Notes
-
[1]
Pour de plus amples précisions sur la méthode, voir Grossetête (2014, 2015).
-
[2]
Sur TF1, le thème de la santé a par la suite été rattaché au service Science confirmant ainsi l’effritement progressif de l’autonomie professionnelle des journalistes officiant dans cette rubrique.
-
[3]
Parmi d’autres facteurs qui n’ont pas été pris pour objet dans cet article, comme la professionnalisation des sources d’informations des journalistes ou encore les transformations intervenues dans la composition et le format des JT.
-
[4]
Indépendamment des événements politiques qui composent cette actualité puisqu’une importante proportion de sujets était consacrée aux régimes élaborés par des nutritionnistes célèbres.
-
[5]
Près de 80 % des personnes décédées chaque année sur les routes de France sont des hommes, selon l’Observatoire national interministériel de sécurité routière. À des degrés divers selon les lieux et milieux sociaux, la virilité des jeunes hommes est mise à l’épreuve de la route, a fortiori dans un contexte de crise des modes d’exercices traditionnels de la masculinité. S’agissant des accidents domestiques, leur invisibilité sociale et politique renvoie, par-delà leur caractère féminin et vieillissant, au fait qu’ils adviennent dans l’espace privé, ne constituent pas un risque pour autrui, ne donnent pas systématiquement lieu à indemnisation et n’engagent pas la liberté d’aller et venir ni de puissants intérêts financiers (comme l’industrie pétrolière et automobile).
-
[6]
Qui peuvent être d’ailleurs très différents selon les services, rubriques, niveaux hiérarchiques, caractéristiques sociales, etc.
1 Comment parle-t-on de la santé dans les journaux télévisés (JT) ? Qui est en charge de ce thème d’actualité au sein des rédactions ? Son traitement a-t-il des effets en matière de discrimination ou de réaffirmation des stéréotypes de genre ? C’est à ces questionnements que cet article entend répondre en s’intéressant aux conditions de production de l’information de santé dans l’information télévisée au prisme des divisions sexuées du travail journalistique. Si les transformations de cette rubrique journalistique ont déjà fait l’objet d’éclairages sociologiques soulignant notamment une plus grande participation des malades (Romeyer 2007) et une démédicalisation de l’information (Marchetti 2010), le poids des rapports socioprofessionnels de genre sur ce que les journalistes appellent ‘l’actualité’ en matière de santé reste méconnu alors même que la féminisation de la profession capte l’attention de nombreuses chercheuses (cf. par exemple Damian-Gaillard et al. 2010 ; Damian-Gaillard et al. 2014). Cette question est pourtant particulièrement intéressante à analyser au regard de certaines transformations du journalisme : la fermeture du champ par les écoles de journalisme, l’élévation des barrières scolaires et sociales à l’entrée de ces formations reconnues, et la féminisation du groupe professionnel (Lafarge, Marchetti 2011).
2 Dans ces conditions, le cas de l’information de santé mérite une attention particulière. En effet, cette rubrique est, relativement aux autres spécialités journalistiques, symptomatique des préoccupations corporelles des professionnel∙le∙s de l’information et notamment, dans un contexte de féminisation, des dimensions sexuées (Bourdieu 1998) de leur habitus corporel. En ce sens, elle permet d’interroger à nouveaux frais les effets de la féminisation ‘par le haut’ de la profession sur le rapport au corps des journalistes puis, par ricochet, sur les processus de production de l’information de santé. Plus généralement, l’objectif est de montrer comment les rapports socioprofessionnels de genre au sein des rédactions permettent de mieux comprendre ce qui est digne d’être traité ou pas dans les JT. Ainsi s’agit-il, sans céder aux perspectives essentialistes, d’expliquer en quoi les femmes journalistes sont soumises, par le truchement des assignations de genre, à un système d’exigence masculin les conformant à certaines des attentes sociales construites autour de leur corps. Autrement dit, cet article vise à mieux comprendre comment ce qui fait l’actualité en matière de santé renvoie, pour partie, à la transformation du rapport au corps des journalistes induite par la féminisation et l’homogénéisation sociale de la profession.
3 L’enquête se fonde sur une vingtaine d’entretiens menés avec des journalistes de télévision des rédactions de TF1 et France 2 entre 2010 et 2012. Au-delà des spécialistes des questions de santé, des journalistes d’autres services et rubriques ont également été rencontrés : Politique, Société, Informations générales, Étranger et Sport. Centrés sur la médiatisation de trois questions de santé publique — le handicap, l’obésité et les accidents domestiques — ces entretiens avaient également vocation à caractériser les modalités d’entrée dans le métier, les processus de spécialisation professionnelle, le rapport au corps ainsi que les relations ordinaires avec les confrères et consœurs, la hiérarchie et les sources d’information. Sur ce dernier point, quelques-unes des principales sources associatives des journalistes à propos de ces trois enjeux de santé publique ont également fait l’objet d’une dizaine d’entretiens afin d’éviter l’écueil du média-centrisme (Tunstall 1971 ; Schlesinger 1992), c’est-à-dire d’une analyse exclusivement interne à l’espace journalistique. Parallèlement, la démonstration repose sur des données statistiques produites à partir des notices de contenu archivées à l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) à propos des thèmes d’actualité précités (à l’exception des accidents domestiques). Ces données (environ 1 600 reportages sur le handicap et 200 sur l’obésité) visent principalement à illustrer, à partir de cas concrets, l’influence décisive des conditions sociales de production sur les contenus. Notons enfin que, pour réduire les inévitables biais liés aux choix d’indexation des documentalistes de l’Ina (Darras 2003), ces bases de données ont été constituées à partir d’un vaste panel de mots-clés, puis exploitées selon des protocoles similaires et durant des périodes comparables [1] (première décennie des années 2000).
4 L’analyse met tout d’abord en lumière une dynamique d’assignation de genre au sein des rédactions et notamment le contrôle exercé par les hommes sur leurs consœurs spécialistes des questions de santé. La deuxième partie de la démonstration explore le poids grandissant des préoccupations corporelles chez les journalistes parisiens de télévision et notamment les divisions sexuées de cette pression normative. Enfin, la troisième aborde l’effet de ces rapports socioprofessionnels de genre sur la sélection et le traitement de l’information de santé en montrant qu’elle accorde une place centrale aux préoccupations corporelles des composantes féminines des groupes sociaux privilégiés.
L’assignation des femmes à la santé
5 La féminisation du journalisme n’est pas sans effet sur les rapports socioprofessionnels de genre à l’intérieur des rédactions des deux principales chaînes généralistes de la télévision française. Non seulement les places et les fonctions attribuées aux femmes sont globalement subalternes par rapport aux hommes (Devillard et al. 2001), mais elles sont également conformes aux attentes construites autour des identités de genre et notamment aux croyances et représentations touchant aux définitions sociales des corps féminins et masculins. À quelques exceptions près, les femmes sont, en effet, très minoritaires dans les postes décisionnaires des grands médias d’informations généralistes. À titre d’exemple, en 2012, seules 97 femmes occupaient un poste de direction, contre 470 hommes, selon la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels. Au-delà de ce plafond de verre, il faut également noter « qu’elles souffrent davantage du chômage et de la précarité » et qu’elles « sont plus susceptibles de sortir de la profession » (Damian-Gaillard et al. 2010, p. 14). Cette opposition genrée, qui attribue généralement aux composantes masculines du journalisme les aspects les plus valorisants du métier (hard news, information politique et étrangère, rédaction en chef, direction de l’information, etc.) et aux fractions féminines les fonctions les moins nobles (soft news, information pratique, institutionnelle et société, secrétariat de rédaction, piges, etc.), reproduit dans sa logique propre l’idéologie sexiste des sphères séparées assignant les femmes à la sphère domestique, où se joue l’entretien du corps physique, et les hommes à la sphère publique, où se reproduit le corps social. Un tel ordre sexué, qui attribue préférentiellement aux femmes ce qui prolonge leurs responsabilités domestiques, est d’autant plus conforme aux intérêts masculins qu’il permet de faire face à la féminisation numérique de la profession sans pour autant que celle-ci donne lieu à une redistribution des positions de pouvoir au sein d’un espace historiquement dominé par les hommes.
6 Loin des conceptions essentialistes considérant qu’il y aurait une manière typiquement féminine de faire du journalisme, cette distribution asymétrique du pouvoir met en lumière l’ordre sexué qui pèse sur les femmes journalistes, les rédactions étant des organisations extrêmement genrées. En conséquence, si comme l’indiquait Érik Neveu (2000) dans les années 1990, il n’existait pas de rubriques dont le personnel soit totalement féminin, c’est beaucoup moins le cas à l’issue de la première décennie des années 2000. On ne compte, par exemple en 2012, qu’un seul homme parmi les journalistes spécialistes des questions de santé au sein des rédactions de TF1 et France 2 (soit une douzaine de journalistes au total). Dans un contexte de concurrence accrue avec les chaînes d’informations en continue, cette répartition genrée des compétences renvoie pour partie à une stratégie de conquête d’un ‘public’ féminin (l’expression sexiste « ménagère de moins de 50 ans » est d’ailleurs encore employée par certains rédacteurs en chef).
7 Le cas des spécialistes de la santé est, du fait de leur féminisation, très instructif à cet égard. En effet, généralement jeunes et issues d’une école de journalisme ou de formations généralistes (comme celles dispensées dans les Instituts d’études politiques), elles peinent à imposer leurs sujets, a fortiori dans l’univers très masculin des cadres du journalisme d’où émane l’essentiel du travail qu’elles se voient confier. « C’est le plus souvent le rédacteur en chef qui nous confie le sujet », affirme l’une d’entre elles. Tant sous l’angle des horaires de diffusion, de la visibilité des journalistes et des moyens matériels qui leurs sont alloués, la santé renvoie à une spécialité journalistique dominée dans la hiérarchie de l’information car elle est principalement en charge d’une actualité institutionnelle « froide », « d’événements de routine » (Molotch, Lester 1996), que l’on peut anticiper par contraste avec les rubriques les plus prestigieuses. C’est ce qu’indique cette journaliste santé contrainte pour faire diffuser ses sujets d’intérioriser les représentations de ses homologues masculins afin de mieux anticiper leurs attentes :
On est très dépendant de l’actualité institutionnelle. Nous, on est dans une actualité que l’on peut anticiper la plupart du temps […] C’est à double tranchant ces actualités-là, à la fois c’est les marronniers que vous pouvez subir mais c’est un marronnier où on peut proposer, donc le tout c’est de trouver le bon angle et la bonne actualité pour pouvoir raccrocher son sujet.
9 Le thème de la santé renvoie, de plus, à une spécialisation plus fréquemment subie que choisie et tout indique que la féminisation de la rubrique ne résulte pas d’une logique d’auto-affectation. L’entrée dans la profession des journalistes que nous avons rencontrées confirme cet état de fait, la quasi-totalité déclarant être entrée dans ce sous-espace moins concurrentiel ‘par hasard’, sans avoir reçu de formation spécifique en matière de santé, contrairement à leurs prédécesseurs. L’immense majorité des spécialistes santé des rédactions de TF1 et France 2 doivent, en effet, leur spécialisation, tantôt au hasard, tantôt « aux affinités entre journalistes, aux changements de postes dans leurs rédactions ou encore à une plus grande proximité sociale et familiale avec la médecine » (Marchetti 2010, p. 74).
Je suis arrivée à la santé un peu par hasard parce qu’il y avait une place qui se libérait et parce que ce n’était pas forcément très prisé, tout le monde ne se précipite pas dessus, nous raconte l’une d’entre elles. […]. Quand j’ai démarré il y a dix ans, c’était vraiment des sujets un peu ingrats parce que plus techniques […] Nous on ne coûte pas cher, on ne part pas à l’autre bout du monde. On est dans un service qui est moins dans une actualité imminente très chaude qu’on va forcément traiter dans la journée même si ça arrive.
11 Par ailleurs, jusqu’au début des années 2000 — au moment du rattachement de la rubrique à un grand service Société dans les rédactions de TF1 et France 2 [2] — leurs confrères spécialistes ‘historiques’ de la santé étaient, du fait de leur formation scientifique ou médicale, plus à même de s’imposer dans les échanges généralement ‘virils’ avec les rédacteurs en chef. Ce journaliste sportif l’indique clairement à l’évocation de l’une de ses consœurs, spécialiste des questions de santé :
Peut-être qu’elle ne le vend pas bien son truc […] Au fil des années, quand on devient grand reporter, on a du poids quoi, on va voir le grand chef comme un bleu-bite, on lui dit : écoute prends ça, il faut que tu le prennes et puis voilà. Sinon je vais aller voir le directeur de l’information […] C’est des rapports de force.
13 Présente dans les interactions quotidiennes entre collègues, cette forme de domination masculine (Bourdieu 1998) peut aboutir, in fine, à déposséder les journalistes issu·e·s du service Société, qui est de loin le plus féminisé, de leur spécialité en cas d’événement jugé trop important par les rédacteurs en chef (Marchetti 2006). Le cas du traitement de la grippe aviaire, dont les journalistes santé ont été dessaisis au profit de leurs confrères des Informations générales, offre une illustration très parlante du caractère genré de ces luttes de pouvoir entre services :
En gros ici, on fait le bal des pompiers et eux [le service des Informations générales] font les feux des pompiers, c’est très parlant. En Société [au sens du service], on fait l’éducation, les problèmes de famille, l’adoption, c’est vraiment social. Évidemment, on se marche sur les pieds. C’est vraiment des luttes de pouvoir. En fait, historiquement, les bons journalistes, ils les mettent à côté [elle montre le lieu] et nous, on est un peu le cimetière des éléphants [ton ironique]. Le service des Informations générales [qui compte le plus grand nombre de journalistes], ils partent, ils font du direct, ce sont les cow-boys de l’info, c’est eux qui ont un peu pris le lustre. Ça se traduit plutôt par des missions intéressantes. Par exemple moi, je me suis fait déposséder de la crise de la grippe aviaire et ils ont envoyé les infos géné et c’est les infos géné qui sont partis faire les directs […] Je pense que, nous, on est un peu dénigrés. Comme je travaille de temps en temps pour Complément d’enquête [l’un des magazines prestigieux de la rédaction], des jeunes cow-boys et tout, j’entendais comment ils nous chambraient, ils nous voyaient comme des femmes ménopausées, le cimetière des éléphants.
15 S’il est malaisé de mesurer les effets de cette dynamique de spécialisation sexuée, on peut néanmoins raisonnablement supposer qu’elle n’est pas étrangère à la démédicalisation de l’information de santé (Marchetti 2010) et au développement de l’expression publique des ‘malades’ (Romeyer 2007). Par ce biais, elle contribue aussi vraisemblablement à ce que certaines questions éthiques genrées occupent une place grandissante dans le traitement de l’information de santé : interruption volontaire de grossesse, choix des naissances, gestation pour autrui, etc. En somme, la sélection des thèmes d’information télévisée en matière de santé semble moins obéir à des logiques individuelles qu’à des contraintes systémiques genrées cantonnant fréquemment les femmes journalistes aux domaines qui font écho à leurs supposées fonctions domestiques et maternelles. Pour partie fondée sur un critère de genre (Leroux, Sourd 2005), cette organisation implicite du travail, qui est sans doute au principe du moindre accès des femmes aux aspects les plus gratifiants du journalisme, donne à relativiser la féminisation numérique de ce groupe professionnel.
La croissance des préoccupations corporelles
16 La médiatisation des questions liées au surpoids et à l’obésité constitue un terrain par excellence pour comprendre en quoi la féminisation et l’homogénéisation ‘par le haut’ des journalistes de télévision ont pour conséquence de contribuer à accroître la sensibilité de cet univers professionnel à l’égard de tout ce qui touche à la mise en conformité du corps avec les normes esthétiques et sanitaires dominantes. De par sa nature même, cette question de santé engage de fait plus que d’autres le rapport au corps des journalistes. Or si la féminisation des médias audiovisuels s’explique notamment par le fait que « les critères esthétiques sont devenus déterminants dans le recrutement » (Lafarge, Marchetti 2011, p. 96), la prégnance des préoccupations corporelles varie sensiblement selon le genre des journalistes. Les femmes sont plus directement concernées dans la mesure où elles sont plus fréquemment touchées par l’obésité que les hommes pour lesquels l’Indice de masse corporelle constitue d’ailleurs un critère de beauté moins central. La plus grande acceptabilité sociale de l’obésité dite ‘de bon vivant’, qui touche généralement les hommes issus des hautes sphères de l’espace social, contribue à l’attester ; tout comme les statistiques relatives au recours à la chirurgie esthétique, qui concerne les femmes à hauteur de 85 % (Amadieu 2002, p. 208). Ainsi, la montée en puissance de l’impératif de conformité à la minceur dans les médias audiovisuels parisiens peut aussi être vue comme l’expression du contrôle exercé par les hommes (Orbach 1979) sur l’apparence mais aussi sur la mobilité et l’autonomie professionnelle de leurs consœurs.
17 Par ailleurs, cette attention portée à l’apparence corporelle, et plus généralement à tout ce qui touche à la question du bien-être, engage une disposition socialement située à veiller sur soi (Boltanski 1971) en se conformant aux normes sanitaires (Boltanski 1969). On retrouve là une forme de rapport singulier au corps particulièrement répandu dans les groupes sociaux dominants dont les journalistes sont de plus en plus fréquemment issus. Fait d’autocontrôle, de tempérance et de modération, le corps est gouverné (Fassin, Memmi 2004) par des principes qui expriment leur distance à la nécessité (Bourdieu 1979) et leur adhésion à ce qu’il est convenu d’appeler une culture du risque ; culture consistant à anticiper les conséquences futures, globales et collectives de comportements présents, localisés et individuels (Grossetête 2012). Ils font ainsi preuve d’une disposition à anticiper les coûts et les bénéfices sanitaires de leurs modes de vie et de leurs habitudes de consommation. De ce fait, un principe de refoulement des pulsions organise de nombreux domaines de leur existence, comme en témoignent en creux les statistiques disponibles en matière d’inégalités sociales de santé (Leclerc et al. 2000 ; Leclerc et al. 2009 ; Fassin, Hauray 2010). Qu’il s’agisse des cancers et des maladies cardiovasculaires ou encore des différentes causes de morts violentes (accidents et suicides), la probabilité d’être concerné∙e augmente à mesure que l’on descend dans l’échelle sociale ; les inégalités étant, dans l’immense majorité des cas, cumulatives. Par contraste, les chances d’avoir l’apparence la plus valorisante et la plus valorisée s’accroissent systématiquement à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie sociale (Amadieu 2002), comme l’illustre notamment le rapport à l’alimentation des journalistes parisiens de télévision, ces derniers appartenant aux groupes sociaux les plus préoccupés par la prise de poids (Régnier, Masullo 2009) et les moins frappés par l’obésité (Saint Pol 2007). Cette spécialiste des questions de santé le résume bien quand elle déclare :
Vous venez ici à la cantine, vous regardez les plateaux, c’est caricatural, c’est que du régime Dukan par exemple, donc c’est une préoccupation.
19 L’hypertrophie des préoccupations corporelles des journalistes de télévision peut également être saisie à travers le doublement du nombre de reportages consacrés à l’obésité dans les JT entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000 (Grossetête 2015). En définitive, l’assignation de genre médiatisée par l’information, tout particulièrement en matière de santé, passe principalement « par l’évocation du corps des hommes et des femmes — de l’expression de la déviance par rapport à une norme corporelle, à l’investissement stratégique et symbolique du corps par les personnes représentées » (Damian-Gaillard et al. 2014, p. 16).
20 Par ailleurs, cette pression normative est également due à certaines transformations organisationnelles au sein des rédactions. En effet, le passage à l’antenne est élargi à l’ensemble de la corporation (par le fait de figurer en plateau pour les journalistes issu∙e∙s des rubriques les moins ‘mobiles’ géographiquement telles que la santé ou l’économie, toutes deux rattachées au service Société dans les deux rédactions) alors qu’il était par le passé exclusivement réservé aux journalistes issus des rubriques et services les plus prestigieux (Étranger et Politique). Par exemple, dans la rédaction de France 2, l’ensemble des journalistes a été formé au commentaire de l’actualité ‘face caméra’. Les journalistes de télévision doivent ainsi, par obligation professionnelle, se soucier de leur corps puisqu’il devient un instrument de travail de plus en plus visible. En somme, la corporéité des journalistes, parce qu’elle pèse lourdement sur la distribution des places et des compétences, est loin d’être neutre dans les relations de pouvoir qui se nouent entre les deux sexes au sein des rédactions. Qu’en est-il de l’impact de ces représentations sur la sélection et le traitement de l’information de santé ?
Une information genrée et socialement située
21 L’information consacrée à la santé garde généralement la marque des visions et divisions genrées dont peut parfois dépendre le travail des journalistes en charge de cette actualité. L’assignation tenace des femmes au care, à la prise en charge des enfants et à tout ce qui touche à l’entretien du corps semble, en effet, conduire les rédacteurs en chef à attendre des journalistes en charge de la santé qu’elles se conforment à ces stéréotypes genrés en privilégiant une information socialement et morphologiquement correcte. Leur hiérarchie attend d’elles qu’elles anticipent les attentes d’un public essentiellement féminin conformément aux représentations du corps, et plus généralement de la santé, en usage chez leurs collègues masculins. Par conséquent, la propension d’apparence féminine à valoriser une grille de lecture plus psychologisante (Neveu 2000) et people (Vera Zambrano 2013), résulte peut-être moins de leur initiative propre que de leur soumission au système d’exigence de leurs confrères masculins plus haut placés dans la hiérarchie des rédactions et soucieux de ne pas transgresser les divisions genrées du travail journalistique ni les assignations traditionnelles qui en découlent. Cet ordre sexué contribue progressivement [3] à transformer la vision médiatique de la santé qui, en se focalisant sur la question du bien-être, se rapproche des préoccupations corporelles des composantes féminines des groupes sociaux privilégiés (Cousteaux 2011). Les sujets sont ainsi moins orientés vers les pathologies graves ou sévères, jugées ‘clivantes’, que vers les thèmes ‘concernants’ (pour reprendre le jargon indigène) comme la sexualité, la procréation ou la parentalité, lesquelles sont par exemple ajustées à l’instinct maternel imputé aux femmes par les stéréotypes de genre. Il en va de même de la multiplication des reportages portant sur le stress, les régimes, les coups de soleil et de froid, sur la chirurgie esthétique, sur les vertus thérapeutiques des massages, de la mer ou encore de la montagne. Cette tendance rejoint l’opposition observée par Dominique Marchetti (2010) entre le journalisme médical ou scientifique traditionnel et le journalisme de service livrant des informations pratiques.
22 En conséquence, les dimensions sociales de la santé, c’est-à-dire complexes et généralement peu ajustées à la promotion des normes sanitaires et esthétiques dominantes, sont régulièrement occultées au profit d’un traitement plus irénique et individualisant, autrement dit plus en phase avec les impératifs d’audience, de proximité et de neutralité. C’est ce que montre, notamment, l’évolution de la médiatisation des personnes en situation de handicap. Il faut dire que l’assignation récurrente des journalistes santé aux fonctions maternelles est particulièrement prégnante en matière de handicap, cette question étant très majoritairement traitée par les services et rubriques les plus féminisés (Société et Santé), comme l’illustre , par exemple, la trajectoire professionnelle d’une journaliste santé responsable de ce thème d’actualité dans la rédaction d’une grande chaîne généraliste :
J’étais en santé et je m’occupais notamment des enfants atteints de maladies rares, donc j’avais déjà une approche du handicap par ce fait et ma direction m’a demandé si ça m’intéressait de prendre la rubrique en essayant de porter un autre regard, en parlant du handicap de façon positive.
24 On voit ici que les discours médiatiques sont structurés par les représentations sociales « tout autant qu’ils participent à les configurer » en les ancrant « dans des normes et des systèmes de croyances relatifs à ce que seraient le féminin et le masculin » (Damian-Gaillard et al. 2014). Ainsi, la tendance à aborder la question du handicap au prisme de l’enfance et sous l’angle du dépassement de soi à travers des exemples de guérison ou d’intégration réussie contribue à ce que les personnes à mobilité réduite — dont le corps est socialement moins dévalorisé que les autres catégories de personnes handicapées — accroissent graduellement leur présence sur le petit écran et soit largement surreprésentées, rassemblant un peu plus de la moitié des personnes handicapées interviewées dans les JT alors qu’elles regroupent un peu moins du quart de la population atteinte d’au moins une déficience. À l’inverse, les autres catégories de personnes handicapées (à l’exception des déficiences invisibles) — c’est-à-dire les corps les moins conformes aux normes esthétiques qui régissent l’univers journalistique et plus globalement le monde social — perdent de leur visibilité et sont sous-représentées, relativement à la prévalence de leur déficience dans la population française. En outre, le fait que la parole des enfants émerge dans de très nombreux reportages sur le handicap en dit long sur l’assignation préférentielle des journalistes santé au traitement des questions sanitaires en lien avec les fonctions maternelles. Il faut dire que les situations d’enfants handicapés sont extrêmement sensibles socialement car elles réactivent plus facilement que d’autres le schème de ‘l’innocence des victimes’ et des formes d’identification réelles ou supposées très larges. Ce type de couverture recouvre des sujets très variés : les traitements, les dépistages (notamment des troubles auditifs lors des concerts) et, dans le cas de l’actualité étrangère, les enfants victimes de guerre ou de substances toxiques (malformations à Tchernobyl, conséquences de l’agent orange au Viêtnam ou encore des bombardements en Palestine). Par-delà le thème de l’enfance, ceux connexes à la sexualité, à la procréation et à la parentalité, parce qu’ils sont également conformes aux stéréotypes de genre, comptent également parmi les sujets prioritairement attribués aux journalistes santé.
25 On pourrait dresser un constat similaire sur le terrain de la médiatisation de l’obésité. En effet, la tendance à la sélection ‘par le beau’ et ‘par le haut’ de l’information de santé se traduit, dans ce cas, par la baisse régulière du nombre de personnes obèses visibles (car interviewées) dans les JT depuis le début des années 2000 alors que, dans le même temps, le volume de sujets sur l’obésité n’a cessé de croître [4] ; à l’instar des critères esthétiques dans le recrutement des journalistes selon un rapport d’homologie structurale. De plus, à travers la présence des personnes obèses à la télévision, c’est aussi de la visibilité médiatique des classes populaires dont il s’agit, le poids et la corpulence augmentant à mesure que l’on descend dans la hiérarchie sociale.
26 Il en va de logiques comparables dans le traitement journalistique des accidents domestiques, à ceci près que les dynamiques d’invisibilisation sont non seulement fondées sur la classe et des critères de mise en image, mais également sur le genre (Grossetête 2013). En effet, ces aléas frappent majoritairement les femmes (près de six fois sur dix selon l’enquête permanente sur les accidents de la vie courante) — dans la mesure où, bien au-delà de la seule maladresse, ils constituent aussi une conséquence inattendue des rapports de pouvoir entre les sexes (Guillaumin 1992 ; Delphy 1997) et plus précisément des divisons sexuées du travail domestique (la cuisine étant l’une sinon la pièce la plus dangereuse du domicile) — et sont pourtant remarquablement absents de l’information de santé. Or le domicile tue bien plus que la route et le travail réunis. Provoquant quatre fois plus de décès que les accidents de la circulation et vingt fois plus que ceux du travail, les aléas domestiques constituent la troisième cause de mortalité en France, soit 11 500 morts chaque année, essentiellement par chute, mais aussi par coupure, brûlure, noyade et intoxication. Pour autant, l’accident domestique est sous-estimé sinon secondarisé dans les espaces politiques et médiatiques par contraste avec celui de la circulation qui constitue un risque masculin et priorisé [5]. Ainsi, la question de la sécurité domestique n’a jamais été constituée en grande cause nationale, malgré deux tentatives en 2011 et en 2013, alors que la cause de la ‘sécurité routière’ a obtenu bien plus en l’espace d’à peine cinq ans lorsqu’elle est successivement devenue une priorité ministérielle, nationale puis présidentielle entre 1997 et 2002. Par ailleurs, les rares fois où les accidents du domicile émaillent l’actualité, ils semblent encore adossés à une logique de genre puisqu’il s’agit, dans bien des cas, de noyades d’enfants en période estivale durant laquelle les hard news sont peu nombreuses. Or l’immense majorité des accidents domestiques concerne les personnes âgées, puisque les deux tiers des victimes avaient plus de 75 ans selon l’Institut de veille sanitaire. Autrement dit, ces populations sont non seulement éloignées des stéréotypes de genre imputés aux journalistes santé, mais également jugées défavorablement par les rédacteurs en chef car considérées comme plus ‘banales’ et moins ‘positives’ que d’autres. Ces principes de sélection sont d’autant plus structurants qu’ils ont été intériorisés par les sources d’informations des journalistes santé, pour l’essentiel associatives, comme l’explique par exemple ce responsable des relations presse d’une importante association habilitée à représenter les personnes en situation de handicap moteur :
Nous, quand on communique sur un sujet comme vieillir ne doit pas être un handicap de plus, on n’a pas de super bonnes retombées, ce n’est pas ce qui plaît. Ce qui plaît, c’est l’avenir, c’est le futur, c’est l’enfant. C’est plus porteur de parler de l’enfant. C’est un vrai sujet de société mais ce n’est pas un sujet très vendeur, parce qu’on est nous-mêmes une société vieillissante, on a un problème de dépendance et on n’a pas envie d’en remettre une couche.
28 Il en va de même des accidents extérieurs à l’espace domestique, puisque ceux qui deviennent médiatiques engagent généralement des pratiques plus répandues dans les catégories sociales élevées, a fortiori quand il s’agit d’enfants : chutes de cheval, accidents de ski, d’escalade, avaries en bateau, etc.
29 Ces logiques socialement sélectives de traitement de l’information agissent bien au-delà des trois questions de santé publique prises pour objet dans cet article. C’est ce que montre, parmi d’autres, l’exemple du traitement des personnes séropositives (dont un nombre croissant est considéré comme travailleurs handicapés par la loi du 11 février 2005) qui est significatif du poids des rapports des journalistes à l’enjeu traité sur la sélection de l’information [6]. Le dernier journaliste santé de sexe masculin en activité au moment de l’enquête l’exprime sans détour lorsqu’il qualifie sa rédaction de « gay-friendly » pour expliquer la propension de ses consœurs à rendre compte de la reprise des contaminations chez les gay (Chauvin, Lerch 2013) plutôt qu’au sein des populations les plus impactées, selon lui, les sans-papiers et les immigrés :
Cette année pour le Sidaction, on va faire les jeunes et la sexualité et pour la énième fois on va faire : ça fait vingt-cinq ans que je vis avec le Sida, comment je m’en sors ? On va refaire encore le Marais […] Il naît à Kigali au Rwanda plus d’enfants séropositifs que dans tous les États-Unis d’Amérique, parlons-en si on veut en parler de la réalité. Parlons de la réalité des femmes africaines en France dont on découvre la séropositivité au 6e ou au 8e mois de grossesse quand c’est trop tard ou qui n’ont aucun accès à l’information. Sur le Sida, on fait une information proprette qui correspond à ce qu’ils [sous-entendu les rédacteurs en chef] ont envie d’entendre parce que pour plein de raisons, c’est plus leur trip que Mme Coulibaly qui est évidement peut-être là sans-papiers […]. C’est le fait que les éditions sont plutôt gay-friendly pour ne pas dire plus et que le Sida, c’est un truc showbiz. Cette année, ça va redémarrer avec un clip de Pierre Berger et Line Renault, donc les mômes ils ont Google pour savoir qui c’est. C’est vachement un vecteur ! […] Toute la dimension sociétale n’a aucun intérêt, ça n’intéresse personne.
31 Comme certains travaux l’ont souligné (Duval 2008 ; Grossetête 2012), la carrière médiatique des problèmes publics et l’appréhension plus ou moins directe et personnelle qu’en ont les journalistes ne sont pas sans liens. Dans le contexte d’une double transformation du journalisme — la féminisation ainsi que l’homogénéisation scolaire et sociale de la profession — on observe donc de plus en plus fréquemment, dans la sélection et le traitement de l’information de santé, une forme de rapport singulier au corps généralement conforme aux normes sanitaires et esthétiques dominantes et propre aux fractions féminines des groupes sociaux privilégiés.
32 * * *
33 Sauf à succomber aux stéréotypes de genre, il peut sembler inopportun, au terme de cette réflexion, de parler d’un journalisme au féminin en matière de santé. Ce constat est d’autant plus vrai que l’on assiste à un mouvement contraire d’uniformisation, voire d’asexuation, des pratiques journalistiques liées à la mainmise des écoles de journalisme sur la formation. Loin de jouir de l’autonomie professionnelle de leurs confrères, les journalistes santé sont comme confinées dans l’identité de genre associée à leur corps de femme. Ces procédés d’assignation de genre et la dynamique de fermeture de l’espace du montrable qui en découle méritent une attention particulière, puisqu’il en va tout autant des conditions de travail des journalistes et de la représentation médiatique des femmes que de l’accès des plus démunis à une information plausible sur les risques sanitaires qu’ils encourent.
Références
- Amadieu Jean-François (2002). Le poids des apparences. Beauté, amour et gloire. Paris, Odile Jacob.
- Boltanski Luc (1969). Prime éducation et morale de classe. Paris & La Haye, Mouton « Cahiers du Centre de sociologie européenne, n° 5 ».
- — (1971). « Les usages sociaux du corps ». Annales, vol. 26, n° 1.
- Bourdieu Pierre (1979). La distinction : critique sociale du jugement. Paris, Minuit.
- — (1998). La domination masculine. Paris, Seuil.
- Chauvin Sébastien, Lerch Arnaud (2013). Sociologie de l’homosexualité. Paris, La Découverte.
- Cousteaux Anne-Sophie (2011). Le masculin et le féminin au prisme de la santé et de ses inégalités sociales. Thèse de Sociologie, Sciences Po Paris.
- Damian-Gaillard Béatrice, Frisque Cégolène, Saitta Eugénie (eds) (2010). Le journalisme au féminin. Assignations, inventions, stratégies. Rennes, Presses universitaires de Rennes.
- Damian-Gaillard Béatrice, Montañola Sandy, Olivesi Aurélie (eds) (2014). L’assignation de genre dans les médias. Attentes, perturbations, reconfigurations. Rennes, Presses universitaires de Rennes.
- Darras Éric (2003). « Comment on écrit l’histoire et/ou la sociologie de la télévision ? ». Cahiers d’histoire de la télévision, n° 1.
- Delphy Christine (1997). L’ennemi principal 1. Économie politique du patriarcat. Paris, Syllepse.
- Devillard Valérie, Lafosse Marie-Françoise, Leteinturier Christine, Rieffel Rémy (2001). Les journalistes français à l’aube de l’an 2000. Profils et parcours. Paris, Panthéon-Assas.
- Duval Julien (2008). « La critique (intéressée) d’une politique. La sécurité routière dans la presse automobile ». In Marchetti Dominique (eds). Communication et médiatisation de l’État. La politique invisible. Grenoble, Presses universitaires de Grenoble.
- Fassin Didier, Hauray Boris (2010). Santé publique. L’état des savoirs. Paris, La Découverte.
- Fassin Didier, Memmi Dominique (eds) (2004). Le gouvernement des corps. Paris, Éd. de l’EHESS.
- Grossetête Matthieu (2012). Accidents de la route et inégalités sociales. Les morts, les médias et l’État. Bellecombe-en-Bauges, Éd. du Croquant.
- — (2013). « Un problème de santé publique méconnu : les accidents domestiques ». Communication, vol. 31, n° 1 (en ligne).
- — (2014). « Grande cause, petit écran. Le handicap selon la télévision française (1995-2009) ». Genèses, n° 95.
- — (2015). « Deux poids deux mesures. Les personnes obèses et l’obésité dans l’information télévisée ». Actes de la recherche en sciences sociales, n° 208.
- Guillaumin Colette (1992). Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature. Paris, Côté-femmes [nouvelle éd. (2016). Donnemarie-Dontilly, éd. iXe « racine de iXe »].
- Lafarge Géraud, Marchetti Dominique (2011). « Les portes fermées du journalisme. L’espace social des étudiants des formations ‘reconnues’ ». Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 4, n° 189.
- Leclerc Annette, Fassin Didier, Grandjean Hélène et al. (eds) (2000). Les inégalités sociales de santé. Paris, La Découverte.
- Leclerc Annette, Kaminski Monique, Lang Thierry (2009). Inégaux face à la santé. Du constat à l’action. Paris, La Découverte.
- Leroux Pierre, Sourd Cécile (2005). « Des femmes en représentation. Le politique et le féminin dans la presse ». Questions de communication, n° 7.
- Marchetti Dominique (2006). « La division du travail journalistique et ses effets sur le traitement de ‘l’événement’. L’exemple du ‘scandale du sang contaminé’ ». In Chupin Ivan, Nollet Jérémie (eds). Journalisme et dépendances. Paris, L’Harmattan.
- — (2010). Quand la santé devient médiatique : les logiques de production de l’information dans la presse. Grenoble, Presses universitaires de Grenoble.
- Molotch Harvey, Lester Marilyn (1996). « Informer : une conduite délibérée. De l’usage stratégique des événements ». Réseaux, vol. 14, n° 75.
- Neveu Érik (2000). « Le genre du journalisme. Des ambivalences de la féminisation d’une profession ». Politix, vol. 13, n° 51.
- Orbach Susie (1979). Fat is Feminist Issue. New York, Berkeley Books.
- Régnier Faustine, Masullo Ana (2009). « Obésité, goûts et consommation. Intégration des normes d’alimentation et appartenance sociale ». Revue française de sociologie, vol. 50, n° 4.
- Romeyer Hélène (2007). « La santé à la télévision : émergence d’une question sociale ». Questions de communication, n° 11.
- Saint Pol (de ) Thibaut (2007). « L’obésité en France : les écarts entre catégories sociales s’accroissent ». Insee Première, n° 1123.
- Schlesinger Philip (1992). « Repenser la sociologie du journalisme. Les stratégies de la source d’information et les limites du média-centrisme ». Réseaux, vol. 10, n° 51.
- Tunstall Jeremy (1971). Journalists at Work: Specialist Correspondents, their News Organizations, News Sources & Competitor-Colleagues. London, Constable.
- Vera Zambrano Sandra (2013). L’emprise du journalisme échotier ? Les professionnels de la politique dans la presse consacrée aux espaces privés des célébrités (1945-2008). Bayonne, Institut universitaire Varenne & Paris, LGDJ.
Mots-clés éditeurs : Médias, Journalistes, Santé (information de), Normes, Journaux télévisés, Corps, Féminisation des professions
Date de mise en ligne : 16/12/2016
https://doi.org/10.3917/cdge.061.0151Notes
-
[1]
Pour de plus amples précisions sur la méthode, voir Grossetête (2014, 2015).
-
[2]
Sur TF1, le thème de la santé a par la suite été rattaché au service Science confirmant ainsi l’effritement progressif de l’autonomie professionnelle des journalistes officiant dans cette rubrique.
-
[3]
Parmi d’autres facteurs qui n’ont pas été pris pour objet dans cet article, comme la professionnalisation des sources d’informations des journalistes ou encore les transformations intervenues dans la composition et le format des JT.
-
[4]
Indépendamment des événements politiques qui composent cette actualité puisqu’une importante proportion de sujets était consacrée aux régimes élaborés par des nutritionnistes célèbres.
-
[5]
Près de 80 % des personnes décédées chaque année sur les routes de France sont des hommes, selon l’Observatoire national interministériel de sécurité routière. À des degrés divers selon les lieux et milieux sociaux, la virilité des jeunes hommes est mise à l’épreuve de la route, a fortiori dans un contexte de crise des modes d’exercices traditionnels de la masculinité. S’agissant des accidents domestiques, leur invisibilité sociale et politique renvoie, par-delà leur caractère féminin et vieillissant, au fait qu’ils adviennent dans l’espace privé, ne constituent pas un risque pour autrui, ne donnent pas systématiquement lieu à indemnisation et n’engagent pas la liberté d’aller et venir ni de puissants intérêts financiers (comme l’industrie pétrolière et automobile).
-
[6]
Qui peuvent être d’ailleurs très différents selon les services, rubriques, niveaux hiérarchiques, caractéristiques sociales, etc.