “Non, c’est pas possible, il ne peut pas tenir ce genre de discours”. Bon après, on nous a fait comprendre qu’on avait mal compris. Donc pendant très, très longtemps, on nous a dit que la discrimination, ça n’existait pas. Au sein même de notre ville, ça n’existait pas ! » [13]

16Pour autant, ce n’est pas la réception du film en lui-même que l’expérience d’une situation discriminatoire au sein du service jeunesse qui marque nombre des membres du CLJ. Suite au film, la commission Droits devient progressivement un interlocuteur auprès de certains jeunes, qui la sollicitent dans des problèmes en lien avec la justice, la police ou d’autres institutions. Ses membres sont donc informés de différentes affaires et s’engagent notamment dans celle du refus d’un poste d’animateur vacataire à un jeune des quartiers Nord du fait de sa nationalité étrangère. La note d’information de l’animatrice en charge du suivi de la commission Droits écrit le 7 novembre 2000 :

17

« Les jeunes sont arrivés en évoquant une situation à leurs yeux inadmissible. Il s’agit du cas d’une jeune ayant postulé au service jeunesse ainsi qu’au service enseignement pour un emploi de vacataire (vacances scolaires et périscolaires). Il lui aurait été précisé oralement que sa candidature n’aurait pas été retenue au motif qu’il était de nationalité étrangère. Les jeunes du CLJ ont décidé de se mobiliser et d’alerter la presse. Je les ai orientés vers les élus en leur proposant d’avoir un échange sur ce sujet. Le lendemain, les jeunes m’ont informé qu’ils avaient demandé un rendez-vous avec le cabinet du maire. »[14]

18L’animatrice recherche une médiation pour régler la situation et proposer une alternative en lien avec les élus. Cependant, encore une fois, les élus ignorent cette demande de rencontre et de médiation. En l’absence de réponse, un appel à mobilisation par tract est lancé un mois plus tard par les membres de la commission Droits à destination des autres commissions et membres du CLJ :

19

« Nous membres de la commission Droits voulons réagir après la décision de la direction des ressources humaines de la ville de Blanc-Mesnil de refuser la candidature d’un jeune blanc-mesnilois. En effet, cette personne avait fait une demande d’embauche en tant qu’animateur vacataire aux services jeunesse et enseignement, elle a vu sa demande rejetée pour cause de nationalité “étrangère”. On a fermé les portes à ce jeune, car son seul tort est d’être né du mauvais côté de la Méditerranée. Il faudrait briser le mur du silence !!! Nous, membres de la commission Droits avons été très touchés par ce cas de discrimination à l’embauche. Nous avons décidé de suivre l’affaire de ce jeune venu nous demander de l’aide. Nous souhaitons aussi accompagner tous ceux qui auraient subi un préjudice analogue ou rechercheraient des informations sur ce sujet. Une vraie question se pose à nous, membres du conseil local des jeunes : doit-on se taire ?
Non, pense la commission Droits, si nous gardons le silence nous sommes tous coupables de complicité de discrimination à l’embauche, raciale ou autre… Aujourd’hui nous devons tous nous unir contre ce fléau qui fait qu’une partie de la population, jeune ou moins jeune, se sente exclue. C’est pourquoi nous vous invitons à une réunion extraordinaire du conseil local des jeunes, le 22 décembre 2000 à 18h30 au château d’eau. Cette réunion à l’initiative de la commission Droits, nous permettra de voir ensemble comment nous menons ce combat ! Merci de venir nombreux.
Commission Droits »[15].

20Dans leur appel à mobilisation, les membres de la commission Droits parlent clairement de discrimination à l’embauche et espèrent également voir les membres des autres commissions s’associer à la cause. La commission Droits se pose en défenseur des droits des jeunes et le service municipal est clairement mis en accusation. Finalement, c’est lors de la séance plénière que l’adjoint à la jeunesse vient répondre aux membres du CLJ sur le cas du refus d’embauche d’un vacataire pour cause de nationalité étrangère [16]. Malgré les faits, l’élu à la jeunesse persiste à produire une explication visant à nier toute forme de discrimination ou de racisme et plaide pour le malentendu.

21Pascal : « J’ai indiqué tout à l’heure, sur le sujet qui vous préoccupait et sur l’affiche qu’on veut voir mettre en place, que nous avons une difficulté de recrutement, tout à la fois pour les animateurs jeunesse. Nous avons le souci de pouvoir recruter des gens à qui nous allons pouvoir offrir une pérennisation d’emploi. [...] Nous avons effectivement, pas outrepassé, mais fait des tentatives pour mettre le pied à l’étrier à des jeunes. Ça s’est soldé, pour ces jeunes eux-mêmes, d’une façon plus ou moins catastrophique alors que nous souhaitions aller dans le bon sens, pour pouvoir pérenniser cet emploi. Or, ça a été plus redoutable (vous savez le retour du boomerang ?) de lui dire au bout de deux mois, de six mois, parfois de trois ou quatre ans : “Nous sommes obligés de nous séparer.” C’est redoutable dans une vie ! C’est redoutable. Donc peut-être que ça a été mal formulé, peut-être que l’on a mal expliqué, mais je préfère dire “non” tout de suite pour ne pas que nous soyons confrontés à ce genre de situations [17] [...] Ce qu’a répondu la DRH, il n’y a aucun caractère raciste ou de personne en tout cas. C’est pour bien lui indiquer que nous ne pouvions pas recevoir sa demande parce que nous ne pourrions pas pérenniser son emploi. Maintenant, il précise que c’est un emploi de vacataire. Il précise que c’est un emploi de vacataire ou occasionnel. Donc, si tel est le cas, je vais le faire vérifier. D’ailleurs, je crois que les services le vérifient. Sur une période, à un moment donné, ça a souvent été le cas et très souvent dans cette ville, et je peux vous produire les documents… » [18]

22La réponse de l’élu s’effectue sur le registre de la compétence administrative et de la maîtrise technique des recrutements, mais son explication en termes d’erreur et de malentendu sur la demande d’embauche du jeune ne convainc guère les membres du CLJ. Sandrine et Cheikh répondent à l’adjoint à la jeunesse que ses arguments d’une absence d’embauche par anticipation d’une déconvenue future pour la titularisation ne sont qu’un prétexte. En effet, justifier l’absence de recrutement par l’impossibilité de pouvoir proposer une position professionnelle future de titulaire ne fait pas sens au regard de la situation. Et l’affirmation de plaider en la faveur du recrutement de nouveaux animateurs permanents ne correspond en rien à la réalité (historique) du service enfance et jeunesse qui veut que la majorité des animateurs et animatrices soit des vacataires. Les membres de la commission Droits, ayant été eux-mêmes vacataires, estiment que le fait que le service ne titularise que peu d’agents et emploie massivement des vacataires auprès de la jeunesse populaire, est bien le fruit d’une volonté municipale. Par ailleurs, l’élu annonce que le problème principal dans le fonctionnement du CLJ se trouve dans le manque d’autonomie des jeunes et notamment par rapport aux animateurs du service jeunesse. Se faisant, il propose de redéfinir un travail des commissions à l’avenir sans l’intervention d’animateur. Cette annonce exaspère les membres du CLJ qui estiment que c’est justement plus d’encadrement et de moyens qui seraient nécessaires à un meilleur fonctionnement.

23Mah : « Je regrette que deux commissions aient disparu du conseil : la commission culture et la commission loisirs. Peut-être, n’avons-nous pas été assez solidaires entre conseillers ? Il n’y a pas eu de coordinateur, c’est sans doute quelqu’un d’essentiel pour faire vivre un conseil. Cela a gêné la communication de tout le conseil. En fait, chaque commission a travaillé en solo. Pour qu’il y ait un vrai CLJ, il faut un lieu reconnu, une adresse, du matériel, un budget autonome et un coordinateur qui communique les avancées d’une commission aux autres commissions. » [19]

24Pour les membres du CLJ, ce n’est pas tant l’autonomie qui pose problème, que l’absence de coordination du travail, d’encadrement par des animateurs et d’une meilleure communication et notamment par l’indépendance matérielle et symbolique vis-à-vis des instances municipales. En fait, les commissions les plus centrales pour les élus se sont délitées par manque de motivation et d’investissement des jeunes. La conception de l’autonomie des élus est battue en brèche par les membres de la commission Droits.

25Sandrine : « Et puis, il y a un problème qui, pour nous, est majeur : c’est le problème d’autonomie ! Quand vous parlez d’autonomie, vous avez dit des trucs tout à l’heure, mais c’est super flou ! C’est super flou ! […] Il s’agit du problème du lieu. Vous n’avez pas de lieu ou de local identifié. On n’a pas de carte non plus. Pas de voiture ! En fait, on voulait savoir : pourquoi être autonomes ? Pourquoi enlever les animateurs ? Ont-ils une influence sur nous ? Qu’est-ce qui vous fait peur ? [...] Pour la commission Droits, ils pensent qu’il y a de la censure, qu’ils n’ont pas une réelle autonomie, car, à partir du moment où ils choisissent un sujet qui est un peu trop épineux, on les remet dans le “droit chemin”, le “droit chemin” pour la municipalité ! Par exemple, des menaces de couper les subventions, des choses dans ce genre-là. Et puis, il n’y a pas de reconnaissance du travail, c’est-à-dire que l’on n’a pas de soutien moral de la mairie, à part un petit pot de l’amitié pour dire que c’est bien. C’est tout… » [20]

26Certains membres du CLJ considèrent également que le refus de prendre en compte la candidature d’un jeune pour cause de nationalité étrangère constitue bien une pratique discriminatoire à l’embauche comme à la titularisation. La commission Droits se présente comme déterminée à mener une bataille juridique s’il le faut, pour faire reconnaître ce problème et faire un signalement à la commission départementale d’accès à la citoyenneté (CODAC) [21]. Une lettre a été envoyée au médiateur de la République par les jeunes de la commission, mais sa réponse est interceptée en mairie. Au final, la plainte pour discrimination n’est pas menée à son terme notamment du fait de la démobilisation du jeune ayant été discriminé. Cette accusation de pratiques discriminatoires participe fortement du contentieux entre la commission Droits et les élus. Cheikh apprend quelques semaines après cette affaire que sa candidature au poste d’animateur au service jeunesse n’est pas retenue (Bordes, Vulbeau, 2004, p. 59). Elle marque durablement le rapport aux institutions, aux élus et au directeur du service municipal de la jeunesse de l’époque.

27Cheikh : « Après, à partir de cette époque-là, mon comportement vis-à-vis de la mairie a changé. Je ne laisse pas passer ! Maintenant, je suis rancunier par contre, c’est vrai. Je ne les lâche pas. Parce que le maire de l’époque m’a dit qu’au Blanc-Mesnil, la discrimination n’existe pas. Ah d’accord ! Mais depuis ce jour, tu as pu le voir, je ne l’ai pas lâché ! » [22].

28Le fonctionnement du CLJ révèle les conflits latents autour de l’encadrement de la jeunesse. La critique de la politique municipale de la jeunesse comme l’enjeu de la reconnaissance des discriminations ont constitué pour plusieurs des membres de la commission Droits et du CLJ un moment important de leur socialisation politique et de leur rapport aux institutions. L’absence de reconnaissance des phénomènes de discriminations [23]au cœur même de l’exécutif municipal, les tentatives des élus et cadres du service jeunesse d’ignorer le travail de la commission Droits, ont convaincu ces membres de la nécessité et de l’importance de persévérer dans leurs engagements. Par leurs multiples actions et l’appui de partenaires extérieures qui ont encouragé leurs initiatives comme de médias qui en ont rendu compte, la commission Droits a donc gagné l’attention de la municipalité. À travers le conflit avec les élus et les responsables de l’administration municipale, ils ont pris progressivement conscience de la portée politique de leur travail.

29En se saisissant du CLJ comme d’un outil d’expression, les jeunes de la commission Droits ont subverti en partie les objectifs initiaux d’une simple assemblée consultative. Ces tensions sont également le fruit des divergences sur les objectifs d’un dispositif qui mélange les principes de la démocratie représentative (qui suppose un pouvoir et des moyens) avec ceux de la démocratie délibérative ou participative (disposant souvent d’un simple rôle consultatif). Ce flou entre les objectifs d’expression, de délibération et de concertation alors même qu’ils relèvent d’enjeux distincts (Sintomer, 2011), a permis l’émergence d’un discours critique de la part des jeunes. La volonté plusieurs fois énoncée par les élus de donner la parole aux jeunes a par ailleurs favorisé la venue de jeunes intéressés pour évoquer des sujets leur paraissant importants. L’action d’écoute et d’accompagnement de Zouina et Catherine, animatrice au service jeunesse a également joué un rôle prépondérant. Enfin, si les membres du CLJ se sont autorisés à donner leur avis, ils ne se sont pas contentés d’exprimer simplement leur souhait sur le choix des activités récréatives, mais leur analyse a aussi porté tant sur la gestion du personnel, le travail d’animation, les discriminations et les conditions de participation de la jeunesse populaire. L’expérience de ce premier conseil des jeunes a constitué une prise de conscience des différends qui opposent une partie des jeunes aux élus que cela soit sur la place qui leur est accordée ou sur la reconnaissance des discriminations à l’encontre de la jeunesse des cités. Après cette expérience participative, plusieurs membres du CLJ ont été sollicités pour participer à la liste menée par la municipalité communiste, une des membres de la commission Droit a accepté quand plusieurs autres ont refusé. Parmi ces derniers, certains se sont engagés lors des élections municipales suivantes sur des listes dissidentes et concurrentes à celle du PCF.

Bibliographie

  • Bordes V., Vulbeau A., L’alternative jeunesse, Éditions de l’Atelier, 2004, 132 p.
  • Eberhard M., « Habitus républicain et traitement de la discrimination raciste en France », Regards Sociologiques, n° 39, 2010, pp. 71-83.
  • Hadj Belgacem S., « Reconquérir la jeunesse des cités  ? », Mouvements, n° 85, 2016, pp. 95-103.
  • Le Goff T., « L’insécurité “saisie” par les maires. Un enjeu de politiques municipales », Revue française de science politique, vol. 55, n° 3, 2005, pp. 415-444.
  • Mazeaud A., « Allocation de l’argent public et budget participatif des lycées  : règles du jeu et pratiques délibératives », Genèses, vol. 88, n° 3, 2012, pp. 89-113.
  • Mazouz S., « Ni juridique, ni politique. L’anti-discrimination en pratique dans une commission pour la promotion de l’égalité des chances et la citoyenneté », Droit et société, vol. 86, n° 1, 2014, pp. 11-32.
  • Rossini N., « Quand l’expérimentation citoyenne mène à l’expérience sociale  : sur les pas des conseils d’enfants et de jeunes », in La jeunesse comme ressource (Vulbeau A., dir.), ERES, coll. Questions vives sur la banlieue, 2001, pp. 201-202.
  • Sintomer Y., « Délibération et participation : affinité élective ou concepts en tension ? », Participations, n° 1, 2011, pp. 239–276.

Notes

  • [1]
    « Un conseil d'enfants et ou de jeunes voit sa création marquée par une décision politique notifiée par une délibération du conseil municipal (lorsque le territoire est la commune). Celle-ci identifie une tranche d'âge et des modalités de désignation concernant les futurs jeunes conseillers, ainsi que les éléments de base de son fonctionnement. Une fois le conseil officiellement créé, une campagne d'information a lieu dans les établissements scolaires (et parfois les centres sociaux, les MJC…) afin que les élections s'engagent. Des jeunes se portent candidats pour devenir “jeunes conseillers” et représenter leurs camarades, et tous les jeunes de la tranche d'âge seront électeurs ». (Rossini, pp. 201-202).
  • [2]
    Leterrier J.-M. et Buffet M.-G, Citoyens, chiche ! : le livre blanc de l’éducation populaire, Éditions de l’Atelier, 2001, 174 p.
  • [3]
    Buton F. et Mariot N., Pratiques et méthodes de la socio-histoire, PUF-CURAPP, 2009, 217 p.
  • [4]
    Le conseil local des jeunes, « Défends tes idées », Ça Bouge, mai-juin 1999.
  • [5]
    AMBM, supplément « Budget 2000, Votre argent pour votre ville » au Mensuel, mai 2000, p. 34
  • [6]
    Commission Droit et Moreau R., Garde à toi, garde à vue : mode d’emploi, La Cathode, 2001.
  • [7]
    APZM, entretien dans le cadre du CLJ de Cheikh, réalisé au centre social des Tilleuls, le 17 mai 2001.
  • [8]
    De Beauvoir C., « Au Blanc-Mesnil, les jeunes gardent un œil sur la police », Libération, 4 sept. 2000, p. 16.
  • [9]
    Créés dans le cadre de la politique de la ville, les contrats locaux de sécurité sont apparus pour répondre à une demande croissance des maires face aux « problèmes d’insécurité » qui ont constitué un enjeu électoral important lors des élections municipales de 2001 (Le Goff, 2005).
  • [10]
    La Cathode n’est pas société, mais une association loi de 1901, implantée en Seine-Saint-Denis et qui a arrêté son activité en 2013. « Elle déploie un travail important d'ateliers de réalisation de films dans les quartiers de la région parisienne. À partir de ce travail de terrain, la Cathode développe une importante production de documentaires (…) et la web télévision regards2banlieue.tv. L'association regroupe des réalisateurs, des chercheurs, et des intervenants sociaux: travailleurs sociaux , animateurs, enseignants… ». Site internet www.lacathode.org.
  • [11]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, p. 11.
  • [12]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, pp. 11-12.
  • [13]
    Entretien enregistré de Yann, le 5 déc. 2007, à la maison pour tous du chemin Notre-Dame.
  • [14]
    APZM, note d’information de Zouina Meddour à l’attention de M. Joël Houssin, responsable du service municipal de la jeunesse, Blanc-Mesnil, le 10 novembre 2000.
  • [15]
    APZM, tract de la commission Droits aux membres du conseil local des jeunes, le 18 déc. 2000.
  • [16]
    Concernant les postes d’animateurs vacataires, soit des emplois contractuels, la condition de nationalité n’est pas requise. « Aucune condition de nationalité n'est exigée d'un agent non titulaire. Il doit être titulaire d'un titre de séjour l'autorisant à travailler en France ». D. n°88-145, 15 févr. 1988, relatif aux agents non titulaires de la fonction publique territoriale (FPT). Concernant les postes d’animateurs titulaires au service jeunesse, il est nécessaire d’avoir la nationalité française ou d’un pays de l’UE (ou de Suisse) étant donné que les animateurs dépendent de la fonction publique territoriale. L. n°83-634, 13 juill. 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires : art. 5 à 5 ter.
  • [17]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, p. 24.
  • [18]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, p. 15.
  • [19]
    APZM, Mah, commission Droits, « Manque de communication », Ça Bouge, n° 44, oct.-nov. 2001.
  • [20]
    APZM, compte rendu de la réunion du conseil local des jeunes, séance du 17 nov. 2000, en présence de l’élu adjoint à la Jeunesse et dirigé par le directeur du service jeunesse.
  • [21]
    Cette première instance a inauguré la lutte anti-discrimination en 1999 et a été remplacée par les COPEC et la HALDE en 200,5 à leurs tours remplacés par le défenseur des droits depuis 2011 (Mazouz, 2014).
  • [22]
    Entretien enregistré de B., le 23 mars 2008, au centre social des Tilleuls.
  • [23]
    Il est possible de comprendre ces freins en lien avec la peur d’être incriminé, mais aussi avec le partage d’un « habitus républicain » défavorable à saisir le phénomène des discriminations dans sa dimension ethnoraciale (Eberhard, 2010).
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