Pour commencer, une petite anecdote.
Lorsqu’on m’a demandé d’écrire quelque chose sur la parole, face à ma timidité, le demandeur a remarqué que je ne devrais pas avoir de difficultés particulières. Faisant référence à mon ancienne formation, il a accompagné l’invitation d’une citation qui, selon lui, devrait me rappeler quelque chose de très connu : « Dis seulement une parole et je serai guéri. »
L’indication, au début, a renouvelé un ancien agacement et m’a paru trompeuse. La correspondance en italien de cette expression, présente dans la liturgie catholique latine de la messe, est presque identique au français, à l’exception du dernier terme, qui sonne « sauvé », et non « guéri ». J’ai toujours été méfiant à cet égard, pour deux raisons : d’abord, parce que c’est comme si, pour continuer le rituel, tout dépendait du caprice d’un Autre et qu’il prononçait (ou non) une parole ; puis, et surtout, parce que le salut semble dépendre d’un dire (ou non) une parole exactement comme les quarante voleurs doivent dire « Sésame, ouvre-toi » pour accéder à la grotte où se cache le trésor. Il y a quelque chose de magique qui est lié au salut-guérison : et c’est quelque chose de faux.
Peut-être cela pourrait-il déjà déclencher une simple réflexion sur la manière de comprendre (et de faire comprendre) la parole dans le champ de notre discipline psychanalytique. À savoir : il n’y a rien de magique. (Et l’on pourrait ajouter : « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende » …
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