Notes
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[1]
1,4 % de femmes dans la métallurgie en 1896 (Battagliola 2004, p. 28), 4 % en 1906, 15 % en 1954 (Tilly, Scott 2002 [1978]), 21 % dans les années 2000 (Source : cgt métallurgie, fgmm-cfdt, fo Métaux, cftc, cfe-cgc, 2008, en ligne).
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[2]
Sur cette question, voir Demanget, Vinel (2009) et Vinel (2010).
-
[3]
La vallée de la Fensch est composée d’une dizaine de communes dont l’activité principale était la métallurgie du milieu du xixe siècle aux années 1990. Ces communes comptaient entre 4 000 et 10 000 habitants entre les deux guerres où populations rurales et ouvrières étaient majoritaires, population qui s’est accrue de 1950 à 1970, avec le développement de l’activité sidérurgique. Cette vallée a connu, dès la fin du xixe siècle, plusieurs vagues de migrations venues d’Italie et des pays de l’Est (Pologne, Ukraine) et après la Seconde Guerre mondiale d’Afrique du Nord (Algérie) (Galloro 2001 ; Boubeker, Galloro 2007).
-
[4]
Le silence de la participation des femmes à l’action collective dans cette région tient sans doute à ce que d’autres auteurs ont identifié comme une invisibilisation sociale et épistémologique (Contamin 2007).
-
[5]
Dans la lignée des écrits de Kergoat (1982), Mathieu (1985), Guillaumin (1992) notamment.
-
[6]
Cf. Giddens (1994) ; Butler (2005) qui définit le genre comme une performance en situation et met en évidence, comme d’autres féministes anglophones, les capacités d’agir des femmes et des autres minorités.
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[7]
L’étude, commanditée par la Communauté d’agglomération du Val de Fensch, s’est déroulée en 2004 et 2005 auprès de cinquante-sept femmes et hommes. Elle a donné lieu à un rapport de recherche (Vinel 2006).
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[8]
Globalement, les syndicats ont été réticents à ouvrir aux femmes des droits politiques et les considéraient comme des épouses de militants ou des gestionnaires de la logistique (Loiseau 1996 ; Perrot 1998 ; Guionnet, Neveu 2004). En Lorraine, la présence de syndicats professionnels féminins d’inspiration chrétienne est repérée à partir de 1919 en Meurthe-et-Moselle et après 1936 en Moselle, dans le textile, la couture, chez les employées de bureau, mais pas dans la sidérurgie où les femmes pouvaient remplir des rôles de secrétariat (Conraud 1988).
-
[9]
Dans une vallée où le syndicat majoritaire était la cfdt (Confédération française du travail), l’Union des femmes françaises (uff) d’obédience communiste était peu représentée, contrairement à des vallées limitrophes ou à d’autres régions industrielles (Loiseau 1996).
-
[10]
Au niveau national, les premiers services d’aides familiales pour les mères aux foyers sont nés en 1942 dans une section de la Ligue ouvrière catholique à Lyon. Ils furent mis en place pour répondre aux besoins des mères de familles populaires de plus de trois enfants surchargées par les tâches. Ils eurent aussi pour objectif de former les mères, peu préparées à la situation de guerre, à gérer la pénurie (Jeanne Picard, in Dermenjian 1991, p. 42). En Moselle, la première apaf est créée en 1945 à Metz (source : http://www.afad.fr, consulté le 4 janvier 2012).
-
[11]
Le Mouvement populaire des familles (mpf) est déconfessionnalisé en 1949. En 1957, le Mouvement de libération du peuple (mlp), qui en est issu, se fond dans l’Union de la gauche socialiste (ugs) et les associations familiales qui dépendent de lui (Associations familiales ouvrières – afo) prennent leur indépendance définitive en devenant la Confédération familiale des familles (csf). En 1966, l’autre branche du mpf, les apf prennent leur indépendance par rapport au Mouvement de libération ouvrière (mlo) et signent la charte mlo-apf. Le mlo fusionnera ensuite avec le Centre de culture ouvrière (cco) pour devenir Culture et liberté. En 1976, les apf deviennent la Confédération syndicale du cadre de vie (cscv) laissant une minorité militer à l’Union nationale des associations familiales (unaf) (Dermenjian 1991, p. 7-8). Dans les communes de la Fensch, les actions se laïcisent et se co-construisent avec celles de l’éducation populaire et de l’animation socioculturelle.
-
[12]
Cet atelier d’écriture, mené de 1999 à 2003, a donné naissance à une pièce de théâtre et à un livre (Collectif, sans date).
-
[13]
Ce nom est fictif.
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[14]
On sait que les activités ménagères des femmes ouvrières étaient contrôlées par l’entourage (Le Tirant 2002, par exemple).
-
[15]
Ce couple était plus favorisé que les autres car il déléguait une partie du travail domestique à une femme de ménage.
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[16]
L’évocation, dans les entretiens, de la prise en charge des tâches domestiques par les hommes ne manque pas de s’accompagner de rires de la part des femmes, ce qui dénote son caractère encore hors norme parmi les interviewées.
-
[17]
Ce terme récurrent dans les propos des interviewées est repris ici en tant que catégorie indigène pour souligner tout le sens que les femmes mettent dans cet engagement (Weber 1989).
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[18]
Parmi les femmes rencontrées aux carrières de militantes, seule cette dernière a immigré (à l’âge 4 ans). Des femmes immigrées rencontrées (polonaises, ukrainiennes, maghrébines) ont plutôt investi les associations d’originaires (Demanget 2006).
-
[19]
La situation n’est pas comparable à ce que décrivent, par exemple, Alvim, Leite Lopes (1989) dans le Nordeste brésilien.
-
[20]
Quatre femmes parmi les interviewées n’ont pas le certificat d’études, l’une a le certificat d’étude, quatre ont un cap ou bep. Les deux plus jeunes (41 et 52 ans) ont un niveau supérieur : l’une le niveau baccalauréat, et l’autre une licence. Trois femmes n’ont jamais eu d’emploi salarié.
-
[21]
Cf. Rochette et Simon (2008) et : www.senat.fr/senateur/printz_gisele96007g.html, consulté le 28 mars 2012.
-
[22]
Plusieurs des femmes rencontrées ont été actives dans les grèves et les manifestations pour le maintien de la sidérurgie en Lorraine des années 1970 et 1980, mais nous ne disposons pas de données suffisamment précises pour le développer. Ces mouvements étaient, à notre connaissance, avant tout portés par les hommes, pour le maintien de l’outil de travail masculin et de l’activité économique principale de la vallée, comme en atteste un mouvement similaire en ce début 2012 (Libération, 23 février 2012 ; Le Monde, 15 mars 2012).
1Le milieu lorrain de la métallurgie est historiquement un bastion masculin [1], et la présence féminine dans l’espace public, qu’il soit celui de l’emploi ou des affaires de la cité, est restée invisible jusque récemment [2]. Pourtant, dès les années 1950, dans la vallée de la Fensch [3] (Moselle), des femmes, issues de milieu ouvrier et nées dans les années 1930 et 1940, se sont engagées dans des associations issues du Mouvement populaire des familles (mpf), ont été à l’origine d’actions d’éducation populaire et, pour certaines, se sont investies aux niveaux syndical et politique. L’article s’attache donc tout d’abord à souligner l’engagement public, souvent multiple, de femmes dans cette vallée où les mouvements sociaux masculins des années 1970 et 1980 ont été particulièrement valorisés (Conraud 1988 ; Donati 1994) [4]. Le militantisme féminin, nous le verrons, n’a pas remis en cause les rapports de genre dominants, mais a ouvert la porte pour ces femmes à une capacité d’agir que leur éducation leur avait interdit. L’article tente donc d’allier une double dimension théorique : d’une part, mettre en évidence les rapports asymétriques dans lesquels s’inscrivait le militantisme féminin de cette vallée [5], d’autre part, souligner la capacité d’action et de réflexivité de ces femmes [6]. Notre propos s’appuie sur une enquête ethnographique par récits de vie qui portait sur la mémoire féminine de cette vallée [7]. Parmi les quarante-six femmes rencontrées, onze avaient connu un engagement soutenu dans la sphère publique, ce qui nous a conduit à approfondir leurs parcours de vie. La perspective de l’article s’insère dans une démarche de « narrativisme compréhensif » (Bessin, Bidart, Grossetti 2010, p. 33) pour rendre compte du sens que les actrices donnent à leurs actions et à leur biographie. Or, comme l’a enseigné Maurice Halbwachs (1994), la mémoire est toujours une reconstruction et les biographies recueillies sont ainsi le fruit de ce travail de mémoire dans les situations d’entretiens avec les chercheures au moment de l’enquête (Wieviorka 1998 ; Bertaux 2005 ; Demanget, Vinel 2009). Notre démarche n’est donc pas historique au sens strict même si elle porte sur le passé. Mais, en recoupant les témoignages, l’étude a permis aussi de mettre au jour une réalité sociale. Ainsi, un premier point exposera les mouvements dans lesquels les femmes se sont successivement investies en soulignant les logiques dont elles étaient porteuses.
2Dans cette vallée, l’engagement public était souvent une affaire de couple. Or, l’articulation entre travail domestique et activité publique féminine est un enjeu crucial comme d’autres auteures l’ont montré dans leur analyse sexuée des mouvements sociaux tels que les grèves de longue durée (Maruani 1979 ; Kergoat et al. 1992) ou le militantisme (Loiseau 1996 ; Guionnet, Neveu 2004). On interrogera donc dans un deuxième point comment les relations de genre ont été négociées entre la sphère privée et la sphère publique par ces femmes d’une génération et d’un milieu où les assignations sexuées étaient particulièrement rigides.
3Plusieurs auteur?e?s ont décrit les rapports sociaux de sexe qui se jouent dans les mouvements sociaux (Kergoat et al. 1992) soulignant la reproduction de la division sexuée et hiérarchisée du travail militant (Fillieule, Mathieu, Roux 2007 ; Dunezat 2008). Notre dernier point approfondira, plutôt, le rôle déclencheur de ces engagements associatifs dans le parcours biographique de ces femmes.
Un engagement initié dans les associations de mouvements populaires familiaux
4Dans la vallée de la Fensch, comme dans d’autres régions (Fayet-Scribe 1990 ; Dermenjian 1991 ; Loiseau 1996 ; Diebolt 2001), les femmes ont dans un premier temps été mobilisées dans des associations à destinations sociale et familiale en complémentarité avec les activités syndicales professionnelles masculines [8]. Après guerre, deux associations à majorité féminine se sont développées : l’Association populaire française (apf) et l’Association populaire des aides familiales (apaf) [9]. Issue de la scission du Mouvement populaire des familles (mpf) en 1951 (Dermenjian, Loiseau 2005), l’apf avait pour objectif le soutien aux activités maternelles et domestiques. L’apaf, devenue en Moselle l’afad en 1981, avait vocation à gérer les travailleuses familiales.
5Les activités de l’apf et de l’apaf à Florange, Nilvange, Uckange, Fameck visaient à améliorer la condition des femmes dans leur foyer. Elles héritaient en cela du catholicisme social qui, au tournant du xxe siècle, a substitué à la charité chrétienne le rôle social d’éducation des femmes (Dermenjian 1991 ; Loiseau 1996). Ces mouvements avaient pour objectifs que les femmes se prennent en charge par elles-mêmes, ce qui diverge amplement des œuvres de charité animées par les femmes de la bourgeoisie (Fayet-Scribe 1990). Les militantes instauraient ainsi des services au bénéfice des familles ouvrières dont elles faisaient partie.
6Dans la vallée de la Fensch, les services d’aides familiales (apaf) ont été mis en place dès le début des années 1950 [10] en employant des travailleuses familiales qui intervenaient dans les familles pour des problèmes alors exclusivement considérés comme féminins : travail domestique de soutien pendant la grossesse, en cas de maladie ou d’hospitalisation de la mère, et auprès des mères de familles nombreuses.
7De 1950 à 1970, dans le cadre de l’apf, des services au niveau du quartier ou de la commune étaient proposés par les femmes pour les femmes en matière de tâches domestiques, de garde d’enfants, d’éducation à la diététique, à l’équilibre budgétaire ou à la santé. Par exemple, la première action proposée par l’apf au milieu des années 1950 a été d’acheter des machines à laver et de les prêter aux femmes afin d’alléger la lessive qui était alors particulièrement longue et difficile.
8Ces activités s’inscrivaient dans les rôles sociaux de la mère de famille ouvrière (cuisine, couture, budget, lessive) et confortaient la répartition sexuée des rôles masculin et féminin. Toutefois, la démarche d’agir en défendant par elles-mêmes leurs intérêts de femmes du quartier allait à l’encontre de tout paternalisme social. Les militantes insistent, par exemple, sur le fait que l’organisation du travail des travailleuses familiales (qu’elles assuraient bénévolement) était un véritable emploi, nécessitant des compétences de gestion du personnel.
9Elles mettent aussi en exergue que la demande devait émerger de la base, et ne pas être imposée par le haut, la responsable de quartier ou la professionnelle du social. C’est ce qui ressort du témoignage d’une militante, orpheline de guerre, épouse d’un technicien, et engagée dès le début des années 1960 :
[…] On faisait des réunions dans le quartier, ici… moi j’étais responsable de mon quartier, donc, j’invitais les autres femmes, ici. […] La conseillère [ménagère] était présente et elle nous écoutait et à partir de là, elle avait une idée de ce qu’on voulait et elle nous proposait.
11Dans ces propos, sont perceptibles les principes qui prédisposaient à l’action des mouvements familiaux populaires pour qui, dans la lignée de la Jeunesse ouvrière chrétienne, l’action était réalisée « entre elles, pour elles, par elles » (Femme, née en 1953). Leur approche se démarque nettement des logiques d’action des bénévoles des associations caritatives actuelles qui, pour Philippe Lyet (2003), s’articulent sur une perception émotive des problèmes à traiter et une conception ‘magique’ de l’action bénévole fondée sur les qualités personnelles. Elle s’apparente plutôt à des modes de socialisation horizontale centrés sur le quotidien qui s’appliquent aujourd’hui dans certaines associations de quartiers populaires (Faure, Thin 2007). Toutefois, l’intervention restait ciblée sur l’individu et une analyse unidimensionnelle des questions féminines.
12On retrouve, dans les années 1970-80, les mêmes militantes dans une diversité d’activités sociales et culturelles, laïcisées, qui se structurent en associations et s’intègrent aux centres sociaux ou socioculturels [11]. Ainsi plusieurs femmes — et leurs époux pour elles — revendiquent d’avoir participé à la constitution des centres socioculturels des communes de Florange et d’Uckange, par exemple. Au fil de la transformation de la société (accroissement de l’emploi des femmes, avènement de la société de consommation), les actions se sont moins orientées envers les familles ouvrières, qui n’étaient plus perçues comme un public en demande, que vers des publics spécifiques, notamment les femmes étrangères. Les thématiques des associations se sont diversifiées (lutte contre l’alcoolisme, association de défense des consommateurs et des usagers, confédération syndicale du cadre de vie, mémoire ouvrière, alphabétisation) et l’engagement de ces femmes s’est parfois transformé en bénévolat associatif, mais plusieurs — nous le verrons — se sont alors investies dans des activités politiques et syndicales. La philosophie héritée du militantisme au mpf restait omniprésente : partage de savoir-faire, valorisation de chacune, initiative de la base, comme l’illustre un atelier d’écriture de la mémoire féminine lancé par quatre femmes issues du milieu ouvrier à Florange [12]. Cette exigence était telle que certaines militantes ont quitté les centres socioculturels lorsqu’elles ont trouvé que les activités proposées ne relevaient plus de ces valeurs.
13Cette transformation d’une militance familiale chrétienne en éducation populaire s’est articulée avec les actions des époux, souvent élus dans les conseils municipaux.
Entre privé et public : le couple au regard de l’engagement
14Dans une dynamique d’affranchissement féminin, l’articulation entre le travail domestique et l’activité dans la sphère publique s’avère toujours un objet de négociations (Maruani 1979 ; Loiseau 1996 ; Tilly, Scott 2002 [1978] ; Méda, Périvier 2007). Pour sept des femmes rencontrées, le militantisme était une affaire de couple. Une répartition sexuée entre le militantisme de travail masculin et le militantisme familial des femmes perdurait dans certains couples issus des mouvements populaires familiaux et souvent nés avant la Seconde Guerre mondiale. La génération née après-guerre pratiquait plutôt un investissement partagé qui se répercutait autant dans la vie privée que publique.
15Le début du parcours de cette militante de l’apf, en 1960, alors que son mari était délégué à la cfdt, s’inscrit dans la logique de la division sexuée du militantisme qu’elle explicite :
Des revendications de la mère de famille… que les hommes négligeaient complètement, ils allaient à leur travail, ils avaient leurs revendications de travail, les conditions de travail. Mais nous, finalement on a pris conscience qu’on avait des conditions de travail aussi, qu’il fallait réfléchir et puis faire quelque chose aussi…
17Monsieur et madame Claudel [13] évoquent, dès le début de l’entretien, la répartition sexuée de leur engagement des années 1960 aux années 1970 :
Ben on a beaucoup milité hein tous les deux. On a beaucoup milité, enfin mon mari syndicalement, moi plus au plan social.
19Investis tous les deux dans le mouvement des cadres catholiques, chacun avait également son militantisme personnel, à la cfdt pour l’époux et dans différents organismes socioculturels et parentaux pour l’épouse. Un autre couple très actif dans la vallée, de la fin des années 1950 aux années 1970, a aussi suivi une répartition similaire : pendant que madame militait à l’apaf et à l’apf, son mari, militant cfdt, puis élu dans des conseils d’administration paritaires et au niveau territorial (commune, conseil général) soutenait les projets portés par les épouses : mise en place de garderies d’enfants, interventions de professionnelles dans les réunions, financements par la Caisse d’allocation familiale (caf), création de centres sociaux et socioculturels. Aux femmes les revendications de soutien à leur fonction maternelle, aux hommes l’appui institutionnel :
Il fallait faire des démarches vis-à-vis de la caf. C’est vrai qu’elles [les militantes] ont été aidées. Moi j’étais administrateur à la caf à cette époque et je connaissais bien le directeur de l’assistance sociale à l’époque.
21Malgré le maintien de la division sexuée du travail militant — qui perdure aujourd’hui au sein des mouvements mixtes (Dunezat 2008) — ces couples ont construit conjointement la politique sociale locale initiant dès les années 1960, par exemple, des haltes-garderies pour enfants, ce qui était novateur.
22Surtout, l’engagement public de ces femmes, dès les années 1950 pour certaines, et 1960 pour les autres, a provoqué une dynamique dans la division sexuée des tâches : certains conjoints ont été obligés de dégager en partie les femmes des tâches domestiques. Tel est le cas, dans les années 1960, de cette militante qui rapporte comment son mari a dû, non sans résistance, s’occuper davantage des enfants en bas âge pendant qu’elle militait :
— Souvent, le mari, lui, partait au travail, et rentrait, les pieds sous la table, il repartait au boulot, il allait à son syndicat, quand il rentrait, les enfants étaient au lit, ils avaient pris leur douche, enfin, leur bain et tout ça…
— Et qu’est-ce qu’ils vous ont dit vos maris quand vous avez commencé à vouloir faire quelque chose ?
— Ben, ça leur a pas tellement plu, c’était comme ça, ça les dérangeait, parce que bon, si je partais à une réunion le soir, il y avait les enfants à coucher, c’était, c’était un peu dur… mais bon, on [les femmes de l’association] avait décidé.
24Ces femmes, y compris celles nées entre les deux guerres, se sont distanciées de leur rôle de ménagère dans un contexte social pourtant très contraignant [14].
25Et, cette répartition sexuée du travail militant des couples s’est assouplie dès le début des années 1980. Ainsi, monsieur Claudel s’est investi dans les fédérations de parents d’élèves pendant que son épouse entrait dans les conseils d’administration du centre social et en devenait présidente [15].
26L’articulation public/privé pour les femmes s’est adaptée au cycle de vie familial : avant les naissances, lorsque les enfants étaient grands ou après leur veuvage, les femmes avaient davantage de temps pour participer à la vie publique. La retraite précoce des époux dans la sidérurgie (dès 55 ans) a contribué aussi à des reconfigurations des rapports de genre. Cette déléguée syndicale cfdt, née en 1943, employée dans un grand magasin, entrée en politique en 1971, élue au conseil municipal depuis 1989, rapporte un phénomène d’inversion de genre dans son couple qu’elle affirme s’être poursuivi jusqu’à sa propre retraite :
Moi, mon mari il était à la maison depuis quatre, cinq ans, il avait pris le monopole de la maison (rire) parce que moi je n’étais jamais là [16].
28Sa collègue au conseil municipal et elle-même pointent du doigt que leurs maris ne se sont pas intéressés à la vie publique. Mais, l’équilibre n’a pas toujours été de mise, et une ancienne militante, très active à l’apf, à l’apaf, au centre social, dans l’association des parents d’élève, dans la section locale du Parti socialiste (ps) dans les années 1960-70, s’est effacée à la fois pour reprendre des charges domestiques — en l’occurrence ses parents âgés — et pour éviter les conflits dans la sphère publique avec son mari maire ps avec lequel elle n’était pas d’accord.
29Les femmes rencontrées, quelle que soit leur génération, se distancient donc de l’image de la parfaite ménagère au foyer. On ne retrouve pas l’idéologie maternaliste que Dominique Loiseau (1996) a constatée à Saint-Nazaire parmi les militantes du mpf. L’une des hypothèses est que les femmes rencontrées, descendantes d’ouvriers, sont en ascension sociale, leur époux appartenant aux catégories intermédiaires. Les rapports sociaux de genre dominants n’ont pas été bouleversés, mais la répartition initiale entre les hommes et les femmes (militantisme syndical/militantisme familial) s’est assouplie. Certains hommes se sont emparés aussi davantage de la sphère domestique. Il ressort clairement que le militantisme a influé sur le parcours biographique de ces femmes.
De la révolte personnelle à des itinéraires d’émancipation
30À travers les mobiles du militantisme, s’esquissent les éléments qui ont orienté toute l’existence de ces femmes pour la majorité originaires de milieu modeste. Dans leur récit biographique, le militantisme apparaît comme le moteur d’une émancipation et de l’inflexion d’un itinéraire au départ tout tracé.
31Une minorité de militantes (trois femmes sur les onze) avaient un parent ou des membres de leur parenté militants. Celles-ci rapportent en partie leur position à une transmission familiale. Ainsi, l’une relate avec fierté que son père était militant cgt, et que sa mère a présidé l’apaf juste après-guerre. Une autre souligne sa filiation avec son père syndicaliste cgt tout en montrant son indépendance car elle a adhéré à la cfdt, ce qui a provoqué au début des tensions avec son père. Dans la majorité des cas, les parents étaient plutôt des travailleurs effacés, qui se rendaient à l’usine même lorsque les grèves éclataient. Plusieurs militantes expliquent que leur engagement s’inscrit en rupture avec une attitude jugée passive de la part de leur père.
32Quelques militantes se construisent une filiation avec une tante ou une grand-mère qui, par son attitude politique, même ténue, a montré son indépendance :
Je vais vous dire quelque chose, moi, ma grand-mère, elle avait 70 ans et… peu de gens l’ont prise en considération : c’était une petite femme, vous savez, comme dans le temps, qui ne disait pas grand-chose, mais qui déjà, à l’époque, votait Schuman vous savez… bon… et moi j’ai toujours retenu ça : c’était avoir une idée, Schuman. C’était déjà la gauche. […] J’ai l’impression que j’étais marquée par elle et que je continue ce qui est inachevé.
34La transmission familiale existe donc dans certaines reconstructions biographiques, mais n’est pas une donnée récurrente. Au contraire, l’idée d’une « révolte » [17] intérieure individuelle revient dans la majorité des discours. Cette colère s’ancre avant tout dans l’histoire vécue en tant que jeune fille, de classe ouvrière, entravée dans ses désirs de faire des études et subissant de la discrimination de genre au sein de la famille, comme en témoigne ce passage :
Parmi les ouvriers, ben très peu faisaient des études. Les parents disaient : « Non, pour une fille ça ne vaut pas la peine ». Les garçons apprenaient un métier, mais les filles non, puis moi j’étais la deuxième de cinq enfants, on m’a dit : « Non, il y a assez de travail à la maison, tu n’as pas besoin d’aller travailler. » […] Moi, il y a un tas de choses que je n’avais jamais le droit de faire parce que j’étais une fille.
36Le sentiment d’injustice dû à cette double discrimination de genre et de classe apparaît, dans la reconstruction de l’itinéraire biographique, comme le moteur de l’action :
Parce que, étant petite fille, on m’a toujours fait croire que je n’avais rien à dire… voilà, je n’avais qu’à subir, pas subir, mais je n’avais qu’à suivre la ligne qu’on m’a imposée et puis c’était tout, c’est… bon : tu te maries, tu te tais, tu fais… Cette révolte que j’avais en moi étant petite… ça a servi au moins à me dire : « Attends, ça, ce n’est pas juste, ça ce n’est pas juste, faut faire quelque chose. » […] On a quelquefois des révoltes en nous, comme ça, et puis, le fait de discuter avec d’autres femmes, on se dit : « Mais enfin bougeons, faisons quelque chose ! ».
38L’une puise son engagement dans un ressentiment contre sa triple condition de fille, de classe ouvrière et d’immigrée : ne parlant pas français, elle a subi des propos racistes de la part de ses enseignants de l’école maternelle et primaire, et pourtant elle a bien réussi son parcours scolaire. Plus tard, elle a souhaité devenir journaliste et partir faire des études à Lille. Son projet est annulé pour des raisons économiques, mais aussi parce que « mes parents ne voulaient pas que, en tant que fille, je m’éloigne de la maison parce que c’était aussi toute la mentalité calabraise par rapport à la fille ». Elle fut cooptée en 1967 par les membres de la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (jocf) qui l’avaient repérée, dit-elle, « parce que j’étais une révoltée, donc il suffisait qu’on soit injuste envers une élève alors que ça ne me concernait pas, j’étais capable de prendre la parole ». (Femme, née en 1953) [18].
39Ces femmes se sont mobilisées dans ces mouvements réformistes, qui ne sont pas à proprement parler contestataires : ils ne dénoncent pas l’oppression des femmes, mais visent plutôt à améliorer leur pouvoir d’agir et de penser entre elles. Pour Loiseau (1996), la référence au féminisme n’est pas opérante pour les mouvements populaires de type apf et uff jusque dans les années 1970. De plus, leur mobilisation, entre femmes, découle d’une séparation de genre héritée du catholicisme social (Fayet-Scribe 1990). Il est possible que l’Église se soit appuyée dans un premier temps sur ces femmes peu ordinaires pour accroître son influence (Pierrard, Launay, Trempé 1984), mais le contexte historique de l’engagement féminin décrit ici n’est plus celui d’un paternalisme patronal et clérical que la région a connu entre les deux guerres. Après-guerre, les œuvres sociales ont été peu à peu transférées aux collectivités territoriales et aux comités d’entreprises et le patronat n’avait plus la main mise sur l’ensemble de la vie de ses employé?e?s et des habitant?e?s des communes [19]. Les femmes rencontrées accompagnent des mouvements chrétiens qui se laïcisent et radicalisent leurs revendications (ibid.). La non-mixité a permis, aux dires de ces femmes, de soulever des questions par elles-mêmes et de s’identifier à un collectif de femmes luttant pour les questions propres à leur sexe. Ces femmes nées dans les années 1930 ont ainsi pu changer de regard sur les possibles ouverts aux femmes, et sur la condition même de femmes :
Voilà, et donc c’est à partir de ce moment-là où je me suis vraiment réalisée avec les autres femmes, parce qu’on s’est rendu compte qu’on avait un rôle à jouer.
41Ce rôle à jouer est celui qui fait sortir les femmes de la sphère domestique et leur fait porter leur voix au sens d’Hirschman (1970) sur la scène publique, auprès des institutions, auprès des hommes et de leur syndicat, pour revendiquer des mesures, même si celles-ci, comme nous l’avons vu, s’inscrivent dans la continuité des rôles dits féminins.
42L’engagement dans des mouvements populaires s’est traduit par des prises de responsabilités de la part de femmes peu formées à cet exercice et peu dotées d’un point de vue scolaire [20], comme Geneviève Dermenjian (1991) le constate aussi dans d’autres régions. Elles y ont exercé leurs premières armes dans les années 1950-60 en prenant des postes à responsabilité, sans hiérarchie masculine. Elles ont ensuite traduit leurs compétences acquises dans le champ associatif ou politique. Ainsi, elles étaient et restent présentes dans les conseils d’administration des Caisses centrales d’activités sociales (ccas), des centres socioculturels, des associations sportives (football), caritatives, sociales et culturelles. L’une d’entre elles a endossé la fonction de présidente d’un centre social durant quinze ans. Deux des interviewées ont eu une carrière d’élues municipales, six de déléguées syndicales (cfdt) avec des responsabilités régionales ou nationales, et trois responsables locales au ps. L’une a converti ses compétences et ses idéaux acquis dans ses engagements militants en compétences professionnelles en décrochant un emploi de formatrice chargée de la question féminine dans une entreprise d’insertion. Si aujourd’hui encore aucun maire n’est une femme dans la vallée de la Fensch, des femmes se sont placées comme premières adjointes. On peut souligner aussi la carrière de Gisèle Printz, originaire de la vallée, autrefois employée de la sidérurgie, conseillère générale, sénatrice de la Moselle, et vice-présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes [21].
43La politisation [22] de cette minorité de femmes s’est accompagnée au quotidien de micro-actions auxquelles elles donnaient un sens féministe, dans l’acte de valoriser les savoir-faire de chaque femme, par exemple. Ces mouvements n’ont pas toujours saisi ces opportunités pour travailler sur d’autres thèmes émancipateurs comme l’emploi, la sexualité ou la contraception. Mais leurs engagements publics ont été souvent transposés dans la sphère privée en faisant entrer dans l’éducation la pratique de l’égalité hommes-femmes :
Toutes les peintures de la maison, c’est toujours moi… (rire) […] Mais je crois que c’était un peu le besoin de montrer qu’une femme, elle pouvait faire autre chose que le ménage ! […] Par exemple, quand [les enfants] essuyaient la vaisselle même petits, des choses comme ça, [mon fils] a toujours fait autant que nous [les femmes]. D’ailleurs, il se débrouille au moins aussi bien que les filles pour faire à manger (rire).
45Ainsi, les filles de ces militantes exercent toutes un emploi et sont en ascension sociale dans des professions à dominance féminine (enseignante, assistante sociale) ou non (chef d’entreprise).
46Ces parcours singuliers rendent compte des ressorts qui ont mis en action ces femmes : une colère née de leur double, voire triple discrimination de genre, de classe, et parfois en tant qu’immigrée, initie leur engagement ; un investissement, au début, dans des associations conformistes dans les rôles de genre, leur permet de sortir de la sphère privée et d’acquérir des compétences et des responsabilités dans l’action publique. Certaines les transforment en engagement syndical et politique, toutes l’appliquent de façon plus ou moins aboutie dans la sphère privée. Cet engagement public a eu, dans tous les cas, un effet émancipateur pour ces femmes.
Bibliographie
Références
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Mots-clés éditeurs : privé, mouvements populaires familiaux, rôles sexués, sidérurgie, public, militantisme féminin
Mise en ligne 11/06/2013
https://doi.org/10.3917/cdge.054.0187Notes
-
[1]
1,4 % de femmes dans la métallurgie en 1896 (Battagliola 2004, p. 28), 4 % en 1906, 15 % en 1954 (Tilly, Scott 2002 [1978]), 21 % dans les années 2000 (Source : cgt métallurgie, fgmm-cfdt, fo Métaux, cftc, cfe-cgc, 2008, en ligne).
-
[2]
Sur cette question, voir Demanget, Vinel (2009) et Vinel (2010).
-
[3]
La vallée de la Fensch est composée d’une dizaine de communes dont l’activité principale était la métallurgie du milieu du xixe siècle aux années 1990. Ces communes comptaient entre 4 000 et 10 000 habitants entre les deux guerres où populations rurales et ouvrières étaient majoritaires, population qui s’est accrue de 1950 à 1970, avec le développement de l’activité sidérurgique. Cette vallée a connu, dès la fin du xixe siècle, plusieurs vagues de migrations venues d’Italie et des pays de l’Est (Pologne, Ukraine) et après la Seconde Guerre mondiale d’Afrique du Nord (Algérie) (Galloro 2001 ; Boubeker, Galloro 2007).
-
[4]
Le silence de la participation des femmes à l’action collective dans cette région tient sans doute à ce que d’autres auteurs ont identifié comme une invisibilisation sociale et épistémologique (Contamin 2007).
-
[5]
Dans la lignée des écrits de Kergoat (1982), Mathieu (1985), Guillaumin (1992) notamment.
-
[6]
Cf. Giddens (1994) ; Butler (2005) qui définit le genre comme une performance en situation et met en évidence, comme d’autres féministes anglophones, les capacités d’agir des femmes et des autres minorités.
-
[7]
L’étude, commanditée par la Communauté d’agglomération du Val de Fensch, s’est déroulée en 2004 et 2005 auprès de cinquante-sept femmes et hommes. Elle a donné lieu à un rapport de recherche (Vinel 2006).
-
[8]
Globalement, les syndicats ont été réticents à ouvrir aux femmes des droits politiques et les considéraient comme des épouses de militants ou des gestionnaires de la logistique (Loiseau 1996 ; Perrot 1998 ; Guionnet, Neveu 2004). En Lorraine, la présence de syndicats professionnels féminins d’inspiration chrétienne est repérée à partir de 1919 en Meurthe-et-Moselle et après 1936 en Moselle, dans le textile, la couture, chez les employées de bureau, mais pas dans la sidérurgie où les femmes pouvaient remplir des rôles de secrétariat (Conraud 1988).
-
[9]
Dans une vallée où le syndicat majoritaire était la cfdt (Confédération française du travail), l’Union des femmes françaises (uff) d’obédience communiste était peu représentée, contrairement à des vallées limitrophes ou à d’autres régions industrielles (Loiseau 1996).
-
[10]
Au niveau national, les premiers services d’aides familiales pour les mères aux foyers sont nés en 1942 dans une section de la Ligue ouvrière catholique à Lyon. Ils furent mis en place pour répondre aux besoins des mères de familles populaires de plus de trois enfants surchargées par les tâches. Ils eurent aussi pour objectif de former les mères, peu préparées à la situation de guerre, à gérer la pénurie (Jeanne Picard, in Dermenjian 1991, p. 42). En Moselle, la première apaf est créée en 1945 à Metz (source : http://www.afad.fr, consulté le 4 janvier 2012).
-
[11]
Le Mouvement populaire des familles (mpf) est déconfessionnalisé en 1949. En 1957, le Mouvement de libération du peuple (mlp), qui en est issu, se fond dans l’Union de la gauche socialiste (ugs) et les associations familiales qui dépendent de lui (Associations familiales ouvrières – afo) prennent leur indépendance définitive en devenant la Confédération familiale des familles (csf). En 1966, l’autre branche du mpf, les apf prennent leur indépendance par rapport au Mouvement de libération ouvrière (mlo) et signent la charte mlo-apf. Le mlo fusionnera ensuite avec le Centre de culture ouvrière (cco) pour devenir Culture et liberté. En 1976, les apf deviennent la Confédération syndicale du cadre de vie (cscv) laissant une minorité militer à l’Union nationale des associations familiales (unaf) (Dermenjian 1991, p. 7-8). Dans les communes de la Fensch, les actions se laïcisent et se co-construisent avec celles de l’éducation populaire et de l’animation socioculturelle.
-
[12]
Cet atelier d’écriture, mené de 1999 à 2003, a donné naissance à une pièce de théâtre et à un livre (Collectif, sans date).
-
[13]
Ce nom est fictif.
-
[14]
On sait que les activités ménagères des femmes ouvrières étaient contrôlées par l’entourage (Le Tirant 2002, par exemple).
-
[15]
Ce couple était plus favorisé que les autres car il déléguait une partie du travail domestique à une femme de ménage.
-
[16]
L’évocation, dans les entretiens, de la prise en charge des tâches domestiques par les hommes ne manque pas de s’accompagner de rires de la part des femmes, ce qui dénote son caractère encore hors norme parmi les interviewées.
-
[17]
Ce terme récurrent dans les propos des interviewées est repris ici en tant que catégorie indigène pour souligner tout le sens que les femmes mettent dans cet engagement (Weber 1989).
-
[18]
Parmi les femmes rencontrées aux carrières de militantes, seule cette dernière a immigré (à l’âge 4 ans). Des femmes immigrées rencontrées (polonaises, ukrainiennes, maghrébines) ont plutôt investi les associations d’originaires (Demanget 2006).
-
[19]
La situation n’est pas comparable à ce que décrivent, par exemple, Alvim, Leite Lopes (1989) dans le Nordeste brésilien.
-
[20]
Quatre femmes parmi les interviewées n’ont pas le certificat d’études, l’une a le certificat d’étude, quatre ont un cap ou bep. Les deux plus jeunes (41 et 52 ans) ont un niveau supérieur : l’une le niveau baccalauréat, et l’autre une licence. Trois femmes n’ont jamais eu d’emploi salarié.
-
[21]
Cf. Rochette et Simon (2008) et : www.senat.fr/senateur/printz_gisele96007g.html, consulté le 28 mars 2012.
-
[22]
Plusieurs des femmes rencontrées ont été actives dans les grèves et les manifestations pour le maintien de la sidérurgie en Lorraine des années 1970 et 1980, mais nous ne disposons pas de données suffisamment précises pour le développer. Ces mouvements étaient, à notre connaissance, avant tout portés par les hommes, pour le maintien de l’outil de travail masculin et de l’activité économique principale de la vallée, comme en atteste un mouvement similaire en ce début 2012 (Libération, 23 février 2012 ; Le Monde, 15 mars 2012).