La publication de cet ouvrage, tiré d’une thèse soutenue en 2012 à l’EHESS sous la direction de Gisèle Sapiro, était fort attendue, non seulement parce que cette thèse avait attiré l’attention par ses qualités intrinsèques, mais aussi parce que le besoin se faisait sentir davantage d’un travail de référence dans le domaine des approches sociales des littératures africaines contemporaines. Il y avait déjà des publications qu’on peut qualifier de pionnières, que Claire Ducournau ne manque d’ailleurs pas de mentionner et, le cas échéant, de discuter pour certains points : les premières réflexions contenues dans les actes du colloque « Les Champs littéraires africains » (2001), ou les essais de Charles Djungu-Simba (Les Écrivains du Congo-Zaïre, 2007), de Buata Malela (Les Écrivains afro-antillais à Paris [1920-1960], 2008), ou encore de Raphaël Thierry (Le Marché du livre africain et ses dynamiques littéraires, 2015) ; le seul oublié ici est un chercheur ivoirien résidant en Afrique, David Koffi N’Goran, qui a notamment publié, à l’enseigne de L’Harmattan, Le Champ littéraire africain (2009). Cet oubli sans doute involontaire illustre, à sa manière, les effets du phénomène de périphérisation, une des caractéristiques du domaine. Toutefois, le paradigme « centre vs périphérie », qui a déjà été mis en œuvre pour les littératures francophones en général, ne figure pas parmi les outils de base d’une analyse qui préfère parler, de façon plus neutre, de « pôles » pour désigner les tensions qui le structurent (pp…