Che vuoi ? 2006/2 N° 26

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Article de revue

Françoise Dolto, Une vie de correspondances 1938-1988

Présenté et annoté par Muriel Djéribi Valentin Paris, Gallimard, 2005,1018 p.

Pages 259 à 270

Notes

  • [1]
    Duras (M.), Outside, Sous-titre : Papiers d’un jour, Paris, Albin Michel, 1981, 298 p. Réédité chez POL en 1984; en Folio Gallimard en 1995. Comprend cinquante-huit articles, une interview de l’auteur à propos du film Le Camion, « La voie du gai désespoir »; est précédé d’un avant-propos de l’auteur (novembre 1980) et d’une « Note sur le classement des articles » de Yann Andréa.
  • [2]
    « J’aimerais assez m’occuper d’éducation puisque enfin elle va être dirigée dans une voie qui me paraît pleine de promesses [...]. Mes amis, dont le réconfort et la fidélité agissante m’émerveillent chaque jour, la beauté de la nature, et la foi dans le redressement de la France dans la ligne amorcée par Pétain. » Lettre 53 à son père Henry Marette, 21 juillet 1940, à Pulchéric.
  • [3]
    Duras (M.), Outside, op. cit., p. 179.
  • [4]
    Lettre 549 à Arturo et Elena Prat, 27 décembre 1981.
  • [5]
    « Cette année, au séminaire sur l’étude comparée de la clinique et du dessin libre, que je fais maintenant à la salle du musée océanographique 600 places, on ne peut plus inscrire personne. C’est plein. » Lettre 399 à Arturo et Elena Prat 27 décembre 1972.
  • [6]
    « Je ne veux pas vous fatiguer. Aussi, que dois-je faire pour que vous me preniez à Trousseau ? Je peux faire l’intelligent [...]. Je pourrais faire le fou, mais c’est si dur; et puis vous devez parfois en être lasse, je crois. Accepteriez-vous que je sois votre chauffeur ? J’aimerais vous conduire à Trousseau tous les mardis. Je conduis prudemment et ma voiture est confortable [...]. Pardonnez une insistance qui se soutient de mon désir d’être analyste. » Lettre 429 d’Olivier Grignon, 22 juillet 1975.
  • [7]
    Duras (M.), Outside, op. cit. p. 11.
  • [8]
    Où Yann Andréa expose comment, tout classement étant impossible et inévitable dès lors qu’on se situe dans le champ de la littérature, il a organisé les textes en quelques séries (articles pour passer l’été, articles sur les crimes, sur la littérature...) dont la dernière est ainsi définie : « Et puis on n’a plus essayé de mettre ensemble quoi que ce soit, on a mis n’importe quoi avec n’importe quoi. » Duras (M.), Outside, op. cit., note p. 16.
  • [9]
    De ces revues et journaux, certains existent toujours, d’autres se sont transformées ou ont disparu: Sorcières, Le lé Juillet La Cigue, France-Observateur, Le Nouvel Observateur, Les Nouvelles Littéraires, La Quinzaine littéraire, Libération, Le Monde, Vogue. Quelques textes ont été écrits pour figurer sur une pochette de disque ou dans un catalogue d’exposition, pour garder la trace d’une chronique radiophonique, pour servir de préface, etc.
  • [10]
    Lire l’admirable « Comment cuire la soupe de poireaux », cette soupe que « le corps avale avec bonheur », p. 275.
  • [11]
    Lettre 304 à Colette Destombes, 11 janvier 1964. C’est moi qui souligne.
  • [12]
    Lettre 262 au Père Bruno, 16 août 1961.
  • [13]
    Lettre 137 au docteur John Leuba, 14 novembre 1947.
  • [14]
    Lettre 165 à Frosso Carapanos, 7 octobre 1952.
  • [15]
    Sein maternel.
  • [16]
    “Lettre 325 au docteur Louis Clément 7 novembre 1967. F. Dolto interprète un rêve que Louis Clément lui a raconté dans une lettre précédente.
  • [17]
    Lettre 212 à Antoine Vergote, 14 février 1958.
  • [18]
    Lettre 153 à Yehudi Menuhin, 28 avril 1950.
  • [19]
    Lettre 149 à Madame François Jacquemin, de la revue Offertoire, 20 décembre 1949.
  • [20]
    Lettre 239 à Daniel Lagache du 26 août 1960.
  • [21]
    « Tu devrais leur conseiller de se prendre peu le bras et de tourner en rond en disant ensemble “m... pour le marmot” [...] [F. Dolto a écrit dans la marge : (mais il faut dire le mot que je n’écris pas)]. » Le livre des morts tibétains : Bardo Thôdolé ; Lettre 347 au docteur Ursula Huber, 28 décembre 1969.
  • [22]
    « Rien n’aide tant dans la souffrance du deuil, comme dans une amputation sans anesthésie, que de gueuler. Essayez et surtout sans remords. » Lettre 395 à Jeanine K, 2 novembre 1972.
  • [23]
    Voir par exemple Lettre 246 du 4 janvier 1961 : « Ma chère chère Françoise, / Quel plaisir revenant à la maison, de trouver une marque si touchante d’une pensée d’affection, de fidélité... de reconnaissance, de tout ce qu’on ne mérite jamais assez. / [...] / Sache bien que je faime et que je t’estime, comme une des rares personnes que je connaisse, qui soient pleinement / J. Lacan » ; et Lettre 423 du 6 janvier 1975 : « Françoise, Françoise, / Il n’y a que toi. Pour me gâter ainsi. / Je reprends l’année - malade de mon ignorance crasse - /Que j’ai mesurée pendant /Ton / J. Lacan. »
  • [24]
    Lettre 203, de Gisela Pankow, de Baltimore le 19 mai 1957.
  • [25]
    Lettre 242, Notes [L’enfant aveugle...], octobre ( ?), 1960.
  • [26]
    Lettre 393 à Pascal Dupond, avril 1972.
  • [27]
    Lettre 354 à Denise I, juin 1970.
  • [28]
    Lettre 354 à Françoise D, 12 juin 1970.
  • [29]
    Lettre 399 à Arturo et Elena Prat, 27 décembre 1972.
  • [30]
    Lettre 160 au docteur René Diatkine, avril 1951.
  • [31]
    « Quand on a eu un certain nombre de séances avec des fantasmes ainsi étudiés, très documentées sur la vie affective du sujet, sur l’intensité des affects exprimés, tolérés ou bloqués des divers stades, on peut alors très aisément analyser des conduites, celles en famille, à l’école et avec le psychanalyste. » Lettre 160 au docteur René Diatkine, avril 1951.
  • [32]
    Lacan (J.), (1960-1961), Le Séminaire Livre VIII, Le transfert, Paris, Seuil, juin 2001, p. 146.
  • [33]
    « J’écris difficilement vous le savez, alors que je parle assez facilement parce que l’interlocuteur présent me propose d’aller à sa rencontre. Le lecteur, il faut l’imaginer, sans doute je l’imagine très très exigeant [...]. Tout en respectant le secret professionnel, je transmets des documents cliniques concernant le transfert celui des patients et le mien. Ces documents aident à travailler, s’ils sont sans hargne, dépecés, étudiés, quant au sens qui s’y cache et que moi-même je n’ai pas vu. » Lettre 619 à Michel Larivière, 31 octobre 1985.
  • [34]
    Lettre 412 au Père Ader, 26 mars 1974.
  • [35]
    Lettre 399 à Arturo et Elena Prat, 27 décembre 1972. C’est moi qui souligne.

1Le hasard, qui fait parfois bien les choses, n’organise pas que des rencontres de parapluie et de machine à coudre sur des tables de dissection. Il peut aussi lui prendre la fantaisie de faire se croiser sur une table à lire un vieux recueil d’articles échappés de la plume de Marguerite Duras [1] et des lettres rédigées à la va-vite par Françoise Dolto. Mis en présence de textes à l’actualité périmée et d’un ensemble de lettres échangées par une femme qui reconnaissait ne pas aimer écrire, le lecteur pourra se trouver bien embarrassé : ouvrira-t-il les livres ainsi fortuitement rapprochés ou consacrera-t-il son temps à d’autres lectures plus immédiatement attirantes ? Il y a en effet de quoi hésiter.

2Et pourtant, si d’aventure, il se piquait au jeu provoqué par le hasard, que ne trouverait-il chez l’une qui ne résonnât avec ce qu’il aurait trouvé chez l’autre ? D’abord, l’initiale : D. D, comme dans Dieu, D comme dans Désir. Placé en tête de Duras, pseudonyme choisi par Marguerite, il reprend l’initiale de Donnadieu, son patronyme de naissance, en même temps qu’il s’ancre dans la géographie maternelle, du côté des vignobles étages sur des coteaux traversés par le Dropt et la Dourdèze. Pour Françoise, le D est l’initiale d’un nom qui, lui étant venu par mariage, remplacera si bien son nom de naissance, Marette - avec un M comme dans... Marguerite -, qu’on parlera d’elle en disant simplement « Dolto ».

3Et puis, les dates. Proximité de celles qui firent bornes à ces deux vies d’exception : 1914-1996 pour MD, 1908-1988 pour FD, deux vies étendues sur la presque totalité du vingtième siècle. Les lieux aussi : Paris bien sûr, Saint-Germain pour l’une, le Quartier Latin pour l’autre, presque voisines en somme. Et puis, la Normandie côté plages, Deauville, Trouville, qui furent pour l’une comme pour l’autre, bien plus qu’un lieu de villégiature, un lieu d’amarrage. Comment croire qu’elles ne s’y soient jamais croisées ? S’y seront-elles reconnues ? Ou auront-elles feint de ne s’être pas aperçues ? Car on peut très bien les imaginer s’écartant l’une de l’autre, elles qui n’étaient pas du même côté, Duras la résistante, restée engagée toute sa vie, pas militante, non, mais engagée dans son écriture, son cinéma, sa façon de dénoncer l’injustice, la bêtise, sa façon d’opposer au pouvoir « la voie du gai désespoir » et Dolto qui du temps où elle se nommait encore Marette avait été séduite par le Maréchal et son projet pour la France [2], et qui, reconnaissant plus tard son erreur, se déclara résolument incompétente en politique et préféra au désespoir politique, sa foi en Dieu et sa foi dans la force du désir. Et pourtant, quand Marguerite Duras écrit de Véra Baxter,

4« Je veux dire qu’elle mourra de ne plus aimer le même homme jusqu’à sa mort. Je crois qu’elle veut se tuer parce qu’il est possible, simplement, de ne plus aimer le même homme durant toute sa vie. » [3] quand toute son œuvre se fonde sur l’épuisement de l’amour et sur la mélancolie qu’il engendre, Françoise Dolto ne s’offre-t-elle pas comme contre-figure du caractère périssable de l’amour, elle qui le vécut comme l’engagement de toute une vie ? Elle qu’on voit, d’un bout à l’autre de sa correspondance, animée par l’amour qu’elle porte à Boris, son mari ? Quand Duras pleure l’évanescence des passions, Dolto noue des liens indéfectibles, en amour comme en amitié :

5« Nous sommes venus ici [Deauville] fêter ce premier Noël sans Boris. Il aimait tant la Coccinelle et la plage en hiver, la maison de famille bien chauffée et son feu de bois.

6Je ne suis pas triste - Boris invisible est présent près de moi, de nous, car les enfants ont comme moi cette sensation pacifique et sereine souvent joyeuse en parlant de lui, de ses façons parfois autoritaires à la russe et de sa générosité de cœur [...].

7L’amour et l’amitié sont les seules valeurs qui ne périssent pas dans le chaos et les bouleversements de la planète fiévreuse. » [4]

8Marguerite Duras et Françoise Dolto ont encore en commun d’être deux figures féminines ayant marqué le siècle déjà dernier, non seulement par leur œuvre, mais tout autant par leur présence vivante. Toutes deux ont suscité des adhésions fortes, déclenché des passions dirait l’une, des transferts dirait l’autre. Leur public fut considérable. Les salles pour les séminaires de Madame Dolto n’étaient jamais assez grandes [5], les livres de la Duras se vendaient par milliers, étaient traduits dans une quarantaine de langues. Comme on cherchait autrefois à toucher la frange de la robe des saints et des saintes, on voulait les approcher, les voir de près, leur parler, les entendre. On espérait leur présence comme une grâce, un don, un privilège. Des lecteurs sont tombés amoureux de MD, certains ont tenté d’entrer dans son intimité, un certain Yann A. y est même parvenu. Dans le même temps, des parents se démenaient pour que FD accepte de soigner leurs enfants tandis que de jeunes analystes lui écrivaient des lettres enflammées, réclamant le privilège d’être formés par elle ou inventaient mille ruses pour avoir celui de converser avec elle [6]. De partout arrivaient les invitations à donner des conférences. Marguerite, Françoise : deux femmes dont on enviait la façon d’être au monde.

9Souvenez-vous de l’une et de l’autre en tête-à-tête avec Bernard Pivot. Prodigieux moment de télévision, du temps où son objet n’était pas de livrer aux publicitaires voraces des cerveaux à consommer. En dépit, ou à cause de la caméra, ce furent deux vraies rencontres, deux moments où tout à coup il se passait quelque chose sur l’écran : un homme, journaliste, rencontrait vraiment, là sous nos yeux, une femme, écrivain dans un cas, psychanalyste dans l’autre. Car ce qu’elles avaient en commun c’était surtout ça : elles étaient vivantes, elles étaient elles-mêmes. Copie de personne. Des femmes incarnées. Des femmes dont la voix, le corps, les gestes, nous étaient devenus familiers, nécessaires presque. Les lunettes de l’une, les rondeurs de l’autre. La femme libre et l’épouse comblée ; une femme rebelle, une chrétienne convaincue. Deux mondes. Et cependant un même puissant désir de désir. À chacune son mystère, à chacune sa folie propre, créatrice : désir de littérature pour MD, désir de psychanalyse pour FD. Passion de l’écriture pour la première, passion de la transmission pour la seconde. Écrire et parler. Écrire et transmettre. Être dans le monde, et y rester en retrait - ni l’une ni l’autre ne fut femme de pouvoir au sens de ce qui s’arrache dans les institutions de la République (des Lettres) ou dans celles du petit monde psychanalytique -, être dans le monde, et de sa place, à sa façon, poser des actes (d’écriture, de cinéma, de parole) qui le transformeront.

10Rouvrez maintenant Outside que MD présentait ainsi :

11

« Vous voyez, quelquefois je faisais des articles pour les journaux. De temps en temps j’écrivais pour le dehors, quand le dehors me submergeait, quand il y avait des choses qui me rendaient folle, outside, dans la rue - ou que je n’avais rien de mieux à faire. Ça arrivait. » [7]

12Après une savoureuse « Note sur le classement des articles » [8], vous y trouverez cinquante-huit articles partagés en deux blocs par « La voie du gai désespoir », inoubliable interview de l’auteur faite au moment la sortie du film Le camion. Suivez ces petits cailloux, tous plus ou moins rugueux : ils vous conduiront droit devant sur le chemin de l’œuvre de Marguerite Duras. Car à touches discrètes, Outside constitue une parfaite introduction à son travail et d’une façon d’autant plus efficace que son art y opère quasi clandestinement. On s’attend à parcourir quelques anodins « Papiers d’un jour », écrits pour la presse d’avant 1980 [9] - et l’on se trouve propulsé dans un univers qui ne vous lâche plus. Tout est là : les thèmes - la littérature et le cinéma, bien sûr, l’amitié aussi, le crime, le désir, les enfants, les lieux, la cuisine, la guerre d’Algérie, le désespoir, l’idée du suicide, la peinture, la musique, etc. - et puis aussi, les tours de main, la posture de l’écrivain, le jugement incisif, la critique audacieuse, la curiosité juvénile, le commentaire cassant, la litote percutante, l’ellipse sèche, la tendresse et l’ironie, l’admiration, la colère et le mépris. La haine aussi. Et l’amour, bien sûr, l’amour. On entre dans Outside comme on Ut le journal ou un magazine, et voilà que vous saisit une image ou une formule qui font voir le monde autrement : emporté par sa lecture le lecteur découvre que d’être « pragmatique », une logique devient criminelle ; qu’une solitude peut se révéler « tout juste suffisamment douloureuse pour en inventer le remède : l’effort », qu’une femme peut être « the most beautiful of the ugly women of her time » ou « née dans la plus belle lumière du monde ». Sans pouvoir vous en défendre, vous découvrez la « fraîcheur » du « savoir de l’horreur » et la « vérité des ténèbres ».

13Ce qui arrive du dehors - événement, renommée, conversation, etc. - est mis en forme, cadré, toujours à hauteur d’interlocuteur, pour être partagé avec qui veut, qui ose affronter une perspective que Marguerite Duras sait ne pas être agréable. Car si elle est séduisante elle n’est pas séductrice. Elle n’écrit pas pour plaire. Elle ne vend pas sa soupe, elle la fait [10]. Elle dit, elle avance, elle regarde, elle écoute, elle rend compte. Son travail est le contraire de la séduction, elle ne cherche pas à établir une emprise sur le lecteur, elle ne le disqualifie pas d’avance par sa morgue ou sa suffisance, elle écrit. Et le plus souvent, c’est par le maniement des antiphrases (« Non, mais où s’en va le langage ? Si les assassins ne charment plus, n’émeuvent plus, dans quel bourbier s’en va le crime ? »), ou par l’éclat d’une ironie féroce, perceptible dans une façon de décrire une scène ou de reprendre un propos qui devient à l’occasion le titre d’un article (« Alors, on ne guillotine plus ? », « Circulez... ») que se traduisent sa colère, sa révolte ou son dégoût.

14Lorsqu’elle se fait journaliste, MD rejoint à nouveau FD. Voyez comment elle donne la parole, comment elle donne vraiment la parole à ses interlocuteurs de sorte qu’ils en viennent à dire d’eux-mêmes ou de leur travail, ce qu’eux-mêmes en ignoraient. Les interviews de Duras ont quelque chose de l’inouï de certaines séances de psychanalyse ; ils témoignent d’un talent qu’on pourrait qualifier de clinique. Lisez ces entretiens étonnants avec des artistes ou des écrivains tels George Bataille ou Francis Bacon, qui semblent eux-mêmes surpris de ce qu’ils sont amenés à formuler grâce aux questions neuves posées par MD. Quant aux quelques interviews d’enfants, ils pourraient être donnés à étudier à tout apprenti psychanalyste d’enfants. La façon dont Marguerite Duras s’adresse à eux est dépourvue de tout enfantillage et de toute complaisance. On sent que pour recueillir leurs avis et leurs pensées, l’écrivain s’est placée à leur hauteur, confiante et disponible, prête à prendre au sérieux leur parole. Et d’ailleurs, qu’elle se place ainsi à hauteur d’enfant ou qu’elle accompagne un article du récit de ce qui l’a précédé (les heures devant la porte de « Nadine d’Orange », la peur avant de rencontrer « ce taureau de la littérature » qu’était Georges Bataille), ou ce qui l’a suivi (les menaces reçues après avoir parlé du sort des ouvriers algériens à Paris), l’art du cadrage chez Marguerite Duras fait alors écho à l’art du cadre chez Françoise Dolto, qui sut impulser une façon neuve de travailler avec des nourrissons et des enfants petits en inventant à leur intention un cadre analytique propre à recueillir leur parole de sujet désirant.

15Certes, l’ensemble des textes d’Outside est curieux, hétéroclite, daté au double sens du mot. Certains enthousiasmes restent mystérieux, d’autres propos, privés de leur contexte, semblent boiteux. Mais toujours, texte oublié et retrouvé, article alimentaire ou cri d’indignation, tous ont en commun de laisser paraître, ne serait-ce qu’un moment fugace, le génie de celle pour qui écrire ne fut jamais un passe-temps et dont on ne peut qu’admirer la force et la clarté de l’énonciation ! Parfois, l’écriture de MD semble avoir le pouvoir de se brancher sur l’inconscient de son lecteur qui pourra croire avoir oublié un texte lu, pour s’apercevoir ensuite que les mots lus continuent à faire effet comme s’ils avaient pris corps en lui. Écriture singulière qui, en ses instants de grâce, se donnerait comme rencontre réelle. N’est-ce pas précisément ce que d’autres ont pu dire de l’enseignement de Françoise Dolto ? Que c’était un enseignement qui se faisait plus par imprégnation que par transmission intellectuelle ? Qu’il prenait l’enseigné au corps ?

16Ce qui sépare pourtant l’une de l’autre, et la lecture des textes brefs réunis dans Outside, en est une manifestation flagrante, c’est qu’en toute occasion, Marguerite Duras restait un écrivain. Qu’elle écrive vite, qu’elle écrive pour gagner son pain ou sous le coup d’une émotion, ses écrits présentent toujours d’indéniables qualités littéraires. D’où l’intérêt de relire des textes dont on aurait pu croire que leur actualité immédiate s’étant émoussée, ils seraient désormais sans intérêt. Par contraste, la question de la nécessité de lire la correspondance Françoise Dolto se pose. Il faut bien reconnaître en effet que ce n’est pas par plaisir littéraire qu’on se plongera dans les presque mille pages de la correspondance de celle qui non seulement pouvait déclarer qu’elle n’aimait pas écrire mais qui en plus se méfiait des effets possibles de l’écriture sur la psychanalyse :

17« Ce qui importe en fait c’est que ne soit pas stérilisée la recherche, ni conformisés les caractères et comportements de psychanalystes qui représentent la psychanalyse vivante, celle qui s’échange et donc celle qui s’écrit et dont les mots meurent d’être imprimés et dépersonnalisés. » [11]

18Quelles raisons aurait donc le lecteur pour préférer cette volumineuse correspondance à l’abord direct de l’œuvre de Françoise Dolto ou à la lecture de quelque autre ouvrage consacré à sa vie et à son œuvre ? Espérera-t-il attraper par la lorgnette de l’intime le détail indiscret qui viendrait préciser le portrait de la grande dame rendue flou par trop d’admiration? Voudra-t-il en un geste de ferveur dérober les signes plus infimes de celle qu’il vénère et dont la parole lui serait loi ? Aurait-il l’âme chercheuse de ceux qui refont pas à pas le trajet des penseurs pour mieux s’approprier leur savoir et leur foi ? Ou tel le paparazzi se délectant des petits secrets enfouis dans les poubelles des stars, espérera-t-il trouver dans la marge d’une lettre un morceau d’aveu qui jetterait un peu d’ombre sur une figure voulue trop radieuse ?

19Curiosité, indiscrétion, fétichisme, amour totalisant, obstination du chercheur, toutes ces motivations resteront insatisfaites car autant le dire, la correspondance échangée par François Dolto au cours des cinquante années qui mènent de ses débuts de psychanalyste à sa mort, dévoilent moins sa vraie nature qu’elles ne contribuent à faire s’épaissir ce que on pourrait nommer le « mystère Dolto ». Au début, un long début, plus on lit, moins on comprend : qui était cette fameuse Françoise Dolto ? Par quoi son charisme était-il alimenté, qui fit d’elle l’une des grandes figures françaises de la psychanalysé au XXe siècle ?

20Car, non, vraiment, au début, on ne comprend pas. On n’arrive pas à faire le lien entre la grande Madame Dolto, psychanalyste d’enfants à la renommée internationale, et celle qu’on découvre à travers des lettres dont la lecture est une épreuve. Ces longues lettres au style ampoulé, souvent confuses et brouillonnes, bardées de certitudes et dénuées d’humour, ont de quoi décourager le lecteur le mieux intentionné. Au style détestable, s’ajouteront des propos politiques douteux dans la France des années de guerre comme dans celle d’après mai 68, un mysticisme déconcertant alliant la foi du charbonnier à l’attrait pour la spiritualité hindoue, une insistance à louer les mérites de son époux qui finit par sonner bizarrement, tout cela dans un univers bourgeois où les réserves de vivres ne manquent pas même dans le Paris affamé des années d’après-guerre, un univers où l’on fait preuve de condescendance à l’égard de ces « braves personnes » qui rendent de si grands services et où l’on sera fière de se vanter de réussir à mener de front travail, maternité et tenue d’une maison, sans l’aide d’aucun personnel domestique. Par moment, on se croirait dans l’arrière-boutique d’un roman de Berthe Bernage. De ses vaillantes héroïnes au cœur pur et au regard clair, Françoise Dolto partagerait l’incapacité à connaître le doute et l’angoisse :

21« Je pense souvent à vous, à votre inquiétude douloureuse que j’ai la grâce de ne pas connaître, parce que je ne suis pas capable sans doute d’en supporter l’épreuve. » [12]

22On pourra se dire qu’après tout, le côté cuisine et dépendance n’est pas ce qui importe et qu’il vaudrait mieux s’en tenir à ce que dit Dolto la psychanalyste. L’ennui, c’est que là non plus, on n’est pas tellement mieux servi. Avec un aplomb sans égal et une certaine mauvaise foi dans la façon d’affirmer des évidences qui n’en sont pas, les lettres présentent des formules qui rebutent ou agacent, quand FD raconte par exemple avoir été sollicitée pour former des pédagogues capables de contribuer à « la récupération affective et sociale d’enfants névrosés » [13] ou qu’elle déclare, péremptoire :

23« Jusqu’à présent tous les bègues que j’ai soignés ont guéri, mais c’était des cas suivis au moins une fois par semaine. Il y a aussi dans presque tous les cas, même si les troubles ont l’air de venir de pères névrotiques, des mères obsessionnelles castratrices avec inversion sexuelle latente chez les 2 parents, surmoi familial insuffisamment permissif d’activité ludique motrice et verbale. » [14]

24Les lettres de la psychanalyste sont émaillées d’assertions et d’interprétations pour le moins surprenantes, parfois à la limite de la sauvagerie et dans une langue dont on peut se demander si elle n’a pas contribué parfois à desservir la psychanalyse. Voyez ce passage de l’analyse d’un rêve que lui avait soumis l’un de ses amis :

25« Est-ce que ce rêve ne serait pas la reviviscence de la traversée du champ sur le dos de votre père quand vous l’avez retrouvé [...] ?

26La farce liée à la taquinerie sadique du père c’était le dérober à maman inquiète de son petit garçon parti avec le père, comme la farce de vous avoir dit le poupou [15] parti avec le cochon, devenue un traumatisme à cause de l’immaturité de vos 2 parents chacun se disputant à l’autre l’enfant comme étant leur objet partiel de relation (la mère symbiose orale, le père symbiose anale) vous le jouet-fétiche lieu des agressions absorbantes protectrices de la mère et des agressions rejetantes anales et pourfendantes urétrales du père parce que ni l’un ni l’autre n’avait atteint leur propre niveau de libido génitale, que leur désir ne vivait pas l’un pour l’autre, et dont vous avez eu la preuve dans le fait qu’ils n’ont pas eu d’autre enfant.

27[...] Je pense que ce rêve contient un élément positif : vous n’êtes plus un nichon mangeable par les cochons (le cochon a mangé le poupou) mais un homme aux bras présents mais flasques et le confrère (votre pair) un mammifère cheval que vous maîtrisez. Les 2 bras représentant 2 possibles palpes dévitalisés par lesquels les gens pourraient vous attraper et vous désarçonner, de l’équilibre de maîtrise en cours. » [16]

28Et comment ne pas rester perplexe quand la foi semble appelée au secours de la psychanalyse :

29

« L’étude de la structure de la personnalité nous apprend que l’humain a besoin de sa mère puis de son père comme support de l’imago de lui-même qu’il peut aller réalisant grâce à ces médiateurs quant à la clef de son unité ressentie. Si c’est à travers l’unification de son corps centré dont il peut se faire une image, quel extraordinaire secours peut être l’image du corps du Christ en Jésus, fils de l’homme et de Dieu, détruit et ressuscité. » [17]

30Difficile de reconnaître là les propos d’une femme dont l’engagement au service de la psychanalyse des enfants transforma radicalement non seulement l’abord psychanalytique de la cure des tout petits mais encore le regard porté par la société sur ses enfants, une femme qui réussit à transmettre à des centaines de psychanalystes et d’éducateurs l’idée qu’un enfant était dès sa naissance un sujet de désir et de langage.

31Tenace, le lecteur décidé à tirer au clair le « mystère Dolto » poursuivra néanmoins sa lecture, cueillant de ci de là de quoi soutenir son intérêt ou sa curiosité. Il entreverra la sensibilité musicale de Françoise Dolto dans une lettre à Yehudi Menuhin écrite au sortir d’un concert qui l’avait émue [18] ; appréciera l’aplomb avec lequel elle s’oppose à toute apologie du veuvage [19]; s’amusera du rappel des complications de l’expédition d’un texte avant l’invention du courrier électronique, du fax et de la photocopieuse [20] ; s’étonnera de conseils étonnants, tels ceux inspirés du Livre des morts tibétains adressés pour guérir une femme inféconde [21] ou ceux donnés pour se consoler d’un deuil [22]. Bénissant la bonne idée de l’éditeur de publier en même temps les lettres reçues par FD, il admirera les envolées d’Alain Cluny, qu’on croirait tout droit sorti d’une pièce de Feydeau, inénarrable dans le rôle de l’amoureux de jeunesse transi, éconduit et insistant ; sera ému par les lettres de Lacan, lumineuses de simplicité, à celle qui ne le trahit jamais [23] ; sourira de quelques trouvailles involontaires comme celle de Gisela Pankow qui, en raison de sa maîtrise imparfaite du français, et passant de couch à couche et d’acouchment à accouchement, formula cette demande surréaliste :

32« Il faut que je vous situe sur la couche réelle. Je sais que vous ne pouvez faire plus pour moi. Mais je crois que cette rencontre est nécessaire. D est très important de comprendre si “l’accouchement” est suffisant chez des adultes ou non. [24]

33Chemin faisant, notre lecteur trouvera d’intéressantes pièces à verser à l’histoire de la psychanalyse : sur les dessous des scissions de 1953 et de 1963 et de l’éclatement de l’ECF en 1979, sur les liens de FD avec ses célèbres collègues, de France ou d’ailleurs dans le monde. Il lira les échos de son combat, commencé très tôt dans sa carrière, pendant la seconde guerre mondiale, pour promouvoir une éducation sexuelle des enfants qui les informe explicitement de leurs droits, devoirs et responsabilités. Il recueillera aussi de précieuses indications sur l’histoire de sa clinique : l’invention de la poupée-fleur, des notes sur les enfants aveugles [25], un long développement sur la castration [26], des réflexions sur les psychothérapeutes, ce « mot moderne et impropre » [27] et sur la façon de se former : en faisant soi-même une psychanalyse [28]. De lettres en lettres, il la découvrira indéfectiblement occupée à défendre une certaine idée des enfants, de ce qui les aide à grandir, de ce qui peut les soigner et de comment il ne faudrait surtout pas les traiter :

34

« [...] avec ma façon révolutionnaire pour beaucoup de ne pas considérer un enfant comme un objet de l’adulte à calibrer et mettre en ordinateur sous forme de carte perforée pour un dispatching de ségrégation dans ces milliers de centre pour Q. I. numérotés à vie, que le ministère a ouverts dans toutes la France pour enfants dits inadaptés dès l’âge de 3 ans - les 15 premiers jours de la fréquentation de la maternelle. Je suis littéralement affolée de ce qui se passe dans l’Éducation nationale et des suites dans 10 ou 15 ans. » [29]

35Dans une longue lettre à René Diatkine [30], il la verra réfléchir aux différences entre leurs abords respectifs du traitement des enfants, et mettre en avant son utilisation du fantasme et son analyse du transfert. Aussi riches que soient ces considérations, le lecteur conservera pourtant sa question : qui se cachait derrière cette psychanalyste si sûre d’elle, pour qui tout semblait toujours tellement facile ? [31] A quoi tenait le prestige de celle qui déclarait « je ne pense pas, j’imagine », et exposait ses idées comme si toutes relevaient d’évidences élémentaires ? Qui était cette femme, amie de Jacques Lacan, lequel commenta un jour en ces mots la façon dont Socrate dans le Banquet cède la parole à Diotime :

36

« Supposez que j’aie à vous développer l’ensemble de ma doctrine sur l’analyse, verbalement ou par écrit, peu importe, et que, ce faisant, à un tournant je passe la parole à Françoise Dolto, vous diriez -Quand même, il y a quelque chose, pourquoi est-ce qu’il fait ça ? Ceci bien sûr, supposant que si je lui passais la parole, ce ne serait pas pour lui faire dire des bêtises. Ce ne serait pas ma méthode, et par ailleurs, j’aurais peine à en mettre dans sa bouche. » [32]

37À quoi tenait le charisme de la clinicienne qui attirait les foules, auprès de qui se pressait aussi bien le public tout venant, les acteurs de tous ordre du champ de l’éducation et les psychanalystes confirmés ou en formation ?

38Sur ces questions, les lettres renseignent moins par ce qu’elles disent que par ce qu’elles laissent transparaître. C’est dans l’envers de lettres échangées que se lit la place importante qu’occupa Françoise Dolto dans le monde de la psychanalyse. Au fil des ans, on voit croître le nombre de ses interlocuteurs, connus ou non, on voit se multiplier les témoignages d’amitié et d’admiration de la part de certains parmi les plus célèbres psychanalystes de son temps, tout en devinant sous des allusions rapides, la haine ou l’agacement qu’elle suscitait chez d’autres ; on perçoit à quelles demandes constantes, et diverses, elle était soumise et comment elle s’efforçait de répondre au mieux aux uns et autres.

39Là où Marguerite Duras fascinait par la façon dont elle s’était construit une vie par et pour les mots, Françoise Dolto n’a écrit que pour porter témoignage de ce qu’elle avait appris et compris par la psychanalyse [33]. Si la Correspondance échoue à nous rendre le vif de ce que furent sa pratique et son enseignement ne serait-ce pas parce que la psychanalyste ne connaissait pas d’« autre pédagogie que celle de l’exemple » [34] et que le meilleur d’elle-même, c’est par sa parole en direct, à la radio, en conférences, en séminaire, en groupe de contrôle, qu’elle l’a transmis ? Ne peut-on penser que la clé du « mystère Dolto » nous est donnée par ces mots :

40« La Psychanalyse telle que je la présentifie semble pour tous ces lieux où elle est enseignée maintenant à tous et où les gens psychanalysés se multiplient, non plus une clef ésotérique inutilisable hors les sacro-saints travaux à deux en chambre close à 3 fois par semaine pendant 5 ans qui ne conduisent qu’à faire des psychanalystes sortis de la réalité quotidienne. Il semble que ces quelques rencontres redonnent un souffle d’humanisme enrichi de la compréhension du désir inconscient, tel que la psychanalyse nous y éveille.

41Mais tout ce travail me paraît une goutte d’eau dans un océan. Notre civilisation est remuée dans ses fondements. L’angoisse déborde sur la tendresse et la joie, qui, selon moi, toute psychanalyste que je suis, ont plus d’importance que tout. » [35]

42Pour connaître Françoise Dolto, il ne faut pas la Ure, on dirait presque « il ne faut surtout pas la lire », il fallait la rencontrer, en personne. L’écriture travaille avec l’absence, Dolto travaillait avec la présence. L’une jamais ne sera réductible à l’autre.

43Relisons donc Duras, et regrettons que Dolto ne soit plus là. Pour nous parler.

Notes

  • [1]
    Duras (M.), Outside, Sous-titre : Papiers d’un jour, Paris, Albin Michel, 1981, 298 p. Réédité chez POL en 1984; en Folio Gallimard en 1995. Comprend cinquante-huit articles, une interview de l’auteur à propos du film Le Camion, « La voie du gai désespoir »; est précédé d’un avant-propos de l’auteur (novembre 1980) et d’une « Note sur le classement des articles » de Yann Andréa.
  • [2]
    « J’aimerais assez m’occuper d’éducation puisque enfin elle va être dirigée dans une voie qui me paraît pleine de promesses [...]. Mes amis, dont le réconfort et la fidélité agissante m’émerveillent chaque jour, la beauté de la nature, et la foi dans le redressement de la France dans la ligne amorcée par Pétain. » Lettre 53 à son père Henry Marette, 21 juillet 1940, à Pulchéric.
  • [3]
    Duras (M.), Outside, op. cit., p. 179.
  • [4]
    Lettre 549 à Arturo et Elena Prat, 27 décembre 1981.
  • [5]
    « Cette année, au séminaire sur l’étude comparée de la clinique et du dessin libre, que je fais maintenant à la salle du musée océanographique 600 places, on ne peut plus inscrire personne. C’est plein. » Lettre 399 à Arturo et Elena Prat 27 décembre 1972.
  • [6]
    « Je ne veux pas vous fatiguer. Aussi, que dois-je faire pour que vous me preniez à Trousseau ? Je peux faire l’intelligent [...]. Je pourrais faire le fou, mais c’est si dur; et puis vous devez parfois en être lasse, je crois. Accepteriez-vous que je sois votre chauffeur ? J’aimerais vous conduire à Trousseau tous les mardis. Je conduis prudemment et ma voiture est confortable [...]. Pardonnez une insistance qui se soutient de mon désir d’être analyste. » Lettre 429 d’Olivier Grignon, 22 juillet 1975.
  • [7]
    Duras (M.), Outside, op. cit. p. 11.
  • [8]
    Où Yann Andréa expose comment, tout classement étant impossible et inévitable dès lors qu’on se situe dans le champ de la littérature, il a organisé les textes en quelques séries (articles pour passer l’été, articles sur les crimes, sur la littérature...) dont la dernière est ainsi définie : « Et puis on n’a plus essayé de mettre ensemble quoi que ce soit, on a mis n’importe quoi avec n’importe quoi. » Duras (M.), Outside, op. cit., note p. 16.
  • [9]
    De ces revues et journaux, certains existent toujours, d’autres se sont transformées ou ont disparu: Sorcières, Le lé Juillet La Cigue, France-Observateur, Le Nouvel Observateur, Les Nouvelles Littéraires, La Quinzaine littéraire, Libération, Le Monde, Vogue. Quelques textes ont été écrits pour figurer sur une pochette de disque ou dans un catalogue d’exposition, pour garder la trace d’une chronique radiophonique, pour servir de préface, etc.
  • [10]
    Lire l’admirable « Comment cuire la soupe de poireaux », cette soupe que « le corps avale avec bonheur », p. 275.
  • [11]
    Lettre 304 à Colette Destombes, 11 janvier 1964. C’est moi qui souligne.
  • [12]
    Lettre 262 au Père Bruno, 16 août 1961.
  • [13]
    Lettre 137 au docteur John Leuba, 14 novembre 1947.
  • [14]
    Lettre 165 à Frosso Carapanos, 7 octobre 1952.
  • [15]
    Sein maternel.
  • [16]
    “Lettre 325 au docteur Louis Clément 7 novembre 1967. F. Dolto interprète un rêve que Louis Clément lui a raconté dans une lettre précédente.
  • [17]
    Lettre 212 à Antoine Vergote, 14 février 1958.
  • [18]
    Lettre 153 à Yehudi Menuhin, 28 avril 1950.
  • [19]
    Lettre 149 à Madame François Jacquemin, de la revue Offertoire, 20 décembre 1949.
  • [20]
    Lettre 239 à Daniel Lagache du 26 août 1960.
  • [21]
    « Tu devrais leur conseiller de se prendre peu le bras et de tourner en rond en disant ensemble “m... pour le marmot” [...] [F. Dolto a écrit dans la marge : (mais il faut dire le mot que je n’écris pas)]. » Le livre des morts tibétains : Bardo Thôdolé ; Lettre 347 au docteur Ursula Huber, 28 décembre 1969.
  • [22]
    « Rien n’aide tant dans la souffrance du deuil, comme dans une amputation sans anesthésie, que de gueuler. Essayez et surtout sans remords. » Lettre 395 à Jeanine K, 2 novembre 1972.
  • [23]
    Voir par exemple Lettre 246 du 4 janvier 1961 : « Ma chère chère Françoise, / Quel plaisir revenant à la maison, de trouver une marque si touchante d’une pensée d’affection, de fidélité... de reconnaissance, de tout ce qu’on ne mérite jamais assez. / [...] / Sache bien que je faime et que je t’estime, comme une des rares personnes que je connaisse, qui soient pleinement / J. Lacan » ; et Lettre 423 du 6 janvier 1975 : « Françoise, Françoise, / Il n’y a que toi. Pour me gâter ainsi. / Je reprends l’année - malade de mon ignorance crasse - /Que j’ai mesurée pendant /Ton / J. Lacan. »
  • [24]
    Lettre 203, de Gisela Pankow, de Baltimore le 19 mai 1957.
  • [25]
    Lettre 242, Notes [L’enfant aveugle...], octobre ( ?), 1960.
  • [26]
    Lettre 393 à Pascal Dupond, avril 1972.
  • [27]
    Lettre 354 à Denise I, juin 1970.
  • [28]
    Lettre 354 à Françoise D, 12 juin 1970.
  • [29]
    Lettre 399 à Arturo et Elena Prat, 27 décembre 1972.
  • [30]
    Lettre 160 au docteur René Diatkine, avril 1951.
  • [31]
    « Quand on a eu un certain nombre de séances avec des fantasmes ainsi étudiés, très documentées sur la vie affective du sujet, sur l’intensité des affects exprimés, tolérés ou bloqués des divers stades, on peut alors très aisément analyser des conduites, celles en famille, à l’école et avec le psychanalyste. » Lettre 160 au docteur René Diatkine, avril 1951.
  • [32]
    Lacan (J.), (1960-1961), Le Séminaire Livre VIII, Le transfert, Paris, Seuil, juin 2001, p. 146.
  • [33]
    « J’écris difficilement vous le savez, alors que je parle assez facilement parce que l’interlocuteur présent me propose d’aller à sa rencontre. Le lecteur, il faut l’imaginer, sans doute je l’imagine très très exigeant [...]. Tout en respectant le secret professionnel, je transmets des documents cliniques concernant le transfert celui des patients et le mien. Ces documents aident à travailler, s’ils sont sans hargne, dépecés, étudiés, quant au sens qui s’y cache et que moi-même je n’ai pas vu. » Lettre 619 à Michel Larivière, 31 octobre 1985.
  • [34]
    Lettre 412 au Père Ader, 26 mars 1974.
  • [35]
    Lettre 399 à Arturo et Elena Prat, 27 décembre 1972. C’est moi qui souligne.
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