Notes
-
[1]
Moon Palace, Paris, Babel, 1993.
-
[2]
La musique du hasard, Arles, Actes Sud, 1991.
-
[3]
Le voyage d’Anna Blume, Paris, Babel, 1993
-
[4]
In Moon Palace, op. cit., p. 41.
-
[5]
L’art de la faim, Paris, Babel, 1995.
-
[6]
In L’art de la faim, op. cit., p. 62.
-
[7]
In Moon Palace, op. cit., p. 40.
- [8]
-
[9]
Le diable par la queue, Paris, Collection de Poche, 1996.
-
[10]
Le diable par la queue, op. cit., p. 11.
-
[11]
11 Ibid., p. 12.
-
[12]
Ibid., p. 25.
-
[13]
Ibid., p. 12.
-
[14]
Ibid., p. 18.
-
[15]
Ibid., p. 19.
-
[16]
Ibid., p. 55.
-
[17]
Drach (M.), « L’argent ou le simulacre maintenu », in Recherches. L’argent, Paris, La Découverte, 2004, p. 28.
-
[18]
Arnsperger (C), Berns (E.), Critchley (S.), Derrida (J.), Drach (M.), Goux (J.-J.), «Autour des écrits de Jacques Derrida sur l’argent», in Recherches. L’argent, op. cit., p. 214.
-
[19]
In Le diable par la queue, op. cit., p. 54.
-
[20]
Ibid., p. 7.
-
[21]
Ibid., p. 92.
-
[22]
Ibid., p. 139.
-
[23]
Ibid., p. 138.
-
[24]
Ibid., p. 162.
-
[25]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 12.
-
[26]
Ibid., p. 13.
-
[27]
Roth (Ph.), Patrimoine, Paris, Folio Gallimard, 1992.
-
[28]
Roth (Ph.), Patrimoine, op. cit., p. 27.
-
[29]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 34.
-
[30]
Ibid., p. 53.
-
[31]
Ibid., p. 89.
-
[32]
Ibid., p. 90.
-
[33]
Ibid., p. 91.
-
[34]
Ibid., p. 47.
-
[35]
Ibid., p. 59.
-
[36]
Ibid., p. 59.
-
[37]
Ibid., p. 55.
-
[38]
Auster (P.), De Cortanze (G.), La solitude du labyrinthe, Paris, Babel, 2004, p. 79.
-
[39]
De Cortanze (G.), Paul Auster’s New York, Paris, Le Livre de Poche, 2004, p. 19.
-
[40]
De Cortanze (G.), Paul Auster’s New York, Paris, op. cit., p. 22.
-
[41]
Ibid., p. 23 et 24.
-
[42]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 57.
-
[43]
Ibid., p. 55.
-
[44]
Ibid., p. 59.
-
[45]
Ibid., p. 74.
-
[46]
Ibid., p. 56.
-
[47]
Ibid., p. 82.
-
[48]
Ibid., p. 32.
-
[49]
Ibid., p. 34.
-
[50]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 113.
-
[51]
In Trilogie new-yorkaise, « Cité de verre », Paris, Babel, p. 115.
-
[52]
In L’invention de la solitude, « Le Livre de la mémoire », op. cit., p. 217.
-
[53]
Ibid., p. 260.
-
[54]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 88.
1L’œuvre de Paul Auster est peuplée d’affamés. L’argent, tel Janus présente deux faces : celle du manque comme privation absolue, absence d’un minimum vital qui voue ses personnages à la clochardisation, mais aussi celle de la magie, argent – héritage aux effets souvent maléfiques. L’héritage est inattendu, il vient d’un père absent, disparu, passé pour mort, un père auquel on ne croyait plus. Les affamés de Paul Auster sont des fils sans père, leurs démêlés avec l’argent témoignent de leur quête du père.
2Moon Palace [1] nous raconte l’épopée de Marco Stanley Fogg, élevé par sa mère puis par son oncle maternel; dans la version de la mère son père serait mort avant sa naissance. Quand l’oncle vient à mourir Marco, alors étudiant, perd tout moyen de subsistance. Il se fait expulser de son appartement, connaît les affres de la faim, et finit par errer dans Central Park où il cherche des restes dans les poubelles; il ne devra son salut qu’à l’aide d’un ami. Le roman se poursuit avec les retrouvailles tardives du père et le legs d’un héritage aussi vite volé qu’il a été reçu.
3Dans La musique du hasard [2], Nashe, pompier mélomane, hérite d’un père qu’il n’a pas vu depuis plus de trente ans. Fidèle à la tradition des héros austériens, il perd son argent au poker, se laisse esclavagiser par deux sadiques qui le contraignent à construire un mur pour s’acquitter d’une dette impayable.
4L’histoire d’Anna Blume [3] est celle d’une lutte pour la survie.
5Dans l’univers de Paul Auster, l’argent manque sur un mode tragique, son absence menace de mort ou condamne à mort. Aucune rationalité ne préside à sa venue ni à sa perte. L’argent ne se gagne pas: on en hérite, il surgit, il disparaît. Les personnages de Paul Auster n’ont aucune prise sur lui. Quand Marco voit diminuer ses ressources, il sait qu’il y a plusieurs possibilités pour éviter le désastre mais il ne veut d’aucune : « Il existait toutes sortes de solutions à la portée de gens dans mon cas. Des bourses, des prêts, des programmes d’études-travail, mais sitôt que je commençais à les envisager, j’étais envahi de dégoût. C’était une réaction soudaine, involontaire, un haut-le-cœur. Je rejetais donc l’ensemble avec entêtement, avec mépris, avec la pleine conscience d’être en train de saboter mon unique chance de survivre à ma situation critique. » [4]
6Dans un essai, L’art de la faim [5], consacré au livre de Knut Hamsun, Faim, Paul Auster écrivait déjà en 1970, donc bien avant la rédaction de ses fictions : « Le héros souffre, mais seulement parce qu’il a choisi de souffrir […]. Dès le début il est clair que ce héros n’est pas obligé d’avoir faim » ; et encore : « Il a faim non par nécessité mais à cause d’une compulsion intérieure comme s’il voulait s’opposer à lui-même par une grève de la faim. » [6]
7Paul Auster oppose ici deux modalités de la nécessité : la faim du personnage de Knut Hamsun ne résulte pas d’une logique inhérente à l’ordre du monde mais d’une nécessité interne à sa personne qui le pousse à se mettre en situation de souffrir de la faim.
8Une pulsion interne du même ordre régit les personnages d’Auster ; de cette pulsion destructrice qui les pousse au pire, ils ne savent rien et ils assistent impuissants au désastre auquel ils s’acculent. Dans Moon Palace, le narrateur écrit : « Toute une chaîne de forces avait été mise en mouvement, et à un certain moment je me suis mis à vaciller, à voler autour de moi-même en cercles de plus en plus larges, jusqu’à me trouver enfin chassé hors de l’orbite.» [7] On ne saurait mieux dire l’effet des pulsions mortifères qui imposent leur loi au sujet et le laissent sidéré face à leur énigme. Dès lors qu’ils perdent tout argent, ces antihéros perdent aussi leur identité de sujet ; pour ces fils aux pères absents, la misère est l’épreuve de vérité où se montrent à ciel ouvert la fragilité de leur identité, l’errance symbolique de ces enfants dont les liens de filiation ont été cassés. Quand Marco erre dans Central Park, il est en quête de bien autre chose que de nourriture laissée dans les poubelles ; il est à la recherche de son père. « Même adulte, écrit Auster dans « Portrait d’un homme invisible » [8], on ne cesse pas d’être affamé d’amour paternel. »
9Deux textes autobiographiques de P. Auster traitent de ses difficultés avec l’argent et de sa relation à son père. Ces fragments autobiographiques ne sauraient en aucun cas fournir une clé pour lire les fictions de l’auteur; ils nous éclairent néanmoins sur sa quête généalogique et nous livrent des matériaux conscients et inconscients à partir desquels il a, pour une part, construit son œuvre.
10Années d’apprentissage, ou la mise en place d’un leurre et de sa chute, tel est bien le propos du texte Le diable par la queue [9], publié assez tardivement, en 1996. P. Auster évoque son enfance et s’attache plus longuement à nous raconter ce que furent ses années de formation d’écrivain. Michel Contat, dans Le Monde, souligne l’originalité du propos : « Paul Auster donne une des autobiographies les plus originales, les plus audacieuses jamais écrites par un écrivain. Qui a osé raconter sa vie sous l’angle de l’argent ? »
11L’argent est bien l’élément privilégié à partir duquel Auster parle de son enfance; il n’a jamais manqué de rien, issu d’une famille bourgeoise il n’a jamais souffert « d’aucun des manques ni des privations qui accablent la plupart des êtres humains vivant sur cette terre » [10]. Du côté des besoins, il a été comblé. Et pourtant l’argent a fait l’objet d’une obsession familiale, le nerf de la guerre sans merci que se menèrent ses parents et qui ne cessa qu’avec leur divorce. Du côté du père, une avarice maladive, un refus à dépenser, un contrôle systématique de tout achat, un homme économe incapable d’oublier la pauvreté de son enfance et qui, alors que ses moyens d’existence ont changé, semble ne pas y croire tout à fait. À l’inverse, la mère est prodigue, elle a du goût pour les rituels de la société de consommation et pratique « les emplettes comme un moyen d’expression élevé parfois au niveau d’une forme d’art » [11]. Enfant P. Auster est pris en otage dans cette guerre parentale, les vêtements que lui offre sa mère suscitent d’inéluctables éclats du père qui décide que la prochaine fois, c’est lui qui l’emmènera faire les courses. La dernière grande bataille concerna la nourriture; la mère aimait remplir son caddie, « il était vrai qu’on mangeait bien chez nous » [12], et quand il décide de se charger lui-même de rapporter de quoi manger à la maison, elle demande le divorce. Quand Sam Auster dépossède sa femme de sa fonction nourricière, elle s’en va. Le diable par la queue est la traduction de Hand to Mouth, « De la main à la bouche », expression qui, en anglais, a bien le sens de « galères », tirer le diable par la queue, mais où l’oralité est présente ; la mère ne supporte pas que son mari lui interdise d’assurer la satisfaction orale de ses enfants.
12Dans ce livre, Paul Auster commente peu la rétention paternelle, sinon pour évoquer l’angoisse qui la sous-tend et noter: « Mais l’argent, bien entendu, n’est jamais seulement l’argent. » [13] L’enfant prétend n’avoir jamais pris parti, il aurait partagé sa loyauté envers ses deux géniteurs; l’attitude de sa mère l’aurait amusé, il aurait admiré son père pour sa capacité à résister à l’univers de l’argent. Pourtant les effets immédiats les plus tangibles de ce conflit sont bien présents. Très vite le jeune Auster travaille ici et là : serveur dans un camp de vacances, job dans un magasin d’électroménager encore lycéen, puis étudiant il devient homme à tout faire à bord d’un pétrolier pour financer un séjour à Paris. Pour Auster, l’essentiel est joué : il sera écrivain ; l’idée d’enseigner le dégoûte, il vivra de petits boulots. Au cours de ces années, il rencontre toutes sortes de gens, personnages excentriques, misérables, crève-la-faim, tout à tour séduisants et irritants ; ils feront retour dans bien de ses livres.
13Ces années d’études, de voyages, de jobs, sont aussi celles où il affirme son rejet de l’argent, du capitalisme et de la loi du profit à tout prix : « L’argent partageait le monde en gagnants et perdants, en nantis et démunis. C’était un excellent arrangement pour les gagnants, mais qu’en était-il des gens qui perdaient ? D’après les évidences qui m’apparaissaient, je croyais comprendre qu’ils devaient être écartés et oubliés. » [14] Ces années-là sont celles où la jeunesse étudiante rejette la guerre au Viêtnam, et P. Auster décide de ne pas prendre part à cette guerre qu’il refuse et part faire un premier séjour à Paris ; de retour à Columbia, au début de 1968, le campus est devenu zone de manifestations, d’émeutes, de passages à tabac. Auster participe à ce mouvement mais plutôt comme sympathisant, il observe et s’implique peu.
14De fait, il apparaît que la relation de P. Auster à l’argent va au-delà de ses convictions politiques, de sa révolte sincère et durable envers le capitalisme triomphant et des innombrables laissés pour compte qu’il produit. À aucun moment, il ne participe à un mouvement politique, jamais il ne pense pouvoir changer le monde. Ce que P. Auster a décidé, c’est que l’argent n’aurait pas de place dans sa vie, qu’il ne compterait pas pour lui. Et quand il écrit : « J’avais déridé que le monde des affaires devrait se passer de moi » [15], il y a là bien autre chose que le refus du monde du profit. Il s’agit d’une dérision et d’une croyance: il veut et il peut vivre en mettant l’argent entre parenthèses ; les petits boulots suffiront et le temps de l’écriture sera préservé, à peine entamé. Auster renvoie ses parents dos-à-dos, intact il se préserve de leurs obsessions stériles de l’argent ; il ne jouera pas au jeu de la dépense comme sa mère, il ne fera pas du travail et de l’obtention du gain l’objectif de sa vie comme son père. Au-dessus de la mêlée parentale, mais en même temps plus radicalement au-dessus du monde où l’argent fait loi, comme s’il disait: «Le monde est gouverné par l’argent, eh bien très peu pour moi ! »
15Ce discours généreux et naïf, bien dans l’air du temps, a une radicalité très forte pour Auster et les raisons lui en échappent ; ce choix, pendant plusieurs années, se révélera sans aucune négociation possible, sans aucun compromis entre ses désirs, ses valeurs et les nécessités de vivre dans un monde où, que cela lui plaise ou non, l’argent existe. Le diable par la queue est l’histoire d’un homme qui vit ses années de jeunesse dans le déni de l’argent, de ses effets dans le réel, de sa dimension symbolique.
16Parmi les personnages haut en couleur rencontrés à cette période, il y a un certain Doc, un écrivain talentueux dont le talent s’est gâché, un homme qui a aimé des femmes et les a perdues, enfin un homme qui n’était pas dans le besoin et qui vieillit dans la misère.
17Auster le rencontre lors de sa dernière année de collège; il débarque à Columbia et annonce avoir un message à délivrer au monde, une œuvre politique à accomplir. Le père de Doc vient de mourir et lui a laissé quinze mille dollars en héritage. Fort de cette somme, il veut en faire l’outil d’une mission ambitieuse : abattre le gouvernement américain et détruire la croyance en la valeur de l’argent. Le moyen en est simple : distribuer à des inconnus des billets de cinquante dollars en leur recommandant de les dépenser le plus vite possible. Il pleut de l’argent.
18Doc n’écrit plus mais parle beaucoup et clame sans relâche: « L’argent est une fiction après tout, du papier sans valeur qui n’en acquiert que dans la mesure où un grand nombre de personnes déride de lui en attribuer. Le système est fondé sur la foi. Et qu’arriverait-il si on sapait cette foi, si un grand nombre de personnes se mettaient soudain à douter du système ? Théoriquement, le système s’effondrerait » [16] Le propos est troublant car il est vrai et fou. Effectivement l’argent, le bout de papier est un simulacre qui nécessite pour fonctionner la croyance d’une société en son efficacité.
19Marcel Drach, dans un article « L’argent ou le simulacre maintenu », met en valeur sa dimension symbolique. Il nous rappelle qu’un double simulacre le constitue, soit que les biens réels sont deux fois escamotés par l’argent, il tient lieu des biens réels et il remplace par la quantité, le nombre, l’altérité des qualités de ces biens [17]. Jacques Derrida insiste sur ceci : le simulacre de l’argent ne fonctionne qu’au prix d’un pacte symbolique ; la monnaie n’est accréditée que quand les sujets, les concitoyens qui font circuler cette monnaie, acceptent de travailler pour en gagner, s’accordent pour lui faire crédit. Il faut qu’aux sujets de l’échange s’impose la certitude qu’il y a de la souveraineté du côté de l’instance tierce là où s’émet l’argent; instance qui fut d’abord religieuse, royale, pour apparaître enfin à l’intérieur de ce que Kant appelle « l’état civil ».
20Ceci dit, Derrida souligne aussi la précarité de ce pacte, là où les États-nations ont tendance à naturaliser, ontologiser cette loi comme si Dieu ou la Nature l’avaient imposée : « Les révolutions politiques sont produites par des choses de ce type là. Tout d’un coup on n’aura plus confiance et foi dans l’instance qui émet la monnaie et garantit son authenticité. » [18]
21Alors Doc est bien fou-pas si fou ; pas si fou en ce qu’il énonce que le simulacre de l’argent repose sur la foi, fou en ce qu’il agit comme si un geste spectaculaire pouvait suffire à détruire cette foi. Auster qualifie les propos de Doc de « boniment d’un néo-prophète hippie visionnaire » [19] et ne prétend à aucun moment partager ses folles spéculations ; à aucun moment il n’a espéré détruire le capitalisme par des choix subjectifs. Mais n’a t-il pas vécu longtemps dans le leurre qu’il suffisait qu’il n’attribue aucune valeur à l’argent pour pouvoir en annihiler les effets dans son existence personnelle ?
22Vient un temps où Auster découvre que s’il ne s’occupe pas de l’argent, l’argent s’occupe de lui. Ce qui a été dénié fait retour en force, les problèmes financiers l’envahissent, deviennent omniprésents. La chute du leurre entraîne avec elle un moment d’effondrement dans la vie du sujet. « Aux environs de la trentaine, je suis passé par une période de plusieurs années pendant lesquelles tout ce que je touchais allait à l’échec […]. J’étais accablé de problèmes d’argent […] mais d’un manque d’argent constant, écrasant, quasi-suffocant qui m’empoisonnait l’âme et me maintenait dans un état de panique sans bornes. » [20]
23Le séjour à Paris s’achève dans une quête effrénée pour en trouver, l’acceptation de basses besognes littéraires au détriment de son travail d’écriture et de traductions. L’équation selon laquelle il avait voulu organiser sa vie, du temps pour l’écriture et pas pour l’argent s’inverse en absence de temps pour écrire et en manque d’argent. Il passe son temps à chercher du travail : « Quand je n’avais pas de travail, j’en cherchais. Quand j’en avais, je réfléchissais à la manière d’en trouver davantage. » [21] La conclusion s’impose à lui : « J’avais passé ma vie à éviter le sujet de l’argent, et soudain je ne pouvais plus penser à rien d’autre. » [22]
24De retour aux États-Unis avec sa femme, la situation financière empire; c’est aussi le moment de la naissance de leur fils Daniel. Événement essentiel dans la vie de Paul Auster, il marque une ligne de partage entre la jeunesse et l’âge adulte, mais Auster constate que sur le plan financier il n’est pas prêt : « La paternité est une ligne de partage, le grand mur qui se dressait entre la jeunesse et l’âge adulte […]. Sur le plan financier, je n’étais prêt à rien du tout. Il y a un droit de passage à payer quand on franchit ce mur, et lorsque j’arrivais de l’autre côté, mes poches étaient presque vides. » [23]
25La naissance de ce fils met Auster au pied du mur de la paternité, conscient que pour occuper sa place de père «il y a un droit de passage à payer ». Ce droit de passage ne se monnaye pas en espèces sonnantes et trébuchantes, il confronte le sujet à une dette symbolique, le jeune père ne peut alors éviter de s’interroger sur l’histoire de son père et de leur lien. Le père de P. Auster meurt quelques mois plus tard : « Sa mort a été pour moi un choc très dur, la cause d’un immense chagrin intérieur, et j’ai employé à écrire sur lui toute l’énergie dont je disposais pour écrire. La terrible ironie était qu’il m’avait légué quelque chose. » [24]
26Ce fut « Portrait d’un homme invisible », premier texte de L’invention de la solitude.
27L’absence du père, homme invisible, est plus écrasante que sa mort. À la mort soudaine de son père, Auster ne verse pas une larme, mais une certitude est là d’emblée, il lui faut écrire à son sujet : « Je pensais : mon père est parti. Si je ne fais pas quelque chose, vite, sa vie entière va disparaître avec lui. » [25] II apparaît très vite que ce père avait déjà disparu de son vivant. C’est l’absence atemporelle du père qui contraint le fils à écrire : « De son vivant déjà, il était déjà absent. » [26] Sa mort aussi fut invisible ; Auster l’apprend par téléphone, mort venue d’un seul coup et non au terme d’une maladie, d’un processus vivant. Nous sommes aux antipodes du livre de Philippe Roth, Patrimoine [27], récit du fils à la mort de son père, d’un accompagnement douloureux mais vivant tout au long de la maladie. À la fin, quand Ph. Roth assiste impuissant à son agonie, il écrit : « La mort est un travail et c’était un travailleur. » [28] Ph. Roth nous parle de son père en train de vivre sa mort là où P. Auster nous signale une disparition.
28C’est de cette invisibilité du père que P. Auster se fait le scribe avec l’espoir d’éclaircir l’énigme de cette absence. Sam Auster était un homme silencieux, toujours ailleurs, emmuré dans la forteresse d’une solitude mutique; sans liens avec ses proches, sans lien avec lui-même : « Jamais il ne parlait de lui-même, ni ne paraissait savoir qu’il aurait pu le faire. C’était comme si sa vie intérieure lui avait échappé, à lui aussi. » [29]
29Un photomontage du père donne l’apparence d’un groupe d’individus ; il s’agit de Sam Auster en plusieurs exemplaires ; photo montée, truquée qui rend impossible tout échange de regards entre les personnages, chacun est condamné à regarder le vide: «C’est une représentation de la mort, le portrait d’un homme invisible. » [30] Père atteint de cécité, inapte à regarder l’autre. Les seuls traits qui caractérisent Sam Auster sont le fanatisme du travail et la volonté forcenée de gagner le plus d’argent possible. Cet argent durement gagné, il répugne à le dépenser. Avarice énigmatique et douloureuse pour le fils : « Quand j’étais enfant, il m’est arrivé d’être vraiment gêné pour lui en public. Il marchandait avec les boutiquiers, se mettait en colère pour un prix élevé, discutait comme si sa virilité même était en jeu. Souvenir précis de cette impression que tout en moi se rétractait, du souhait d’être n’importe où sauf où j’étais. » [31]
30Évocations : « Ses diatribes parce que trop de lampes étaient allumées dans la maison. Par principe, il achetait toujours des ampoules de faible intensité. Son excuse pour ne jamais nous emmener au cinéma : “Pourquoi sortir et dépenser une fortune ? Cela passera à la télévision dans un an ou deux.” » [32]
31Les petites astuces dont il était fier : « Dans ses voitures, il déconnectait toujours le compteur et falsifiait le kilométrage pour s’assurer un meilleur prix à la revente. » [33]
32Sam Auster n’avait envie de rien. Paul Auster écrit, non pas tant pour garder une trace de son père, un souvenir, mais plus radicalement pour lui donner par l’écriture une existence, une présence qu’il n’a jamais eue de son vivant, il écrit pour lui donner naissance.
33À mi-chemin du livre, Paul Auster se décourage, se laisse envahir par la mélancolie mortifère du père, piégé dans la toile d’irréalité que Sam Auster a tissée : « Aujourd’hui, j’ai traîné dans la maison sans but, déprimé, j’avais l’impression d’être en train de perdre le contact avec ce que j’écrivais. » [34] Et puis, vient un moment de dérobade, d’esquive : « Maintenant que le moment est venu d’en parler, je me surprends à faire n’importe quoi pour le retarder. Toute la matinée, j’ai tergiversé. » [35]
34Enfin Paul Auster crache le morceau : « Ma grand-mère a assassiné mon grand-père. » [36]
35Le meurtre et l’effacement du meurtre du père de Sam Auster, le terrible secret de famille, il faut que le fils l’exhume : aller du père de son enfance à l’enfance de son père, dire et dénouer l’histoire généalogique falsifiée, tel est le prix à payer. L’interrogation sur les origines se révèle incontournable.
36Qui étaient et d’où venaient les Auster ? Avant d’en venir au meurtre, P. Auster tente de répondre à cette question, mais il en sait bien peu, son père ne lui en a transmis que des bribes. Un doute plane sur la date de naissance de Sam Auster : « Kenosha, Wisconsin. 1911 ou 1912. Même lui n’était pas sûr de la date. » [37] Paul Auster met cette incertitude sur le compte du désordre inhérent aux familles d’immigrants. La justification invoquée n’est guère convaincante. Les parents de Sam n’ont, semble-t-il, pas fait de sa naissance un événement, c’est une date qui n’a pas laissé de trace précise. Naissance passée inaperçue. Est-il né pour ses parents, lui le dernier-né de cinq enfants survivants ?
37C’est dans une sorte d’incise que Paul Auster nous dit que ses grands-parents ont été des immigrants. Des interviews avec Gérard de Cortanze nous en apprennent un peu plus.
38C’est en lisant La solitude du labyrinthe, livre qui comprend un essai de G. de Cortanze et des entretiens avec Auster et le « Paul Auster’s New York » de G. de Cortanze, que nous apprenons que les grands-parents maternels de P. Auster sont originaires de Pologne, le grand-père maternel juif polonais étant arrivé à Toronto, alors qu’il avait quatre ans ; les grands-parents paternels viennent d’Europe centrale, de Stanislav en Galicie. À l’exception du grand-père maternel, tous sont venus par Ellis Island. G. de Cortanze écrit : « On ne peut pas parler du New York de Paul Auster sans évoquer les dix-sept millions d’immigrants qui, entre 1892 et 1954, passèrent par le parc de triage de « l’île aux larmes » [38]. Ellis Island : « Une ancienne salle d’opéra fut convertie en centre d’accueil. On construisit un parc de triage sur Ellis Island, “l’île des larmes” qui accueillit, pour la seule année 1900, plus d’un million d’âmes […]. Aujourd’hui encore, simple visiteur, la vue du ponton vous serre la gorge. Une angoisse tenace vous étreint qui ne vous lâchera plus de tout votre séjour à New York. Cette immigration-là a cent ans à peine, elle est encore présente dans les yeux des générations qui lui ont succédé. » [39]
39Jacob Riis, photographe et écrivain, publie en 1890 Comment vit l’autre moitié: désespoir, pauvreté, tristesse, honte, humiliation; on retrouve la même peur et la même désolation dans les images d’Alfred Stieglitz et dans celles d’autres photographes souvent anonymes.
40Henry James, de retour en Amérique en 1904, écrit dans La scène américaine, au sujet de la « terrible petite Ellis Island » : « Ils se tiennent en supplique, et en attente, rassemblés, attroupés, divisés, subdivisés, triés, tamisés, fouillés, désinfectés. » [40]
41Presque tous les romans de P. Auster questionnent la filiation, mais il avoue son peu d’intérêt pour sa généalogie sur plusieurs générations: «Les parents, les grands-parents […] je ne peux pas remonter plus loin […]. Parmi les immigrants venus aux États-Unis, il y avait un grand désir de faire table rase. » [41] C’est dans l’ambivalence que Paul Auster enquête sur ses origines, pris entre le désir de « faire table rase » et la nécessité de mettre au grand jour ce qui a été falsifié. L’histoire de cette famille d’immigrants qui a connu la pauvreté nous fait entendre la hantise de la misère du père : il avait de l’argent, mais la peur était toujours là, les personnages affamés des romans de Paul Auster viennent d’Ellis Island.
42Paul Auster parle peu de sa judéité, mais on peut penser que les affamés de ses fictions viennent aussi des camps de la mort. « Portrait d’un homme invisible » se centre sur le meurtre du grand-père. Photo de famille : tous les enfants sont présents, le père de Paul, Sam est assis sur les genoux de sa mère. Un regard plus attentif y voit une déchirure, la photo déchirée en son milieu a été maladroitement recollée, l’un des arbres à l’arrière-plan semble suspendu dans les airs. Paul Auster découvre aussi le bout des doigts d’un homme, pour le reste invisible, sur le torse de l’un des oncles : « Et j’ai compris alors ce que cette photo avait de bizarre : mon grand-père en avait été éliminé. » [42]
43Variations sur un même meurtre. À Paul Auster enfant et à ses cousins, on a dit, à propos du grand-père : il a été tué lors d’un accident de chasse, il est tombé d’une échelle, il a été abattu au cours de la Première Guerre mondiale. Au cœur de la famille, une matriarche, « le dictateur absolu, souverain moteur au centre de l’univers » [43]. C’est quelques années avant la mort de son père que Paul Auster apprend l’histoire de la mort de son grand-père par une cousine. Lors d’un voyage en avion, elle rencontre un vieil homme originaire de Kenosha qui lui révèle l’assassinat et lui envoie les articles de journaux de l’époque qui relatent le fait divers. Paul Auster reproduit certaines de ces coupures de presse dans son livre : « Le 23 janvier 1919, soixante ans exactement avant la mort de mon père, sa mère a tué son père d’un coup de feu dans la cuisine de leur maison. » [44] À la une du 24 janvier : « Harry Auster assassiné, son épouse Anna mise en garde à vue. » L’altercation aurait eu lieu à propos d’argent et d’une femme. En un premier temps, Anna soutient la thèse du suicide, puis reconnaît le crime. Sam avait alors sept ou huit ans ; lorsque leur mère plaide le suicide, il prétend comme ses frères que ses parents se sont à peine disputés. Terreur du fils qui risque de perdre aussi sa mère si elle est condamnée, tentative mensongère pour la protéger. L’argent, signifiant surdéterminé, s’associe alors à la terreur, dès lors qu’il est invoqué comme motif du crime. Au terme du procès, Anna Auster est déclarée non coupable. L’avocat de la défense apporte les preuves de l’infidélité du mari, accuse Harry d’avoir abandonné les siens dans le dénuement : « L’argent qu’Anna avait aidé à accumuler était dépensé sans compter pour une femme plus belle. » [45] Anna Auster est aussi graciée comme aliénée mentale; en 1910, elle aurait absorbé du phénol et ouvert le gaz dans la chambre où elle était couchée avec ses enfants, en l’absence de son mari.
44Dépenser sans compter pour une femme plus belle s’instaure en interdit majeur sous peine de mort, Sam l’enfant de sept ans s’en souviendra toute sa vie. La justice, en banalisant le crime, l’excuse et à la limite le justifie, elle facilite ainsi l’éradication du père par le clan familial. La famille ment sur le meurtre, fait du crime un accident ; elle instaure une chape de plomb de silence sur la vie de Harry : on ne parle jamais de lui, on ampute les photos de son image, on annule d’un même geste sa vie et sa mort : « Comme si la famille avait décidé de faire semblant qu’il n’avait jamais existé. » [46] Le silence répète le meurtre en effaçant ses traces. Logique génocidaire à usage domestique. Portrait d’un homme invisible, fils d’un homme invisible. La vie de Sam se déroule alors toute entière dans l’enfermement du dan maternel, de la tribu des fils assujettis à la mère : « Au centre du clan se trouvait ma grand-mère. Farouche, opiniâtre, le chef. C’est à cause de leur loyauté envers elle que les quatre frères sont restés si unis. Même adultes, mariés et pères de famille, ils continuaient à venir dîner chez elle, fidèlement tous les vendredis soir, sans femmes ni enfants. C’était cette parenté-ci qui comptait, elle prenait le pas sur tout le reste. » [47]
45Sam Auster demeure un fils à vie; il se marie, mais à aucun moment il ne peut occuper sa place de père. La naissance de son fils Paul n’est pas reconnue, bien qu’il lui transmette son patronyme. Quand sa femme accouche, c’est une belle-sœur qui l’emmène à l’hôpital, il ne vient les voir que le lendemain, « en compagnie de sa mère qui désirait inspecter son septième petit fils. Une visite brève, tendue, et il est reparti à son travail. » [48]
46L’histoire n’en finit pas de se répéter: doute sur la date de naissance de Sam, naissance de Paul qui ne fait pas de Sam un père et trente ans plus tard, à la naissance du fils de Paul, Daniel, même indifférence fondamentale de son grand-père. « Il a mis le nez dans le berceau pendant un dixième de seconde, écrit Auster, s’est redressé en disant : “Un bien beau bébé, je te félicite.” […] Il aurait aussi bien pu être en train de parler à des inconnus dans une file de supermarché. » [49]
47Dans l’histoire des Auster, la fonction symbolique paternelle a été frappée de nullité. Dans son couple, c’est l’argent qui tient lieu de loi. Ce simulacre de loi, Paul Auster n’en veut pas : son déni de la réalité de l’argent, tel que nous l’avons vu à l’œuvre dans Le diable par la queue, peut s’entendre comme le refus de réduire et de rabattre la fonction paternelle sur la maîtrise de la monnaie.
48L’enjeu de « Portrait d’un homme invisible » est de donner vie à son père : transmettre une parole vraie, en finir avec l’escamotage du meurtre et la confusion des générations. Espoir qu’advienne un père symbolique et pouvoir dès lors être père à son tour. Paul Auster achève son livre en citant Kierkegaard : « Qui veut travailler engendre son propre père. » [50]
49L’héritage paternel ouvre du possible et suscite de la culpabilité. À faire de Paul son héritier, Sam lui fait enfin un don et le met à sa place de fils. C’est après avoir reçu cet argent que Paul Auster connaît enfin une sécurité matérielle qui lui permet d’écrire, mais surtout c’est à partir de ce moment-là que l’écriture lui devient favorable, il publie, peut vivre de son travail, acquiert au fil des ans la notoriété. La dette au père est une dette symbolique dont il tente de s’acquitter en écrivant « Portrait d’un homme invisible ».
50Dans une conversation avec Larry Mc Calfery et Sinda Gregory, Auster nous dit : « En un sens, tous les romans que j’ai écrits viennent de cet argent que mon père m’a laissé. Il m’a donné deux ou trois ans et ça a suffi à me remettre sur pied. Il m’est impossible de me mettre à écrire sans y penser. » Le cadeau est aussi empoisonné, car il a eu la mort pour condition. Comment ne pas y penser ? La faute se déplace sur la scène de la fiction. Les livres de Paul Auster nous racontent des histoires où des enfants, Marco, Nashe, et bien d’autres sont voués à errer en quête d’identité. Les fils n’en finissent pas de se détruire, ils s’immolent pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.
51Mais l’œuvre est plus vaste que les traumatismes dont elle s’origine. La misère dont elle témoigne ne se réduit pas à la pauvreté des ascendants. Auster nous donne à voir New York, la ville qu’il a sous les yeux, celle où il marche, la ville que Stillman, dans « Cité de Verre », a choisie : « Parce que c’est le lieu le plus désespéré, le plus abandonné de tous les lieux, le plus abject. Toute la ville n’est qu’un vaste dépotoir. » [51] Avec Anna Blume, il nous fait pénétrer dans « le pays des choses dernières » – traduction littérale du titre anglais du livre In The Country of last Things –, espace imaginaire mais aussi écho de tous les lieux réels de destruction du monde. « Le livre de la mémoire », second volet de L’invention de la solitude, est reconnu comme l’art poétique de Paul Auster. Aux enfermements solitaires crispés sur le moi, il oppose la solitude habitée des chambres. Se souvenir, c’est briser les limites de la mémoire individuelle, accueillir l’autre, s’ouvrir à l’histoire. Évocation des fils morts, Anatole, le fils de Mallarmé, Titus, celui de Rembrandt, les enfants du Cambodge. « La mémoire », écrit Auster, « non tant comme la résurrection d’un passé personnel, que comme immersion dans celui des autres, c’est-à-dire l’histoire – dont nous sommes à la fois acteurs et témoins, dont nous faisons partie sans en être. » [52] Si les livres de Paul Auster portent les cicatrices de sa vie singulière, ils sont aussi un regard lucide sur le monde et une traversée de l’espace littéraire. Nous retrouvons ses clochards dans les rues de New York et dans les livres de Beckett, ses affamés dans les photos d’Ellis Island et dans les textes de Hamsun et Kafka. Il mêle le fantastique à ses observations impitoyables, Mr. Vertigo marche sur l’eau et pratique l’art de la lévitation. S’inspirant des jeux de son fils, il fait l’éloge de l’écriture comme art des transgressions : « Il n’est pas de loi naturelle qui ne puisse être enfreinte : les camions volent, un bloc devient un personnage, les morts ressuscitent à volonté. » [53]
52Pour Sam Auster, « la viande était de la viande, les chaussures des chaussures et un stylo un stylo » [54].
Notes
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[1]
Moon Palace, Paris, Babel, 1993.
-
[2]
La musique du hasard, Arles, Actes Sud, 1991.
-
[3]
Le voyage d’Anna Blume, Paris, Babel, 1993
-
[4]
In Moon Palace, op. cit., p. 41.
-
[5]
L’art de la faim, Paris, Babel, 1995.
-
[6]
In L’art de la faim, op. cit., p. 62.
-
[7]
In Moon Palace, op. cit., p. 40.
- [8]
-
[9]
Le diable par la queue, Paris, Collection de Poche, 1996.
-
[10]
Le diable par la queue, op. cit., p. 11.
-
[11]
11 Ibid., p. 12.
-
[12]
Ibid., p. 25.
-
[13]
Ibid., p. 12.
-
[14]
Ibid., p. 18.
-
[15]
Ibid., p. 19.
-
[16]
Ibid., p. 55.
-
[17]
Drach (M.), « L’argent ou le simulacre maintenu », in Recherches. L’argent, Paris, La Découverte, 2004, p. 28.
-
[18]
Arnsperger (C), Berns (E.), Critchley (S.), Derrida (J.), Drach (M.), Goux (J.-J.), «Autour des écrits de Jacques Derrida sur l’argent», in Recherches. L’argent, op. cit., p. 214.
-
[19]
In Le diable par la queue, op. cit., p. 54.
-
[20]
Ibid., p. 7.
-
[21]
Ibid., p. 92.
-
[22]
Ibid., p. 139.
-
[23]
Ibid., p. 138.
-
[24]
Ibid., p. 162.
-
[25]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 12.
-
[26]
Ibid., p. 13.
-
[27]
Roth (Ph.), Patrimoine, Paris, Folio Gallimard, 1992.
-
[28]
Roth (Ph.), Patrimoine, op. cit., p. 27.
-
[29]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 34.
-
[30]
Ibid., p. 53.
-
[31]
Ibid., p. 89.
-
[32]
Ibid., p. 90.
-
[33]
Ibid., p. 91.
-
[34]
Ibid., p. 47.
-
[35]
Ibid., p. 59.
-
[36]
Ibid., p. 59.
-
[37]
Ibid., p. 55.
-
[38]
Auster (P.), De Cortanze (G.), La solitude du labyrinthe, Paris, Babel, 2004, p. 79.
-
[39]
De Cortanze (G.), Paul Auster’s New York, Paris, Le Livre de Poche, 2004, p. 19.
-
[40]
De Cortanze (G.), Paul Auster’s New York, Paris, op. cit., p. 22.
-
[41]
Ibid., p. 23 et 24.
-
[42]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 57.
-
[43]
Ibid., p. 55.
-
[44]
Ibid., p. 59.
-
[45]
Ibid., p. 74.
-
[46]
Ibid., p. 56.
-
[47]
Ibid., p. 82.
-
[48]
Ibid., p. 32.
-
[49]
Ibid., p. 34.
-
[50]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 113.
-
[51]
In Trilogie new-yorkaise, « Cité de verre », Paris, Babel, p. 115.
-
[52]
In L’invention de la solitude, « Le Livre de la mémoire », op. cit., p. 217.
-
[53]
Ibid., p. 260.
-
[54]
In L’invention de la solitude, « Portrait d’un homme invisible », op. cit., p. 88.