je manipule
tu manipules
il manipule
nous sommes manipulés
vous manipulez
les manipulations...
1 – Introduction
1Nous poursuivons, dans cet article, notre démarche de réflexion entamée au cours du texte « Le sens critique, et quoi encore ? ». Nous y abordions l’importance d’adopter une attitude critique à l’égard des informations qui nous tombent dessus, quels que soient le média ou le transmetteur à l’autre bout du message.
2Sommes-nous manipulés, soumis, englués dans un monde d’influence et de pression sans aucun recours ou contrôle sur nous, nos perceptions, nos actions ? Non, bien entendu. Mais il est parfois complexe de percevoir les choses… sans un peu d’attitude critique.
3L’attitude critique sous-tend une prise de distance par rapport aux informations. Celles-ci amènent souvent à présenter les choses comme des certitudes, des affirmations ; nous ne prenons pas toujours le recul nécessaire pour pouvoir réfléchir à ce qui est amené. En lieu et place des affirmations, nous sommes souvent face à un point de vue et non pas à un fait observé.
4Dès lors, nous invitons ici le lecteur à réfléchir sur les informations dont il est mitraillé, à s’interroger sur leurs bien-fondés, leur véracité, leurs effets ; à s’autoriser à ouvrir des portes de réflexions ; à porter attention à ce qui, dans notre quotidien, est manipulé.
2 – Manipulation, persuasion, influence
5Face à cette idée de manipulation, d’influence, quel contre-pouvoir avons-nous ?
6Nous insistons sur l’importance d’aborder les choses d’un point de vue critique, avec une attitude consciente et réfléchie face aux informations retenues et perçues.
7Qu’en est-il dans la pratique, dans le quotidien ? Qu’est-ce qui peut nous parasiter ? Nous sommes en accord avec Beauvois lorsqu’il précise (2011, p.9) que « nous ne sommes pas souvent conscients des facteurs, notamment externes, qui déterminent (et donc affectent) nos pensées et nos actes. En fait, nous ne le sommes guère que lorsque nous appliquons des routines intellectuelles ou comportementales parfaitement intégrées et rodées, comme c’est le cas dans l’activité professionnelle. Dans les autres situations, moins routinières, plus ambiguës, diverses déterminations externes qui affectent nos pensées et nos actes nous échappent. »
8L’attitude critique permet de tenter de prendre conscience de ce qui est et de ce qui se déroule.
9Plusieurs termes découlent de l’idée de manipulation : propagande, persuasion, suggestion, pouvoir, influence, emprise, contrôle,…
10Ces mots recouvrent la notion d’influence.
11Précisons ce concept.
12D’une part, nous trouvons l’influence inconsciente et d’autre part l’influence psychologique (ou sociale).
13L’influence inconsciente peut être définie comme « une influence psychologique conduisant à un jugement J ou un comportement C qui se produit à l’insu de celui ou celle qui en a été la cible. Certaines influences inconscientes (notamment sur les idées) passent par des séquences cognitives non perçues (une présentation subliminale ou quasi subliminale par exemple), d’autres impliquent des séquences cognitives ou comportementales ayant été perçues sans qu’ait été néanmoins appréhendé leur caractère déterminant sur J ou C (traitement d’un concept dans une tâche antérieure, l’acte ‘préparatoire’ d’un pied dans la porte). » (Beauvois, 2011, p. 323)
14L’influence psychologique (ou sociale) concerne la situation où « une personne émet un jugement J (une opinion, une idée) ou un comportement C qu’elle n’aurait pas émis sans l’intervention d’autrui (personne ou appareil social), ou change d’opinion ou de comportement à la suite d’une intervention d’autre (personne ou appareil social). » (Beauvois, 2011, p. 323)
15La manipulation, quant à elle, est définie de la manière suivante : elle « implique une influence inconsciente et souvent une technique d’influence inconsciente. Il y a manipulation d’une personne A quand ses idées ou opinions, ou encore quand ses comportements sont affectés par les agissements délibérés et/ou orientés d’une personne ou d’un appareil social B, la personne A n’ayant aucune clairvoyance du rôle causal (ou déterministe) de ces agissements de B sur ses idées, opinions et comportements actuels, au point qu’elle puisse ressentir un grand sentiment d’autodétermination et de liberté en les émettant ou en les réalisant. » (Beauvois, 2011, p. 324)
16La persuasion, pour Yzerbyt et Corneille, « correspond à un acte communicationnel visant à modifier l’état mental d’un individu dans un contexte où ce dernier conserve, ou croit conserver, une certaine liberté. » (Yzerbyt et Corneille, 1994, p. 15)
17Nous sommes face à une dualité : manipulateur/manipulé, source/cible.
18Ne diabolisons pas non plus la manipulation. Elle s’inscrit au sein d’un lien à l’autre. « Le rapport à autrui n’est pas une manipulation, mais un lien réciproque : nous recevons l’influence d’autrui, mais dans des conditions normales, nous pouvons répondre, contre-argumenter et influencer, chacun étant à la fois source et cible de l’influence. » (Laurens, 2008, p. 45, paraphrasant Moscovici, 1979, Psychologie des minorités). Laurens précise « L’influence n’est pas la manipulation. »
19Beauvois (2011) distingue entre-l’influence sur les idées de l’influence sur les comportements.
20Les idées sont liées aux opinions et attitudes, les comportements concernent les pratiques et les actes.
« On peut avoir de l’influence sur les idées de quelqu’un (‘je l’ai conduit à penser que Jacques Chirac est un ‘mec bien’), comme sur ses comportements (‘il n’a pas pu refuser de me prêter sa voiture’). »
22L’auteur insiste sur cette distinction car on aurait tendance à penser qu’influer les idées va forcément modifier le comportement. Ce n’est pas le cas. Un fumeur peut très bien envisager que fumer nuit à la santé, mais cela ne signifie pas qu’il va modifier son comportement et arrêter la clope.
23Beauvois précise également qu’il existe deux types d’influence qui ont un impact sur les idées ou sur les comportements. L’influence explicite et acceptée, comme dans un contrat (« un avocat devant un jury d’assises (idées) ou un enseignant donnant un sujet de dissertation (comportement) » (p. 39) et l’influence indécelable, « hors de tout contrat de communication, le plus souvent inconsciente. Exemple typique : l’utilisation de l’effet de présentation subliminale d’une consigne comportementale. » (p. 39)
24Cet exemple concerne la présentation rapide de stimuli qui vont influencer l’individu, sans qu’il perçoive consciemment ces stimuli.
25Ce qui nous entoure nous influence.
26Ainsi, la télévision est un moyen d’acculturation des masses.
27La télévision fait partie du quotidien. Peu de foyers, en Occident, vivent sans télévision. Les programmes sont même un élément d’échange dans les conversations de tous les jours. La télévision propose un nombre incalculable de programmes, d’émissions, de séries, de documentaires, de films, de télé-réalités. Nombreuses sont les personnes qui rentrent chez elles et allument directement le poste pour pouvoir se vider la tête ou penser à autre chose qu’à la journée qui vient de s’écouler. La télévision prend donc une grande place dans nos vies. Elle influence nos manières de faire, de penser, de vivre – elle met en scène un univers particulier ; nous sommes marqués par ce que nous observons ou consommons. Les séries télévisées nous proposent un type de culture (la manière de parler, de manger, de s’habiller). De même, la télé-réalité, qui consiste à filmer la vie quotidienne d’individus, choisis pour cela, joue sur le même thème. Ces informations nous influencent ; elles ont un impact sur nos vies.
28La théorie de l’acculturation explique que « si la télévision ne crée pas à proprement parler la culture ambiante, elle la travaille et l’homogénéise pour mieux la normaliser et orienter les perceptions des téléspectateurs à leur insu. » (Beauvois, 2011, p. 57-58)
29Beauvois met en avant deux idées importantes :
- « la première est que nous pouvons être affectés par (ou être sensibles à) des éléments de l’environnement auxquels nous ne faisons pas attention ou qui nous ont échappés, mais que notre machine cognitive a néanmoins perçus. Ils vont en quelque sorte travailler en douce. C’est sur cette idée que repose le concept d’influence dite subliminale ;
- la seconde idée est qu’il existe d’authentiques processus de connaissance qui aboutissent à des opinions mais qui ne passent pas par la délibération personnelle, des processus internes dont nous n’avons pas conscience et que nous ne contrôlons pour ainsi dire pas. Certains sont même, pense-t-on, automatiques. Il va de soi que cet ‘inconscient cognitif’ n’a pas grand-chose à voir avec l’‘inconscient freudien’. » (2011, p. 67)
30En psychologie, l’influence et la manipulation ont été étudiées.
31Dans ces études sur l’influence et la manipulation, le terme « engagement » émerge : la personne s’engage dans un processus qui conduit potentiellement à un changement d’attitude.
32La théorie de l’engagement de Kiesler (1971) explique que « l’engagement est le lien qui unit l’individu à ses actes comportementaux. » (Kiesler, 1971, cité par Beauvois et Joule, 1998, p. 55)
33Beauvois et Joule précisent que l’engagement « correspond, dans une situation donnée, aux conditions dans lesquelles la réalisation d’un acte ne peut être imputable qu’à celui qui l’a réalisé » (p. 60)
34Imaginons un exemple : Marion, vingt-cinq ans, est interpellée sur le chemin de l’université par un membre d’une ONG qui va la convaincre d’adhérer à la défense des lapins malades et de donner quatre euros tous les mois pour défendre cette cause.
35Marion s’engage dans un processus qui lui fait modifier une attitude (elle contribue financièrement à une cause).
36Un effet « gel » peut s’ajouter : l’individu qui s’engage a tendance à adhérer à sa décision, et également à son engagement devant un groupe.
37L’effet gel renvoie au fait que « les gens ont tendance à adhérer à ce qui leur paraît être leurs décisions et donc à se comporter en conformité avec elles. » (Joule et Beauvois, 1987, p. 27)
38Ainsi, Marion va peut-être, par la suite, défendre activement le droit des animaux – attitude qu’elle ne prenait pas auparavant. Abordons un peu plus en profondeur quelques procédés de manipulation.
39- L’amorçage
« On fait prendre à quelqu’un une décision sur une mauvaise base d’information, soit en lui cachant le coût réel de la décision qu’on souhaite qu’il prenne (première forme d’amorçage : on ne dit pas toute la vérité), soit en mettant en avant des avantages fictifs (deuxième forme d’amorçage : on ment carrément). La décision prise, on rétablit la vérité, vérité qui va faire apparaître cette décision comme étant moins avantageuse qu’elle ne le paraissait jusqu’alors. On demande enfin à la personne ainsi amorcée si elle maintient malgré tout sa décision. Le phénomène d’amorçage se traduit par une persévération de la décision initiale. »
41- Le leurre
« Son principe consiste à inciter quelqu’un à prendre une décision qu’il juge avantageuse. On attend qu’il ait pris cette décision pour lui faire savoir que les choses ayant changé il ne pourra malheureusement pas concrétiser sa décision. On lui propose alors de prendre une décision de substitution nettement moins avantageuse. »
43- Le pied dans la porte : on demande quelque chose et on obtient plus.
44Il s’agit des trois procédures classiques de l’engagement. Celles-ci permettent « d’amener les gens à faire librement quelque chose qu’ils n’auraient pas fait spontanément ou à ne pas faire, tout aussi librement, quelque chose qu’ils auraient bien aimé faire. Il ne faudrait pas oublier cependant qu’ils en arrivent à faire ce qu’on attend d’eux à la suite de l’intervention de quelqu’un“, c’est pourquoi les auteurs emploient les termes de „soumission librement consentie“, „dans la mesure où le comportement réalisé est bien celui que l’intervenant attendait, librement consentie dans la mesure où les gens n’ont subi aucune pression et qu’ils ont, à juste titre, le sentiment d’avoir agi de leur plein gré. » (Ibid. p. 50)
45Plusieurs autres techniques sont employées : technique de la porte au nez (Cialdini et al., 1975), technique du « vous êtes libre de … » (Guéguen et Pascal, 2000), technique « c’est mieux que rien » (Cialdini et Schroeder, 1976), technique du pied dans la bouche (Howard, 1990), technique du mensonge par omission (Cialdini et al., 1978).
46Ces différents moyens témoignent donc de la manière dont nous pouvons être manipulés. La psychologie de l’engagement, nous l’avons constaté, met en avant le lien que nous éprouvons vis-à-vis des actes que nous avons accomplis.
« Dans cette optique, tout le pari de la manipulation est de faire en sorte qu’un individu, auquel on a rappelé qu’il a le choix, se retrouve à perpétrer un acte qui a priori ne lui ressemble pas, mais dans lequel il va finir par se reconnaître, simplement parce qu’il l’a fait. »
48Précisons également les justifications que nous employons lorsque nous nous positionnons d’une manière qui ne nous ressemble pas. Pour éviter d’être en désaccord avec nous-même, nous allons trouver moyen de justifier notre positionnement afin qu’il soit en accord avec nos valeurs. Il s’agit de résoudre la dissonance cognitive éprouvée (l’incohérence entre notre positionnement et nos valeurs) : il faut réduire cette dissonance. Il y a donc un désaccord cognitif, que nous tentons de limiter.
49Il existe par conséquent des processus de rationalisation pour réduire la dissonance – nous bricolons pour faire comme si nous respections nos convictions – ce n’est pas forcément le cas mais notre bricolage le permet.
50Ainsi, Marion pourrait très bien, jusque là, avoir détesté les animaux mais par la suite, elle va tout faire pour réduire la dissonance entre son don et ce qu’elle pensait auparavant.
51Au niveau de l’influence que nous « subissons », plusieurs auteurs parlent de soumission librement consentie (Joule et Beauvois) : « il est plus efficace de faire faire, tout de suite, une action qui ne se refuse pas, qui passe quasi inaperçue, sans éveiller la méfiance. Le reste, c’est-à-dire la modification de la pensée, venant tout seul, de surcroît, avec la rationalisation et l’internalisation. » (Ibid. p. 38)
52Revenons, dans ce contexte, aux informations subliminales, à leur pouvoir : il fut un temps où cette thématique était très abordée, souvent sur un fond sombre « On me met des choses en tête sans que je m’en rende compte ! » Nous constatons que bien d’autres types de manipulation existent.
53Malgré tout, qu’en est-il de cette „persuasion“ subliminale ? Zajonc (1968) montre que « l’exposition répétée à un stimulus suffit à accroître son attrait, ce qui se traduit par le fait que les sujets le préfèrent à des stimulus auxquels ils n’ont pas été exposés préalablement. » (Channouf et Pichevin, 1998, p. 21). C’est l’effet dit de simple exposition perceptive.
54Plusieurs études débattent de l’importance du subliminal ; comment est-il traité par notre esprit ?
55Le sujet reste cependant controversé. Pourquoi ?
56« La forte charge affective associée à cette question est en partie réactionnelle à la recherche sur la publicité subliminale des années 50 [..] dont les auteurs prétendaient montrer que l’exposition perceptive subliminale à certains messages verbaux influence systématiquement le comportement des consommateurs. » (Bornstein, 1998, p. 95-96). Les recherches n’ont pas été répliquées, cependant la question reste ouverte. Bien entendu, cette recherche sous-tend des problèmes éthiques. Bornstein précise que « l’utilisation des techniques subliminales en propagande ne passe pas nécessairement par la manipulation directe des attitudes ou des comportements. On peut les utiliser pour agir sur les tendances, les états motivationnels et les états d’anxiété, etc., manipulant ainsi attitudes et comportements avec une certaine efficacité, mais par des moyens moins directs. » (1998, p. 100-101) L’auteur met ainsi en avant que parfois, sous certaines conditions, certains stimuli influent sur les affects et comportements ; certains sont directs, d’autres sont plus subtils.
57Peut-on détecter l’influence ?
58Encore faut-il la percevoir, en être conscient !
59Si on identifie la source de l’influence, que les stimuli sont clairs, on peut alors intégrer le message d’une autre manière, afin de contrer son impact.
60Quel est l’intérêt de cette technique ?
« Tout d’abord, la source de l’influence reste non connue des individus que l’on cherche à manipuler dans la mesure où les stimulus ne sont pas détectés consciemment. Cela peut être important quand la source de l’influence est impopulaire, ou bien considérée avec suspicion. Ensuite, il est impossible de se sous-traire délibérément à l’exposition aux stimulus qui sont réellement indétectables. Troisièmement, ces stimulus échappant à certains processus conscients (comme l’analyse ou l’évaluation du contenu du stimulus), la possibilité d’un contre contrôle conscient de leurs effets est minimisée. Enfin […] les effets d’exposition perceptive et d’activation psychodynamique subliminales provoquant des changements d’attitudes et de comportements sans fournir d’information sur la source de l’influence, les individus sont obligés d’inventer des explications après coup de leurs attitudes et de leurs comportements, ce qui les amène à les justifier et à les rationaliser aussi bien à leurs propres yeux qu’aux yeux d’autrui. Ces rationalisations a posteriori vont de pair avec l’adhésion à l’attitude ou la croyance nouvellement adoptée, si bien que les changements attitudinaux et comportementaux sont en réalité renforcés par le sujet lui-même et, en un sens, s’autoperpétuent : plus un sujet est en position d’observateur de l’orientation de ses sentiments ou de ses actes, plus il est obligé de rationaliser et de justifier son comportement. »
62Cependant, n’oublions pas que la manipulation et la persuasion ne sont pourtant pas automatiquement efficaces :
« La crédibilité de la source du discours, le type d’arguments énoncés, leur ordre, leur coloration émotionnelle, ont été examinés sous toutes les coutures. La persuasion relèverait d’un équilibre subtil entre ces différents facteurs, tellement subtil qu’il est difficile d’y accéder à coup sûr. Le problème de cette approche est que même si le message atteint son objectif de persuasion, rien ne garantit que le sujet sera désormais motivé au point de modifier son comportement. Sinon, chacun s’accordant à peu près sur la nécessité de faire un peu de sport, d’arrêter la cigarette et l’alcool, de surveiller son alimentation et de ne pas conduire trop vite, nous vivrions dans une société paradisiaque faite de sportifs non fumeurs et buveurs d’eau, roulant à 90 km/h sans un bourrelet. Modifier les opinions d’autrui ne se traduit donc pas automatiquement dans ses actes. »
64Par ailleurs, se manifeste la réactance, notion amenée par Jack Brehm en 1966 : selon lui, s’il existe une menace qui pèse sur notre autonomie, notre liberté de réflexion/décision/d’action, nous aurons une réaction.
65Donc, a contrario, si la personne a le sentiment d’être libre, elle sera plus docile, plus influençable.
66Quant à nos comportements : « Si nous ne nous en sentons pas responsables, ils ne comptent pas à nos propres yeux. » (Marmion, 2008, p. 36). L’attribution (créer un lien entre autrui et son comportement), est plus efficace (« Je sais que tu vas avoir de bonnes notes, puisque tu es un bon garçon. » (Ibid., p. 36).
67Le sentiment de liberté est très important, et si nous internalisons, avec l’impression que nous décidons seul et en liberté, alors c’est une motivation interne et non pas une obligation externe. Bien entendu, rappelons-le, nous nous concentrons sur l’aspect critique, la perception critique des éléments et des informations qui nous proviennent.
68Pour ce faire, il importe d’être attentif aux informations qui nous arrivent et à la manière dont nous traitons l’information. Chaiken le souligne en mettant en évidence la différence entre une vision systématique et heuristique de la persuasion. « Selon ces deux conceptions, les destinataires d’un message sont désireux d’établir la validité de la conclusion globale du message. Dans la vision systématique, les destinataires consacrent un effort cognitif considérable pour l’exécution de cette tâche : ils tentent activement de comprendre et d’évaluer les arguments du message ainsi que d’établir leur validité par rapport à la conclusion du message. Au contraire, selon une vision heuristique de la persuasion, les destinataires exercent comparativement peu d’effort pour juger la validité du message : plutôt que de traiter l’argumentation, les destinataires peuvent s’appuyer sur de l’information généralement plus accessible comme l’identité de la source ou d’autres indices formels pour décider d’accepter la conclusion d’un message. Dans son essence, une vision systématique de la persuasion insiste sur le traitement détaillé du contenu du message et le rôle des cognitions basées sur le message dans la médiation du changement d’opinion, alors que la vision heuristique minimise le traitement de l’information et se concentre sur le rôle de règles simples ou d’heuristiques cognitives dans la médiation du changement d’opinion. » (Chaiken, 1994, p. 211-212) Notons que le changement d’opinion doit également travailler dans la durée ; ce changement est-il maintenu sur une durée de temps suffisante pour que l’objectif du « manipulateur » soit rempli ?
69Nous avons abordé des éléments théoriques concernant la manipulation, la persuasion et l’influence. Il existe, comme nous le voyons, nombre de moyens qui les manifestent.
70Avant de poursuivre notre réflexion sur un autre plan : comment prendre distance et à quoi être attentif par rapport aux médias actuels ?
3 – Manipulations et multimédias
71Quelles influences « subissons »-nous quotidiennement qui affectent nos positions ? Nous employons le mot « subissons » plutôt dans une optique de non-prise de conscience de ce qui nous entoure que dans une optique de quelque chose d’immuable, où nous serions englués indéfiniment.
72Les nouvelles technologies ouvrent, du moins en théorie, à la communication, à l’échange d’informations. Oustinoff (2010, p. 133) le souligne : « Que la communication s’évertue à jouer la carte de la transparence, en raison de la pression de l’opinion publique, aujourd’hui mieux informée, personne ne s’en plaindra. Mais ça ne veut pas dire qu’on est dans du vrai. […] il est inutile d’être grand clerc pour savoir que l’on peut manipuler les autres avec des mots simples. » Laissons-nous aller à envisager différentes thématiques : les médias, la politique, les réseaux sociaux, les publicités,…
73Y trouve-t-on de la manipulation ?
74Toutes les informations que nous recevons jour après jour, qu’en faisons-nous ?
75La presse nous impose-t-elle ses points de vue ? Les politiciens se jouent-ils de nous ?
76Quelle prise de distance par rapport aux publicités, par rapport à ce que nous lisons sur internet ?
77Nous proposons ici d’aborder quelques questionnements (sans prétendre à l’exhaustivité de la problématique bien entendu).
3.1 – Internet
78Internet est utilisé par la plupart des personnes tous les jours. On allume son ordinateur, on lance un programme et on peut consulter à peu près tout ce que l’on souhaite.
79On veut la définition de « nitescent » ? Il suffit de taper le mot et nous voici avec une explication.
80Les choses sont accessibles, simples.
81On oublie assez vite que tout circule sur le net. C’est-à-dire tant des informations justes que de fausses idées, des mensonges, des réalités transformées. On peut faire dire tout et n’importe quoi sur Internet.
82Prenons par exemple l’étonnant Wikipédia. Ce site internet reprend une multitude d’informations, sur tout sujet. Parfois très documenté, avec des liens, parfois assez pauvres, le site permet de se renseigner. Cependant, malgré l’efficacité du programme, il ne faut pas oublier une chose : les articles de Wikipédia sont écrits par des personnes lambda. Toute personne intéressée, qui s’y connaît ou qui tient simplement à donner son avis peut remplir une page Wikipédia. Cela signifie que les informations que l’on y trouve sont parfois justes mais la rigueur, la validité des informations. Se fier à 100% à un tel programme, aussi intéressant soit-il, est un risque.
83Comment pouvons-nous faire confiance à ce qui se trouve sur le net ?
84Comme le souligne Breton (2004, p. 25-26) : « En posant la question de la confiance, on pose aussi celle de la méfiance. S’il faut se défier de la méfiance généralisée, il ne faut pas se méfier de la méfiance ciblée car elle est un élément important de la critique. La qualité d’une information dépend d’une mécanique très complexe, à savoir la qualité de son élaboration, qui est essentielle, la qualité de son transport, sa neutralité et son efficacité, mais aussi la qualité de sa réception. Il ne sert à rien de produire de bonnes informations si elles ne sont pas bien transportées et si elles ne sont pas bien reçues, comprises et assimilées. Quelles sortes d’informations circulent sur Internet ? Schématiquement, elles sont de deux sortes : celles ayant une source connue, identifiable, à laquelle on peut se référer en dehors d’Internet et celles venant d’une source inconnue. Tous les enseignants savent que cette distinction qui paraît évidente entre source connue et source inconnue, est une distinction difficile à faire comprendre à des élèves, à des étudiants auxquels il est demandé de faire un exposé et d’aller chercher des informations sur Internet. C’est pratique et formidable et on y va sans précautions. Mais d’où vient l’information que je vais chercher ? Qu’est-ce qui garantit son authenticité, sa véracité ? Pour le savoir il faut avoir appris à décoder ce qui relève d’une source connue, à laquelle on peut se fier, et ce qui relève d’une source inconnue, dont il faut se méfier. Cette ligne de partage essentielle n’est pas du tout faite pour l’instant et il y a donc des risques. On peut même affirmer qu’actuellement Internet est un océan de désinformation. »
85Dès lors, plusieurs questions se posent : comment maintenir sa vigilance sur le net ? À quoi croire ? Quelles informations sont pertinentes ? Comment savoir ? Comment faire la part des choses ?
3.2 – Publicité
86Quel est l’impact de la publicité ? Sommes-nous réellement acheteurs de ce qui est proposé ?
87Sommes-nous attentifs aux informations présentées dans une publicité ? Va-t-elle influencer notre choix futur ?
88Le marketing emploie des méthodes et se base sur des concepts développés en sciences humaines.
89Ainsi, la méthode Aida, employée en publicité puise son origine dans le behaviorisme et les recherches sur le concept d’attention. Cette méthodologie s’appuie sur l’idée qu’il faut quatre éléments pour convaincre : « 1) attirer l’attention, 2) susciter l’Intérêt, 3) créer le Désir du produit, 4) convaincre d’Acheter. » (Molénat, 2008, p. 39)
90Les recherches sur le conditionnement (Pavlov) incitent les publicistes à coller, à joindre au produit des stimuli qui poussent à des réactions affectives positives – afin d’associer l’objet vendu et la réaction.
91D’autres associent des stars, considérées comme leaders d’opinions, aux produits, afin que les gens s’identifient aux vedettes.
92La publicité se plonge donc dans les sciences humaines pour trouver des techniques qui fonctionnent et qui ont un impact sur l’individu.
93Autre branche de marketing : le neuromarketing, qui se penche sur les résultats des recherches de neuroscience, notamment celles montrant les préférences d’individus pour certains produits, sur base d’IRM (permettant de voir les zones du cerveau qui s’activent).
94L’effet n’est pas magique, mais cependant, le processus de recherche pour convaincre le consommateur d’acheter est toujours en marche.
95Moreira (2007) illustre cette intrusion. En 2003, une chanson fait fureur – Chihuahua, de DJ Bobo. Elle inonde les chaînes musicales, la radio et passe sur la chaine TF1. Moreira explique que cette chanson est en fait une production commerciale, lancée et pilotée par Coca-Cola, pour augmenter la publicité. Le DJ est recruté en 2002, afin de créer une chanson qui puisse par la suite promouvoir la boisson coca.
« C’est une opération comme on les enseigne dans les écoles de marketing : synergie totale, fusion des contenus et produits dérivés. Pour réussir ce coup, il faut un grand groupe médiatique, une grande marque de sodas sucrés, une chanson bien balancée qui, suffisamment serinée, peut devenir un tube (les musiquettes publicitaires sont les plus grands tubes parce que les plus ressassés). Et, si possible, un petit phénomène de société cool qui associe une marque à une valeur adolescente comme la rébellion ou l’indépendance face au monde adulte (ça c’est plus dur car les gosses deviennent de plus en plus méfiants…). Cette image sympathique est associée à une boisson : le coca. Du coup, les jeunes boivent beaucoup de coca, boisson hype et sympa. Quant au tube, il produit des royalties copieuses. ».
97La chanson, employée par la suite pour la publicité, agit par contamination. Matraquée sur TF1, elle fait écho à la déclaration de Patrick Le Lay, président-directeur général de la chaine, qui veut, dans les programmes de TF1, vendre de l’espace pour la publicité : « il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible ».
98Au niveau de la publicité, est-ce qu’une source attractive physiquement augmente l’influence ? De Bonon et Telesca estiment que l’ « on a traditionnellement considéré que l’attrait physique de la source joue un rôle important dans l’efficacité d’une communication persuasive. (…) un message émis par une source physiquement attrayante tendra à persuader plus qu’un message émis par une source physiquement moins attrayante. » (De Bono et Telesca, 1994, p. 247) Cependant, cela dépend des individus : « Pour certains individus, l’attrait de la source semble constituer un indice périphérique ; pour d’autres, il incite à s’engager dans un traitement systématique. » (Ibid. p. 263)
99« Propaganda » de Edward Bernays, paru en 1928, explique comment l’auteur emploie les idées et la propagande pour promouvoir la cigarette (via le marché des femmes – faire fumer les femmes, symbole alors de liberté, d’émancipation, de libération de la femme).
100Cependant, il semble que la cigarette, bien avant les propositions de Bernays, était déjà devenue un symbole de l’émancipation féminine. La nuance doit être faite de l’impact de la publicité.
101Dortier considère que « toutes les études en sociologie de la réception vont à l’encontre de l’image d’un public naïf et influençable qui gobe les informations publicitaires. La publicité est moins puissante que l’on croit généralement. Et les publicitaires le savent d’ailleurs très bien : la publicité ne fait pas vendre, elle fait connaître un produit à des consommateurs potentiels, ce qui est très différent. » (Dortier, 2011, p. 63)
102Si la personne n’est pas intéressée par le produit (par exemple par les voitures), l’influence publicitaire ne marchera pas. Par contre, elle peut orienter le choix que nous faisons lorsque nous achetons.
103Bien sûr, nous ne nous rendons pas toujours compte de la présence de la publicité. Combien de fois ne percevons-nous pas les placements de produits dans un film ou une série ? Rien de tel qu’une bouteille de boisson pétillante ou un carton de céréales mettant en évidence la mascotte, reconnaissable entre mille, pour impacter le public sans qu’il s’en rende compte.
3.3 – Presse
104Pouvons-nous croire tout ce qui est écrit dans les journaux ? Comment se baser sur une source fiable ? Doit-on lire plusieurs journaux pour atteindre une vision juste d’une situation ? Les journaux doivent se vendre, vendent-ils également l’information ?
105Les sources des journalistes sont multiples et variées. Cela peut aller du témoignage personnel et direct aux racontars du voisin, à celui qui affirme que, au politique, à la discussion de comptoir,… Tout est source d’information. Le journaliste doit donc choisir ses sources avec attention. D’autant plus que chacune d’elles a ses limites.
106Freund (1991, p. 30) déclare qu’un journaliste doit agir avec « circonspection tous azimuts à l’endroit de toutes les sources, les bonnes comprises, parce que jamais et nulle part ne saurait être exclue la possibilité d’une erreur. »
107Cette réflexion englobe le journaliste lui-même, non exempt d’erreur.
108Les informations transmises sont donc à appréhender avec précaution. Par ailleurs, l’opinion publique est influencée par plus d’un élément. Comme le souligne Freund (Ibid. p. 117) : « Dans la manipulation de l’opinion publique, ne sont pas seuls à compter les arguments logiques, le poids des preuves fournies et la cohésion du raisonnement – comptent aussi la séduction qu’exerce celui qui persuade, par son prestige, sa personnalité et sa façon de faire ; la réceptivité du public pour ce qu’on lui propose ; ainsi que la puissance des moyens mis en œuvre pour le lui imposer. »
109Nous serons également influencés par ce que nous souhaitons entendre : « Et que souhaitons-nous entendre ? Ce qui nous est agréable. Et qu’est-ce qui nous est agréable ? Ce qui nous flatte, ce qui nous rassure, ce qui nous promet que demain, ça ira mieux. » (Ibid., p. 120).
110En outre, plus un sujet (quel qu’il soit) est présent, présenté, expliqué, répété, voire rabâché et amplifié, plus il sera influent. Le matraquage joue un rôle important sur l’influence exercée sur l’opinion publique.
111Ajoutons encore les insinuations – des informations non certaines, mais qui sont sous-entendues et marquent tout autant les esprits.
« En règle générale, l’insinuation se réfère donc à l’improuvable, lequel, s’il n’est pas corroboré par les faits, se transforme en mensonge – le mensonge de l’homme prudent ou, dans notre contexte, celui du journaliste prudent. Il saura, lui, que ce qu’il suggère, il ne pourrait le prouver ; qu’il s’agit de faits pas évidents, suspects. Toutefois, pour des raisons qui lui sont propres, il voudrait que ce qu’il avance soit cru, vrai ou faux – accepté comme probable, vrai en gros.
Et en vertu de la croyance répandue qu’il ne saurait y avoir de fumée sans feu, son insinuation aura toutes les chances de porter, de sorte que son public tiendra pour vraisemblable l’idée à laquelle renvoyait son allusion plus ou moins transparente ou discrète. ».
113À côté de ces constats, figurent ceux de la sous-information, de la sur-information, des pseudo-informations (informations qui ne veulent rien dire, n’apportent aucune information. Autant d’éléments qui ne donnent pas une base fiable de réflexion.
114L’emploi du langage modifie et sous-tend évidemment une manière d’appréhender les choses : parler en termes élogieux ou dépréciateurs, voire ambigus a un effet sur la perception que nous aurons des informations. Questionnons-nous à présent sur l’impact du positionnement de la presse par rapport à la politique, et plus particulièrement à ce qui touche aux élections.
115Comme le souligne Van Reybrouck, il existe, aux États-Unis, des assemblées à travers le pays qui désignent les leaders de partis.
« … ces éliminatoires commencent toujours dans les États de l’Iowa et du New Hampshire et comme les médias couvrent immanquablement l’évènement, ces États acquièrent bien plus de pouvoir qu’ils ne le méritent. Quand on y affiche de bons résultats, on se voit en effet attribuer plus de temps d’antenne qu’il n’en faut, et quand on y obtient un mauvais score, on en est privé : les bailleurs de fonds se retirent. Avant même que les personnes qui soutiennent un parti aient eu le temps de se pencher sur les divers candidats de ce parti, la question est pour ainsi dire déjà tranchée par les règles propres aux médias et aux sponsors. »
117En ce qui concerne les médias, plusieurs questions se posent relativement à la manipulation.
118Les médias souhaitent-ils orienter les avis/opinions des individus, par exemple en ce qui concerne les choix politiques ?
119Des sources manipulent-elles les médias afin de pousser la population à suivre une certaine ligne de conduite ? Songeons à Berlusconi et à la toile d’araignée médiatique créée autour de sa personne !
120La justification de la manière de présenter les faits par les médias peut se faire au départ soit d’une « vision naturaliste (« l’actualité s’impose aux journalistes ») », soit d’une vision constructiviste (« le journaliste fait émerger arbitrairement des faits qui n’existeraient pas sans son intervention ».) (Molénat, 2008, p. 49)
121La sociologie met en avant que plus simplement, en règle générale, « ce ne sont pas les journalistes qui vont à l’information, c’est l’information qui va aux journalistes » (Molénat cite à cet effet Eric Macé (2005), via les multiples acteurs qui, cherchant à faire exister publiquement une cause, créent des „évènements“ susceptibles de capter leur attention. D’où, dans l’espace public, une dynamique conflictuelle d’acteurs concurrents qui, sur un même problème (le voile, les retraites, la mondialisation,…), luttent pour imposer aux médias leur définition de la réalité. » (Ibid. p. 49).
122Selon Molénat, Macé démontre qu’il peut être compliqué pour les journalistes de maintenir leur autonomie et de passer par d’autres sources. Cela provoque une instrumentalisation des médias.
123Il reste que le travail journalistique est complexe. Les journalistes sont soumis à de nombreuses pressions pour faire passer certaines informations, y compris au sein même de leurs institutions.
124De Tarlé développe cet aspect de la manière suivante (2004, p. 172) : « On touche ici du doigt les conséquences de cette mutation des entreprises de communication. Leur position de lobbyiste permanent les conduit à exercer une constante pression sur leurs propres collaborateurs afin qu’ils n’adoptent pas des positions contraires aux intérêts de la maison. Il s’agit d’une menace majeure et qui ne va cesser de s’amplifier, à mesure que les médias se transformeront toujours plus en groupes industriels. Plus que jamais, les organes d’information évitent de franchir des limites au-delà desquelles leurs intérêts économiques seraient en jeu. »
125Autre élément essentiel : l’importance de l’information.
126Mamou (1991, p. 12) pense que « Le public méconnaît une évidence : dans les périodes de crise, l’information est un enjeu, un élément de pouvoir. Et parce qu’elle est un enjeu, elle nécessite d’être décodée. » Elle est donc à la fois un enjeu et un produit : « Comme tous les produits commerciaux, l’information est fabriquée. Diverses personnes entrent en jeu dans sa réalisation. Certains sont des professionnels de la communication – attachés de presse, consultants –, d’autres, les plus nombreux, n’en sont pas spécialistes – juges, policiers, chefs d’entreprises, hommes politiques, diplomates, militaires. Le journaliste a affaire aux deux catégories. » (Ibid. p. 13).
127Le journaliste compose donc avec la réalité, les attentes, les demandes (personnelles ou dues à son environnement professionnel), sa déontologie et son éthique personnelle.
128Ces informations nous interpellent : la manipulation serait-elle partout ?
129Elle plonge ses racines dans la rhétorique – l’éloquence permet, dans la vie quotidienne, d’obtenir (ou de chercher à obtenir) ce que l’on souhaite.
130Weinberg précise ainsi que Ballardini (2006) montre dans un essai, que l’église, il y 2000 ans déjà, avait inventé le marketing. « Les procédés publicitaires et commerciaux pour appâter le client avaient déjà été inventés 2000 ans plus tôt par les apôtres, saint Paul et les Pères de l’église pour séduire une nouvelle clientèle : les chrétiens. Les belles promesses (le paradis pour demain), les slogans qui font mouche (‘les premiers seront les derniers’), le logo de la marque (la croix), la charte graphique (l’architecture romane puis gothique), les récits de miracles sont autant de techniques de vente éprouvées pour capter les esprits, séduire le chaland et enrôler de nouveaux fidèles. » (Weinberg, 2009, p. 31)
131Il reste le contenu du message, bien entendu, mais la forme pour transmettre les informations se base sur des procédés rhétoriques qui fonctionnent et qui ont un impact.
132La technique de journalisme du storytelling est également efficace « pour rendre compte d’un évènement (une catastrophe, une guerre) ou d’un fait de société (chômage, racisme, divorce), rien ne vaut que de commencer par le récit d’un cas individuel. Les larmes d’une mère dont la fille de 14 ans a été tuée par un chauffard auront plus d’impact sur l’opinion qu’un chiffre anonyme (le nombre de morts par an sur les routes) ou qu’un concept abstrait (la violence routière). » (Ibid. p. 34)
133La presse et la politique sont souvent liées. Les politiciens font des déclarations dans les journaux, les journalistes analysent les situations, questionnent, vont chercher l’information. Des liens sont créés entre les deux mondes.
134La profession de « spin doctor » l’illustre parfaitement. Le spin doctor est un conseiller en communication et en marketing politique, en relation avec une personnalité politique qu’il guide.
135Nous vous invitons à jeter un œil à la série Borgen (série télévisuelle danoise de 2010) afin de constater les effets de ce métier.
3.4 – En politique…
136Faut-il croire les déclarations des personnages politiques ? Comment construisent-ils leurs discours ? Sont-ils crédibles ? Comment faire le tri entre ce qui semble juste et ce qui semble être dit pour « se vendre » ou « vendre son parti » ?
137Nous abordions trois paragraphes plus haut le storytelling, technique fortement employée au niveau des stratégies politiques. Eyries (2013, p. 8) s’appuie sur Salmon (2008) pour expliquer l’intérêt de cette méthode. Elle est « une narration utile, ‚une forme de discours qui s’impose à tous les secteurs de la société et transcende les lignes de partage politiques, culturelles ou professionnelles’. A ce titre, le storytelling s’impose dans le champ de la politique comme un dispositif sociotechnique d’une grande efficacité, comme un instrument permettant d’établir et de renforcer la domination sur tout ou partie d’une population ciblée. Le storytelling plaque sur la réalité des récits artificiels, bloque les échanges, sature l’espace symbolique de séries et de stories. » Il est dès lors difficile de déceler le vrai du faux.
138Dans les discours politiques, la construction pour faire passer le propos est impressionnante.
139Plusieurs méthodes sont employées.
140Ainsi, le carré sémiotique, créé par Greimas, « repose sur un jeu de construction entre catégories qui tout à la fois s’opposent, se contredisent et sont complémentaires. » (Bertrand, Dézé, Missika, 2009, p. 36). Les orateurs emploient alors « la catégorie du vécu partagé qui désigne ici la réalité en tant qu’elle est subjectivement éprouvée par les personnes et présente par empathie dans le discours : „chacun d’entre nous“ ; „nous, travailleurs“ ; „les Français“. Le vécu se manifeste ainsi toujours sur le mode participatif. A cette première catégorie s’oppose (relation contraire) celle de l’utopie visée, c’est-à-dire ce au nom de quoi le vécu peut être transformé : „la passion de l’égalité“ (S. Royal), „la France forte“ (N. Sarkozy), „un autre monde„ (José Bové)…, tout ce qui peut donc, dans le discours, faire le corps de la promesse et ouvrir les perspectives d’un devenir. Si le vécu s’oppose à l’utopie, il peut être également nié (relation contradictoire) par une troisième catégorie, celle de la fiction imaginée : le discours procède alors à une construction fictionnelle de la réalité jouant sur les émotions et suscitant des identifications par l’emploi d’un vocabulaire imagé, le recours à l’anecdote, l’exploitation de textes ou de genres littéraires ou encore la convocation de personnages historiques. A cette troisième catégorie, enfin, s’oppose celle de la réalité analysée (en contradiction avec l’utopie visée), qui désigne ici non pas la réalité du monde effectif mais l’objectivation de cette réalité dans et par le discours d’analyse (sophistiqué ou non). » (Ibid. p. 37)
141Certains politiciens sont très habiles quant à la manière de présenter les choses. Ainsi, Obama se base sur trois idées clés qui fonctionnent admirablement :
- « l’espoir (hope) en un monde meilleur (même si le contenu de ce « monde meilleur » reste assez flou) ;
- ce changement doit reposer sur la capacité du peuple américain à inventer l’impossible, idée qui se résume dans le slogan : „yes, we can“ ;
- ce changement s’appuie sur l’unité du peuple américain. Au-delà des clivages, il existe une unité des américains autour des valeurs fondatrices. »
143Autre élément d’influence : les spots télévisés des partis politiques. Lors des élections, nous sommes assaillis de « spots » défendant les différentes valeurs des partis.
144Davis Haigron se pose la question suivante : « Est-ce faire œuvre de « propagande », pour des partis politiques, que d’avoir recours aux moyens techniques et stratégiques potentiellement susceptibles d’influencer le choix des électeurs dans un sens qui leur soit favorable ? » (Haigron, 2008, p. 71)
145Haigron met en évidence le fait que les spots publicitaires sont réalisés par des professionnels. Les objectifs poursuivis sont d’une part de s’adresser au plus large public possible, d’autre part de tenter de produire un consensus affectif (via des effets miroirs, où le citoyen lambda va se sentir proche ou non des problématiques proposées et va peut-être se retrouver à s’identifier ou se projeter dans la situation proposée) et enfin de fixer une image, des idées ou encore un slogan. Il s’agit donc, via le spot télévisé, d’imprimer un message dans la mémoire collective.
146Les politiciens, via cette méthodologie, visent-il à influer sur l’opinion publique ? Haigron modère cette question en rappelant que l’effet même du spot est très limité, en grande partie en raison de la multiplicité des messages et aux aspects contradictoires de ceux-ci.
147Ce type d’influence se rapproche donc des publicités commerciales, dont l’objectif est d’attirer l’attention sur une marque, un nom (ici, en l’occurrence, un parti politique).
148Cependant, il est certain que le message fixé dans la mémoire a un impact, fort ou non. Du moins nous semble-t-il essentiel d’en questionner la teneur et la portée.
149Qu’en est-il des sondages ? Ont-ils une influence sur nous ? Peut-on s’appuyer sur les informations d’un sondage ? Est-il représentatif d’un point de vue plus « réel », plus pertinent, d’une population-cible ?
150Relevons que les sondages sont fonction des personnes qui enquêtent. Katz, en 1944, notait que « Si on laisse l’enquêteur choisir, il n’ira pas dans les banlieues suburbaines ni dans les taudis, il évitera les allées noires et les quartiers chauds » (Cité par Endeweld, 2007, p. 10).
151Les informations sont représentatives d’une certaine partie de la population et dépendent des sondeurs. Elles sont donc sujettes à discussion.
Les lobbies, les groupes de pression
152« Un lobby est généralement perçu comme l’émanation de groupes sociaux particuliers (le lobby des retraités) ou, assez souvent, de secteurs industriels (le lobby pharmaceutique), qui interviendraient directement auprès des responsables politiques, par la séduction ou par la menace, pour défendre leurs intérêts propres, s’opposant ainsi à l’intérêt général ou l’empêchant d’émerger. » (Molénat, 2006, p. 8) Cette vision nous semble incomplète. Les lobbies ne concernent pas forcément des intérêts privés – nous y trouvons également toutes les ONG (associations non gouvernementales) et les associations de défense collective, comme Greenpeace. Par ailleurs, l’objectif ne se centre pas nécessairement sur l’influence politique. L’opinion publique peut être visée ou du moins certains groupes sociaux.
153Grossman et Saurugger (cité par Molénat, Ibid. p. 8) propose cette définition : un lobby est « une entité qui cherche à représenter les intérêts d’une section spécifique de la société dans l’espace public » et encore « une organisation constituée qui cherche à influencer les pouvoirs politiques dans un sens favorable à son intérêt. »
154La perception des groupes de pression est souvent négative. Pourtant, il n’existe pas une seule forme de lobbies. Plusieurs modèles existent qui adoptent différents modes de fonctionnement.
155Des outils vont être employés. Offerlé (1998, cité par Molénat, Ibid. p. 12) en avance trois : « le recours au nombre (montrer que l’on s’appuie sur un collectif, à travers une manifestation ou un sondage, par exemple), à la science (financer des recherches, organiser des colloques…) et à la vertu (appels aux valeurs morales, stratégies de scandalisation). » Emiliano Grossman et Sabine Saurugger (Ibid., p. 12) établissent une typologie de cinq idéaux-types :
- « la négociation et la consultation, par lesquelles ‘les acteurs politiques et administratifs invitent les groupes d’intérêt à participer aux processus décisionnels’ ;
- le recours à l’expertise ;
- la protestation, qui ‘utilise les lieux publics pour faire connaître les intérêts de l’acteur, mobilisant ainsi à la fois les autorités, les médias, l’opinion publique et les sympathisants de la cause’ ;
- la juridicisation ou utilisation du pouvoir judiciaire pour la défense d’intérêts, les tribunaux rendant notamment des décisions ‘qui apparaissent comme des défenses de l’intérêt général contre certains intérêts spécifiques’ ;
- la politisation, enfin, qui consiste à transformer le groupe d’intérêt en parti politique. »
156Molénat précise qu’actuellement, il n’y a pas suffisamment d’études empiriques pour déterminer l’influence exacte, réelle des groupes de pression.
157Prenons un peu de recul.
158Les informations amenées dans cet outil invitent à prendre distance, à être critique dans ses perceptions, ses analyses, ses certitudes.
159Ce n’est pas chose facile.
160Volkoff (1999, p. 2280-2281) met en avant plusieurs éléments auxquels être attentif pour ne pas se laisser « manipuler ».
- « Ne pas nous laisser obnubiler par la sur-information ambiante ;
- N’avoir une opinion que sur les sujets sur lesquels nous pouvons avoir accès à plusieurs sources d’informations […] ;
- Apprendre à déceler les symptômes d’une campagne de désinformation : il y a forcément anguille sous roche quand des journaux de bords opposés se trouvent d’accord jusqu’aux détails près ;
- Pratiquer l’esprit de contradiction […] ; s’intéresser aux ‘observatoires de la désinformation’ […] ;
- Être attentif aux études qui sont faites par des techniciens sur les méthodes de désinformation ;
- Essayer de se faire des opinions plutôt que de les acheter toutes faites ;
- Refuser par-dessus tout de pratiquer l’autocensure. Le refuser systématiquement, farouchement, intelligemment. Ce refus dépend de chacun de nous. »
161Chercher les sources, les informations, les divergences. Être critique face au monde.
4 – À découvrir, à lire, à regarder…
162La plupart des ouvrages renseignés sont des uchronies, c’est-à-dire des histoires basées sur la reconstruction d’un événement historique ou des dystopies, récits mettant en scène des sociétés imaginaires où les individus ne peuvent être heureux. Ils rendent compte d’histoires où la manipulation est effective.
1631984, roman de George Orwell, de 1949.
164Winston Smith vit dans le Londres de 1984, où un régime totalitaire s’est instauré. Nous suivons les questionnements et le parcours de vie de Winston, ses interrogations sur le monde et sur Big Brother qui voit tout.
165Matrix, est un film de science-fiction, réalisé par Andy et Larry Wachowski, sorti en 1999.
166Le héros, Thomas A. Anderson, va prendre conscience que son monde est virtuel et contrôlé par des machines.
167Fatherland, roman policier uchronique de Robert Harris, paru en 1992
168Nous sommes dans un monde où l’Allemagne nazie a gagné la guerre.
169Le policier Xavier March doit résoudre une enquête et va, peu à peu, devenir conscient de la manipulation qui s’opère dans son univers.
170Le Meilleur des mondes, roman d’anticipation écrit en 1931 par Aldous Huxley.
171Le roman met en scène un monde calibré, calculé, structuré, où chaque individu a une place et suit les valeurs prescrites, dès l’enfance. Jusqu’à ce qu’un « sauvage » vienne poser des questions…
172Minority Report, film de science fiction de 2002, réalisé par Steven Spielberg, avec Tom Cruise, Colin Farell et Samantha Morton.
173Des êtres humains, en l’an 2054, peuvent prédire les crimes. Des individus sont en charge de faire respecter la loi avant que les crimes soient commis.
174Le héros, John Anderton, se retrouve, malgré lui, dans une situation complexe.
175Le maître du Haut Château, roman de Philip K. Dick, écrit en 1962.
176Il s’agit d’une uchronie mettant en scène la victoire de l’Allemagne, du Japon et de l’Italie au cours de la guerre 40-45.
177Eternal sunshine of the spotlessmind, film américain de Michel Gondry, sorti en 2004, avec Jim Carrey, Kate Winslet et Kirsten Dunst.
178Le film raconte une histoire d’amour complexe, où les protagonistes font le choix d’effacer leurs souvenirs pour ne plus en souffrir.
179Ici, les individus s’autorisent à faire disparaître ce qu’ils ne veulent plus voir ou ressentir.
180Person of Interest, série télévisée américaine, produite par JJ Abrams (et créée par Jonathan Nolan) depuis 2011, avec Jim Caviezel, Michael Emerson et Taraji P. Henson.
181Introduction de la série : « On vous surveille. Le gouvernement possède un dispositif secret, une machine. Elle vous espionne jours et nuits, sans relâche. Je le sais, parce que c’est moi qui l’ai créée. Je l’avais conçue pour prévenir des actes de terrorisme, mais la machine voit tout, tous les crimes impliquant des citoyens ordinaires, tels que vous. Des crimes dont le gouvernement se désintéresse. Alors, j’ai décidé d’agir à sa place, mais il me fallait un associé, quelqu’un capable d’intervenir sur le terrain. Traqués par les autorités, nous travaillons dans l’ombre. Jamais vous ne nous trouverez, mais victime ou criminel, si votre numéro apparaît, nous, nous vous trouverons. »
182Borgen, série télévisée danoise, créée par Adam Price, depuis 2010, avec Sidse Babett Knudsen, Johan Philip Pilou Asbaek et Birgitte Hjort Sorensen.
183La série suit la nouvelle première ministre danoise dans son avancée au pouvoir. On y met en scène de très intéressants rôles de spin doctors.
5 – Que conclure ?
184Il nous paraît un peu étrange d’employer dans ce texte le terme de « conclusion » pour clore ce livret. En effet, ce sujet est loin de rejoindre une conclusion, bien au contraire.
185Nous sommes dans une optique de réflexion, de perception, d’attention. La posture est de lever la tête et observer, de voir et d’écouter, tenter de débusquer, de comprendre, de mettre sens et surtout du sens critique. Quitte à faire pour cela un pas en arrière pour se poser d’autres questions et ré-ouvrir des voies que l’on pensait fermées.
186Au cours de cet outil, nous avons cherché à mettre en exergue quelques éléments montrant que les informations ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent et ce, dans plusieurs multimédias.
187Nous espérons avoir contribué à inciter le lecteur à aiguiser encore son sens critique à l’égard de la prise de connaissance des évènements.
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