Notes
-
[1]
Freud (S.) (1919a), « Les voies de la thérapie psychanalytique », O. C. XV, 1996, p. 107.
-
[2]
Freud (S.) (1919a), « Les voies de la thérapie psychanalytique », op. cit., p. 107.
-
[3]
Lacan (J.), Le séminaire sur « La lettre volée », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 37.
-
[4]
Freud (S.), ibid., p. 107-108.
-
[5]
Comme il n’est pas acquis pour tout le monde que les transferts contiennent le transfert de l’analyste comme celui du patient, j’utilise les termes de transfert et contre-transfert et espère l’indulgence de ceux à qui cela apparaît lourd.
-
[6]
Freud (S.), ibid., p. 99.
-
[7]
Freud (S.), ibid., p. 97-108.
-
[8]
Freud (S.), ibid., p. 107.
-
[9]
Freud (S.), ibid., p. 108.
-
[10]
Freud (S.), ibid., p. 108.
-
[11]
Mauss (M.) (1923), « Essai sur le don », in Sociologie et anthropologie, Paris, PUF ; première parution dans L’Année sociologique, 1923-1924.
-
[12]
Lacan (J.), « L’agressivité en psychanalyse », Écrits, op. cit., p. 124.
1Plus de dix ans après, parler du Groupe Bastille, témoigner de ce qui a été suspendu... Qui s’en souvient parmi les lecteurs de cette revue, qui connaît l’existence de cette expérience ?
2L’idée est née en 1994 à partir d’un constat qui peut paraître simpliste, mais qui était surtout de plus en plus insupportable.
3Certains et certaines, qui pensaient à rencontrer un psychanalyste, avaient compris, au fil des premiers rendez-vous, que leurs finances ne le permettaient pas. Certains et certaines, qui se rendaient depuis un an, trois ans ou cinq ans à des séances de psychanalyse régulières, s’étaient vus congédiés par leurs analystes, avec plus ou moins de formes, quand leurs revenus ne permettaient plus de les payer.
4Certains et certaines psychanalystes ne pouvaient plus assumer de travailler trop souvent sans en retirer les moyens de vivre. Il y avait déjà des lustres qu’on disait parfois, ici ou là, qu’ils « cassaient les prix ». Pourtant la psychanalyse avait franchi l’endos de la bourgeoisie éclairée et du milieu universitaire, atteignant ainsi l’espace dans lequel vivent et souffrent tant de gens qui n’ont pas les moyens d’y accéder.
5De 1918 à Budapest, quelques bribes d’une conférence nous étaient parvenues : « Pour le moment nous sommes obligés de ne rien faire pour une multitude de gens qui souffrent intensément de leur névrose […]. Peut-être nous arrivera-t-il de n’intervenir utilement qu’en associant au secours psychique une aide matérielle. »
6Daté de 1923, un écrit dénonçait « le retour du droit brutal et du paiement des services » et concluait : « Il ne suffit pas de constater le fait, il faut en déduire une pratique. »
7En 1918, le conférencier s’appelait Sigmund Freud. En 1923, l’auteur de l’écrit était Marcel Mauss. En 1994, on pouvait se choisir de pires parrains.
8À partir de cet état des lieux et de leur passion pour la psychanalyse, neuf psychanalystes inscrits dans diverses associations se sont retrouvés autour de l’élaboration d’un projet. Était-il possible de maintenir les conditions de l’analyse et d’aller contre cet état de fait ? Pour chacun d’entre nous, à des titres différents, notre histoire comme notre appréhension de l’Histoire nous avaient non seulement sensibilisés aux questions liées à toute forme d’exclusion et de discrimination, mais aussi à la nécessité de ce que la réflexion, tant clinique que politique, infléchisse les pratiques ; et à ce que l’expérience remette en perspective les « acquis » théoriques ou idéologiques. Le siècle s’y prêtait, mais y a-t-il un siècle qui ne s’y prête pas ?
L’argent et la cure
9La confrontation à cette situation n’est évidemment pas tout à fait nouvelle et se règle ponctuellement, de manière plus ou moins satisfaisante, au gré de chacun. La difficulté économique touchait de plus en plus de monde et parallèlement le changement important de l’origine et de la forme des demandes faites au psychanalyste depuis déjà des lustres conduisait à recevoir des patients à qui la stricte réalité de leurs revenus ne permettait pas de rétribuer le travail du psychanalyste.
10Majoritairement cependant les psychanalystes s’étaient peu penchés, malgré leur nombre grandissant, sur la question des rapports de la cure et de la pauvreté matérielle, question que Freud pourtant se posait déjà en 1918, autant pour l’analysant que pour le psychanalyste : « En outre, nous sommes restreints, par les conditions de notre existence, aux couches supérieures aisées de la société. » [1] De plus en plus de personnes, non-nanties de la culture, ni de la fortune, voire d’aucune des deux arrivent chez les psychanalystes. Ils viennent avec une demande de changement, une demande d’« aller mieux » assortie d’une vague conscience que tous les ennuis ne viennent pas de l’extérieur, là où pourtant tout va mal. Quelque chose a changé : plus n’est besoin de prétexte professionnel ou culturel pour franchir le pas, point d’alibi pour venir dire en ce lieu particulier que « ça ne va pas », et en attendre ce qu’un psychanalyste peut offrir.
11Il y aura bientôt cent ans Freud rêvait éveillé : « Admettons maintenant que par une quelconque organisation nous réussissions à augmenter notre nombre au point de suffire au traitement de plus grandes masses humaines. Voici, d’autre part, ce qui est à prévoir: un jour ou l’autre, la conscience morale s’éveillera et elle lui rappellera que le pauvre a tout aussi bien droit à l’aide psychique. » [2]
12Les recherches conjuguées de certains psychanalystes ont pu faire reculer les contre-indications à la psychanalyse. On peut se demander si le plus souvent, les contre-indications ne correspondent pas aux limites du travail effectué, psychique, théorique, clinique et technique, par les psychanalystes qui les énoncent. Nous avons vu se répandre une nouvelle contre-indication à la psychanalyse, et elle est de taille : la contre-indication économique.
13Cette ultime contre-indication, comme les autres dites de structure, ne tient pas seulement à l’état du patient, mais bien aussi à l’état du psychanalyste, et de façon plus flagrante encore que les précédentes.
14Le paiement, pour Freud, c’est l’introduction du monde réel dans la cure, valeur d’échange identique à celle qui est utilisée dans le monde et dans le temps, l’un et l’autre communs à l’analyste et au patient. Il doit donc y avoir quelque chose qui rappelle le monde des réalités dans le cadre, cet artifice nécessaire à la cure. Pour intéressants que soient les arguments quant à la nécessité du paiement pour l’analysant, chacun d’entre eux, s’il trouve la confirmation de sa pertinence dans une cure, peut se trouver entièrement infirmé par une autre.
15Freud avançait, entre autres, les raisons suivantes :
- ne pas combler le manque psychique dans la réalité,
- éviter la résistance au changement, le patient imputant sa souffrance à la réalité extérieure dont il serait la victime impuissante,
- éviter la puissance des forces de répétition d’un fantasme évoquant « ce qui est dû par le parent », l’analyste ne devant pas apparaître désintéressé comme le parent l’est vis-à-vis de son enfant,
- éviter que l’analyste apparaisse trop bon et ne permette pas d’exprimer les désirs condamnables, surtout vis-à-vis de lui,
- éviter de « se faire aimer », d’érotiser l’analyse, conduisant ainsi le patient à prendre l’analyste comme modèle,
- nécessité pour l’analyste, « témoin du monde réel », de préserver le contact avec ce monde réel,
- éviter la satisfaction exigée et obtenue dans le déplacement transférentiel, le faux soulagement de la douleur.
16Dans un autre registre, lorsque Lacan, et à sa suite P. Martin et quelques autres, évoquent la place de l’argent, c’est pour insister sur la fonction du rien de son contenu, marque du manque dans l’échange, ce qui est certainement tout aussi juste que la garantie contre les forces insidieuses de la répétition pour Freud. « Nous qui nous faisons les émissaires [tel Dupin détenteur de la lettre, s’enquérant de la récompense] de toutes les lettres volées qui pour un temps au moins seront chez nous en souffrance dans le transfert. Et n’est-ce pas la responsabilité que leur transfert comporte, que nous neutralisons en la faisant équivaloir au signifiant le plus annihilant qui soit de toute signification, à savoir l’argent», lit-on, dans les Écrits [3].
17De Freud à Lacan ce qui est à analyser, c’est l’implication transférentielle, et donc également contre-transférentielle, du paiement. L’argent est autant le porteur de signification du monde extérieur, « moyen de vivre et d’acquérir de la puissance » ainsi que le reconnaissait Freud, que le représentant de l’équivalent général des économistes, « agent du monde réel », agent qui interdirait la psychanalyse à ceux que le monde en prive, quelle que soit la part de déterminisme psychique éventuel de cette privation. Certes, il peut y avoir des origines psychiques au manque d’argent comme au fait de ne pas le lâcher, et ce serait alors le seul symptôme dont il faudrait préalablement être guéri pour entreprendre une analyse !
18L’argent logé du côté du symbolique, du rien, du merdique, ce ne serait pas du « numéraire » ! Tout cela est peut-être juste, peut-être même généralisable, oh combien! Mais pour qui? Si chacun a sa manière de faire avec la réalité de l’argent, d’Harpagon et sa cassette à Bataille et la part maudite, il y a un réel incontournable de la survie matérielle, qui, s’il ne prive pas de l’imaginaire qui préside à l’appréhension de la réalité commune, oblige à compter la dépense, voire à y renoncer.
19Alors, l’on peut conclure que l’argent est nécessaire à l’analyse dans la cure comme paiement de l’analyste et que sa place dans la singularité de chacun, associée à son caractère spécifique d’équivalent général, lui attribue une valeur particulière dans les mouvements du transfert, sans pour autant qu’il en perde son caractère d’agent dans le monde auquel analystes et analysants appartiennent. Quelque chose se passe mal si, du seul fait de son manque, la psychanalyse ne peut avoir lieu.
Dispositifs
20On peut recenser les possibilités existantes qui permettent l’accès de l’analyse à celui qui est léger d’argent. Certains analystes annoncent un tarif au-dessous duquel ils ne travaillent pas, alors le patient postulant repart et cherche un autre analyste, ou bien, engagé « au-dessus de ses moyens », il doit un jour interrompre. Parfois, la cure s’engage à raison d’une séance par quinzaine par exemple. Il y a eu les séances courtes, il y a maintenant des intervalles longs. La question du rythme des séances se fait de plus en plus actuelle et mériterait qu’on s’y intéresse. Elle n’est pas seulement liée à l’argent. Ce sont aussi les conditions d’existence contemporaines qui amènent à modifier les rythmes, point n’est besoin d’en accuser la résistance, même si elle peut aussi s’y loger. Cela nous oblige surtout à une vigilance plus grande si l’on veut éviter cet écueil signalé par Freud concernant les rapports de l’analyse avec la réalité: « Lorsque les séances sont trop espacées, on court le risque de ne pas marcher du même pas que les incidents réels de la vie du patient et de voir l’analyse perdre son contact avec la réalité et s’engager dans des voies latérales. » On rencontre tout de même de plus en plus de psychanalystes qui modulent leurs tarifs en fonction des possibilités du patient.
21En 1913, adapter la technique aux conditions de vie matérielles du patient compromettait pour Freud la réussite de la cure. En 1918 pourtant, la crise qu’avaient représentées la guerre et l’aggravation des conditions sociales lui ont fait revoir non la théorie, mais la technique.
22Il est remarquable que l’idéologie psychanalytique ait gardé, sur cette question du paiement, une préférence pour le Freud d’avant la crise ! La modulation des tarifs implique de prendre du temps pour parler d’argent « sans fausse honte » avant de fixer le montant du paiement et de grands écheveaux se déroulent à parler d’argent avant de le fixer comme tarif.
23Parfois, l’analyse, quand on n’a pas les moyens financiers, il y a des institutions pour ça, c’est comme la tolérance. « Alors seront édifiés des établissements auxquels seraient affectés des médecins formés à la psychanalyse […]. Ces traitements seront non payants. Il faudra peut-être longtemps avant que l’État ressente ces obligations comme urgentes […]. Mais un jour ou l’autre il faudra bien en arriver là », écrivait Freud en 1918 [4].
24Il en existe et c’est tant mieux. Dans les institutions, c’est gratuit… pour le patient. Mais l’affirmation de cette gratuité est quelque peu mensongère. La Sécurité sociale paie très cher l’institution pour une séance appelée lit ou prix de journée ; il en coûtait par exemple plus de 500 francs dans un CMPP en 1994. Ce coût est très rarement communiqué au patient. « La Sécurité sociale ne sait pas ce qu’elle nous doit », disait Lacan. Il n’est pas exclu que les conditions d’une psychanalyse soient réunies dans une institution. Mais comme nous vivons dans le même monde que nos patients, les postes en institution sont rares, ceux qui existent souvent menacés et, pour les patients, les listes, comme l’attente, sont bien longues.
25Une autre forme d’aide au paiement est représentée par la gratuité de l’analyse pour un temps plus ou moins long chez un analyste en dehors d’une institution. Contrairement à ce qui se laisse entendre, la gratuité n’était pas pour Freud un obstacle au déroulement de la psychanalyse. « Pendant dix ans environ j’ai, chaque jour, consacré une heure, parfois deux, à des traitements gratuits […]. Naturellement on rencontre parfois des gens qui, sans en être responsables, se trouvent dans la détresse, et pour lesquels un traitement gratuit ne se heurte pas aux mêmes obstacles et obtient d’heureux résultats. » Cette pratique est aussi, par beaucoup, considérée comme non conforme. Doit-on interrompre une psychanalyse faute d’argent? Doit-on aménager une dette d’argent à l’infini ? Ce n’est évidemment pas sans effets de transfert…et de contre transfert [5], mais ce n’en n’est qu’un parmi tant d’autres.
26Le fait de commencer ou de poursuivre une analyse sans paiement, et ceci parfois pour un temps indéterminé, déclenche beaucoup d’agressivité parmi les analystes lorsqu’il en est fait état, ce qui est rare, cette question ne faisant l’objet que de peu d’échanges. La réplique lapidaire la plus courante consiste à affirmer qu’alors, le patient « paie avec son corps », ce qui clôt le débat.
27Lorsque l’analyste a un diplôme de médecin, de psychiatre souvent, il peut utiliser l’aide matérielle de la Sécurité sociale en signant des feuilles de soins, possibilité qui est refusée aux analystes qui ne sont pas médecins.
28Pour beaucoup, cette pratique est une aberration introduisant un tiers dont on ne saurait que faire. Cela est si mal vu que d’aucuns qui le pratiquent ne le disent jamais publiquement et hurlent même avec les loups, lesquels loups se débarrassent de ces patients pauvres en les adressant à leurs collègues impurs avec quelques ronds de jambe : «C’est tout de même une personne très intéressante et comme tu signes des feuilles […]. » Les pauvres devraient être intéressants, en plus, pour avoir droit à une psychanalyse considérée par certains comme n’en étant pas une.
29Bien entendu un tel silence, une telle hypocrite condamnation implique, malgré quelques débats par-ci par-là, une absence de réel travail sur cet aspect de la pratique. Il s’y développe du même coup de curieuses manières de faire vis-à-vis de l’argent qui vont jusqu’au doublement du tarif. C’est censé peut-être rendre la Sécurité sociale moins tiers, ça la rend moitié.
30Certains psychiatres, pas tous, sont psychanalystes, ou plutôt le sont devenus, la seule chose qui relie l’un à l’autre c’est que la folie les a préoccupés si tôt qu’ils en ont fait l’objet de leurs études, on ne choisit pas son histoire, et faute d’une réponse satisfaisante, c’est vers la psychanalyse que s’est déplacée la question. N’en déplaise à certains ce n’est pas la sécurité sociale qui profanerait l’analyse, mais l’assujettissement de l’analyste à un quelconque credo, qu’il soit médical, universitaire, politique ou religieux, auquel il soumettrait sa pratique comme ses élaborations théoriques. Peu d’analystes osent déclarer publiquement signer des feuilles de soins, peut-être sont-ils encore moins nombreux à souhaiter que cela soit possible aux autres psychanalystes. Longtemps les psychiatres ont été stigmatisés comme les ennemis de la psychanalyse laïque. Depuis la multiplication des chapelles, la laïcité de la psychanalyse serait-elle acquise ?
« Adapter la technique… »
31Nous avions choisi, dans la référence à Freud comme fondateur de la psychanalyse, l’aspect d’ouverture et d’anticipation. Se faire les gardiens d’une théorie figée, quelle qu’elle soit, c’est la condamner à disparaître. La paraphrase comme l’absence de curiosité et le repli frileux face à l’évolution du monde et des connaissances ne servent pas la recherche et donnent du grain à moudre aux contradicteurs. Il ne suffit pas d’annoncer que la psychanalyse est subversive, encore faut-il qu’elle le reste. La sexualité, l’état des recherches des neurosciences, les formes artistiques contemporaines, les modifications radicales de l’appréhension de l’espace et du temps du monde qui, au moyen de la technologie irréversible, nous rendent le lointain familier suscitent souvent une forme de condamnation lapidaire qui tient lieu de pensée, au nom de la psychanalyse. Nous le savons pourtant, que la résistance au changement oscille entre repli pétrifié et érotisation béate. « Comme vous le savez, nous ne nous sommes jamais targués de la complétude et du parachèvement de notre savoir et de notre pouvoir; nous sommes toujours prêts, maintenant aussi bien qu’autrefois, à convenir des imperfections de notre connaissance, à apprendre quelque chose de nouveau qui s’y ajoute, et à modifier dans notre démarche ce qui peut être remplacé par quelque chose de meilleur. » [6] En 1918, Freud commençait ainsi sa conférence à Budapest, au lendemain immédiat de la guerre.
32Dans les textes regroupés dans les éditions françaises sous le titre La technique psychanalytique, il existe une contradiction entre le texte de 1913, « Le début du traitement », et celui de 1918, cette conférence donnée à Budapest à la fin de la guerre et publiée en français sous l’intitulé « Les voies de la thérapie psychanalytique » [7].
33Freud constate, qu’à l’aube de la psychanalyse : « Nous ne sommes qu’une poignée de gens. » Puis il ajoute plus loin : « En outre, nous sommes restreints, par les conditions de notre existence aux couches supérieures aisées de la société. » Il conclut : « Pour les larges couches populaires, qui souffrent énormément des névroses, nous ne pouvons pour l’instant rien faire. » [8]
34C’est le caractère politiquement pionnier de sa conclusion qui a soutenu notre argument. Envisager l’avenir de la psychanalyse face aux changements sociaux, sans pour autant abandonner les enjeux théoriques, avait conduit Freud à énoncer : « C’est alors que s’offrira à nous la tâche d’adapter notre technique aux nouvelles conditions. » [9]
35En dehors du travail de courageux psychanalystes, le travail d’adaptation de la technique reste publiquement fort timide, alors même qu’on sait fort bien, qu’ici et là, il se tente, mais s’avoue peu. Pourtant de cela surtout dépend la transmission de la stricte psychanalyse à partir des trouvailles faites en chemin, ainsi que de découvertes liées à ce qui n’est pas reproduction du même.
36Du côté d’une recherche de l’adaptation de la technique, prenant en compte les modifications du champ social pour le paiement de l’analyse, la métaphore utilisée à la fin de la conférence est bien connue : « Nous serons aussi très vraisemblablement obligés, dans l’application de notre thérapie à la masse, d’allier abondamment l’or pur de l’analyse au cuivre de la suggestion directe. » Avec le cuivre, une métaphore économique est introduite par Freud qui se nomme techniquement « manipulation monétaire ». En effet, dans toute l’Europe, du XIVe siècle à la deuxième moitié du XIXe siècle, les monarques endettés accroissaient la valeur nominale, fictive, de leur monnaie, censément en or, en y introduisant une proportion de cuivre pour sortir de l’endettement.
37L’or garde sa valeur référentielle dans l’échange, alors même que la monnaie pourrait n’être que de cuivre. La suite de l’énoncé et sa conclusion deviennent alors plus compréhensibles : « Mais, quelle que soit la configuration que puisse prendre pour le peuple cette psychothérapie, quels que soient les éléments dont elle puisse se composer, ses parties constituantes les plus efficientes et les plus importantes resteront à coup sûr celles qui auront été empruntées à la psychanalyse rigoureuse, celle qui est exempte de toute tendance. » [10]
38Ainsi l’adaptation de la technique aux conditions sociales nouvelles se donne métaphoriquement, et Freud né à l’aube de la seconde moitié du XIXe siècle ne pouvait l’ignorer, comme manipulation monétaire utilisée pour résoudre l’endettement. Voilà donc, par la conclusion de Freud, l’analyste tel le monarque endetté, contraint d’utiliser cette manipulation monétaire. Voici donc de nouveau l’argent au-devant de la scène de la technique psychanalytique, confronté aux conditions nouvelles imposées par les changements sociaux. Cette référence que Freud utilise de façon cryptée à la monnaie pesée et titrée est également présente quelques années plus tard, en 1923, chez Marcel Mauss, dans la conclusion de l’« Essai sur le don » [11]. Il y fait remarquer qu’« une partie considérable de notre vie stationne dans cette même atmosphère d’échange-don, d’obligation et de liberté mêlées », atmosphère qui a probablement été le lot d’une grande partie de l’humanité avant que l’on parvienne au « marché où roule l’argent, à la vente proprement dite et surtout à la notion de prix estimé en monnaie pesée et titrée ».
39C’est sous ces auspices que s’est située une proposition d’association constituant une trésorerie, manipulation monétaire, destinée à financer des cures psychanalytiques dans une tentative de ce que Mauss appelait « revenir à une morale de groupe » en lien avec « l’obligation de donner, de rendre et de recevoir » inhérente à notre situation d’endettement : endetté l’analyste ne l’est pas par l’argent, mais par la transmission de la psychanalyse, d’avoir choisi d’être analyste. C’est un curieux aspect de la transmission qui apparaît aujourd’hui, si du fait que certains patients n’ont pas accès à la psychanalyse, faute d’argent, la pratique de la psychanalyse, se borne à sélectionner les patients, pour subsister, sur le seul critère d’en avoir. Pouvons-nous rester passifs en ayant conscience d’une telle dérive ?
40Il s’agissait de faire apparaître que nous avions les moyens de défendre l’exercice et la transmission de la psychanalyse en refusant de faire fonctionner l’argent comme l’intrus du monde dans la cure, tout en lui conservant sa place de témoin du monde réel. L’argent, qu’il circule sous les masques de l’étron ou du rien, nous voulions tenter de lui restituer, en ce qu’il est témoin du monde justement, le motif oublié de ses origines: non pas le troc qui laissait quittes les partenaires, mais l’obligation de donner, de recevoir et de rendre.
41Face à la brutalité et à la cruauté qui envahissent le champ social à l’égal de la destruction pulsionnelle, nous voulions tenter un petit détour par la culture. Cette question n’était pas étrangère à Lacan, en 1948, au lendemain d’une autre guerre, lorsqu’il concluait son rapport : « C’est cette victime émouvante, évadée d’ailleurs irresponsable, en rupture du ban qui voue l’homme moderne à la plus formidable galère sociale, que nous recueillons quand elle vient à nous, c’est à cet être de néant que notre tâche quotidienne est d’ouvrir à nouveau la voie de son sens dans une fraternité discrète à la mesure de laquelle nous sommes toujours trop inégaux. » [12]
42Au terme d’une année de travail, le dispositif destiné à faire marcher du même pas la réflexion et l’agir a été conçu. Le but de l’association était ainsi défini : « Mettre en place des conditions matérielles qui permettent de maintenir l’existence de l’analyse profane et, pour cela, assurer un financement total ou partiel à des personnes ayant contacté un psychanalyste, et se trouvant dans l’impossibilité d’assumer financièrement le paiement des séances nécessaires à l’analyse, que celle-ci soit déjà en cours ou qu’il s’agisse de la commencer. » Il s’agissait donc de créer une trésorerie, à partir de dons, destinée à financer pour chaque patient pendant vingt-quatre mois deux séances de 200 francs par semaine. L’appel de dons était fait en direction des psychanalystes, concernés au premier chef par l’existence de l’analyse laïque et la situation des patients. Il ne s’agissait pas de monter une société commerciale ni une mutuelle, mais d’indiquer par notre engagement matériel que l’enjeu, dont la caractéristique est qu’à partir d’une mise il y ait une perte et un gain, que cet enjeu l’était pour tous solidairement, enjeu de personnes mais aussi de moyens. Les donateurs, que leur apport soit régulier ou ponctuel, n’étaient connus que du seul trésorier qui encaissait les dons. Les analystes membres du Groupe Bastille n’avaient pas à en savoir, mais seulement à connaître l’état des comptes.
43Nous avons estimé qu’il était absolument requis de maintenir le respect de la singularité de la rencontre analyste-analysant. L’association n’avait pas à se mêler du bien-fondé de la situation matérielle et psychique de la personne reçue par un analyste pour la faire bénéficier d’une aide matérielle à la psychanalyse. Cette question-là comporte des implications autres que celles de la stricte réalité comptable, et aucun tiers n’était pour nous en droit d’intervenir directement dans ce qui se parle et s’établit autour de la question du paiement entre l’analyste et le patient.
44C’est la raison pour laquelle l’analyste devait contacter le conseil, composé des membres fondateurs, sans avoir à en justifier les raisons, ni nommer le patient pour lequel était faite la demande. Aucun critère d’appartenance à telle ou telle association n’était demandé. Nous n’étions pas nés d’hier, ayant appris aux dépens de quelques-uns des idéaux, qu’aucune garantie n’existe a priori. Ce qui ne veut évidemment pas dire que l’on prônait la désinvolture et l’inculture pour les psychanalystes. La seule chose exigée, à la charge de l’analyste demandeur, était de trouver deux analystes connus chacun d’au moins un des membres du Groupe Bastille et qui attestaient que le demandeur travaillait la psychanalyse avec d’autres psychanalystes. Cette démarche faite, l’analyste recevait un carnet, non-nominal, de vingt-quatre bons et devait communiquer au patient l’adresse de la trésorerie.
45L’analysant recevait directement le financement de son analyse par la trésorerie de l’Association. Il n’y avait, le concernant, aucun critère d’obtention de la part des psychanalystes de l’association qui n’avaient pas à le connaître. Sur la foi de chacun des vingt-quatre bons remplis et remis par l’analyste au patient, il recevait lui-même l’argent. Il avait à le rendre à son analyste. Les séances manquées, et estimées dues, figuraient au même titre que les autres, sans signe distinctif.
46Le désir de ne pas voir l’analyse laïque disparaître, du fait de l’organisation sociale générale, ne pouvait être réductible à un corporatisme visant à aider les analystes en difficulté. Il revient au patient de payer son analyste. Nier sa place dans un système de paiement, qui existerait malgré tout sans lui, aurait tenu lui-même et sa parole hors circuit. Il ne s’agissait pas de gratuité mais d’une circulation de l’argent entre trois termes : l’obligation de donner, l’obligation de recevoir et l’obligation de rendre, dans lesquels sont inscrits les analystes qui donnent, l’analyste qui reçoit et le patient qui reçoit et rend, parce que ce n’est pas à lui, parce que ce n’est pas à nous. Ce terme, rendre, nous l’avons emprunté à l’Essai sur le don de Marcel Mauss : « Ce qu’on reçoit, on ne le garde pas pour soi, sauf si on ne peut s’en passer, on le transmet à un autre. Il arrive que ces choses qu’on a acquises ou données vous reviennent dans la même journée. » Donner et recevoir, comme payer et être payé, sont des actes qui s’inscrivent dans le droit intraitable de la vente et du paiement. Rendre ce qui a été donné à celui qui le reçoit n’est pas rendre à celui qui l’a donné, c’est s’inscrire dans une circulation de l’objet subvertissant celle des lois du marché. L’argent, témoin de la dette des analystes quant à la transmission de l’analyse, lorsqu’un analysant le reçoit, ce n’est plus le même objet qui a été donné mais un objet porteur de l’altérité, objet altéré qu’il transmet à son analyste en le lui rendant. Il ne contracte pas plus que son analyste une dette vis-à-vis des donateurs, mais soutient une même forme de dette que nous avons tous, dette dont cette circulation de l’argent n’est que support. Danièle Lévy y ajoutait ce commentaire supplémentaire : « Ce temps ne peut s’apercevoir que si au prêté-rendu, dont Freud découvre la théorie dans l’histoire duelle du chaudron, s’ajoute ce que l’un au moins des partenaires ne cesse d’oublier : la dimension du temps, de la durée appropriée et scandée par chacun sous la forme de son histoire. Je ne suis pas né de cet instant, j’existais déjà lorsque […]. L’obligation de rendre, c’est l’obligation de se rappeler, de qui l’on a reçu, à qui l’on a donné, ce qui est entré et ce qui est sorti, avec qui et de quoi on est en dette. L’histoire n’est pas l’autobiographie : elle ne se fait pas de la même façon, n’engage pas la même altérité, ne produit pas la même satisfaction. »
47Ce dispositif, en apparence compliqué mais à l’usage assez simple, protégeait le secret et les conditions de l’analyse et ne servait pas à délivrer une quelconque plus-value ou une quelconque habilitation. Il interdisait par des mesures d’étanchéité stricte une collusion financière entre donateurs et receveurs. Cependant il ne s’agissait pas pour autant d’une société secrète, chacun étant bien entendu libre de dire où il se situait lui-même dans une telle organisation. Pour des raisons juridiques et fiscales, le Groupe Bastille comportait deux associations distinctes régies par la loi de 1901. Une Association du Groupe Bastille, constituée des seuls psychanalystes fondateurs et du trésorier coopté, Jean-Philippe Milesy, s’occupait de la réalisation concrète du projet et aucun de ses membres ne pouvait prétendre à obtenir une aide pour un de ses patients. Une Association des Amis du Groupe Bastille réunissait toutes les personnes intéressées à soutenir le projet, et dont les membres s’ils pouvaient faire une demande d’aide au paiement, n’étaient en rien prioritaires, l’ordre d’arrivée des demandes ayant été la règle.
48Le 26 septembre 1994 une lettre, présentant brièvement le projet, avait été adressée à environ 1200 psychanalystes. Le 11 décembre 1994 eut lieu l’assemblée constituante de l’association des Amis du Groupe Bastille : Philippe Monet, Nicole Pépin, Catherine Podguszer, Claude Spielmann et Nicole-Édith Thévenin. Claude Spielmann en a été élu président. Les cotisations assuraient les frais de fonctionnement, les dons étant intégralement attribués aux financements des analyses. Un bulletin, le Bastillard, réunissait de fort intéressantes contributions.
49Quinze financements ont été rendus possibles par les dons exclusifs de psychanalystes. Au bout de trois ans, certains psychanalystes qui avaient accepté de se risquer dans cette expérience ont souhaité se rencontrer. Si l’expérience fut différente pour chacun, à l’image de la singularité de chaque analyse, elle s’est chaque fois maintenue dans le champ de la psychanalyse.
50Mais après presque cinq années d’existence, l’argent ne rentrait plus en quantité suffisante pour que le volet de la mise en acte du projet, c’est-à-dire le financement de nouvelles cures, continue à avoir un sens. Durant les premières années, le projet a pu être soutenu tant par l’enthousiasme de certains que par la trésorerie alimentée par les dons et les cotisations de psychanalystes. Le débat a existé dans les cercles analytiques, et pourtant l’hostilité, qu’elle ait été ouverte ou teintée de courtoisie, était largement au rendez-vous et s’y est maintenue. Danièle Lévy soulignait à l’une des journées : « Dès lors que celui qui donne est un imbécile que l’autre exploite, s’il est vrai que tout se paie et doit se payer, alors il n’y a plus aucune possibilité de rendre, il n’y a que des remboursements, ou des vols […]. Et il faut bien dire que la dénonciation psychanalytique, lacanienne, du sadisme inhérent à l’oblativité est souvent interprétée dans le même sens. De peur de paraître dupés par le désir inconscient, faisons le contraire de ce qui est dénoncé. Soyons égoïstes absolument, pour ne pas avoir l’air agressifs, surtout sans le savoir […].
51Peu à peu, les dons ont cessé de se renouveler. Aux journées de juin 1997, un vote nous a mandaté pour collecter des fonds en dehors de cercles analytiques, et là, si notre bonne volonté était au rendez-vous, il s’est produit une véritable inhibition à laquelle aucun n’a échappé. Le vote avait été houleux. Thierry Perlés dans une communication autour du don et de la dot signalait ainsi : « Ce qui cependant le menace d’hypothèque, c’est l’éventualité du recours à des modalités de financement qui ne seraient pas celles qu’on trouve élaborées […]. La cohérence s’organise autour de l’exigence que ce soient des psychanalystes qui supportent les frais de l’entreprise. Or le constat s’impose : pour des raisons dont on va voir qu’elles ne sont pas de pure radinerie, les psychanalystes ne sont pas prompts au don.
52Le recours à un financement provenant d’acteurs sociaux qui, pour des motifs divers, souhaiteraient collaborer au projet serait alors tentant. Mais sous l’apparence de contourner une difficulté technique, il entérinerait la démission des psychanalyste […], là où une dotation propose une fermeture par la fiction de la réciprocité, un don fait brèche. La notion d’obligation est donc ici centrale. Mais il fallait en préciser les termes, car la question de savoir “à quoi suis-je obligé ?” est indissociable de celle-ci, qui en conditionne la réponse: qui donne ? »
53Nous avons oublié que pour des questions aussi cruciales que celles de la psychanalyse, nous étions seulement psychanalystes. Peut-être n’avons-nous pas assez dépensé pour créer de la dépense, peut-être n’avons-nous pas assez donné pour qu’on nous rende. Lors d’une intervention, Christian Simatos faisait remarquer : « Je ne sais pas si l’on touche ici à l’impossible, mais on peut comprendre les difficultés que nous rencontrons pour formuler quelque chose de bien ficelé sur la question de l’argent. Le malaise dont je parlais en commençant n’est pas de mauvais aloi, il ne traduit pas je ne sais quoi d’inavouable, il témoigne plutôt d’un embarras réel qui tient à l’inévitable clivage de notre position. » Nous serions-nous pris les pieds dans cela même à quoi nous voulions échapper, l’inévitable clivage du paiement et de la rémunération, de la singularité de chaque analyse et de l’universalité de l’argent, du un par un et du groupe ? Y avait-il une inadéquation des objectifs du Groupe Bastille aux préoccupations des psychanalystes ? Ou bien y avait-il à l’inverse, une indifférence du mouvement psychanalytique aux questions posées, qu’il s’agisse de la défense de l’analyse laïque, essence même de la psychanalyse pour les auteurs et acteurs du projet, ou de la prise en considération de la misère psychique dont la dimension sociale et économique ajoute à la détresse et interdit l’accès à la psychanalyse ?
54Le Groupe Bastille a officiellement cessé son activité le 8 mai 1999. Nous avions été ambitieux, mais notre fonctionnement n’a pas été à la hauteur de cette ambition. Pour autant le débat politique n’en n’était pas clos. La conclusion revient à Claude Spielmann qui, lors d’une des assemblées, interrogeait l’expérience sous l’intitulé « Avons-nous été assez politiques ? » :
55« Moins que jamais la psychanalyse ne peut se considérer hors ou au-dessus ou au-delà du politique. La spécificité de sa grille de lecture du sujet n’en constitue pas une raison. Elle ne méconnaît pas non plus que le sujet singulier à qui elle s’adresse n’existe que dans un rapport aux autres […]. Au Groupe Bastille, nous n’avons certes pas ignoré ces questions. Nous en avons débattu […]. Mais nous n’avons pas réussi, ou nous ne nous sommes pas donné les moyens intellectuels, pratiques, de nous conduire en politiques. Nous n’avons pas fait de l’association une organisation politique. Nous n’en avons pas fait non plus une simple association de gestion financière, même si un gestionnaire non-analyste nous apporte ses compétences. Aurions-nous dû le faire ?
56Dans notre désir de convaincre les psychanalystes de financer le projet du Groupe Bastille, nous avons cru bon de parler la langue, maternelle, de la psychanalyse et des psychanalystes. Aurions-nous dû le faire ?
57Peut-être est-ce là une aporie : pour exister et se développer, il faudrait se conduire en politiques ou ne se situer que dans une logique économique ; mais à le faire nous aurions peut-être suscité encore plus de résistances chez les psychanalystes.
58Nous sommes-nous tenus à mi-chemin ?
59Où est la solution ? »
Notes
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[1]
Freud (S.) (1919a), « Les voies de la thérapie psychanalytique », O. C. XV, 1996, p. 107.
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[2]
Freud (S.) (1919a), « Les voies de la thérapie psychanalytique », op. cit., p. 107.
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[3]
Lacan (J.), Le séminaire sur « La lettre volée », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 37.
-
[4]
Freud (S.), ibid., p. 107-108.
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[5]
Comme il n’est pas acquis pour tout le monde que les transferts contiennent le transfert de l’analyste comme celui du patient, j’utilise les termes de transfert et contre-transfert et espère l’indulgence de ceux à qui cela apparaît lourd.
-
[6]
Freud (S.), ibid., p. 99.
-
[7]
Freud (S.), ibid., p. 97-108.
-
[8]
Freud (S.), ibid., p. 107.
-
[9]
Freud (S.), ibid., p. 108.
-
[10]
Freud (S.), ibid., p. 108.
-
[11]
Mauss (M.) (1923), « Essai sur le don », in Sociologie et anthropologie, Paris, PUF ; première parution dans L’Année sociologique, 1923-1924.
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[12]
Lacan (J.), « L’agressivité en psychanalyse », Écrits, op. cit., p. 124.