Couverture de CJ_200

Article de revue

“It was the happy-go-lucky Jaurès”

Un duo franco-britannique (1896-1916)

Pages 127 à 140

Notes

  • [1]
    James Ramsay MacDonald, « Jean Jaurès », Contemporary Review, septembre 1914. Nous traduisons toutes les citations de l’anglais.
  • [2]
    Annie Kriegel, Le pain et les roses, jalons pour une histoire du socialisme, Paris, PUF, 1968.
  • [3]
    Marie-Louise Goergen, Les relations entre socialistes allemands et français à l’époque de la Deuxième Internationale, 1889-1914, thèse de doctorat dirigée par Madeleine Rebérioux, Université de Paris VIII, 1998.
  • [4]
    Harvey Goldberg, Jean Jaurès. La biographie du fondateur du Parti socialiste, Paris, Fayard, 1970, pp. 199-211. L’analyse met l’accent sur la scission entre syndicats et partis ouvriers, mais dans une perspective strictement nationale, en minorant le poids de la délégation britannique dans le débat.
  • [5]
    Jean Longuet, Le mouvement socialiste international, Paris, Aristide Quillet, 1913, p. 27
  • [6]
    « Second Meeting of Congress. Motion to expel Mr. Jaurès », The Conference Record, n° 4, 29 juillet 1896.
  • [7]
    Full Report of the Proceedings of the International Workers’ Congress, Londres, The Twentieth Century Press, 1896, p. 16.
  • [8]
    Ibid., p. 18.
  • [9]
    Ibid., p.18.
  • [10]
    Ibid., p. 23.
  • [11]
    Congrès socialiste international de Paris des 23-27 septembre 1900. Compte rendu sténographique officiel, Genève, Minkoff Reprints, 1980, p. 60.
  • [12]
    Henry M. Hyndman, Further Reminiscences, Londres, MacMillan, 1912, p. 116.
  • [13]
    Report of the First Annual Conference of the Labour Representation Committee, London, The Labour Representation Committee, 1901.
  • [14]
    Cinquième congrès socialiste international. Compte rendu analytique non officiel, Paris, Cahiers de la Quinzaine, 1901, pp. 130-131.
  • [15]
    Sixième congrès socialiste international tenu à Amsterdam du 14 au 20 août 1904. Compte rendu analytique, Bruxelles, 1904, p. 154.
  • [16]
    J. R. MacDonald, Socialism and Society, London, ILP, 1905, pp. XI-XII.
  • [17]
    Georges Haupt, La Deuxième Internationale, 1889-1914. Étude critique des sources, essai bibliographique, Paris-La Haye, Mouton, 1964.
  • [18]
    Le 29 décembre 1902, les 4-5 mai 1906, le 9 juin 1907, du 26 août au 3 septembre 1910, les 13 et 14 décembre 1913 et les 29-30 juillet 1914.
  • [19]
    Les délégations anglaises sont constituées comme suit pour les réunions auxquelles assiste Jaurès : Hyndman et Woods en 1902, Hyndman et Keir Hardie en 1906, Hyndman et Glasier en 1907, MacDonald en 1910, Keir Hardie, Glasier et Irving en 1914. La réunion de décembre 1913 est un peu particulière, puisqu’elle a pour objet de régler l’unité des socialistes anglais.
  • [20]
    Chushichi Tsuzuki, H. M. Hyndman and British Socialism, Londres, Oxford University Press, 1961.
  • [21]
    H. M. Hyndman, Clemenceau. The Man and His Time, Londres, Grant Richards Ltd., 1919.
  • [22]
    H. M. Hyndman, The Record of an Adventurous Life, New York, Macmillan, 1911, p. 398.
  • [23]
    Ibid., p. 396.
  • [24]
    J. R. MacDonald, Introduction à Margaret Pease, Jean Jaurès, Socialist and Humanitarian, Londres, Headly Bros. Pub., 1916, p. 12.
  • [25]
    William Stewart, J. Keir Hardie. A Biography, Londres, Cassel & Company Ltd, 1921, p. 323.
  • [26]
    Beatrice Webb, The Diary of Beatrice Webb, vol. 2 et 3, Londres, Virago, 1983-1984; George Bernard Shaw, The Diaries 1885-1897, Londres, University Park, 1986.
  • [27]
    Au congrès de Londres en 1896, il s’agit d’un certain M. Smith, qui intervient lors des débats pour empêcher que des erreurs de traductions n’aboutissent à de vaines controverses (The Conference Record, n° 6, 31 juillet 1896).
  • [28]
    Jean Jaurès, « Madness », Justice, 2 décembre 1899.
  • [29]
    J. Jaurès, « Socialist Unity », Justice, 27 mai 1899. Il s’agit de la traduction de « L’unité socialiste », Le Mouvement Socialiste, n° 1, 15 janvier 1899.
  • [30]
    J. Jaurès, « The French Elections », Justice, 21 mai 1898.
  • [31]
    The Clarion est le journal radical fondé par Robert Blatchford en 1891, et le traducteur Alex Thompson est l’un de ses proches collaborateurs. Il ne s’agit donc pas d’une entreprise socialiste.
  • [32]
    Il s’agit, cette fois, d’une entreprise menée par la SDF : la Twentieth Century Press en est la maison d’édition officielle, Henry Quelch est l’un des membres les plus actifs du parti.
  • [33]
    H. M. Hyndman, The Record of an Adventurous Life, op. cit., p. 398.
  • [34]
    Ibid., p. 397.
  • [35]
    Ibid., p. 399-400.
  • [36]
    R.C.K. Ensor, Modern Socialism, as set forth by socialists in their speeches, writings and programmes, Londres, Harper and Bros, 1907, p. 48.
  • [37]
    Fabian News, vol. XIV, n° 10, october 1904, p. 40.
  • [38]
    R.C.K. Ensor, Modern Socialism…, op. cit., p. XXXVI (préface de la première édition en 1903).
  • [39]
    Propositions et projets de résolutions avec les rapports explicatifs présents au congrès socialiste international de Stuttgart, Bruxelles, BSI, 1907, p. XXIV.
  • [40]
    7e congrès socialiste international tenu à Stuttgart du 16 au 24 août 1907, compte rendu analytique, Bruxelles, 1908.
  • [41]
    5e congrès national tenu à Toulouse les 15-18 octobre 1908, Paris, Parti socialiste SFIO, 1908, p. 113.
  • [42]
    J. R. MacDonald, Préface à J. Jaurès, Studies in Socialism, Londres, ILP, 1908, p. XV.
  • [43]
    Ibid., p. XVIII.
  • [44]
    Fabian News, vol. XVI, n° 7, juin 1906, p. 27.
  • [45]
    Edward Pease, More Books to Read on Social and Economic Subjects, Fabian Tract n° 129, 1906 ; A Guide to Books for Socialists, Fabian Tract n° 132, 1907.
  • [46]
    Stephen Yeo, “A New Life: the Religion of Socialism in Britain, 1883-1896”, History Workshop Journal IV, Autumn 1977, pp. 5-56.
  • [47]
    Margaret Pease, Jean Jaurès, Socialist and Humanitarian, Londres, Headly Bros. Pub., 1916, p. 43.
  • [48]
    Ibid., p. 20.
  • [49]
    J. R. MacDonald, Preface de M. Pease, op. cit., p. 16.
  • [50]
    C.G. Coulton, “Editorial Note”, in J. Jaurès, Democracy and Military service. An abbreviated translation of the Armée Nouvelle of Jean Jaurès, Londres, 1916.
English version

1Par cette expression, James Ramsay MacDonald résume la personnalité de Jean Jaurès, alors que l’annonce de son assassinat laisse l’Internationale au seuil des choix décisifs de la Grande Guerre. À elle seule, la phrase réfracte l’image que les Britanniques conservent du défunt, picturesque (ou pittoresque) et universelle à la fois. Jaurès, c’est d’abord l’inénarrable dégaine qui traîne ses guêtres au congrès de l’Internationale en 1907 à Stuttgart :

2

« Il relevait à lui tout seul d’un genre particulier. Un chapeau de paille était joyeusement jeté sur sa tête, sans doute le plus laid à porter ; ses vêtements baillaient et fourchaient dans le dos ; des bas blancs bouchonnaient à ses jambes, sous son bras il portait, ou plutôt traînait un pardessus. Il flânait nonchalamment, regardant les boutiques et les maisons comme elles venaient, inconscient de tout sauf de ce qui l’intéressait, comme un jeune homme contemplant un monde nouveau, ou un troubadour itinérant qui aurait maîtrisé le destin et découvert comment emplir le temps par une insouciance joyeuse. It was the happy-go-lucky Jaurès » [1]

3Le portrait en pied suggère toute l’incongruité d’un socialiste hors normes (ou hors des normes anglaises, ce qui revient au même), unique en somme. Mais le fait que ces lignes paraissent dans la libérale Contemporary Review, le fait, aussi, que la presse anglaise soit unanime à saluer la mémoire du défunt, montre que les Anglais n’emprisonnent pas Jaurès dans une mémoire partisane. Par son activité internationale et son combat pour la paix, il devient, en Grande-Bretagne comme ailleurs, le symbole d’une cause universelle ; de sorte qu’œcuménique et folklorique à la fois, c’est une contradiction que le détour anglais éclaire, permettant de mieux comprendre comment le plus Français des socialistes est devenu le plus internationaliste d’entre eux.

4Ainsi peut être éclairé le fonctionnement de l’Internationale, scène d’un illustre opéra qui conserve des récitatifs, des rôles et des actes que les grands airs éclipsent. Pourquoi Jaurès ? Parce qu’il ne parle guère anglais, et que la mise en musique de son discours pour des oreilles britanniques invite à rencontrer le demi-monde des congrès, celui des interprètes et des traducteurs ; de poser la circulation matérielle des idées avant de penser leur réception. Il s’agit donc bien de braquer le projecteur sur Jaurès, qui joue son rôle sur une scène connue, mais du point de vue du souffleur plutôt que de l’orchestre ou des coulisses, et de mieux comprendre ce qui se joue et se noue entre Paris et Londres. Et pour mieux entendre ce duo-là, il est nécessaire de réduire au silence un protagoniste de poids, dont le timbre de basse entre tellement en harmonie avec la voix de stentor de Jaurès qu’elle étouffe les autres, celle des Britanniques en particulier. Il est évident que la Deuxième Internationale ne serait pas pensable sans la référence constante au « parti-modèle » [2], que met en scène avec un talent consommé la social-démocratie allemande [3]. Mais à trop garder braquée la lunette sur cet acteur si fondamental, si envahissant aussi, il faudrait prendre garde aux effets déformants qui transformeraient l’Internationale en duel franco-allemand. En isolant les échanges franco-britanniques, ce sont deux exceptions qui peuvent être comparées, car ce qui isole chacun des deux mouvements par rapport à la social-démocratie allemande est précisément ce qui les rapproche. La division en organisations rivales, tardivement unifiées, est une réalité partagée des deux côtés de la Manche. Le problème de la relation au pouvoir est crucial pour la SFIO contre la République, comme pour le Labour contre Westminster. Mais la proximité des questions ne signifie pas le partage des réponses. Il y manque la circulation de l’information, la comparaison des expériences, l’interprétation des références. Jaurès peut remplir ce rôle, parce qu’il a beaucoup écrit et agi sur ces deux questions alors qu’en 1906 la fondation du Labour les pose en Grande-Bretagne. La scène est donc libre pour un duo, qui révèle sa complexité par la multiplicité des figures et des milieux qui peuvent utiliser Jaurès. Dans la mesure où les contacts sont médiatisés par l’Internationale, ses congrès et son bureau, ce sont les partis qui deviennent les metteurs en scène de l’image de Jaurès outre-Manche ; mais il faut nuancer d’emblée ce privilège, puisque la Social Democratic Federation (SDF), la Fabian Society (FS) et l’Independent Labour Party (ILP), ne constituent que la surface émergée d’un mouvement ouvrier foisonnant.

5Quoi qu’il en soit, le dialogue s’inscrit dans une trame chronologique très nette, en deux actes qui embrassent deux décennies de 1896 à 1916. C’est sur la scène de l’Internationale que se fixent d’abord les principaux traits du Jaurès des Anglais, à partir du congrès de Londres. Cette ouverture fixe des thèmes récurrents et fige un canevas ; les témoignages et les interprétations qui suivront n’en seront que des variations. 1906 est une rupture, puisque la fondation du Labour autorise des interprétations différentes, et nourrit un effort pour mieux faire connaître la pensée de Jaurès par la traduction.

Rencontres

6Les premiers accords résonnent à Londres, du 26 juillet au 2 août 1896, mais rien ne laisse alors soupçonner la distribution des rôles alors que le député de Carmaux est encore peu connu [4]. C’est au cours des premiers débats que Jaurès, l’homme de l’unité, endosse le costume surprenant du trouble-fête. Comme à Zürich en 1893, la discussion porte sur « la nécessité de l’organisation ouvrière et de l’action politique » [5], refusée par les anarchistes qui sont soupçonnés gagner certaines délégations. Il faut agir. Pour la France, c’est Jaurès qui défend la position socialiste dans un discours mémorable qui électrise l’auditoire :

7

«En se levant pour parler, M. Jaurès fut salué par des applaudissements bruyants, et il demanda de monter sur l’estrade. Le président lui expliqua cependant qu’il avait été décidé que tous les orateurs devaient parler du milieu de la salle. M. Jaurès, naturellement inaudible de la grande masse des délégués, parvint tout de même d’une façon indescriptible à gagner le contrôle total de l’auditoire qui resta assis comme s’il avait été frappé d’un sort pendant tout le discours. » [6]

8Le discours est un succès, mais il est aussi une critique des Trade unions anglaises qui refusent la fondation d’un parti indépendant. Jaurès fait involontairement d’une pierre deux coups : il s’oppose aux anarchistes, mais s’aliène, dans le même mouvement et pour d’autres raisons, les syndicalistes anglais comme Tom Mann ou Keir Hardie. D’autant que Jaurès persiste et signe, quelques jours plus tard, sur la question des mandats. En principe, les délégués ne peuvent assister au congrès que s’ils représentent des organisations. Sans mandat, Jaurès, avec Alexandre Millerand et René Viviani, participe aux débats en sa seule qualité de député, ce qui revient à privilégier l’action politique. Lorsque les organisateurs demandent des justifications, Jaurès maintient sa double critique des anarchistes et des Trade unions en dénonçant l’absurdité « d’admettre ces anarchistes et d’exclure trois délégués qui ont été élus par des milliers de travailleurs organisés, qui peuvent produire un grand nombre de mandats » [7]. Du coup, l’hostilité des délégués anglais s’accentue. L’exclusion des trois députés est réclamée par George Lansbury, de la SDF, alors que Keir Hardie, leader de l’ILP, fait valoir que « si les membres du Parlement sont plus favorisés que les autres, cela conduirait à des abus » [8], et demande que la question soit tranchée par chaque délégation nationale. Ce sont finalement les représentants de la FS, Sydney Olivier et George Bernard Shaw, qui viennent à la rescousse en demandant la clôture du débat.

9Jaurès a donc entonné son grand air, en soliste, et les réponses ne sont pas venues de ses compatriotes, ni de ses homologues allemands, mais de la délégation anglaise. Et le partage des voix est très net : les leaders des Trade unions sont en contre-chant ; les plus réformistes comme les Fabiens sont en contrepoint. La SDF est divisée parce qu’elle cherche à respecter ses engagements internationalistes. Cette configuration structure la partition à chaque fois que Jaurès se trouve en chœur avec les travaillistes. De cette scène inaugurale, les Britanniques retiennent donc trois traits qui caractériseront Jaurès : son opposition à la tactique traditionnelle des Trade unions, hostiles à la création d’un parti ouvrier autonome ; son habileté politique, assimilée à celle des Fabiens [9] ; et ses dons oratoires, que les Anglais admirent, mais qu’ils ne comprennent pas réellement. Ce sont ces derniers qui sont les plus remarqués :

10

« Jean Jaurès est sans doute le plus grand orateur de France. Ses manières sur l’estrade frappent le sobre esprit anglais comme quelque chose de théâtral, mais parlant du milieu de la salle cela n’était pas évident, et son éloquence tonnante amena le congrès à un enthousiasme prononcé. Des explosions d’applaudissements se succédaient pendant son discours comme les traductions, et presque tout le congrès se leva finalement sur ses pieds, agitant chapeaux et mouchoirs dans un rugissement formidable d’applaudissements. C’était le discours de la semaine. » [10]

11Le congrès tenu à Paris du 23 au 30 septembre 1900 ne change guère ces premières impressions. Les débats sont dominés par les divisions françaises sur le ministérialisme et l’unification des socialistes, et par le dialogue franco-allemand dont Kautsky fournit la cadence : la « motion-caoutchouc » qui condamne l’entrée d’un socialiste dans un ministère bourgeois, mais la rend possible lorsque les circonstances l’exigent [11]. Les Anglais restent à l’arrière-plan, horrifiés par l’acrimonie des débats :

12

« Les scènes du congrès de Londres entre les délégués français furent reproduites plus furieusement encore à Paris. Il n’est pas exagéré de dire que tout le déroulement fut interrompu allègrement et continûment… par les démonstrations de fraternité galliques qui pouvaient à peine être distinguées d’une propension passionnée au meurtre réciproque » [12].

13L’événement passe inaperçu : le Labour Representation Committee (LRC), créé en 1900, et qui rassemble les représentants des organisations politiques et de Trade unions, ne mentionne pas le congrès dans sa première conférence annuelle le 1er février 1901 [13]. Le contexte ne favorise pas cette actualité-là : la guerre des Boers en 1899 pose pour la première fois la question de l’impérialisme aux travaillistes ; les élections générales de 1900 ont été un cuisant échec. Les relations entre Jaurès et ses homologues britanniques atteindraient ainsi leur point d’étiage. À Paris, le premier appelle à témoin les seconds pour montrer à quel point la participation des socialistes au gouvernement est légitime. Peine perdue, la délégation se hâte de fermer la perspective : Hyndman demande la clôture du débat [14]. Cette fin de non-recevoir est ensuite maintenue au congrès d’Amsterdam en 1904, alors que Jaurès tente, à nouveau, de justifier la participation ministérielle en faisant référence au travaillisme. La délégation britannique garde son flegme, et Ramsay MacDonald dénie au congrès le droit de se prononcer sur la question de la tactique politique du socialisme international [15].

14De Londres à Amsterdam, c’est donc bien l’indifférence ou la méfiance qui dominent. Les travaillistes estiment que Jaurès est trop Français pour être digne de confiance, et Ramsay MacDonald emploie même un néologisme pour désigner sa tendance à l’abstraction, celui de « frenchification » [16]. Mais le congrès de Paris, en décidant la création du Bureau Socialiste International (BSI), permet des rencontres plus régulières et donne à la personnalité de Jaurès une ampleur nouvelle [17]. Jusqu’en 1914, celui-ci participe à six des réunions annuelles [18] et rencontre les membres de la délégation britannique : Henry M. Hyndman, Sam Woods, James Keir Hardie, Bruce Glasier, James Ramsay MacDonald et Dan Irving [19]. Ceux sont eux qui connaissent le mieux le tribun : Hyndman, le plus actif des délégués britanniques, francophone et francophile, ami de Clemenceau [20] dont il écrit une biographie [21], décrit Jaurès comme le « brillant professeur de littérature français » [22], « fringant et apparemment téméraire quoiqu’en réalité beaucoup plus prudent qu’il n’y paraissait » [23]. Les qualités oratoires et la valeur humaine du personnage sont également saluées par James Ramsay MacDonald, mais il faut l’assassinat puis la guerre pour qu’il salue « la personnalité la plus forte et la plus grande de la démocratie en Europe – et même dans le monde » [24]. James Keir Hardie, enfin, ne livre pas directement son opinion, mais ses rencontres avec Jaurès semblent avoir été cordiales, malgré les oppositions très vives de Londres [25]. Les dirigeants travaillistes qui l’ont rencontré s’accordent donc sur deux aspects du personnage : l’orateur et sa valeur morale. C’est peu. D’autant que les portraits et les références sont rares : aucune mention n’est faite dans les mémoires de Beatrice Webb, ni dans les carnets de George Bernard Shaw [26], pour ne parler que des Fabiens.

Lectures sans textes

15Au fond, la vision que les Britanniques se font de Jaurès ne peut s’appuyer sur d’autres éléments que les rencontres des congrès ou du BSI. Jaurès ne parle pas anglais, ce qui le force à recourir aux services d’un traducteur [27], ou à s’entretenir en français avec ses collègues. Du reste, ses écrits traduits sont peu nombreux : il s’agit d’articles sélectionnés parce qu’ils illustrent les rapprochements possibles entre les organisations socialistes françaises et le travaillisme britannique dans le contexte de la crise de Fachoda [28] ou de l’unité socialiste [29]. Jaurès y acquiert aussi sa réputation morale, par la traduction de la lettre publiée dans La Petite République annonçant son retrait de la lutte électorale en 1898 [30]. Deux brochures sont enfin traduites : Internationalism and Peace, publiée par The Clarion et traduite par Alex M. Thompson en 1903 [31] ; et Socialism and the Political Parties, ensemble de textes traduits par Henry Quelch et publié par la Twentieth Century Press en 1905 [32]. Ces deux brochures, jamais rééditées, ont un succès limité et donnent accès à des textes de circonstance. En l’absence d’écrits véritablement connus, sans contacts nourris avec les socialistes britanniques, la référence jaurésienne se trouve prise dans les impératifs du travaillisme britannique.

16Cette indifférence relative et polie dépend en effet des préventions de chacune des factions qui dessinent les reliefs du socialisme britannique. Les Trade unions se méfient de l’apologue de l’action politique, et cette défiance est transmise à l’ILP, fondé en grande partie sur les organisations syndicales. La SDF, elle, intègre Jaurès dans un ensemble de représentations partagées avec la grande famille du marxisme orthodoxe, en Allemagne ou en France, rendu plus vivant par le parallèle esquissé avec Wilhelm Liebknecht dans les mémoires de Hyndman. Le contraste entre les deux hommes est physique, l’un « peu charpenté », l’autre « tendant fortement à l’embonpoint et avec un air de jubilation et d’humour sur le visage ». Mais la différence tient aussi à leurs personnalités :

17

« Liebknecht, en somme, l’étudiant, le penseur, le philosophe, l’homme d’affaire ; Jaurès l’orateur, l’impulsif, le professeur inspiré que les circonstances avaient conduits à la politique. Tous ceux qui les connaissaient auraient vu Liebknecht comme l’homme du cabinet, et Jaurès comme l’homme de la tribune et de l’Assemblée » [33].

18Entre les deux, Jaurès n’a pas l’avantage, parce qu’il n’a pas subi « les privations qui sont d’ordinaire le lot des pionniers » [34]. Ainsi se déploie une hiérarchie assez claire entre les grandes figures de l’Internationale : en première place viennent les fondateurs ; ensuite viennent les autres qui sont arrivés une fois les grandes luttes gagnées. La conclusion est sans appel : le député de Carmaux reste en deçà des partisans d’un marxisme plus orthodoxe, guesdistes inclus. Pire, il « n’aurait pu, à aucun moment de sa carrière… prononcer à l’Assemblée nationale une exposition si magistrale de nos vues, de nos théories et de nos propositions, que Jules Guesde dans de même circonstances ». Il ajoute même n’avoir « jamais considéré que les connaissances de Jaurès en économie et en sociologie étaient de même valeur que ses autres connaissances » [35]. L’admiration n’est donc pas exempte de préventions très fortes, qui s’expliquent surtout par l’engagement internationaliste du parti, et l’amènent à prendre position pour Guesde, et contre Jaurès.

19Les Fabiens, à l’inverse, semblent progressivement conquis par la personnalité de Jaurès, même si son nom n’est guère évoqué avant les premières années du siècle. La Société est alors engagée dans la définition d’une expertise mise au service des cercles dirigeants et ses interlocuteurs français ne sont pas les socialistes, mais les réformateurs, comme ceux du Musée Social. Malgré une réticence certaine à prêter l’oreille à l’Internationale, la Société se trouve mêlée à ses débats. Elle a toujours considéré avec sympathie le révisionnisme de Bernstein, intégré avec le ministérialisme de Millerand dans une même mouvance du socialisme européen, plus pragmatique que dogmatique. Le réformisme qu’elle prône serait, pour la Société, leur équivalent britannique, système d’équivalence clairement esquissé par certains membres comme R.C.K. Ensor. Reproduisant le programme de Saint-Mandé prononcé par Millerand en 1896, il précise que le texte « peut être comparé au Rapport sur la politique fabienne, qui fut présenté au congrès international de Londres de 1896 » [36]. Selon lui, « Sidney et Beatrice Webb, avec John Burns et Keir Hardie, représentent le révisionnisme britannique moderne » [37]. Le problème de la référence jaurésienne, dans ce contexte, est qu’elle ne se laisse pas facilement enfermer ni dans un camp ni dans l’autre, tant « il est en réalité l’homme de la synthèse, essayant de combiner adroitement le meilleur des deux écoles » [38]. Les Fabiens gardent donc une certaine distance, mais pour des raisons différentes de celles de la SDF : Jaurès est un inclassable, ni allié ni ennemi, admiré mais jamais imité.

20Avant 1906, Jaurès apparaît aux Britanniques comme le parangon du socialiste français, plus pittoresque qu’universel, dont les discours surprennent ou agacent. Il s’agit d’un rôle attendu, dont le chant sert à marquer la spécificité britannique, plus qu’à éclaircir les débats internes au travaillisme en formation. Les questions auxquelles Jaurès répond (celles de l’unité ou du rapport au pouvoir) semblent trop éloignées pour faire l’objet d’une lecture réduite à des textes de circonstance.

Textes sans lecteurs

21La transformation du LRC en Labour Party en 1906 change le décor en posant de nouvelles interrogations : jusqu’où l’unité doit-elle se prolonger ? L’organisation d’un parti dont le but est explicitement de siéger au Parlement implique-t-il une collaboration poussée avec les autres partis ? En somme, ce sont les questions que les socialistes français ont dû débattre avant 1905, et la portée de l’œuvre de Jaurès change alors de sens pour devenir une source d’inspiration.

22La fondation du Labour en 1906, commandée par les impératifs d’une élection générale, n’implique pas l’adhésion aux principes de la Seconde Internationale (reconnaissance de la lutte des classes, but collectiviste, utilisation de l’action politique), de sorte que l’existence de cet objet politique non identifié devient un sujet de débat pour le BSI. Le fond du problème reste celui de l’adhésion collective ou individuelle au Labour : celui-ci ne reconnaît que celle des organisations alliées, maintenant l’autonomie des trades unions qui ne se reconnaissent pas socialistes. La question se trouve débattue dès la réunion du 9 juin 1907 lorsque l’ILP demande qu’une association professionnelle puisse adhérer comme un parti. Jaurès est favorable à cette requête, faisant valoir que les Trade unions avaient participé au congrès de Londres sous ces conditions [39], mais l’opposition de la SDF conduit à poser la question en séance plénière du congrès de Stuttgart le 20 août 1907. Le débat reproduit les mêmes lignes de force : d’un côté, les représentants du Labour tentent d’ouvrir les conditions d’adhésion pour permettre aux Trade unions de maintenir leur autonomie. De l’autre, les délégués de la SDF appuient une ligne dure en adoptant la même tactique que les guesdistes à Amsterdam : rattacher cette question particulière à un débat général qui a déjà été tranché, celui de la révision doctrinale et du ministérialisme. Pour Dan Irving, les députés du Labour se compromettent en s’inclinant « devant les prêtres, devant les patrons, devant les ouvriers égoïstes de la vieille conception corporative, et tout cela pour conquérir des mandats » [40]. Jaurès reste discret lors de ce débat, sans doute miné après la fondation difficile de la SFIO quelques mois plus tôt. Son attention est probablement retenue par d’autres débats : celui sur le militarisme, ou sur les relations entre parti et syndicats. Il est également absent lors de la réunion du BSI qui doit décider de l’adhésion du Labour, et sa suppléante, Angèle Roussel, s’exprime à sa place le 10 octobre 1908 pour rejeter la candidature travailliste. Il faut que la question soit soumise au congrès de la SFIO à Toulouse pour qu’une motion moins maladroite soit votée [41], mais à nouveau, Jaurès reste silencieux. Mais si le Français semble se désintéresser du processus unitaire en Grande-Bretagne, les Britanniques, eux, sont attentifs à ce qu’il a dit et écrit à ce sujet, d’autant que cette réflexion sur l’identité travailliste est profondément liée à celle sur son activité parlementaire. La fondation du Labour est contemporaine de la victoire électorale des Libéraux qui se lancent, sous l’égide du Premier ministre Campbell-Bannerman, dans un programme de réformes avancées. Certains, comme la SDF ou les Trade unions radicalisés par le Labour Unrest de 1911, veulent mener l’épreuve de force. D’autres, comme les Fabiens, voudraient jeter leurs forces dans les réformes sociales en cours. Le Labour, pris entre ces deux logiques, doit inventer une voie moyenne et Jaurès peut constituer une source d’inspiration.

23C’est dans ce contexte qu’en 1906 sont traduites les Études Socialistes, sous le titre de Studies in Socialism, par Mildred Minturn. Celle-ci publie d’abord son travail à New York, mais le réédite en 1908 sous les auspices de l’ILP, avec une préface de Ramsay MacDonald. C’est le troisième volume de « The Socialist Library », collection fondée en 1905 pour combler la faiblesse théorique du travaillisme. La traduction est une adaptation autorisée par l’auteur : certains chapitres ne sont pas reproduits, mais trois textes sont ajoutés, dont un discours prononcé par Jaurès devant une délégation parlementaire anglaise en 1903. La portée politique de cette traduction est soulignée par la préface de Ramsay MacDonald : il y dessine trois voies pour la méthode du nouveau parti : l’influence sur d’autres partis, comme le souhaitent les Fabiens ; la révolution, portée par la SDF ; et une troisième, celle de l’ILP, combinant les deux [42]. Les arguments présentés par Jaurès doivent être utilisés par le parti dans cette perspective, et apporter « à la méthode britannique de l’indépendance une consistance, une élasticité qu’elle n’a pas encore » [43]. Le programme reste lettre morte, malgré tout, parce que le Labour se trouve rapidement pris entre les exigences contradictoires d’une base ouvrière qui se radicalise, et les impératifs de l’action parlementaire, bloquant toute entreprise de renouvellement doctrinal. Jaurès, malgré tout, reste une référence pour ceux qui espèrent cette refondation, comme les Fabiens qui voient dans les idées du Français le signe de « changements à moitié réalisés, non dans les idéaux, mais dans la manière de les relier aux forces et institutions existantes » [44]. La Société publie régulièrement un guide bibliographique, refondu en 1906 [45]. C’est à cette date que Studies in Socialism est intégré aux références des Fabiens, et il faut souligner que Jaurès est le seul dirigeant socialiste français à figurer dans ces listes. En tous les cas, la traduction de Studies in Socialism et ses utilisations permettent de mieux comprendre ce que les travaillistes entendent de Jaurès. La figure ne parvient pas à se métamorphoser en référence théorique, parce que la voie de la synthèse ne s’est jamais réellement ouverte. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les organisations restent divisées, et le BSI doit même se réunir à Londres en décembre 1913 pour accélérer le processus. Du contenu politique de l’œuvre jaurésienne, rien ne peut subsister, et il ne reste, pour les Anglais, que deux airs possibles : celui du prêtre de l’internationalisme, et celui de l’apôtre de la paix. Dans les deux cas, ce n’est plus une mélodie pittoresque marquant la distance, mais un chant universel.

24Précisément, ce sont ces deux figures qui sont utilisées pendant la Première Guerre mondiale. En 1916 paraît la première biographie qui lui soit consacrée, écrite par Margaret Pease. En s’appuyant sur les sources françaises, cet ouvrage synthétise les idées déjà formulées, en les adaptant au goût anglais : Jaurès est le défenseur des libertés individuelles, d’un socialisme progressif, réalisé par la nation plutôt qu’un parti. À nouveau, Jaurès ne peut être enfermé dans le dilemme entre réforme et révolution, et sa geste est intégrée dans une logomachie religieuse, très spécifique au socialisme britannique [46]. Comparé à un prophète, « un artiste artisan dans le domaine social, il voulait ériger une nouvelle Jérusalem, et non en parler indéfiniment. » [47] Le livre constitue donc un point d’orgue, parce qu’il montre que l’image de Jaurès, tout en gardant ses aspects particuliers, prend une ampleur universelle. Son assassinat marque la disparition d’un monde :

25

« Des milliers de personnes en Europe qui savaient que Jaurès aurait pu être le chef montrant le chemin à travers les nuages noirs que nous connaissons aujourd’hui » [48].

26L’universalité de Jaurès n’exclut pas les utilisations stratégiques, loin s’en faut. MacDonald, dans sa préface, rappelle « qu’il restait ferme dans la position affirmée à Amsterdam, que devait venir le temps où les socialistes, se préservant eux-mêmes… devraient devenir responsable du gouvernement des pays qui, sans être socialistes, s’orientent vers le socialisme » [49], ce qui permet de justifier le soutien accordé par les travaillistes au cabinet Asquith. Mieux, l’image et la mémoire de Jaurès sont devenues si générales qu’elles peuvent être utilisées par d’autres tendances politiques : les libéraux décident ainsi de traduire des extraits de l’Armée nouvelle en 1916, au moment où la conscription obligatoire est débattue. L’objet n’est pas d’établir une réforme sur la base de l’ouvrage, mais bien de nourrir la discussion par l’étude de « l’un des ouvrages les plus stimulants des temps modernes » [50]. Comme l’ouvrage de Margaret Pease, cette traduction confirme l’évolution de l’écho rencontré par Jaurès en Grande-Bretagne : celle d’un Français typique, dont l’action et la pensée prennent une dimension universelle.

27Le thème du duo entre les travaillistes et Jaurès, en définitive, semble bien ténu, mais il existe. D’abord entamé sur la scène de l’Internationale, il se présente comme la juxtaposition, sur une même partition, de deux chants parallèles qui peuvent se rencontrer ou s’affronter à l’occasion. Jaurès, durant une décennie, est la figure pittoresque qui incarne le socialisme français, hâbleur et bretteur, aux yeux du mouvement ouvrier britannique étonné. Et puis vient la fondation du Labour en 1906, qui donne lieu au rapprochement des deux voix. Désormais, les Britanniques connaissent aussi les querelles intestines de l’unité, et ne peuvent se contenter de jeter un regard distrait, vaguement méprisant, de l’autre côté de la Manche. Désormais se pose, pour eux, la question du rapport au pouvoir, dans la mesure où la fondation du parti équivaut à l’acceptation définitive de la lutte politique. L’intrigue prend des accents dramatiques, et dans ces circonstances, les Britanniques peuvent avoir besoin de Jaurès, et c’est le contexte dans lequel est traduit Études Socialistes. D’une certaine façon, cette exemplarité empêche une appropriation plus poussée : la figure que retiennent les Britanniques n’est déjà plus conforme à l’original. Depuis 1908 et le congrès de Toulouse, la question de l’unité socialiste ne s’inscrit plus dans les mêmes thèmes pour Jaurès, et depuis 1906, la fin du Bloc des gauches redonne à la SFIO le remords du pouvoir. La situation sur scène se croise donc en chiasmes : les travaillistes cherchent à utiliser des arguments de Jaurès qui sont invalidés en France.

28Mais dans une certaine mesure, l’intérêt pour la pensée de Jaurès, est révélatrice de la recherche par le Labour d’une refondation doctrinale qui trouve beaucoup d’éléments au sein du parti, mais peut, à l’occasion, puiser à l’étranger. Ce débat sur les principes fondateurs n’est véritablement tranché qu’avec la Première Guerre mondiale, alors que la disparition de Jaurès et la déclaration de guerre ont changé son image. De socialiste français, il était devenu socialiste tout cours. Et de socialiste, il devient l’humaniste, la figure symbolisant à la fois la fin d’un monde, mais aussi la question des autres futurs possibles.


Date de mise en ligne : 03/08/2011.

https://doi.org/10.3917/cj.200.0127

Notes

  • [1]
    James Ramsay MacDonald, « Jean Jaurès », Contemporary Review, septembre 1914. Nous traduisons toutes les citations de l’anglais.
  • [2]
    Annie Kriegel, Le pain et les roses, jalons pour une histoire du socialisme, Paris, PUF, 1968.
  • [3]
    Marie-Louise Goergen, Les relations entre socialistes allemands et français à l’époque de la Deuxième Internationale, 1889-1914, thèse de doctorat dirigée par Madeleine Rebérioux, Université de Paris VIII, 1998.
  • [4]
    Harvey Goldberg, Jean Jaurès. La biographie du fondateur du Parti socialiste, Paris, Fayard, 1970, pp. 199-211. L’analyse met l’accent sur la scission entre syndicats et partis ouvriers, mais dans une perspective strictement nationale, en minorant le poids de la délégation britannique dans le débat.
  • [5]
    Jean Longuet, Le mouvement socialiste international, Paris, Aristide Quillet, 1913, p. 27
  • [6]
    « Second Meeting of Congress. Motion to expel Mr. Jaurès », The Conference Record, n° 4, 29 juillet 1896.
  • [7]
    Full Report of the Proceedings of the International Workers’ Congress, Londres, The Twentieth Century Press, 1896, p. 16.
  • [8]
    Ibid., p. 18.
  • [9]
    Ibid., p.18.
  • [10]
    Ibid., p. 23.
  • [11]
    Congrès socialiste international de Paris des 23-27 septembre 1900. Compte rendu sténographique officiel, Genève, Minkoff Reprints, 1980, p. 60.
  • [12]
    Henry M. Hyndman, Further Reminiscences, Londres, MacMillan, 1912, p. 116.
  • [13]
    Report of the First Annual Conference of the Labour Representation Committee, London, The Labour Representation Committee, 1901.
  • [14]
    Cinquième congrès socialiste international. Compte rendu analytique non officiel, Paris, Cahiers de la Quinzaine, 1901, pp. 130-131.
  • [15]
    Sixième congrès socialiste international tenu à Amsterdam du 14 au 20 août 1904. Compte rendu analytique, Bruxelles, 1904, p. 154.
  • [16]
    J. R. MacDonald, Socialism and Society, London, ILP, 1905, pp. XI-XII.
  • [17]
    Georges Haupt, La Deuxième Internationale, 1889-1914. Étude critique des sources, essai bibliographique, Paris-La Haye, Mouton, 1964.
  • [18]
    Le 29 décembre 1902, les 4-5 mai 1906, le 9 juin 1907, du 26 août au 3 septembre 1910, les 13 et 14 décembre 1913 et les 29-30 juillet 1914.
  • [19]
    Les délégations anglaises sont constituées comme suit pour les réunions auxquelles assiste Jaurès : Hyndman et Woods en 1902, Hyndman et Keir Hardie en 1906, Hyndman et Glasier en 1907, MacDonald en 1910, Keir Hardie, Glasier et Irving en 1914. La réunion de décembre 1913 est un peu particulière, puisqu’elle a pour objet de régler l’unité des socialistes anglais.
  • [20]
    Chushichi Tsuzuki, H. M. Hyndman and British Socialism, Londres, Oxford University Press, 1961.
  • [21]
    H. M. Hyndman, Clemenceau. The Man and His Time, Londres, Grant Richards Ltd., 1919.
  • [22]
    H. M. Hyndman, The Record of an Adventurous Life, New York, Macmillan, 1911, p. 398.
  • [23]
    Ibid., p. 396.
  • [24]
    J. R. MacDonald, Introduction à Margaret Pease, Jean Jaurès, Socialist and Humanitarian, Londres, Headly Bros. Pub., 1916, p. 12.
  • [25]
    William Stewart, J. Keir Hardie. A Biography, Londres, Cassel & Company Ltd, 1921, p. 323.
  • [26]
    Beatrice Webb, The Diary of Beatrice Webb, vol. 2 et 3, Londres, Virago, 1983-1984; George Bernard Shaw, The Diaries 1885-1897, Londres, University Park, 1986.
  • [27]
    Au congrès de Londres en 1896, il s’agit d’un certain M. Smith, qui intervient lors des débats pour empêcher que des erreurs de traductions n’aboutissent à de vaines controverses (The Conference Record, n° 6, 31 juillet 1896).
  • [28]
    Jean Jaurès, « Madness », Justice, 2 décembre 1899.
  • [29]
    J. Jaurès, « Socialist Unity », Justice, 27 mai 1899. Il s’agit de la traduction de « L’unité socialiste », Le Mouvement Socialiste, n° 1, 15 janvier 1899.
  • [30]
    J. Jaurès, « The French Elections », Justice, 21 mai 1898.
  • [31]
    The Clarion est le journal radical fondé par Robert Blatchford en 1891, et le traducteur Alex Thompson est l’un de ses proches collaborateurs. Il ne s’agit donc pas d’une entreprise socialiste.
  • [32]
    Il s’agit, cette fois, d’une entreprise menée par la SDF : la Twentieth Century Press en est la maison d’édition officielle, Henry Quelch est l’un des membres les plus actifs du parti.
  • [33]
    H. M. Hyndman, The Record of an Adventurous Life, op. cit., p. 398.
  • [34]
    Ibid., p. 397.
  • [35]
    Ibid., p. 399-400.
  • [36]
    R.C.K. Ensor, Modern Socialism, as set forth by socialists in their speeches, writings and programmes, Londres, Harper and Bros, 1907, p. 48.
  • [37]
    Fabian News, vol. XIV, n° 10, october 1904, p. 40.
  • [38]
    R.C.K. Ensor, Modern Socialism…, op. cit., p. XXXVI (préface de la première édition en 1903).
  • [39]
    Propositions et projets de résolutions avec les rapports explicatifs présents au congrès socialiste international de Stuttgart, Bruxelles, BSI, 1907, p. XXIV.
  • [40]
    7e congrès socialiste international tenu à Stuttgart du 16 au 24 août 1907, compte rendu analytique, Bruxelles, 1908.
  • [41]
    5e congrès national tenu à Toulouse les 15-18 octobre 1908, Paris, Parti socialiste SFIO, 1908, p. 113.
  • [42]
    J. R. MacDonald, Préface à J. Jaurès, Studies in Socialism, Londres, ILP, 1908, p. XV.
  • [43]
    Ibid., p. XVIII.
  • [44]
    Fabian News, vol. XVI, n° 7, juin 1906, p. 27.
  • [45]
    Edward Pease, More Books to Read on Social and Economic Subjects, Fabian Tract n° 129, 1906 ; A Guide to Books for Socialists, Fabian Tract n° 132, 1907.
  • [46]
    Stephen Yeo, “A New Life: the Religion of Socialism in Britain, 1883-1896”, History Workshop Journal IV, Autumn 1977, pp. 5-56.
  • [47]
    Margaret Pease, Jean Jaurès, Socialist and Humanitarian, Londres, Headly Bros. Pub., 1916, p. 43.
  • [48]
    Ibid., p. 20.
  • [49]
    J. R. MacDonald, Preface de M. Pease, op. cit., p. 16.
  • [50]
    C.G. Coulton, “Editorial Note”, in J. Jaurès, Democracy and Military service. An abbreviated translation of the Armée Nouvelle of Jean Jaurès, Londres, 1916.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.91

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions