Notes
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[1]
Les auteures remercient Samuel Franco pour son apport dans l’élaboration des données statistiques.
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[2]
Pour une vision plus approfondie des politiques concernant l’articulation entre travail et famille, voir Sorj (2004).
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[3]
Au Brésil, la prise en charge de la petite enfance s’inscrit dans l’institution scolaire qui offre un accueil pédagogique aux enfants de moins de 6 ans. La loi d’orientation de l’Éducation nationale distingue les crèches pour enfants de moins de 3 ans et le préscolaire pour enfants de 3 à 6 ans.
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[4]
Le Brésil n’a pas ratifié la Convention C 156 concernant le travail et les responsabilités familiales, adoptée par l’Organisation internationale du travail en 1981.
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[5]
Comme ‘responsabilités familiales et professionnelles’, ‘politiques favorables aux familles’, ‘équilibre vie familiale/vie professionnelle’, ‘conditions de travail familiales et professionnelles’.
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[6]
Nous reprenons la définition de la famille proposée par l’ibge car notre analyse porte sur les données des pnads (Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios), enquêtes nationales par échantillon de ménages. Une ‘famille’ n’est pas le groupe domestique ni l’ensemble de parents sans limitation spatiale. Le système classificatoire des pnads permet d’identifier différents noyaux familiaux à l’intérieur d’une même résidence. Le concept de ‘famille’ retenu par l’enquête nationale, quand il est appliqué à la parenté, est très proche de l’idée de famille nucléaire ou de famille conjugale. Comme la plupart des arrangements familiaux sont constitués par une seule famille nucléaire, les ‘familles’ dans ces enquêtes nationales coïncident non seulement avec les ‘ménages’ mais aussi avec d’autres définitions courantes de la famille. Selon le dernier recensement démographique de l’ibge, réalisé en 2000, le Brésil comprend près de 170 millions de personnes réparties dans 44,7 millions de domiciles.
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[7]
La pnad est la principale enquête sociale menée au Brésil. Elle rassemble des données sur les revenus, l’emploi, l’éducation, la mobilité sociale, les conditions de l’habitat, etc., recueillies sur un échantillon de 100 000 ménages.
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[8]
En 2006, la moitié des hommes seulement réalisaient des tâches domestiques (51,4 %) alors que neuf femmes sur dix en avaient la charge. Sortir de la maison pour entrer sur le marché du travail ne signifie pas pour les femmes être déchargées du travail domestique. Au contraire, leur investissement dans la maison est encore plus grand et concerne 92 % d’entre elles. Entre 1996 et 2006, la part masculine dans les travaux domestiques a augmenté de 7 %, passant de 44,4 % à 51,4 %. www.ibge.gov.br/home/presidencia/noticias/noticia_visualiza.php?id_noticia=987
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[9]
1 euro équivaut à environ 3 reais.
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[10]
Entre 1996 et 2006, le nombre d’enfants de moins de 3 ans accueillis dans les crèches est passé de 7,4 % à 15,5 %. En ce qui concerne la tranche suivante, celle des enfants de 3 à 6 ans, le taux de fréquentation des maternelles est passé de 53,8 % à 76 %, soit une augmentation de plus de 20 %. En 2006, seuls 9,9 % des enfants de moins de 3 ans et de familles pauvres fréquentaient les crèches. www.ibge.gov.br/home/presidencia/noticias/noticia_visualiza.php?id_noticia=987
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[11]
La catégorie de pauvres a été établie sur la base du seuil de pauvreté fixé à 120 reais par le Gouvernement fédéral pour la participation au pbf.
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[12]
Il convient de noter que les établissements scolaires au Brésil fonctionnent à temps partiel.
1Le Brésil, pas plus que les autres pays latino-américains, n’a élaboré de politique explicite portant sur l’articulation entre travail et famille même si, indirectement, elle s’est trouvée influencée par certaines interventions de l’État dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la sécurité sociale, par des mesures prises pour lutter contre la pauvreté, combattre ou éradiquer les violences domestiques [2].
2Cet article analyse l’impact de deux politiques publiques sur l’articulation entre travail et famille. L’une est le Programme Bourse Famille qui se trouve au cœur des stratégies mises en place par le gouvernement brésilien pour lutter contre la pauvreté ; il consiste en des aides monétaires spécifiques attribuées aux groupes les plus démunis de la population ; l’autre étant la politique générale de la petite enfance qui donne aux enfants de moins de six ans accès à des crèches et à des maternelles [3]. Dans quelle mesure ces politiques favorisent-elles l’autonomie individuelle des femmes ? Il s’agit ici de l’évaluer sur la base de deux critères : l’augmentation du niveau de leur participation au marché du travail et l’amélioration qualitative de leur insertion. Il existe, croyons-nous, une corrélation positive entre participation au marché du travail et autonomie. En effet, dans les sociétés fortement soumises à la loi du marché, les femmes qui trouvent un emploi offrant des conditions favorables sont moins dépendantes des hommes sur le plan économique. Certes les deux politiques mentionnées n’ont pas été élaborées pour favoriser délibérément l’intégration des femmes au marché du travail, néanmoins, leur impact peut inciter les femmes à travailler ou au contraire à les en décourager.
Nous nous proposons de comparer les effets de ces politiques dans deux régions du pays : le Nordeste et le Sudeste. En effet, le Brésil étant composé de régions hétérogènes, on ne peut s’attendre à ce que cet impact soit le même dans les deux régions. Celles-ci sont les plus densément peuplées du pays et rassemblent à elles deux 71 % de la population brésilienne, soit 43 % au Sudeste et 28 % au Nordeste. La méthode comparative est un bon moyen de constater la forte inégalité de revenu entre les régions. Le Sudeste, la région la plus riche, dispose d’un revenu des ménages par tête deux fois plus élevé que le Nordeste qui est la zone la plus pauvre du Brésil, où plus de la moitié de la population est considérée comme pauvre, soit un pourcentage de pauvres trois fois plus élevé que dans le Sudeste. D’autres indicateurs de qualité de vie, outre le revenu, rendent encore plus visibles les disparités régionales, comme le taux d’analphabétisme des personnes de 15 ans et plus : elles sont 22 % dans le Nordeste et 6,5 % dans le Sudeste.
Famille et marché du travail : les effets de l’articulation sur un mode privé
3La reconnaissance de l’articulation entre la sphère du travail et les responsabilités familiales comme problème social [4] n’a qu’une faible légitimité politique au Brésil, contrairement à de nombreux pays européens et aux États-Unis, où les termes [5] qui nomment cette liaison font maintenant partie du vocabulaire courant ; ici ils sont difficilement appropriés et leur contenu reste mal compris.
4Cependant, les deux dernières décennies ont été fortement marquées par des changements dans la structure de la famille et du marché du travail qui aggravent le problème de l’articulation entre le travail salarié et les exigences familiales (Bruschini, Lombardi 2003). C’est ainsi que la composition [6] des familles s’est grandement modifiée en s’ajustant sur le modèle des pays développés. Selon les données de l’enquête nationale [7] de 2005, présentées dans le tableau 1, le noyau traditionnel formé d’un couple avec enfants a notablement diminué, même s’il constitue toujours le type dominant. En 1981, les familles composées de couples avec enfants représentaient 65 % de l’ensemble. En 2005, elles étaient 50 %. Cette baisse est compensée par l’augmentation significative du nombre de familles monoparentales dirigées par une femme. Ce type de famille accède au deuxième rang, passant de 12 % dans les années 1980 à 18 % en 2005.
Composition des familles au Brésil, Nordeste et Sudeste
Composition des familles au Brésil, Nordeste et Sudeste
5La comparaison entre les deux régions montre que les familles ‘conventionnelles’, composées d’un couple avec enfants, et les familles monoparentales ayant une femme à leur tête sont relativement plus importantes dans le Nordeste que dans le Sudeste où se distingue le nombre de ménages composés d’un couple ou d’une personne seule, situation qui reflète, surtout dans ce dernier cas, l’émergence de nouveaux arrangements familiaux. Dans l’une et l’autre région, on note un recul significatif de la présence de membres de la parenté, caractéristique du modèle traditionnel de la famille étendue, dans les familles formées d’un couple avec enfants et son augmentation au sein des foyers dirigés par des femmes. Il est probable que dans ce dernier cas, la cohabitation avec des parents permet d’augmenter les ressources monétaires dont dispose la famille et de faciliter l’entrée des femmes dans des activités génératrices de revenus.
6Les changements dans la composition des familles, apparus dans les deux dernières décennies, ont été plus marqués dans la région du Sudeste que dans la région du Nordeste, en particulier en ce qui concerne la baisse du pourcentage de couples avec enfants, dont la part dans les années 1980 était plus forte que dans le Nordeste (68,4 % contre 65,3 %). En 2005, la chute de ces pourcentages, de près de 20 points dans le Sudeste et de 14 points dans le Nordeste, révèle que le rythme du changement a connu une accélération plus grande dans la région la plus développée du pays.
7L’entrée massive des femmes sur le marché du travail a profondément modifié leur contexte familial. Sorj, Fontes et Machado (2007) montrent que, contrairement aux hommes, les femmes travaillent en nombre de plus en plus important, quelle que soit la position qu’elles occupent dans la famille. Le taux de participation des cheffes de famille est passé de 44,6 % au début des années 1980 à 59,5 % en 2005. Cette augmentation est encore plus marquée pour les femmes qui vivent en couple car, pour la même période, le taux s’élève de 27,4 % à 58,5 %. Si l’on compare les deux régions retenues, on observe que le taux de participation de ces dernières est encore plus élevé dans le Nordeste avec 58,8 % que dans le Sudeste, plus élevé même que celui des femmes cheffes de famille (57,5 %). Le taux de participation des femmes qui vivent en couple, il est intéressant de le noter, est très proche ou même supérieur, dans le cas nordestin, à celui des femmes cheffes de famille qui représentent généralement la principale source de revenus des familles monoparentales.
8Cette augmentation de la part féminine du marché du travail, tout l’indique, traduit un phénomène irréversible que génèrent les nécessités économiques comme les aspirations professionnelles et matérielles des femmes. De plus en plus de familles, composées de couples avec enfants, se trouveront alors dans la situation où les deux membres du couple seront intégrés au marché du travail. Or ces changements n’ont pas été rééquilibrés par un transfert proportionnel opéré par les hommes vers la sphère domestique d’un temps qu’ils consacraient au travail, la division du travail domestique restant fortement soumise aux stéréotypes de genre [8].
9Si l’absence de l’État dans la gestion des tensions entre travail et famille n’a pas découragé les mères de s’intégrer au marché du travail, il n’en est pas moins vrai que la résolution de ce conflit sur un mode privé repose sur la précarisation de l’emploi. Selon cette même étude de Sorj, Fontes et Machado, l’analyse des données de la pnad de 2005 montre que, indépendamment de la structure familiale, le taux de participation des hommes au marché du travail n’est jamais inférieur à 86,5 % alors que celui des femmes, qui dépendent du type de famille auquel elles appartiennent, peut varier entre 87,9 % et 62,7 %.
10L’analyse des variations entre ces deux points extrêmes a révélé le poids que représente le soin aux enfants dans l’insertion des femmes au monde du travail. Ainsi, alors que 74,8 % des femmes qui vivent en couple et sans enfant travaillent, ce pourcentage baisse de 9 points (65,9 %) lorsqu’il s’agit de femmes vivant en couple, sans la présence de membres de sa famille et ayant des enfants à charge. Dans la région du Sudeste, l’écart dans les taux de participation est encore plus grand : 76,7 % et 64,7 %, soit une baisse de 12 points. La présence d’enfants à charge, semble-t-il, influence davantage l’intégration au marché du travail dans le Sudeste que dans le Nordeste. Peut-être ce constat s’explique-t-il par le tissu plus dense, au Nordeste, de la solidarité familiale, communautaire et de voisinage à laquelle les mères peuvent avoir recours pour consolider leur lien avec le monde du travail.
11Les femmes, à la tête d’une famille monoparentale avec des enfants à charge, ont un taux de participation au marché du travail particulièrement élevé (la moyenne brésilienne est de 82 %, elle est de 85 % dans le Sudeste et de 77 % dans le Nordeste), supérieur même à celui des femmes vivant en couple sans enfant. Cette donnée montre que la présence d’enfants, quand il s’agit de femmes seules surtout, n’a pas d’impact négatif sur leur insertion dans le monde du travail. Malgré les sérieuses difficultés que pose l’articulation travail et soins aux enfants, les femmes n’ayant personne avec qui partager les dépenses du ménage doivent assumer l’entière responsabilité de la famille. Lavinas et Nicoll (2005), qui font l’analyse de ce même constat, suggèrent que les mères seules travaillent en plus grand nombre que celles qui vivent en couple parce qu’elles n’ont pas à affronter le rapport de subordination inclus dans la conjugalité, et donc à subir le pouvoir qu’a le conjoint de les soustraire au marché du travail.
12Selon l’étude de Sorj, Fontes et Machado, les mères avec des enfants encore à charge, qu’elles vivent en couple ou dans des familles monoparentales, ont toujours des conditions d’emploi inférieures à celles des hommes, quel que soit le type de famille auquel ces derniers appartiennent, et à celles des femmes seules ; c’est en effet à ce prix qu’elles obtiennent leur insertion professionnelle, cumulée avec le poids du maternage et des tâches domestiques. Les femmes qui s’imposent sur le marché du travail, c’est-à-dire qui parviennent à atteindre un niveau de revenu plus élevé et à occuper de meilleurs emplois (plus de 60 % d’entre elles ont un emploi déclaré avec carte de travail, sont fonctionnaires ou dirigent une entreprise) vivent seules. Elles n’ont pas encore formé une famille, ou si elles en ont formé une, elles sont maintenant seules, séparées de leur conjoint ; leurs enfants ayant atteint l’âge adulte vivent ailleurs, ou dans la famille qu’ils ont pu créer.
Il existe de bonnes raisons pour penser que l’articulation entre travail et famille s’opère, pour les mères, au détriment de la qualité de leur emploi. On les retrouve surtout dans le secteur informel, à temps partiel et avec un niveau de revenu moindre, surtout dans la région du Nordeste. Les femmes qui vivent seules, c’est certain, retirent de leur travail un revenu supérieur (1224 reais) [9] et, dès qu’elles forment une famille avec des enfants à charge, leur revenu tombe à 501 reais. Dans le Nordeste, les célibataires gagnent 2 fois ½ plus que les mères avec enfants à charge ; dans le Sudeste, le différentiel se réduit à 56 % (soit 2,3 fois).
La comparaison entre les deux régions montre que l’impact négatif de la présence d’enfants joue plus sur le taux de participation dans le Sudeste alors que, dans le Nordeste, il porte davantage sur les variables qui définissent la qualité de l’emploi (octroi d’une carte de travail, niveau de salaire et temps de travail). La présence d’enfants influe moins sur la décision des femmes nordestines de prendre un emploi que sur celle des femmes du Sudeste, car les premières peuvent compter sur des liens de solidarité plus forts entre les individus, dans le cadre de la famille étendue ou du système communautaire et donc mieux articuler travail et responsabilités domestiques. Mais ces mêmes femmes, en entrant sur le marché du travail, trouvent des emplois moins intéressants que leurs consœurs du Sudeste, sans doute parce que cette région, la plus pauvre du pays, offre des conditions d’emploi plus médiocres.
Cette analyse montre donc que les mères avec enfants à charge ont établi, ces dernières décennies, des liens plus étroits avec le marché du travail, modifiant ainsi le modèle traditionnel de la répartition des sexes dans la sphère du travail. Mais si l’on s’intéresse à ces liens sur un plan qualitatif, on constate qu’ils sont de nature nettement inférieure à ceux que tissent les hommes, quel que soit le type de famille auquel ils appartiennent, ou les couples sans enfant et les femmes vivant seules.
On peut en conclure que les offres d’emploi en direction des mères sont fortement conditionnées par l’idéologie ‘familialiste’ qui prévaut dans la société brésilienne — elle fait de la famille la principale responsable du bien-être de ses membres — et par l’idéologie de genre qui fait reposer sur les femmes le poids de la relation conflictuelle entre travail rémunéré et travail domestique. Sous l’effet conjugué de ces deux forces sociales, les femmes ‘choisissent’ les emplois les plus compatibles avec leurs exigences familiales.
Le Programme Bourse Famille (pbf)
13Le Brésil, comme d’autres pays latino-américains, a élaboré dans les années 1990 des politiques destinées à lutter contre la pauvreté. Ces politiques font des femmes les intermédiaires privilégiées de la relation entre l’État et la famille et les placent au cœur du dispositif. Le choix de considérer les femmes comme les bénéficiaires prioritaires des programmes de lutte contre la pauvreté se fonde sur des études qui ont démontré que les femmes sont davantage portées à consacrer les ressources de la famille aux besoins de leurs enfants que les hommes qui ont tendance à en garder pour eux une part importante. Ce constat n’a pas été accompagné de réflexions critiques qui auraient pu l’expliquer par la mise en évidence des déterminants économiques, sociaux et moraux, du coup les attentes sociales construites sur l’ ‘altruisme’ maternel des femmes s’en sont trouvées renforcées, cet altruisme qui magnifie les capacités maternelles des mères, leur rôle dans la transmission des valeurs morales de la famille et dans l’accomplissement du bien-être de ses membres. Comment ne pas s’étonner que la vision maternaliste des femmes, contenue dans cette politique de lutte contre la pauvreté, n’ait pas suscité de débat public alors qu’elle s’élabore au moment même où les femmes, plus qu’en toute époque précédente, s’orientent vers le marché du travail en nombre proche de celui des hommes ?
14L’apparition de politiques axées explicitement sur la lutte contre la pauvreté découle du constat que les réformes politiques, mises en œuvre notamment pour réinsérer l’économie brésilienne dans le marché international et pour stabiliser la monnaie, ne permettraient pas de dépasser les niveaux de pauvreté engendrés par la crise déclenchée au début des années 1980. Le Brésil se trouve alors parmi les pays qui présentent les revenus les plus inégalitaires du monde et un taux très élevé de pauvreté.
15Le Programme Bourse Famille (pbf), qui a été précédé par des programmes du même type appliqués entre 1996 et 2000, fut créé en tant que tel en 2003. Il se définit comme un programme d’aides monétaires sous conditions, ciblé sur les familles pauvres, et semblable à tous ces programmes qui ont proliféré en Amérique latine à partir de la seconde moitié des années 1990. Il s’agit du programme d’assistance le plus important du Brésil et du monde qui s’adressait en 2007 à 11,1 millions de familles, soit 46 millions d’individus (mds 2007).
16Selon le ministère du Développement social et de la Lutte contre la famine (mds), le pbf poursuit un double objectif : 1) un allègement immédiat de la pauvreté, grâce à une augmentation directe du revenu de la famille ; 2) un renforcement de l’exercice de droits sociaux fondamentaux en matière de santé et d’éducation, par la prise en compte des conditions imposées afin que les familles arrivent à rompre le cycle générationnel de la pauvreté.
17Le pbf cible deux types de familles : les extrêmement pauvres, avec un revenu mensuel par tête inférieur à 60 reais et les familles modérément pauvres avec un revenu mensuel par tête situé entre 60 et 120 reais. Les familles de la première catégorie peuvent entrer dans le programme indépendamment de leur composition. Celles de la seconde catégorie peuvent faire partie du programme dès lors qu’elles comprennent des femmes enceintes ou qui allaitent, ou des enfants et des adolescents de moins de 15 ans. La participation au programme impose aux familles de maintenir à l’école leurs enfants petits et adolescents d’âge scolaire et de respecter les recommandations en matière de santé : vaccination pour les enfants de moins de 6 ans et visites médicales prénatales et postnatales pour les femmes enceintes et qui allaitent.
18Le Programme Bourse Famille a suscité une forte controverse. Pour les uns, un tel programme ne fait que renforcer le clientélisme ; il se fonde sur l’idée que les pauvres ont besoin d’être traités avec des mesures qui leur soient propres et qu’une politique d’assistance peut tenir lieu de politiques qui seraient, elles, axées sur le changement structurel et sur l’éradication de la misère et de la pauvreté. Pour d’autres, qui cherchent à évaluer les effets de la Bourse Famille selon les termes même du programme, le pbf n’a pas les moyens de contrôler s’il y a bien contrepartie et, par ailleurs, il ne favorise pas l’émancipation des participantes.
En revanche, ce qui est étonnant, le débat a fait peu de place aux expériences des femmes alors que c’est à elles qu’on a donné le rôle de protagonistes principales à partir de leur place dans la famille. Si on ne peut douter de l’efficacité du programme à réduire le niveau de pauvreté des familles avec enfants (Barros, Foguel, Ulyssea 2007), il est clair qu’on s’est peu intéressé à l’impact de cette politique sur le lien entre famille et marché du travail, particulièrement dans le cas des mères. Nous tâcherons d’évaluer plus loin si cette politique incite les femmes à entrer dans le monde du travail et de quelle insertion il s’agit sur le plan qualitatif.
Le tableau 2 présente les indicateurs permettant d’analyser les impacts du programme. Ils concernent les femmes pauvres qui en sont bénéficiaires et celles qui, malgré leur pauvreté, en sont exclues. Le revenu des ménages par tête dans les deux groupes est très proche, légèrement plus bas pour les habitantes du Nordeste qui bénéficient du programme, ce qui prouve que celui-ci est bien ciblé dans cette région.
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres selon leur participation ou non au Programme Bourse Famille
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres selon leur participation ou non au Programme Bourse Famille
19Le programme ne semble pas réellement influencer les femmes dans leur décision d’entrer ou non sur le marché du travail, puisque les taux de participation des femmes bénéficiaires du programme et de celles qui n’en font pas partie sont très proches. Notons toutefois que l’octroi des aides rend ce taux légèrement inférieur dans le Nordeste alors que le rapport est inversé dans le Sudeste. La comparaison entre les deux situations révèle une forte variation dans les deux régions au niveau de la quantité d’heures travaillées : les femmes qui sont dans le programme d’assistance travaillent, dans le Nordeste 5,7 heures et 2,9 heures dans le Sudeste, de moins par semaine que les autres.
20Les salaires sont également affectés d’une manière notable, non seulement le salaire moyen puisque les femmes bénéficiaires travaillent moins, mais aussi le salaire horaire. Le salaire horaire des femmes qui reçoivent des aides de la Bourse Famille est de 29 % et de 21 % inférieur, respectivement dans le Nordeste et le Sudeste, à celui des femmes qui ne relèvent pas du programme.
21L’impact négatif du programme sur le travail des femmes, d’un point de vue quantitatif et qualitatif, est plus marqué dans le Nordeste que dans le Sudeste. Peut-être est-ce dû au fait que les aides équivalent à une plus grande valeur monétaire au Nordeste qu’au Sudeste. En effet, les montants sont les mêmes à travers tout le Brésil, or le coût de la vie au Nordeste est plus bas ; il se peut alors que, dans cette région, ils découragent les femmes de chercher des emplois offrant de meilleures conditions.
De tels résultats nous invitent à penser que si la politique de lutte conte la pauvreté, qui est l’objectif du Programme Bourse Famille, montre une relative efficacité, elle ne favorise pas réellement l’entrée des mères sur le marché du travail et ne les aide pas à trouver de meilleures conditions d’emploi. Le pbf, en s’adressant en priorité aux femmes, les reconnaît d’abord dans leur rôle familial et ne les incite pas à développer leur autonomie individuelle.
La prise en charge de la petite enfance et le travail des mères
22Les structures d’accueil des jeunes enfants sont encore en nombre réduit malgré un développement notable ces dernières décennies [10]. En 2005, seuls 9,43 % des 13 millions d’enfants de moins de 3 ans étaient inscrits dans une crèche et 61,38 % des 10, 085 millions d’enfants de 3 à 6 ans fréquentaient les maternelles ; près de la moitié des places disponibles est proposée par des établissements privés (fgv 2006).
23Le problème de la prise en charge de la petite enfance a été récemment porté sur la scène publique et légitimé par divers arguments : ce type de service représenterait l’un des moyens les plus importants dans la lutte contre la pauvreté. Il faciliterait la formation des capacités cognitives nécessaires à une bonne performance scolaire, ce qui aurait un impact sur la criminalité des jeunes et le nombre des grossesses précoces. Mais on s’est peu intéressé aux effets de la prise en charge des enfants petits sur l’articulation entre travail et responsabilités familiales, et donc sur l’insertion des mères sur le marché du travail.
Le tableau 3 cherche à évaluer l’efficacité de ce mécanisme d’insertion des femmes pauvres [11] dans l’emploi, à partir de chiffres concernant les ménages, en fonction de l’inscription ou non en crèche ou en maternelle des enfants jusqu’à 6 ans.
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription des enfants en crèche ou en maternelle
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription des enfants en crèche ou en maternelle
24Comme on le voit, en termes de revenus des ménages par tête, la différence n’est pas bien grande entre les ménages qui ont des enfants en crèche ou en maternelle et ceux qui ne les ont pas inscrits, car seules ont été sélectionnées les familles dont le revenu se situe en dessous de 120 reais par tête.
25Même si les revenus se différencient peu, les indicateurs concernant l’insertion des femmes sur le marché du travail sont très diversifiés. Celles qui ont mis leurs enfants à la crèche montrent un taux de participation plus élevé que celles dont l’enfant ne bénéficie pas de structure d’accueil à la petite enfance. Ces mères ont plus facilement un emploi que celles dont les enfants restent à la maison, reçoivent des salaires supérieurs et accèdent plus facilement au secteur formel.
26La comparaison régionale révèle que le recours à la crèche ou à la maternelle a un effet positif sur l’intégration des femmes sur le marché du travail plus grand dans le Sudeste que dans le Nordeste. Ainsi, en ce qui concerne le temps travaillé, l’écart est de deux heures hebdomadaires dans le Sudeste et d’un peu plus de trente minutes dans le Nordeste. Ce sont probablement les caractéristiques du marché du travail dans les deux régions qui expliquent les différences dans les conditions de travail, meilleures dans le Sudeste que dans le Nordeste pour les femmes qui ont fait accueillir leurs enfants en bas âge. Lorsqu’une mère a la possibilité d’être déchargée du soin aux enfants pour aller travailler [12], même pour un temps court, elle trouve un meilleur travail dans le Sudeste qui est la région la plus développée du Brésil.
Le système préscolaire joue donc favorablement sur l’articulation entre famille et travail ; non seulement il permet aux mères de travailler et d’allonger leur temps de travail mais aussi de prétendre à de meilleures conditions d’emploi. Il en est ainsi pour les femmes qui ont des enfants en bas âge (jusqu’à 3 ans) ou un peu plus grands, comme le montrent les tableaux 4 et 5. Pourtant, l’impact des crèches sur l’articulation du temps de travail et du temps domestique est particulièrement positif pour les femmes ayant des enfants très petits. Celles qui ont mis leurs enfants de moins de 6 ans dans une crèche ou une maternelle peuvent travailler une heure de plus que celles qui les gardent à la maison. S’il s’agit de femmes ayant des enfants de moins de 3 ans, l’augmentation du temps de travail est de deux heures dans le Nordeste et de huit heures dans le Sudeste.
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription à une crèche ou à une maternelle des enfants de moins de 3 ans
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription à une crèche ou à une maternelle des enfants de moins de 3 ans
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription à une crèche ou une maternelle des enfants de 4 à 6 ans
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription à une crèche ou une maternelle des enfants de 4 à 6 ans
27L’impact de la crèche sur l’augmentation de la participation des mères au marché du travail et sur l’amélioration des conditions de l’emploi est particulièrement notable chez les plus pauvres, mais il est manifeste aussi dans les autres couches sociales. Le tableau 6 présente la répartition en quatre groupes, en fonction du revenu familial par tête, des ménages ayant des enfants de moins de 6 ans.
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription à une crèche ou à une maternelle de leurs enfants de moins de 6 ans par tranche de revenu
Caractéristiques de l’insertion des femmes pauvres en fonction de l’inscription à une crèche ou à une maternelle de leurs enfants de moins de 6 ans par tranche de revenu
28Pour 75 % parmi les plus pauvres, le revenu familial par tête des ménages ayant mis leurs enfants à la crèche est pratiquement le même que pour les ménages qui gardent leurs enfants à la maison, mais dans le premier cas, le salaire des femmes est bien supérieur à celui que reçoivent les femmes qui n’ont pas accès à ce service. La différence peut atteindre dans le Sudeste 32 % pour le premier quart, soit 25 % de la frange la plus pauvre. On peut analyser ce constat de deux façons : c’est parce qu’elles gagnent un peu plus que les femmes mettent leurs enfants à la crèche ou c’est parce que leurs enfants ont accès à la crèche que les femmes sont en conditions de gagner davantage.
En résumé, les familles peuvent avoir un revenu par tête très proche dans les deux cas mais l’accès des enfants à une crèche produit d’autres différences : les mères participent en plus grand nombre au marché du travail, ont des emplois meilleurs et gagnent davantage. On peut donc affirmer que le système d’accueil de la petite enfance favorise le travail rémunéré des mères et leur accès à de meilleurs emplois.
Considérations finales
29Le Programme Bourse Famille et la politique d’accueil de la petite enfance représentent deux logiques de genre distinctes. Le premier s’adresse aux femmes en tant que mères et la deuxième concerne les mères en tant que travailleuses. Le programme est un apport monétaire pour amener les femmes à participer à la lutte contre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté en respectant les conditions imposées en contrepartie. Quant à la politique de soutien au préscolaire, elle contribue à la socialisation des tâches familiales en aidant les femmes à entrer sur le marché du travail.
30Sur le plan de l’autonomie des femmes, les résultats de ces deux formes d’intervention ne sont pas du tout les mêmes. Les femmes bénéficiaires du programme ont un taux de participation, un temps de travail et des salaires moins élevés que les femmes pauvres non bénéficiaires. L’impact négatif de la Bourse Famille sur le travail des femmes, au niveau quantitatif comme qualitatif, est plus marqué dans le Nordeste que dans le Sudeste, car les aides monétaires y ont un pouvoir d’achat plus grand, ce qui n’incite pas les femmes à chercher des emplois moins précaires. En revanche, notre étude a montré que les mères pauvres qui ont accès au service d’accueil à la petite enfance travaillent davantage et ont de meilleures conditions d’emploi surtout dans le Sudeste, en raison sans doute du plus faible développement économique de la région Nordeste.
31Les résultats de cette recherche replacent le problème du care réalisé dans la famille au centre du débat sur les stratégies qui cherchent à penser la situation des femmes en termes de droits. Ces obligations familiales, qui retombent principalement sur les mères, en raison des stéréotypes de genre, limitent la participation des femmes au marché du travail, surtout dans les sociétés où la pauvreté freine la marchandisation de ce service.
32Cette étude a montré que l’offre de services publics pour la prise en charge de la petite enfance aide considérablement les mères des couches pauvres à entrer sur le marché du travail. Comme le prouve l’expérience de l’Europe contemporaine, l’accès aux crèches ou aux maternelles, à des écoles à plein temps et même une extension du congé paternité ne suffisent pas à rendre effective une répartition plus équitable des activités domestiques. C’est principalement l’entrée massive des femmes sur le marché du travail qui a rendu visible le lien établi entre les femmes et les tâches familiales et en a questionné la naturalité.
33En faisant de l’attribution des tâches familiales aux femmes l’objet d’une mesure politique, le Programme Bourse Famille a certes sur certains points accru les capacités des femmes, leur empowerment, mais il a joué aussi dans un sens contraire. Selon Paes-Sousa et Vaitsman (2007), les bénéficiaires de ce programme d’aides ont acquis plus d’autorité dans l’espace domestique grâce à l’augmentation de leur pouvoir d’achat et de leurs moyens de consommation. Ils soulignent aussi qu’elles se perçoivent différemment en tant que citoyennes dès lors qu’elles ont dû manier des documents comme l’acte de naissance et la carte d’identité pour s’inscrire au programme. Mais ces auteurs reconnaissent également que :
Recevoir ces avantages signifie pour les femmes bénéficiaires une extension de leur maternage, c’est-à-dire de leur rôle auprès des enfants, en qualité de mère ou de substitut, qui renforce leur position centrale dans la cohésion du groupe domestique dont elles assument la responsabilité.
35Accorder des allocations aux familles, en demandant en contrepartie que les femmes se consacrent aux soins des enfants, renforce la division sexuelle du travail et, comme nous l’avons vu, affaiblit leur relation avec le monde du travail.
Sans aucun doute, les politiques publiques au Brésil doivent se donner comme défi principal de concilier la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’autonomie des femmes, ou plus précisément d’arriver à modifier les politiques de lutte contre la pauvreté entachées de maternalisme et à leur donner comme objectif l’amélioration, sur le plan qualitatif et quantitatif, de la participation des mères au marché du travail, si du moins on voit dans l’autonomie des femmes une valeur sociale souhaitable. Un autre défi concerne une question complexe et tenace : la répartition des responsabilités domestiques entre les hommes et les femmes. Si le débat public autour de ce problème n’a pas encore eu lieu au Brésil, le changement dans les structures de la famille et dans la composition sexuée du marché du travail montre toute son importance dans le contexte actuel.
Traduit du portugais (Brésil) par Hélène Le Doaré
Bibliographie
Références
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- fgv – Fundação Getúlio Vargas (2006). Educação na Primeira Infância : http://www.fgv.br/cps/simulador/infantil/apresenta%C3%A7%C3%A3o/Quali_SumarioPreEscola.pdf
- Lavinas Lena, Nicoll Marcelo (2005). « Atividade e vulnerabilidade : quais os arranjos familiares em risco? ». Anais abet, gt 6.
- mds – Ministério do Desenvolvimento Social e Combate à Fome (2007). Perfil das famílias beneficiárias do Programa Bolsa Família. Brasília, março.
- Paes-Sousa Rômulo, Vaitsman Jeni (eds) (2007). « Síntese das pesquisas de avaliação de programas sociais do Ministério de Desenvolvimento Social e Combate à Fome ». Cadernos de Estudos. Desenvolvimento Social em Debate, n° 5 : www.mds.gov.br/sagi/estudos-e-pesquisas/publicacoes/cadernos-de-estudo
- Sorj Bila (2004). « Reconciling Work and Family: Issues and Policies in Brazil ». Condition of Work and Employment Series, n° 8, Geneva, International Labour Office.
- Sorj Bila, Fontes Adriana, Machado Danielle C. (2007). « As políticas e as práticas de conciliação entre família e trabalho no Brasil ». Trabalho apresentado no Seminário internacional Mercado de trabalho e gênero – Comparações internacionais Brasil-França, de 9 a 12 de abril. São Paulo e Rio de Janeiro.
Mots-clés éditeurs : Brésil, articulation travail/famille, pauvreté, rôles sexués, petite enfance, activité des femmes, politiques publiques
Mise en ligne 01/11/2011
https://doi.org/10.3917/cdge.046.0155Notes
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[1]
Les auteures remercient Samuel Franco pour son apport dans l’élaboration des données statistiques.
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[2]
Pour une vision plus approfondie des politiques concernant l’articulation entre travail et famille, voir Sorj (2004).
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[3]
Au Brésil, la prise en charge de la petite enfance s’inscrit dans l’institution scolaire qui offre un accueil pédagogique aux enfants de moins de 6 ans. La loi d’orientation de l’Éducation nationale distingue les crèches pour enfants de moins de 3 ans et le préscolaire pour enfants de 3 à 6 ans.
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[4]
Le Brésil n’a pas ratifié la Convention C 156 concernant le travail et les responsabilités familiales, adoptée par l’Organisation internationale du travail en 1981.
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[5]
Comme ‘responsabilités familiales et professionnelles’, ‘politiques favorables aux familles’, ‘équilibre vie familiale/vie professionnelle’, ‘conditions de travail familiales et professionnelles’.
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[6]
Nous reprenons la définition de la famille proposée par l’ibge car notre analyse porte sur les données des pnads (Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios), enquêtes nationales par échantillon de ménages. Une ‘famille’ n’est pas le groupe domestique ni l’ensemble de parents sans limitation spatiale. Le système classificatoire des pnads permet d’identifier différents noyaux familiaux à l’intérieur d’une même résidence. Le concept de ‘famille’ retenu par l’enquête nationale, quand il est appliqué à la parenté, est très proche de l’idée de famille nucléaire ou de famille conjugale. Comme la plupart des arrangements familiaux sont constitués par une seule famille nucléaire, les ‘familles’ dans ces enquêtes nationales coïncident non seulement avec les ‘ménages’ mais aussi avec d’autres définitions courantes de la famille. Selon le dernier recensement démographique de l’ibge, réalisé en 2000, le Brésil comprend près de 170 millions de personnes réparties dans 44,7 millions de domiciles.
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[7]
La pnad est la principale enquête sociale menée au Brésil. Elle rassemble des données sur les revenus, l’emploi, l’éducation, la mobilité sociale, les conditions de l’habitat, etc., recueillies sur un échantillon de 100 000 ménages.
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[8]
En 2006, la moitié des hommes seulement réalisaient des tâches domestiques (51,4 %) alors que neuf femmes sur dix en avaient la charge. Sortir de la maison pour entrer sur le marché du travail ne signifie pas pour les femmes être déchargées du travail domestique. Au contraire, leur investissement dans la maison est encore plus grand et concerne 92 % d’entre elles. Entre 1996 et 2006, la part masculine dans les travaux domestiques a augmenté de 7 %, passant de 44,4 % à 51,4 %. www.ibge.gov.br/home/presidencia/noticias/noticia_visualiza.php?id_noticia=987
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[9]
1 euro équivaut à environ 3 reais.
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[10]
Entre 1996 et 2006, le nombre d’enfants de moins de 3 ans accueillis dans les crèches est passé de 7,4 % à 15,5 %. En ce qui concerne la tranche suivante, celle des enfants de 3 à 6 ans, le taux de fréquentation des maternelles est passé de 53,8 % à 76 %, soit une augmentation de plus de 20 %. En 2006, seuls 9,9 % des enfants de moins de 3 ans et de familles pauvres fréquentaient les crèches. www.ibge.gov.br/home/presidencia/noticias/noticia_visualiza.php?id_noticia=987
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[11]
La catégorie de pauvres a été établie sur la base du seuil de pauvreté fixé à 120 reais par le Gouvernement fédéral pour la participation au pbf.
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[12]
Il convient de noter que les établissements scolaires au Brésil fonctionnent à temps partiel.