L’auteur aborde ici le souci de la mort en convoquant les théories jungienne, freudienne et kleinienne. La mort, du point de vue jungien, est l’état du soi primaire, mais elle est aussi le soi, un état où nulle tension des opposés n’a cours. Contrairement à Freud qui envisage la pulsion de mort comme « silencieuse » et dépourvue de représentation, l’instinct de mort s’accompagne chez Jung d’un archétype générateur de représentations. L’expérience psychique d’un état de mort est, selon Rosemary Gordon, accessible et primaire. En revanche, la conscience de la mort ne peut advenir qu’après l’émergence d’une structure du moi.
La conception jungienne du soi confère une bipolarité à l’expérience psychique de la mort et fait du désir de dissolution et de réunion non seulement un symptôme de régression mais aussi l’expression d’un besoin d’intégration et d’entièreté. La pulsion de mort freudienne peut donc être traduite selon l’auteur en termes de valence du soi, c’est-à-dire de force d’attraction du soi, en tension permanente avec le moi. Partant d’une telle analyse, Rosemary Gordon déduit que l’agressivité, qui vise à la séparation et à la différenciation, ne peut, ainsi que l’affirme Melanie Klein, découler de la pulsion de mort. Enfin, l’auteur, invoquant le dynamisme lié à la dialectique de la représentation archétypique de la mort-renaissance présente dans l’œuvre de Jung, remet en question l’opposition traditionnelle entre le monisme jungien et le dualisme freudien.
Mots clés
- Agressivité
- Moi
- Mort
- Mort-renaissance
- Pulsion de mort
- Soi primaire
- Valence du soi
Abstract
The author approaches the death concern, invoking Jungian, Freudian, and Kleinian theories. According to the Jungian viewpoint, death is the primary state of the self, as well as the self, a state in which the tension between opposites is nil. Unlike Freud, who considers the death urge as “silent” and devoid of representation, Jung’s vision of the death instinct includes an archetype which generates representations. Rosemary Gordon believes that the psychic experience of a death state is primary and accessible. However, the consciousness of death will not arise until the structure of the ego has emerged.
The Jungian concept of the self confers a bi-polar property upon the psychic experience of death. Thus the desire for dissolution and reunion, in addition to being a symptom of regression, expresses a need for integration and wholeness. The Freudian death wish can thus be seen in light of the valence of the self ; i.e., its gravitational force, in constant tension with the ego. On the basis of this analysis, Rosemary Gordon deduces that aggressiveness, a force for separation and differentiation, cannot arise from the death wish, as Melanie Klein postulated. Lastly, the author points out the dynamism related to the dialectics of the archetypal representation of death-and-rebirth occurring in Jung’s work, challenging the opposition traditionally made between Jungian monism and Freudian dualism.
Mots-clés éditeurs : Moi, Mort-renaissance, Valencedu soi, Mort, Agressivité, Soi primaire, Pulsion de mort, Valence du soi, Agressivité, Moi, Pulsion de mort, Mort-renaissance, Mort, Soi primaire
Mise en ligne 22/07/2012
https://doi.org/10.3917/cjung.107.0067Cet article est en accès conditionnel
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