Notes
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[1]
Au sens où l’entend Howard Becker dans Outsiders, Paris, Métailié, 1985, c’està-dire un groupe capable d’imposer ses valeurs et qui entreprend des actions diverses pour y parvenir.
-
[2]
J. Hoberman, Mortal Engines : The Science of Performance and the Dehumanization of Sport, New York, The Free Press, 1992.
-
[3]
Ch. Brissonneau, O. Aubel, F. Ohl, L’épreuve du dopage. Sociologie du cyclisme professionnel, Paris, puf, 2008.
-
[4]
I. Waddington, Sport, Health and Drugs : A Critical Sociological Perspective, Londres, Spon Press, 2000.
-
[5]
I.Waddington, Le dopage sportif?: la responsabilité des praticiens médicaux,staps, 70(4), 2005.
-
[6]
P. Dimeo, A History of Drug Use in Sport 1876-1976. Beyond Good and Evil, Londres, Routledge, 2007.
-
[7]
Anselm Strauss, La trame de la négociation?: sociologie qualitative et interactionnisme, Paris, L’Harmattan, 1992. Strauss distingue à l’intérieur d’une même profession des « ?segments? » distincts dont les intérêts peuvent diverger.
-
[8]
Christophe Brissonneau, Entrepreneurs de morale et carrières de déviants dans le dopage sportif, thèse staps?; Univ. Paris X-Nanterre, 2003.
-
[9]
Jean-Christophe Lapouble, Le régime juridique de la prévention et de la répression du dopage dans le sport : la loi n°89-432 du 28 juin 1989, thèse de droit, Tours, 1992.
-
[10]
Delezenne, Considérations actuelles sur le doping, Médecine, éducation physique et sport, (4), 1963, p. 32-38.
-
[11]
Olivier Le Noe, Comment le dopage devint l’affaire des seuls sportifs, in F. Siri (dir.), La fièvre du dopage, Paris, Autrement, 2000.
-
[12]
Cyril Petibois, Des responsables du sport face au dopage, Paris, L’Harmattan, 1998.
-
[13]
Ivan Waddington, Sport, Health and Drugs : A Critical Sociological Perspective, Londres, Spon press, 2000.
-
[14]
Loïc Salle, Ludovic Lestrelin, Jean-Charles Basson, Le tour de France 1998 et la régulation du dopage sportif : reconfiguration des rapports de force, staps, (3), 73, 2006.
-
[15]
Ch. Brissonneau, O. Aubel, F. Ohl, L’épreuve du dopage. Sociologie du cyclisme professionnel, op. cit.
-
[16]
Ibid.
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[17]
Ibid.
1Dès la fin du xixe siècle, des médecins évoquent la prise de produits suspects par les sportifs. Ils n’auront de cesse de faire la liste des produits utilisés et de déterminer ceux qui peuvent aider la performance. Plus tard, à partir de la fin des années 1970, ces médecins développent des recherches épidémiologiques afin de déterminer la part de sportifs utilisant des produits dopants et leurs motivations. Nous noterons que, le plus souvent, les produits légaux, pourtant également utilisés et dangereux, ne font pas partie de ces enquêtes. Nous pouvons déjà souligner – ce qui sera un des fils conducteurs de notre analyse – la primauté de la question morale sur celle de la santé chez les représentants du corps médical. À travers ces histoires et les enquêtes épidémiologiques qu’ils mènent, ces médecins contribuent à façonner l’image d’un dopé tricheur sur qui repose la faute. Au milieu des années 1990, des scientifiques issus des sciences sociales commencent à s’intéresser à ceux qui ont jusqu’ici écrit cette histoire, et soulignent l’ambivalence de la médecine et surtout des médecins du sport, présentés comme des « entrepreneurs de morale » [1]. John Hobberman [2] explique ainsi qu’au début du xxe siècle, les médecins ne faisaient qu’observer les sportifs. Ils essayaient de comprendre le rôle joué par la Nature dans l’accomplissement de leurs performances hors normes. Par contre, il repère un changement radical à partir du moment où certains de ces médecins ont commencé à mener des recherches dans le but de modifier, voire d’améliorer les capacités des corps sportifs dans les années 1930. C’est le cas par exemple des chercheurs en physiologie de l’effort [3]. L’ambivalence de la médecine du sport est aussi relevée par Ivan Waddington [4] quand il analyse la très grande proximité des médecins d’équipes de football avec les joueurs ; celle-ci les empêcherait de faire un diagnostic et de donner les soins adéquats en toute sérénité. Il confirme son analyse en énumérant les nombreux produits dopants prescrits en toute légalité par les médecins des équipes nationales lors des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 [5]. Paul Dimeo [6], enfin, a bien montré combien la médecine, le sport et la pharmacopée ne font qu’un. Remontant à la fin du xixe siècle, il raconte comment le professeur de médecine Christensen a testé en 1886 divers produits, comme la noix de kola et la coca, sur ses étudiants alors que ceux-ci devaient faire de longues marches dans les montagnes environnantes. Il poursuit en prenant ensuite divers exemples de médecins français qui ont de même procédé à des tests, au début du xxe siècle, avec des cyclistes ou d’autres sportifs. Mais, il faut cependant différencier, au sein du corps médical pris dans son ensemble, des segments médicaux [7] dont les définitions de la santé et du dopage divergent [8].
2Nous avons volontairement axé cette introduction sur l’importance de la médecine du sport dans la complexe question du dopage. Car celle-ci apparaît comme centrale dans les propos que nous avons recueillis auprès de multiples sportifs dopés. En revanche, nous nous intéresserons ici au seul cyclisme pour montrer en quoi le dopage est un processus collectif dans lequel la médecine du sport occupe une place particulière et ambivalente. Deux périodes vont être étudiées (1985-1998 puis 2003-2010), à travers lesquelles nous verrons l’évolution de l’éthique des sportifs en corrélation avec l’évolution du contexte structurel, dans lequel une fraction dominante du corps médical impose son éthique.
Mise en forme du dopage en tant que problème par le corps médical
3Du fait du développement de la médecine du sport et de son rapprochement avec le sport puis le sport de haut niveau à la fin des années 1950, les médecins commencent à constater un mésusage de produits divers, essentiellement dans le cyclisme. Ils le décrivent essentiellement dans des revues médicales et à des journalistes comme un problème de santé, même si ils évoquent aussi un problème de morale sportive. Cette pratique devient progressivement un problème menaçant le système sportif ?; elle prend en cela la place du problème du professionnalisme qui devient secondaire. Un colloque, chargé de circonscrire le « problème », est organisé par des médecins du ministère de la Jeunesse et des Sports : il se tient à Uriage-les-Bains les 26 et 27 janvier 1963. L’accent y est mis sur le respect d’une éthique sportive et la préservation de la santé. Cet argumentaire et les travaux issus du colloque serviront de base pour l’élaboration de la première loi sur le dopage du 1er juin 1965 [9]. Cette date officialise la définition du dopage comme démarche déviante dans la pratique sportive : il est présenté comme un fléau que la médecine du sport doit combattre. Tout au long des décennies suivantes, les responsables de la médecine du sport dénoncent ses méfaits dans leurs revues professionnelles, lors de colloques, mais aussi à l’occasion des multiples scandales. Leur discours pose le dopage non seulement comme un problème de santé mais aussi, voire surtout, d’éthique sportive. Pour le docteur Louis Delezenne [10], médecin de la Fédération française de Football, « on en revient toujours à la seule raison morale que se doper, c’est rechercher un avantage illicite ». Pour conforter cette idée d’un dopage essentiellement traité sous un aspect moral, nous pouvons ajouter le fait que, dans la loi du 1er juin 1965, le dopage se trouve d’abord posé comme un problème d’éthique avant d’être un problème de santé. Dans la loi suivante du 28 juin 1989, seule la question éthique apparaît alors que le dopage en tant que problème de santé est gommé. L’action du corps médical s’avère rapidement poser problème, et la première loi de 1965 montre vite ses limites. Malgré la découverte de produits dopants par les forces de police dans le peloton cycliste les années suivantes et les procès qui en découlent, les pouvoirs publics ne peuvent pas démontrer qu’ils ont été « sciemment » utilisés, exigence soulignée par la loi. Beaucoup de produits sont justifiés par des ordonnances médicales, parfois antidatées.
4Quelques années plus tard, le corps médical perd une partie de ses prérogatives en matière de surveillance médicale par le décret n° 77-554 du 27 mai 1977 puis la loi du 16 juillet 1984 [11]. Ainsi, la lutte contre le dopage devient le fait des fédérations sportives. La lutte sera peu efficace car les fédérations disposent d’un savoir-faire pour l’élaboration de la performance (qui peut comprendre l’utilisation rationnelle de la pharmacopée). Elles ne savent pas, par contre, comment appréhender la lutte antidopage qui demande des compétences particulières [12]. Pour le cyclisme, qui nous intéresse ici, le peu d’intérêt pour le dopage est accentué du fait de l’éloignement du secteur professionnel par rapport à la Fédération française de cyclisme. De ce fait, l’éthique sportive a peu de prise sur les coureurs, ce qui ne sera pas le cas de l’éthique médicale, comme nous allons le voir dans la partie consacrée à la carrière sportive de sportifs dopés entre 1985 et 1998.
5Les entretiens que nous avons menés dépeignent deux phases distinctes dans le monde « ?ordinaire? » qui est le nôtre, puis deux phases dans le monde « extra-ordinaire » du haut niveau. Le passage de l’un à l’autre s’effectue au moment de la signature du contrat professionnel?; là commence une autre vie dans un espace social où le travail du corps, les rythmes de vie quotidiens, les normes en matière de santé et d’éthique diffèrent radicalement. À cette carrière sportive vient se superposer une carrière morale et pharmacologique
Socialisation secondaire sportive : l’influence de la médecine du sport
6Dans la toute première phase, le plus souvent, l’adolescent choisit la pratique du cyclisme par goût de l’effort intense ou sur les conseils d’un proche, déjà cycliste. Les premières années sont consacrées à la maîtrise de l’engin, à courir en groupe et à développer les qualités physiques spécifiques à ce sport. La pratique est fluctuante?; elle varie en fonction des saisons, de la quantité de travail scolaire. Les questions de santé et d’éthique sont absentes : on fait avant tout du cyclisme pour le seul plaisir. Le recours au médecin n’est obligatoire qu’une fois par an à l’occasion du certificat de non-contre-indication au sport. En fonction de ses résultats et afin de progresser, le jeune coureur est poussé à s’inscrire dans un club de haut niveau amateur, plus apte à le faire évoluer. On passe alors dans la seconde phase du monde ordinaire. On peut déjà repérer une première césure dans la carrière sportive avec des conséquences sur la vie quotidienne dues à l’éloignement géographique de la nouvelle structure. Le jeune cycliste empiète sur le temps consacré à la famille, aux camarades, à l’école pour le transférer vers l’entraînement. Ce dernier évolue aux contacts de l’entraîneur, des nouveaux camarades et des « anciens ». Il apprend sur le tas les éléments de ce qui peut devenir un métier : rouler en peloton et, surtout, faire des charges d’entraînement plus élevées. Celles-ci ont un impact profond sur les sensations, les fatigues corporelles. C’est dans ce contexte qu’on peut relever des termes jusque-là absents des discussions entre coureurs : se soigner, la forme, la santé. Ces thématiques sont régulièrement abordées aussi bien pendant les entraînements qu’après, avec les dirigeants. Leur importance est confortée par le recours à un nouveau type de médecin, le spécialiste en médecine du sport. Celui-ci renforce cette écoute quasi permanente du corps hyper-sollicité. À son contact, le coureur intègre une approche médicale de la pratique sportive car l’activité sportive est devenue une pratique quasi pathologique. Elle apparaît comme le résultat de déstabilisations biologique et physiologique auxquelles il faut répondre par l’absorption de produits pharmacologiques. À ce stade-là, des produits considérés comme bénins sont proposés par les pairs mais aussi certains médecins. Autorisés par la loi, ils apparaissent comme le début du processus de pharmacologisation. Pour en terminer avec cette seconde phase, nous soulignerons l’absence de tout discours concernant une quelconque éthique sportive. Avec ces adolescents sportifs, les encadrants parlent de sport, d’objectifs, d’entraînements, des soirées, des petites copines mais pas de morale sportive.
7Le passage à une troisième phase s’effectue à l’occasion de la signature d’un contrat pour une équipe professionnelle. Nos témoins font explicitement référence à un passage dans « un autre monde ». Les temporalités changent complètement, désormais axées vers un seul but : la performance. On passe la quasi-majorité de son temps à l’entraînement et à la récupération pour être à nouveau performant. Les charges de travail augmentent aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif. La fatigue, les douleurs, les blessures constituent rapidement le quotidien du néo-professionnel. Le recours au médecin devient une obligation professionnelle. « “Tu verras Éric, plus tu avanceras dans les catégories et plus tu auras besoin d’un suivi médical”, me dit un ancien coureur » (Éric). Si l’équipe n’a pas de médecin, le coureur est fortement poussé à aller vers des spécialistes ayant fait leurs preuves. Ils sont non seulement capables de diagnostiquer et de soigner les traumatismes mais aussi d’apprécier le bon ou mauvais fonctionnement cardiovasculaire. Le travail corporel est alors perçu par le coureur comme initiateur de nombreuses pathologies qu’il s’agit de soigner. Au contact de ses pairs mais aussi des membres du corps médical, la signification du terme « santé » subit un glissement sémantique pour devenir synonyme d’aptitude à la performance. Du fait de la proximité avec certains médecins du sport, on peut même engranger certaines informations sur le dopage.
8La question éthique n’est pas absente de la vie quotidienne du coureur mais elle ne recouvre pas celle posée par les outsiders au monde du cyclisme professionnel. « Non, il n’y a aucun sentiment de tricherie. Tout le monde, je dirais que ce n’est pas pour dédouaner mais vraiment tout le monde fait ça… j’aurais vraiment pas eu le sentiment d’avoir triché. Non?! » (Bernard). Les produits dopants – le plus souvent des hormones stéroïdes –, ne sont pas conçus comme tels mais plutôt comme des moyens de soutien à une activité où le corps dans son entier est hyper sollicité. Ils constituent une technologie optimisant le potentiel corporel. C’est la raison pour laquelle les produits dopants sont échangés, prêtés, quand un des collègues de travail est en rupture de stock. La question de l’éthique professionnelle correspond à l’égalité des chances mais elle se pose plutôt sur des règles de savoir-vivre comme « ne pas attaquer quand un leader fait une pause pipi ou subit un incident de dérailleur ».
9Dans certains récits de vie, on peut repérer une quatrième et dernière phase professionnelle. Arrive un jour où, pour différentes raisons, le coureur ne se contente plus seulement de « faire le métier »?; il désire également gagner des courses. Là encore, le style de vie est de nouveau remanié en direction de la seule performance : une gestion encore plus fine de l’alimentation, une optimisation de la récupération, un médecin hyper-spécialiste du dopage et compétent pour être négatif aux tests antidopages. Le coureur est dans une démarche hyper-rationnelle?; l’entraînement est complètement scientificisé. La prise d’epo intervient. L’utilisation de cette nouvelle famille d’hormones peptidiques dans le peloton remonterait, selon les bruits qui circulent, à la fin des années 1980. On assiste à une véritable montée en puissance de leur utilisation au milieu des années 1990, surtout que les pouvoirs sportifs, chargés de la lutte antidopage, interviennent peu. « On se baladait avec notre thermos d’epo dans la valise pour aller à l’étranger, on n’imaginait pas qu’un jour il pourrait y avoir une descente » (Hervé).
10Car leurs effets sont fantastiques. L’epo, « ça vous permet d’avoir une plénitude terrible parce que vous n’êtes jamais dans le dur » (Nicolas).
11On décèle une véritable rupture au sein du monde « extra-ordinaire ». Tout d’abord, alors que le cyclisme était jusqu’ici défini comme un sport collectif, celui-ci est devenu, du fait des particularités pharmacologiques des produits, un sport individuel. Les coureurs utilisateurs s’entraînent seuls avec leur médecin-entraîneur. Lorsqu’ils reviennent à l’occasion des courses, du fait de leurs nouvelles aptitudes physiologiques, ils revendiquent le poste de leader attribué pourtant en début de saison. Sur le plan de la santé, alors qu’auparavant les risques liés à l’utilisation d’hormones stéroïdes semblaient bien loin, avec ces nouvelles hormones peptidiques, la mort rôde. Le peloton évoque des cas de morts suspectes de coureurs en plein sommeil et d’autres en train de faire des « pompes » la nuit pour éviter toute coagulation sanguine. Sur le plan de l’éthique liée à la triche, celle-ci semble enfin une réalité aux yeux des coureurs. Alors que les produits dopants (psycho-actifs, stéroïdiens) potentialisaient le travail effectué, des coureurs de niveau moyen jusque-là deviennent des champions en puissance. L’échelle de valeur sportive n’est plus respectée : le dopage, au sens de la triche, est entré dans le cyclisme.
Évolution du contexte structurel : une montée en puissance du corps médical après 1998
12Dans les débats qui se développent à l’occasion du scandale Festina, la médecine du sport occupe une place importante. Deux problématiques diamétralement opposées apparaissent. La première porte sur l’administration d’un ou de plusieurs produits dopants à des cyclistes par des médecins du sport. Si certains d’entre eux apparaissent comme des revendeurs, poussés par les gains financiers, la plupart des autres cas doivent être compris en fonction de la place spécifique que la médecine du sport a prise dans le soin aux sportifs de haut niveau. Nous avons vu précédemment la proximité de ces thérapeutes avec des patients qui ne sont pas encore malades, et qui développent des pathologies de plus en plus spécifiques à leur contact. Amis, et non seulement patients, les prescriptions médicales pour un même trauma ne sont plus les mêmes. Du fait de la proximité et des liens particuliers créés, il devient difficile de refuser certaines demandes [13]. La seconde problématique médicale, à l’occasion du scandale Festina, est soulevée par quelques médecins hospitalo-universitaires [14]. Ceux-ci profitent de ce coup de projecteur sur les pratiques du peloton pour dénoncer le recul de l’État dans le développement d’infrastructures médicales en direction du haut niveau sportif. Le Pr Rieu, ancien responsable du service médical de l’insep, ancien président de la Société française de médecine du sport, intervient dans ce sens auprès de la nouvelle ministre de la Jeunesse et des Sports Marie-Georges Buffet.
13C’est en partie dans ce contexte politique que doit être appréhendé le nouveau processus de médicalisation enclenché par la loi du 23 mars 1999. Afin de lui donner plus de compétences et une indépendance vis-à-vis des fédérations et du pouvoir politique, le cnld est transformé en Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (cpld). Les Sciences de la vie sont largement représentées. Parmi les neuf membres, on dénombre un médecin (André Boué), trois pharmaciens (Claude Boudène, Roger Boulu, Gérard Le Fur), un biologiste (Claude-Louis Gallien). Michel Rieu devient conseiller scientifique du cpld. La présidence est assurée par un conseiller d’État, Michel Boyon. Seule une personne parmi les neuf membres, David Douillet, ancien champion de judo, représente les licenciés sportifs qui sont pourtant les premiers concernés. Le dopage étant posé comme un égarement du sportif, voire une forme de pathologie, un réseau d’Antennes médicales de lutte contre le dopage couvrant tout le territoire français est créé. C’est là que les sportifs peuvent consulter et doivent venir se faire « soigner » quand ils ont été sanctionnés par leur fédération ou le cpld. Une prévention secondaire est mise en place avec un suivi médical longitudinal. Assuré par les médecins fédéraux, il a pour but de déceler les anomalies hormonales et sanguines, synonymes de problèmes de santé. Dans les faits, la majorité des médecins du sport considèrent ce suivi comme un moyen de dépister le dopage. Avec la loi du 23 mars 1999, le corps médical encadre beaucoup plus fortement les sportifs de haut niveau.
14Au niveau national, le ministère de la Jeunesse et des Sports complète son action législative en faisant intervenir régulièrement les forces de police et de gendarmerie, tout au long des années 2000. Leurs efforts sont couronnés de succès et les scandales s’enchaînent. En France, pour les cas les plus célèbres, on peut citer le cas d’Edita Rumsas, épouse du troisième au classement final du Tour de France 2002, arrêtée par les douanes en possession de multiples produits dopants dans le coffre de sa voiture. En 2003, le scandale Cofidis montre l’existence d’un système organisé mettant en cause un soigneur de l’équipe, des coureurs et un pharmacien. L’enquête détaille les comportements plus fous les uns que les autres des coureurs en période de stage ou de compétitions. En 2007, le coureur danois Michael Rasmussen doit quitter précipitamment le Tour à la suite de plusieurs absences lors de contrôles antidopage. Il est suivi quelques jours plus tard par Alexandre Vinokourov et Christina Moreni. À côté de cela, les douaniers arrêtent régulièrement des voitures de sportifs amateurs avec des coffres pleins de produits dopants.
15L’État français – avec plusieurs États européens –, continue son action en poussant le Comité international olympique (cio) à créer une entité internationale indépendante chargée de gérer la lutte contre le dopage au niveau mondial. L’Agence mondiale antidopage (ama) est fondée à Lausanne le 10 novembre 1999. Rapidement, elle met en place une politique de contrôles dans différents sports dans les pays ayant ratifié un accord. Son action sera et reste importante pour le seul cyclisme, notamment en France, pendant chaque Tour de France. Cette forte pression, incessante, sera couronnée de succès, la conséquence étant l’émergence de nombreux scandales dans ce sport tout au long des années 2000. Pour éviter les « non-shows » (quand les préleveurs ne trouvent pas le sportif à l’endroit où il devrait se trouver), l’ama crée un logiciel utilisable sur internet et par téléphone où le sportif doit donner son emploi du temps trois mois à l’avance, sous peine de graves sanctions équivalant à une accusation de dopage. L’étau autour des coureurs se resserre.
16Face à ces scandales qui menacent leur image de marque, les sponsors du cyclisme français réagissent en apportant une touche supplémentaire à la lutte antidopage. Le plus impliqué est certainement Christophe Blanchard-Dignac, pdg de la société de paris sportifs La Française des jeux?; il crée avec d’autres sponsors et directeurs d’équipes cyclistes une association visant à instaurer un cyclisme « propre ». Leur action consiste à pousser les instances sportives et gouvernementales à lutter fermement contre le dopage et à durcir les sanctions prévues par la loi. Au sein de leurs équipes, ces sponsors donnent plus de pouvoirs à leur responsable médical d’équipe, instaurent des contrôles additionnels et mettent en place un règlement interne prévoyant des sanctions financières immédiates en cas de suspicion de dopage et de renvoi en cas de condamnation. Les grandes équipes françaises comme Bouygues puis ag2r modifient leur mode de recrutement. Alors qu’auparavant leurs directeurs d’équipe embauchaient des coureurs français et étrangers formés dans de multiples clubs, ces équipes créent leurs propres structures de formation dans lesquelles ils viennent piocher chaque année en fonction de leurs besoins.
17Face à la pression médiatique, des pouvoirs publics et des sponsors du cyclisme, la Fédération française de cyclisme est dans une obligation quasi vitale de répondre : elle le fait à travers la mise en place de nouveaux règlements. Les catégories de division des clubs et les exigences pour y accéder ont été redessinées. À chaque fois qu’un club monte à un niveau supérieur de la hiérarchie, les critères en matière d’encadrement médical, paramédical et dans l’entraînement sont de plus en plus importants. La volonté est de médicaliser et de scientificiser l’entraînement, l’empirisme régnant jusqu’alors étant censé favoriser le dopage.
18Jusque-là, avant 1998, la lutte était anecdotique, et les consommations inconsidérées de produits dopants par une fraction importante du peloton constituaient la norme. À la suite de l’affaire Festina, une politique extrêmement dure, voire sécuritaire, est mise en place. La profession est stigmatisée comme aucune n’a pu l’être. Nous nous proposons de voir quels sont les impacts de cette évolution drastique du contexte structurel sur les carrières sportive, morale et pharmacologique.
Structures sportives et formes de socialisation (2003-2010)
19En réponse à ces pressions extérieures, le monde du cyclisme est amené à redessiner les structures d’accueil que sont ses clubs. Nous allons décrire deux structures de clubs idéal-typiques représentant chaque extrême. Dans la réalité, l’ensemble des clubs français se situe plus ou moins proche de l’un des deux en fonction de son budget. Le premier idéal-type est celui qui a le moins évolué par rapport à 1998?; il concerne les clubs du bas de la hiérarchie. L’encadrement, essentiellement composé de bénévoles, a été fortement traumatisé par la médiatisation négative de leur sport. Face à la stigmatisation et ayant pris conscience des dérives passées, les dirigeants tiennent un discours opposé à toute forme de dopage. Par manque de moyens financiers, les encadrants ne sont pas toujours présents en nombre lors des entraînements et les compétitions En conséquence, les coureurs, jeunes et moins jeunes, peuvent avoir des contacts avec d’anciens consommateurs de produits dopants, toujours présents dans le peloton. Même s’ils le font moins ouvertement qu’avant, du fait des sanctions prévues par la loi, ils peuvent évoquer à mots couverts les avantages du dopage et conseiller sur les protocoles à suivre. Certains vendent encore les produits à ceux qui prêtent une oreille attentive.
20Le second idéal-type de structures concerne peu de clubs mais ceux-ci nous intéressent tout particulièrement. Ayant passé des accords avec des clubs Pro-Tour, ils leur fournissent une bonne partie de leurs néo-professionnels depuis le milieu des années 2000. La structuration de la formation y est différente [15]. Le club amateur de division nationale qui a passé des accords avec la structure professionnelle voit un certain nombre de ses meilleurs éléments recrutés en priorité. En contrepartie, il s’engage à avoir des personnels tenant un discours antidopage et maîtrisant les bases scientifiques de l’entraînement ainsi que de la récupération. Omniprésents, ces cadres constituent un mur autour des jeunes coureurs, les empêchant ainsi d’avoir des contacts avec des coureurs ou des dirigeants de la génération précédente. Les interactions avec la structure-phare sont fréquentes puisque les jeunes cyclistes amateurs font chaque année des entraînements et des stages avec les coureurs professionnels. La lutte contre le dopage mise en place passe aussi par l’aide à la construction d’un double projet, sportif et scolaire. Il est censé ouvrir des perspectives d’avenir et éviter les tentations dangereuses. Ces jeunes, du fait de leur niveau national, subissent le suivi longitudinal instauré depuis 1999 par l’État français. Quand ils deviennent néo-professionnels, du fait de leur contrat de travail avec une équipe uci ProTeam ou continentale uci, ils doivent impérativement entrer dans le fameux passeport biologique. Pour cela, les cyclistes donnent leur urine et leur sang plusieurs fois par an (une à deux fois par mois avec les contrôles internes à l’équipe et ceux de l’uci). Dedans sont consignés les données biologiques ainsi que les résultats des tests antidopage. Ces équipes françaises d’excellence y ajoutent leur propre suivi biologique, assuré par le médecin d’équipe. Celui-ci est omniprésent puisque les coureurs doivent lui déclarer chaque blessure et produit prescrit par tout autre médecin Les autres personnels encadrants sont soigneusement choisis et sont rémunérés en fonction de leur passé dans le cyclisme, de leurs connaissances scientifiques en matière d’entraînement et de leur discours moral sur la question du dopage. Certains de ces encadrants ont pourtant été plus ou moins proches du dopage [16]. Ils s’abstiennent d’en parler sous peine de perdre leur emploi, mais aussi parce que le milieu cycliste professionnel a intégré le fait que garder un sponsor ne passait plus actuellement par des victoires à tout prix mais par la nécessité de véhiculer une nouvelle image [17].
21Ce nouveau mode d’organisation n’empêche pas des contacts rapides avec d’anciens dopés : « C’est un mec dans l’Est qui s’occupe toujours d’équipes de vélos. Un jour dans l’équipe, on était tous un peu fatigué : on n’avait pas réussi. Et à la fin, à l’arrivée, il nous voit tous dans le camion, il pleuvait comme pas possible. Il nous dit : “Oh les gars, ce n’est pas facile la route, je peux vous aider??” » (jeune cycliste français).
22Après avoir rapidement dépeint les évolutions des structures de clubs dans le cadre de la nouvelle lutte antidopage, nous allons nous intéresser plus particulièrement à l’impact de ces nouvelles formes de structures sportives socialisatrices sur les représentations des jeunes coureurs et de ce qui en découle : la prise ou non de produits pharmacologiques.
Encadrement scientifique, représentations et consommation de produits
23Nous pouvons de nouveau repérer deux phases dans le monde ordinaire, la première étant identique à celle déjà analysée pour l’époque précédente, 1985-1998. Par contre, nous percevons des différences dans la seconde phase, quand le coureur accède à une structure de haut niveau amateur.
24En France, en première catégorie (juste avant le professionnalisme), la question de la pharmacopée se pose déjà. On en parle mais on n’utilise pas forcément de produits : « Je savais que les autres prenaient […]. Pour moi, cela reste assez flou en fait » (jeune Français). C’est avec des charges d’entraînements plus lourdes, inhérentes au niveau professionnel, qu’on commence à en parler puis à consommer : « J’essayais de prendre du magnésium, des trucs comme cela. Mais je le faisais quand je me sentais fatigué. » Même quand certains coureurs intègrent les centres de formation des équipes Pro Tour, le discours porte encore sur une valorisation de la pharmacopée. Cela s’explique par un encadrement parfois encore lâche :
– Je prends souvent des protéines quand je fais de grandes sorties : 56 heures. Je roule pour l’équilibre musculaire, pour la récupération, c’est pas mal. Sinon, de temps en temps, je fais des cures en fer.
– Sous quelle forme??
– En cachet. Et puis du ginseng et de la gelée royale. Souvent l’hiver avec de la vitamine C.
– Et vous?? (je m’adresse à un autre coureur)
– Pareil, des compléments alimentaires, des produits vitaminés, des protéines. »
En entrant dans des équipes Pro Tour fortement encadrées, notamment avec un médecin omniprésent, le discours change complètement :
«?– Ce médecin ne vous pousse pas vers des vitamines, vers certains produits??
– Avec une alimentation équilibrée, de tout, comme il faut, sans manger trop, il n’y a pas besoin de vitamines.
26Le coureur dans une équipe Pro Tour baigne dans un discours ambiant opposé au dopage et à certaines formes de médications, mais la pharmacopée n’est pas forcément absente. Au contraire, elle peut être encouragée :
– Il n’y a pas de truc médical quand même??
– Chacun a sa pharmacie. Le docteur X nous donne une liste de tout ce qu’on doit avoir dans notre sac. Il ne doit pas y avoir de compresses.
28Le dopage étant supposé lié à la méconnaissance scientifique, le coureur est incité à maîtriser parfaitement le fonctionnement de son corps. Pour cela, il est poussé par son entourage à la lecture de livres, d’articles scientifiques : « J’aime bien lire, tout ce qui est livre d’entraînement, de diététique, tous les domaines, psychologie, naturothérapie, j’essaye d’apprendre un maximum de choses sur l’hygiène de vie des sportif » (jeune coureur français). Certains de ces cyclistes français appartenant aux équipes Pro Tour ne respectent pas seulement scrupuleusement la définition donnée par l’ama?; ils vont parfois plus loin dans une opposition à tout produit. Par contre, chez les jeunes coureurs extérieurs à ces structures Pro Tour, la seringue reste encore un instrument de travail. Tous les produits sont légaux : « J’aurais beau avaler une tablette de cachet de fer, ce n’est pas ça qui va me remonter mon fer en trois jours. Donc je me renseigne, je sais qu’il faut faire des intramusculaires parce que ça va plus vite. Je vais à la pharmacie et je demande des ampoules de fer avec des piqûres (jeune coureur français). Un autre cycliste nous détaille plus précisément ce qu’il s’injecte :
– Tu discutes avec les autres donc tu sais que déjà la fesse faut la diviser en quatre, une fois que tu as le nerf sciatique ce qui est important, et puis après tu mets le produit dans la piqûre, il ne faut pas faire de bulles d’air et puis après tu piques. Alors, la première fois, tu mets cinq heures à la faire parce que tu dis : “ça fait mal” et tout et puis une fois que tu en as fait une, deux, c’est bon.
– D’accord, et donc tu as fait seulement des piqûres de fer ou est-ce qu’il y a eu aussi d’autres produits??
– Non, piqûre de fer, de la vitamine B12, de la vitamine PP, enfin tout ce qui est pour récupérer, du magnésium.
30Les coureurs français sont encouragés dans cette nouvelle démarche car ils ressentent une amélioration de la situation : « Moi, je pense que c’est possible de gagner sans se doper. Il y a quelques années, c’était peut-être plus dur. Maintenant, je pense vraiment qu’on va dans le bon sens. » Ou pour un autre coureur français : « Chez les professionnels, cela s’est beaucoup amélioré. Surtout en France avec le contrôle longitudinal. Je connais certains pros, ils ont une vision du vélo qui est beaucoup plus propre. C’est vrai qu’avant 1998, ils disaient qu’avant c’était du n’importe quoi et que maintenant c’est vraiment cadré, ils ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent. » Ainsi, la situation aurait changé mais seulement en France. Les étrangers qui n’ont pas les mêmes volontés politiques dans leur pays respectifs continueraient de se doper : « Je suis dégoûté, je pense que les pratiques dopantes, je crois que cela vient de l’extérieur. Parce qu’au niveau français, maintenant, il a plus grand monde, c’est trop de problèmes. L’image du vélo a été pourri par les étrangers qui viennent faire du vélo en France. » Alors que dans les équipes Pro Tour françaises, on est parti dans le sens opposé à ce qui se faisait avant (plus de recours à un médicament quel qu’il soit), les autres, à l’extérieur, utiliseraient les techniques à la frontière du légal.
Conclusion
31Dans la première phase (1985-1998), sur la base des entretiens menés avec d’anciens cyclistes dopés, la pharmacopée apparaît comme une normalité, comme une technique à part entière dans ce monde très particulier. Progressivement, le jeune champion passe d’un simple jeu à un métier où le plaisir est toujours présent. La logique qu’il perçoit n’est pas le fair play tel qu’il est le plus souvent évoqué lors de colloques sur les valeurs du sport mais bien tel qui figure sous la flamme olympique : « citius-altius-fortius ». La question de l’éthique telle que la conçoivent les « outsiders » est absente?; en revanche, celle de la santé monte en puissance, fait l’objet d’une attention de tous les moments. Elle s’inscrit d’autant plus dans les esprits que les interactions avec les groupes d’acteurs sociaux (pairs, dirigeants, anciens coureurs) allant dans ce sens sont incessantes. Un autre groupe d’acteurs apparaît dans le processus de normalisation de la pharmacopée : les médecins du sport. Apparition d’autant plus surprenante que ceux-ci se posent habituellement comme vecteurs de la lutte antidopage. Leurs interactions avec les sportifs sont moins nombreuses dans le temps mais marquent d’autant plus qu’elles émanent de scientifiques qui bénéficient d’une forte reconnaissance sociale dans notre société.
32Depuis l’affaire Festina en 1998, la question éthique se pose différemment en France. Le cyclisme subit de fortes contraintes du monde extérieur : nouvelles lois, nouveaux règlements fédéraux et, ce qui est nouveau et plus contraignant, des interventions policières incessantes et des menaces suivies de sanctions véritables pour certains coureurs reconnus dopés par les sponsors-employeurs. L’enchaînement des scandales montre combien la politique des « Outsiders » a mis du temps à infléchir l’ancienne banalisation ancrée dans le monde des « Insiders ». Ce changement est également le fait d’un système mis en place par les équipes professionnelles cyclistes, qui veulent s’assurer une image éthique telle que le demandent les différents groupes d’acteurs sociaux. Les résultats sont là : un changement de discours et une quasi-disparition des pratiques anciennes. Mais cette évolution n’est-elle qu’une façade ou une évolution réelle des mentalités?? Car si les contraintes que subissent les coureurs sont fortes, la logique « citius-altius-fortius » est toujours omniprésente. Et le positionnement de la médecine du sport est toujours ambivalent?; le discours est opposé au dopage mais les actes vont dans le sens d’une aide à l’amélioration de la performance.
33Pour terminer, face à ce constat, une nouvelle question vient se poser : si le dopage constitue une atteinte à l’éthique sportive, la lutte antidopage actuelle contient-elle les valeurs que le sport est censé véhiculer??
Notes
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[1]
Au sens où l’entend Howard Becker dans Outsiders, Paris, Métailié, 1985, c’està-dire un groupe capable d’imposer ses valeurs et qui entreprend des actions diverses pour y parvenir.
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[2]
J. Hoberman, Mortal Engines : The Science of Performance and the Dehumanization of Sport, New York, The Free Press, 1992.
-
[3]
Ch. Brissonneau, O. Aubel, F. Ohl, L’épreuve du dopage. Sociologie du cyclisme professionnel, Paris, puf, 2008.
-
[4]
I. Waddington, Sport, Health and Drugs : A Critical Sociological Perspective, Londres, Spon Press, 2000.
-
[5]
I.Waddington, Le dopage sportif?: la responsabilité des praticiens médicaux,staps, 70(4), 2005.
-
[6]
P. Dimeo, A History of Drug Use in Sport 1876-1976. Beyond Good and Evil, Londres, Routledge, 2007.
-
[7]
Anselm Strauss, La trame de la négociation?: sociologie qualitative et interactionnisme, Paris, L’Harmattan, 1992. Strauss distingue à l’intérieur d’une même profession des « ?segments? » distincts dont les intérêts peuvent diverger.
-
[8]
Christophe Brissonneau, Entrepreneurs de morale et carrières de déviants dans le dopage sportif, thèse staps?; Univ. Paris X-Nanterre, 2003.
-
[9]
Jean-Christophe Lapouble, Le régime juridique de la prévention et de la répression du dopage dans le sport : la loi n°89-432 du 28 juin 1989, thèse de droit, Tours, 1992.
-
[10]
Delezenne, Considérations actuelles sur le doping, Médecine, éducation physique et sport, (4), 1963, p. 32-38.
-
[11]
Olivier Le Noe, Comment le dopage devint l’affaire des seuls sportifs, in F. Siri (dir.), La fièvre du dopage, Paris, Autrement, 2000.
-
[12]
Cyril Petibois, Des responsables du sport face au dopage, Paris, L’Harmattan, 1998.
-
[13]
Ivan Waddington, Sport, Health and Drugs : A Critical Sociological Perspective, Londres, Spon press, 2000.
-
[14]
Loïc Salle, Ludovic Lestrelin, Jean-Charles Basson, Le tour de France 1998 et la régulation du dopage sportif : reconfiguration des rapports de force, staps, (3), 73, 2006.
-
[15]
Ch. Brissonneau, O. Aubel, F. Ohl, L’épreuve du dopage. Sociologie du cyclisme professionnel, op. cit.
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[16]
Ibid.
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[17]
Ibid.