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Article de revue

Du jeu au je

Pages 181 à 192

Notes

  • [1]
    Lacan J., Le Séminaire Livre IV, La relation d’objet, Paris, Seuil, 1974, p. 274.
  • [2]
    Ibid. Lacan reprend cette expression dans Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 7 décembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 121.
  • [3]
    Lacan J., Le Séminaire Livre IV, La relation d’objet, op. cit., p. 274.
  • [4]
    Ibid., p. 341-342.
  • [5]
    Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », in Écrits, op. cit., p. 187. Cf. aussi dans « Fonction et champ de la parole et du langage », ibid., p. 318.
  • [6]
    Cf. pour exemples : Lacan J., « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », in Autres écrits, Seuil, 2001, p. 42-43, et Lacan J., « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », in Écrits, op. cit., p. 97 et p. 114.
  • [7]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 78.
  • [8]
    Lacan J., « Réponse de Jacques Lacan à une question de Marcel Ritter », in Lettres de l’École freudienne, no 18, Bulletin de l’École Freudienne de Paris, avril 1976, p. 8.
  • [9]
    Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », in Écrits, op. cit., p. 571.
  • [10]
    Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, éd. Petite Bibliothèque Payot, 1981, p. 53.
  • [11]
    Demoulin C., « Jouissance et pulsion de mort », in Mensuel no 21, janvier 2007, École de Psychanalyse du Champ lacanien.
  • [12]
    Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, op. cit., p. 54.
  • [13]
    Lacan J., Le Séminaire Livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998, p. 175.
  • [14]
    Ibid., p. 175.
  • [15]
    Lacan J., « Note sur l’enfant », in Autres écrits, op. cit., p. 373.
  • [16]
    Lacan J., Le Séminaire Livre V, Les formations de l’inconscient, op. cit., p. 192.
  • [17]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 60.
  • [18]
    Ibid., p. 77.
  • [19]
    Ibid., p. 79.
  • [20]
    Lacan J., Le Séminaire Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 90.
  • [21]
    Lacan J., « Remarque sur le rapport Daniel Lagache », in Écrits, op. cit., p. 677.
  • [22]
    Ibid., p. 666.
  • [23]
    Ibid., p. 655.
  • [24]
    Ibid., p. 668.
  • [25]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 826.
  • [26]
    Ibid.
  • [27]
    Quignard P., La Nuit sexuelle, Paris, Flammarion, 2007, p. 11.
  • [28]
    Klein M., « Le développement d’un enfant », in Essais de Psychanalyse, Payot, 1968, p. 32.
  • [29]
    Lacan J., « Remarque sur le rapport Daniel Lagache », in Écrits, op. cit., p. 667.
  • [30]
    Cf. sur ce sujet Maillet A., Le miroir noir, éd. Kargo / L’éclat, 2005.
  • [31]
    Maman absente rend tout noir, disait la petite Piggle, et d’ajouter, noir est le fait qu’on ne voit pas, citée par Pascal Quignard, dans La Nuit sexuelle, op. cit., p. 73.
  • [32]
    Lacan J., Le Séminaire Livre X, L’angoisse, op. cit., p. 73-74.
  • [33]
    C’est nous qui soulignons.
  • [34]
    Proust M., À la recherche du temps perdu, t. I, Du côté de chez Swann, Paris, Gallimard, 1992, p. 13.
  • [35]
    Cf. sur ce point Michel D., « Les concepts fondamentaux et la cure », in Lettres de l’École freudienne, no 18, Bulletin de l’École Freudienne de Paris, op. cit., p. 39.
  • [36]
    Freud S., L’interprétation des rêves, Puf, 2004, p. 578.
  • [37]
    Lacan J., « Réponse de Jacques Lacan à une question de Marcel Ritter », in Lettres de l’École freudienne, no 18, Bulletin de l’École Freudienne de Paris, op. cit., p. 8.
  • [38]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 818.
  • [39]
    Blanchot M., « La solitude essentielle et la solitude dans le monde », in L’espace littéraire, Folio-Essais, 1955, p. 339-340. n.b. — Nous devons à Jean-Pierre Criqui d’avoir attiré notre attention sur ce texte, dans « Une femme disparaît », postface à Cindy Sherman, Paris, Flammarion / éd. Jeu de paume, 2006, p. 283.
  • [40]
    Lacan J., Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 19 novembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 41.
  • [41]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p. 800.
  • [42]
    Nous devons à Clément Rosset de s’être arrêté sur cette séquence du film, dans Loin de moi, éd. de Minuit, 1999, p. 18-19.
  • [43]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 801.
  • [44]
    Ibid.
  • [45]
    Lacan J., Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 10 décembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 96.
  • [46]
    Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, 1981, p. 53.
  • [47]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 60.
  • [48]
    Ibid.
  • [49]
    Lacan J., « Position de l’inconscient », in Écrits, op. cit., p. 844.
  • [50]
    Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage », in Écrits, op. cit., p. 319.
  • [51]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 60.
  • [52]
    Lacan J., Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 19 novembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 41.
  • [53]
    Ibid., leçon du 10 décembre 1958, p. 99.
  • [54]
    Ibid., p. 100.
  • [55]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 816. 56 Ibid., p. 818.
  • [56]
    Ibid., p. 818.

1Je souhaiterais commencer par indiquer l’un des appuis de ce travail, cette phrase de Lacan, tirée de son Séminaire La relation d’objet : « Comment méconnaître […] que les actes spontanés d’un enfant sont quelque chose de beaucoup plus direct et plus vif que les conceptions mentales d’un être adulte après de longues années de crétinisation amplificatoire que constitue le commun de ce que l’on appelle l’éducation [1] ». Il y aurait donc à s’intéresser aux actes spontanés de l’enfant. Non pas seulement à ses fictions, mais aussi à ce qui longtemps servira d’appui à ces fictions, et seront tout autant le fruit de ses inventions : des jeux.

2J’en déduis en effet qu’à suivre Lacan, le psychanalyste gagnera à prendre au sérieux les jeux que les enfants inventent. Non pas pour y trouver matière à interprétation, sur un mode imaginaire, dans le registre du sens. Mais pour y saisir comment, de manière vive et directe, « à ciel ouvert [2] », dira encore Lacan, l’enfant, s’efforçant par ses jeux de traiter l’impossible, nous enseigne sur la structure. Et peut-être même, comment l’enfant, je le formulerai en ces termes, joue la structure. Nous nous souvenons ainsi du commentaire que fit Lacan de cette séquence où, racontant à son père son rêve des deux girafes, Hans se saisit d’une feuille de papier et, tel un « prestidigitateur [3] », la chiffonne, donnant ainsi illustration de ce saut subjectif qu’inaugurait pour lui le passage de l’imaginaire au symbolique. Nous pourrions également rapporter l’attention que Lacan prêta à cet autre rêve, où Hans jouait avec ses pairs au jeu de gage, au jeu du Y est-il, y est-il pas[4] ?, où le phallus inexistant se devait d’être là, caché. Enfin, nous avons sur ces questions un paradigme : le jeu du Fort-Da, avec le trait de génie que Lacan reconnaîtra à Freud de s’y être arrêté, et d’en avoir déduit un certain nombre d’avancées théoriques.

3Or justement, c’est à partir de ce jeu du Fort-Da, et d’autres de ces jeux d’occultation[5], tels que les nomme Lacan, que j’aborderai cette question de l’identité. Je souhaiterais en effet démontrer, à l’appui de ce que nous enseignent ces jeux, comment c’est sur le fond de séparations premières, que l’identité imaginaire [6] d’un sujet pourra et devra se constituer. Non pas son identité de jouissance donc, ou de symptôme, mais bien son identité moïque. Car il me semble que ces séparations primitives [7], qui font l’étoffe d’un sujet, feront aussi la cause de son moi, l’ombilic à partir duquel, ainsi que Lacan le notait à propos du rêve, le sujet pourra se figurer [8].

Du Fort-da au miroir

4Une première indication de Lacan me paraît aller dans ce sens, que j’extrais de sa « Question préliminaire à tout traitement possible de la psychose » : un lien unit entre eux le stade du miroir et la symbolisation primordiale de la mère [9]. Nous savons que le Fort-Da constitue la pleine illustration de cette symbolisation. Toutefois, la suite de ce jeu, que Freud nous indique dans une note de bas de page, pourrait nous éclairer cliniquement sur ce lien fait au stade du miroir. Je le cite, nous rapportant ce deuxième acte du Fort-Da : « Un jour où la mère avait été absente pendant de longues heures, elle fut saluée à son retour par le message Bébé o-o-o-o, qui parut d’abord inintelligible. Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que l’enfant avait trouvé pendant sa longue solitude un moyen de se faire disparaître lui-même. Il avait découvert son image dans un miroir qui n’atteignait pas tout à fait le sol et s’était ensuite accroupi de sorte que son image dans le miroir était “partie” [10]. » Ainsi, nous apprenons qu’après le jeu du Fort-Da, l’enfant s’en est allé jouer sa propre disparition dans le miroir, selon une expression que j’emprunte à Christian Demoulin [11]. Après le Fort-Da, et même, à l’appui du Fort-Da. C’est là en effet la conclusion que j’en tire, et sur laquelle je voudrais à présent m’expliquer.

5Qu’est-ce que, par son jeu du Fort-Da, l’enfant nous met en scène[12] ? Il y a eu plusieurs élaborations successives et différentes de Lacan sur ce sujet. Voici celles sur lesquelles je m’appuie. La première date de son Séminaire Les formations de l’inconscient. Le Fort-Da, note Lacan, est d’abord ce moment où l’enfant se sépare de son statut d’objet partiel [13] de la mère, pour advenir à une question qui vise l’Autre maternel : Qu’est-ce qu’elle veut celle-là[14] ? C’est à prendre acte, et à symboliser qu’il ne suffit à satisfaire le désir de sa mère, que l’enfant s’ouvre à une question qui le concerne lui, et le corrèle au désir de l’Autre. Ainsi, une première séparation vient à constituer le procès du Fort-Da, où nous pourrions déjà reconnaître ce que Lacan avancera dans ses « Deux notes sur l’enfant [15] ». Le Fort-Da est aussi l’opération par laquelle l’enfant ne réalisera pas l’objet du fantasme de la mère, et ce faisant, adviendra à une question qui le concerne dans son être, et préfigure la question de son fantasme : qu’est-ce que je suis pour elle ? C’est donc un premier point que je retiens ici : le Fort-Da est la condition pour qu’un sujet puisse se poser la question de ce qu’il est, et se sentir animé d’un désir d’être [16]. Or sans ce désir qui advient, comment poser les nécessités d’une identité du sujet ?

6La deuxième référence que je choisis est extraite du Séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, et nous permet de préciser les conditions de ce passage d’une séparation première, à une identité appelée par le sujet. Lacan y démontre cette fois comment l’opération du Fort-Da est aussi une opération de causation du sujet. Ce qui choit véritablement dans le procès du Fort-Da n’est pas la mère qui s’absente, mais ce que cette absence aura pour conséquence, quelque chose qui se détache [17] du sujet lui-même, et qui est l’objet a. L’objet a, autant que le sujet barré figure im1, voilà ce que pour Lacan, présentifie la bobine.

7De là, je reviens à ce passage du Fort-Da au miroir, tel que le joue le petit fils de Freud. C’est donc affecté d’une perte redoublée que cet enfant se tourne vers le miroir. Et Freud de souligner ce que cette scène de miroir produit. L’enfant y découvre son image, en même temps que de la faire disparaître. Un autre jeu d’occultation se produit. L’enfant joue à apparaître-disparaître dans le miroir, élevant ainsi son image, et non plus la figure maternelle, au rang de signifiant. L’enfant joue à faire disparaître la bobine qu’il est, et ce faisant, nous donne à voir quelle est l’occultation première qui le fonde. J’en déduis que c’est à la condition première de cette disparition et de cette instauration, comme sujet barré, affecté du manque à être autant que du manque à jouir, que l’enfant se découvre dans le miroir. C’est pour cause du Fort-Da qu’il en appelle à l’imaginaire, pour se rattraper dans le miroir. Et nous voyons que la raison en est une séparation redoublée. L’enfant se sépare de sa position d’objet dans le fantasme de la mère pour advenir comme sujet divisé, lui-même écorné de l’objet de son désir. C’est donc le second point que je souhaite ici souligner : l’enfant, s’en allant gaiement du jeu du Fort-Da au jeu du miroir, nous démontre que le Fort-Da est une condition du stade du miroir.

Le manque d’une image

8Mais alors, poursuivons à présent sur les déclinaisons moïques du stade du miroir. En effet, cette place que dessine ici le cadre du miroir, et dont l’enfant s’excepte par son jeu de disparition, n’est-ce pas aussi ce que Lacan nommera cette place laissée vide que constitue le sujet ? C’est là une autre indication de Lacan dont je voudrais me servir. Le sujet divisé est une place laissée vide, et ce, à plusieurs titres. Dans le registre symbolique tout d’abord, où il disparaît sous les signifiants qui le représentent. Dans le registre pulsionnel aussi bien, où le langage l’affecte dans son corps, et l’écorne de sa jouissance. Mais aussi, me semble t-il, dans le registre de l’imaginaire, ainsi que nous le montre cet enfant jouant sa propre disparition dans le cadre du miroir.

9En effet, qu’est-ce que nous révèle encore ce jeu, quant à la structure identitaire du sujet ? Que l’enfant qui se sépare de l’Autre, ainsi qu’y conduit le procès du Fort-Da, est aussi un enfant qui se sépare [18] de son regard. Car c’est à la condition de pouvoir s’imaginer disparu sous le regard de l’Autre, que l’enfant peut ainsi mener ce jeu d’occultation. Le regard de l’Autre est ici élidé, pour n’être plus qu’imaginé [19]. À la différence de la patiente du Professeur Bobon [20], cet enfant ne sera pas toujours vu, fixé dans le tableau. L’enfant sort du portrait que lui fait l’Autre, pour y valoir comme image manquante, celle-là même qu’il fait se figurer par le battement de sa présence-absence dans le miroir. Ainsi, l’élision [21] signifiante du sujet aura aussi sa conséquence sur le plan imaginaire. Le sujet y vaudra « sous l’aspect de négatif [22] » avec, en retour, l’appel à une image qui puisse parer ce manque [23], et puis bientôt ce qui lui succèdera, le désir de se faire une identité moïque, derrière laquelle se remparder. Telle est la façon dont j’entends ce service-rendu que Lacan prête au moi : « le Moi vient à servir à la place laissée vide pour le sujet [24]. » Le moi sera le répondant imaginaire de ce défaut d’identité premier, issu de la séparation symbolisée du sujet d’avec l’Autre. À savoir, non seulement une image, mais aussi une « imagination [25] », mixte d’imaginaire et de symbolique. Nous savons en effet que, passé le stade du miroir, le sujet tâchera de rejoindre l’identification imaginaire que constitue son moi idéal, au gré des identifications symboliques qui composent son idéal du moi.

10Toutefois, le moi « usurpe [26] » la place déblayée pour le sujet sans qu’il l’occupe, précise Lacan. Le sujet est et demeure une image qui manque[27]. Ce que les enfants, curieux de leur origine autant que de ce qu’ils seront plus tard, ne manqueront pas d’épingler, à la façon du petit Fritz de Mélanie Klein, demandant à sa mère : « Où est-ce que j’étais avant d’être né [28] ? » Là où est le manque de signifiant dans l’Autre, manque aussi l’image de l’origine, ainsi que Pascal Quignard le fait valoir joliment dans La Nuit sexuelle. Et c’est sur ce fond noir, trace du point aveugle qu’est le sujet, que se peindra l’identité. Le Moi est un œil qui aveugle [29], comme il se pourrait que l’homme se contemple dans les miroirs pour ne point s’y voir. Le vrai miroir est un miroir noir [30], autant que les fausses lumières de l’assurance identitaire répondent à la nuit noire de l’origine. Ces nuits, justement, notait Lacan, dont s’angoissent les enfants, au moment où l’obscurité venue [31], l’appui de l’image spéculaire soudain leur manque [32].

11D’ailleurs, n’est-ce pas à ces moments de pleine obscurité que, au défaut d’image, les grandes énigmes de l’existence que sont le sexe, la vie et la mort, s’accordent et intranquillisent le sujet ? Et n’est-ce pas alors dans la constitution d’images à faire défiler que l’enfant tentera de se secourir ? Je pense ici à Marcel Proust qui, dans les premières pages de Du côté de chez Swann, se souvient de sa peur du noir, soit des vacillations identitaires qu’elle lui valait enfant, et de quelles images, venues du lieu de l’Autre, il se tirait alors du sentiment de l’existence :

12

« Quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant qui j’étais ; j’avais seulement dans sa simplicité première, le sentiment de l’existence[33] comme il peut frémir au fond d’un animal ; j’étais plus dénué que l’homme des cavernes ; mais alors le souvenir — non encore du lieu où j’étais, mais de quelques-uns de ceux que j’avais habités et où j’aurais pu être — venait à moi comme un secours d’en haut pour me tirer du néant d’où je n’aurais pu sortir tout seul ; je passais en une seconde par-dessus des siècles de civilisation, et l’image confusément entrevue de lampes à pétrole, puis de chemises à col rabattu, recomposaient peu à peu les traits originaux de mon moi [34]. »

13Je situerai volontiers cette scène dans la suite du passage du Fort-Da au miroir que nous avons commenté plus haut. Nous y voyons en effet que le moi est une défense du sujet, contre cet affect d’exister que lui vaut son effacement dans le champ du symbolique. Mais nous y voyons aussi que le moi est co-extensif à cet effacement lui-même. Ici, il se révèle que c’est tout contre le manque d’une image que se recompose l’identité imaginaire [35]. Ainsi, les séparations qui fondent le sujet l’excluent de son origine, mais constituent aussi cet ombilic, ce nombril à partir duquel ce sujet pourra se figurer et s’imaginer. Cette pelote [36], diront Freud et Lacan, à partir de laquelle le sujet pourra tirer le fil [37] et tisser ses rêves, autant, me semble t-il, que son identité moïque. Enfin, cette image qui dans le champ de l’imaginaire lui fait défaut, le sujet devra l’emprunter à un autre, s’il veut inventer son reflet. C’est sur le fond de son hétéronomie radicale que le sujet pourra, passionnément, s’oublier dans une identité qui le ferait autonome. Et c’est pourquoi je voudrais à présent corréler l’identité moïque du sujet à la question du fantasme.

Du jeu de cache-cache

14Nous pourrions aborder la question sur un versant politique, quand on sait à quel point les fantasmes identitaires, et ses effets de regroupement, autant que de ségrégation, sont facilement activés chez les êtres parlants. Mais je m’en tiendrai ici à la clinique analytique, pour isoler la structure de ce lien entre l’identité imaginaire d’un sujet et le fantasme. Nous avons dans un premier temps souligné la causalité, établie par Lacan, entre le stade du miroir, et la symbolisation primordiale. Puis de là, tenté de démontrer l’articulation entre la place vide qu’est le sujet, et l’imagination moïque appelée à la couvrir. Or Lacan, dans son article « Subversion du sujet et dialectique du désir », revient sur sa critique de l’imposture moïque pour cette fois isoler ce qu’il nomme la doublure du sujet[38]. Derrière l’identité moïque d’un sujet se niche la vraie étoffe dont il est fait, son fantasme. D’où ma question : en quoi le fantasme du sujet, et les séparations qui le fondent, pourraient t-ils constituer cette doublure secrète de l’identité moïque ? En quoi est-ce à l’appui de son fantasme qu’un sujet s’imagine comme moi, et se la raconte ?

15Une enfant de cinq ans, à qui je dois d’avoir relu et travaillé l’ensemble de ces textes, m’aura conduit à y réfléchir à partir d’un autre de ces jeux d’occultation qu’elle inventa en séance, et à l’appui duquel elle en vint à dire Je.

16Au moment où je reçois Rose pour la première fois, il est dit en effet de cette enfant qu’elle ne joue jamais, qu’elle n’a jamais joué, et qu’elle est donc très isolée. Que d’autre part, elle parle d’elle à la troisième personne, ne prononçant le Je que très rarement. Enfin, Rose ne distingue pas les choses des personnes. Tout, pour elle, serait possiblement vivant. Mais cessons-là le discours de l’Autre, pour en venir à ce qui va constituer, dès la première séance, le fil rouge de son travail.

17Quel est ce fil ? Le traitement ludique, séance après séance, des crayons qu’il y a à sa disposition dans mon bureau. Rose se montrera d’abord à leur endroit fort perplexe, après avoir par mégarde bousculé au sol certains d’entre eux. Auquel cas elle pouvait alors leur prêter vie, ainsi qu’une intention de jouissance portée à son endroit : « Regarde, le crayon il bouge ! […] J’ai pas envie il m’embête. » Seulement, après que Rose aura constaté, avec moi, que pas tous ces crayons ne fonctionnaient, riant de ce défaut premier, cette enfant s’amusera désormais à les trier, puis à les « cacher », selon son terme. D’abord sous sa jupe, puis dans les coins et recoins de mon bureau, pour les retrouver ensuite, et m’en faire finalement le don. Là où était une réalité non évidée par le symbolique, grouillant d’excès de vie, là où était le crayon qui partait et n’en faisait qu’à sa tête, advient celui qu’il faudra re-trouver, après l’avoir caché. Mais aussi, c’est à l’occasion de ces retrouvailles que, pour la première fois, cette enfant en viendra à dire « je ». Rose assumera toujours d’un je, énoncé clairement, chacune de ces conquêtes : « J’ai trouvé ! » Bien-sûr, le crayon sera t-il à peine retrouvé qu’elle le relancera sous le divan, et reprendra sa recherche. Au « J’ai trouvé ! » succèdera un « Je cherche ! »

18Toutefois, il me faut également souligner le sort partagé de Rose et de ses objets. Car Rose, de façon co-extensive à ce traitement symbolique des Choses, s’amusera bientôt à se cacher elle-même, attentive à ce que je la cherche et à ce qu’elle me manque. Ce fut le jeu décisif du cache-cache, ou du coucou, pour reprendre ici son signifiant. En effet, cette enfant advint au jeu en même temps qu’au Je, et ce, sous les bénéfices de ce premier jeu d’occultation, comme en témoigne ce jour où, alors que je lui demandai qui était là caché derrière le coussin et qui m’interpellait sans cesse, cette enfant me rétorqua : « Ah ! Tant pis pour elle ! » Détaillons alors la logique de ce jeu, pour repérer en quoi il pourrait avoir fondé les conditions de son identité naissante.

19Premièrement, nous voyons que c’est à disparaître, et à s’énoncer comme disparaissant que Rose peut apparaître. Pour le dire dans les termes de Maurice Blanchot, l’essence de l’être se révèle ici d’être là où il manque, « d’être en tant que dissimulé… ». Voilà peut-être ce que certains jeux des enfants, du jeu de cache-cache aux jeux de déguisements qui tous montrent cette dissimulation, nous enseignent. Quand l’adulte s’y croit, s’illusionne d’être quelqu’un, s’efforçant débilement d’oublier de quels artifices moïques il est fait, l’enfant s’amuse de son gai savoir à se montrer tel qu’il est, comme parlêtre : la « dissimulation même [39] », pur effet du signifiant. N’est-ce pas ce que Lacan nous suggère, à l’occasion de son commentaire de ce second jeu d’occultation, qu’il nomma lui-aussi [40] le jeu du coucou. Lacan s’y arrête pour souligner quoi ? Que ce premier jeu est une « action symbolique » qui nous montre la fonction « révélatrice » du signifiant. Le jeu de cache-cache est un jeu d’occultation en tant qu’il nous montre l’occultation du sujet « par un signifiant toujours plus pur [41] », un sujet voué à apparaître, en même temps qu’à disparaître. Pensons ici au film d’Hitchcock, Une femme disparaît[42], et à ce que cette femme laissera pour preuve unique de son existence : son prénom tracé[43] sur la vitre embuée d’un train. Ces apparitions-disparitions, voilà les instants propres à révéler le sujet comme parlêtre, instants glissés entre « cette extinction qui luit encore et cette éclosion qui achoppe [44] ». Où le sujet n’apparaît que comme la trace laissée d’une trace qui s’efface [45]. « Bébé parti [46] », disait le petit fils de Freud, quand Rose énonce son « Tant pis pour elle ! » Le jeu du fort-da comme le jeu des crayons, c’est sur le fond de ces premiers jeux symboliques que l’enfant aura disparu-apparu comme sujet.

20Toutefois, précisons avec Lacan, à l’appui justement de ses analyses du Fort-Da : pourquoi est-ce sur le fond de ces jeux, faisant choir des objets, que s’est élevé le sujet ? Premièrement, parce que ces objets sont des équivalents de l’objet a[47]. Et que, d’autre part, ce n’est qu’à l’appui de la perte de cet objet que l’enfant pourra advenir comme sujet manquant, . D’où la conclusion que Lacan tire du Fort-Da : « La bobine, c’est là que nous devons désigner le sujet [48]. » Autant que le sujet, Rose est les crayons qu’elle fait disparaître. « Tant pis pour lui ! » dira t-elle une autre fois, alors qu’elle s’amusait à jeter l’un d’entre eux. Et c’est pourquoi, au regard de ce sort partagé de Rose avec ses objets, j’en déduirai une seconde dimension du jeu du cache-cache. Non seulement Rose s’y révèle comme effet du signifiant et énigme, mais elle s’y montre comme une question qu’elle m’adresse. Rose se fait énigme au lieu de l’Autre, jouant au « Peut-il me perdre ?[49] », autre nom du cache-cache. Par ce jeu, elle se révèle comme sujet du signifiant, en même temps qu’objet manquant au lieu de l’Autre. Rose joue sa disparition autant que sa séparation d’avec l’Autre.

21Enfin, une dernière remarque. Rose, je le rappelle, ne cessera de jouer à perdre puis à retrouver ces objets-crayons. Plus encore, c’est à jouer à re-trouver l’objet qu’elle dira « Je », puis que, de là, elle se tournera vers l’Autre. Rose se donne la peine de chercher les choses qui me font défaut, après quoi, victorieuse, elle m’en fait cadeau. « L’objet de l’Autre est désormais sa propre peine [50]. » Ce fut là une autre constante qui ne cessa de l’égayer durant les séances : m’apporter ce qui, supposait-elle, m’avait manqué, et qu’elle venait de re-trouver. Outre l’objet qu’elle est, il y a donc aussi l’objet qui tombe, et l’écorne dans son corps. Rose le donnait à voir, en s’amusant à cacher sous elle le crayon, comme elle donnera une autre fois à l’entendre, en accompagnant celui-ci à la poubelle d’un beurkk qu’elle traduira par caca. Aussi, n’est-ce pas le désir comme désir de l’Autre qu’elle joue cette fois, et nous met en scène ?

22Je tâche de conclure. Le jeu symbolique est ce qui aura permis à cette enfant de s’écorner, de disparaître comme objet et d’advenir comme sujet du signifiant. Ce que Lacan, toujours à propos du Fort-Da et citant Aristote, résumera d’une jolie phrase : l’enfant pense avec son objet [51]. Ce que je détournerais volontiers en : l’enfant pense avec ses jeux, quand ceux-là serviront de tels sauts subjectifs dont l’apparition du Je chez cette enfant nous donne ici l’indice. Un Je, c’est à dire, pour le moins, un sujet de l’énoncé, et une stabilisation moïque de cette enfant l’ouvrant au lien social. Certes, Je est un autre et, en cela, est une imposture. Mais cette image est en partie nécessaire à ce qu’un sujet puisse se soutenir dans le lien social, ne serait-ce que pour s’y reconnaître, parmi d’autres. Rose cessera ses activités stéréotypées pour jouer à l’école avec les autres enfants, un peu plus désormais ses semblables. Dans son Séminaire Le désir et son interprétation, Lacan proposera une autre formule pour définir ainsi le moi dans sa version identitaire : « une personne étoffée [52] », empruntant cette expression aux grammairiens Damourette et Pichon. Seulement, Rose nous enseigne sur la vraie matière de cette étoffe.

23Car c’est à retrouver l’objet, et à se soutenir d’un désir, qu’elle dira « Je ». Derrière le sujet de l’énoncé se devine le sujet d’une énonciation, comme certains de ses lapsus, aussitôt par elle rectifiés, en témoigneront par la suite. Cette enfant se surprit en effet à m’appeler, à plusieurs reprises, papa, voire tonton, quand jusqu’alors elle ne m’interpellait que par un curieux Monsieur. Je note aussi qu’elle ne tarda pas, et de façon systématique, à s’opposer à la moindre de mes paroles, me répliquant toujours : « Non, c’est pas ça ». Façon peut-être, pour elle, de vérifier que je ne savais pas tout, ainsi que Lacan en fait la condition nécessaire à ce qu’un sujet puisse se décompter au champ de l’Autre [53]. Pour dire « Je », il aura donc fallu à Rose être non plus seulement parlé au lieu de l’Autre, mais s’en être décompté, avoir chuté comme objet et, à l’instant de cette disparition, être advenu comme sujet désirant. Gagnant le pouvoir de se cacher à l’Autre, Rose s’en sépare un instant, et au lieu même de sa cachette, s’engendre. Or précisément, par ces jeux, que nous montre Rose, sinon la structure même du fantasme, ici naissante ? Plus encore, la fonction de ce fantasme : au point panique où le sujet s’efface, lui permettre de se raccrocher à l’objet d’un désir [54]. En quoi le fantasme constitue bien la vraie étoffe du sujet [55]. Car ce rapport de ce sujet à l’objet qui le cause fera, cette fois, la consistance réelle de son identité moïque, habillant [56] de peu la vraie nudité que lui valent ses exils.


Date de mise en ligne : 01/12/2017.

https://doi.org/10.3917/chla.006.0181

Notes

  • [1]
    Lacan J., Le Séminaire Livre IV, La relation d’objet, Paris, Seuil, 1974, p. 274.
  • [2]
    Ibid. Lacan reprend cette expression dans Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 7 décembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 121.
  • [3]
    Lacan J., Le Séminaire Livre IV, La relation d’objet, op. cit., p. 274.
  • [4]
    Ibid., p. 341-342.
  • [5]
    Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », in Écrits, op. cit., p. 187. Cf. aussi dans « Fonction et champ de la parole et du langage », ibid., p. 318.
  • [6]
    Cf. pour exemples : Lacan J., « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », in Autres écrits, Seuil, 2001, p. 42-43, et Lacan J., « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », in Écrits, op. cit., p. 97 et p. 114.
  • [7]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 78.
  • [8]
    Lacan J., « Réponse de Jacques Lacan à une question de Marcel Ritter », in Lettres de l’École freudienne, no 18, Bulletin de l’École Freudienne de Paris, avril 1976, p. 8.
  • [9]
    Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », in Écrits, op. cit., p. 571.
  • [10]
    Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, éd. Petite Bibliothèque Payot, 1981, p. 53.
  • [11]
    Demoulin C., « Jouissance et pulsion de mort », in Mensuel no 21, janvier 2007, École de Psychanalyse du Champ lacanien.
  • [12]
    Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, op. cit., p. 54.
  • [13]
    Lacan J., Le Séminaire Livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998, p. 175.
  • [14]
    Ibid., p. 175.
  • [15]
    Lacan J., « Note sur l’enfant », in Autres écrits, op. cit., p. 373.
  • [16]
    Lacan J., Le Séminaire Livre V, Les formations de l’inconscient, op. cit., p. 192.
  • [17]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 60.
  • [18]
    Ibid., p. 77.
  • [19]
    Ibid., p. 79.
  • [20]
    Lacan J., Le Séminaire Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 90.
  • [21]
    Lacan J., « Remarque sur le rapport Daniel Lagache », in Écrits, op. cit., p. 677.
  • [22]
    Ibid., p. 666.
  • [23]
    Ibid., p. 655.
  • [24]
    Ibid., p. 668.
  • [25]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 826.
  • [26]
    Ibid.
  • [27]
    Quignard P., La Nuit sexuelle, Paris, Flammarion, 2007, p. 11.
  • [28]
    Klein M., « Le développement d’un enfant », in Essais de Psychanalyse, Payot, 1968, p. 32.
  • [29]
    Lacan J., « Remarque sur le rapport Daniel Lagache », in Écrits, op. cit., p. 667.
  • [30]
    Cf. sur ce sujet Maillet A., Le miroir noir, éd. Kargo / L’éclat, 2005.
  • [31]
    Maman absente rend tout noir, disait la petite Piggle, et d’ajouter, noir est le fait qu’on ne voit pas, citée par Pascal Quignard, dans La Nuit sexuelle, op. cit., p. 73.
  • [32]
    Lacan J., Le Séminaire Livre X, L’angoisse, op. cit., p. 73-74.
  • [33]
    C’est nous qui soulignons.
  • [34]
    Proust M., À la recherche du temps perdu, t. I, Du côté de chez Swann, Paris, Gallimard, 1992, p. 13.
  • [35]
    Cf. sur ce point Michel D., « Les concepts fondamentaux et la cure », in Lettres de l’École freudienne, no 18, Bulletin de l’École Freudienne de Paris, op. cit., p. 39.
  • [36]
    Freud S., L’interprétation des rêves, Puf, 2004, p. 578.
  • [37]
    Lacan J., « Réponse de Jacques Lacan à une question de Marcel Ritter », in Lettres de l’École freudienne, no 18, Bulletin de l’École Freudienne de Paris, op. cit., p. 8.
  • [38]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 818.
  • [39]
    Blanchot M., « La solitude essentielle et la solitude dans le monde », in L’espace littéraire, Folio-Essais, 1955, p. 339-340. n.b. — Nous devons à Jean-Pierre Criqui d’avoir attiré notre attention sur ce texte, dans « Une femme disparaît », postface à Cindy Sherman, Paris, Flammarion / éd. Jeu de paume, 2006, p. 283.
  • [40]
    Lacan J., Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 19 novembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 41.
  • [41]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p. 800.
  • [42]
    Nous devons à Clément Rosset de s’être arrêté sur cette séquence du film, dans Loin de moi, éd. de Minuit, 1999, p. 18-19.
  • [43]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 801.
  • [44]
    Ibid.
  • [45]
    Lacan J., Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 10 décembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 96.
  • [46]
    Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, 1981, p. 53.
  • [47]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 60.
  • [48]
    Ibid.
  • [49]
    Lacan J., « Position de l’inconscient », in Écrits, op. cit., p. 844.
  • [50]
    Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage », in Écrits, op. cit., p. 319.
  • [51]
    Lacan J., Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 60.
  • [52]
    Lacan J., Le désir et son interprétation, séminaire inédit, leçon du 19 novembre 1958, transcrit par l’Association Lacanienne Internationale, p. 41.
  • [53]
    Ibid., leçon du 10 décembre 1958, p. 99.
  • [54]
    Ibid., p. 100.
  • [55]
    Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », in Écrits, op. cit., p. 816. 56 Ibid., p. 818.
  • [56]
    Ibid., p. 818.
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