Notes
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1 En complément de ce témoignage, voir celui d’Henri Proglio, ancien PDG d’EDF (2009-2014) lors du séminaire de printemps « L’avenir de la filière nucléaire française » à la fondation Res Publica. https://fondation-res-publica.org/2023/07/24/expose-de-henri-proglio/
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- Rapport d’activité 2022 de la Commission des participations et des transferts
- Rapport de l’Inspection générale des finances sur l’exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie
- Auditions des PDG d’EDF
- Orano et Eramet : événements du Niger et du Gabon
- Brèves
Rapport d’activité 2022 de la Commission des participations et des transferts
1 La Commission des participations et des transferts (CPT) est une autorité administrative indépendante. Elle a été créée sous le nom de Commission de la privatisation par la loi du 6 août 1986 relative aux modalités des privatisations. L’ordonnance du 20 août 2014 a refondu en un texte unique l’ensemble des dispositions applicables aux opérations sur le capital des sociétés à participation publique en renforçant les compétences de la CPT concernant les cessions de participations par l’État ou le secteur public et en ouvrant la possibilité au ministre chargé de l’Économie de saisir la Commission pour toute opération d’acquisitions par l’État. De plus, le II de l’article 181 de la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques a donné compétence à la Commission pour connaître des transferts au secteur privé, par les collectivités territoriales, de la majorité du capital d’une société réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 75 millions d’euros ou employant plus de 500 personnes. Ensuite, la loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, a introduit, à l’article L. 4211-1 du code général des collectivités territoriales, un 8° bis rendant obligatoire, dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État, une saisine de la Commission dans le cadre d’une prise de participation d’une région au capital de certaines sociétés commerciales. Enfin, la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises est venue préciser et compléter le champ d’intervention de la Commission, dans divers domaines.
2 La Commission des participations et des transferts a engagé, au cours de l’année 2022, de sa propre initiative, une réflexion sur le champ de ses compétences. Trois axes d’extension de ses compétences ont retenu l’attention de la Commission. Le premier est relatif à l’élargissement de ses compétences aux opérations de cession internes au secteur public. Le deuxième concerne l’exercice d’un droit de suite sur les opérations relatives à des titres acquis par une entreprise publique auprès de l’État puis cédés par cette dernière. Le troisième est relatif à la consolidation législative de la pratique de consultation de la Commission, dans le cadre des procédures d’attribution des fréquences radioélectriques.
La Commission a émis trois avis en 2022 :
Cession de la société EDF Energy Services LLC par le groupe EDF
3 EDF Energy Services LLC, dont le siège est à Houston (Texas), exerce une activité de vente de produits et de services d’électricité et de gaz naturel aux États-Unis. La cession vise à contribuer au désendettement du groupe EDF. L’offre de la société BP North America, a été retenue. Le contrat de cession a été signé le 9 septembre 2022. Dans son avis 2022 n° AC-01 du 15 novembre 2022, la Commission a estimé que la valeur d’entreprise d’EDF ES pouvait être correctement estimée à 410 millions de dollars soit, compte tenu de l’absence d’endettement et de trésorerie, une valeur des fonds propres de même montant. Pour déterminer cette valeur, la Commission s’est appuyée sur le rapport de valorisation établi par PJT Partners, conseil du vendeur.
Cession de l’action de préférence détenue par l’État au capital d’Airbus DS Geo SA
4 Airbus DS Geo SA est une société anonyme dont les activités sont principalement tournées vers les services d’imagerie satellites multi-sources et multi-résolutions. La société est détenue en totalité par la société Airbus Defence and Space SAS, à l’exception d’une action de préférence détenue par l’État, qui vise à protéger les intérêts stratégiques. La cession de l’action de préférence détenue par l’État dans Airbus DS Geo SA à Airbus Defence and Space SAS visait à permettre la fusion-absorption de la première dans la seconde. Les prérogatives, qui assuraient la protection des intérêts stratégiques de l’État, ont été maintenues par d’autres mécanismes. Dans son avis 2022 AC 02 du 15 novembre 2022, la Commission a estimé que la valeur proposée de 1 008 € de l’action de préférence d’Airbus DS Geo SA respectait les intérêts du secteur public.
Cession de CNP Partners de Seguros y Reaseguros SA
5 CNP Partners est une société d’assurance et de réassurance de droit espagnol détenue à hauteur de 99,5 % par CNP Assurances et de 0,5 % par CNP Caution. La Commission a observé que le processus de cession qui lui a été décrit a été conduit par le vendeur de manière objective compte tenu du contexte spécifique dans lequel il s’inscrivait. Dans son avis 2022 AC 03 du 13 décembre 2022, la Commission a estimé la valeur des fonds propres de CNP Partners, et l’arrêté du 15 décembre 2022 autorisant la cession pour un montant de 128 millions d’euros a été publié au Journal officiel du 18 décembre 2022.
6 Outre les trois avis adoptés en 2022, la Commission a été sollicitée sur le rachat en bourse par l’État des actions d’EDF en vue d’un retrait de la cote. La Commission n’avait juridiquement pas à être consultée sur ce dossier. Néanmoins, en plein accord avec elle, l’APE l’a sollicitée de manière informelle, plus particulièrement sur les sujets relatifs aux méthodes visant à fixer la valeur d’EDF.
Enfin, la Commission a examiné en 2022 les opérations suivantes qui ont vocation à être finalisées en 2023 :
- EDF a engagé en 2022 la cession d’une filiale irlandaise qui a été finalisée en janvier 2023 et qui a fait l’objet de l’avis AC-01 2023.
- Au sein du groupe La Poste, un projet de cession de DPD Russie, filiale de GEOPOST, a été annoncé le 11 mai 2022 par DPD Group, mais n’a pas pu être finalisé en 2022.
- La Commission a par ailleurs été saisie en décembre 2022 par le conseil régional de La Réunion du projet de restructuration d’Air Austral. L’avis de la Commission sur cette opération a été adopté le 19 janvier 2023.
- Enfin, CCR a annoncé, le 20 septembre 2022, que d’ici juillet 2023 une augmentation de capital de CCR Ré, à hauteur de 200 millions d’euros, sera souscrite par un nouvel actionnaire (ou groupe d’actionnaires) dans une transaction lui permettant de détenir une part majoritaire du capital de la filiale de marché.
Rapport de l’Inspection générale des finances sur l’exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie
8 Dans la législation européenne sur les matières premières critiques, le nickel pour batterie (ou nickel de classe I) figure désormais dans la liste des 16 matières premières non seulement « critiques » mais également « stratégiques » dont l’approvisionnement futur peut être problématique du fait de l’émergence d’acteurs financés par la Chine et soutenus par des pratiques anticoncurrentielles. Dans ce contexte, la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie est un enjeu important. Toutefois, cette production, en partie inadaptée aux nouveaux usages (nickel réservé au marché asiatique de l’acier inoxydable) présente des coûts de production notablement plus élevés que ceux de la concurrence internationale. C’est ce sujet qui a fait l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des finances publié dans l’été. En effet, c’est le secteur public qui exploite en grande partie cette ressource, notamment la Société Le Nickel (SLN, localisée à Nouméa dont l’actionnaire majoritaire est Eramet). Les résultats de ces entreprises sont fragiles et très exposés à la volatilité des prix du nickel.
9 L’IGF note que leurs problèmes de rentabilité sont multifactoriels. Le premier élément pesant sur leurs coûts de production est la sous-production des usines en raison de l’épuisement progressif des gisements les plus riches, mais s’y ajoutent des difficultés réglementaires et des problèmes techniques, ainsi que des facteurs conjoncturels, liés au climat social et aux conditions météorologiques et enfin, des coûts d’énergie structurellement élevés, supérieurs à ceux de leurs concurrents indonésiens. Non profitables, ces entreprises demandent donc un soutien de financement à leur actionnaire public pour poursuivre leur activité en arguant que celle-ci est vitale pour l’île. Dans un scénario extrême de défaillance simultanée des trois usines, le chômage sur le territoire augmenterait d’environ 50 % (celui-ci s’établirait alors à environ 16 %) et l’équilibre de ses comptes sociaux, ainsi que ses revenus fiscaux seraient affectés.
10 Des transformations profondes de la filière conditionnent sa viabilité à long terme. En premier lieu, il paraît nécessaire de réviser le cadre juridique du contrôle des exportations de minerai brut, afin de permettre une subvention croisée entre l’activité minière rentable et l’activité métallurgique non rentable. Par ailleurs, pour se détacher du prix du nickel de classe II sur le marché asiatique, il faudrait convertir tout ou partie de la production de ferronickel en matte de nickel, entrant dans la chaîne de valeur des batteries. Également, une intégration verticale avec des acteurs européens serait utile. À plus long terme, la transformation du mix énergétique du territoire est doublement nécessaire pour abaisser les coûts et les émissions de CO2 des métallurgistes, afin de leur permettre d’exporter leur production vers l’Union. Enfin, l’acceptabilité de l’activité sur le territoire pourrait être améliorée en repensant les mécanismes de partage de la valeur.
11 Il pourrait également être envisagé de rationaliser l’actionnariat public, en Nouvelle-Calédonie, au sein d’une même structure transversale, réunissant à égalité les trois provinces, voire la seule collectivité (création d’une « agence des participations de Nouvelle-Calédonie »). Cela permettrait de mieux aligner les intérêts publics et de réduire progressivement, à l’occasion de restructurations bilantielles par ailleurs indispensables, la présence des actionnaires publics au sein du capital de ces entreprises, dont les besoins en termes de financements sont hors de portée de ces acteurs.
12 À court terme cependant, de nouveaux financements sont difficilement évitables.
Auditions des PDG d’EDF
13 Luc Rémont était auditionné le mercredi 19 juillet par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Il a insisté sur le fait que « jamais dans l’histoire le groupe EDF n’a eu à investir autant dans plusieurs domaines en même temps ». Les investissements d’EDF vont en effet monter à 25 milliards d’euros par an, soit une hausse de 52 % par rapport à 2022 où ils avaient atteint 16,4 milliards d’euros. Et même de +78 % par rapport à 2020 où ils s’étaient élevés à 14 milliards d’euros, d’après les résultats financiers du groupe.
14 Le PDG a défendu l’idée de contrats à long terme comme base du modèle économique du groupe post-2025, après la fin de la régulation actuelle de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique).
15 Luc Rémont a confirmé qu’EDF aurait besoin de l’aide de l’État pour financer les nouvelles centrales. Il a par ailleurs précisé que l’objectif de production nucléaire en France en 2023 était de 300-330 térawatts-heure (TWh) et 350 TWh en 2025 [1].
16 Par ailleurs, les commentateurs font état de la préparation d’une profonde réorganisation de l’entreprise.
Orano et Eramet : événements du Niger et du Gabon
17 Le coup d’État militaire au Niger du 26 juillet 2023, qui a destitué le président élu Mohamed Bazoum, a amené à s’interroger sur le maintien des activités minières d’Orano dans ce pays et sur la sécurité des approvisionnements en uranium de la France.
18 Orano, détenu à 90 % par l’État, est présent au Niger depuis plus de 50 ans à travers trois filiales de droit nigérien (la Compagnie des mines d’Akokan – Cominak, la Société des mines de l’Aïr – Somaïr, le projet Imouraren) codétenues par l’État nigérien. Cominak a été arrêtée fin mars 2021, mais Orano assure le réaménagement environnemental. Seul le site de Somaïr est exploité. Orano a annoncé samedi que les activités de maintenances avaient été anticipées sur ce site en raison de l’amenuisement de ses stocks de produits chimiques. Ces opérations de maintenance devaient initialement démarrer début 2024.
19 Sur le site d’Imouraren, la production n’a pas encore débuté. La valorisation de la mine d’Imouraren, dans les comptes 2016 du groupe nucléaire a donné lieu à des investigations judiciaires. La question est de savoir si, dès 2014, il n’apparaissait pas que les conditions d’exploitation étaient particulières. Sur le site d’Orano, on trouve, s’agissant du projet Imouraren le commentaire suivant :
« Situé à 80 km au sud d’Arlit et à 160 km au nord d’Agadez, ce gisement découvert en 1966 contient des réserves parmi les plus importantes au monde. À l’issue d’une étude de faisabilité achevée fin 2007, Orano a obtenu début 2009 un permis d’exploitation du gisement. Les travaux pour la mise en production du site ont été suspendus et le site a été mis ‘‘sous cocon’’ en 2015 dans l’attente de conditions de marché plus favorables. La société d’exploitation est détenue à 63,52 % par Orano, à 33,35 % par Sopamin et L’État du Niger et 3,13 % par KHNP. Aujourd’hui, Orano est à la recherche de nouvelles méthodes d’extraction permettant de réduire les coûts et prévoit des campagnes de forage dans certaines zones du gisement afin de tester la faisabilité des opérations. » [2]
21 Concernant la sécurité des approvisionnements de la France., l’impact des événements, de toute façon, ne pourrait se produire qu’à moyen terme. Il faut savoir en effet que les centrales utilisent les combustibles pendant trois ans. Et la France dispose actuellement de deux années de stocks d’uranium et de ses produits transformés, l’uranium enrichi, l’uranium converti et l’uranium assemblé. De plus, rapport aux années 1970, la France a diversifié ses sources d’uranium. Selon Le Monde, en 2022, la France s’est approvisionnée en uranium auprès du Niger à hauteur de 20,2 %, soit 1 440 tonnes sur 7 131. Les coûts élevés d’exploitation au Niger ont incité à se tourner depuis quelques années vers d’autres fournisseurs, notamment l’Australie.
22 Enfin, abordons la question de l’importance des retombées pour le Niger qui a aussi donné lieu à des interrogations. Comme toute entreprise, les filiales d’Orano sont soumises à la fiscalité locale – fiscalité minière et impôt sur les sociétés –, tandis que l’État nigérien peut de son côté également encaisser les bénéfices qu’il tire de la commercialisation de l’uranium issu de sa part de production et des dividendes des sociétés dans lesquelles il est actionnaire lorsqu’elles en versent. Des sources diverses chiffrent à presque 20 millions d’euros les recettes annuelles. Le groupe fait également valoir les « retombées indirectes constituées par les salaires versés aux salariés des entreprises minières au Niger et par les achats locaux effectués par ces sociétés qui ont contribué au développement de la région d’Agadez », ainsi que les actions en faveur des populations, par exemple « le programme agro-alimentaire de mise en valeur de la vallée de l’Irhazer pour 17 millions d’euros ». Orano emploie 900 salariés au Niger, dont 99 % sont de nationalité nigérienne. La société travaille aussi avec 1 200 sous-traitants, presque exclusivement nigériens.
23 Néanmoins, le Niger veut rehausser les retombées issues de la richesse de son sous-sol. En 2007, le président Mamadou Tandja avait d’ailleurs exigé et obtenu une augmentation de 40 % du prix d’achat de l’uranium par Areva. Un accord de mai 2014 a permis d’augmenter sensiblement la redevance de la valeur du minerai (12 % contre 5,5 % auparavant). Enfin, le prix de l’uranium est fixé désormais en fonction d’éléments objectifs issus du marché international.
24 Autre événement africain impactant les entreprises publiques françaises, des militaires ont annoncé le 30 août prendre le pouvoir au Gabon, renversant le régime du président Ali Bongo dont la réélection venait d’être annoncée. À la suite du coup d’État, « toutes les opérations de Comilog et Setrag ont été mises à l’arrêt et le trafic ferroviaire a été suspendu », a indiqué une porte-parole d’Eramet à l’agence Agefi-Dow Jones. Comilog et Setrag sont les filiales d’Eramet au Gabon. Elles exploitent respectivement la mine de Moanda, la plus vaste mine de manganèse au monde, et une ligne de chemin de fer qui traverse le pays d’est en ouest. Le 31 août cependant, l’entreprise a annoncé la reprise des activités. De plus, Marcel Abeke, ancien directeur de Comilog, a obtenu le poste de ministre du pétrole dans le nouveau gouvernement.
25 Enfin, dans le registre des impacts des événements internationaux, cette fois-ci sur EDF : annoncé en février 2022, le rachat des fameuses turbines « Arabelle » de General Electric par EDF est retardé. Selon Les Échos, EDF n’aurait pas les « garanties suffisantes » sur la poursuite des activités de l’entreprise dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le principal client de GEAST (l’entreprise qui possède les turbines) est en effet le groupe russe Rosatom.
26 La Commission de régulation de l’énergie a réévalué le coût de production de l’électricité par le parc nucléaire actuel pour les 20 prochaines années. La nouvelle estimation de la CRE conduit à une progression du coût, en comptant le démantèlement, qui est porté à 60,70 €/MWh sur la période 2026-2030, 59,10 € sur 2031-2035 et 57,30 € sur 2036-2040. Ces chiffres sont toutefois bien inférieurs à ceux présentés par EDF à la CRE, l’électricien ayant évalué ses coûts à 74,80 €/MWh sur la période 2026-2030 ; 73,90 €/MWh sur 2031-2035 et 69,90 €/MWh sur la période 2036-2040, selon la synthèse de ce rapport confidentiel remis en juillet au gouvernement et dévoilé mardi par le média en ligne Contexte. L’État et EDF travaillent en effet à l’élaboration du nouveau cadre censé prendre le relais de l’Arenh en 2025.
Brèves
Banque publique d’investissement : soupçons de prise illégale d’intérêt
27 La Cour des comptes a adressé un signalement au parquet financier sur des soupçons de conflit d’intérêts concernant 200 employés de la banque publique Bpifrance. Le magazine Marianne avait évoqué ces soupçons. Il s’agit de placements dans un fonds baptisé « Bpifrance Entreprises », lancé en 2020 pour permettre, dans le cadre de la loi Pacte, « aux Français d’investir plus facilement leurs économies dans les entreprises françaises ». Selon l’hebdomadaire, « les investisseurs ont doublé leur mise en moins de deux ans et demi, soit un gain d’un peu plus de 100 millions d’euros ». Nicolas Dufourcq, le dirigeant de la banque publique, dans un post sur LinkedIn a indiqué : « Il n’y a pas eu de prise illégale d’intérêt, pas d’information privilégiée et encore moins de braderie […] ou conditions préférentielles » pour les collaborateurs de la Bpi.
Réorganisation des accords Renault-Nissan
28 Renault Group et Nissan ont signé un accord-cadre engageant le 6 février 2023 et finalisé ces accords dans l’été. Nissan investit jusqu’à 600 millions d’euros dans Ampère, la nouvelle entité de Renault Group dédiée au véhicule électrique et au software en Europe, et détient un siège à son conseil d’administration. Renault Group et Nissan conserveront une participation croisée plafonnée à 15 %, avec une obligation de conservation. Renault transférera 28,4 % de ses actions Nissan dans une fiducie française, où les droits de vote seront « neutralisés ». Renault pourra vendre ces actions Nissan détenues dans la fiducie, mais Nissan « bénéficiera d’un droit de première offre », à son profit ou au profit d’un tiers désigné.
RATP : résultats et concurrence
29 Selon des résultats publiés en juillet, la RATP a enregistré un déficit de 129 millions d’euros au premier semestre. Les facteurs pénalisants ont été : la hausse des prix de l’énergie, les émeutes, ainsi que la réforme des retraites. Mais les hausses de salaires consenties par le nouveau PDG ont également pesé sur ces résultats. De plus, le trafic n’a pas encore rattrapé son niveau d’avant le Covid, même si le chiffre d’affaires progresse légèrement.
30 La présidente d’Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, a dévoilé l’étalement du calendrier d’ouverture à la concurrence des autobus parisiens de la RATP jusqu’à la fin 2026 afin d’éviter des mouvements sociaux pendant les Jeux olympiques de l’été 2024. Ce sont les lots de Paris intra-muros (rive gauche et droite) qui seront les derniers.
31 La concurrence est déjà vive entre la RATP et la SNCF pour les transports du Grand Paris. À noter que, Keolis, la filiale de la SNCF, s’est vu attribuer les nouvelles lignes 16 (de Saint-Denis Pleyel à Noisy-Champs) et 17 (de Saint-Denis Pleyel au Mesnil-Amelot en passant par l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle), qui seront mises en service à partir d’octobre 2026, ainsi que la gestion de la station Saint-Denis Pleyel, qui sera opérationnelle pour les JO de Paris 2024. En revanche, Île-de-France-Mobilités a choisi le consortium ORA (RATP Dev, Alstom et la société de transport singapourienne ComfortDelGro), pour exploiter à partir de 2025 la future ligne 15 du Grand Paris Express, pour au moins six ans.
CDR : arrêt de la Cour de cassation sur l’arbitrage Crédit Lyonnais.
32 La Cour de cassation s’est prononcée sur l’arbitrage de 2008 entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais. Un nouveau procès aura lieu pour l’ex-patron d’Orange Stéphane Richard et pour le fonctionnaire Jean-François Rocchi. Elle a reconnu que ces deux personnes « ignoraient le caractère frauduleux de l’arbitrage ».
33 La Cour de cassation a également précisé « si le [Consortium de réalisation] récupère tout ou partie des 400 millions d’euros détournés, ces fonds ne pourront se cumuler avec la somme obtenue en réparation de son préjudice. En d’autres termes, le Consortium ne pourra recevoir plus de 400 millions d’euros ». La Cour de cassation a également cassé la décision de la Cour d’appel qui déclarait recevable la constitution de partie civile de l’État français.
SNCF : coût des grèves
34 Les grèves contre la réforme des retraites ont coûté 500 millions d’euros à la SNCF, a annoncé la société ce jeudi 27 juillet. Mais malgré cela, le groupe ferroviaire enregistre un chiffre d’affaires en hausse de 2,2 % au premier semestre, par rapport au même semestre de l’an dernier s’élevant ainsi à 20,7 milliards d’euros.
Thales : croissance externe
35 Thales a annoncé le rachat, pour 3,26 milliards d’euros, d’Imperva, une entreprise américaine de cybersécurité. Avec d’autres acquisitions récentes, le groupe aura réalisé pour 4,36 milliards d’euros d’acquisitions. Il se situera ainsi dans le « top 5 mondial » des acteurs de cybersécurité.
Areva : nomination
36 Un décret du 17 juillet 2023 nomme M. BRAIDY Philippe, président-directeur général de la société AREVA SA.
Chantiers de l’Atlantique : nomination
37 Par décret du président de la République paru le 11 septembre, Laurent Castaing a été reconduit dans ses fonctions de directeur général des Chantiers de l’Atlantique, qu’il exerce depuis 2012. Le chantier naval, dont l’actionnaire principal est l’État à 84 %, a enregistré un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2022. Son carnet de commandes est bien rempli, avec actuellement cinq paquebots en construction ou finitions, plusieurs commandes emblématiques tels que les paquebots à voiles Orient Express Silenseas, bientôt un second pétrolier ravitailleur de forces, sans compter les études liées au futur porte-avions et plusieurs commandes de sous-stations électriques en France et en Europe, pour sa branche Atlantique Offshore Energy.
Réforme en Italie
38 Selon des sources locales, l’Italie s’apprêterait à créer un nouveau département au sein du ministère de l’Économie qui sera chargé de la gestion des entreprises contrôlées par l’État et des cessions d’actifs. Le projet de décret a été examiné par la Cour des comptes italienne. Le Trésor continuera à superviser la gestion de la dette publique, les politiques macroéconomiques, les relations européennes et internationales ainsi que la réglementation financière. Les critiques soulignent toutefois le risque de chevauchement des structures et affirment que le plan pourrait affaiblir l’une des administrations publiques les plus importantes d’Italie. Le nouveau département devrait servir à identifier d’autres entreprises dans lesquelles l’État pourrait vendre des participations minoritaires, pour faciliter la maîtrise de la dette publique, qui a dépassé 142 % du produit intérieur brut (PIB).
Réforme en Afrique du Sud
39 L’Afrique du Sud est confrontée à des difficultés d’importantes entreprises de son secteur public. Le ministère sud-africain des Entreprises publiques a publié, vendredi 15 septembre, un projet de loi prévoyant la création d’une holding regroupant plusieurs sociétés d’État dont la compagnie d’électricité en difficulté Eskom Holdings et l’opérateur ferroviaire et portuaire Transnet. Intitulé « National State Enterprises Bill », ce texte précise qu’il sera créé une société de gestion d’actifs baptisée « State Asset Management SOC Ltd. », qui « consolidera les participations de l’État au sein d’une seule entité. » Il s’agit d’une holding qui pilotera la stratégie de l’État actionnaire. Le ministère des Entreprises publiques, qui supervise actuellement les participations de l’État dans le secteur public, sera supprimé.
Notes
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1 En complément de ce témoignage, voir celui d’Henri Proglio, ancien PDG d’EDF (2009-2014) lors du séminaire de printemps « L’avenir de la filière nucléaire française » à la fondation Res Publica. https://fondation-res-publica.org/2023/07/24/expose-de-henri-proglio/
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