Le 24 octobre 2019, j’étais invitée à la Fondation du château de Genshagen, près de Berlin, pour participer à une table ronde sur le thème « Un dialogue pas comme les autres : la liberté de l’art », avec des artistes et responsables culturels hongrois, polonais et allemands. Ils témoignèrent avec inquiétude de la montée des censures émanant de mouvements d’extrême droite, voire des gouvernements eux-mêmes.
Vint mon tour, et c’est peu dire que mon intervention jeta un froid : j’expliquai qu’en France le Rassemblement national ne faisait guère parler de lui en matière de censure, pas plus que le gouvernement, trop inquiet à l’idée de s’attirer des volées de bois vert s’il se risquait à interdire la diffusion d’une œuvre, sauf cas patents d’incitation à la haine raciale ou d’apologie de la pédophilie. En revanche, les cas de menaces contre des propositions jugées indésirables se multiplient dans le monde de la culture, en provenance de groupes de pression militants. Et j’en donnai pour exemple l’information que je venais de recevoir, même si cela concernait le monde académique plutôt que le milieu culturel à proprement parler : une conférence de Sylviane Agacinski, prévue à l’université Bordeaux-Montaigne, venait d’être annulée sous la pression de militants LGBT estimant que ses positions sur la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui étaient homophobes, et que par conséquent ses opinions relevaient d’un délit, et n’avaient pas leur place dans cette enceinte…
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