Adolf Eichmann n’était pas qu’un petit rouage dans l’appareil nazi. Il ne se contentait pas de suivre les ordres et de faire consciencieusement son travail, sans nourrir de haine particulière à l’égard des Juifs. Eichmann n’était pas le bureaucrate apolitique, presque apathique et ennuyeux qu’il prétendait être en 1961. Ce ne sont là que quelques-uns des mensonges qu’il a présentés lors de son procès en Israël. Il avait déjà testé des versions plus audacieuses de ces mensonges en Argentine. Là-bas, il a travaillé à la rédaction d’une autobiographie et, avec quelques nazis en exil partageant ses idées, à un récit qui blanchirait et même glorifierait son propre passé et celui du nazisme. Une grande partie de ce récit a été enregistrée sous forme d’entretiens avec Willem Sassen, ancien membre de la Waffen-SS. Ces entretiens et les écrits d’Eichmann en Argentine ne laissent aucun doute sur l’antisémitisme véhément d’Eichmann. Il ne regrettait rien et croyait au nazisme même longtemps après 1945, comme l’a montré Bettina Stangneth de manière très détaillée. Eichmann était fier d’avoir contribué au génocide des Juifs car il considérait que cela faisait partie de la guerre existentielle entre le Volk allemand et les Juifs. « Moi, “bureaucrate prudent” […], j’ai été assisté par un […] guerrier fanatique, luttant pour la liberté de mon sang, qui est mon droit de naissance […]. Je n’ai pas de regrets ! […] Je dois vous dire très honnêtement que si, sur les 10,3 millions de Juifs […], nous en avions tué 10,3 millions, je serais satisfait, et je dirais : bien, nous avons détruit un ennemi », se vantait-il en 195…
Cet article est en accès conditionnel
Acheter cet article
5,00 €
S'abonner à cette revue
À partir de 60,00 €
Accès immédiat à la version électronique pendant un an
4 numéros papier envoyés par la poste