Couverture de CJ_205

Article de revue

Regards sur l'histoire des Républiques

Pages 89 à 103

Notes

  • [1]
    Commission des Archives constitutionnelles de la Ve République, Archives constitutionnelles de la Ve République, vol. I, 4 octobre 1958-30 novembre 1958, vol. II, 1er décembre 1958-7 janvier 1959, Paris, La documentation française, 2008, 838 p., 779 p., in Cahiers Jaurès, n° 193-194, juillet-décembre 2009, pp. 107-109 ; Commission des Archives constitutionnelles de la Ve République, Archives constitutionnelles de la Ve République, vol. III, 8 janvier 1959-27 avril 1959, volume IV, 28 avril 1959-31 juillet 1959, Paris, La documentation française, 2010, 928 p., 1006 p., in Cahiers Jaurès, n° 198, octobre-décembre 2010, pp. 167-169.
  • [2]
    Dans une bibliographie abondante, il semble que certaines conclusions de plusieurs études de politistes et d’historiens auraient pu donner lieu à des interrogations plus précises de certains témoins. Cf. en particulier : Bastien François, Naissance d’une constitution : la Cinquième République 1958-1962, Paris, Presses de Sciences Po, 1996 ; Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Les partis et la République. La recomposition du système partisan 1956-1967, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
  • [3]
    Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France, Paris, Armand Colin, 3 vol., 1992-1997.
  • [4]
    Mathias Bernard, La dérive des modérés : la Fédération républicaine du Rhône sous la Troisième République, Paris, L’Harmattan, 1998.

La République et ses symboles

1Curieux ouvrage que celui de Bernard Richard qui ne répond à aucun des genres classiques du livre d’histoire. Il en combine en revanche plusieurs : livre dépourvu de notes ne s’appuyant que sur des bibliographies rejetées en fin de chapitre et dont on comprend parfois mal les principes de sélection, le copieux volume de Bernard Richard relève tout à la fois du dictionnaire, du manuel et de la synthèse à laquelle manquent toutefois esprit critique et réflexivité. Hormis une nouvelle défense et illustration du sacro-saint « modèle républicain », interrogé aujourd’hui par toute une historiographie que dédaigne l’auteur, on ne perçoit dans Les emblèmes de la République qu’un catalogue de ceux-ci, au demeurant parfaitement informé et adossé à de très nombreuses lectures. Maurice Agulhon, à l’œuvre duquel Bernard Richard porte une admiration que l’on ne peut manquer de partager, nous avait appris la plupart des faits que nous relate Bernard Richard. Le livre ne s’appuie que très exceptionnellement sur des recherches de première main, et ne remet jamais en cause, par la discussion ou la documentation, les apports d’une historiographie qu’il ne fait guère plus que reprendre à son compte. Les hommages insistants et justifiés à Maurice Agulhon invitent le lecteur à se reporter une nouvelle fois, sans plus attendre, aux livres du maître.

2L’ouvrage de Bernard Richard présente successivement, sans que l’on saisisse très bien ce qui a présidé à l’ordre de ce cortège, les différents emblèmes qui ont constitué l’appareil symbolique de la République. Chacun donne lieu à un chapitre descriptif, parfois noyé dans une érudition un peu dérivative (c’est en particulier le cas du premier chapitre consacré au bonnet phrygien). Le répertoire de Richard est très ouvert puisqu’il intègre non seulement les emblèmes les plus attendus comme le bonnet phrygien, Marianne, l’arbre de la liberté, la Marseillaise, le coq gaulois, etc, mais aussi des « emblèmes secondaires » tel le monogramme « RF », le faisceau de licteur ou la « marque graphique » de l’État voire le Président de la République lui-même, le Panthéon, l’odonymie et les monuments aux morts.

3Sur l’ensemble de ces sujets, le savoir de Bernard Richard est impeccable et l’on sent les années d’accumulation d’un savoir précis toujours exposé avec clarté. Il ne fait aucun doute que de ce point de vue pédagogique son livre remplira les plus grands services. On ne boudera pas son plaisir à la lecture de certaines pages qui réveillent des souvenirs effacés, davantage certes qu’elles n’apportent de connaissances vraiment neuves. Le chapitre sur les arbres de la liberté est sans doute l’un des plus intéressants.

4Outre sa forme éditoriale étrange, le livre soulève un problème d’approche de grande importance. Délaissant une lecture anthropologique assumée dont on aurait pu pousser jusqu’à ses extrémités la thèse culturaliste accueillant la politique comme un système de signes, l’auteur n’en rejette pas moins une conception de la politique plus traditionnelle : la rivalité en vue de la conquête du pouvoir. Il est pourtant bien conscient que tous les signes qu’il scrute méticuleusement vivent et s’épanouissent sous le régime de la querelle. Il en déloge la signification dans le cours d’un processus situé d’appropriation ou de rejet. Le livre de Bernard Richard fait ainsi coexister deux échelles d’analyse : la première consiste à interpréter de façon très générale les emblèmes selon un lexique et une grammaire éprouvés, aux codes universels, la seconde à restituer les conflits, notamment ceux ayant trait aux interprétations et aux appropriations.

5Ce second niveau, qui prend ces distances avec la lecture technique et symbolique des signes en s’ancrant dans une histoire sociale, est le plus maltraité par l’auteur et, plus encore, s’accorde mal avec le premier. De même, Richard renonce-t-il un peu vite à traiter la question de l’efficacité symbolique, pourtant au centre d’une controverse historiographique de grande ampleur qu’il connaît et sur laquelle il passe cependant avec une certaine désinvolture. On le regrette car la grande question du rôle de cet arsenal républicain dans la républicanisation du territoire reste pendante, y compris après les travaux de Maurice Agulhon et de quelques autres (Mona Ozouf, Olivier Ihl, Sudhir Hazareesingh, Nicolas Mariot, etc.). Elle est pourtant d’un intérêt capital.

6Il est clair que Bernard Richard n’a pas voulu entrer dans ce débat ni même en d’autres qu’il lui arrive d’effleurer (par exemple l’impact de la propagande d’État sur les poilus de 1914). Ici réside toute la limite d’un ouvrage dont il convient pourtant de saluer le grand sérieux. Un autre projet éditorial l’eût mis davantage en valeur et lui eût aussi évité quelques redites engendrées par une forme inadéquate. Un ouvrage réussi résulte souvent de la rencontre harmonieuse entre un auteur et son éditeur.

7Bernard Richard, Les emblèmes de la République, Paris, CNRS éditions, 2012, 430 p.

8Christophe Prochasson

Mazamet 1851

9Le titre de l’ouvrage reprend le début du placard affiché à Mazamet le 4 décembre 1851 par des républicains « rouges » qui venaient d’apprendre le coup d’état du 2 décembre. Ils s’en allèrent occuper la mairie de Mazamet pour assurer le triomphe de la République. Arrêtés peu après, avec d’autres suspects de menées révolutionnaires, ils furent « transportés » en Algérie et pour deux d’entre eux en Guyane.

10Rémy Cazals, mazamétain d’origine, connaissait l’épisode depuis sa thèse sur les ouvriers de Mazamet. Il a décidé d’en faire une étude complète, parce qu’il a la passion de redonner la parole au peuple, et que ce que fit le peuple (une partie du peuple) de Mazamet cette année-là n’est pas banal. La riche matière qu’il a pu trouver dans les archives lui a fourni une base permettant une mise en œuvre de l’histoire telle qu’il l’affectionne : proche des sources, soucieuse d’établir la réalité des comportements et des sentiments des laissés pour compte de l’histoire écrite par les détenteurs du pouvoir. On sait la maîtrise toujours plus grande qu’il a acquise dans ce domaine, que ce soit « avec les ouvriers de Mazamet » ou auprès des sans-grades de 14-18.

11Rémy Cazals a ici une démarche très rigoureuse d’historien, mais d’un historien qui ne s’adresserait pas seulement, ni essentiellement, à ses pairs : il s’adresse à tous les lecteurs, leur permettant, par quelques rappels de l’histoire générale, de mettre les documents qu’il propose dans leur contexte. En bon jaurésien, il est pédagogue, respectueux de la capacité d’analyse du lecteur. Il ne surinterprète pas le document (il dit lui-même n’avoir « aucune thèse à défendre ») et si ce que le document dit est évident, il ne le commente pas.

12Le lecteur suit donc la montée des événements pas à pas. Il est immergé dans l’événement, doit se débattre dans sa complexité, tenter lui-même d’expliquer. Page 48, l’auteur cherche même à « restituer la confusion » de l’événement telle qu’elle est vécue par ceux qui le vivent.

13Pour comprendre 1851, il faut d’abord connaître la société mazamétaine, et singulièrement son élément ouvrier. L’ouvrage commence donc en 1845, avec un fort mouvement contre la baisse des salaires, puis pour la libération de grévistes arrêtés. À la mi-février 1848, une agitation de type luddiste a lieu, face à l’installation des premières mule-jennies, et le travail ne reprend qu’au moment où commence la révolution parisienne, le 22 février.

14L’instauration de la République voit le peuple ouvrier réclamer d’abord le départ des « fonctionnaires où employés aujourd’hui en place », qui venaient d’exercer la répression. Des notables républicains apparaissent, dont le nouveau maire Decazis, un médecin croyant en la science, soucieux d’enseigner le peuple et de combattre les superstitions. Mais le parti de l’Ordre se renforce vite : Rémy Cazals l’analyse parfaitement. En revanche, il aurait semble-t-il mieux pu dégager le processus de politisation d’une partie du peuple, en marche vers la « République sociale », la « République des petits ». L’opposition classique entre « bleus » et « rouges » est éludée. Il n’est pas dit par exemple qu’en 1849 la liste républicaine qui l’emporte dans le Tarn est qualifiée de « rouge » (ou « démoc-soc »). Les insurgés de 1851 sont à l’intersection de la très petite bourgeoisie et du monde ouvrier. Ils sont des « rouges » au sens qu’avait ce mot à l’époque, ce que R. Cazals omet de dire au lecteur en écrivant (page 186) : « La République qu’il s’agissait de défendre n’était vraiment pas rouge ». Bien que Mazamet soit éloignée des villes d’où rayonnent les idées nouvelles, bien qu’elle n’ait pas de journal purement local, pas de loge maçonnique, à peine un club démocratique en 1848, cette ville voit une partie de son peuple, peu à peu, face au poids écrasant du parti de l’ordre, se familiariser avec des idées radicalement nouvelles. On apprend à chanter La Marseillaise et un ouvrier déclare un jour dans un café que « la propriété est un vol ! ». À deux reprises en novembre 1851, une poignée d’entre eux affiche deux placards « séditieux » appelant ouvriers et paysans à la « résistance » pour sauver la « sainte cause » de la « République sociale ». Une société secrète se constitue, avec réunions dans un café, prestation de serment sur la lame d’un couteau, menace de mort en cas de trahison. Quel cheminement, en trois ans, depuis le stade « luddiste » où se trouvaient les ouvriers trouvaient à la mi-février 1848 !

15Mais cette société secrète est isolée, très faible. Ses membres sont mal organisés, et, R. Cazals ne le cache pas, naïfs : quand ils décident d’occuper la mairie, ils croient que Bonaparte a été arrêté et est incarcéré à Vincennes. Une lettre venue d’Albi le leur annonçait…

16La dureté de la répression après une initiative aussi peu réfléchie est particulièrement inutile. Mais les défenseurs de l’Ordre avaient eu peur et ils tenaient, par l’exemplarité des peines prononcées, à dissuader tous ceux que tenterait encore la remise en cause de l’ordre existant. La veulerie réactionnaire des « élites » atteint des sommets avec le conseil municipal de Labastide-Rouairoux qui, s’adressant au Prince-Président déclare : « vous avez muselé le monstre, mais il n’en conserve pas moins l’espoir de nous dévorer un jour. Ses espérances coupables, il les puise dans le régime électif qui préside au choix du pouvoir suprême. Et, dût la patrie avoir le sort de la généreuse Pologne qui succombe à cause de la monarchie élective, il ne renoncerait pas à ses coupables projets. La monarchie héréditaire convient essentiellement aux nations qui ont atteint l’apogée de la civilisation »…

17Rémy Cazals nous fournit une belle illustration de l’histoire de la Seconde République. On doit saluer la rigueur de sa méthode, la véritable ascèse intellectuelle dont il fait preuve pour nous faire entrer vraiment dans le Mazamet de l’époque et nous éviter d’aller vers la facilité d’étiquetages trop hâtifs.

18Il fait revivre un épisode original de l’histoire de cette ville où, pour une fois, les querelles entre protestants et catholiques ne sont pas la toile de fond des événements. Comme la ville eut par la suite l’histoire très conservatrice que l’on sait, la mémoire des proscrits n’y fut pas honorée. Rémy Cazals rend ici justice et surtout redonne vie à ces héros modestes et émouvants de la « Sociale » : Barthès, Bordes, Carayol, Debesse, Dougados, Gasc, Mialhe, Raynaud et les autres…

19Rémy Cazals, Bonaparte est un factieux ! Les résistants au coup d’État, Mazamet, 1851, Paris, Vendémiaire, 2011, 222 p.

20Jean Faury

S’engager ! Les dreyfusards à l’œuvre

21Le livre qu’a publié en 2010 Vincent Duclert constitue à la fois un aboutissement, et un point de départ. Il est une nouvelle étape dans cette « recherche de la base et du sommet » (pour reprendre le joli titre de René Char cité en introduction) de l’Affaire Dreyfus, entreprise par notre collègue et ami depuis plusieurs années, et qui lui a déjà permis d’offrir à ses lecteurs nombre de publications (dont la monumentale biographie de Dreyfus en 2006). Le livre présenté ici est cette fois tiré de sa thèse qui porte sur l’usage des savoirs et l’engagement des savants dans l’Affaire. Vincent Duclert en a extrait ce premier ouvrage, surtout concentré sur les modalités et le contenu de l’engagement dreyfusard. Il nous en promet un second – que l’on attend avec impatience ! – portant plus spécifiquement sur le parcours des savants dreyfusards (moins étudiés parmi les intellectuels, note-t-il, que les écrivains et les artistes) et sur l’éthique des savoirs que ces derniers ont forgée à l’occasion de l’Affaire.

22D’ores et déjà, la richesse de ce premier volet a de quoi satisfaire la curiosité du lecteur. V. Duclert atteste encore une fois son aptitude à exhumer correspondances, travaux et témoignages, largement cités au fil des pages, et qui donnent chair à ce que fut l’engagement dreyfusard. On retrouve Jaurès bien sûr, un Péguy parfois indulgent, les trois frères Reinach. On se rappelle la pompe indignée d’Émile Zola, l’activisme de Lucien Herr. On croise le très sérieux Gabriel Monod, le vieux Scheurer-Kestner, le soucieux Elie Halévy, le très droit Émile Duclaux ou encore le malheureux Édouard Grimaux (chimiste et professeur à Polytechnique, il est mis à la retraite d’office à la suite de ses prises de position en faveur de Dreyfus). Les uns et les autres discutent à Paris, échangent des lettres au hasard des affectations ; ils convergent en 1899 à Rennes, accueillis par Victor Basch ou Henri Sée. Il y a bien peu de femmes parmi tous ces messieurs – Vincent Duclert a raison, leur étude reste à faire – sauf quelques épouses engagées ou même une belle-mère inquiète. Mais on voit bel et bien revivre toute une élite intellectuelle républicaine, dont les membres sont unis par des liens familiaux, amicaux, professionnels, où jouent le réseau des normaliens, comme les héritages alsaciens ou protestants.

23Ces liens permettent la circulation des informations et le doute grandissant qu’elles alimentent concernant la culpabilité de Dreyfus ; de proche en proche, ils poussent à l’engagement. Car pour s’engager, ces dreyfusards s’engagent ! Ils sont très loin pour certains d’être seulement des écrivains rêveurs ou de naïfs universitaires et savent bien quand il le faut recourir aux nouveaux mécanismes de la société d’opinion. Le scandale de « J’Accuse », qui choqua tant et même d’abord quelques dreyfusards, reste un modèle du genre. Mais il n’y a pas que cela. S’inventent en général de nouveaux procédés, adaptés à l’ère de la presse, qui mêlent lettres ouvertes individuelles et protestations collectives (on recherche les bonnes personnes pour les pétitions, on se soucie des titres que peuvent mettre en avant les pétitionnaires). Les dreyfusards ne se contentent pas seulement de représenter leur indignation face au déni de justice et à la trahison des valeurs républicaines ; ils travaillent aussi, comme experts ou comme auteurs. On sait le rôle que jouèrent les chartistes dans l’examen de l’écriture du fameux bordereau. Lors de la longue enquête menée par la Cour de Cassation et qui aboutit en 1906 à la réhabilitation de Dreyfus, ce sont les mathématiciens, Henri Poincaré en tête, qui sont sollicités pour dénoncer l’imposture de Bertillon. On se souvient encore des Preuves de Jaurès ou encore de la grande histoire immédiate de l’Affaire publiée par Joseph Reinach.

24Qu’est-ce qui pousse ce petit monde de savants, de sages historiens, de politiques ou d’écrivains pour certains déjà bien lancés dans la carrière, à délaisser leurs électeurs ou leurs travaux de plumes pour rallier la cause dreyfusarde ? La question se pose d’autant plus que, comme le rappelle V. Duclert, l’action n’est pas toujours sans risque. Même si les administrations centrales font souvent rempart, l’État républicain emploie bien (ou au moins menace d’employer) la sanction contre des fonctionnaires accusés de manquer à la neutralité lorsqu’ils défendent l’innocence de Dreyfus. Et pourtant l’engagement persiste, et s’amplifie. C’est que, aux yeux de l’auteur, cet engagement, et notamment celui des savants, est doublement étayé par la conception qu’ils ont de leur savoir et de la République. C’est tout un pour eux de défendre la rationalité scientifique et la rationalité publique. Ils refusent aussi bien le faux et l’arbitraire de la pensée, que l’arbitraire politique et la compromission des principes qui fondent la République, c’est-à-dire l’individualisme démocratique et le respect des libertés. Leur position lie la morale, la science et la croyance qu’ils entretiennent dans la promesse de la « République libérale ». Est-il si sûr cependant que tous mettent, dès cet instant, la même chose derrière ce concept ? La question serait à elle seule la matière d’un autre livre.

25Ce n’est en tous les cas pas amoindrir la portée, sur le moment et pour l’avenir, de cet engagement que de noter – et les extraits des correspondances sont à cet égard passionnants – qu’y interviennent aussi tous les affects et les passions humaines. L’Affaire, c’est aussi les émotions qui étreignent les dreyfusards : la répulsion quasi-physique des premiers d’entre eux devant le spectacle de la dégradation et plus tard (au moment du procès Zola) devant la violence des foules, l’attente éperdue de voir Dreyfus à Rennes, la peur du coup d’État qui vous empêche de travailler, l’aigreur devant la passivité d’une province toute balzacienne ou au contraire l’enthousiasme lorsque l’on a le sentiment, le temps d’une réunion publique, que l’on est parvenu à la conquérir. Les lettres révèlent aussi les relations humaines que transforme l’Affaire : les réconciliations, les amitiés revivifiées ou au contraire trahies, l’agonie des grands morts (Scheurer-Kestner, Grimaux) qui évoquent des souvenirs et appellent au combat. Toutes les raisons d’un événement ne sont pas raisonnables, comme le rappelait avec sagesse Marc Bloch ; cela ne fait que rendre plus vivants, jusqu’à aujourd’hui, les dreyfusards.

26Et Vincent Duclert les fait effectivement revivre, avec la force de conviction qu’on lui connaît et qu’on ne lui reprochera pas de manière desséchée, tant elle porte son analyse. Le monde savant et intellectuel qu’il nous présente à certains instants paraît très proche et présent, à d’autres plus lointain. L’innocence dans la définition d’une certaine conception du savoir, où la vérité n’est pas relative, la croyance dans les pouvoirs de l’Université, entendue non comme une administration mais comme une noblesse, la foi dans la dynamique et l’énergie vivante des principes de la République… Il y là des choses qui se sont pour le moins atténuées. Mais on aurait tort d’y voir une invite à la nostalgie et ce n’est pas ce à quoi nous expose le livre. Il nous rappelle seulement que l’engagement, le souci du monde des autres et la morale ne sont pas incompatibles avec l’expérience intellectuelle et savante et qu’au contraire, ils lui permettent de se continuer.

27Vincent Duclert, L’Affaire Dreyfus. Quand la justice éclaire la République, Toulouse, Privat, 535 p.

28Marion Fontaine

Comment faire une constitution ?

29Nous avions déjà rendu compte dans nos pages des quatre premiers volumes publiés à la documentation française sous le titre d’Archives constitutionnelles de la Ve République [1]. Le volume 5 n’est pas constitué de documents d’archives mais d’entretiens avec des acteurs de la naissance de la constitution en 1958 puis de son application. Certains interviewés avaient déjà livré des témoignages écrits – dans leurs mémoires par exemple - ou oraux, d’autres par contre sont totalement inédits – c’est en particulier le cas pour Jean Mamert, pour un texte riche. Les entretiens ont été réalisés entre 2003 et 2010, la plupart en fait en 2003 et 2004, tous les textes ont été validés par les témoins. Plusieurs acteurs de cette histoire sont aujourd’hui décédés (Jean Foyer, François Luchaire, Pierre Messmer) et certains l’étaient avant d’avoir pu être interrogés (parmi les acteurs de premier plan de cette histoire constitutionnelle on peut penser à Jérôme Solal-Celigny décédé en 1974). Par ailleurs, il faut rappeler que d’autres acteurs de ce moment constitutionnel de 1958 ont proposé des témoignages écrits (Raymond Janot, Roger Belin) ou oraux déposés à la fondation Charles de Gaulle et à l’association Georges Pompidou.

30Les témoignages sont regroupés en trois parties : ceux des membres du groupe de travail chargé de préparer le projet de constitution (Michel Aurillac, André Chandernagor, Jean Foyer, Yves Guéna, François Luchaire, Jean Mamert, Alain Plantey, Max Querrien), ceux des secrétaires généraux du gouvernement (Marceau Long, Jacques Fournier, Renaud Denoix de Saint Marc) et ceux d’autres personnalités (Pierre Sudreau, Pierre Messmer, Michel Ameller, administrateur à l’Assemblée nationale et membre du Conseil constitutionnel de 1995 à 2004, et Michel Charasse).

31Les différents textes ne se situent bien sûr pas tous sur le même plan compte tenu des rôles respectifs et des souvenirs plus ou moins altérés. Il n’en reste pas moins que l’on apprendra beaucoup à la lecture sur les enjeux liés à l’Outre-Mer, à l’Algérie, aux rapports entre Matignon et l’Elysée. On dispose aussi d’un portrait en creux du général de Gaulle et de Michel Debré. On peut également disséquer l’ampleur des petites manœuvres politiques… Pour un point de vue « de gauche », André Chandernagor, représentant de Guy Mollet ministre d’État au groupe des experts, livre sa vision des institutions.

32Les témoignages des secrétaires du gouvernement, fonction majeure mais souvent méconnue de notre édifice institutionnel, concernent des thématiques beaucoup plus larges que la préparation de la constitution de la Ve République. On apprend en effet beaucoup sur la période allant de 1975 à 1995, le poste de secrétaire général du gouvernement étant particulièrement intéressant dans les situations d’alternance politique. Quant au long témoignage de Michel Charasse, il est très révélateur de la manière dont François Mitterrand s’est adapté parfaitement à un texte constitutionnel auquel il s’était auparavant opposé.

33L’avantage des témoignages oraux, même retranscrits et visés par les interviewés, réside sans doute dans la franchise de certaines déclarations. Si on oublie les déclarations d’autosatisfaction qui marquent certains textes, on trouve en tout cas des déclarations très directes sur bon nombre d’épisodes politiques de la Ve République.

34D’un point de vue méthodologique, on pourra regretter que les entretiens aient été menés parfois de manière surprenante, Olivier Passelecq livrant souvent des jugements de valeur. Certes, on peut considérer que les approbations enthousiastes et répétées sont des « chevilles » pour encourager l’interlocuteur à développer sa pensée, mais à la lecture de ce volume, on déplorera souvent que les entretiens ne soient pas plus approfondis et n’aient pas été réalisés de manière plus scientifique. De plus, si les travaux antérieurs sur la constitution de la Ve République sont mobilisés, les recherches des politistes et des historiens sont totalement absentes de ce travail [2].

35Il n’en reste pas moins que ce volume constitue un recueil très vivant permettant de saisir près de quarante ans de vie de la Ve République et à ce titre sa lecture est nécessaire pour ceux qui s’intéressent à l’histoire politique française contemporaine. De plus un travail précis d’indexation en rend l’usage aisé.

36Commission des Archives constitutionnelles de la Ve République, Archives constitutionnelles de la Ve République, vol. 5, Témoignages 1958-1995, Paris, La documentation française, 2011, 524 p.

37Alain Chatriot

Les forces politiques en Bretagne

38Les trois tomes de l’Histoire des forces politiques en France de Pierre Lévêque constituent une somme précieuse et encore inégalée à l’échelle nationale [3]. Ils ont malheureusement suscités peu de vocations à l’échelle régionale, travaux susceptibles d’enrichir et de nuancer les schémas nationaux.

39Christian Bougeard vient de s’en charger pour la Bretagne, qu’il connaît de longue date. Il en a écumé les archives et a lu toutes les publications d’histoire politique, siégeant également au jury de nombreux masters et thèses. Il propose une synthèse bienvenue sur l’histoire politique de cet espace souvent considéré comme singulier. L’auteur divise son travail en huit chapitres : deux sur les droites de l’entre-deux-guerres, trois sur les gauches durant la même période, un sur la Seconde Guerre mondiale, un sur 1945-1946 ; le huitième chapitre porte sur « les relais des partis politiques et des élus » (presse, syndicats…). Plutôt que de reprendre le fil de cette progression ou de tenter de résumer la géographie politique de la Bretagne, étudiée par Christian Bougeard dans ses oppositions et ses nuances, la recension s’attache ici à faire la part des traits qui singularisent la Bretagne et des éléments qui semblent plus en phase avec l’évolution nationale.

40La Bretagne de 1914 à 1946 est une région encore rurale où le poids du catholicisme domine. Le trait plus saillant, par son anachronisme apparent, est le poids toujours réel des monarchistes. Christian Bougeard montre bien leur déclin, mais aussi la persistance de leur influence, notamment en Loire-Inférieure. Il consacre plusieurs pages à la condamnation de l’Action française par le pape, mal vécue et partiellement relayée seulement par l’épiscopat breton peu soucieux de républicanisme. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les royalistes comptent encore des élus, locaux et même nationaux. Par l’intermédiaire du Comité de la droite, ils contrôlent l’essentiel de la vie politique en Loire-Inférieure. Cette résistance des conservateurs explique l’apogée tardif du radicalisme en Bretagne, lors des élections législatives et sénatoriales de 1932, en net décalage avec son histoire nationale.

41La Bretagne n’est pas un isolat et, si certaines évolutions nationales y sont décalées dans le temps, leur effet se fait néanmoins sentir. L’implantation socialiste y est assez précoce, même si elle demeure longtemps à l’état d’archipel. Le socialisme breton est certes faible à l’échelle nationale (108 mandats au congrès de Tours contre 721 pour la seule fédération de la Seine…), mais Brest a eu un maire socialiste dès 1904 et, si la SFIO a perdu la municipalité en 1908, elle l’a reconquise dès 1912. Concarneau apparaît comme un laboratoire et un bastion des gauches marxisantes, socialiste tout d’abord, puis communiste à partir de 1935 et comportant même une active section trotskiste du Parti Ouvrier Internationaliste. Le PCF est extrêmement faible en Bretagne, ne dépassant presque jamais 5% des suffrages exprimés lors des élections législatives. Comme en France en revanche, la SFIO devance le parti radical-socialiste en 1936, avec huit députés contre six. L’auteur montre bien les progrès des gauches dans les années 1920 et les reclassements à l’œuvre dans la décennie suivante. Comme à l’échelle nationale, les radicaux-socialistes sont partagés entre alliance à gauche et hostilité au collectivisme. Le centre gauche laïque s’affaiblit et se droitise. Les années 1930 permettent également d’observer en Bretagne la dérive des modérés étudiée ailleurs [4] : Christian Bougeard titre significativement l’un de ses chapitres « Vers la radicalisation des droites dans les années 1930 ». La droitisation est observable dès le centre droit et va jusqu’à l’extrême droite. La Bretagne est un lieu d’expression privilégié des Chemises vertes : c’est à Rennes qu’est publié Le Progrès agricole de l’Ouest dirigé par Henri Dorgères. La droite se rajeunit également : l’itinéraire du notaire Jean Crouan, élu député du Finistère en 1936 et membre des Jeunesses de la Fédération républicaine, en témoigne. Les élections locales de la fin des années 1930 sont favorables aux modérés et aux conservateurs qui prennent la présidence de nouveaux Conseils généraux (Ille-et-Vilaine et Morbihan) en 1937 et conquièrent six sièges de sénateurs en 1938. Le PSF opère une percée remarquée. Comme ailleurs, son ascension est brisée par la Seconde Guerre mondiale.

42Christian Bougeard livre une étude précise des partis et mouvements collaborationnistes. Il montre combien ceux-ci étaient numériquement faibles, le plus souvent composés d’une poignée de parents ou d’amis, peu en prise avec la société locale. La tendance la plus à même d’enraciner le collaborationnisme dans la population bretonne aurait pu être l’autonomisme ou l’indépendantisme. Toutefois, l’engagement de certains de ses militants aux côtés des Allemands se heurte à la défiance puis à l’hostilité de Bretons qui, pour être volontiers régionalistes, ne s’en montrent pas moins patriotes durant l’Occupation. L’auteur estime d’ailleurs que cette compromission du nationalisme breton pendant la Seconde Guerre mondiale explique la difficulté de sa renaissance durant le second XXe siècle. Christian Bougeard évoque de manière plus rapide les mobilisations antifascistes des années 1930 et même la Résistance (sujet qu’il connaît pourtant bien, auteur notamment d’un précédent ouvrage sur la Résistance en Bretagne).

43L’analyse des scrutins et du personnel politique à la Libération montre quelques changements apparents mais finalement peu de bouleversements fondamentaux. Les partis de gauche connaissent, comme ailleurs en France, un fort afflux militant et le PCF sort de sa marginalité électorale en Bretagne. Toutefois, comme avant la Seconde Guerre mondiale, la droite continue à dominer la vie politique. Elle détient toujours trois Conseils généraux sur cinq. En 1946, le projet de Constitution défendue par socialistes et communistes ne recueille que 39% des suffrages en Bretagne. Les conservateurs, quelle que soit l’étiquette dont ils se parent après le conflit, parviennent à réaliser une synthèse entre anciens résistants et notables compromis durant l’Occupation. Le centre laïc apparaît considérablement affaibli, même si l’habileté d’une personnalité, René Pleven, lui accorde une place supérieure à son poids électoral, dans les Côtes-du-Nord essentiellement. L’espace politique s’ouvre davantage que durant l’entre-deux-guerres à une tendance longtemps restée à l’état de force émergente, la démocratie chrétienne.

44Le MRP reprend l’essentiel de l’héritage du PDP mais déborde largement ce cadre et devient la principale force partisane du centre de l’éventail politique. Le MRP est facteur de nouveauté (les trois femmes élues députés le sont avec cette étiquette). Le succès du MRP est à mettre au compte, selon Christian Bougeard, d’« une réappropriation originale des valeurs républicaines qui porte ses fruits après 1945 » (p. 349). Cette réussite est toutefois longue à venir, la démocratie chrétienne étant apparue un demi-siècle plus tôt. Elle a, durant l’essentiel de la période 1914-1946, été prise entre deux clivages : se distinguant des conservateurs sur la question sociale, elle demeure à droite de l’autre ligne politique de partage des eaux, la question laïque. La persistance de celle-ci comme facteur de distribution du système partisan constitue l’une des conséquences les plus durables de la politique française à la fin du XIXe siècle et un élément déterminant de la culture politique républicaine. Son occultation au temps du tripartisme n’est d’ailleurs que partielle et provisoire, l’auteur le souligne en évoquant la renaissance de la guerre scolaire dans l’après-guerre, en Bretagne comme dans le reste de la France. Pour l’histoire ultérieure de cet Ouest parfois si singulier mais néanmoins lié à l’évolution nationale, nous attendons désormais que Christian Bougeard poursuive son entreprise…

45Christian Bougeard, Les forces politiques en Bretagne. Notables, élus et militants (1914-1946), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, 388 p.

46Fabien Conord

De Mendès France à Bérégovoy

47« Ces lignes n’étaient pas, a priori, destinées à la publication ». Ainsi s’ouvre ce volume de mémoires rédigé par un haut fonctionnaire à la trajectoire originale qui fut un proche de Pierre Mendès France puis de Pierre Bérégovoy.

48L’auteur, méfiant vis-à-vis de l’exercice, veut surtout livrer une série de « témoignages ». Il le fait franchement dans un volume qui se lit vite et qui frustre parfois un peu l’historien puisque l’ensemble du récit est livré sans note – ce qui est dommage pour les nombreuses citations. L’auteur assume sa part de subjectivité qui donne son prix aux nombreux portraits qui émaillent le livre, qu’ils concernent des personnalités célèbres (Mendès France, Édouard Daladier, Mitterrand, Bérégovoy, Jacques Delors) ou plus méconnues (Harris Puisais, Émile Roche, Gabriel Ventéjol, Jean Mattéoli, Roger Courbey).

49Militants aux étudiants radicaux-socialistes lorsqu’il est étudiant à Sciences-Po, Paranque rencontre dans ce cadre Mendès France et il restitue son souvenir confirmant sa statue d’homme courageux et de piètre manœuvrier face aux jeux du parti radical. En homme de réseaux, Paranque montre aussi certaines mesquineries et arrière-pensées politiques comme dans le cadre de la résiliation de son sursis militaire en 1958. À son retour d’Algérie, il s’engage dans le journalisme tout en restant proche de Mendès France. Il est également enseignant à l’IUT de Paris et amené alors à travailler avec Bérégovoy. Il participe au groupe des experts du Parti socialiste au cours des années soixante-dix avant de rejoindre le cabinet de Jacques Chaban-Delmas, nouveau président de l’Assemblée nationale. Il accompagne Pierre Bérégovoy à son cabinet lorsque celui-ci prend le maroquin des Affaires sociales. Paranque devient par la suite directeur de cabinet du président du Conseil économique et social, le représentant de Force ouvrière Ventéjol, conservant cette fonction auprès de son successeur le résistant-déporté et ancien ministre Mattéoli. Il livre sur cette institution et son fonctionnement un témoignage intéressant. Il rejoint ensuite Bérégovoy lorsque celui-ci est installé à Bercy. Nommé inspecteur général des Finances au tour extérieur en 1990, son travail dans ce grand corps est fort peu présent dans le livre. Il accompagne enfin Bérégovoy à Matignon et livre un témoignage original sur cette période politiquement difficile (le chapitre s’intitule « Matignon : le sacrifice »). Il conclut le livre par une réflexion sur le suicide de celui qu’il avait accompagné pendant trente-cinq ans.

50Si la liberté de ton de l’auteur permet une lecture fluide, un travail d’édition plus précis aurait permis d’éviter de nombreuses répétitions. Le témoignage est en tout cas original et permet d’éclairer une partie de la vie politique française contemporaine.

51Régis Paranque, De Mendès France à Bérégovoy. L’honneur en politique, préface de François Hollande, Paris, Pascal Galodé éditeurs, 2011, 219 p.

52Alain Chatriot


Date de mise en ligne : 13/11/2012

https://doi.org/10.3917/cj.205.0089

Notes

  • [1]
    Commission des Archives constitutionnelles de la Ve République, Archives constitutionnelles de la Ve République, vol. I, 4 octobre 1958-30 novembre 1958, vol. II, 1er décembre 1958-7 janvier 1959, Paris, La documentation française, 2008, 838 p., 779 p., in Cahiers Jaurès, n° 193-194, juillet-décembre 2009, pp. 107-109 ; Commission des Archives constitutionnelles de la Ve République, Archives constitutionnelles de la Ve République, vol. III, 8 janvier 1959-27 avril 1959, volume IV, 28 avril 1959-31 juillet 1959, Paris, La documentation française, 2010, 928 p., 1006 p., in Cahiers Jaurès, n° 198, octobre-décembre 2010, pp. 167-169.
  • [2]
    Dans une bibliographie abondante, il semble que certaines conclusions de plusieurs études de politistes et d’historiens auraient pu donner lieu à des interrogations plus précises de certains témoins. Cf. en particulier : Bastien François, Naissance d’une constitution : la Cinquième République 1958-1962, Paris, Presses de Sciences Po, 1996 ; Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Les partis et la République. La recomposition du système partisan 1956-1967, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
  • [3]
    Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France, Paris, Armand Colin, 3 vol., 1992-1997.
  • [4]
    Mathias Bernard, La dérive des modérés : la Fédération républicaine du Rhône sous la Troisième République, Paris, L’Harmattan, 1998.

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