Couverture de CDGE_030

Article de revue

Migration et mutation des rapports familiaux

Le cas des femmes originaires de Turquie

Pages 103 à 120

Notes

  • [*]
    Certains éléments de cet article ont déjà été exposés dans le numéro 2/2000 du Zeitschrift für Türkeistudien (Essen, Allemagne).
  • [1]
    L’expérience des « femmes-relais » a été initiée en France par des associations, conjointement avec quelques municipalités. Elle a bien fonctionné avec les femmes maghrébines et africaines. C’est ce qui ressortait d’une rencontre organisée par Elele avec des interprètes en langue turque, Paris, Institut du travail social, 19.11.99.
  • [2]
    Le tableau 1 s’arrête en 1974, au moment de la fermeture officielle des frontières des pays susceptibles d’accueillir une immigration de main-d’œuvre.
  • [3]
    80 % des migrantes employées en Allemagne entre 1965 et 1976 habitaient en Turquie des zones rurales (Abadan-Unat 1977). Ces statistiques contrastent avec l’origine géographique de la migration masculine en Allemagne, plus urbaine et plus qualifiée que dans les autres pays d’Europe.
  • [4]
    Roger Establet analyse la perception du système de soins par les migrants de Turquie en France. Pour les migrants interrogés à leur retour définitif en Turquie, le système de soins français, jugé égalitaire et sûr est l’un des aspects le plus marquant et le plus positif de la société française.
  • [5]
    Rencontre lors des « causeries » d’Elele, en 1997. D’autres journalistes et animateurs étaient invités, dont Ugur Hüküm de RFI (dimanche, 9h-10h l’hiver et 10h-11h l’été), ceux de Radio Soleil (mardi et jeudi, 15h-17h) et de Orient Express (mardi 12h-13h) sur Radio Méditerranée (FM 88.6).
  • [6]
    Septembre 1993, juillet 1997, juin 1999.

1L’impact de la migration sur les statuts social et familial, les rôles, perceptions et valeurs des femmes, dépend à la fois du contexte migratoire et de la situation sociale de départ. La famille et le processus de socialisation sont de première importance quant au rôle des femmes originaires de Turquie dans les sociétés de résidence. Les différentes vagues migratoires des femmes de Turquie dépendent de données aussi bien structurelles (densité de population, composition du marché matrimonial) que conjoncturelles (marché de l’emploi, économie, événements politiques). La proportion de femmes parmi les migrants turcs et kurdes ne cesse d’augmenter depuis les années soixante, conséquence du regroupement familial plus que du recrutement salarié. Dans le scénario migratoire classique, l’homme émigre en premier (76,4 % des cas en Allemagne). Il est plus rare qu’une femme émigre seule (Özdamar 2000) — 13,1 % des cas en Allemagne, quasiment pas dans les autres pays —, ou qu’une famille entière émigré en même temps — 10,4 % des cas en Allemagne — (Nauck 1992, p. 167). Outre-Rhin, lorsqu’elle se marie, la femme qui a migré seule épouse un Allemand, ou, et c’est le plus fréquent, fait venir son mari de Turquie. Les différentes étapes de la socialisation conceptualisées par les sociologues et les psychologues contemporains, démontrent le rôle marquant de la famille (Kagitcibasi 1994). L’immigration, maintient une influence de la famille parfois déterminante sur les jeunes femmes. Néanmoins, celles-ci apprennent à dépasser le cadre des fonctions traditionnelles liées à leur statut sexué de femme ou juridique d’épouse. Nous tenterons d’analyser la portée de ces recompositions à travers les moments forts de la vie des migrantes (activité professionnelle, nuptialité, natalité, divorce), en croisant données statistiques et enquêtes qualitatives auprès de femmes turques et kurdes en France et en Allemagne.

Travail domestique et travail salarié

2Le manque de contacts avec l’extérieur accentue la dépendance traditionnelle en Turquie de la femme vis-à-vis de son mari. Les films de Tevfik Baser — 40 m2 d’Allemagne (1986), Adieu au faux paradis (1989) — décrivent admirablement la condition de la femme turque en Allemagne, soumise aux pressions sociales et morales de sa Turquie natale, incarcérée au sens propre comme au sens figuré. Les femmes qui participent à la production économique lorsqu’elles vivent en Turquie, sont souvent confinées à l’intérieur des foyers lorsqu’elles sont immigrées. Les sociétés turque et kurde traditionnelles obéissent au modèle patriarcal dans lequel la femme est le plus souvent reléguée dans la sphère privée (foyer et voisinage), laissant le mari évoluer dans la sphère publique (travail et amis). Ce qui n’exclut pas que les femmes développent une sociabilité familiale et de voisinage dans la sphère privée — si l’homme retrouve ses amis au café ou au restaurant, la femme rencontre ses voisines dans la journée, chez l’une ou chez l’autre, ou encore au marché. Le soir, les couples s’invitent à tour de rôle, se réunissant autour d’un thé qu’ils dégustent face à une télévision bruyante et à laquelle peu prêtent attention. Les tâches et les loisirs obéissent ainsi à une dimension temporelle tout autant que sexuelle. Si ce schéma est moins respecté dans les grandes villes et surtout parmi ceux qui se veulent « modernes » (ceux qui ont adopté certaines valeurs occidentales), il reste une description juste de l’univers des migrants. Les problèmes d’isolement et de double discrimination, auxquels les Turques sont confrontées, en tant qu’étrangères et en tant que femmes, restent suivent sans réponse. Quelques associations, comme Elele à Paris ou d’autres créées outre-Rhin leur proposent un soutien psychologique et parfois des cours de langue. Mais les femmes au foyer demeurent souvent isolées, en dépit des relations de voisinage intra-culturelles. L’expérience des « femmes-relais », dont le rôle est de faire le lien entre les pouvoirs publics, la société d’accueil et les migrantes est un échec parmi la population turque, alors que le cas fait école pour d’autres migrantes [1]. Certains acteurs sociaux expliquent cet échec par une trop forte hiérarchisation. Globalement, la participation sociale des migrantes de Turquie est faible et leur vision de l’extérieur se construit en partie par le truchement des programmes télévisés et radiophoniques captés en langue turque.

3Ces pratiques ne sont cependant pas spécifiques à une culture donnée. Elles répondent plutôt à un état de développement économique de la société. Les sociétés occidentales n’ont pas échappé à la construction sexuée de l’espace et du temps. Jürgen Habermas insiste sur le caractère toujours patriarcal de la sphère publique bourgeoise (Habermas 1978). L’espace public est selon lui plus que le contraire et le complément de l’espace privé, il est bâti sur l’exclusion des femmes. Plus récemment, Jacqueline Coutras rappelle le mouvement d’hygiénisation porté par les philanthropes réformateurs et les associations caritatives qui, du xixe au xxe siècle, ont attribué aux mères et épouses le rôle de « moraliser » la famille. Les femmes devaient ainsi :

4

Assurer le bon déroulement de la vie à l’intérieur de l’espace-temps du logement et de ses abords (espace-temps du hors-travail salarié pour les hommes) : et, plus que cela même, maintenir, pendant le temps où leurs conjoints allaient produire la ‘richesse’ de la ville, une vie sociale de proximité, substrat des relations de voisinage et de la ‘vie communautaire de quartier’.
(Coutras 1997, p. 86)

5Une telle fonction de moralisation familiale s’applique à un espace délimité et implique une temporalité relativement contraignante. Aujourd’hui, en Europe occidentale, les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler ou à sortir du quartier et mènent de moins en moins une vie économique et sociale de proximité.

6Cependant, l’accès des migrantes originaires de Turquie à l’indépendance économique ne résout pas tous les déséquilibres sociaux de sexe. À la lente intégration sociale de ces femmes, s’ajoutent les difficultés d’une intégration économique et politique, dans un univers essentiellement masculin et une économie capitaliste. Dès les années soixante, avec l’arrivée des premières migrantes certains employeurs préfèrent recruter des femmes, moins bien payées que les hommes (Kagitcibasi 1982, p. 214 ; Coggins 1995, p. 58) et moins souvent engagées dans une activité politique ou syndicale. De 1961 à 1976, la période la plus florissante des accords de main-d’œuvre (cf. tableau 1) [2], 146 681 femmes, contre 678 702 hommes, sont recrutées en Allemagne (Sen 1994, p. 276), soit un rapport de 1 à 5. Au moment où les femmes commencent à être recrutées, un million d’hommes en Turquie sont candidats au départ mais ne trouvent pas d’employeur. Souvent persuadées par leur mari, leur père ou leurs frères de quitter la Turquie pour trouver un travail en Europe, ces femmes permettent la venue des hommes grâce au regroupement familial.

7L’activité professionnelle des femmes, arrivées seules ou pour rejoindre leur époux, diffère fortement selon les pays de résidence (cf. tableau 2). La Grande-Bretagne connaît le plus fort taux de femmes turques actives, mais cette situation s’explique par la spécificité de cette migration, largement en provenance de l’île de Chypre qui fut sous domination britannique de 1878 à 1960. Ressortissants du Commonwealth, les Chypriotes peuvent voyager sans visa en Grande-Bretagne jusqu’en 1998, date à laquelle les autorités britanniques décident de ne plus accepter la carte d’identité de la République turque de Chypre nord « RTCN » (reconnue par le seul Etat turc) comme document de voyage (Bertrand 2000).

8Beaucoup de Chypriotes turcs, mais aussi de colons turcs en RTCN ont profité de cet avantage (Küçükcan 1999). Parmi eux, les femmes étaient souvent plus émancipées et plus actives que celles en provenance directe de Turquie. Les exemples de l’Allemagne et des Pays-Bas sont ressemblants, dans la mesure où les politiques d’immigration ont privilégié une main-d’œuvre plutôt qualifiée. En revanche, le faible taux d’activés parmi les migrantes de Turquie en France et en Belgique s’explique par leur origine villageoise et les valeurs traditionnelles du noyau familial auquel elles appartiennent. Provenant surtout des régions pauvres et rurales d’Anatolie, beaucoup n’ont aucune qualification et certaines sont analphabètes. En 1980, la Turquie compte 40,2 % de femmes analphabètes contre 18,7 % d’hommes. Si cette proportion diminue fortement lors de la décennie suivante, l’écart femmes-hommes se creuse de manière inquiétante : en 1990, 31,5 % des femmes contre 10,1 % des hommes sont analphabètes et, en 1995, les chiffres sont respectivement ramenés à 27,6 % contre 8,3 % (L’État du monde 1999, p. 534). Alors que les femmes analphabètes sont près de deux fois plus nombreuses que les hommes au début des années quatre-vingt, elles sont trois fois plus nombreuses qu’eux en 1995.

Tableau 1

Répartition sexuée des travailleurs recrutés (pour l’étranger) par le Service de l’emploi turc 1961-1974 (%)

Tableau 1
Années Hommes Femmes 1961 96.9 3.1 1962 96.1 3.9 1963 91.5 8.5 1964 93.6 6.4 1965 78.3 21.7 1966 71.6 28.4 1967 60.5 39.5 1968 73.7 26.3 1969 80 20 1970 83.9 16.1 1971 83.9 16.1 1972 78.1 21.9 1973 80.1 19.9 1974 93.4 6.6

Répartition sexuée des travailleurs recrutés (pour l’étranger) par le Service de l’emploi turc 1961-1974 (%)

Source : Statistiques du Service de l’Emploi, Ahmet Akgündüz 1993 p. 176.
Tableau 2

Activité professionnelle des migrantes de Turquie (1987) Répartition des migrantes actives turques selon les pays européens

Tableau 2
Pays Total des Migrantes actives Pourcentage des migrantes actives 1987 1987 1987 RFA 757 300 195 800 25,85 % France 83 200 8 800 10,1 % Pays-Bas 55 100 12 300 22,32 % Belgique 33 100 3 900 11,8 % G.-B. 11 000 3 700 33,6 %

Activité professionnelle des migrantes de Turquie (1987) Répartition des migrantes actives turques selon les pays européens

Source : Données des rapports annuels du SOPEMI (Système d’observation permanente des migrations). Tendances des migrations internationales. Paris. OCDE.

9En tant qu’immigrées, les primo-arrivantes subissent encore davantage le problème de l’accès à la langue et sont confrontées à un cloisonnement tant psychique que physique.

10La plus grande mobilité de la famille et la fragmentation de ses membres peuvent créer l’illusion de l’émancipation (Abadan-Unat 1977 ; Booth, Tienda 1991). Ainsi, les pratiques urbaines changent la donne, mais inventent aussi de nouvelles formes de sexuation. Les femmes originaires de Turquie doivent faire face à un bouleversement d’autant plus important que la plupart n’étaient pas salariées avant de migrer : même en ville, leur emploi du temps, relativement souple, était encore souvent régi par les activités ménagères où l’ordre de succession des événements semble tenir lieu de marquage du temps (Gueye 1999 ; Sayad 1999 ; Elias 1997). En dépit du succès grandissant des jeunes femmes dans leurs études, la population féminine dans la société turque contemporaine demeure encore largement composée de ménagères. Sirin Tekeli (1994, p. 141) parle même de « processus de ménagérisation ». Les migrantes doivent s’adapter à un travail salarié dont les règles temporelles changent à la fois de celles de la sphère privée et de celles de l’espace rural ou villageois. Par ailleurs, ces femmes demeurent employées dans des conditions précaires et difficiles (horaires de travail, travail à la chaîne) et dans des secteurs industriels souvent désertés par les syndicats. Elles passent ainsi des pressions familiales et traditionnelles à celles de l’industrialisation capitaliste, voire les cumulent. Si elles conquièrent de nouveaux droits et acquièrent de nouvelles responsabilités à l’intérieur du foyer, leur exploitation sur les lieux de travail est la source de frustrations jusqu’alors peu connues. La migration apporte à la fois des gains et des pertes, surtout lorsque le degré d’autonomie dans les sphères publiques et privées s’accompagne d’un travail difficile à assumer.

Des relations de couple en mutation

11Si 64 % des migrantes de Turquie recrutées en Allemagne sont mariées, 42 % ont laissé leur mari en Turquie (Kagitcibasi 1982, p. 214). L’émigration de femmes seules représente non seulement un défi pour elles-mêmes mais pour les hommes et la société migratoire au sens large. La majorité des migrantes a reçu une faible éducation scolaire en Turquie et a été socialisée en milieu rural [3]. Elles ne sont pas toujours psychologiquement prêtes à franchir le cap migratoire, ni à affronter les changements de vie qu’imposé la société occidentale. Un certain nombre d’études montrent cependant qu’elles semblent s’adapter plus rapidement à leurs nouvelles conditions de vie que les hommes (Kiray 1976, p. 224 ; Coggins 1995, p. 63). Plusieurs schémas explicatifs peuvent être retenus. Traditionnellement déjà, la jeune épouse doit quitter sa famille et parfois son village ou son quartier pour rejoindre le domicile de l’époux ou de la belle-famille. Coupée de son environnement habituel, elle endosse le statut d’étranger dans son voisinage immédiat, voire à l’intérieur même du foyer lorsque la famille élargie cohabite. Elle peut alors être confrontée à des sentiments et à des réactions hostiles et être refoulée comme membre familial de seconde zone. Les migrantes de Turquie ont ainsi, sinon une pratique, du moins une mémoire de la nécessité d’ajustement à des situations déstabilisantes.

12Par ailleurs, l’accès à l’indépendance financière contribue à l’acquisition d’une confiance en soi plus importante. Les femmes ont d’ailleurs tendance à moins envoyer d’argent au pays que les hommes. Maryam, recrutée en Allemagne en 1973, explique :

13

À mon arrivée en Allemagne, d’autres femmes turques m’ont aidée car je ne pouvais pas parler la langue. C’était une période très difficile, mais comme j’avais un travail, je pouvais vivre sans trop de soucis d’argent. […] Il était quand même difficile d’économiser.
(Cologne, mars 1998)

14Feride, arrivée en Allemagne en 1971, se souvient :

15

Je suis arrivée directement de mon village pour travailler à Duisburg. Mon mari n’a pas pu être recruté comme moi et il m’a rejoint au bout de plusieurs années. La vie en Allemagne est très différente de celle du village bien sûr. [En Allemagne] il y a davantage de libertés et pour la première fois, je devais vivre seule, sans ma famille. Même si mes amis turcs étaient à côté de moi, je vivais différemment qu’en Turquie.
(Cologne, mars 1998)

16L’œil de la communauté, qui s’apparente ou qui est parfois perçu comme un contrôle des bonnes mœurs, n’empêche pas ces femmes seules de se sentir relativement plus libres que dans le village d’origine. Le fait de gagner leur vie bouleverse les normes traditionnelles selon lesquelles la femme, à la campagne, était considérée surtout, comme une aide à disposition du mari ou de la famille. En tant qu’immigrées, les femmes prennent conscience de leur capacité à travailler et à vivre de façon autonome. Dans bien des cas néanmoins, ce constat se fait après-coup, c’est-à-dire passées les perturbations morales du départ et de l’expérience de la solitude. Dans d’autres cas, les contraintes de l’exil et du travail en entreprise paraissent plus lourdes que les contraintes expérimentées dans le village d’origine.

17Leur jeunesse en outre — en 1981, 50 % sont âgées de 25 à 30 ans et 76 % ont moins de 35 ans — (Coggins 1995, p. 57), représente certainement aussi un facteur qui accélère le processus d’insertion sociale. Le film de Hiner Saleem : Vive la mariée… et La libération du Kurdistan (1998), présente sous une forme humoristique et parfois caricaturale l’émancipation des femmes kurdes grâce à l’immigration et le malheur consécutif des hommes dont l’autorité s’émousse irrémédiablement. L’héroïne, une jeune femme kurde arrivée de son village en France pour épouser un migrant kurde, apprend le français en un temps record, trouve un emploi et s’émancipe des valeurs traditionnelles, au grand désespoir de son mari. Abordé de façon fantaisiste et jusqu’au-boutiste dans le film, le thème de l’émancipation féminine (que le caractère traditionnel de la société kurde et de ses organisations politiques rend pour le moins difficile) n’en demeure pas moins un trait de l’immigration, dont nous tentons de cerner la teneur et les limites.

18La modification des rapports sociaux rencontrée dans la ville occidentale agit effectivement sur les migrantes. L’influence d’une société plus permissive envers les femmes, la nécessité parfois de travailler et l’impact du comportement des filles sur leur mère modifient sensiblement les rapports dans le couple et dans la relation homme/femme en général. Les changements apportés par l’immigration concernent en premier lieu les relations de couple. La pratique matrimoniale en constitue l’une des grilles de lecture. Les familles qui émigrent dans les années 1980-1990 viennent surtout de l’est et du sud-est anatolien (zones rurales et urbanisées), avec une prédominance de familles kurdes. Leur départ se fait de façon plus précipitée que celui de la génération sociale précédente et leur vie en Europe est assez précaire : hommes et femmes travaillent souvent pour leurs compatriotes, dans la confection ou la restauration. Les familles qui bénéficient du regroupement familial après 1980 sont, soit les conjoints des enfants des primo-arrivants, soit les familles des immigrés régularisés en 1981 en France et celles des réfugiés politiques. Le mariage d’un enfant issu de l’immigration avec un(e) compatriote de Turquie n’est pas rare et ainsi, le regroupement familial fonctionne aussi bien pour les primo-migrants que pour les générations suivantes. Il permet une migration des hommes qui, pour épouser une Avrupali (Turque d’Europe), doivent, bien entendu, débourser une forte dot (baslik). La famille, en choisissant son gendre ou sa bru, entend en avoir le contrôle et devenir la principale interlocutrice. On assiste alors à un renversement de pouvoir par rapport au contexte communément admis en Turquie et le gendre se trouve redevable à sa belle-famille de sa nouvelle situation. On retrouve de telles pratiques notamment dans l’immigration marocaine (Bensallah 1994) et algérienne : Yeza Boulahbel-Villac (1994, 1991) rapporte le cas de femmes ayant refusé des mariages socialement valorisés en Algérie, leur préférant l’alliance avec un émigré, d’origine plus modeste, mais qui leur permet l’accès à une société occidentale développée. Ce type de comportement tend, en Turquie, à renforcer l’opinion des familles urbanisées qui continuent de voir en l’immigré un individu kültürsüz (sans culture) qui n’évolue pas socialement. L’élite intellectuelle ne comprend pas que les migrants continuent de marier leurs filles jeunes, alors qu’en Turquie, les jeunes scolarisés ont souvent l’occasion de faire la connaissance de leur futur conjoint sans que les familles ne s’interposent. L’immigration ne bouleverse pas, en effet, les pratiques endogames. Les mariages mixtes entre migrants de nationalité différente, ou entre migrant et autochtone restent l’exception et, si l’on ne se marie plus forcément avec le cousin croisé (famille biologique), on épouse une connaissance ou un membre de la « communauté » ethnico-culturelle ou religieuse en vue d’une alliance profitable (famille sociale). L’attitude positive à l’égard des mariages intercommunautaires est à peine plus élevée chez les enfants issus de l’immigration que chez les primo-arrivants. Le fait d’être immigré permet toutefois de dépasser l’alliance entre tribus et donc le mariage « politique », au profit d’une alliance de type « économique ».

19Cependant, les statistiques montrent que le taux de natalité évolue peu parmi les migrantes. Le nombre moyen d’enfants par famille turque est globalement le même qu’en Turquie, même s’il varie fortement selon les pays d’accueil. Il est, au début des années quatre-vingt-dix, de 2,4 enfants par foyer en Allemagne, de 3,04 aux Pays-Bas, de 4,95 en Belgique et s’élève à 5,05 en France. La taille élevée des familles originaires de Turquie installées en France et en Belgique, s’explique notamment par le fait que les migrants proviennent essentiellement de régions défavorisées et que leur niveau d’éducation et de formation est relativement faible par rapport à ceux qui habitent en Allemagne. Issues d’un milieu rural ou villageois, ces familles avaient déjà en Turquie un taux assez élevé de natalité. En outre, la migration vers la France et le Benelux est beaucoup plus récente que celle à destination de l’Allemagne. Globalement, les pratiques culturelles de la société d’origine, relatives notamment à la natalité et aux moyens de contraception, demeurent encore fortement ancrées en exil.

20La migration modifie, semble-t-il, davantage la durée de vie du couple. Le taux de divorce augmente considérablement parmi les migrants de Turquie lors de la décennie 1980, pour se stabiliser ensuite. En Allemagne surtout, le nombre de divorces passe de 6 en 1981, à 441 en 1987, tandis que le nombre de mariages décroît (passant de 18 900 en 1980 à 17 600 en 1987) et que le solde d’immigration demeure négatif entre 1982 et 1985. Lorsqu’il s’agit de couples mixtes, les séparations sont plus fréquentes lorsque l’homme est étranger et la femme allemande ; dans ce cas, le ratio de nuptialité se solde par 69,5 % de divorces en 1987, contre 37,6 % dans le cas inverse (Nauck 1994, p. 57-64-70). Par comparaison, en Turquie, le taux de divorces varie à la même époque de 1 % dans la province de Bitlis au sud-est, et 32 % dans la province d’Aydin, au sud-ouest (Kagitcibasi 1982, p. 326-334). Si l’on observe une carte des divorces dans le pays, un dégradé s’offre à nous : plus les couples habitent à l’Est de la Turquie, plus le taux de divorce est faible. Contrairement à une idée reçue, selon les statistiques de l’État turc, ce sont les non-diplômé(e)s qui divorcent le plus, alors que plus le niveau d’étude augmente, plus le taux de divorce est faible. L’une des explications possibles est que les mariages de diplômés ont tendance à faire intervenir le libre choix des intéressés, alors que ceux des non-diplômés sont plus souvent imposés. À l’instar du mariage, il semble que les divorces entre migrants de Turquie se règlent de préférence hors du pays d’accueil. L’union étant souvent contractée en Turquie, elle peut y être également dissoute à l’occasion d’un court séjour.

21Si les pratiques matrimoniales peinent à se détacher de la tradition, les hommes et, a fortiori, ceux qui restent en Turquie, voient de fait leurs attributions et leurs pouvoirs remis en cause. Les valeurs traditionnelles sont perturbées par la concurrence de nouvelles normes et l’on assiste à une inversion des rôles. La femme gagne l’argent du ménage et devient, financièrement, le chef de famille. Les décisions concernant le ménage tendent alors à être partagées plus équitablement au sein du foyer, même lorsque celui-ci est éclaté entre l’Europe et la Turquie.

Sacrifice des mères et émancipation des filles ?

22Les femmes arrivées pendant les années soixante-dix, grâce au regroupement familial proviennent majoritairement d’Anatolie centrale et du nord de la Turquie. Bien qu’installées depuis plus de deux décennies, beaucoup d’entre elles vivent leur situation comme temporaire et opposent parfois de fortes réticences à un quelconque investissement dans les sociétés d’accueil, même si leurs enfants les obligent à remettre en question certains principes. Nombre d’Anatoliennes que nous avons rencontrées en France et en Allemagne se disent en partie sacrifiées au projet professionnel de leur mari ou de leurs enfants. Maryam, dont le mari arrive pourtant en Allemagne plusieurs années après elle et avec lequel elle a trois enfants, évoque la Turquie avec nostalgie même si elle n’envisage plus de retour proche :

23

Maintenant, j’ai trois enfants. Ils ont tous été scolarisés en Allemagne et deux d’entre eux ont appris un métier ici. Moi, je voudrais retourner en Turquie pour m’installer dans une petite ville, mais je ne peux pas laisser mes enfants. La plus jeune n’a pas encore fini ses études à l’université d’Essen et, de toute façon, ils ne veulent pas s’installer en Turquie.
(Cologne, mars 1998)

24Esra porte ses espoirs sur l’avenir :

25

Je suis venue rejoindre mon mari en France en 1979 avec nos deux enfants et j’en ai eu deux autres après. Nous revenons presque tous les deux ans au village [dans la province de Konya], mais mon mari y va plus souvent car il a acheté un commerce là-bas. Quand il sera à la retraite, nous pourrons ainsi revenir nous installer en Turquie.
(Paris, février 1997)

26Gül, rencontrée lors d’une fête associative de Newroz (nouvel an kurde), a suivi son mari réfugié politique. Elle demeure partagée entre plusieurs nécessités :

27

L’Allemagne nous a accueillis, mais je ne peux pas oublier mon pays. Ma mère et mes frères et sœurs sont encore à Gaziantep et à Istanbul. Ma mère est vieille maintenant et je voudrais rester avec elle, la revoir. Je ne peux pas parce que mon mari est réfugié politique et a demandé la nationalité allemande. C’est mieux si nous restons ici [en Allemagne].
(Cologne, mars 1998)

28Si elles n’envisagent pas de quitter leurs enfants qui, pour leur grande majorité, choisissent de rester en Europe, ces femmes tiennent toutefois à retourner vieillir ou mourir en Turquie. Une partie de celles rencontrées en région parisienne regrette, à l’instar de Gül, la famille restée en Turquie et, en second lieu, la terre d’origine. Des études menées dans d’autres pays européens montrent également le déficit de relations avec l’extérieur de ces femmes exilées et la nostalgie du village et de l’habitat. Alors que la sociabilité masculine semble assez développée, à la fois sur les lieux de travail, dans les cafés, les associations et les mosquées, et que les hommes ont su développer des réseaux d’entraide, les femmes souffrent du manque de communication, conséquence d’une maîtrise souvent partielle de la langue des pays d’accueil. La barrière linguistique est la première chose que les femmes évoquent lorsqu’elles parlent de leurs difficultés. Certaines d’entre elles souhaitent faire venir leur mère et leurs sœurs pour rompre leur isolement forcé. Mais la plupart des femmes rencontrées ont aussi un désir d’émancipation, sur le modèle de la femme occidentale. Elles rêvent souvent d’exercer une activité professionnelle, de se décharger de la garde quotidienne des enfants comme des pressions et des remarques de la belle-famille. La vie en Occident ne représente pas seulement la possibilité de s’émanciper des coutumes et des méthodes traditionnelles — choix des vêtements, investissement dans la sphère publique, méthodes d’accouchement (Vega 1994), etc. —, mais offre l’opportunité de bénéficier d’un confort matériel beaucoup plus important qu’en Turquie. Ce confort touche généralement à la qualité de vie mais aussi particulièrement à l’accès égalitaire au système de soins (Establet 1997) [4].

29Cependant, l’évolution la plus marquante est la pratique relationnelle entre les enfants et les parents. Le changement est apporté par les femmes : les filles se révoltent contre une autorité patriarcale trop sévère à leur goût, les mères font l’apprentissage de certaines valeurs de la société d’accueil à travers la volonté d’indépendance de leurs filles, les épouses trouvent une échappatoire à la vie familiale par le biais de leur travail. C’est ce que souligne une animatrice d’Arc-en-ciel, émission faite par et pour les jeunes issus de l’immigration de Turquie à Paris, et qui émet chaque samedi sur la radio Paris-Pluriel (FM 106.3) :

30

Nos émissions sont bilingues turc/français. C’est normal, car nous avons tous grandi en France de parents turcs et nous parlons aussi bien les deux langues, même si certains nous le reprochent [allusion à Ugur Hüküm qui anime l’émission en turc de RFI et qui reproche aux jeunes animateurs d’Arc-en-ciel de faire beaucoup de fautes de langage en turc. Inversement, ceux d’Arc-en-ciel reprochent à Ugur Hüküm de parler un turc trop châtié que personne ne comprend !]. Mais c’est aussi pratique : lorsque nous ne voulons pas que les parents comprennent ce que nous disons à l’antenne, nous parlons en français ou un mélange des deux langues[5].

31Inversement, le départ des hommes peut entraîner pour la famille qui demeure en Turquie, un sentiment de liberté plus grand. Selma, l’une des six enfants d’un travailleur turc en Allemagne et que nous avons rencontrée à plusieurs reprises à Istanbul [6], nous confiait :

32

Mon père travaille en Allemagne depuis trente ans. Nous [ma mère, mes frères et sœurs] ne l’avons jamais rejoint, mais il vient passer ses vacances en Turquie. C’est bien, car nous pouvons faire ce que nous voulons.

33En revanche, lorsque le père revient l’été, il semble reprendre son rôle de chef de famille, ce qui est mal accepté par les autres membres de la famille. Néanmoins, les enfants ont profité de la situation économique de leur père et Selma, toujours célibataire à 27 ans, a pu terminer ses études et ouvrir une pharmacie à Istanbul. En 2001, son père pourra bénéficier de sa retraite en Allemagne, mais elle ne sait s’il reviendra définitivement en Turquie.

34Les pères, époux et frères n’ont qu’à subir, même si là période de transition, qui ne se fait pas sans drame ni sans difficulté, se poursuit durant plusieurs générations. L’émigration et plus spécifiquement l’émigration des femmes, produit un effet perturbateur indéniable pour la société d’origine et ceux des migrants qui se réfèrent à ses valeurs. Comme le souligne Abdelmalek Sayad :

35

Il est significatif que le procès fait à l’émigration et, par là même, aux émigrés, porte prioritairement et plus violemment sur la population féminine émigrée et, plus précisément, sur le corps des femmes, à travers le costume, l’hexis corporelle, les manières de se tenir, de parler, de se comporter, surtout en public, bref les manières de porter leur corps et de se comporter avec leur corps.
(1999, p. 172)

36La signification symbolique accordée au corps féminin impose aux femmes de se conformer à la « tradition ». L’émigration/immigration peut constituer de ce fait un danger et provoquer des réactions parfois brutales, mais elle est toujours source de recompositions individuelles et collectives.

37Les conclusions de notre recherche confirment l’importance du rôle de la famille, tant dans le parcours migratoire des femmes originaires de Turquie que dans la gestion du mariage des enfants, dont l’aspect le plus visible est le choix des époux en Anatolie pour les jeunes issus de l’immigration et le regroupement familial lié à la « seconde génération ». Toutefois, la tendance est à une renégociation des places et des rôles à l’intérieur de la famille, comme dans la société dans son ensemble et ce, aussi bien dans les relations parents/enfants qu’hommes/femmes. Bien que les femmes n’affrontent pas les rapports familiaux et sociaux avec le même héritage que les hommes sur le plan spatial et temporel, le travail salarié féminin est devenu un fait incontournable de l’organisation à ces deux niveaux. Pour les migrantes de Turquie et leurs filles, la scolarisation et la nécessité de travailler impliquent des bouleversements incontestables auxquels elles doivent s’adapter. Ce changement de mode de vie a pour conséquence d’avoir rendu les femmes visibles et non plus seulement présentes. Le port du voile notamment, constitue tout à la fois une cause et une conséquence de cette visibilité : d’une part, il apporte aux jeunes femmes des ressources supplémentaires en termes de légitimité morale, vis-à-vis de la famille et de la population musulmane (températion de la domination parentale, possibilité de contacts « licites » avec les hommes extérieurs, etc.). D’autre part, il contribue à leur visibilité dans les sociétés d’accueil, que ce soit dans la rue ou sur les lieux de travail en Allemagne ou à l’école en France. Les hommes doivent composer avec la nouvelle visibilité de leurs épouses ou de leurs filles qui, en immigration, commencent à sortir du cadre familial et de voisinage. La migration entraîne en ce sens un travail sur l’identité économique, sociale et culturelle des femmes. Elle ouvre des possibilités nouvelles en permettant de remanier la tradition qui n’est pas rejetée en bloc mais adaptée à la société moderne à laquelle elles aspirent.

Références

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Date de mise en ligne : 01/02/2012

https://doi.org/10.3917/cdge.030.0103

Notes

  • [*]
    Certains éléments de cet article ont déjà été exposés dans le numéro 2/2000 du Zeitschrift für Türkeistudien (Essen, Allemagne).
  • [1]
    L’expérience des « femmes-relais » a été initiée en France par des associations, conjointement avec quelques municipalités. Elle a bien fonctionné avec les femmes maghrébines et africaines. C’est ce qui ressortait d’une rencontre organisée par Elele avec des interprètes en langue turque, Paris, Institut du travail social, 19.11.99.
  • [2]
    Le tableau 1 s’arrête en 1974, au moment de la fermeture officielle des frontières des pays susceptibles d’accueillir une immigration de main-d’œuvre.
  • [3]
    80 % des migrantes employées en Allemagne entre 1965 et 1976 habitaient en Turquie des zones rurales (Abadan-Unat 1977). Ces statistiques contrastent avec l’origine géographique de la migration masculine en Allemagne, plus urbaine et plus qualifiée que dans les autres pays d’Europe.
  • [4]
    Roger Establet analyse la perception du système de soins par les migrants de Turquie en France. Pour les migrants interrogés à leur retour définitif en Turquie, le système de soins français, jugé égalitaire et sûr est l’un des aspects le plus marquant et le plus positif de la société française.
  • [5]
    Rencontre lors des « causeries » d’Elele, en 1997. D’autres journalistes et animateurs étaient invités, dont Ugur Hüküm de RFI (dimanche, 9h-10h l’hiver et 10h-11h l’été), ceux de Radio Soleil (mardi et jeudi, 15h-17h) et de Orient Express (mardi 12h-13h) sur Radio Méditerranée (FM 88.6).
  • [6]
    Septembre 1993, juillet 1997, juin 1999.

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