Couverture de CAPRE_005

Article de revue

L'apport clinique des données objectives obtenues à l'aide d'outils d'évaluation dans le diagnostic et le suivi thérapeutique d'enfants présentant un trouble envahissant du développement

Pages 63 à 79

1L’autisme est un trouble « envahissant » qui affecte plusieurs domaines du développement, ce qui entraîne des difficultés importantes d’adaptation. L’autisme s’associe à un retard mental dans 75 % des cas et près de la moitié des sujets autistes ne développent pas un langage verbal fonctionnel. Les dysfonctionnements sensoriels, cognitifs, langagiers et moteurs, ainsi que les difficultés manifestées dans les domaines des interactions sociales et de l’autorégulation des processus émotionnels et attentionnels, s’accumulent et deviennent souvent très invalidants. En effet, seulement 5 à 15 % des personnes atteintes d’autisme deviennent autonomes.

2Les différents domaines du développement évoluent souvent de manière hétérogène, et l’autisme peut se manifester sous des formes extrêmement variées. Il existe par exemple des formes précoces et progressives, où les signes apparaissent relativement tôt (entre 6 et 18 mois) et se complètent peu à peu pour aboutir à 3 ans à un tableau d’autisme typique. Le début secondaire semble apparaître en général vers 2 ans après une période de développement normal et parfois suite à un événement somatique (épisode fébrile, maladie infectieuse) voire psychologique (traumatisme psychologique, séparation). Nous pouvons également distinguer :

  • Les autismes « purs » ou typiques qui correspondent à la description initiale de Kanner ;
  • Les autismes associés lorsque le même syndrome comportemental est associé à un retard ou à une maladie identifiée ;
  • Les formes atypiques dont l’enfant présente des signes atténués où il manque un ou plusieurs critères établis par un système de classification (DSM IV, CIM 10, Classification Française) ;
L’autisme se manifeste sous des formes variées mais le dénominateur commun des autismes se résume au trépied symptomatique qui caractérise chacun des différents systèmes de classification :
  • Perturbations des interactions sociales : Certains enfants manifestent cette perturbation par une tendance à éviter le contact social avec retrait et recherche d’isolement. D’autres apparaissent passifs dans l’interaction et un troisième sous-groupe, actif dans l’interaction, l’est de façon inhabituelle et inappropriée ;
  • Perturbations de la communication verbale et non verbale (absence d’un langage fonctionnel et de gestes communicatifs, et/ou présence de traits atypiques comme de l’écholalie, du jargon, des persévérations verbales, des autostimulations vocales, de l’inversion pronominale, utilisation atypique de la voix, erreurs syntaxiques, difficultés à utiliser le langage de manière créative et à parler du passé, le langage ne semble pas adressé à un interlocuteur) ;
  • Comportements répétitifs et/ou ritualisés (mouvements stéréotypés du corps, jeux répétitifs centrés sur les objets ou des parties d’objets, recherche de stimulations sensorielles, attachement aux rituels et difficultés à s’adapter aux changements).
Le tableau clinique de l’autisme est donc complexe et se présente sous des formes hétérogènes. En outre, il existe un certain nombre de troubles apparentés comme le Syndrome d’Asperger et d’autres associés (par exemple un retard mental, une comitialité et/ou des troubles sensoriels – le Trouble Désintégratif de l’Enfance, le Syndrome de Rett et le Trouble Envahissant du Développement Non-Spécifié.

3En conséquence, le diagnostic de l’autisme et le suivi thérapeutique des individus qui présentent ce trouble, se caractérise également par une certaine complexité.

4La Fédération Française de Psychiatrie, en partenariat avec la Haute Autorité de la Santé, a publié les « Recommandations pour la Pratique Professionnelle du Diagnostic de l’Autisme » en 2005. En tenant compte de la complexité du trouble autistique, du processus de diagnostic et des soins qui s’ensuivent, ce document souligne l’importance de l’intégration d’éléments objectifs dans le diagnostic de l’autisme et le suivi des patients. En particulier, il est conseillé de faire appel aux « meilleures preuves actuelles existant pour la prise de décision concernant le soin individuel du patient » en intégrant « l’expertise clinique individuelle avec la meilleure preuve clinique externe disponible issue de la recherche systématique » (Sackett et. al., 1996). Sur le plan du bilan psychologique, ceci implique l’utilisation d’outils d’évaluation qui fournissent des données objectives et qui sont validés, sensibles, spécifiques et adaptés à la population étudiée.

5L’évaluation psychométrique d’enfants présentant des troubles du développement est utile pour de nombreuses raisons. En ce qui concerne le diagnostic de l’autisme, l’utilisation d’outils d’évaluation nous permet de structurer nos observations cliniques selon un modèle théorique (par exemple développemental, neuro-cognitif, comportemental, éducatif) qui génère des hypothèses testables qui peuvent porter sur la nature, l’étiologie et la classification des troubles, sur les indications thérapeutiques et sur le pronostic. Les résultats des tests nous permettent de comparer le fonctionnement du patient à la norme afin de déterminer de manière objective s’il existe des anomalies significatives, comme un retard du développement, un fonctionnement hétérogène et/ou la présence de traits atypiques. L’analyse des données quantitatives complète nos observations cliniques et « intuitives », nous permettant de montrer concrètement aux parents et aux autres professionnels le cheminement logique qui nous amène vers une catégorie diagnostique donnée.

6Les résultats obtenus à l’aide d’outils d’évaluation sont également utiles dans le suivi thérapeutique de l’individu. En évaluant le fonctionnement intellectuel de l’enfant, nous sommes en mesure de pouvoir visualiser son profil du développement et d’identifier les difficultés que présente le patient ainsi que ses domaines de force relative. En s’appuyant sur ses forces, nous pouvons aider l’enfant à améliorer son fonctionnement dans d’autres domaines. Par exemple, les enfants autistes manifestent souvent leurs plus grandes difficultés dans les domaines liés à la communication (verbale et non-verbale) et à la socialisation.

7Certains enfants compensent leurs difficultés de traitement des informations auditivo-linguistiques avec le sur-développement des capacités d’analyse visuelle. Pour ces enfants, il convient en général d’associer le stimulus verbal à un stimulus visuel (des gestes, des images, un dessin) afin qu’ils puissent apprendre à utiliser les indices visuels liés au contexte pour pallier leurs difficultés de compréhension verbale.

8Les enfants qui présentent ce type de profil psychologique se montrent souvent capables de profiter de l’introduction d’un système alternatif de communication (comme le PECS ou la méthode Makaton) qui leur permet d’utiliser des supports visuels dans la communication.

9Certains outils d’évaluation nous permettent d’identifier des capacités émergentes chez le patient. La présence de compétences qui sont en cours d’acquisition indique qu’un domaine donné est en pleine évolution.

10Le fait que le développement soit mobilisable dans certains domaines nous fournit des indications par rapport aux prises en charge qui peuvent être mises en place dans l’immédiat pour faciliter la consolidation de ses capacités. Il est également possible d’élaborer un projet thérapeutique et/ou éducatif en se basant sur les capacités émergentes mises en évidence lors de l’évaluation. En ce qui concerne le suivi du patient dans le temps, l’évaluation psychométrique nous permet de suivre l’évolution de l’enfant et d’évaluer l’efficacité et la pertinence des soins proposés. Nous pouvons ainsi modifier les prises en charge en fonction de l’évolution du patient si nécessaire.

11Une des difficultés rencontrées lors de l’utilisation de tests standardisés pour examiner les dysfonctionnements cognitifs chez l’enfant atteint d’autisme est que les paradigmes classiques d’évaluation sont inadaptés à cette population. Il existe en revanche un certain nombre d’outils conçus ou adaptés pour les enfants présentant un développement atypique.

12Ces outils d’évaluation sont choisis en fonction du niveau global du développement que présente l’enfant et pas en fonction de son âge chronologique. Ceci permet au psychologue d’éviter de mettre l’enfant dans une situation d’échec devant des épreuves trop difficiles et de minimiser la survenue d’effets plafonds qui limiteraient l’interprétation de l’âge de développement global.

13Malgré les difficultés que montre l’enfant autiste dans les domaines de la régulation du comportement, du langage et de la socialisation, l’examen psychologique permet presque toujours d’évaluer son niveau de développement intellectuel ainsi que son fonctionnement socio-adaptatif. Le retard mental est fréquent dans l’autisme, mais les dysfonctionnements sensoriels, cognitifs et sociaux entraînent souvent des difficultés variables dans les différents domaines du développement. Il est donc important de ne pas seulement calculer un âge de développement global, mais d’analyser également les âges de développement qui contribuent au score global, car les profils développementaux obtenus à l’aide d’outils d’évaluation se présentent souvent sous des formes variables et hétérogènes. L’analyse de ces profils permet au psychologue d’identifier avec précision dans quels domaines se situent les difficultés les plus prononcées chez l’enfant, ainsi que ses domaines de force relative, ce qui facilite l’élaboration d’un projet éducatif individualisé et la mise en place de prises en charge adaptées.

14Les outils du diagnostic clinique et d’évaluation du développement qui sont recommandés par la Fédération Française de Psychiatrie et la Haute Autorité de la Santé sont présentés ci-dessous avec une discussion portant sur leur utilité clinique.

Les outils du diagnostic clinique

La CARS - Childhood Autism Rating Scale (Echelle d’Evaluation de l’Autisme Infantile)

15Cette échelle est proposée comme un outil diagnostique permettant d’apprécier l’intensité des traits autistiques en se basant sur des données comportementales et empiriques plutôt que sur l’intuition clinique. Elle est utilisée depuis 1971 par des spécialistes du diagnostic pour observer et évaluer 14 domaines habituellement perturbés dans l’autisme. Un 15ème item est réservé à l’appréciation globale du nombre et/ou de l’intensité des traits autistiques. Les 14 domaines réunissent les traits décrits initialement par Kanner, d’autres caractéristiques qui sont retrouvées chez un nombre important d’enfants autistes mais pas chez tous, et des éléments supplémentaires qui permettent le repérage des symptômes manifestés chez les enfants autistes très jeunes. Les items sont établis de façon à être en accord avec les 5 principaux systèmes de diagnostic. Chaque item est évalué sur une échelle de 1 (note normale) à 4 (note de sévérité maximale), avec la possibilité d’accorder des scores intermédiaires. Le score total, calculé en additionnant les notes aux 15 items, se situe dans une parmi trois catégories d’intensité : non autistique, légèrement autistique ou sévèrement autistique. Les items peuvent être cotés en se basant sur des observations directes, à partir d’un enregistrement vidéo, en interrogeant des personnes qui connaissent bien le comportement de l’enfant ou à partir d’un dossier médical.

16La CARS est utile pour l’identification des symptômes comportementaux dans un contexte clinique et pour des besoins de recherche. Cet outil est validé, traduit en français, peu coûteux en termes de temps de passation et facile à utiliser, même par des professionnels qui sont peu expérimentés à son usage. La CARS permet d’identifier un spectre large de l’autisme, ce qui fait qu’il existe des sur-diagnostics. Un certain nombre de faux positifs peuvent donc survenir, particulièrement en cas de présence d’un retard sévère du développement associé. Les résultats de la CARS ne devraient pas être utilisés de manière isolée dans le diagnostic de l’autisme : il est conseillé de se référer conjointement à un système de diagnostic critérisé.

L’ADI-R – Autism Diagnostic Interview – Revised

17Cet outil diagnostique est mis en œuvre dans le cadre d’un entretien parental semi-structuré qui dure environ deux heures. Les questions posées se basent sur la description du comportement actuel du sujet ainsi que les traits qui sont survenus à l’âge de 4/5 ans dans trois domaines qui sont décrits comme perturbés dans l’autisme selon les critères de la CIM-10 : qualité des interactions sociales, communication et langage, intérêts restreints et comportements stéréotypés. L’ADI a été validé sur des populations anglophones mais une version française existe et une étude de validation est actuellement en cours sur une population française. Son utilisation nécessite une formation et un entraînement spécifiques et son utilisation est peu pratique dans le contexte clinique à cause du temps excessif nécessaire à sa passation. Lorsque l’âge de développement des enfants est inférieur à 18 mois, le nombre de faux positifs chez les enfants présentant un retard mental simple est très élevé (taux = 60 %).

18La recherche montre également que le jugement d’un clinicien expérimenté est plus sensible et spécifique que l’ADI-R pour le diagnostic de l’autisme chez les enfants qui ont un âge chronologique qui est en dessous de trois ans.

L’ADOS-G – The Autism diagnostic observation schedule

19Il s’agit d’un outil d’observation, composé de quatre modules qui correspondent à des niveaux de développement langagier différents. Son utilisation est appropriée à l’évaluation d’enfants (à partir de 2 ans), d’adolescents et d’adultes présentant un niveau du développement qui se situe sur un continuum allant de l’absence totale de langage à la présence d’un langage complexe. Les observations portent sur la qualité de la communication, des interactions sociales réciproques, du jeu, des comportements stéréotypés et des intérêts restreints. Les résultats sont codifiés et interprétés en fonction d’un seuil correspondant au diagnostic d’autisme ou de TED suivant un modèle similaire à la CIM-10 ou au DSM IV. Comme pour l’ADI-R, son utilisation nécessite une formation et un entraînement spécifiques. Le risque d’obtenir des faux négatifs est élevé avec l’utilisation de cet outil, mais l’ADOS-G est très spécifique pour le diagnostic différentiel entre les troubles appartenant au spectre autistique et les troubles spécifiques du langage. En revanche, cet outil d’observation ne différencie pas de manière précise l’autisme et les TED non spécifiés.

Les outils d’évaluation clinique du développement

La Vineland – Echelle d’Evaluation du Comportement Adaptatif

20La plupart des systèmes de diagnostic critérisés spécifient que le retard mental et les troubles psychologiques doivent s’accompagner de difficultés d’adaptation dans la vie quotidienne avant d’être considérés comme cliniquement significatifs. La Vineland permet d’estimer les capacités d’adaptation de l’enfant en analysant son comportement dans 4 domaines de fonctionnement socio-adaptatif :

  • la communication (réceptive, expressive, écrite)
  • l’autonomie (personnelle, familiale et sociale)
  • la socialisation (relations interpersonnelles, loisirs, capacités d’adaptation)
  • la motricité (globale et fine)
Chaque item est coté 0 (non acquis), 1 (partiellement acquis) ou 2 (acquis). Le niveau obtenu par l’enfant dans chaque domaine est exprimé en « âge équivalent ».

21Les résultats de la Vineland sont utiles dans la planification de prises en charge car cet outil permet l’identification de capacités émergentes qui peuvent être rapidement consolidées si on les utilise pour générer des objectifs qui feront partie d’un projet éducatif individualisé. Parfois nous rencontrons des enfants qui évoluent selon un rythme qui ne permet pas d’identifier des progrès lors d’une réévaluation effectuée à l’aide de certains outils psychométriques (comme le PEP-R) à un intervalle d’un an. La Vineland se compose d’un certain nombre d’items portant sur le développement précoce et nous permet souvent d’identifier des progrès qui ne sont pas forcément détectables par d’autres outils d’évaluation, particulièrement en ce qui concerne les domaines de l’autonomie et de la socialisation.

22Les résultats de la Vineland peuvent être essentiels dans la détermination d’un diagnostic différentiel. Par exemple, certains enfants qui présentent un retard sévère du développement manifestent également des comportements autostimulatoires et stéréotypés ainsi que des altérations dans le domaine de la sociabilité. Il est donc parfois difficile de déterminer ce qui domine le tableau clinique, le retard mental ou les traits autistiques. Ces enfants peuvent obtenir un score sur la CARS qui se situe dans la catégorie autistique, mais présenter un profil à la Vineland qui indique qu’il existe un retard homogène des capacités adaptatives et que les niveaux obtenus correspondent au quotient de développement ou à l’âge de développement global, comme le démontre le graphique 1.

Graphique 1

Résultats obtenus à la Vineland : Un retard du développement domine le tableau clinique

Graphique 1

Résultats obtenus à la Vineland : Un retard du développement domine le tableau clinique

23Les difficultés adaptatives que montrent ces enfants dans les domaines de la communication et de la socialisation sont donc parfois mieux expliquées par la présence d’un retard mental que par la présence d’un syndrome autistique. Un enfant autiste, en revanche, montre typiquement des altérations qualitatives dans les domaines de la communication et de la socialisation qui ne correspondent pas à son niveau de développement cognitif, comme le démontre le graphique 2.

Graphique 2

Résultats de la Vineland : Profil Autistique

Graphique 2

Résultats de la Vineland : Profil Autistique

24Graphique 1. Profil d’un enfant manifestant un retard global du développement. La courbe qui représente l’âge de développement global (ou ADG) et celle des âges équivalents (ou AE) à la Vineland se présentent de manière homogène et sont concordantes avec l’ADG.

25Ici, les difficultés adaptatives que présente l’enfant sont expliquées par un retard sévère du développement.

26Graphique 2. Profil d’un enfant manifestant un retard global du développement et des AE à la Vineland. Les courbes se présentent de manière hétérogène. Les AE dans les domaines de la communication et de la socialisation sont en dessous de l’ADG ; l’enfant présente donc des difficultés adaptatives dans ces domaines qui sont plus sévères que ce que nous attendons d’un enfant présentant un retard simple du développement.

Le Brunet Lézine Révisé

27Le Brunet-Lézine permet d’évaluer le niveau de fonctionnement de l’enfant dans quatre domaines différents du développement psychomoteur. Le domaine de la Posture permet d’étudier l’utilisation des bras, des jambes et des grands muscles quand l’enfant est assis ou debout, quand il se déplace, ou quand il donne un coup de pied dans un ballon, etc.

28Le domaine de la Coordination évalue l’utilisation conjointe des mains et des yeux (la préhension, assembler, empiler, dessiner).

29Les items du domaine du Langage permettent de déterminer le niveau de compréhension du langage ainsi que les capacités expressives (verbales et préverbales) de l’enfant.

30La Sociabilité évalue la capacité à interagir avec autrui en utilisant des gestes, le sourire et le regard, son expressivité affective, ainsi que les compétences liées aux jeux symboliques (imitation différée, jeu de poupée, faire semblant). Les âges de développement obtenus dans ces quatre domaines permettent de calculer un âge de développement global et un quotient de développement. Cet outil a été validé sur une population française.

31Tout comme les autres outils d’évaluation, le Brunet-Lézine Révisé peut aider le clinicien à déterminer s’il existe un retard global du développement. Cet outil permet également dans certaines circonstances d’établir un diagnostic différentiel en mettant clairement en évidence les domaines spécifiques qui sont retardés.

32Tandis que le graphique 3 montre la présence d’un retard global et homogène du développement, le graphique 4 montre des AD qui correspondent à l’âge chronologique dans les domaines de la Posture, de la Coordination et de la Sociabilité ainsi qu’un retard du développement dans le domaine du langage, ce qui est indicatif d’un trouble spécifique du langage. Le graphique 5 en revanche montre un fonctionnement qui est typiquement autistique. Cet enfant montre un bon niveau en motricité globale, de légères difficultés liées à la coordination fine, bi-manuelle et oculo-manuelle et un retard important dans les domaines de la Sociabilité et du Langage.

33Graphique 3. L’enfant qui présente un retard simple du développement montre typiquement un profil qui est relativement homogène. Certains enfants qui manifestent un retard simple du développement sont très sociables, tandis que d’autres montrent des troubles de la régulation émotionnelle et du comportement qui ont un retentissement négatif sur leur capacité à participer de manière positive à la relation avec autrui. Le score obtenu dans le domaine de la sociabilité peut donc varier en fonction du tempérament de l’enfant.

Graphique 3

Résultats du Brunet-Lézine Révisé : Enfant présentant un retard simple

Graphique 3

Résultats du Brunet-Lézine Révisé : Enfant présentant un retard simple

34Graphique 4. Profil d’un enfant présentant un trouble spécifique du langage. Les AD obtenus dans les domaines de la Posture, de la Coordination et de la Sociabilité correspondent à l’âge chronologique, mais il existe un décalage important entre l’AD obtenu dans le domaine du Langage et l’âge réel.

Graphique 4

Résultats du Brunet-Lézine Révisé : Enfant présentant un trouble du langage

Graphique 4

Résultats du Brunet-Lézine Révisé : Enfant présentant un trouble du langage

35Graphique 5. Profil d’un enfant présentant un Trouble Envahissant du Développement de type Autistique. Les AD obtenus dans les domaines de la Sociabilité et du Langage sont en grand décalage avec l’âge chronologique mais les capacités motrices restent relativement intactes. Certains enfants autistes peuvent également montrer des déficits dans les domaines liés à la motricité.

Graphique 5

Résultats du Brunet-Lézine Révisé : Enfant présentant un Trouble Autistique

Graphique 5

Résultats du Brunet-Lézine Révisé : Enfant présentant un Trouble Autistique

La BECS-Batterie d’Evaluation du développement Cognitif et Social

36La BECS est appropriée pour l’évaluation de personnes présentant un âge de développement dans les domaines de la cognition, du langage et/ou de la socialisation qui est inférieur à 24 mois. Il s’agit d’un outil d’évaluation qui est fondé sur une conception piagétienne du développement et qui permet d’analyser de manière détaillée le fonctionnement de l’enfant dans 16 domaines de développement cognitif et socio-émotionnel. Pour chaque domaine, le comportement de l’enfant est classifié selon 4 niveaux de développement qui correspondent à des tranches d’âge différentes (Niveau 1 : 4 à 8 mois, Niveau II : 8 à 12 mois, Niveau III : 12 à 18 mois, et Niveau IV : 18 à 24 mois). Cet outil permet d’identifier les domaines de force que présente l’enfant, ses difficultés spécifiques et les compétences qui sont en cours d’acquisition.

37Les données peuvent être présentées en forme de graphique (voir Graphique 6 ci-dessous), ce qui permet au psychologue de visualiser les performances de l’enfant en termes de ses réussites et de ses capacités émergentes ainsi que l’homogénéité ou l’hétérogénéité de son développement.

38Graphique 6. Profil d’un enfant présentant un Trouble Envahissant du Développement de type Autistique, obtenu à l’aide de la BECS. La zone foncée au centre du graphique, qui représente les capacités consolidées, est couronnée par une zone plus claire qui représente les capacités qui sont « émergentes » ou en cours d’acquisition. Les enfants autistes ont tendance à montrer un profil hétérogène avec leurs forces relatives se situant dans les domaines liés à la cognition et leurs plus grandes difficultés se situant dans les domaines socio-émotionnels, en particulier ceux du Langage Expressif et Compréhensif, de l’Imitation Vocale, de la Régulation du Comportement et de l’Interaction Sociale.

Graphique 6

Profil Obtenu à l’Aide de la BECS

Graphique 6

Profil Obtenu à l’Aide de la BECS

39Cet outil a été validé sur une population francophone composée de 120 enfants présentant un Trouble Autistique et 30 enfants présentant un développement normal (Adrien et al. 2005). Cette étude a montré que les indices de difficulté des items sont homogènes à l’intérieur d’un même niveau et hétérogènes entre les niveaux, qu’il existe des convergences entre les notes obtenues au B-L et les niveaux de la BECS et que la fidélité intercotateurs est bonne. Adrien et ses collègues (2005) ont également identifié trois sous-groupes chez les enfants présentant un trouble autistique. Les enfants de chaque groupe présentaient des profils pratiquement équivalents, et les profil-types correspondant aux différents sous-groupes étaient distincts.

40Le sous-groupe 1 se compose d’enfants présentant un retard léger et un développement cognitif et socio-émotionnel homogène. Le sous-groupe 2 est constitué d’enfants présentant un développement plus hétérogène et plus retardé, notamment dans les domaines du langage et de la socialisation. Le sous-groupe 3 se compose d’enfants présentant un développement sévèrement retardé, affectant de façon homogène les différents domaines évalués.

41Les applications de la BECS sont multiples. Cet outil permet l’évaluation détaillée du développement psychologique d’enfants présentant des traits autistiques ou d’autres pathologies, comme par exemple les syndromes génétiques et neurologiques. La BECS permet également de suivre l’évolution des patients et d’apprécier l’effet des prises en charge.

Le PEP-R (Profil Psycho Educatif Révisé, Schopler et Coll., 1990)

42Le PEP-R est un outil d’évaluation constitué de matériel ludique et pédagogique qui est présenté à l’enfant au cours d’une période de jeu structuré.

43A l’aide de cet outil nous évaluons le niveau de développement global obtenu par l’enfant (exprimé en âge de développement ou AD) par rapport à l’âge de développement acquis dans sept domaines de fonctionnement :

  • Imitation : Les items appartenant à ce domaine évaluent les capacités d’imitation motrice et verbale de l’enfant. L’imitation joue un rôle très important dans les apprentissages sociaux ainsi que dans le langage. Parmi les items de ce domaine on trouve l’imitation de mouvements de motricité globale, l’imitation de l’usage de certains matériels et l’imitation de sons et de mots.
  • Perception : Les items appartenant à ce domaine évaluent le fonctionnement des modalités sensorielles visuelles et auditives. Ils comprennent la réaction aux sons, la poursuite visuelle et la perception des formes, des couleurs et des tailles. Les capacités perceptives sont à la base de tout processus d’apprentissage car elles conditionnent la façon dont l’enfant peut sélectionner et organiser les stimuli afférents.
  • Motricité Fine et Motricité Globale : Ces deux domaines évaluent des capacités qui sont essentielles dans le développement de l’autonomie. La motricité fine concerne la planification et l’exécution de mouvements manuels (dévisser un couvercle, couper avec des ciseaux, enfiler des perles). La motricité globale évalue l’utilisation et la coordination des grands muscles (marcher, se tenir sur un pied, attraper une balle).
  • Coordination Oculo-Manuelle : Cette échelle évalue les capacités de coordination des mains avec les yeux. Ce domaine est lié à celui de la motricité fine ; ces deux domaines sont indispensables pour la maîtrise de l’écriture et du dessin. Parmi les items de ce domaine on trouve l’assemblage d’objets, l’écriture, le coloriage.
  • Performance Cognitive et Cognition Verbale : Ces deux domaines interdépendants concernent la cognition et le langage. Les activités de performance cognitive nécessitent une certaine compréhension du langage pour être réalisées, cependant elles impliquent une réponse non verbale (montrer les parties du corps sur demande, comprendre les noms de formes, couleur). Les activités de Cognition Verbale demandent impérativement une réponse verbale (compter, répéter des phrases, lire à haute voix).
Chaque item peut être réussi, échoué ou coté « émergent ». Les capacités émergentes, même si elles ne sont pas encore acquises ni totalement intégrées, permettent de définir les domaines de compétences que l’enfant commence à développer. C’est à partir de ces domaines en émergence qu’un projet thérapeutique individualisé peut être élaboré.

Bibliographie

Bibliographie

  • J.L. ADRIEN, R. BLANC, E. THIEBAUT, M.P. GATTEGNO, N. NADER-GROBOIS, K. KAYE, C. PLUVINAGE, C.-H. HIPEAU-BERGERON, M. BRETIERE, Ch. MALANDIN, C. BARTHELEMY. Etude préliminaire de la validation d’un nouvel instrument, la BECS (Batterie d’Evaluation Cognitive et Socio-émotionnelle), pour l’évaluation du développement psychologique d’enfants avec autisme A.N.A.E., 2005 ; 83-84 ; 165-168.
  • FEDERATION FRANÇAISE DE PSYCHIATRIE, en partenariat avec la Haute Autorité de Santé (2005). Recommandations pour la pratique professionnelle du diagnostic de l’autisme. Rédaction : A. Baghdadli.
  • K. KAYE, C. DOYEN, Y. CONTEJEAN. Définition des profils développementaux d’enfants ayant un trouble envahissant du développement pour l’élaboration des stratégies thérapeutiques. Poster présenté au Congrès de l’Encéphale, Paris, janvier 2004.

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