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Article de revue

Ceci ne tuera pas cela

Pages 27 à 39

Notes

  • [1]
    Voir les n° 1 à 5 des Cahiers de médiologie : « La querelle du spectacle », « Qu’est-ce qu’une route? », « Anciennes nations, nouveaux réseaux », « Pouvoirs du papier » et « La bicyclette ».
  • [2]
    En 1996, le Congrès national de la Société française des sciences de l’information et de la communication portait sur « Information, communication et technique »; en 1998, il aura pour thème « Médiations sociales, systèmes d’information et réseaux de communication », et il accueillera plusieurs chercheurs de sensibilité médiologique.
  • [3]
    D. Bougnoux, La communication par la bande, La Découverte, 1991, p. 35.
  • [4]
    S. Proulx, « De l’utopie sociale à l’idéologie de la communication », Cinémaction n° 63, 1992.
  • [5]
    B. Lamizet, « Penser nos rapports à la technique », Actes du 10e Congrès national des sciences de l’information et de la communication, SFSIC, 1996, p. 15.
  • [6]
    Cf. B. Miège, « La (nécessaire) voie étroite de la recherche », in Cinémaction, n° 63, 1992, pp. 125-126.
  • [7]
    G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Aubier, 1958 ; B. Gille, Histoire des techniques, Gallimard, « La Pléiade », 1977.
  • [8]
    Cf. R.Debray, L’État séducteur, Gallimard, 1993, p. 69 et suivantes.
  • [9]
    Titre du chapitre II du Ve Livre de Notre-Dame de Paris, absent de la première livraison, et réintégré dans l’édition définitive de 1832 ; les citations qui suivent sont extraites de ce chapitre).
  • [10]
    On trouvera une autre formulation de cette double articulation dans l’article de Régis Debray, en termes de niveaux interet trans-systèmes.
  • [11]
    Cf. B. Stiegler, La technique et le temps I, Galilée, 1994, p. 43 et suivantes.
  • [12]
    Régis Debray, Gallimard, 1991 et 1992.
  • [13]
    Plutôt que numérosphère ou infosphère, car c’est moins la digitalisation des informations que leur interconnexion qui caractérise ce macro-système et le distingue de la vidéosphère. (P. Lévy avait déjà retenu ces critères pour décrire son troisième « pôle de l’esprit » dans Les technologies de l’intelligence (La Découverte, 1990), mais il le faisait succéder directement au « pôle de l’écriture », en faisant l’impasse sur l’ère de l’audiovisuel).
  • [14]
    Cf. L. Merzeau, Du scripturaire à l’indiciel, texte, photographie, document, Université Paris X, 1993.
  • [15]
    Cf. B. Stiegler, « Le mouvement perpétuel », Le Monde de l’éducation, n° 247, avril 1997.
  • [16]
    E. Morin, Introduction à la pensée complexe, ESF, 1990, p. 23.
  • [17]
    Idem, p. 31.
  • [18]
    J’ai déjà suggéré par exemple comment l’introduction du numérique en photographie était susceptible de réhabiliter paradoxalement le papier, ou comment la bicyclette, objet archaïque, pouvait être interprétée comme une machine à négocier l’accélération généralisée du temps (Cahiers de médiologie nos 4 et 5).
  • [19]
    Voir entre autres les travaux de D. Dayan et J. Bourdon, ainsi que mon intervention au Collège iconique de l’Inathèque de France, sur « Le temps télévisuel ».
  • [20]
    Cf. R. Debray, Transmettre, Odile Jacob, 1997, chapitre II : « Fractures ».
English version

1Médiologie est le nom que nous posons sur un certain regard. Celui de l’idiot à qui l’on montre la lune, et qui regarde le doigt ; celui de l’étranger, qui ouvre de grands yeux sur ce que nous ne voyons même plus ; celui du funambule, qui ne voit pas le vide mais la corde où il avance en équilibre. Platon, Hugo, Benjamin ou Leroi-Gourhan ont habité ce regard, avant Régis Debray. Mais un regard n’est pas une propriété. Ce n’est pas même une demeure où l’on pourrait séjourner. C’est un risque, un inconfort, une attente. Un faisceau de questions qui se croisent, s’aimantent et se heurtent. La médiologie n’est à personne, pas même aux médiologues. La médiologie existe parce qu’elle s’invente, à chaque fois qu’un funambule insensé traverse nos contrées.

figure im1
Louise Merzeau, Strates
© L. Merzeau, 1998.

Les logies ne tueront pas la médio (et réciproquement)

2Passeuse de sens, la médiologie tricote les savoirs et les doutes, les voix et les voies. Et ce n’est pas à un médiologue qu’on apprendra à faire des entrechats... Il sait bien qu’avant d’être une discipline, son exercice est une sarabande, où – comme dans toute praxis – la relation joue aussi fort que le contenu. Oui, la médiologie est conviviale (et tant pis pour ceux qui traduiront : « Les médiologues sont des fashion victims »). Car on aime à s’y retrouver autour d’un objet, d’une révolte ou d’une intuition, pour partager la joie de croire, encore, qu’on peut agir dans la cité en matérialisant de la pensée.

3La médiologie ne délivre pas de palmes et ouvre encore peu de portes académiques. Et si elle se reconnaît des adversaires (puisqu’elle revendique une différence), elle n’est pas du genre à pratiquer les exclusions. Tous ceux qui veulent bien la traverser peuvent s’y risquer, sans nécessairement rendre la carte de leur maison mère. Comme on peut faire de la médiologie sans le savoir (ce qui n’est pas une tare), on peut être médiologue et ingénieur, historien, poète… ou animateur de jeu télévisé. Les doubles cursus sont même fortement recommandés, tant il est vrai que la médiologie ne saurait se pratiquer dans l’autarcie d’un savoir institué. Il faut être à la fois méditatif et technicien, artiste et politique, naïf et incrédule, pour prendre les chemins de traverse qu’elle jette entre les champs, les temps et les discours. Et si nos Cahiers rassemblent, comme dans un inventaire à la Prévert, quelques philosophes, un journaliste, un plasticien, un sociologue, une photographe, un économiste, une géologue, deux historiens, un conservateur, une cinéaste, un psychanalyste et trois ou quatre chercheurs en info-com, ce n’est pas seulement par affinité, mais aussi par intérêt : la communauté utilisera les lumières de chacun pour tenter de construire un nouvel éclairage. S’il devenait un spécialiste ès médiologies, le médiologue perdrait en revanche son âme (et son corps), car il perdrait sa faculté précieuse de chercher à superposer (société du spectacle et machineries, route et religions, réseaux techniques et Nation, croyance et papier, bicyclette et culture [1]…). Il ne parlerait plus que théorèmes ou statistiques, métaphores ou questionnaires. Il renoncerait à l’inconfort de l’entre-deux, et basculerait d’un seul côté de ces traits d’union qu’il s’est donnés pour lieux de transit : technique-culture, pensée-matière, opinion-institution, faire-croire… Bref, la médiologie doit cultiver son impureté pour garantir son efficacité.

4Partie pour batailler contre les mirages d’une pensée désincarnée, en allant parler corps et technique aux philosophes avec notre pionnier François Dagognet, elle pouvait difficilement éviter de marcher un jour sur les plates-bandes des experts en industries culturelles et autres NTIC. Résultat : la philosophie préfère l’ignorer (comme une excroissance bénigne), pour filer un amour platonique avec la sagesse ; l’info-com lui reproche ses humanités (comme une tache de naissance infamante). Des gens de lettres qui font du style sur le dos des réalités, quand d’autres trempent depuis longtemps leur plume dans le cambouis de l’inventaire, de l’enquête et de l’étude de cas… Pourtant, j’aime à penser que ce fâcheux penchant pour la tournure, l’image vive et le beau caractère est aussi nécessaire au médiologue que sa détermination d’aller au charbon. Parce que la médiologie réclame le corps et l’affect autant que la méthode (un pied dans la vidéosphère). Parce qu’elle se griffonne à plusieurs dans d’ardentes controverses, mais ne s’accomplit que dans l’écriture, où chacun se retire dans ses idées fixes, dans sa mémoire et dans sa langue (un pied dans la graphosphère).

5S’il n’éprouve pas de fausse honte à séduire pour mieux convaincre, le médiologue sait toutefois cultiver aussi le désenchantement. C’est même sa principale activité que de rabattre les rêves d’immédiateté (essence, origine, idée…) sur les petites choses intermédiaires (alphabet, codex, pupitre…) et les grandes évidences (politiques, religieuses, artistiques) sur les stratégies obscures qui les fabriquent. Blessure narcissique (comme l’appelle Daniel Bougnoux), qu’il faut bien compenser par un ton plaisant, pour que Narcisse s’y penche quand même…

6Mais ce n’est pas seulement parce qu’elle serait entachée d’une « légèreté » littéraire ou philosophique, que la médiologie ne peut ni englober, ni se résorber dans les sciences de l’information et de la communication. C’est qu’elle repose sur une pensée de la médiation qui ne se reconnaît pas toujours dans cette discipline.

7Sous l’effet des nombreuses questions soulevées par les NTIC, la technique occupe aujourd’hui le premier plan des recherches en info-com, comme en témoignent les deux derniers congrès de la SFSIC [2]. Signe que la médiologie n’est pas si éloignée de la 71e section du CNU, et qu’elle a même tout intérêt à reconnaître cette dynamique, pour dépasser notamment la frontière hexagonale qui limite encore trop souvent sa démarche et ses objets. Sans préjuger de ses orientations à venir, on peut néanmoins remarquer que la discipline est l’héritière d’une tradition marquée par le refoulement des outils. Bien que les modèles et les théories de la communication se soient d’abord élaborés à partir de dispositifs techniques, la tekhnè s’est en effet retrouvée exclue d’un grand nombre d’études communicationnelles, qui n’ont donc pas de frontière commune avec le champ médiologique. On a par exemple souvent feint d’ignorer que la cybernétique avait pour finalité la régulation des informations au sein d’appareils (calcul de la trajectoire d’une cible à partir de données sur sa position antérieure chez Wiener ; mesure et traitement du bruit dans les télécommunications chez Shannon), pour appliquer le fameux schéma émetteur-canal-récepteur et ses nombreux avatars à une communication affranchie de toute médiation technique. Alors qu’elle désignait au départ le système même que l’on cherchait à modéliser, la technique fut ainsi réduite, par un syllogisme pervers, à la portion congrue – et indésirable – du modèle : si le canal désigne le dispositif ou support matériel qui convoie un message, et si le signal est altéré par les bruits provenant du canal, alors la technique est, autant qu’un moyen, un obstacle à la communication. Il faudra donc soumettre la critique, l’expertise et le développement des systèmes communicationnels à l’idéal d’une médiation indolore et transparente, sinon inexistante. « Produite techniquement, la communication prétend ainsi non seulement échapper au monde technique, mais aussi corriger ses excès [3] ». Car le fantasme d’une relation directe va de pair avec une instrumentalisation de la technique, qui ne saurait rendre intelligible la nature exacte de son efficacité. Croire qu’on pourrait communiquer sans intermédiaires, leur attribuer des effets mécaniques, ou prétendre en maîtriser la portée relèvent de la même illusion. C’est postuler un être-ensemble originel et immédiat, séparé d’un monde de prothèses et d’outils, simples applications de la volonté humaine. Or, comme le rappelle ici Bernard Stiegler, on sait depuis Leroi-Gourhan que l’homme est né de la tekhnè, en prolongeant la vie par de l’inorganique organisé. On sait aussi que l’interaction humaine n’est pas plus linéaire que la causalité technique. Sur ce point, le médiologue partage avec le courant pragmatique la conviction que la communication n’est pas un processus stimulus-réponse, mais un système circulaire à multiples niveaux de complexité ; et avec le courant sociologique celle que « les technologies n’existent pas en soi mais se construisent socialement et techniquement à travers les controverses qu’elles suscitent [4] ». Au mot d’ordre : toute relation technique est pragmatique, il ajoute cependant aussitôt : et inversement, toute relation pragmatique est technique.

8En ce sens, la médiologie se démarque d’une théorie qui dissocie radicalement la communication intersubjective – parce que « la technique y serait subordonnée à la relation » – de la communication sociale, où « la technique ne serait pas un simple instrument, mais une donnée constitutive de la pratique [5] ». Un tel découpage conduit à ne s’intéresser à la technique qu’en vertu du « pouvoir que sa maîtrise confère », ou en tant qu’elle participe à la communication médiatée par les organes de diffusion de l’information dans l’espace public. Or de l’outil aux technologies intellectuelles, aucune technique n’est purement instrumentale, et de la conversation aux rapports de classe, aucune relation n’est purement sociale. Ou encore : toute technique engage une médiation active, et tout agir humain passe par une médiation technique. Car la technique ne donne pas seulement du pouvoir à celui qui en use. Elle informe, transforme et transporte sa mémoire et son comportement, son savoir et ses croyances, ses appartenances et ses représentations. Tout gain qu’elle contribue à procurer (en habileté, force, autonomie, mobilité…) se paye par une perte également structurante pour la communauté, et c’est la négociation entre ce plus et ce moins qui constitue son rôle de médiation. L’attention du médiologue ne saurait donc se focaliser sur les seuls mass-media [5], mais bien sur l’ensemble des dispositifs inextricablement techniques et humains, qui régulent savoirs, croyances et opinions. Parce que le champ de la tekhnè n’embrasse pas seulement nos outils, nos instruments et nos machines à communiquer, mais aussi nos savoir-faire – dont certains, comme les arts de la mémoire, la rhétorique ou le calcul mental, n’informent pas de la matière. Et parce que tous ces agents de la poiêsis partagent, à des degrés variables, les fonctions d’organisation, de mémorisation, d’affiliation, de légitimation et de normalisation qui fabriquent le corps social.

9Pour les mêmes raisons, le champ d’investigation médiologique (qui n’est encore fixé par aucun décret) déborde celui des sciences de l’information et de la communication (qui, pour être assez nébuleux, n’en est pas moins cadré sur certains secteurs). L’enquête sur les effets culturels des médiations techniques ne peut en effet ignorer des objets comme la bicyclette, l’horloge, la route ou le télescope. Autant de médias qui ne communiquent aucun message explicite, mais qui accordent les pianos de nos relations, en réglant nos rapports à l’espace et au temps. Quant à savoir si l’incidence, notamment politique, des médias de diffusion doit faire ou non l’objet d’un travail médiologique, la question est encore sujette à discussion…

10Ce qui intéresse le médiologue n’est pas tant d’évaluer l’interposition des facteurs techniques dans nos relations, que l’articulation de ces interfaces aux agents de cohésion et de hiérarchisation que sont les corps constitués. Examiner les rapports – de filiation, d’alliance ou de tension – entre matière organisée et organisation matérialisée, pour dégager la formation de milieux socio-techniques et apprécier leurs transformations dans le temps : telle est la feuille de route médiologique.

11C’est pourquoi les sciences de l’information, moins médiatiques que « la com », ont sans doute plus d’affinités avec les médiologues apatrides, qui gagneraient d’ailleurs à les fréquenter davantage. Nées du croisement entre bibliothéconomie, histoire du livre, muséconomie, ingénierie linguistique et documentation, elles ont beaucoup à nous apprendre sur les pratiques et les outils de transmission. Mais surtout, elles apportent de solides arguments en faveur du principe médiologique de la solidarité entre mise en trace et mise en ordre, inscription et organisation, MO et OM. La plupart des études en « info-doc » révèlent en effet les corrélations entre supports et lieux de stockage, enregistrement et indexation, classification et recherche, constitution des corps de métier et politiques patrimoniales, ou Information Scientifique & Technique et industries de l’information. Il suffit de changer de perspective pour relier les extrémités de la chaîne… et l’on aperçoit les macro-systèmes sociaux centrés sur une mnémotechnie, que nous appelons des médiasphères. Même si la médiologie ne partage pas les finalités des sciences de l’information – puisqu’elle ne se destine ni à la formation de professionnels, ni à l’expertise ou au développement de produits –, gageons que ces deux interdisciplines trouveront avec le temps des terrains, sinon d’entente, du moins d’échanges.

Hugo ne tuera pas les médiologues (et vice versa)

12Perspective : c’est bien là qu’on pourra identifier le plus sûrement l’inflexion médiologique. Car, quelle que soit l’échelle de temps sur laquelle travaillera le médiologue, il aura comme point de fuite ces grands glissements de terrain, qui font bouger à des rythmes différents les repères spatio-temporels des groupes humains. Objectif : repérer des stabilités, des tendances, des points de rupture, des frontières, mais aussi des déséquilibres, des résistances, des retours, des enchevêtrements. Il ne s’agit pas de refaire l’histoire des techniques ou celle des mentalités, mais d’élaborer une vision multidimensionnelle qui puisse restaurer l’intelligence des ensembles malmenée par la spécialisation du savoir. En ce sens, on ne peut que souscrire aux recommandations de Bernard Miège, lorsqu’il conseille de traiter la production culturelle par la sélection de critères propres à identifier des modèles transversaux (lieu de la chaîne où s’exerce la fonction centrale, caractéristiques économiques de la branche, segmentation des marchés…), plutôt que par l’examen d’objets faussement autonomes (édition de livres, production et distribution de musique enregistrée, organismes de radiodiffusion…) [6]. Nous voudrions toutefois descendre d’un cran dans l’échelle des focales (mais pas dans celle des difficultés !), pour élargir l’angle et croiser ces modèles avec ceux de l’organisation sociale et de la production symbolique. Ou encore : suivre les voies ouvertes par Bertrand Gille et Gilbert Simondon [7], afin d’examiner les relations des systèmes techniques (stabilisation de l’évolution autour d’une technologie qui sert de point d’équilibre) avec les autres systèmes sociaux (économiques, religieux, politiques, éducatifs, juridiques…).

13Dans cette tectonique des sociétés humaines, c’est le vecteur temps qui prime. Et c’est la tekhnè qui oriente le temps, à coups de cliquets d’irréversibilité. Car la technique est toujours (et de plus en plus) en avance sur les usages, et l’on ne revient pas sur une innovation quand elle a pénétré les comportements jusque dans les institutions. L’oralité ne remplacera pas l’écriture, ni l’enluminure la PAO. Ce qui ne signifie pas la disparition de toute tradition orale ou calligraphique, mais le recentrage de la culture autour de nouvelles normes et de nouvelles dynamiques. Jusqu’à la prochaine secousse.

14Le dessein médiologique est de repérer ces orientations du progrès technique, non seulement dans les technologies elles-mêmes, ou dans les seuls dispositifs de communication, mais aussi dans les formes de gouvernement, d’administration, de savoir ou d’opinion. On pourra par exemple s’intéresser aux corrélations entre la fiabilité croissante des modes d’enregistrement et une décontextualisation des énoncés, qui modifie la transmission des connaissances et la gestion du collectif. Les logiques de discrétisation, de miniaturisation et d’accélération qui caractérisent l’évolution des appareils et des supports n’augmentent pas seulement l’exactitude et l’accessibilité de l’information. Elles affectent aussi le réglage des distances et des temps, donc la cohésion des corps et des corpus. La copie manuscrite d’un exemplar emprunté chez le stationnaire et l’importation de données récupérées sur le réseau dans un traitement de texte (ou d’image) n’induisent ni les mêmes rythmes, ni les mêmes procédures d’organisation, de validation et d’appropriation des connaissances. Pas plus que la lecture en chaire, la criée du colporteur, l’affichage d’un placard imprimé ou la diffusion en ligne du Journal officiel n’infèrent les mêmes statuts et rapports entre pouvoir et concitoyens [8].

15Avant le souffle (grotesque et sublime) d’un fatum technologique, c’est ce double mouvement de solidarisation que scande le fertile et provocant ceci tuera cela de Victor Hugo [9]. Premier regard panoramique, première logique de corrélation : « L’imprimerie tuera l’architecture. » La physique des traces conditionne une économie des mémoires, parce qu’elle tend à fédérer les modes d’inscription autour du dispositif le plus fiable (« Les autres arts obéissaient et se mettaient sous la discipline de l’architecture… La pensée humaine découvre un moyen plus durable, plus résistant et plus simple… L’architecture n’est plus l’art total, l’art souverain, l’art tyran »). Deuxième balayage optique, deuxième enjambement médiologique : « La presse tuera l’église. » La gestion des stocks et des flux affecte les productions symboliques, parce qu’elle règle la dépense qu’elles engagent sur de nouvelles échelles de sacralité, de rareté et de pérennité (« ce capital de forces que la pensée humaine dépensait en édifices, elle le dépense désormais en livres… volatilisée par la presse, la pensée s’évapore du récipient théocratique… de solide, elle devient vivace »…). Hugo parvient ainsi à ramasser dans une même formule les interactions internes au monde technique, leurs effets sur les hiérarchies sociales et culturelles, et les transformations de ces maillages dans le temps [10].

16Certes, il est facile de stigmatiser l’eschatologie de la prophétie ou le romantisme historique des panoramas hugoliens. Non, l’imprimerie n’a pas tué l’architecture – qui trouve un nouveau piédestal dans les grands travaux de l’« État séducteur ». Non, la presse n’a pas tué l’Église – qui caresse à nouveau l’idée de relier les membres d’un corps social fracturé. Même s’il ne retenait des rêveries de l’archidiacre Frollo que l’idée, plus pertinente, d’une « interversion des positions respectives », le médiologue ne saurait limiter son programme à une déclinaison des multiples avatars du ceci tuera cela. Le bloc typographique tuera la glose, la photogravure tuera la lithographie, le talk show tuera le cercle littéraire, la presse en ligne tuera le périodique… la liste est plaisante à dérouler, mais chaque item est discutable dès qu’on le prend au pied de la lettre.

17Pourtant, agiter l’épouvantail du déterminisme et de la périodisation sommaire ne suffit pas à décourager le médiologue convaincu qu’il y a quand même, dans ce jeu de massacre, un peu de vrai… Il n’est d’ailleurs dit nulle part – ni chez Hugo ni chez Debray – que l’imprimerie aurait accouché de la Réforme et des Lumières du jour au lendemain, ou dans n’importe quel milieu, comme on appuie sur un bouton. Le progrès technique lui-même fonctionne sur la double portée d’un continuum (quand les conséquences d’une invention se développent sans crise à l’intérieur d’un système) et d’une discontinuité (quand les limites du système se sont déplacées au point qu’il est contraint de trouver un nouvel équilibre) [11]. Les phénomènes de convergence interne aussi bien que transversale ne vont donc pas dans le sens d’une uniformité, mais d’une complexité croissante, et c’est toujours dans le régime qu’il bouleverse que le nouveau registre puise l’énergie de son avènement. Aussi n’est-il nullement question de réduire la densité des interactions par une image de faible définition, mais de détourer au contraire les innombrables corrélations qui ajustent l’homme à ses techniques.

Le flux ne tuera pas Mnémosyne

18La modélisation des médiasphères sous forme de tableaux à double entrée me paraît à cet égard un outil beaucoup moins rigide qu’il n’y paraît. Car ces perspectives cavalières n’ont d’autre but que d’inciter le regard médiologique à s’attarder sur la transversalité des paradigmes, pour y déployer de nouvelles passerelles, et sur la ténuité des frontières séparant les âges, pour y repérer des agents de passage et de transformation. C’est à leurs révisions, déclinaisons et filiations qu’on mesurera la valeur opératoire et heuristique de ces scénarios.

19Celui que je propose ici à titre d’exemple trouve son origine dans le sentiment confus que la vidéosphère décrite dans le Cours de médiologie et Vie et mort de l’image[12] présentait des caractères hybrides, parce qu’elle était sur le point de muter en une nouvelle organisation. Bénéficiant d’un peu plus de recul, on peut aujourd’hui risquer l’hypothèse d’une hypersphère[13], émergeant de l’état antérieur pour le parasiter et le recouvrir. L’ajout d’une nouvelle abscisse permet alors de redéfinir certaines variables, en recentrant la vidéosphère sur une logique du continuum (techniques analogiques, recyclage, indicialité), combinée aux lois de la segmentation économique (principe statistique, séparation des consommateurs et des producteurs, ciblage des politiques…). Organisée autour du média-système audiovisuel (et non de l’image) comme dispositif d’inscription, de programmation et de transmission, elle prend sa source dans les bouleversements technologiques, symboliques et sociaux induits par l’apparition de la photographie [14], et se prolonge à l’orée du développement généralisé de l’informatique et des télécommunications. L’hypersphère se définit quant à elle par un rééquilibrage des pratiques et des outils autour du modèle de l’hypertexte et du réseau. Son régime est celui de la connexion, de l’interaction et de la dissémination. Il introduit notamment une tendance à l’indifférenciation des acteurs de la transmission, une distanciation sémiotique inédite (celle du modèle ou de l’hologramme, qui n’est ni une convention, ni une représentation, ni une empreinte) ainsi qu’une temporalité complexe, où le flux se branche à nouveau sur des stocks [15].

Les médiasphères(*)

tableau im2
MÉDIASYSTEME (noyau organisateur) MÉDIA DE RÉFÉRENCE MILIEU STRATÉGIQUE FIGURE DU TEMPS CADRE TEMPOREL MNÉMOTECHNIES DÉPOTS DE MÉMOIRE TRANSPORT PHYSIQUE DU SIGNE ET VITESSE-ÉTALON TRAITEMENT DE L’INFORMATION MODE DE PRODUCTION CULTURELLE RÉGIME SÉMIOTIQUE DOMINANT ORGANON SYMBOLIQUE PARADIGME D’ATTRACTION RÉFÉRENCE LÉGITIME RÉGIME D’AUTORITÉ SYMBOLIQUE FORME CANONIQUE DU SAVOIR FINALITÉ DU SAVOIR ORGANISATION DES SAVOIRS GRAPHOSPHERE L’imprimerie Le livre Le territoire La ligne Délai, différé Littérales (savoir-lire = savoir-écrire) Bibliothèques, musées Route, rail, fil Cheval, vapeur, électricité Assimilation lente (citation) Linéaire : édition (livres, disques, films, vidéos) Symbolique Systèmes (idéologies) Logos (utopies) Le Vrai Le lisible ou le vrai logique (le fondement) Théorie : argumentation, interprétation La connaissance Fédération, hiérarchisation VIDÉOSPHERE L’audiovisuel La télévision L’espace Le segment Instantané, Direct Analogiques (codage et décodage délégués) Albums photo, vidéothèques personnelles des producteurs Ondes, câbles Répétition (recyclage) Radiale : flot (radio commerciale, télévision généraliste de masse) Indiciel Grilles (programmes) Imago (affects) Le Réel Le visible ou le vraisemblable (l’événement) Montage : focalisation, raccords La communication Stratégies de territoires HYPERSPHERE Les réseaux Les hypermédias L’hyperespace Le point Stock en temps réel Analogico-numériques (accès et traitement) Bases de données, musées et médiathèques en ligne Electrons Actualisation (mise à jour) En réseau : téléchargement (presse en ligne, serveurs de données, bouquets numériques) « Holographique » Modèles (algorithmes) Ludo (simulations) Le Virtuel L’accessible ou le pertinent (l’immédiat) Hypertexte : navigation, appropriation, modélisation La pertinence Interconnexion et transfert Sélection : couper-coller Flux Satellites Lumière L’information Spécialisation (périodiques) Iconique DICTON D’AUTORITÉ PERSONNELLE INJONCTION DE COMMUNICATION IDÉAL DE GROUPE ET DÉRIVE POLITIQUE ASSEMBLÉE OPINION PUBLIQUE STATUT DE L’INDIVIDU MOTEUR D’OBÉDIENCE CLASSE SPIRITUELLE DÉTENTRICE DU SACRÉ SOCIAL MOYEN NORMAL D’INFLUENCE CONTROLE DES FLUX UNITÉ DE DIRECTION SOCIALE PRESTIGE DU CHEF RITUEL DE PRÉSENTATION LE FAIRE-SIGNE SOUVERAIN OFFRE SYMBOLIQUE APOTHÉOSE OU` VA LE MORT ILLLUSTRE ? USAGE DU SPECTACLE GRAPHOSPHERE Je l’ai lu dans un livre S’exprimer (avoir unetribune dans un journal) Tous (peuple, État) Nationalisme, totalitarisme Nation Exprimée (journaux, livres, pamphlets) Citoyen(à convaincre) La Loi (dogmatisme) Intelligentsia laïque (professeurs et docteurs) Publication Politique, indirect(sur les moyens d’émission) Un théorique : chef (principe idéologique) Gloire Le discours J’explique Vous avez le droit d’apprendre Musée, place publique (exposition) Illustrer VIDÉOSPHERE Je l’ai vu à la télé Se tenir informé (avoir la télévision) Le type (échantillon, exemple, profil, cible) Politique marketing Plateau télé, marché Mesurée, anticipée (sondages) Consommateur-téléspectateur (à séduire) L’Opinion (relativisme) Médias (diffuseurs et producteurs) Apparition Économique, indirect (sur les messages) Un arithmétique : leader, vedette (principe statistique) Télégénie L’émission de télé Je montre Vous avez le droit de répondre Couverture de news, émissions spéciales (reproduction) Distraire HYPERSPHERE Je l’ai trouvé sur Internet Pouvoir être contacté (avoir une adresse électronique et un portable) L’avatar (individu, cas, minorité) Indivudualisme et tribalisme Groupware Échangée (forums de discussion) Acteur-utilisateur-joueur (à mobiliser) L’Interaction (constructivisme) Experts (opérateurs et programmeurs) Commutation Technique, indirect (sur les normes) Un technique : format, norme, standard (principe technologique) Adaptabilité La page Web Je propose Vous avez le droit de vous connecter Partout (dissémination) Simuler Économique (sur les droits) J’informe

Les médiasphères(*)

(*) Pour la description de la logosphère, qui précède la graphosphère, on se reportera aux ouvrages de R. Debray (Cours de médiologie générale, Vie et mort de l’image et L’État séducteur).

20Pour visualiser les mécanismes de cet enchevêtrement des médiasphères, j’ai par ailleurs introduit des item transitoires, à cheval sur deux ères (l’iconique et le périodique, entre graphosphère et vidéosphère ; l’information et l’économie, entre vidéosphère et hypersphère…). Car, même si chaque système contraint ses composantes à s’inscrire dans les schémas de sa propre homogénéité, ceux-ci sont en constante évolution et une même forme peut suivre des règles relevant de plusieurs modèles ou se situer à la charnière de deux moments. La médiologie doit porter une attention particulière à ces inter-niveaux, si elle veut parvenir à « distinguer sans disjoindre [16] » ce qui relève de l’organique et de l’organisation.

21Il ne faut jamais oublier que les médiasphères s’élaborent dans le temps et qu’elles ne désignent pas, par conséquent, des réalités juxtaposées, mais sédimentées. L’économie des traces dominante à chaque époque repose sur des agents d’âges différents. Encadrée par des institutions à évolution lente, dont le rôle est précisément d’apporter de l’inertie au système, elle voit ses règles se modifier au rythme déjà plus rapide des mutations sociales, auxquelles elle s’ajuste par des technologies qui se transforment elles-mêmes encore plus vite – et qui peuvent produire des effets inattendus ou contraires à la logique des deux premiers niveaux. Cette stratification des équilibres collectifs induit une imbrication des environnements techniques et des projets de société innovants avec des croyances ou des hiérarchies plus anciennes, voire archaïques. Car chaque nouvelle médiasphère recouvre les précédentes sans annuler totalement leur efficace. Plus que d’équilibre, les lois d’organisation des systèmes médiologiques sont « de déséquilibre rattrapé ou compensé, de dynamisme stabilisé » [17]. La saisie des ensembles et des paradigmes n’aura de pertinence que si elle passe par un examen détaillé de ces négociations, en réévaluant la part des tensions, rétroactions et détournements [18].

22Ainsi, ne voir dans la télévision qu’une vaste entreprise de manipulation mensongère orchestrée par d’occultes big brothers, ou un bain d’images anesthésiantes défilant dans le désordre, c’est s’interdire toute compréhension des ressorts organisationnels qui en font la première médiation de notre époque. Si ce médium modèle le temps social et s’impose comme instrument dominant du faire-croire, c’est parce qu’il croise les logiques et les temporalités qui traversent le collectif. Le lien qui se fabrique ici n’est pas de l’ordre du consensus ou de l’aliénation, mais de l’enchevêtrement et de la négociation. Car la télé n’est pas seulement cet écran qui s’interpose entre le réel et nous. Elle est elle-même médiatée par l’ensemble des institutions (ministères, musées, archives…), médias (presse, radio, Minitel…) et communautés (entreprises, associations, famille…) à travers lesquels nous la regardons. D’où l’importance des relais et des boucles, qui assurent l’homéostasie du système en lui permettant d’intégrer différentes contraintes – pour les réduire ou les accentuer.

23On n’aurait pas moins tort d’interpréter le flux télévisuel comme un dispositif fabriquant de l’oubli. Car le croisement de ces diverses médiations active de nombreuses fonctions mémorielles, structurées et structurantes. Mémoire stratégique de la programmation, mémoire procédurale et identitaire des téléspectateurs, mémoire archivale des organismes de dépôt… La télévision est aujourd’hui (pour combien de temps encore ?) le premier opérateur mémoriel du corps social, parce qu’elle fonctionne comme une machine à recycler les traces qu’il produit. Pour l’apprécier, encore faut-il renoncer à privilégier les contenus, les stratégies ou les réceptions, et prendre en écharpe l’ensemble des logiques. Au lieu d’une causalité linéaire centrée sur un seul principe (celui du conformisme, de l’audimat ou du monde partagé), on observera alors un jeu complexe d’interactions, fait de rapports de force et de transactions [19].

24L’effondrement de l’euphorie techniciste peut conduire à multiplier les discours alarmistes sur les risques d’uniformisation des comportements par la technique. Il peut aussi inciter à écarter toute simplification, pour entrer dans la complexité des relations, des structures et des transformations. La diversité des agents susceptibles d’opposer de l’organisation à l’entropie pourra dès lors être évaluée et reformulée en termes de choix. Sans une telle délibération collective sur ce que la technique nous autorise et nous interdit, la loi des convergences technologiques décidera « pour nous » d’une destructuration croissante des cultures [20]. C’est donc bien d’une stratégie politique de la technique dont nous avons besoin.


Date de mise en ligne : 08/03/2013

https://doi.org/10.3917/cdm.006.0027

Notes

  • [1]
    Voir les n° 1 à 5 des Cahiers de médiologie : « La querelle du spectacle », « Qu’est-ce qu’une route? », « Anciennes nations, nouveaux réseaux », « Pouvoirs du papier » et « La bicyclette ».
  • [2]
    En 1996, le Congrès national de la Société française des sciences de l’information et de la communication portait sur « Information, communication et technique »; en 1998, il aura pour thème « Médiations sociales, systèmes d’information et réseaux de communication », et il accueillera plusieurs chercheurs de sensibilité médiologique.
  • [3]
    D. Bougnoux, La communication par la bande, La Découverte, 1991, p. 35.
  • [4]
    S. Proulx, « De l’utopie sociale à l’idéologie de la communication », Cinémaction n° 63, 1992.
  • [5]
    B. Lamizet, « Penser nos rapports à la technique », Actes du 10e Congrès national des sciences de l’information et de la communication, SFSIC, 1996, p. 15.
  • [6]
    Cf. B. Miège, « La (nécessaire) voie étroite de la recherche », in Cinémaction, n° 63, 1992, pp. 125-126.
  • [7]
    G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Aubier, 1958 ; B. Gille, Histoire des techniques, Gallimard, « La Pléiade », 1977.
  • [8]
    Cf. R.Debray, L’État séducteur, Gallimard, 1993, p. 69 et suivantes.
  • [9]
    Titre du chapitre II du Ve Livre de Notre-Dame de Paris, absent de la première livraison, et réintégré dans l’édition définitive de 1832 ; les citations qui suivent sont extraites de ce chapitre).
  • [10]
    On trouvera une autre formulation de cette double articulation dans l’article de Régis Debray, en termes de niveaux interet trans-systèmes.
  • [11]
    Cf. B. Stiegler, La technique et le temps I, Galilée, 1994, p. 43 et suivantes.
  • [12]
    Régis Debray, Gallimard, 1991 et 1992.
  • [13]
    Plutôt que numérosphère ou infosphère, car c’est moins la digitalisation des informations que leur interconnexion qui caractérise ce macro-système et le distingue de la vidéosphère. (P. Lévy avait déjà retenu ces critères pour décrire son troisième « pôle de l’esprit » dans Les technologies de l’intelligence (La Découverte, 1990), mais il le faisait succéder directement au « pôle de l’écriture », en faisant l’impasse sur l’ère de l’audiovisuel).
  • [14]
    Cf. L. Merzeau, Du scripturaire à l’indiciel, texte, photographie, document, Université Paris X, 1993.
  • [15]
    Cf. B. Stiegler, « Le mouvement perpétuel », Le Monde de l’éducation, n° 247, avril 1997.
  • [16]
    E. Morin, Introduction à la pensée complexe, ESF, 1990, p. 23.
  • [17]
    Idem, p. 31.
  • [18]
    J’ai déjà suggéré par exemple comment l’introduction du numérique en photographie était susceptible de réhabiliter paradoxalement le papier, ou comment la bicyclette, objet archaïque, pouvait être interprétée comme une machine à négocier l’accélération généralisée du temps (Cahiers de médiologie nos 4 et 5).
  • [19]
    Voir entre autres les travaux de D. Dayan et J. Bourdon, ainsi que mon intervention au Collège iconique de l’Inathèque de France, sur « Le temps télévisuel ».
  • [20]
    Cf. R. Debray, Transmettre, Odile Jacob, 1997, chapitre II : « Fractures ».

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