Notes
-
[1]
Gaetana Benedetti, La Folie en partage, La Maison Jaune, Toulouse, érès, 2011.
-
[2]
Utopie de la ville et du musée. L’espace et le temps. Institut du Tout Monde, 2013
-
[3]
On pourra se référer à l’ouvrage récent de M. Leboyer et PM Llorca, Psychiatrie : l’état d’urgence, Paris, Fayard, 2018.
-
[4]
P. Coupechoux, Un homme comme vous. Essai sur l’humanité de la folie, Paris, Seuil, 2014, pp. 17-26.
-
[5]
C’est Gilles Deleuze dans sa préface à Psychanalyse et transversalité, qui souligne comment « Guattari ne cesse de réclamer les droits d’un point de vue métaphysique ou transcendantal, qui consiste à purger la folie de la maladie mentale et non l’inverse ».
-
[6]
G. Deleuze et F. Guattari, L’Anti-Œdipe, Paris, Éditions de Minuit, 1972, p.383.
-
[7]
F. Guattari, De Leros à La Borde, Nouvelles Éditions Lignes, 2012, p. 74.
Folies…
« Pas plus qu’il ne faut confier la guerre aux seuls généraux, il ne faut laisser la psychiatrie aux seuls psychiatres. Cela est vrai parce que tout ce qui est du domaine « psy » est inséparable du réseau humain et solidaire nécessaire au sujet en quête d’identité ».
2Folie douce, folie meurtrière, folie passagère, folie à deux, folie bergère (pour rire), folie des grandeurs, folie privée, folie furieuse, que sais-je encore ?
3« Retour au singulier. À chacun sa folie ! » déclarait Félix Guattari dans l’Éditorial du tout premier numéro de Chimères en 1987.
4Si la folie est sans doute la chose la mieux partagée du monde, difficile voire impossible de la prendre à son compte, on ne la perçoit que chez l’autre. Tel l’inconscient, elle est ce qui nous échappe, ce qui nous habite à notre insu. La folie, ne serait-elle pas alors l’autre nom de l’inconscient, à ciel ouvert ou pas, celui qui refuse la mort, les limites, le temps qui passe, celui qui est capable de toutes les folies et de toutes les combinaisons logiques possibles pour tenter d’exister. Ne serait-elle pas aussi l’autre nom de l’irrépressible et nécessaire subjectivité de celui ou celle qui persiste dans son être.
5La folie humaine affecte le sujet selon de multiples déclinaisons. Le degré de souffrance, d’angoisse, de douleurs physiques et morales, d’empêchement à vivre ne sont, certes, pas les mêmes pour tout le monde, l’adaptation aux réalités concrètes et existentielles non plus.
6Des réflexions sur la folie en partage ne manqueront pas de venir nourrir certains textes publiés dans ce numéro, pour dire combien « le partage du partage », selon l’expression d’un article éponyme, a ses limites mais pour dire aussi combien le partage et la rencontre sont d’un inestimable soutien autant pour « les normopathes », célèbre expression d’Oury que pour ceux qui souffrent de troubles dits « psychopathologiques ».
7« … le besoin vraiment essentiel de la psyché humaine semble être, avant tout, celui de la rencontre » écrit avec une intense conviction Gaëtano Benedetti, dans son livre intitulé La folie en partage [1] dont nous n’avons nullement cherché à copier le titre mais dont nous sommes heureux de nous sentir si proches, lui qui a passé sa longue carrière à « dialoguer » avec la psychose.
8Et sous un autre angle non moins fondamental, dans le premier numéro de Chimères (1987), Guattari aborde cette question de la productivité créatrice de la rencontre avec le concept d’agencement collectif d’énonciation, dispositif précieux pour les productions de subjectivité.
9Aussi pour ceux qui se soutiennent des lieux de soin dits thérapeutiques, clubs, GEM, associations et autres structures collectives privées ou pas, le bénéfice de ces agencements collectifs d’énonciation est évident du fait même que le patient ou le membre du collectif en question est accueilli et considéré comme un alter ego, non comme un malade qu’il faut sédater, rééduquer et diriger mais comme une personne à part entière, comme un citoyen, souffrant parfois plus que d’autres psychiquement et socialement, mais comme un prochain capable de bon sens et de lucidité, capable de vous donner autant que vous pouvez lui apporter, sinon plus, chacun s’en trouvant profondément modifié et mutuellement destigmatisé.
10Le Club, considéré comme le fruit le plus fécond de la psychothérapie institutionnelle, trouve plus que jamais sa raison d’être dans le contexte difficile de cette soi-disant Santé Mentale, à laquelle on veut nous faire croire, et qui nous renvoie les relents d’une société où « surveiller et punir » redevient une pratique banale.
11Qu’il soit intra-hospitalier, jouant alors son rôle de contre-pouvoir ou d’un autre pouvoir dans l’institution, mise en place consentie par un chef de pôle qui en reconnaît l’utilité, ou participant d’une structure associative externe à l’hôpital, il est le lieu privilégié d’une dynamique soignants-soignés, usagers-animateurs, donnant à chacun sa place de sujet capable d’initiative et de créativité, de faire ou de non faire mais surtout apte à préserver ce fragile sentiment d’exister dans un contexte collectif au mieux sécurisant. Le Club se déclinera dans ce numéro de Chimères selon toutes ses polyphonies singulières et collectives, poétiques et pragmatiques, politiques et thérapeutiques, en en dessinant délicatement les contours et l’ambiance.
12Si l’utopie est une folie alors « que vive la folie ! », puisqu’elle est, dans ce sens, ce qui nous engage à nous ressourcer à la force du désir, un désir d’atteindre ce qui manque mais précisément dans notre lieu et à partir de ce lieu, donnant à de multiples racines l’occasion de germer, de fleurir, de produire des rhizomes inattendus.
13Selon les paroles d’Édouard Glissant, « L’utopie, ne doit pas avoir pour but de nous dessiner des avenirs radieux et des lendemains qui chantent. On sait que ce n’est pas cela… Qu’est-ce que la pensée de l’utopie, concrètement, peut nous amener à faire ? Elle peut nous amener à réaliser des impossibles [2] ».
14L’utopie est la couleur de nos pensées et de nos actes, la fibre qui tisse le lien à l’autre, l’encordage, comme le dirait Deligny, celle qui permet dans une philosophie de la relation de construire le collectif tellement difficile à concevoir, mais tellement nécessaire pour tous et en particulier pour ceux que la vie fragilise mais dont les ressources souvent insoupçonnées ne demandant qu’à émerger et à s’épanouir. Et tous les agencements et médiations artistiques (théâtre, peinture, écriture, lectures, ateliers vidéo…) qui peuvent se pratiquer dans les associations et encore dans certains hôpitaux et dont bénéficient usagers et patients, en témoignent amplement.
15Donner voix à ceux ou celles qui ne l’ont pas souvent, est une de nos priorités, aussi les paroles de patients ou « clubbers » ou adhérents ou intervenants trouveront une place bien légitime dans ce numéro de Folies en partage. Numéro d’ailleurs conçu à l’issue de la journée organisée par l’Association culturelle et scientifique de Maison Blanche, le 8 décembre 2017, intitulée « la Ronde des associations », consacrée donc aux diverses associations, collectifs de soins et clubs, et à laquelle ont participé patients et soignants venus de Paris, de l’Île-de-France et de la province.
16Ce sont donc leurs paroles prononcées lors de cette journée qui résonneront ici, celles des patients qui témoignent de leur expérience de la vie associative, de ses bienfaits, de ses avantages et de ses écueils, et celles des soignants ou des animateurs qui s’interrogent sur l’avenir de ces associations et de ces clubs, avenir fortement mis en cause par les politiques de « la santé mentale ». Face à ce désaveu de la culture psychiatrique et psychanalytique et de la psychothérapie institutionnelle auquel on assiste aujourd’hui, seules les procédures managériales, les neurosciences et la succession des DSM font loi. La contention reprend ses droits dans les services et les subventions des associations s’amenuisent, voire disparaissent. Les clubs tant appréciés par leurs membres sont vus d’un mauvais œil par les chefs de pôle qui ne veulent plus de ces espaces dissidents, de « cette autre scène » que les patients sont libres de fréquenter à leur guise et où la traçabilité du soin leur échappe, le thérapeutique ayant dans ces lieux un tout autre sens que celui du soin médical proprement dit.
17Alors la résistance s’organise, d’abord entre le Loir-et-Cher et Reims, puis avec les clubs de la périphérie de Paris. Peu à peu, les clubs de France et de Navarre finissent par tisser un large réseau qui prendra comme nom de combat le TRUC, « Terrain de rassemblement pour l’utilité des clubs » qui se réunira une fois par trimestre pour débattre des valeurs partagées, des actions communes souhaitées, des difficultés locales avec la volonté de penser une organisation démocratique, avec le souci d’éviter toute tentation de prise de pouvoir et les pièges de la bureaucratisation. Une fois l’an, un forum organisé tout au long de l’année par un des clubs, a lieu, réunissant des centaines de patients et soignants. Le TRUC tente aujourd’hui une aventure singulière et unique de démocratie en direct, à l’écoute de la parole de chacun, sans a priori des statuts et des fonctions. Il constitue donc un vaste réseau non seulement en France mais aussi en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique donnant lieu à la publication de nombreux journaux, bulletins et gazettes et la création de radios, qui rendent compte des échanges, des activités et des rencontres de ce « peuple qui manque » selon la belle expression d’Édouard Glissant, qu’une certaine conception de l’accueil et du « prendre soin », outre l’art et la littérature, nous permet d’approcher.
18M. Z.
De la Folie…
19Une question se pose : pourquoi avoir choisi ce terme de « folies » pour parler d’associations constituées par des personnes ayant à faire à la psychiatrie. Une des actions politiques visées par certains patients se réunissant n’est-elle pas justement de lutter contre une représentation que se ferait la société d’eux comme étant des « fous » ? Qui en effet voudrait se revendiquer « fou » ? Si cela signifie être exclu de tout échange, l’échange ne pouvant être fondé que sur le partage d’une réalité commune dont le fou se couperait. Et plus insupportable encore, la folie n’est-elle pas ce que l’on assimile le plus volontiers aux pires violences et aux crimes les plus terrifiants ? Folie, voilà un terme archaïque et stigmatisant, car la « folie » n’est jamais très loin, dans les esprits, de « furieuse ».
20Si l’on veut œuvrer du côté d’une psychiatrie humaniste et déstigmatisante, ne faudrait-il pas bannir ce terme, et ne plus utiliser que ceux de maladies mentales et de handicap psychique ? C’est la voie suivie par tout un pan de la psychiatrie contemporaine, celle représentée en France, entre autres, par le groupe Fontamental [3]. Déstigmatiser, c’est faire en sorte qu’enfin la maladie mentale soit reconnue comme étant une maladie comme les autres. Tout ce qui en la psychiatrie apparaît comme excédant l’univers de référence médical doit être éliminé. Humaniser la psychiatrie, c’est aussi la rendre plus scientifique, plus moderne (entendre : plus en phase avec la logique néolibérale), c’est la normaliser et avec elle normaliser les patients. Purger enfin la maladie mentale de toute folie !
21Mais penser que le terme de folie soit plus stigmatisant que celui de maladie mentale, voilà qui n’a rien d’évident. Suivons ainsi Patrick Coupechoux dans l’introduction à son ouvrage Un homme comme vous [4]. Même s’ il y a des voies permettant le « rétablissement », une maladie, on l’a ou on ne l’a pas. Il y a les personnes saines et les malades. Avec la folie la détermination d’une délimitation claire est bien plus difficile. C’est que la folie excède la catégorie de la maladie. Citons avec Coupechoux, Hélène Chaigneau : « la folie est interne à chacun de nous, c’est une donnée humaine qu’on peut mettre toute une vie à reconnaître ».
22La folie est une dimension de l’humain, auquel chacun dans son existence aura à se confronter dans son rapport à l’autre et à lui-même.
23Contre l’usage du terme de « fou » comme une injure, qui cherche à parquer dans un camp sémiotique des anormalités à rejeter des échanges raisonnables, nous considérons les phénomènes de folies comme des expériences fondamentales de notre humanité. Les aborder sous les auspices de la multitude, et en parler au pluriel plutôt qu’au singulier, c’est déjà faire perdre un peu de sa consistance à une catégorie qui se dresserait telle l’obscure Autre de la raison. Même pas : « à chacun sa folie », plutôt à « chacun ses folies ». Plus qu’une ode à la diversité des individualités, plus qu’un plaidoyer en faveur des anormalités individuelles, c’est la folle hétérogenèse, qui est au fondement des productions de subjectivités, que nous cherchons à mettre en valeur.
24On aura reconnu un peu plus haut l’inversion de l’entreprise guattarienne [5]. La promesse est faite : les malades mentaux pourront être intégrés dans la société. Mais il faudra en payer le prix en supprimant toute trace de folie à l’aide des moyens chimiques et des dispositifs coercitifs nécessaires. Et malheur à ceux qui ne répondent pas aux effets attendus des médicaments et des psycho-rééducations, se baladant encore avec les apparats de la folie quand cette dernière ne doit plus exister ! C’est aux traitements les plus violents qu’ils s’exposeront. Dissoudre la folie, au nom de l’hygiène scientiste, est un grand projet politique nourrissant les micro-fascismes post-asilaires les plus sinistres.
25Mais dissoudre la folie pourrait tout aussi bien être un projet schizoanalytique. Il faudrait l’entendre alors bien autrement, tel qu’en parlent Deleuze et Guattari dans L’Anti-Œdipe [6] :
« Une véritable politique de la psychiatrie, ou de l’anti-psychiatrie, consisterait donc 1°) à défaire toutes les re-territorialialisations qui transforment la folie en maladie mentale, 2°) à libérer dans tous les flux le mouvement schizoïde de leur déterritorialisation, de telle manière que ce caractère ne puisse plus qualifier un résidu particulier comme flux de folie, mais affecte aussi bien les flux de travail et de désir, de production, de connaissance et de création dans leur tendance la plus profonde. La folie n’existerait plus en tant que folie, non pas parce qu’elle aurait été transformée en « maladie mentale », mais au contraire parce qu’elle recevrait l’appoint de tous les autres flux, y compris de la science et de l’art – étant dit qu’elle est appelée folie, et n’apparaît telle, que parce qu’elle est privée de cet appoint et se trouve réduite à témoigner toute seule pour la déterritorialisation comme processus universel ».
27C’est là le point ultime de la tâche destructrice de la schizo-analyse, là où elle rejoint tous les devenirs-révolutionnaires, dans la recherche acharnée de dépasser les séries de reterritorialisations. Le flux de folie n’est là qu’un des noms que le capitalisme donne au processus schizo. Celui-ci ne saurait supporter la déterritorialisation et le décodage qui le caractérisent, sans une axiomatique, faisant de la folie un terrible résidu ayant pour fonction de représenter sa limite extérieure. C’est la dernière représentation que la schizo-analyse a à défaire.
28Ce que porte la folie contaminerait alors le socius, notamment les sciences et les arts. Cette contamination aurait d’immenses conséquences libératrices pour ceux que l’on désigne comme fous, même si cela reste évidemment très difficile à imaginer. C’est que cesser de conjurer la folie en chacun de nous, mais également libérer la folie étouffée dans chacune des fibres du tissu social, ne peuvent s’effectuer qu’au travers du déploiement d’une multitude de devenirs-révolutionnaires.
29Maintenant que nous sommes si éloignés du moment où l’Anti-Œdipe parut, il serait absurde de transposer telle quelle une telle célébration de la déterritorialisation. Une politique de la psychiatrie à l’ère du néo-libéralisme triomphant est plutôt amenée à constituer patiemment de nouveaux territoires existentiels, un nouveau champ de reterritorialisations possibles, comme alternatives à celles mortifères des micro-fascismes sécuritaires et managériaux.
30Il faudrait préciser le contexte dans lequel ces derniers ont pu se cristalliser.
31Les dernières décennies de l’histoire de la psychiatrie ont été marquées par la « désinstitutionnalisation ». De quoi est-ce le nom ? Une politique néolibérale exige la réduction des dépenses du service public, encore et encore. Ce à quoi collaborent certains psychiatres, par résignation ou, pire, au nom d’une psychiatrie de secteur totalement dévoyée… Pour arrêter de fabriquer des « chroniques » passant leur vie à l’hôpital, la solution est toute trouvée, il suffit de fermer des lits avec la bénédiction de la direction. Voilà comment les pires lâchetés et les pires compromissions se déguisent en engagements pseudo-militants. Et, dans les services, il faudra faire régner le silence sur le fait que de telles manœuvres aboutissent à pousser des psychotiques dans la rue ou en prison. Il faudra se taire sur le fait que « l’insertion dans la cité » signifie bien souvent une vie tout aussi asilaire dans une structure médico-sociale, la galère dans un hôtel crasseux ou l’isolement dans un studio lugubre.
32Une unité d’hospitalisation marquée par la sédimentation est un lieu insupportable. Mais la fermer ou en réduire les capacités d’ « accueil » n’est qu’une manière de déplacer le problème, hors de sa vue.
33Comme l’écrit Guattari : « On peut créer des équipements psychiatriques légers au sein du tissu urbain sans pour autant travailler dans le champ social. On a alors simplement miniaturisé les anciennes structures ségrégatives et on les a, malgré soi, intériorisées » [7].
34L’opposition entre l’intra et l’extra, l’asile et la cité, se réduit parfois à un leurre. Quand dans le meilleur des cas, il y a un déplacement des moyens vers des structures extra-hospitalières, si la question de l’aliénation sociale et de la production de sédimentation reste non traitée, il y aura simplement miniaturisation, à l’extérieur, en ville, de ce qui se passait à l’intérieur des murs.
35Le club a été initialement introduit à l’intérieur de l’hôpital pour traiter cette dimension pathologique de l’institution. Il avait pour fonction d’analyser et transformer le vide sidéral du temps asilaire, qui établit dans ce qui apparaît comme une éternité morbide l’apragmatisme psychotique, le préjugé d’irresponsabilité des malades, qui fige les rapports entre statuts et les actes de chacun, et ce qui dans l’ambiance fait barrage aux bifurcations subjectives vers d’avantage de vie.
36C’est encore le club aujourd’hui, dans un tout autre paysage de la psychiatrie, qui se propose comme outil pour éviter ce piège de la miniaturisation et de l’intériorisation des anciennes structures ségrégatives.
37Mais plusieurs questions se posent, d’autant qu’il y a une grande diversité de cas de figure. Si le club, au sens de Tosquelles ou d’Oury, était rattaché à une certaine unité de temps et d’espace (l’hôpital ou la clinique), comment fonctionne-il dans un secteur ? Comment s’articule-t-il avec les différentes structures du secteur : unités d’hospitalisation, centre de crise, Hôpital de jour, CMP, CATTP, appartements thérapeutiques… A-t-il encore le pouvoir de remettre sans cesse en question les fonctionnements qui tendent à se figer ? Comment ce qui s’y passe est pensé ou non ? Dans quelle mesure le club, pour reprendre les catégories guattariennes, relève-t-il d’un groupe-sujet ou d’un groupe assujetti ? Etc.
38Et pour ce qui est des associations extérieures à tout service de soin, notamment les GEM, comment se situent-elles vis-à-vis de ce mouvement insufflé par la psychothérapie institutionnelle ? Qu’est-ce que permet ou empêche cette extériorité ? Dans quelle mesure peut-on y voir à l’œuvre la fonction club ? Etc.
39Les différents articles présentés dans ce numéro pourront être abordés en les mettant à l’épreuve de ces questions et bien d’autres. Au travers du paysage formé par cet assemblage hétérogène de pratiques et de réflexions, à l’intérieur duquel chaque lecteur est invité à tracer ses sentiers, nous avons cherché à dégager l’horizon d’une hospitalité pour toutes les folies.
40Q.V.
Notes
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[1]
Gaetana Benedetti, La Folie en partage, La Maison Jaune, Toulouse, érès, 2011.
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[2]
Utopie de la ville et du musée. L’espace et le temps. Institut du Tout Monde, 2013
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[3]
On pourra se référer à l’ouvrage récent de M. Leboyer et PM Llorca, Psychiatrie : l’état d’urgence, Paris, Fayard, 2018.
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[4]
P. Coupechoux, Un homme comme vous. Essai sur l’humanité de la folie, Paris, Seuil, 2014, pp. 17-26.
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[5]
C’est Gilles Deleuze dans sa préface à Psychanalyse et transversalité, qui souligne comment « Guattari ne cesse de réclamer les droits d’un point de vue métaphysique ou transcendantal, qui consiste à purger la folie de la maladie mentale et non l’inverse ».
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[6]
G. Deleuze et F. Guattari, L’Anti-Œdipe, Paris, Éditions de Minuit, 1972, p.383.
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[7]
F. Guattari, De Leros à La Borde, Nouvelles Éditions Lignes, 2012, p. 74.