Notes
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. Colloque des 15 et 16 juin, co-organisé par l’université de Picardie Jules-Verne (le laboratoire Cognition Langage Émotion Acquisitions [CLEA – EA n° 4296] et l’école interne institut universitaire de formation des maîtres), l’inspection académique de la Somme et l’inspection Académique de l’Oise.
1 L’idée du dossier proposé dans ce numéro est venue en grande partie des inquiétudes suscitées par la création de structures nouvelles (les jardins d’éveil), la publication récente d’ouvrages sur l’encadrement de la petite enfance, des discours ambivalents sur l’école maternelle en France. Pourtant, nous n’avons pas souhaité fermer la réflexion uniquement sur un pays. Nous l’avons voulue ouverte en proposant une quadruple perspective : historique, psychologique, pédagogique et interculturelle. L’idée a également débordé la préparation de ce dossier puisqu’elle a donné lieu à un colloque, riche de deux jours de conférences et d’ateliers. Une partie des articles ici réunis est issue du colloque international « L’école maternelle, une école de demain ? » qui s’est tenu à Amiens en juin 2010 [1].. Les communicants qui le souhaitaient ont proposé à l’expertise un article sur l’objet de leur communication. L’objectif de ce dossier est de questionner le passé, l’actualité et le futur des structures préscolaires en France et dans quelques pays étrangers.
2 Le premier jalon est posé par l’article de Jean-Noël Luc dont l’analyse historique interroge les modes d’encadrement des jeunes enfants en France du début du dix-neuvième siècle à nos jours. Nous voyons ainsi comment la scolarisation des enfants de deux à six ans s’est développée à partir des années 1820. Au passage, il nous apprend beaucoup des représentations d’une société tant sur le développement de l’enfant que sur le rôle de l’école. Les polémiques récentes évoquées dans cet article nous invitent à réfléchir à l’évolution de ces représentations.
3 La contribution de Jean-William Wallet et de Vassiliki Sarri s’inscrit dans le champ de la psychopathologie. Les auteurs rendent compte de difficultés que peuvent éprouver de jeunes enfants pour apprendre et développent la notion de « pensée vide ». Comment des enfants d’intelligence globale dite « normale » peuvent-ils connaître des problèmes pour construire des apprentissages de base ? Après nous avoir éclairés sur l’évolution des moyens de détection, les auteurs montrent tout l’intérêt de la recherche des ruptures, des failles, des carences au sein des relations précoces afin d’aider au mieux l’enfant à l’école. Les études de cas donnent à voir comment des enfants privés du plaisir de penser et d’apprendre peuvent développer une pensée tendant à « fonctionner à vide ».
4 L’article de Laurence Thouroude fait un peu exception dans ce dossier dans la mesure où elle n’a pas participé au colloque évoqué précédemment. En revanche, le propos développé s’inscrit dans sa thématique en proposant une analyse des place et rôle des textes officiels, montrant l’apport des recherches relatives au développement du jeune enfant en y intégrant plus spécifiquement la place du jeu. L’école maternelle, cette « école de l’entre-deux » permet donc d’élargir le champ de la réflexion entreprise.
5 La note de synthèse de Christine Brisset questionne la prise en compte des données récentes concernant le développement du jeune enfant dans les travaux en psychologie et les derniers textes officiels français. Au regard de l’ampleur des recherches et publications, elle ne peut prétendre à l’exhaustivité. Par contre, l’un des objectifs de cette synthèse est d’établir des passerelles entre la recherche, les directives institutionnelles adressées aux enseignants et les pratiques de classe. Elle interroge l’avenir de l’école maternelle.
6 Deux articles ouvrent enfin le champ de l’international. Le premier, d’Aïcha Benamar aborde la question du préscolaire en Algérie à l’heure de la réforme de 2003. Longtemps à la marge du système éducatif algérien, car estimé facultatif, le préscolaire a, depuis cette date, pris de l’ampleur, proposant une offre considérablement élargie dans le secteur public comme dans le privé. S’appuyant sur un important corpus d’enquêtes quantitatives, une campagne d’entretiens, l’auteur relate le développement spectaculaire et le foisonnement des structures et modes d’encadrement préscolaire. Au regard du fonctionnement observé, elle suggère les évolutions les plus souhaitables dans l’intérêt des élèves.
7 Le second article de Maria Moumoulidou, Efstratia Sofou et Konstantinos Chryssafidis donne à voir la manière dont un pays, la Grèce, a tenté de développer la pédagogie du projet à l’école maternelle. Après avoir montré tout l’intérêt de cette pédagogie pour les élèves et les enseignants, les auteurs rendent compte de leurs observations in situ complétées par l’analyse d’entretiens. Ils font état des difficultés de mise en place et pointent l’écart qui demeure entre le désir de bien faire des enseignantes et leurs pratiques réelles de classe. L’amélioration des infrastructures et le développement de la formation sont deux des leviers qui devraient permettre le développement de la pédagogie du projet. La formation des professionnels, comme atout de la réussite d’une mutation des pratiques pédagogiques, a d’ailleurs été mise en avant dans plusieurs contributions.
8 Une interview de Lucile Barberis, présidente de l’AGEEM (Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques) vient compléter ce dossier. Elle apporte un éclairage complémentaire et militant sur les expériences passées, tout en levant un coin du voile sur les relations entre son association professionnelle et les instances ministérielles. Face aux inquiétudes présentes, elle reste attentive au devenir de la maternelle en France.
9 Trois des six articles de la partie Varia de ce numéro 30 ont pour dénominateur commun l’éducation physique et sportive. Celui de Cécile Collinet et Philippe Terral restitue la genèse et les tensions associées au développement et à la structuration de la recherche universitaire en éducation physique et sportive, du monopole des militaires et des médecins au début du xxe siècle aux actuels enseignants-chercheurs des STAPS. Aujourd’hui une concurrence entre culture technique des enseignants d’EPS et culture savante des enseignants-chercheurs est à l’œuvre dans le contrôle des savoirs et la socialisation des enseignants et éducateurs des activités physiques et sportives. Fatia Terfous analyse les instructions officielles de 1941 et les archives du baccalauréat afin de cerner le projet de formation des filles à travers la politique en faveur de l’éducation physique. Elle s’intéresse tout particulièrement à l’influence exercée par Marie-Thérèse Eyquem, Directrice des sports féminins sous le régime de Vichy. Embrassant la seconde moitié du xxe siècle, Emmanuel Auvray entreprend une analyse des pratiques pédagogiques de l’enseignement de la natation dans le second degré. De l’exploitation de questionnaires et de l’analyse de témoignages écrits, il dégage une périodisation ternaire : natation débrouillardise, sportive, épsiene. S’inscrivant dans une sociologie du curriculum, les disparités observées interrogent la démocratisation de l’enseignement.
10 Philippe Marty nous emmène aux marges de l’école chez les éducateurs de centres de loisirs associés à l’école. À partir de la théorie de Bandura, l’auteur analyse la place de la composante sociocognitive dans les pratiques professionnelles de ces personnels dont il présente une typologie.
11 Deux autres articles présentent des dispositifs d’apprentissage, l’un à l’école primaire, l’autre dans le supérieur. Gwenael Lefeuvre étudie la relation entre le travail collectif des enseignants attaché à un dispositif interclasses et leurs pratiques personnelles au sein de la classe entière en particulier en lecture écriture. Sont ainsi mises en avant la construction et la mobilisation de savoirs professionnels spécifiques. Sa recherche exploratoire indique, entre autres, que le travail collectif développe des savoirs professionnels qui sont réinvestis en particulier dans l’attention portée aux élèves en difficulté. Stéphane Simonian et Jeanne Mallet quant à eux rendent compte d’une expérimentation d’apprentissage en première année d’école de commerce. Ils s’attachent à montrer l’importance de l’environnement hypertextuel et informatique au cours des situations d’apprentissage.
12 Des notes de lecture complètent, comme à l’habitude, la revue et pourront donner au lecteur l’envie de prolonger la réflexion.
13 Christine Brisset, coordonnatrice du dossier, université de Picardie Jules-Verne, CLEA.
14 Philippe Monchaux, rédacteur en chef de Carrefours de l’éducation.
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. Colloque des 15 et 16 juin, co-organisé par l’université de Picardie Jules-Verne (le laboratoire Cognition Langage Émotion Acquisitions [CLEA – EA n° 4296] et l’école interne institut universitaire de formation des maîtres), l’inspection académique de la Somme et l’inspection Académique de l’Oise.