Notes
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[1]
Sur l’intérêt d’une ontologie des êtres sociaux, on peut se reporter aux travaux de Frédéric Nef (2009). Cette sociologie n’introduit pas un dualisme entre la force et le droit qui renverrait à un dualisme métaphysique entre matière et esprit.
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[2]
En effet, les analyses stratégiques en sociologie ont été conduites le plus souvent à partir des présupposés du calcul rationnel de l’individualisme méthodologique. Néanmoins, il existe dans d’autres disciplines, comme les relations internationales, des théories d’analyse des conflits dont les présupposés sont davantage en cohérence avec ceux du matérialisme. En effet, les praticiens et les théoriciens marxistes ont bien souvent trouvé leur source d’inspiration chez Machiavel ou Clausewitz quand il s’agissait d’analyser les rapports sociaux sous l’angle des stratégies militantes.
-
[3]
L’Union des travailleurs communistes libertaires (utcl).
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[4]
Selon une étude par questionnaire effectuée lors du congrès de l’organisation en 2006.
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[5]
La notion de grammaire est issue de la sociologie pragmatique (Boltanski, Thévenot 1991). Elle désigne une analyse des logiques argumentatives des discours et des stratégies d’action des acteurs en établissant des homologies structurales avec des théorisations philosophiques. Une grammaire n’est pas une structure a priori, c’est une construction instrumentale effectuée par le/la sociologue afin de produire une description de la réalité qui permette d’ordonner la pluralité des phénomènes afin de les rendre plus intelligibles (Pereira 2010).
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[6]
À ce moment de son histoire, l’activité de cette commission, qui est mixte et comprend une petite dizaine de membres, repose principalement sur l’activité de trois militantes et d’un militant.
-
[7]
Collectif pour une alternative libertaire : nom donné aux groupes locaux d’al.
-
[8]
Cela désigne ici le danger que les luttes, au lieu d’être organisées de manière autonomes par les opprimé?e?s eux-mêmes, le soit par des militant?e?s issu?e?s d’un autre groupe social qui agissent ainsi de manière paternaliste.
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[9]
Solidaires Unitaires Démocratiques.
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[10]
Entretien avec C., militante à Paris, 12/2006.
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[11]
Collectif pour une alternative libertaire.
1À travers l’étude d’un terrain, où se sont déroulés des débats sur le genre, cet article se donne pour objectif d’aborder un certain nombre d’hypothèses théoriques sur la sociologie du militantisme à partir d’une approche pragmatique des épreuves de légitimité et de force au sein des rapports sociaux.
2La notion de rapport social est susceptible de deux approches. La première peut être qualifiée de structuraliste. Un rapport social est alors analysé sous la forme d’une structure sociale statique. Néanmoins la sociologie de l’articulation des rapports sociaux a renouvelé la conceptualisation de cette notion en insistant sur son caractère dynamique. Dans ce cas :
Le rapport social est, au départ, une tension qui traverse le champ social. Ce n’est donc pas quelque chose de réifiable. Cette tension érige certains phénomènes sociaux en enjeux autour desquels se constituent des groupes aux intérêts antagoniques.
4Le fait d’insister, pour définir les rapports sociaux, sur leur caractère dynamique peut alors rendre pertinent de les appréhender à partir d’une sociologie pragmatique qui part des actions, et non des structures sociales ou des intentions subjectives des actrices et acteurs.
5Cette démarche présente plusieurs avantages. Une sociologie pragmatique permet d’étudier les actions, qu’elles soient discursives ou non discursives. De fait, une épistémologie pragmatiste implique à titre d’hypothèse une ontologie [1] sociale moniste de l’action. Néanmoins, cette ontologie moniste admet un continuisme des propriétés. C’est ce que suppose la double approche par les épreuves de légitimité et les épreuves de force (Boltanski 2005 ; Chateauraynaud 2011) : il existe une continuité entre les deux.
6La notion d’épreuve de légitimité permet de saisir la dimension langagière, et donc culturelle et normative, du social. Tout en prenant en compte la pluralité des logiques de justification (Boltanski, Thévenot 1991) et d’action (Thévenot 2006), la notion de légitimité indique néanmoins que la prétention à une validité universelle n’est pas écartée (Habermas 1987 [1981]). La notion d’épreuve de légitimité implique ainsi une approche internaliste de la logique des disputes.
7Cependant, comme le montre Francis Chateauraynaud, il est nécessaire d’analyser les disputes en tenant compte de la manière dont les arguments sont soumis à des épreuves de force. La portée des arguments dépend alors des champs de force qu’ils traversent (Chateauraynaud 2011). L’analyse des épreuves de force permet de situer la sociologie pragmatique sur le terrain du réalisme politique. Il s’agit alors d’analyser les stratégies militantes à partir des présupposés de la théorie militaire [2]. En effet, on peut rappeler qu’il existe une abondante littérature militante sur les questions stratégiques et que ces dernières occupent nombre de débats entre militants. Ensuite, il est possible de souligner que le réalisme politique constitue un biais d’analyse des rapports sociaux, non seulement chez les praticiens (Blanqui, Bakounine, Lénine, Trotski, Guevara, Mao-Tsé-Toung…), mais également chez les théoriciens marxistes : à commencer par Marx, Sorel, Gramsci… Ainsi, Sorel (1908), par exemple, analyse la grève comme la forme d’action qui exprime de manière manifeste la guerre sociale que se livrent les capitalistes et les ouvriers en les mettant face à face comme deux armées sur un champ de bataille. Il y aurait donc une différence de degrés, et non de nature, entre la guerre dans laquelle s’affrontent des ennemis et le débat politique où se combattent des adversaires. Alors que dans le cadre d’une ontologie actionniste du social, les épreuves de légitimité renvoient à ce qui est de l’ordre de la signification et des normes, les épreuves de force constituent le versant matérialiste d’une physique des forces sociales.
8Cet article sera donc consacré à l’étude des épreuves de légitimité et de force au sein d’une organisation politique française située dans la mouvance anarchiste, Alternative libertaire (al). Fondée en 1991, à la suite d’une autre organisation communiste libertaire [3], cette nouvelle entité comprend officiellement trois cents personnes réparties dans différentes villes de France. Il s’agit d’une organisation composée de militant?e?s plutôt jeunes et d’étudiant?e?s dans le supérieur : 42,5 % ont moins de trente ans [4], 38 % sont étudiant?e?s ou lycéen?ne?s. Les militant?e?s, comme dans les autres organisations libertaires (Pucciarelli 2009), appartiennent de manière privilégiée à la classe moyenne ou à ce que l’on peut qualifier de petite bourgeoisie intellectuelle (Bihr 2012). L’intérêt de ce terrain, en ce qui concerne une sociologie des rapports sociaux de sexe à partir du militantisme, tient en particulier au fait qu’il s’agit d’une organisation comprenant 80 % d’hommes contre 20 % de femmes. Le caractère fortement masculinisé des organisations politiques (Boy et al. 2003) est accentué à l’extrême gauche et plus encore dans les organisations anarchistes (Luck, Pereira 2010). Cet aspect permet ainsi d’étudier le problème de l’articulation entre discours et pratiques. Comment, alors que les organisations anarchistes développent un discours militant féministe, les questions de genre peuvent-elles apparaître comme suscitant de fortes tensions, aboutissant régulièrement au désengagement de militantes déjà peu nombreuses ? Le second intérêt de ce terrain est qu’il permet d’étudier différentes modalités de recoupement des rapports sociaux : comment mettre en place des stratégies de remise en question des rapports sociaux au sein d’une organisation politique ? Ou, enfin, comment des militant?e?s peuvent-ils/elles essayer d’articuler pratiquement la lutte contre différents rapports sociaux ?
9L’enquête, qui a eu lieu entre 2006 et 2010, a été menée en situation de participation observante (Soulé 2007) : j’étais en effet militante dans cette organisation depuis un an au moment où j’ai pris la décision d’initier une étude sociologique comprenant des entretiens, des observations ethnographiques et une étude documentaire des écrits indigènes. J’ai souhaité inscrire ce travail dans une perspective épistémologique et méthodologique pragmatiste (Dewey 1993) : il ne s’agissait pas d’être une simple observatrice, mais d’expérimenter des hypothèses sur mon terrain (Barbier 1996). Il me semblait, par ailleurs, que les présupposés d’une épistémologie pragmatiste permettaient de ne pas conditionner l’objectivité scientifique à une fictive recherche de neutralité, mais de partir d’une hypothèse de continuité entre discours savant et discours militant. Ainsi, parce que les questions de genre m’intéressaient, je décidais en particulier de militer activement dans la commission anti-patriarcat de cette organisation.
Analyse grammaticale des disputes et des tactiques organisationnelles
10L’analyse sous forme de grammaire [5] me permettra de montrer, dans un premier temps, comment la structure logique interne adoptée par des actrices dans des épreuves de légitimité pour soutenir leurs positions peut être congruente avec leurs tactiques organisationnelles.
Deux grammaires au sein des épreuves de légitimité
11L’entrée dans les débats militants par des épreuves de légitimité, et non pas seulement par des épreuves de force, se justifie d’autant plus qu’entre militants et militantes d’une même organisation politique, ne se jouent pas uniquement des rapports sociaux, mais également des relations sociales (Kergoat 2009). On peut supposer qu’il existe ainsi un désir commun d’entretenir un lien social, de produire du consensus. Il est possible néanmoins de distinguer, à travers les débats militants concernant le féminisme, deux grammaires qui caractérisent chacune la logique argumentative d’une position militante sur les questions de genre.
12Les militant?e?s d’Alternative libertaire, dans le texte fondateur de leur organisation, accordent une place importante à la lutte contre les rapports sociaux de sexe :
13Avant l’adhésion des futur?e?s militant?e?s à Alternative libertaire, il leur est demandé de lire un texte qui présente les principales positions de l’organisation, Le Manifeste d’Alternative libertaire. Cette brochure contient un chapitre intitulé : « Un combat contre l’oppression des femmes ». Le texte précise en particulier les deux points suivants :
La lutte pour l’émancipation et pour l’égalité des femmes est un des thèmes essentiels du combat libertaire, indissociable pour nous de l’anticapitalisme et de l’antiétatisme ; [et] c’est pourquoi nous rejetons la conception traditionnelle du militant ouvrier et révolutionnaire dont la disponibilité pour la cause est fondée sur le confinement domestique d’un des conjoints.
15Alternative libertaire est, comme je l’ai mentionné, une organisation politique classée dans la mouvance anarchiste, mais qui entend dépasser un certain nombre de clivages antérieurs et recueillir l’héritage de traditions militantes :
La synthèse que nous recherchons ne se limite pas non plus à une confrontation positive des courants marxistes révolutionnaires et libertaires. Nous nous tournons également vers les acquis d’autres courants révolutionnaires et radicaux : autogestionnaires, écologistes, féministes, gauches syndicales…
17L’approche pragmatique en termes de grammaires m’a conduite néanmoins, par l’étude des controverses qui se déroulent au sein de l’organisation, à m’apercevoir que le texte de ce Manifeste semblait l’objet de deux interprétations distinctes, mais cohérentes. Certains discours semblaient exprimer que les luttes — féministes, écologistes, antiracistes — ont certes une spécificité et une autonomie relative, mais qu’elles dérivent néanmoins du système capitaliste : ils développent ainsi une position proche du féminisme lutte de classe (Trat 2011). D’autres militant?e?s interprètent ce texte comme signifiant qu’il existe des systèmes autonomes, au même titre que le système capitaliste, qui constituent le fondement de l’autonomie de l’ensemble de ces luttes. C’est ce qu’illustre la controverse suivante.
18À l’occasion du 8 mars 2007, la commission anti-patriarcat [6] écrit un tract prônant la disparition des catégories hommes et femmes. Aussitôt, une dispute éclate, un certain nombre de militant?e?s en critiquent le contenu via une liste mail interne.
19Face à ces remarques, la commission anti-patriarcat rédige une réponse. La première position qui est affirmée est la suivante :
Comme la disparition du système capitaliste suppose la disparition des catégories patronat et salariat, la disparition du système patriarcal suppose la disparition des catégories femmes et hommes.
21C’est à partir de cette affirmation que la commission anti-patriarcat justifie d’avoir rédigé un tract orienté sur la déconstruction des genres et des sexes.
22Cette affirmation suscite une seconde salve de critiques. G., militant à Paris, répond que la lutte anti-patriarcale ne peut être calquée sur la lutte contre le capitalisme :
Lors de la préparation du congrès, au CAL [7] Paris Sud, le présupposé de nos débats était : « La résolution de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, c’est la disparition de la bourgeoisie, on ne peut pas calquer ce schéma sur la lutte anti-patriarcale car on ne fera pas disparaître les hommes .» D’où l’intérêt de gagner les hommes à la lutte anti-patriarcale, alors que le ralliement de la bourgeoisie dans la lutte anticapitaliste est ultra-facultatif (je parle de la vraie bourgeoisie, pas des cadres).
24G. ajoute que la commission anti-patriarcat dépasse son mandat en prônant dans un tract la déconstruction des genres.
25L’analyse de cette controverse laisse apparaître deux grammaires différentes. Les deux relèvent de ce que j’ai appelé la grammaire socialiste (Pereira 2010) caractérisée par la place accordée à la conflictualité du social à travers la notion de ‘lutte des classes’. Les militants qui refusent la déconstruction de la catégorie sociale de sexe sont également opposés à la notion de ‘classe de sexe’. Pour eux, la lutte anticapitaliste continue à garder une centralité. Au-delà de l’apparente pluralité des luttes, celles-ci manifestent en réalité une unité puisqu’elles se structurent autour de la lutte anticapitaliste. Implicitement, ils adhèrent à une épistémologie rationaliste qui suppose la capacité de posséder une connaissance du réel permettant de réduire la pluralité de l’apparence au monisme de l’anticapitalisme (Bilge 2010). À l’inverse, les militant?e?s de la commission anti-patriarcat ont le souci de maintenir l’existence de plusieurs luttes des classes autonomes. Il y a donc ici un compromis entre une grammaire socialiste et ce que j’appellerai une grammaire nietzschéenne postmoderne (Pereira 2010). En effet, la dimension classiste renvoie à une grammaire socialiste, tandis que le pluralisme est une caractéristique de la grammaire nietzschéenne.
26Il est possible de remarquer qu’il existe une congruence entre la position adoptée par la commission anti-patriarcat au sein de ce débat et la stratégie organisationnelle qui a été proposée par cette commission lors d’un débat au congrès de 2010. Ainsi, la même logique grammaticale permet à la fois de rendre compte des argumentations des actrices et de leurs stratégies d’action. En effet, la position défendue de l’existence d’une lutte entre des ‘classes de sexe’ implique comme objectif stratégique l’abolition de ces classes. Or il est possible de montrer comment les actrices peuvent désirer mettre en adéquation la structure de l’organisation politique avec leur objectif stratégique.
Une grammaire congruente entre épreuve de légitimité et tactique organisationnelle
27Le fait que ces femmes militent dans une organisation généraliste peut-être perçu comme une marque de ce qu’elles tentent de développer, à savoir une stratégie d’articulation des luttes entre les différents rapports sociaux : capitalistes, patriarcaux, raciaux… Il est alors important que l’entrée pragmatiste sur les rapports sociaux par les mouvements sociaux puisse rendre compte des pratiques d’émancipation des acteurs et des actrices ou de leurs tentatives dans ce sens, et non pas seulement de la reproduction de ces rapports sociaux :
28Lors du congrès de 2010, deux motions, qui sont liées, sont déposées par la commission anti-patriarcat et rejetées par le congrès : l’une, dont j’avais largement participé à la rédaction, sur la pluralité des fronts de lutte et des systèmes d’oppression et, l’autre, principalement rédigée par une autre militante de la commission anti-patriarcat, proposant l’organisation en branches des différents fronts de lutte. Ces deux motions sont soutenues par les commissions anti-patriarcat et antiraciste. Il convient de souligner qu’elles sont rejetées alors que la Coordination des groupes anarchistes (cga) est intervenue la veille en congrès pour mettre en évidence son adhésion à la thèse selon laquelle il existerait une pluralité de systèmes de domination. L’enjeu de l’organisation en branches est le suivant : il existe au sein d’Alternative libertaire des branches et des commissions. Les branches fonctionnaient avec une forte autonomie visant à éviter le danger ‘substitutionniste’ [8] et permettant l’auto-organisation de deux catégories sociales : les travailleurs et les jeunes. En demandant à se constituer en branches, les commissions antiracistes et anti-patriarcat entendent faire reconnaître, dans la structure même d’Alternative libertaire, l’existence de systèmes d’oppression autonomes justifiant une organisation autonome des opprimé?e?s. Néanmoins, se pose un problème quant à la composition des membres de ces branches. En effet, le fait que la notion de ‘classe’, excepté en ce qui concerne le capitalisme, n’ait pas été actée par l’organisation fait que les militant?e?s de ces deux commissions n’osent pas aller jusqu’au bout de leurs démarches. Ils/elles se trouvent donc amené?e?s à soutenir une thèse quelque peu paradoxale : l’idée d’une autonomie des opprimé?e?s, mais également celle selon laquelle les autres membres de l’organisation pourraient, s’ils/elles sont intéressé?e?s par cette lutte, en faire partie. Or cette incohérence est remarquée par un militant opposé à la constitution des branches. Mais il faut bien reconnaître qu’un problème ontologique se pose : les opprimé?e?s sont-ils/elles ceux et celles qui se reconnaissent comme tel?le?s — auto-qualification de ‘racisé?e’ ou de transgenre par le sujet lui-même (conception subjectiviste) ou les opprimé?e?s sont-ils/elles ceux et celles qui sont assigné?e?s comme tel?le?s par l’organisation sociale (conception objectiviste) ? Deux autres arguments vont aboutir au refus de ces deux motions : l’existence controversée d’un mode de production raciste, l’existence discutée d’autres classes, telles que les classes de sexe, voire de ‘race’. En définitive, c’est une autre motion, proposant la constitution de ‘secrétariats d’interventions’, qui est retenue : ces secrétariats sont dotés d’une certaine autonomie, mais celle-ci n’est pas liée à l’existence d’un système ou même d’un front de lutte particulier, mais de nécessités pratiques d’organiser le fonctionnement concret d’un certain nombre de thématiques.
29À la suite de ce congrès, si la commission antiraciste continue à fonctionner et se trouve même renforcée par l’arrivée de militants — nouveaux venus dans l’organisation —, mais n’étant pas eux-mêmes nécessairement racisés, en revanche, la commission anti-patriarcat cesse quasiment de fonctionner. Cela tient en particulier au départ de l’une de ses militantes les plus actives et à une démotivation relative des autres militantes qui se trouvent incapables de continuer à soutenir l’activité de la commission.
30L’enjeu organisationnel consiste, pour les militantes qui soutiennent la commission anti-patriarcat, à faire en sorte que cette dernière ait un statut organisationnel équivalent aux deux branches que sont la jeunesse et l’entreprise. En dehors de ces deux branches et des deux commissions politiques que sont l’antiracisme et l’anti-patriarcat, l’organisation comprend des commissions techniques, telles que la commission journal ou web, qui n’ont pas vocation à être concernées par ces motions. L’analyse grammaticale des stratégies d’action militantes permet de faire ressortir la cohérence qui semble exister dans le milieu militant entre les théories défendues et les formes d’organisation. Pour les militantes de la commission anti-patriarcat, articuler dans la pratique les luttes contre les différents systèmes d’oppression supposait, au sein d’une organisation généraliste qui devait réunir les différents opprimés, que le mode de fonctionnement collectif porte la marque de la pluralité des rapports sociaux sans que ceux-ci soient hiérarchisés. Les militantes de la commission anti-patriarcat défendent une position féministe matérialiste, admettant une pluralité de rapports sociaux, qui accorde un niveau équivalent à la lutte contre le capitalisme et à celle contre le patriarcat. Cette position se traduit par la tentative de réaliser cette non-hiérarchisation dans la structure même de l’organisation politique. Pour réaliser cet objectif, ces militantes se sont confrontées à une épreuve consistant à présenter deux motions lors d’un congrès et à les défendre lors de débats argumentés. Il s’agit ici du mode opératoire conscient et intentionnel adopté par les actrices. Néanmoins, l’étude des épreuves de force ne peut s’en tenir à l’analyse des stratégies des actrices, car l’issue de l’épreuve de force dépend également de l’état initial des forces en présence, des ressources qu’elles ont à leur disposition…
31Deux questions se posent alors. Est-ce uniquement des défauts de cohérence dans l’argumentation ou de consistance des arguments qui peuvent expliquer l’échec de ces deux motions ? Comment expliquer par la suite le désengagement militant des membres de cette commission ?
Les facteurs pouvant expliquer l’échec de cette tactique
32L’hypothèse qui est faite ici, pour rendre compte de l’échec à l’issu de l’épreuve, consiste à analyser la situation afin de mesurer l’état des rapports de force. Cela suppose de prendre en compte différents éléments comme : le nombre de forces militantes dans chaque camp, la capacité à effectuer des alliances, les ressources dont disposent les actrices…
Un différentiel numérique initial, mais non mécaniquement évaluable
33Le résultat d’un vote tient à la force du nombre. De fait, il peut apparaître évident, en se situant au niveau de l’analyse de la structure macrosociologique, de souligner le rapport social défavorable aux femmes qui fait qu’elles s’engagent moins dans l’espace public. Je l’ai mentionné en introduction : les femmes sont sous-représentées dans les organisations politiques et a fortiori en très nette minorité à Alternative libertaire. Pour autant, il ne faut pas réduire trop mécaniquement le niveau pragmatique des épreuves à celui de la structure sociale. Cet aspect vaut dans le cas présent pour plusieurs raisons.
34La première tient au fait que la commission anti-patriarcat d’Alternative libertaire n’est pas en droit et de fait non mixte, de même que la commission antiraciste n’est pas composée uniquement de personnes ‘racisées’. Cependant, il est exact que dans les faits la commission anti-patriarcat était majoritairement composée de femmes.
35Au sein d’Alternative libertaire, à l’issue du congrès de 2006, moment où je commence mon étude, la commission anti-patriarcat se trouve renforcée de nouvelles arrivées (après néanmoins le départ de deux militant?e?s qui se désengagent plus ou moins rapidement de l’organisation). La commission comprend, durant la période de mon enquête, entre cinq et dix militantes actives selon les périodes. De l’ancienne commission, il demeure en particulier deux militantes. L’une a commencé à militer dans les milieux féministes durant les années 1980, la seconde, plus jeune, dans les années 1990 à Sud étudiant [9] avant de rejoindre Alternative libertaire. Dans cette commission mixte, il n’y eut jamais, durant mon enquête, plus d’un militant homme actif. À l’issue du congrès de 2006, un militant rejoint la commission, il s’agit d’un doctorant en biologie habitant à Paris. Une militante, elle aussi doctorante mais en géographie à Paris intègre la commission. D’autres militantes, dont deux à Nantes, se rapprochent de la commission anti-patriarcat, mais le fonctionnement à distance s’avère compliqué. De fait, l’animation de la commission demeure principalement parisienne.
36La seconde raison tient au fait que les militant?e?s qui défendent généralement les positions de la commission anti-patriarcat et qui soutiennent ces motions ne sont pas exclusivement des femmes, tout comme ceux et celles qui y sont opposé?e?s ne sont pas uniquement des hommes :
37Ce décalage apparaît par exemple dans le récit que me fait un couple de militants — un homme et une femme — à propos des débats qu’ils ont au sein de leur groupe local au sujet des motions proposées par la commission anti-patriarcat. Tous deux sont favorables à ces textes, mais ils doivent affronter une militante qui ne les considère pas comme pertinents. Elle-même estime ne pas être opprimée et refuse ce qu’elle considère comme une victimisation.
38Les camps et les alliances qui se forment ne s’effectuent pas durant les épreuves pragmatiques uniquement sur la base de la place objective au sein des rapports sociaux de sexe.
Ressources mobilisées dans les épreuves et possibilités de constituer des alliances
39Pour analyser le rapport de force au cours de l’épreuve, il apparaît nécessaire de prendre en compte également les ressources (Blin 2005). Parmi celles-ci, certaines prennent appui sur le capital scolaire (Bourdieu, Passeron 1964) et militant (Matonti, Poupeau 2004) des animatrices de la commission. En effet, leur diplôme se situe entre un niveau Bac + 5 et Bac + 8. Ces ressources scolaires peuvent être réinvesties dans leur activité militante. Par exemple, deux d’entre elles ont une expérience en tant qu’enseignante qui peut être reconvertie dans la prise de parole lors des débats. En outre, elles ne sont pas des primo-militantes : elles ont eu un engagement au moins au sein d’un syndicat ou d’une association avant d’avoir milité au sein d’Alternative libertaire. En 2010, au moment du congrès, elles militent depuis au moins quatre ans dans cette organisation et ont donc déjà pu prendre part à deux congrès. Cette ancienneté dans l’organisation leur a permis d’acquérir un capital d’autochtonie (Renahy 2010). Ce profil sociologique était déjà à noter concernant des femmes ayant quitté la commission anti-patriarcat. C’était notamment le cas d’une militante qui s’est désengagée à l’issue du congrès de 2006.
40En 2004, une motion anti-patriarcat a été adoptée lors du congrès d’Angers d’Alternative libertaire. Cette motion acte en particulier le fait que les militant?e?s de l’organisation ne combattent pas uniquement le sexisme, qui est présenté comme un ensemble de discours et de comportements, mais un système ayant une base économique matérielle, le patriarcat. À l’origine de cette motion se trouve le travail de la commission anti-patriarcat. En particulier, les innovations théoriques qu’elle porte lors des congrès de 2004 et de 2006 l’ont été principalement à l’initiative d’une militante. Ayant commencé à être active dans le cadre des mouvements étudiants de 1986, cette militante — dont la famille est issue de l’immigration espagnole — avait commencé une thèse de sociologie sur une analyse intersectionnelle ‘sexe, race, classe’ au sein du syndicalisme, qu’elle a abandonnée au moment de sa phase de rédaction. Mais elle va réinvestir certains éléments de son capital scolaire en capital militant (Matonti, Poupeau 2004). Elle va ainsi tenter d’introduire des éléments issus du féminisme matérialiste et des gender studies qui, dans le cadre de cette organisation, apparaissent comme des innovations théoriques. Comme elle le précise dans un entretien que j’ai effectué avec elle :
Ce que je fais du côté de l’anti-sexisme et de l’anti-patriarcat, c’est un peu ce que j’ai réinjecté — avec des succès inégaux — dans l’orga [10].
42D’ailleurs, j’ai sans doute été en partie sensibilisée par elle aux thématiques de l’intersectionnalité. Néanmoins, dans le sillage du congrès d’Alternative libertaire de 2006, elle se désengage progressivement de l’organisation au point de la quitter définitivement.
43On peut néanmoins remarquer que ce profil pourrait apparaître congruent avec une minorité importante de l’organisation, puisque 42,5 % sont étudiant?e?s ou lycéen?ne?s. Cependant, trois points induisent des éléments de différenciation au niveau du profil sociologique de ces militantes. Leur capital scolaire, outre le fait d’être relativement élevé, se caractérise par des études en sciences sociales. Les positions défendues sont ainsi marquées implicitement par un constructivisme social. Elles vivent pour la plupart à Paris où elles ont effectué des études ou entretiennent des liens avec le milieu féministe estudiantin parisien.
44À l’inverse, ceux qui sont opposés aux positions de la commission anti-patriarcat lors des débats sur les listes de diffusion ou de ceux des congrès sont principalement des hommes, vivant en province ou ayant effectué leurs études en province. Ils sont ou ont été plutôt étudiants en histoire, voire pour certains ont une formation tournée vers les sciences de la nature. Pour les plus âgés, ils se caractérisent aussi par le fait d’être parents et d’attacher à la question de la maternité une place plus importante dans leurs arguments.
45Ces différences de profils sociologiques jouent dans la capacité à pouvoir effectuer des alliances dans les épreuves de force. Pour comprendre comment celles-ci peuvent se constituer de manière plus privilégiée au sein de l’organisation, il est nécessaire d’éclairer également des aspects de son fonctionnement statutaire. Les militant?e?s sont organisé?e?s sur la base de groupes locaux appelés cal [11]. Les réunions ont lieu normalement tous les quinze jours. Les textes de congrès sont discutés et amendés en amont au sein des cal. Néanmoins, les votes sont individuels et il n’existe pas de tendances. Par ailleurs, dans une organisation où les rétributions militantes économiques (Gaxie 1977) ne donnent pas lieu à une indemnisation des mandats politiques, accepter ces mandats signifie prendre en charge un surcroît de travail ; il n’y a, par conséquent, pas de concurrence pour ceux-ci.
46Dès lors, le premier élément qui joue dans les alliances au sein des épreuves de force est la tendance des votes à s’homogénéiser au sein d’un cal du fait des débats qui y sont menés. Ainsi, les votes sont différents selon qu’au sein du cal figurent un ou des membres de la commission anti-patriarcat ou un adversaire de la motion. Le second critère semble être la nature du capital scolaire. Le fait d’avoir effectué des études en sociologie ou en philosophie, par exemple, favorise l’adoption par une actrice ou un acteur de thèses qui présupposent un cadrage constructiviste social. Ainsi, dans les cal où ne figurent pas de membres de la commission anti-patriarcat, ceux qui sont favorables à ces positions ont souvent également ce type de formation.
47Enfin, il arrive qu’un certain nombre de jeunes militant?e?s arrivent au congrès en ayant une faible connaissance des enjeux de certaines motions et sans avoir connaissance de l’antériorité des débats au sein de l’organisation. Leur adhésion à telle ou telle position peut alors être plus aléatoire et dépendante de ce qu’ils comprennent des débats.
48* * *
49En définitive, quelles sont les pistes permettant d’éclairer les causes du désengagement des militantes de la commission après cette épreuve ? Il faut se garder d’une illusion rétrospective déterministe. En effet, les formes de conflits asymétriques telles que les guérillas montrent que les épreuves de force ne mettent pas seulement en œuvre l’état structurel des rapports de force, mais également, par exemple, les types de stratégies. Ainsi, ce point permettrait de rendre compte de la manière dont les rapports sociaux peuvent être également vecteurs d’émancipation alors même qu’il existe un rapport de force structurel inégalitaire.
50Il est possible que l’existence d’une incohérence argumentative et l’énoncé de contre-arguments convainquent une majorité des présent?e?s au congrès : cela constituerait alors un facteur d’explication. Pour autant, tout ne se joue pas comme on l’a vu au niveau des épreuves de légitimité. Les militantes de la commission anti-patriarcat disposaient, en outre, de ressources particulières liées à un capital scolaire et militant. Néanmoins, ces éléments ne sont pas parvenus, finalement, à contrebalancer l’infériorité numérique structurelle des femmes et la capacité relativement limitée des membres de la commission à agréger des alliées.
51En ce qui concerne l’épilogue de ce congrès qui conduit au désengagement plus ou moins important des militantes : plusieurs formes d’exit (Hirschman 1995) sont observées, allant de la cessation de l’implication dans la commission à l’arrêt du militantisme au sein de l’organisation, jusqu’au départ de l’organisation de l’une de ces militantes. On peut se demander si ce n’est pas le déséquilibre initial dans les rapports de force qui conduit à cette conséquence, et en tirer l’hypothèse d’un cercle vicieux : peu de femmes s’engagent dans cette organisation politique, mais celles qui le font sont dans une situation d’infériorité au niveau du rapport de force, elles finissent par se décourager et quittent l’organisation… En définitive, l’infériorité numérique entretiendrait la sous-implication des femmes et leur désengagement. On peut néanmoins se demander s’il faut en tirer des conclusions fatalistes. Il faudrait peut-être tester l’introduction de mesures volontaristes visant à compenser l’inégalité numérique à la fois dans la prise de parole et dans le nombre de voix qu’une femme pourrait mettre en jeu lors du vote sur une motion féministe pour voir si celles-ci freinent les vagues de désengagement militantes constatées.
Bibliographie
Références
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Mots-clés éditeurs : sociologie du militantisme, luttes, militantisme, stratégies, alternative libertaire, anti-patriarcat
Date de mise en ligne : 05/12/2013.
https://doi.org/10.3917/cdge.055.0131Notes
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[1]
Sur l’intérêt d’une ontologie des êtres sociaux, on peut se reporter aux travaux de Frédéric Nef (2009). Cette sociologie n’introduit pas un dualisme entre la force et le droit qui renverrait à un dualisme métaphysique entre matière et esprit.
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[2]
En effet, les analyses stratégiques en sociologie ont été conduites le plus souvent à partir des présupposés du calcul rationnel de l’individualisme méthodologique. Néanmoins, il existe dans d’autres disciplines, comme les relations internationales, des théories d’analyse des conflits dont les présupposés sont davantage en cohérence avec ceux du matérialisme. En effet, les praticiens et les théoriciens marxistes ont bien souvent trouvé leur source d’inspiration chez Machiavel ou Clausewitz quand il s’agissait d’analyser les rapports sociaux sous l’angle des stratégies militantes.
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[3]
L’Union des travailleurs communistes libertaires (utcl).
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[4]
Selon une étude par questionnaire effectuée lors du congrès de l’organisation en 2006.
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[5]
La notion de grammaire est issue de la sociologie pragmatique (Boltanski, Thévenot 1991). Elle désigne une analyse des logiques argumentatives des discours et des stratégies d’action des acteurs en établissant des homologies structurales avec des théorisations philosophiques. Une grammaire n’est pas une structure a priori, c’est une construction instrumentale effectuée par le/la sociologue afin de produire une description de la réalité qui permette d’ordonner la pluralité des phénomènes afin de les rendre plus intelligibles (Pereira 2010).
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[6]
À ce moment de son histoire, l’activité de cette commission, qui est mixte et comprend une petite dizaine de membres, repose principalement sur l’activité de trois militantes et d’un militant.
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[7]
Collectif pour une alternative libertaire : nom donné aux groupes locaux d’al.
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[8]
Cela désigne ici le danger que les luttes, au lieu d’être organisées de manière autonomes par les opprimé?e?s eux-mêmes, le soit par des militant?e?s issu?e?s d’un autre groupe social qui agissent ainsi de manière paternaliste.
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[9]
Solidaires Unitaires Démocratiques.
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[10]
Entretien avec C., militante à Paris, 12/2006.
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[11]
Collectif pour une alternative libertaire.