1 « Passer à l’acte » peut s’entendre comme un cri, un cri à faire révolution, du moins à souligner comment l’acte, en psychanalyse, garde aujourd’hui encore, sa quintessence subversive.
2 Tel est l’appel auquel ont répondu, de manière inspirée, les contributeurs à ce numéro. En déclinant, tant d’un point de vue clinique que théorique, les acceptions multiples du mot acte, ils ont su, chacun selon son style propre, influer, animer, vivifier, la problématique de l’acte, aujourd’hui, dans sa contemporanéité. Tous ont relevé le défi : la psychanalyse au risque de l’acte.
3 Les symptômes actuels dénotent une insistance plus tenace de la jouissance mortifère. Cette volonté de jouissance démultiplie les promesses de satisfaction, promesses illusoires, mais elle œuvre aussi à la prolifération d’objets plus de jouir. Aussi n’est-il pas étonnant de constater que nos sociétés poussent ses individus à passer à l’acte. Ce « passer à l’acte » recouvre les dimensions symptomatiques de l’agir et du passage à l’acte.
4 Du côté de la psychanalyse, au travers d’un positionnement éthique face à ce phénomène, le « passer à l’acte » symptôme se transforme en un « passer à l’acte » d’une tout autre dimension, celle qui relève de la dignité de l’acte analytique. Cette transposition d’une rive à l’autre rencontre parfois, notamment en séance, des trébuchements qu’on nomme acting-out. Ces acting-out renferment une adresse qui demande à se faire entendre.
5 Ainsi travailler à élever l’individu soumis à une jouissance insidieuse à la dimension d’un sujet, qui s’assume comme acteur plein de sa jouissance remaniée, n’est-il pas un parcours toujours aisé. Comment permettre le pas de plus, faisant passage d’une satisfaction illusoire à une satisfaction autre ?
6 Espérons que de l’ensemble des textes, tant dans la rubrique thématique que dans celle des questions cruciales pour la psychanalyse, l’engagement du psychanalyste à se faire passeur saura se faire entendre auprès du lecteur.